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Le projet de recherche «30 ans de développement des pratiques en travail social au Québec (1960-1990) » Author(s): Yves Vaillancourt Source: Canadian Social Work Review / Revue canadienne de service social, Vol. 11, No. 2, History of Social Work in Canada / Histoire du travail social au Canada (Summer/été 1994), pp. 265-273 Published by: Canadian Association for Social Work Education (CASWE) Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41669571 . Accessed: 14/06/2014 22:34 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Canadian Association for Social Work Education (CASWE) is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Canadian Social Work Review / Revue canadienne de service social. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.229.205 on Sat, 14 Jun 2014 22:34:35 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Le projet de recherche «30 ans de développement des pratiques en travail social au Québec(1960-1990) »Author(s): Yves VaillancourtSource: Canadian Social Work Review / Revue canadienne de service social, Vol. 11, No. 2,History of Social Work in Canada / Histoire du travail social au Canada (Summer/été 1994),pp. 265-273Published by: Canadian Association for Social Work Education (CASWE)Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41669571 .

Accessed: 14/06/2014 22:34

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INFORMATIONS SUR LES

RECHERCHES EN COURS

Le projet de recherche « 30 ans de

développement des pratiques en travail

social au Québec (1960-1990) »

Yves Vaillancourt

Le PROßZT de recherche dont il est question ici est un projet d'une durée de quatre ans qui a démarré à l'été 1992 et dont les principaux résultats seront publiés au cours de l'année 1995-1996. Ce projet s'inti- tule « 30 ans de développement des pratiques en travail social au Québec (1960-1990) ». Il a été rendu possible grâce à une subvention de 179900$ du Conseil de la recherche en sciences humaines du Canada (CRSHC), à une subvention de 63000$ du Fonds de développement académique du Réseau de l'Université du Québec (FODAR) et à des subventions complémentaires de quelques constituantes du réseau de l'Université du Québec. Il est réalisé par une équipe d'une vingtaine de

personnes dont une douzaine de professeurs appartenant à une dizaine d'institutions universitaires différentes1.

Le projet se découpe en trois parties. La première, dont la cueillette de données a été réalisée au cours de l'année 1992-1993, a pour objet le

développement des pratiques en travail social au Québec dans neuf

régions administratives et dans l'ensemble du Québec au cours des années 60. La seconde, dont la cueillette de données a été réalisée au cours de l'année 1993-1994, a pour objet le développement des pra- tiques en travail social au Québec dans neuf régions administratives et dans l'ensemble du Québec au cours des années 70. La troisième partie, dont la cueillette de données est réalisée au cours de l'année 1994-1995, a pour objet le développement des pratiques en travail social au Québec dans quatre régions administratives (au lieu de neuf en raisons des li- mites de nos ressources budgétaires) et dans l'ensemble du Québec au cours des années 80.

Yves Vaillancourt est professeur au Département de travail social de l'Université du Québec à Montréal.

Canadian Social Work Review, Volume 11, Number 2 (Summer 1994) / Revue cana- dienne de service social, volume 1 1, numéro 2 (été 1994) Printed in Canada / Imprimé au Canada

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Dans cet article, je compte livrer quelques informations de base sur notre projet en m'arrêtant sur notre problématique, nos objectifs, notre vision de la littérature, notre méthodologie et notre production anti- cipée.

La problématique de la recherche

Quelques points de repère pour cerner le moment historique actuel Avant de présenter des éléments de problématique spécifiques à l'ana- lyse du développement des pratiques en travail social au Québec, il est utile de présenter des éléments de problématique plus larges concer- nant notre façon de nous situer théoriquement dans la présente con- joncture sociale, voire sociétale.

Pour aller droit à l'essentiel, précisons que la vision des pratiques so- ciales, des services sociaux et des politiques sociales - ou, plus large- ment, la vision de la conjoncture sociale - véhiculée par notre équipe de recherche, en est une qui se caractérise de la façon suivante. Il s'agit d'une vision critique et progressiste qui tend à se démarquer à la fois de la vision néo-libérale qui préconise le désengagement de l'État et le retour aux lois du marché sous toutes ses formes et d'autres visions cri- tiques et progressistes dont les analyses et les perspectives demeurent traversées par la nostalgie des formes de services sociaux et de pratiques sociales connues lors de la période d'âge d'or de l'État-providence, soit les années 1940 à 1975 dans quelques régions du Canada et les années 1960 à 1980 au Québec.

En nous alimentant théoriquement à partir de certains acquis de la théorie de la régulation, nous prenons acte du fait que nous assistons, depuis la fin des années 70, a une crise du modèle de développement socio-économique, ou du paradigme sociétal, qualifié de «fordiste» dans la mouvance théorique de la régulation (ou de keynésien, ou d'Etat-providence par d'autres auteurs). Nous prenons pour acquis en outre que le modèle qui remplacera le modèle fordiste en crise est présentement en négociation, mais qu'il n'a pas encore émergé de façon claire. Dans la période de transition qui s'intercale entre l'ancien modèle en crise et le modèle nouveau à définir, le courant néo-libéral, certes, fait ses propositions. Mais, en dépit de la recrudescence de sa popularité, ce courant ne doit pas être surestimé; il n'est pas le seul à avancer des propositions et à préparer des scénarios pour l'an 2000. Avec Alain Lipietz, nous constatons qu'il y a aussi des courants critiques et démocratiques qui proposent une « alternative démocratique » sus- ceptible d'influencer le contour et le contenu d'un nouveau modèle de développement. En somme, le modèle qui sortira de la crise du for- disme sera un « compromis » qui émergera des négociations en cours, ces années-ci, au Québec et ailleurs, entre les courants néo-libéraux et les courants progressistes de « l'alternative ».

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Pour maximiser sa mise dans les négociations en cours au sujet de la définition de ce que plusieurs (à droite, au centre et à gauche) appellent un «nouveau contrat social», la mouvance progressiste alternative - avec laquelle notre équipe de recherche se sent en affinité - se démarque, sur le plan théorique, des analyses et propositions néo- libérales, tout en prenant ses distances de certains traits du modèle for- diste en crise, ce qui l'amène à se différencier d'autres mouvances pro- gressistes qui s'agrippent au modèle fordiste. Dans ce contexte, la réforme Côté dans sa gestation (notamment depuis la création de la Commission Rochon) et sa mise en application doit elle-même être interprétée comme un enjeu constant de luttes et de négociations entre divers courants. C'est ici que le retour critique sur l'histoire des 30 der- nières années et, notamment, sur celle des années 80 peut s'avérer hautement fécond, dans le domaine des pratiques sociales comme dans d'autres, pour mieux comprendre le présent et planifier l'avenir. Dans des temps de mutations sociétales profondes, la recherche rigoureuse d'éléments de prospective concernant l'avenir passe obligatoirement par l'évaluation minutieuse et renouvelée de l'héritage des dernières décennies. Les néo-libéraux ont leur relecture du passé. Les tenants de l'alternative démocratique ont aussi besoin d'articuler la leur et de faire des bilans critiques du modèle fordiste en crise.

A cet égard, les recherches à la fois théoriques et appliquées faites dans la mouvance de la théorie de la régulation en Europe, en Amérique du Nord, au Canada et au Québec nous permettent entre autres de mettre en relief, deux types de lacunes majeures du modèle de développement fordiste qu'il faut reconnaître et dépasser pour dégager de nouvelles avenues.

Le premier type de lacunes renvoie à l'organisation du travail taylo- riste que l'on a appliquée dans le secteur privé, mais aussi dans le secteur public. Ces traits négatifs de l'organisation tayloriste du travail ont été relevés par la majorité des auteurs se réclamant de la théorie de la régulation et par d'autres. Mais ils ont moins fréquemment été utilisés dans des analyses touchant l'organisation du travail dans les services publics, dans les services sociosanitaires du secteur public et du secteur communautaire. Certaines analyses récentes au Québec ont montré la possibilité de renouveler l'analyse et les stratégies dans cette direction. Le deuxième type de lacunes renvoie à l'organisation « providentialiste » des politiques et des services issus de l'État-providence.

Sur un point central, les deux lacunes se rejoignent : les salariés dans l'organisation du travail tayloriste, tout comme les citoyens dans les poli- tiques sociales et les services sociosanitaires providentialistes propres au modèle fordiste vivent l'accès à une plus grande inclusion économique (augmentation du pouvoir d'achat via l'extension du salariat, de la syn- dicalisation, des conventions collectives, des politiques sociales sous

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forme de sécurité du revenu ou de services) en retour de l'acceptation d'une plus grande exclusion politique et culturelle (en raison de l'exclu- sion des salariés aux droits de gérance et des citoyens à la planification, à la gestion et à l'évaluation des politiques sociales et des services sociosa- nitaires). L'exclusion politique et culturelle a alimenté chez les salariés et les citoyens dans le modèle fordiste des attitudes et comportements marqués au coin de la passivité, de la dépendance et de la déresponsabi- lisation. Les chèques et les services distribués aux citoyens à la manière fordiste ont eu pour effet pervers de les engourdir. Cette déresponsabili- sation a touché les personnes, les communautés et les régions. Évidem- ment, une fois que les néo-libéraux ont réussi, à leur manière, à parler des limites de l'Etat-providence pour justifier leurs agendas, les analystes critiques d'ici et d'ailleurs, ces années-ci, ont de la difficulté à se situer. Ils se contentent trop souvent de réagir défensivement en s'employant à nier les lacunes du contrat social fordiste attaqué. C'est ce qui se passe dans les débats publics - et les recherches qui s'y greffent - sur des questions comme le plein emploi, le partage du travail, la privatisation, la communautarisation, la désinstitutionnalisation, la régionalisation, la réforme Côté et l'avenir des pratiques en travail social.

Quelques points de repère plus spécifiques pour l'analyse des pratiques sociales Dans la présente recherche, l'objet d'étude renvoie aux pratiques en tra- vail social que nous comptons éclairer en privilégiant comme fil conduc- teur la question du renouvellement des pratiques sociales. Nous nous appliquons à cerner les différentes manifestations du renouvellement des pratiques en travail social au cours des années 80. Il est intéressant de noter ici que les années 80 renvoient à la crise du fordisme, alors que les années 60 et 70, au Québec en particulier, se situaient en pleine expansion du modèle fordiste.

L'expression «renouvellement des pratiques sociales» peut être définie de différentes manières. Le ministère des Affaires sociales (MAS), sous l'influence de Jeanne D'Arc Vaillant, avait lui-même utilisé l'expression, en décembre 1983, au moment où il avait publié un docu- ment de travail qui présentait le rationnel du Ministère dans le dossier du transfert de ressources CSS-CLSC. De notre côté, nous utilisons ce concept en restant proche du sens que nous lui avons conféré dans le premier éditorial de Nouvelles pratiques sociales publié à l'automne 1988.

Nos remarques sur les deux lacunes centrales du modèle fordiste per- mettent de comprendre que la problématique de notre recherche nous amènera, sur un registre plus positif, à donner beaucoup d'attention, dans notre relecture du développement des pratiques en travail social, à l'inclusion tant des intervenants sociaux qui font les pratiques sociales que des citoyens qui sont concernés par ces dernières.

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Ainsi, nous donnons théoriquement une place importante au rôle actif des usagers et citoyens concernés par les services et les pratiques. Nous reconnaissons des oppositions d'intérêts entre usagers et prati- ciens, mais elles ne sont pas insurmontables; d'où l'espace possible des alliances, leviers de renouvellement. Notre concept de «passerelles» entre les pratiques en travail social au sens restreint et celles au sens large nous apparaît promis à une certaine fécondité.

Dans cette veine théorique, nous nous démarquons de certaines théo- ries du contrôle social pour lesquelles le renouvellement des pratiques sociales est rendu théoriquement impossible parce que l'État et ses poli- tiques imposeraient aux praticiens des contraintes insurmontables, dictées soit par les classes dominantes, soit par la technocratie. Pour nous, une partie importante de la recherche sociale critique des années 70 et 80 demeure enfermée dans les mailles de théories défaitistes du contrôle social. Dans un tel contexte, l'apport théorique des auteurs de l'école de la régulation, notamment avec la notion de « compromis insti- tutionnalisés», permet de voir les politiques sociales comme des synthèses, dans lesquelles les groupes dominés laissent leurs traces en imposant leurs demandes sociales; cela permet l'existence de marges de manoeuvres pour les pratiques sociales tant dans le secteur public que dans le secteur communautaire et bénévole.

Trois objectifs A travers notre recherche sur « 30 ans de développement des pratiques sociales au Québec (1960-1990) » nous poursuivons les trois objectifs suivants :

1 ) Construire une analyse originale du développement des pratiques en travail sodai au Québec en dégageant les déterminants de la pratique propres à la fois à V ensemble du Québec et aux singularités régionales, de façon à nepas nous en teñirá une simple juxtaposition de monographies.

Nous comptons privilégier l'étude du développement des pratiques en tra- vail social dans neuf régions administratives du Québec (Montréal-métro- politain, Montérégie, Lanaudière, Outaouais, Québec, Estrie, Saguenay- Lac-Saint-Jean, Abitibi-Témiscamingue et Bas-Saint-Laurent). Comme équipe de recherche, nous travaillerons ensemble pour cerner les diffé- rences et les ressemblances d'une région à l'autre et dégager une syn- thèse québécoise. En d'autres termes, en nous appuyant sur les données recueillies et les analyses développées en référence aux neuf régions exa- minées plus en profondeur, et en tenant compte de données addition- nelles concernant le développement des pratiques dans l'ensemble du Québec, nous développerons une synthèse concernant le développe- ment des pratiques en travail social au Québec au cours des années 80.

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270 Revue canadienne de service social, volume 1 1 (été)

2) Construire une analyse originale du développement des pratiques en travail social au Québec au cours des années 80 en surveillant particulièrement les passerelles entre les pratiques en travail sodai prises au sens plus restreint et celles prises au sens

plus large .

a) Par pratiques en travail sodai prises au sens plus restrdnt , nous faisons référence à celles relevant d'intervenants ayant une formation collégiale ou universitaire en travail social professionnel. Elles se retrouvent dans certains établissements et lieux plus que d'autres : par exemple dans les CSS plus que dans les CLSC; dans les organismes du réseau parapublic plus que dans les organismes communautaires et bénévoles.

b) Par pratiques en travail sodai prises au sens plus large , nous faisons référence aux pratiques sociales relevant d'intervenants non dotés d'une formation collégiale ou universitaire en travail social profession- nel. Ils ont parfois une formation dans un autre domaine voisin du tra- vail social (criminologie, sexologie, psychologie, sociologie); ou une for- mation acquise à travers l'expérience. Ces pratiques se retrouvent princi- palement dans les organismes de bien-être reliés aux Églises, dans les organismes communautaires, dans les mouvements sociaux anciens (le mouvement syndical) et nouveaux (les mouvements féministe, écolo- giste, pacifiste) et dans les groupes d'entraide.

3) Construire une analyse originale du développement des pratiques en travail sodai au Québec au cours des années 80 en tenant compte du rôle de l'État fédéral et du développement des pratiques en travail sodai dans d'autres régions du Canada .

Nous tenons compte des recherches déjà faites ou en cours concernant les pratiques sociales dans le reste du Canada, de façon à nous donner des paramètres pour jauger la spécificité des pratiques sociales au Québec. Nous prenons en compte les déterminants des pratiques so- ciales québécoises issus des politiques sociales du gouvernement fédéral.

La littérature concernant le développement des

pratiques en travail social au Québec À notre connaissance, il n'y a pas de recherches déjà faites ou en cours qui recoupent le contour spécifique de notre objet d'étude. Pour trouver des éléments dans la littérature en rapport avec notre objet, il faut ou bien le replacer à l'intérieur d'un objet plus large, ou bien le découper en morceaux plus étroits, ce qui, dans un cas comme dans l'autre, le malmène. Par exemple, il existe une littérature riche et diver- sifiée concernant le développement sociétal du Québec des 30 dernières années, par exemple sur l'histoire sociale, sur l'histoire politique, sur l'histoire de la fonction publique, de l'économie, des relations fédérales-

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provinciales, du mouvement syndical, du mouvement féministe et du christianisme social. Cette littérature offre des paramètres indispen- sables pour l'analyse du développement plus spécifique des pratiques en travail social. Il n'en demeure pas moins que l'histoire récente du développement des pratiques en travail social reste à faire.

En tenant compte des objectifs ci-haut mentionnés, il est aisé de faire une brève revue de la littérature disponible et des recherches faites ou en cours.

1) En développant un devis de recherche qui confère une place auda- cieuse à neuf régions du Québec et qui, pour autant, ne se confine pas au genre monographie, nous ouvrons une voie d'analyse ori- ginale qui se caractérise par une double démarcation.

D'une part, dans la littérature touchant l'histoire contemporaine des pratiques sociales, les lectures sont souvent faites à partir d'une fenêtre régionale singulièrement montréalaise; et souvent, cela favorise une tendance à l'uniformisation qui ne rend pas justice aux variations des pratiques d'une région à l'autre. Ce biais montréalais traverse une part considérable des travaux de recherche concernant le travail social professionnel. En outre, ce penchant montréalais caractérise souvent la documentation touchant l'histoire de l'anima- tion sociale et de l'action communautaire.

D'autre part, il existe une littérature impressionnante concernant les régions et nous entendons nous en servir. Une partie de cette littérature s'intéresse à la fois au développement économique, social, politique, culturel, démographique des régions. Une autre partie touche l'histoire récente des pratiques sociales dans telle ou telle région. Mais ces études s'intéressent souvent à une seule région et à certains types de pratiques en travail social privilégiés parmi d'autres.

2) En plaçant à l'intérieur de notre objet les pratiques en travail social définies dans un sens plus large (par exemple, les pratiques com- munautaires) autant que celles définies dans un sens plus restreint (les pratiques plus professionnelles et institutionnelles), et en sur- veillant les passerelles entre ces deux types de pratiques, nous décou- pons un objet qui est souvent construit de façon plus restreinte par nombre d'auteurs. Nous comptons mettre à contribution les nom- breux ouvrages produits soit en référence à l'évolution des pratiques en travail social pris au sens restreint touchant exclusivement le tra- vail social professionnel, soit en référence à l'évolution des pratiques en travail social défini dans un sens plus large. Mais, en favorisant dans l'examen l'étude de l'existence ou de l'absence de passerelles entre ces deux sortes de pratiques, nous ferons oeuvre novatrice et nous renouerons avec des intuitions anciennes.

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272 Revue canadienne de service social, volume 1 1 (été)

La démarche méthodologique La méthodologie mise sur le recours à deux stratégies de collecte des données. Une première stratégie mise sur l'utilisation d'entrevues semi- dirigées menées auprès d'informateurs-clés. La seconde mise sur l'utili- sation de sources documentaires. Expliquons-nous brièvement en rap- port avec ces deux stratégies.

Nous distinguons deux catégories d'entrevues. D'une part, il y a les entrevues nationales (ou provinciales) avec des informateurs-clés sus- ceptibles de nous fournir des informations et des pistes d'analyse con- cernant le développement des pratiques en travail social au cours des années 80 dans l'ensemble du Québec. D'autre part, il y a les entrevues régionales avec des informateurs-clés susceptibles de nous fournir des informations et des pistes d'analyse concernant le développement des pratiques en travail social au cours des trois décennies dans chacune des neuf régions retenues dans l'échantillon. Ces entrevues seront au nom- bre de 20 par décennie pour la région de Montréal et de 15 par décen- nie pour chacune des huit autres régions concernées. Au total nous disposerons d'un stock d'environ 400 entrevues dûment, transcrites, validées et codifiées.

Quant aux sources documentaires, elles sont privilégiées tant pour les études régionales que pour la synthèse touchant le développement des pratiques dans l'ensemble du Québec. Elles touchent des pièces de documentation première ou secondaire pertinentes par rapport à l'objet étudié, aux objectifs poursuivis et à la problématique mise à con- tribution. La relation très soignée qui est développée avec chacune des personnes interviewées permet de maximiser la contribution de ces der- nières dans l'identification, voire le partage, de sources de documenta- tion rares et inédites (notamment des pièces de « littérature grise » que les acteurs sociaux ont conservées à la manière d'archives personnelles) . Nos expériences de recherche des années passées fondent notre con- fiance à cet égard. Les pièces de documentation recueillies seront codi- fiées et classifiées en utilisant la même méthode que celle mise au point pour codifier les entrevues.

La production de recherche anticipée Notre production de recherche commencera à sortir à l'automne 1995 avec la production d'un dossier d'une centaine de pages publié dans le volume 8, numéro 2 de la revue Nouvelles pratiques soáales. Puis, au cours de l'année civile 1996, elle prendra la forme d'un livre concernant le développement des pratiques en travail social au cours des années 1960-1990 dans l'ensemble du Québec (publié éventuellement aux Presses de l'Université du Québec) et de neuf monographies concer- nant le développement des pratiques en travail social de 1960 à 1990 dans les neuf régions étudiées dans la recherche. Avec ces diverses pro-

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Canadian Social Work Review, Volume 1 1 (Summer) 273

ductions, nous escomptons produire du matériel pédagogique pertinent pour les cours dispensés dans les Cégeps et les universités en rapport avec Thistoire récente du travail social au Québec.

NOTES 1 Parmi les personnes qui assument des responsabilités spécifiques dans ce projet, il y a

les responsables de neuf démarches régionales et les responsables de trois démarches thématiques. Pour les opérations régionales, les responsables sont : Réjean Mathieu de l'Université du Québec à Montréal (région de Montréal), Jacqueline Oxman-Martinez du CPEJ de la Montérégie (région de la Montérégie), Robert Mayer de l'Université de Montréal (région de Lanaudière), Léa Diotte et Louis Favreau de l'Université du Québec à Hull (région de l'Outaouais), Jean-Pierre Marquis de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (région de l'Abitibi-Témiscamingue), Clément Mercier de l'Université de Sherbrooke (région de l'Estrie), Wes Hurtubise de l'Université Laval (région de Québec) , Jean-Marc Pilon et Serge Lapointe de l'Université du Québec à Rimouski (région du Bas-Saint-Laurent) , Jacques Saint-Onge et Martine Duperré de l'Université du Québec à Chicoutimi (région du Saguenay-Lac-Saint-Jean) . Pour les opérations thématiques, les responsables sont: Suzanne Lamont de l'Université du Québec à Montréal (dynamique professionnelle), Jacques Boucher et Christian Jetté de l'Université du Québec à Montréal (dynamique syndicale) et Louis Favreau de l'Univer- sité du Québec à Hull (dynamique communautaire) .

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