3
1 ICMPD – Tunisian Ministry of Foreign Affairs "The role of migration in the development of post-revolution Tunisia" Tunis, 13 July 2011 Allocution de M. Dirk Buda - Chargé d’affaires a.i. de la Délégation de l’Union européenne à Tunis - Excellences, Chers collègues, Chers participants, Je vous félicite pour l’organisation de ce séminaire sur le thème important « migration et développement » dans la Tunisie postrévolutionnaire et je suis ravi de vous adresser quelques mots au nom de la Délégation de l’Union européenne (UE) Tout d'abord, je tiens à souligner en passant l'appui renforcé de l'UE à la Tunisie postrévolutionnaire. Notre assistance, dirigée vers le soutien de la transition démocratique et le développement équitable, y compris au bénéfice des régions défavorisées, passe de 80 millions € à 140 millions € per annum d'ici 2013. Mais je reviens immédiatement au thème du séminaire. C'est un thème passionnant pour répondre aux hésitations des ceux qui ne voient pas encore les liens entre ceux deux termes « migration » et « développement ». En effet, trop souvent ont entend encore parler de la migration, en tant que phénomène qui – selon certains - ne ferait qu'appauvrir les pays de départs en leur soustrayant des ressources humaines essentielles, alors que –selon d'autres- il ne produirait que des effets négatifs sur les pays de destination, auxquels apporteraient le dumping social, la criminalité et d’autres couts sociaux à gérer. Il s'agit des risques effectifs, des problèmes vrais. Inutile de les nier. Mais ils ne représentent qu'une partie de la réalité. La migration représente beaucoup plus. Dans son ensemble, il s’agit de beaucoup d’aspects positifs, dans la mesure où la migration est l'effet du choix des êtres humains qui tentent de changer leur destin vers le mieux, en vue de saisir des opportunités meilleurs qui sont leur offertes ailleurs, ou tout au moins en vue d'échapper à des risques imminentes ou inconvénients auxquels ils sont confrontés dans le lieu où ils vivent. En tout état de cause, les risques et problèmes liés à la migration souvent déplorés sont engendrés surtout par des situations dans lesquelles la migration a lieu d'une manière chaotique et non maitrisée. Le problème de migration clandestine temporaire entre la Tunisie et l’Italie avec laquelle nous avons été confrontés au début de l’année a été une illustration de ce fait. Mais cette expérience au début de l'année de 2011 nous a également démontré la volonté et la capacité des autorités tunisiennes d'agir vite et de manière efficace malgré la situation difficile dans le pays et de travailler en commun avec l'Etat membre le plus concerné (à savoir l'Italie). La meilleur manière d'éviter de telles situations consistent donc à organiser et maitriser les flux migratoires dans la mesure du possible et ceci en bonne coopération avec le partenaire, c'est-à-dire ici avec la Tunisie. C'est à cette condition seule que la migration et le développement peuvent aller de pair, et que la migration représente une chance de devenir un facteur utile au développement. C'est le cas en premier lieu pour les pays de destination, en occurrence les pays de l'UE, auxquels les immigrés apportent la contribution de leur travail : une contribution parfois indispensable, sans laquelle non seulement la croissance économique serait ralentie ou empêchée, mais même la possibilité de fournir des services parfois essentiels serait drastiquement réduite. Il est donc essentiel, pour les pays de l'UE, de s'assurer de recevoir les immigrés disposant des profiles professionnels que leur marchés de l'emploi respectives réclament, et de faire en sorte qu'ils aient accès aux marché de l'emploi d'une manière régulière.

ICMPD – Tunisian Ministry of Foreign Affairs The …eeas.europa.eu/archives/delegations/tunisia/documents/...1 ICMPD – Tunisian Ministry of Foreign Affairs "The role of migration

  • Upload
    buingoc

  • View
    220

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: ICMPD – Tunisian Ministry of Foreign Affairs The …eeas.europa.eu/archives/delegations/tunisia/documents/...1 ICMPD – Tunisian Ministry of Foreign Affairs "The role of migration

1

ICMPD – Tunisian Ministry of Foreign Affairs

"The role of migration in the development of post-revolution Tunisia" Tunis, 13 July 2011

Allocution de M. Dirk Buda

- Chargé d’affaires a.i. de la Délégation de l’Union européenne à Tunis -

Excellences, Chers collègues, Chers participants,

• Je vous félicite pour l’organisation de ce séminaire sur le thème important « migration et développement » dans la Tunisie postrévolutionnaire et je suis ravi de vous adresser quelques mots au nom de la Délégation de l’Union européenne (UE)

• Tout d'abord, je tiens à souligner en passant l'appui renforcé de l'UE à la Tunisie postrévolutionnaire. Notre assistance, dirigée vers le soutien de la transition démocratique et le développement équitable, y compris au bénéfice des régions défavorisées, passe de 80 millions € à 140 millions € per annum d'ici 2013.

• Mais je reviens immédiatement au thème du séminaire. C'est un thème passionnant pour répondre aux hésitations des ceux qui ne voient pas encore les liens entre ceux deux termes « migration » et « développement ».

• En effet, trop souvent ont entend encore parler de la migration, en tant que phénomène qui – selon certains - ne ferait qu'appauvrir les pays de départs en leur soustrayant des ressources humaines essentielles, alors que –selon d'autres- il ne produirait que des effets négatifs sur les pays de destination, auxquels apporteraient le dumping social, la criminalité et d’autres couts sociaux à gérer.

• Il s'agit des risques effectifs, des problèmes vrais. Inutile de les nier. Mais ils ne représentent qu'une partie de la réalité.

• La migration représente beaucoup plus. Dans son ensemble, il s’agit de beaucoup d’aspects positifs, dans la mesure où la migration est l'effet du choix des êtres humains qui tentent de changer leur destin vers le mieux, en vue de saisir des opportunités meilleurs qui sont leur offertes ailleurs, ou tout au moins en vue d'échapper à des risques imminentes ou inconvénients auxquels ils sont confrontés dans le lieu où ils vivent.

• En tout état de cause, les risques et problèmes liés à la migration souvent déplorés sont engendrés surtout par des situations dans lesquelles la migration a lieu d'une manière chaotique et non maitrisée. Le problème de migration clandestine temporaire entre la Tunisie et l’Italie avec laquelle nous avons été confrontés au début de l’année a été une illustration de ce fait. Mais cette expérience au début de l'année de 2011 nous a également démontré la volonté et la capacité des autorités tunisiennes d'agir vite et de manière efficace malgré la situation difficile dans le pays et de travailler en commun avec l'Etat membre le plus concerné (à savoir l'Italie).

• La meilleur manière d'éviter de telles situations consistent donc à organiser et maitriser les flux migratoires dans la mesure du possible et ceci en bonne coopération avec le partenaire, c'est-à-dire ici avec la Tunisie. C'est à cette condition seule que la migration et le développement peuvent aller de pair, et que la migration représente une chance de devenir un facteur utile au développement.

• C'est le cas en premier lieu pour les pays de destination, en occurrence les pays de l'UE, auxquels les immigrés apportent la contribution de leur travail : une contribution parfois indispensable, sans laquelle non seulement la croissance économique serait ralentie ou empêchée, mais même la possibilité de fournir des services parfois essentiels serait drastiquement réduite.

• Il est donc essentiel, pour les pays de l'UE, de s'assurer de recevoir les immigrés

disposant des profiles professionnels que leur marchés de l'emploi respectives réclament, et de faire en sorte qu'ils aient accès aux marché de l'emploi d'une manière régulière.

Page 2: ICMPD – Tunisian Ministry of Foreign Affairs The …eeas.europa.eu/archives/delegations/tunisia/documents/...1 ICMPD – Tunisian Ministry of Foreign Affairs "The role of migration

2

• Dans ce cadre, il est pour aussi essentiel –pour des tels pays- de veiller à que les immigrés accèdent à des conditions de séjour et de travail dignes et en ligne avec les standards de vie du pays hôte.

• Etablir des conditions efficaces et efficientes de gestion de la migration, d'ailleurs, est une condition essentielle de développement aussi pour les pays d'émigration, pays auxquels l'émigration peut fournir des ressources financières importants en retour. L'importance des transferts de la diaspora tunisienne, y compris son potentiel pour les investissements dans le pays, est grande.

• Il est dans l’intérêt du pays d'émigration aussi de faire en sorte que ses émigrants n'utilisent que des canaux réguliers, pour être sûrs que leur vie, santé, liberté et dignité ne soient pas mis en péril ainsi que pour augmenter les chances que leur projet migratoire soit un succès.

• Dans ce cadre, une gestion bien rodée de l'émigration peut aussi produire comme résultat de faire en sorte que les pays ne souffre pas de la "fuite des cerveaux" d'une manière important, ce qu'on peu éviter en facilitant la naissance de mécanismes visant soit à rendre moins probable l'envie des "cerveaux" de s'en fuir, soit à compenser leur éventuel départs, y inclus par la facilitation de leur retour successif. Ceci pour déclencher ce que nous appelons une migration circulaire vertueuse.

• Tout ceci s’applique aussi par rapport aux pays de transit de la migration. Dans le passé, il est vrai ce problème n’a guère existé pour la Tunisie mais des développements dans son voisinage (notamment en Libye) ont changé un peu la donne.

• En effet, un pays qui se trouve exposé in principe à faire l'objet des fluxes migratoires de transit, court le risque de voir son développement partiellement affecté négativement si jamais il n'arrive pas à maitriser de tels flux d'une manière adéquate. Entres autres, les flux de transit peuvent facilement contribuer à la naissance d'un réseau criminel visant leur facilitation et organisation. Il est donc essentiel pour tout pays de transit de cesser de l'être, en luttant à fond contre les organisations criminelles, ainsi qu'en se dotant d'un système effective de contrôle des frontières et de réadmission des migrants irrégulières.

• L'UE est tout à fait convaincue de la possibilité de mettre la migration au service du développement, en faveur de ses Etats membres, qui sont de plus en plus pays de destination, aussi bien qu'en faveur que de ses partenaires y compris ceux au sud de la Méditerranée. Aussi, nous sommes convaincus de l'urgence de travailler ensemble en vue de la mise en place de systèmes bien fonctionnant de gestion de la migration, ceci étant justement la garantie pour assurer de n'avoir que les bienfaits de la migration, et pour en réduire les éventuels problèmes.

• C'est dans ce contexte que le 24 mai dernier la Commission Européenne a proposé de lancer une nouvelle phase de relations avec les pays du Sud de la Méditerranée, et en premier lieu avec la Tunisie, l'Egypte et le Maroc, et de commencer à bâtir avec eux une coopération et des relations plus avancées dans la gestion des phénomènes migratoires, ainsi que de la mobilité des personnes en générales.

• La proposition de la Commission Européenne, qui a été inspirée non seulement par l'exigence technique de mieux gérer les flux migratoires dans la Méditerranée, mais aussi par le souhait tout à fait politique de répondre par un signal d'ouverture et d'espérance au Printemps Arabe a été successivement endossée, au cours du moi de juin, par les Etats membres de l'UE, en premier lieu par leur Ministres de l'Intérieur (le 9 juin), ensuite par ses Ministres des Affaires Etrangères (le 20 juin), et enfin par leur chefs d'Etats et de Gouvernement (le 24 juin).

• Sur cette base, l'UE que je l'honneur de représenter ici, est prête à se mettre au travail avec les autorités de la Tunisie en vue de développer sans tarder des modalités de coopération et de relations plus avancées dans la gestion de la migration et de la mobilité entre nos territoires respectifs.

• Le premier pas, dans cette direction, que nous préconisons, consistera dans le lancement formel d'un Dialogue, que nous proposons appelons "Dialogue sur la migration, la mobilité et la sécurité".

• Ce Dialogue devra permettre d'abord aux représentants de toutes les parties concernées de la Tunisie et de l'Union Européenne de se communiquer les besoins et les attentes respectifs, ainsi que d'identifier ensemble les formes de coopération nouvelles permettant de donner réponse tant aux uns qu'aux autres. D'ailleurs, son Excellence, le

Page 3: ICMPD – Tunisian Ministry of Foreign Affairs The …eeas.europa.eu/archives/delegations/tunisia/documents/...1 ICMPD – Tunisian Ministry of Foreign Affairs "The role of migration

3

Ministre des Affaires Etrangères de la Tunisie, M. Kefi a déjà indiqué ce matin un certain nombre de sujets pertinents à traiter.

• Le Dialogue a pour objet d'établir dans les meilleurs délais un Partenariat de Mobilité UE-Tunisie, dont les contenus sont ouverts, et qui devront être fixées sur la base des aspirations communes mais l'objectif recherchée y compris de notre coté est une mobilité accrue dans l'intérêt des deux parties.

• Evidemment ce Dialogue ne commencera pas à zéro avec la Tunisie. Dans le passé, les sujets de la mobilité, la migration et la sécurité ont fait l’objet de discussions au sein de plusieurs sous-comités dans le cadre de l’Accord d’Association et nous avons aussi l’expérience de plusieurs projets de coopération en la matière. La nouveauté de ce Dialogue consiste dans sa nature globale et sa portée stratégique.

• Dans ce contexte, je souhaite souligner formellement que l'UE est d'ores et déjà prête à lancer ce Dialogue avec les autorités de la Tunisie. Pour ce faire, nous n'attendons qu'un signal d'intérêt et de disponibilité de la part des ces dernières.

• Nous sommes très bien conscients du fait que la vie politique de la Tunisie traverse actuellement une phase importante de transition et d'innovation, d'où devront apparaître bientôt des institutions profondément réformées et une vie politique totalement renouvelé.

• Suite aux discussions techniques préliminaires que nous avons eu en la matière avec les autorités tunisiennes en mai dernier, nous sommes confiants de pouvoir commencer formellement un tel Dialogue en vue d’établissement d’un Partenariat de Mobilité UE-Tunisie dans les meilleurs délais.

• Le lancement du Dialogue et la conclusion d'un tel Partenariat représentent des opportunités que nous avons intérêt à saisir, car ils peuvent eux-mêmes apporter une contribution au bon aboutissement de la transition politique du pays, à sa stabilisation démocratique, ainsi qu'à son développement économique et social.

• Je suis confiant que ce séminaire contribuera à la facilitation de ce dialogue, y compris à travers les trois groupes de travail dans lesquels mes collègues de la DG Affaires Intérieures de la Commission européenne et de l'agence FRONTEX participeront.