Il Etait Une Fois Un Vieux Couple Heureux

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BIOGRAPHIE :Ecrivain Marocain ,L Agounchich , lenfant terrible de la littrature maghrbine dexpression franaise grce sa participation rcrative et rnovatrice de cette littrature , cette cole Souffles -1966 laquelle il a donn de nouvelles dimensions. N en 1941 Tafraout (Sud du Maroc ) dans une famille berbre sous la charge dun pre commerant .Il a fait ses tudes entre Agadir et Casablanca pour soccuper des affaires sociales suite au tremblement de terre dAgadir .Il a quitt son pays pour sinstaller en France ou il a travaill comme mineur .Parmi ses uvres : Agadir et Moi laigre .Sentant sa fin ,il revient au pays pour succomber Rabat en 1966.Ses uvres ont t interdites jusquen 2002 ; LUVRE : un roman engag , un rquisitoire implicite o il relate la situation sociale du Maroc cette poque

Les personnages :- Bouchaib :un vieux , cest le hros du roman ,il a beaucoup voyag au Maroc (nord) et en Europe la recherche dune vie aise mais en vain .Cest un personnage lettr et croyant Cest lAnflouss du village -Talouquit : une vieille ,aime et estime par les voisins .Elle sait lire et crire couramment larabe classique et surtout elle maitrisait la pharmacope de lpoque ce qui lui a permis de soigner les souffrants . - Le Mokhazni et le Mokadem reprsentent lautorit. Ce dernier ex prisonnier pour avoir commerc dans le kif , mari une arabe quil a berberis -Hmad :personnage craint par les habitants . - L Imam :respectueux et homme de confiance ; -Le guide touristique : polyglotte, mari trois femmes laventurier

Introduction :Dans la montagne marocaine, un couple heureux est soumis au rythme lent de la vie du village, l'observation des saisons et du ciel. Le vieil homme, hritier d'un pass agit, passe ses journes calligraphier en langue tifinagh un long pome la gloire d'un saint...

Rsum :Il tait une fois, effectivement, un vieux couple heureux. Des Berbres de la montagne marocaine, soumis au rythme doux de la vie villageoise, l'observation des saisons et des couleurs du ciel. La femme prpare des plats ancestraux, tandis que le vieux Bouchab compose, tout en fumant et savourant du th, un long pome calligraphi dans la langue des anciens touaregs. Les changements du modernisme commencent peine atteindre leur village recul. Et bientt, grce l'imam qui dirige la mosque, les pomes de Bouchab sont mis en musique, diffuss la radio et entendus par tous... Loin des fulgurances et des clats flamboyants et sombres qui ont fait sa gloire, l'auteur d'Agadir et du Dterreur, mort en 1995, nous livre ici plus qu'un testament : le roman de l'apaisement qu'il avait tant rv. Mohammed Khair-Eddine est un mythe de la littrature marocaine. Il est n en 1941 Tafraout, petite villeberbre au sud du Maroc. Comme jeune crivain il frquente le cercle des Amitis littraires et artistique deCasablanca. Fondateur du Mouvement "Posie Toute" en 1964 avec Mostafa Nissaboury. Exil en France en 1965. Ouvrier dans la banlieue parisienne. Publie en France en 1967. Collabore aux "Lettres nouvelles" et "Prsence africaine". Il s'installe de nouveau au Maroc en 1979. Il est mort Rabat le 18 novembre 1995, jour de la fte de l'Indpendance du Maroc. MOHAMmED KHAR-EDDINE : Dans le paysage littraire maghrbin de langue franaise, rsonne une voix aussi rude et rocailleuse que ces "lieux o la gologie et la mtaphysique se mlent en de multiples images" dont elle se fait l'cho, la fois agressive, gnreuse, inquitante et si humaine, celle de Mohamed Khar-Eddine. "Parole sauvage" , elle introduit la discordance dans la littrature maghrbine, faisant voler en clats aussi bien les dogmes littraires que les valeurs sclrosantes. Enfant terrible de la littrature maghrbine, Khar-Eddine y occupe une place marquante et participe sa vitalit et son renouvellement. Tt venu la littrature, il dclenche avec d'autres ce grand mouvement rgnrateur de la production maghrbine, qu'est le mouvement Souffles, en 1966. Avec eux, il apporte un sang neuf cette littrature jusque l trop astreinte certaines rgles et valeurs artistiques et culturelles. Ainsi, l'itinraire de ce fils de commerants soussi s'inscrit d'emble dans la marginalit et la contestation. N Tafraout, dans le Sud marocain en 1941, Khar-Eddine passe une enfance commune nombre d'enfants berbres, originaires du Sud, terre d'migration, entre femmes et vieillards et dans l'absence du pre, parti chercher fortune dans le Nord. La scolarisation concide avec le dpart pour Casablanca et l'abandon de la mre et du Sud. C'est aussi la dcouverte de la littrature. Interrog sur cette poque de sa vie et sur sa venue l'criture, Khar-Eddine raconte: Disons que j'ai commenc crire en classe de 5me secondaire (...). Je publiais dans la Vigie marocaine, il y avait mme des professeurs qui m'encourageaient mais la famille tait contre (...). J'tais plutt fort en sciences et en franais, nul en arabe, sauf en posie. J'ai mme crit des tragdies que mon pre a vendues des marchands de cacahutes qui en ont fait des cornets... Ceux qui ont connu Khar-Eddine cette poque se souviennent d'un jeune garon dclamant des pomes entiers quand il n'en inventait pas dj lui-mme. Entr en littrature malgr l'opposition de son pre, Khar-Eddine trouve l une nouvelle famille. Ses dcouvertes et ses rencontres orientent alors sa vie et ouvrent un parcours jalonn par des mots-repres, thmes majeurs aussi, tels que sisme, exil, retour, errance perptuelle. Aussi, quatre grandes priodes marquent cet itinraire de pote errant, ce trajet en pointill. En effet, la priode 1961-1965 est domine par le sisme. Tout d'abord celui qui frappe, le 29 fvrier 1960, la ville d'Agadir o Khar-Eddine s'installe (1961-1963), abandonnant les tudes pour l'criture. Charg d'enquter auprs de la population pour le compte de la Scurit Sociale o il travaille, Khar-Eddine met en gestation L'Enqute et Agadirqui paratront ultrieurement. Enfin, le jeune pote est son tour "travaill" par le sisme dont il fait travers son oeuvre le symbole majeur de toutes les remises en question et de tous les branlements individuels et collectifs. Avec un groupe d'amis dont Nissaboury, il prconise cette rvolution dans le domaine de la posie et la nomme "gurilla linguistique" dans un manifeste intitul "Posie toute". Suit une revue, Eaux vives, phmre mais point de dpart d'une carrire potique puis romanesque qui s'inscrit ds lors dans le grand mouvement littraire et intellectuel marqu par la naissance de Souffles en 1966. De 1963 1965, install Casablanca, Khar-Eddine produit de faon intense: "L'Enterrement", nouvelle parue dans Preuves en juin 1966, "Nause noire" (Sicles Mains, Londres, 1964). Il se lie d'amiti avec ceux qui fondent Souffles, notamment B. Jakobiak et A. Labi, compagnons de posie et de combat. Cette premire tape de l'itinraire de l'crivain dbouche, comme chez nombre d'crivains de cette poque, sur le dpart pour la France (1965), la rercherche "dans la distance, du seul lien possible" avec la famille et le pays, fuis l'un comme l'autre. S'ouvre alors une longue priode d'exil volontaire de 1965 1980, pendant laquelle Khar-Eddine mne la vie des

"boucs" comme mineur, ouvrier (1965-1966). En tmoigne se correspondance avec Labi: "J'ai un mauvais travail, je n'ai pas de logement, j'cris au prix de mille souffrances dans les cafs, c'est l que je me terrorise". Khar-Eddine publie "Faune dtriore" dans la revue Encres Vives en 1966; le texte est rcompens par le prix "Encres Vives". Il participe aussi diverses revues dont Dialogues, Les Lettres Nouvelles, Prsence Africaine et collabore Paris la fondation de Souffles en 1966. En 1967, ses pomes sont remarqus dans Les Temps Modernes, Le journal des Potes. Agadir parat au Seuil et reoit le prix des "Enfants terribles", fond par Cocteau. L'Enterrement obtient le prix de la Nouvelle maghrbine. C'est une priode fconde: Corps ngatif, suivi de Histoire d'un Bon Dieu (1968),Soleil Arachnide (1969), troisime rcompense du prix de l'Amiti FrancoArabe. Moi l'aigre (1970), Le Dterreur(1973), Le Maroc (1975), Une Odeur de mantque (1976), Une Vie, un rve, un peuple toujours errants (1978) tmoignent de cette fcondit qui donne une oeuvre rive, malgr l'exil, la terre marocaine et "sudique". Paralllement, Khar-Eddine anime pour France-Culture des missions radiophoniques nocturnes, vit dans le mouvement des ides de Mai 68 et continue faire des rencontres importantes pour lui: Malraux, Sartre, Beckett, Senghor, Csaire, Damas... Sa vie sentimentale, pour le moins mouvemente, est marque par un mariage avec "Annigator", ainsi nomme dansSoleil Arachnide et la naissance d'un fils, Alexandre. Cet quilibre se rompt lorsque Khar-Eddine quitte le Midi de la France o il s'tait install et se spare de sa famille pour la vie tumultueuse de Paris. L, Khar-Eddine reprend son errance, tenaill par le mal du pays, le manque de ce Sud, qu'en fait il n'a jamais quitt. En 1979, Khar-Eddine veut rentrer au Maroc. Ce retour, "opr sur un coup de tte"[5], sans doute facilit par son ami Senghor, s'effectue en 1980 et donne lieu l'criture d'un recueil de pomes: Rsurrection des fleurs sauvages (1981). Ressourcement aprs des "tribulations de toutes sortes", recherche d'quilibre, ce retour que Khar-Eddine explique dans un texte intitul "Le retour au Maroc" ouvre, selon le pote, un cycle historique avec un rcit, Lgende et vie d'Agoun'chich(1984) qui scelle ses retrouvailles avec le Sud tant aim et tant fui. De 1980 1989, l'exception de ce grand texte, Khar-Eddine ne produit rien de marquant. Heureux et enthousiasm de retrouver sa terre et sa culture, son arrive, au fil des ans, le pote mne de nouveau une existence dissolue dans une socit o il ne se sent dcidment pas sa place, tranant avec lui son mal de vivre, tranger partout, toujours propuls vers un ailleurs inaccessible. Khar-Eddine sillone le Maroc, ne mettant pas de sparation visible entre voyage rel et voyage intrieur. Ils sont chez lui les deux modalits d'une mme recherche, les deux expressions d'un mme dsir. Pour subsister, il crit des articles dans divers journaux marocains: Le Message, Le Libral, L'Opinion, participe des manifestations culturelles et se prte volontiers des exhibitions mdiatiques, se laisse enfin fter comme l'un des rares crivains maghrbins vivant dans son pays. Crois dans une rue de Casablanca, Rabat ou Tiznit, Khar-Eddine n'a alors que le mot partir la bouche. En 1989, il quitte de nouveau le Maroc pour la France. Il vivrait actuellement Paris et prparerait une pice intitule Les Cerbres, renouant ainsi avec le thtre, vers lequel l'auteur a toujours t attir. Homme d'exil, Khar-Eddine est encore une fois reparti vers cet "ailleurs inaccessible", l'instar de cet anctre fondateur de Lgende et vie d'Agoun'chich, pris son tour par cet "amour de l'exil et de l'errance". Ainsi, l'errance perptuelle domine le parcours inachev de cet crivain l'image du pote-chantre de la tradition maghrbine.

THMES FONDAMENTAUXTravaille par les thmes de l'exil et de l'errance, l'oeuvre montre qu'ils ne sont pas de simples lments littraires, caractristiques de cette littrature, mais qu'ils renvoient une pratique culturelle maghrbine pour laquelle l'exil et l'errance sont le fait du banni, du hros et du pote. Chez nombre de personnages, associant ces trois figures, l'exil et l'errance deviennent ainsi un principe de vie. De ce point de vue, la biographie de Khar-Eddine lui-mme constitue un tmoignage significatif. Associs ces deux thmes dominants, l'exclusion et la qute participent aussi la thmatique fondamentale de l'oeuvre qui se fait l'expression de la marginalit sociale, politique, culturelle et identitaire, gnratrice alors de cette errance et de cette qute que figure chaque livre de l'auteur. L'exclusion est ici, avant tout, initiative individuelle, auto-exclusion, rbellion et rejet, contestation socio-politique et dsir de libration individuelle. Les recueils de pomes, de Nause Noire (1964) Rsurrection des fleurs sauvages (1981), en passant par Soleil Arachnide (1969) et Ce Maroc (1975), formulent cette rvolte la fois individuelle et sociale, cette revendication du mme ordre, tout en criant sa difficult d'tre, ainsi que le dsir de changement et la recherche d'un mieux tre. La production potique livre une posie essentiellement vindicative, imprcative et conjuratoire, une posie violente qui s'exile parfois dans le dlire et l'onirisme, refuges contre le mal. Elle manifeste par ailleurs une proccupation constante pour le collectif, le pote se rvant voix du peuple. A l'instar des crivains marqus par l'esprit de Souffles, Khar-Eddine ne conoit pas une littrature en dehors de l'engagement. Cette prise en charge du mal

collectif reste trs forte dans la production romanesque de l'crivain. Cette dernire se construit autour du mme principe de la remise en question: des origines de l'identit patriarcale et du pouvoir sous toutes ses formes. Agadir (1967) annonce une oeuvre domine par le symbolisme du sisme touchant non seulement l'espace mais les individus et surtout les systmes identitaires, sociaux et politiques. Corps ngatif suivi de Histoire d'un Bon Dieu (1968) s'en prend cette trilogie du pouvoir, ce que Khar-Eddine associe violemment en un mme corps ngatif: Dieu, le roi, le pre. La subversion du pouvoir et la dnonciation politique se rattachent la thmatique fondamentale de l'oeuvre ainsi qu' la pratique scripturale de l'auteur. Comme la plupart des crivains de sa gnration, Khar-Eddine pratique une littrature iconoclaste, sacrilge, qui tourne en drision le sacr et le divin. Dieu lui-mme n'est pas pargn par la dmystification qui dnonce, notamment travers la figure du fqih, une pratique dtourne de la religion. L'oeuvre s'attaque tous les agents du povoir patriarcal. Thme dominant dans la littrature maghrbine, la verbalisation du conflit avec le pre prend place comme lment fondamental dans la thmatique Khar-Eddinienne. Figure centrale sur laquelle se focalisent la contestation du pouvir et la parole transgressive, le pre est l'objet d'un discours corrosif, impitoyable et accusateur. Animalit monstrueuse, avide d'argent, cruel, libidineux, tratre, lche, le pre est honni chez KharEddine - notamment parce-qu'il a rpudi la mre et abandonn le fils - jusqu'au fantasme, obsessionnel dans l'oeuvre, du meurtre toujours manqu du pre, qui se dresse comme un spectre perscuteur et avec lequel les liens sont sans cesse rompus. Cette rupture avec la ligne, dont l'expression est importante dans l'oeuvre, justifie l'exil et le rejet du pays et de la socit et correspond au refus d'assurer la continuit du pouvoir patriarcal, celui du commerce et de l'argent, hritage paternel et berbre auquel s'oppose l'criture conue comme espace et arme de la remise en cause de ce pouvoir. L'oeuvre laisse apparatre un rapport problmatique avec le pre et les anctres car il est d'ordre identitaire et culturel, la fois rejet et revendiqu comme "ombilic rel qui relie aux Berbres". La question de l'identit, trs forte dans toute la littrature maghrbine, se pose avec acuit chez Khar-Eddine, et un double niveau, individuel et collectif. L'identit s'inscrit dans un rapport avec un espace, nomm "sudique", qui occupe une place focale dans l'oeuvre, espace gographique du Sud marocain chleuh et surtout sphre sociale, historique et culturelle. Il est d'ailleurs significatif que l'oeuvre de Khar-Eddine, conue dans l'exil pour l'essentiel, soit envahie par cet espace "sudique" avec lequel l'criture entretient des rapports ambivalents de refus et de revendications. Le dernier livre de Khar-Eddine, Lgende et vie d'Agoun'chich (1984), exalte la dimension glorieuse et passe de l'histoire et de la culture berbres et s'inquite de leur croulement actuel. De ce point de vue, l'oeuvre reste toutefois domine par le thme du lieu inaccessible, Sud mythique, Sud maternel, Sud de l'enfance: "Le Sud! Le Sud! Ma mre, la Vraie!" , Sud imaginaire et revendiqu par l'criture qui permet, seule, le retour cet espace avec lequel elle fusionne. Enfin l'oeuvre demeure fondamentalement le lieu du dire sur soi, exprimant ainsi un autre aspect de la problmatique de l'identit chez Khar-Eddine. Omniprsent, le je, un et multiple, sans cesse en dpossession de lui-mme est, notamment dans Moi, l'aigre (1970), Le Dterreur (1973) et Une Odeur de mantque (1976), atteint son tour par le dynamitage, principe moteur chez Khar-Eddine. La mtamorphose, le ddoublement ou l'clatement-dmultiplication du "je", l'expression d'une sexualit exacerbe, l'animalisation travers un bestiaire foisonnant, voire la rification et enfin la mort travers la complaisance dans le putride et la cadavrisation,sont autant de manifestations de ce qui apparat ici comme un rejet et une valorisation de soi et dessine, en tout cas, l'espace scriptural en lieu d'interrogation sur soi et sur les origines.

PROCDS LITTRAIRESConsidr comme un auteur difficile, hermtique et mme incohrent, Khar-Eddine pratique, il est vrai, une criture qui cherche d'abord drouter, par le principe de la "gurilla linguistique" proclame par l'crivain ds sa venue l'criture. Celle-ci s'exerce sur les formes et genres littraires traditionnels. S'inscrivant dans la mouvance deSouffles, cette criture abolit les distinctions classiques entre le potique, le narratif et le discursif et tend vers la recherche de l'unicit du langage. Ce dernier sera investi d'un pouvoir multiple et soumis un travail intense et privilgi. L'criture "terroriste" dynamite la notion mme d'intrigue, rduite des bribes de rcit. Seule la parole prdomine dans ces textes o les personnages sont absents et remplacs par des pronoms qui se livrent une vritable lutte pour la parole. En cela, la plupart des textes de Khar-Eddine se caractrisent par leur polyphonie, par la multiplication des voix, des discours et des rcits ainsi que par la mise en avant d'une parole multipe. De ce point de vue, la pratique du thtre - petites saynettes frquentes dans tous ces textes - illustre bien cette

recherche fondamentale de la voix dans l'criture de Khar-Eddine. Celle-ci cherche se faire entendre avec force et violence jusqu'au cri de rvolte qui pulvrise la phrase, elle-mme compltement disloque, parfois jusqu' l'incohrence. La description, l'achronie, la disjonction, l'incongruit fondent cette criture insolite qui cultive aussi l'extraordinaire et l'trange. Tantt ironique et satirique, le langage chez Khar-Eddine se fait aussi plus mordant, voire scatologique car il se veut essentiellement provocateur et droutant. Aussi est-on en prsence d'une criture paradoxale qui se pose comme une non-criture et s'oganise autour d'une dialectique de la constructiondconstruction d'elle-mme. Discontinuit du rcit, lui-mme la limite du rel et du fictif, criture de l'hallucination et de la fantasmagorie, clatement de toute logique et de l'intrigue, pronominalisation des personnages qui aboutit leur ngation, abolition du temps et de l'espace, contradiction des discours par le procd de l'affirmation-infirmation caractrisent ces nouvelles formes narratives s'inspirant de Joyce, Faulkner, Kafka, Cline, Beckett et des nouveaux romanciers. Elles inscrivent ainsi l'criture de Khar-Eddine dans une modernit scripturale qui met l'accent sur la difficile mise en oeuvre du rcit et sur la reflexion d'une criture sur elle-mme. Cependant, cette interrogation vise essentiellement le pouvoir de nomination que donne l'criture. Aussi peut-on dire que chez Khar-Eddine, le langage, dont le fonctionnement univoque, strotyp est sans cesse remis en question, ne se peroit que dans cette "perptuelle dpossession", caractristique du corps et de l'identit chez l'auteur. Ici, et de faon plus marquante, l'criture traduit dans ses mcanismes et son fonctionnement erratique, un dsir de libert par rapport aux contraintes, un refus de l'absolu du langage et de l'univocit du dire, une recherche enfin de la polysmie, du sens ouvert et du pluriel. Le principe de "l'criture rature d'avance" devient positif puisque gnrateur de rcits, comme le sisme est un pralable au renouveau. Cette criture toujours en perte d'elle-mme vise se subvertir elle-mme, notamment par l'introduction, dans le champ de l'crit, de procds propres constituer une potique de l'oralit, la tradition orale tant ici revisite par la modernit. Tout concourt, dans l'interfrence de l'criture et de l'oralit, une tentative de subversion de l'une par l'autre. Voil qui expliquerait le postulat Khar-Eddinien de la non-criture. Cette potique est perceptible, notamment, travers le rapport ludique et premier instaur par l'criture avec le langage, dconstruit, reconstruit, selon un principe o le le propre de la parole dite est de se dissoudre dans l'acte mme qui la produit. Dire et ne pas dire, l'auto-destruction reste une pratique courante de l'oralit. "Il tait et il n'tait pas" dit le conte traditionnel. Cette potique de l'oralit est aussi l'oeuvre dans le fonctionnement mme de la narration, en ce qu'elle privilgie un langage du corps, une criture organique centre sur le corps, la sexualit, la mtamorphose, le masque, o domine la voix proccupe par l'acte d'nonciation qui semble primordial car il est fondateur du "je". Le morcellement textuel, si caractristique de l'criture de Khar-Eddine, traduit l'clatement du "je" dont l'agitation rejaillit sur la narration en proie la mme fivre et la mme errance. Le "je" fait corps avec le texte et s'incarne dans une parole qui revient toujours lui.