History of Yahya ibn Said from Antiocheia

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  • 7/23/2019 History of Yahya ibn Said from Antiocheia

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    I II . HISTOIRE

    Histoire de Yahya ibn Said dAntioche [Thierry Bianquis]

    [Yay b. Sad]Histoire de Yahya ibn Said dAntioche,dition critique I. Kratchkovsky,traduction Franoise Micheauet Grard Troupeau.

    ditions Brepols, Turnhout, 1997 [PatrologiaOrientalis, Tome 47, fascicule 4, n 212]18 _ 26,5 cm, p. 373-559.

    Il sagit de la troisime et dernire partie dune entre-prise qui avait dbut dans le premier quart du XXesicle.Un historien arabophone chrtien malkite, Yay b. Sadal-Anq, qui vcut aux IVe-Ve/Xe-XIesicles, avait rdig unechronique de lOrient arabe et byzantin, commenant en326/937 et allant au moins jusquen 425/1034. Elle taitintitule ayl, Suite, sans doute parce quelle tait desti-

    ne prolonger dans le temps lHistoire rdige par lePatriarche dAlexandrie, Sad ibn al-Birq.

    Six manuscrits du texte de Yayavaient t conser-vs, dont lun a aujourdhui disparu. Une premire ditionet traduction partielles en russe par V. Rosen avait paru en1883. Une premire dition complte, utilisant le manuscritaujourdhui disparu, fut publie en 1909 par le pre LouisCheikho, dition malheureusement tablie dune manireinsuffisamment critique. Cest pourquoi, les deux grandsorientalistes russes, A. Vasiliev et I. Khratchkovsky, avaientdcid dtablir nouveau le texte arabe et de le publier,

    conjointement avec la traduction franaise, dans laPatrologia Orientalis. La premire partie parut en 1924, laseconde partie en 1932. La coopration entre les deuxRusses nayant pas rsist la Rvolution dOctobre, latroisime et dernire partie demeurait impublie bien quele texte arabe ait t tabli jusqu la fin des manuscritsconservs. Cette troisime partie, confie Marius Canard,naurait jamais paru si Grard Troupeau, spcialiste de lhis-toire des chrtiens mdivaux arabophones, et FranoiseMicheau, spcialiste de lhistoire de la mdecine dexpres-sion arabe, navaient repris le flambeau en 1980. Ils publientici la fin du texte tabli par Khratchkosvky, assorti dunetraduction annote qui est leur uvre. Le lecteur trouveradans leur introduction un rcit plus dtaill du destin com-plexe de ces manuscrits et de leurs utilisations successives.

    Lhistoire de Yayprsente un intrt particulier; ellefut crite par un chrtien chalcdonien qui avait sans doutelongtemps vcu en gypte fimideavant daller, en 405/1014-1015, pendant le rgne dal-kimperscuteur deschrtiens et des juifs, sinstaller Antioche en Syrie, sousdomination byzantine depuis 358/969. Son uvre, habile-ment prsente sous forme de chronique, na pas la raideurdes premires annales arabes car elle ne calque pas sa

    mthode sur celle des rapporteurs de ad. Dune maniregnrale, une seule version des faits est donne, sans men-tion des intermdiaires de consignation ou de transmission.Dautre part, elle couvre lensemble du Proche Orient, de la

    Gorgie au nord, Constantinople louest, aux confinsiraqo-iraniens lEst, et la Nubie, au sud. Elle sintressepeu au monde dexpression iranienne et lOccident mu-sulman. Lauteur, qui tait peut-tre un mdecin, utilisait deschroniques diffuses cette poque et recevait galement

    des informations par des canaux varis, correspondancesecclsiastiques, conversations de cours, rcits de mar-chands voyageurs. Contrairement aux auteurs coptesmonophysites de lHistoire des Patriarches dAlexandrie,ilmatrisait parfaitement larabe et le grec et ctait un espritlibre, peu enclin voir la main de Dieu dans les vne-ments humains quil se contentait de rapporter fidlementet parfois dessayer dexpliquer rationnellement.

    F. M. et G. T. posent le problme de lidentification deYay b. Sad avec un mdecin chrtien qui aurait critune chronique utilise par lhistorien alpin al-Am jus-quen 458/1066. Ils ne se prononcent pas et font remarquer

    quil aurait t cette poque trs g, au moins quatre-vingt six ans, ce qui nest pas, reconnaissent-ils, un argumentsuffisant pour rejeter lhypothse. Un Ph. D. soutenu parJ. A. Forsyth en 1977, mmoire que je nai pas consult,est cit par les traducteurs et mentionne parmi les chroni-ques utilises par Yay b. Sad, une histoire dgypte deAl b. Muammadal-im ou al-Sumays. Il sagit deAl b. Muammad b. Yay(voir son nasabcomplet dansIbn Askir, A,XII, 268 r et v; il existe de nombreusesautres rfrences) Ab l-Qsim al-Sulam al-absal-Sumays, mort Damas en 452 qui fonda en waqf une

    nqh Damas en faveur des f-s; il est plutt connupour avoir crit une histoire de Syrie, notamment la vie deSayf al-Dawla. Al-Dawdr lutilisa jusquen 394. Or, Ibnal-Qalnis, dans son rcit de lanne 448/1056, crit quesa source, quil nidentifie pas, prend fin et qu partir de l,son histoire sera une suite, al-ayl;il est possible que lhis-toire de Syrie dal-Sumayscontinuait jusqu cette date,quatre ou cinq ans avant la mort de celui-ci. peu de dis-tance, apparaissent deux cas similaires darrt dune sourcenon identifie et de reprise par un autre auteur, lui identifi,de la continuation de lhistorien prcdent.

    Jusque l, en France, ce furent principalement desspcialistes de lOrient musulman, Gaston Wiet, ClaudeCahen, Marius Canard qui utilisrent luvre de Yay.Malgr les travaux de Rosen et de Vasiliev, les riches infor-mations contenues dans la chronique avaient t peuutilises par les byzantinistes. Or, cette fois, les deux tra-ducteurs ont pu bnficier du soutien de spcialistes deByzance et de la Gorgie pour comprendre et annoter leurtexte. I ls ont reproduit l identique ldition deKhratchkosvky, mais ont propos galement en note de latraduction dautres lectures possibles du texte arabe. Latraduction, soumise pour relecture divers chercheurs tra-

    vaillant sur la priode, semble impeccable. La prsentationdu texte arabe sur la page gauche et du texte franais surla page droite est trs agrable mais, de ce fait, les notesconcernant la traduction commencent sur la page de droite

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    sous la traduction et se continuent sous le texte arabe surla page de gauche. Le lecteur peu averti sera troubl dautantplus que les numros de note rpondent parfois une logi-que difficile dchiffrer.

    Disposer en franais de ce texte est prcieux, car jus-

    quici les byzantinistes pour traiter de la priode deconfrontation entre Constantinople et lOrient musulman de950 1025, utilisaient davantage les textes grecs que lestextes arabes; ils dcouvriront avec intrt le rcit dtaillde ldification des chteaux arabes du abal Bahret deleur destruction par les Byzantins ainsi que le rcit de lagrande ngociation entre les envoys de Sitt al-Mulk puisdu calife al-hiravec le Basileus byzantin. La conclusiondune trve, prvisible ds les oprations communesbyzantino-fimides de 423/1032 contre les Druzes du abalal-Summq, fut prcde par de trs longues ngociationsdont le dtail est rapport par Yay. Malheureusement,

    les manuscrits conservs ne couvrent ni la conclusion delaccord, ni les annes suivantes dont le rcit aurait trdig par Yay. Or, cette trve de 1038-1039 intervienten priode de disettes rcurrentes et devait comporter desclauses de livraison rciproques de crales par Constanti-nople ou par les Fimidesselon les besoins locaux. Sousle vizirat dal-Yazr, de 440/1050 450/1058, le non res-pect de ces clauses par les Byzantins entrana la reprisedes oprations militaires fimides contre les tablissementsgrecs de Syrie du Nord, suivie du rapprochement des Zrides,puis des Byzantins avec Bagdad abbsideet seljoucide,

    puis enfin de lexpdition des Ban Hillvers lIfrqiya.Les informations donnes par le texte arabe sur la fin

    du rgne dal-kimlorsque les biens confisqus sont ren-dus aux chrtiens, dont la traduction couvre les pages433-447, avaient dj t partiellement utilises; dsormais,elles sont la porte de tous ceux qui travaillent sur lgyptemdivale et font apparatre la richesse foncire consid-rable dont les glises et leurs fidles continuaient disposerprs de quatre sicles aprs la conqute. Tout en affirmantson identit religieuse, Yay demeure marqu par sonducation en pays musulman, il emploie le terme waqfpourdsigner les fondations pieuses Constantinople et divisela population de cette capitale entre lite et plbe, al-awa l-mm.

    Pour conclure, on ne peut que se fliciter de cet excel-lent travail et souhaiter que les ditions Brepols regroupentla traduction des trois parties et leur annotation en un livreunique en format de poche. Un tel ouvrage, vendu un prixmodique, serait utile pour faire saisir par les tudiants dhis-toire ce quest une chronique mdivale et pourrait treutilis par un mdecin psychitre pour tablir un diagnosticmoderne sur la dmence dal-kim.

    Thierry Bianquis

    Universit Lyon II