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© 2012 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Revue des Maladies Respiratoires Actualités (2012) 4, 291-292 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Correspondance. Adresse e-mail : [email protected] (N. Peron). Actualités Maladies Respiratoires Revue des Organe Officiel de la Société de Pneumologie de Langue Française Débit d’oxydation lipidique (mg/min) Obésité, sédentarité Intensité de l’effort (Watt) Entraînement 100 200 300 400 9es Journées Francophones « Alvéole » Lyon, 22 et 23 mars 2012 Rapport des communications Coordination : P. Surpas 2012 4 MOTS CLÉS Réhabilitation ; Désir ; Philosophie KEYWORDS Rehabilitation; Desire Philosophy PLAISIR – DYSPNÉE – ÉDUCATION Il n’y a pas de mouvement sans désir, de Platon à Deleuze There is no movement without a will to move, from Platon to Deleuze D’après la communication de C. Brosson (Grenoble) Article rédigé par N. Peron Service de cardiologie, Hôpital Ambroise Paré, 9, avenue Charles de Gaulle, 92104 Boulogne-Billancourt cedex, France Résumé La réhabilitation a pour objectif principal de maintenir dans la durée un niveau d’activités physiques quotidiennes jugées nécessaire à la santé physique ou psychique du patient, de façon à diminuer les conséquences systémiques de la maladie et les coûts de santé. C’est à travers une réÁexion philosophique que l’on peut réÁéchir à un nouveau mode de prise en charge des patients. © 2012 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Summary The principal objective of pulmonary rehabilitation is to preserve the level of daily physical activity deemed necessary for the physical or psychological health of the patient in the long term so as to decrease the systemic consequences of disease and health costs. A philosophical approach is required for progress to be made in patient management methods. © 2012 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. All rights reserved. L a réhabilitation a pour objectif principal de main- tenir dans la durée un niveau d’activités physiques quotidiennes jugées nécessaire à la santé physique ou psychique du patient, de façon à diminuer les consé- quences systémiques de la maladie et les coûts de santé. Les activités physiques et la participation sont dépendantes de la construction d’agencements. La réhabilitation stan- dard en centre ou en ambulatoire se doit d’évoluer d’une activité aliénée vers une activité non aliénée. Cependant, cette émancipation dépend d’une part importante du désir.

Il n’y a pas de mouvement sans désir, de Platon à Deleuze

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Page 1: Il n’y a pas de mouvement sans désir, de Platon à Deleuze

© 2012 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Revue des Maladies Respiratoires Actualités (2012) 4, 291-292

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Correspondance. Adresse e- mail : [email protected] (N. Peron).

ISSN 1877-1203

www.splf.org

Actualités

Maladies

RespiratoiresRevue

des

Organe Officiel de la Société de Pneumologie de Langue Française

Débit d’oxydationlipidique (mg/min)

Obésité, sédentaritéIntensité de l’effort

(Watt)

Entraînement

100

200

300

400LIPOXmax

LIPOXmax

9es Journées Francophones « Alvéole »

Lyon, 22 et 23 mars 2012

Rapport des communicationsCoordination : P. Surpas

Numéro réalisé avec le soutien institutionnel du laboratoire

7043

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SeptembreVol 4 2012 N° 4

MOTS CLÉSRéhabilitation ;Désir ;Philosophie

KEYWORDSRehabilitation;Desire Philosophy

PLAISIR – DYSPNÉE – ÉDUCATION

Il n’y a pas de mouvement sans désir, de Platon à Deleuze

There is no movement without a will to move, from Platon to Deleuze

D’après la communication de C. Brosson (Grenoble)

Article rédigé par N. Peron

Service de cardiologie, Hôpital Ambroise Paré, 9, avenue Charles de Gaulle, 92104 Boulogne-Billancourt cedex, France

RésuméLa réhabilitation a pour objectif principal de maintenir dans la durée un niveau d’activités physiques quotidiennes jugées nécessaire à la santé physique ou psychique du patient, de façon à diminuer les conséquences systémiques de la maladie et les coûts de santé. C’est à travers une ré exion philosophique que l’on peut ré échir à un nouveau mode de prise en charge des patients.© 2012 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

SummaryThe principal objective of pulmonary rehabilitation is to preserve the level of daily physical activity deemed necessary for the physical or psychological health of the patient in the long term so as to decrease the systemic consequences of disease and health costs.A philosophical approach is required for progress to be made in patient management methods.© 2012 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

La réhabilitation a pour objectif principal de main-tenir dans la durée un niveau d’activités physiques quotidiennes jugées nécessaire à la santé physique

ou psychique du patient, de façon à diminuer les consé-quences systémiques de la maladie et les coûts de santé.

Les activités physiques et la participation sont dépendantes de la construction d’agencements. La réhabilitation stan-dard en centre ou en ambulatoire se doit d’évoluer d’une activité aliénée vers une activité non aliénée. Cependant, cette émancipation dépend d’une part importante du désir.

Page 2: Il n’y a pas de mouvement sans désir, de Platon à Deleuze

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un ensemble ». Le désir passe donc par des agencements multiples et collectifs. Il est donc nécessaire d’« expéri-menter des agencements, chercher des agencements qui vous conviennent ». Gilles Deleuze évoque un agencement selon 4 dimensions : Des états de choses, des énoncés, des territoires, et des mouvements de déterritorialisation. « Et c’est là- dedans que le désir coule » [10].

Conclusion

« L’acti- analyse » consiste à comprendre quelle est la nature des affects intensifs qui génèrent les différentes activités motrices d’une personne afin de permettre l’émission d’énoncés thérapeutiques adaptés aux capacités et à la culture de nos patients [11]. En conclusion, Rousseau écrit que « le grand secret de l’éducation est de faire que les exercices du corps et ceux de l’esprit servent toujours de délassement les uns aux autres » [12].

Déclarations d’intérêt

C. Brosson, N. Peron : intérêts en lien avec le manuscrit : aucun.

Références[1] Rousseau JJ. Emile ou de l’éducation. Collection GF, Flam-

marion, p108.[2] Platon. Le Banquet, (200a). Collection GF, Flammarion, 1999.[3] Meirieu P. Apprendre… oui, mais comment. Collection Pédago-

gies, ed ESF éditeur, p92.[4] Pourriol O. Vertiges du désir. Nil éditions, p150.[5] Spinoza. L’Ethique. Collection folio essais, Gallimard.[6] Spinoza. L’Éthique. Collections folio essais, Gallimard, p 324.[7] Deleuze G, Guattari F. Mille plateaux. Collection « Critique »,

Les éditions de minuit.[8] Deleuze G, Guattari F. L’Anti- Œdipe. Collection « Critique »,

Les éditions de minuit, p43- 44.[9] Pourriol O. Vertiges du désir. Nil éditions, p150.[10] Deleuze G. L’abécédaire, à la lettre D, éditions Montparnasse.[11] Aguilaniu B, Brosson C. 9 ° Journées Francophones Alvéole

22&23 mars 2012[12] Rousseau JJ. Emile ou de l’éducation. Collection GF, Flam-

marion, p292.

Le projet de réhabilitation doit donc être adapté à la nature d’une personne (c’est à dire à ses capacités fonctionnelles du moment) ainsi qu’à sa culture (activités et participations actuelles et passés). Selon Rousseau, c’est dans la dispro-portion de nos désirs et de nos facultés que consiste notre misère. Un être sensible dont les facultés égaleraient les désirs serait un être absolument heureux [1].

La réhabilitation utilise un ensemble de moyens dont le but premier est de permettre la restauration d’un mode de vie proche de la normale en priorisant l’évaluation des activités et de leurs participations sur celle des dé ciences fonctionnelles et structurelles. On se demande quelles sont les raisons du succès de la réhabilitation ? La création d’un désir actif ? Un échec revient alors à l’échec de création de désir chez le patient.

« Il y désir de ce qui manque, et il n’y a pas désir de ce qui ne manque pas ? » [2]. Le désir nait donc de ce qui manque dans l’être. Et Philippe Meirieu ajoute que « le paradoxe du désir tient, en effet, à ce que l’objet désiré doit être à la fois connu et inconnu [3]. « Le désir agrandit l’objet » [4] et nos actes se re ètent sur le patient. « L’empathie mutuelle » passe par une connaissance détaillée des activités physiques actuelles et passées d’une personne qui permettra l’élabo-ration d’énoncés clairs. Le désir du thérapeute se transfère alors sur le patient. C’est une notion importante à prendre en compte. Spinoza a écrit que « le simple fait d’imaginer que quelqu’un aime quelque chose nous fait aimer cette chose » [5]. C’est à travers l’émulation que l’on crée le désir. Cependant, il existe une différence entre le désir et la contemplation, car désirer n’est pas simplement avoir envie ou regarder vers une étoile. Le désir n’est rien d’autre que l’effort même pour agir [6]. La notion d’agencements prend donc une place importante dans cet effort car selon Gilles Deleuze « Il n’y a pas de pulsion interne dans le désir ». Le désir n’a rien à voir avec une détermination naturelle ou spon-tanée. « Il n’y a de désir qu’agençant, agencé, machiné » [7].

Le concept de machines désirantes, évoqué par Gilles Deleuze et Félix Guattari est un système de coupures en rapport avec un ux matériel continu. « Toute machine est coupure de ux elle- même par rapport à celle qui lui est connectée. Telle est la loi de la production » [8]. La temporalité dans le désir est également importante car « le désir est créateur d’avenir » [9]. On désire toujours dans un ensemble. En effet, il écrit : « Vous ne désirez jamais quelqu’un ou quelque chose, vous désirez toujours dans