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' A LA RECHERCHE D'UN NOUVEAU TYPE DE MUSÉE' D'HISTOIRE par LELJA DOBRONI& LORS que divers types de musées - et ils sont nombreux - ont trouvé leur A forme aujourd'hui, il en est un qui n'a pas encore sa physionomie définitive. On peut le caractériser comme suit : d'une part, ses collections ne relèvent pas d'un domaine spécifique de la science; elles ne se composent pas non plus d'objets appartenant à tous les genres et à toutes les époques; d'autre part, son matériel concerne un territoire limité. Des musées de cette sorte existent déjà dans certains pays, mais leur rayonnement est strictement local. Ce sont des musées de terroir. MUSEUM leur a consacré, il y a trois ans, une étude très documentée Les efforts des conservateurs, dont l'intention est de créer aujourd'hui des musées qui ne soient plus ouverts au seul public restreint des savants et des spécialistes, tendent visiblement de plus en plus à la formation de ce nouveau type de musée : il ne s'agit plus de présenter les objets eux-mêmes, mais de tenter, au moyen de ces objets, d'éclairer, d'illustrer, de concrétiser une idée, ZMZ c0~2tem abstrait : quelque chose qui se trouve en desà du domaine de la matière et des apparences. L'aména- gement des salles d'exposition dans un tel musée est soumis à des lois qui s'écartent beaucoup des considérations habituelles, le point de départ n'en étant plus exclusi- vement l'inventaire pur et simple du musée. C'est l'idée elle-même ou, par exten- sion, tout schème abstrait exprimant le thème du musée, qui fournit au conservateur les bases de l'aménagement des salles. Cette nouvelle orientation de la muséographie oblige les conservateurs à être, dans une large mesure, des créateurs. Leur tâche est vaste et variable à l'extrême. En effet, non seulement un même objet peut servir à illustrer plusieurs thèmes, mais pour l'illustration d'un seul thème, il peut être présenté sous des aspects différents. etant donné que la science historique contemporaine s'intéresse particulièrement à la (( dynamique D de l'événement même, il est de la plus haute importance qu'un type spécial de musée réponde à cette tendance nouvelle. Or, si l'on veut créer un musée d'histoire - musée dont le contenu sera riche d'enseignements - on doit nécessairement s'efforcer de l'aménager suivant les grandes lignes esquissées ci-dessus. I1 va de soi, en effet, que l'histoire ne peut pas être (( exposée )) comme on a prétendu le faire jusqu'ici. Expliquons-nous :"un musée d'histoire n'a pas pour seul but de montrer le développement (ou l'histoire) d'une catégorie d'objets - par exemple des monnaies, des produits de l'artisanat, des œuvres d'art, etc. On doit y trouver une vue panoramique des événements, sous forme d'une synthtse du passé. Toutes les idées, en desà des objets, qui ont animé les grands courants historiques, doivent apparaître dans toute leur complexité avec les problèmes qu'ils ont posés. I1 est évident que l'histoire n'est pas un tableau, ni une sculpture, ni tel ou tel objet : seule une présentation rationnelle pourra l'évoquer et la rendre concrète. Qu'est-ce que l'histoire, pour le musée, sinon un certain nombre de notions et de connaissances sur des événements passés dont les vestiges matériels et concrets sont relativement peu considérables?Aussi l'idée même de créer un musée d'histoire est-elle assez paradoxale. Sera-t-il en effet possible d'cc exposer D dans les salles de ce musée les événements, les relations des individus et des groupes humains entre eux, leurs divers états, les situations dans lesquelles ils ont évolué et qui toutes appar- tiennent au passé? Si oui, comment le faire, puisque ni les objets, même de la plus haute valeur artistique ou scientifique, ni les collections, même les plus étendues, ne peuvent représenter à eux seuls les événements et la vie d'autrefois ? Nous voilà devant l'essentiel : les buts et les moyens d'un tel musée. Le but d'un musée d'histoire est-d'évoquer, de présenter au public l'histoire d'une ville, d'une province, d'un pays, d'une époque, etc. Pour atteindre ce but, il est nécessaire d'inventer une forme spéciale d'aménagement des salles qui suggérerait aux visiteurs les modes de vie d'un passé limité, concernant une certaine région, une certaine époque, un certain domaine. Le public sera ainsi amené à comprendre les moments et les courants marquants de l'histoire. I. MUSEUM, POI. IV, 1951. no 2.

In search of a new type of Historical Museum

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' A LA RECHERCHE D'UN NOUVEAU T Y P E D E MUSÉE' D 'HISTOIRE

par LELJA DOBRONI& LORS que divers types de musées - et ils sont nombreux - ont trouvé leur A forme aujourd'hui, il en est un qui n'a pas encore sa physionomie définitive. On peut le caractériser comme suit : d'une part, ses collections ne relèvent pas d'un domaine spécifique de la science; elles ne se composent pas non plus d'objets appartenant à tous les genres et à toutes les époques; d'autre part, son matériel concerne un territoire limité. Des musées de cette sorte existent déjà dans certains pays, mais leur rayonnement est strictement local. Ce sont des musées de terroir. MUSEUM leur a consacré, il y a trois ans, une étude très documentée

Les efforts des conservateurs, dont l'intention est de créer aujourd'hui des musées qui ne soient plus ouverts au seul public restreint des savants et des spécialistes, tendent visiblement de plus en plus à la formation de ce nouveau type de musée : il ne s'agit plus de présenter les objets eux-mêmes, mais de tenter, au moyen de ces objets, d'éclairer, d'illustrer, de concrétiser une idée, ZMZ c0~2 tem abstrait : quelque chose qui se trouve en desà du domaine de la matière et des apparences. L'aména- gement des salles d'exposition dans un tel musée est soumis à des lois qui s'écartent beaucoup des considérations habituelles, le point de départ n'en étant plus exclusi- vement l'inventaire pur et simple du musée. C'est l'idée elle-même ou, par exten- sion, tout schème abstrait exprimant le thème du musée, qui fournit au conservateur les bases de l'aménagement des salles.

Cette nouvelle orientation de la muséographie oblige les conservateurs à être, dans une large mesure, des créateurs. Leur tâche est vaste et variable à l'extrême. En effet, non seulement un même objet peut servir à illustrer plusieurs thèmes, mais pour l'illustration d'un seul thème, il peut être présenté sous des aspects différents. etant donné que la science historique contemporaine s'intéresse particulièrement à la (( dynamique D de l'événement même, il est de la plus haute importance qu'un type spécial de musée réponde à cette tendance nouvelle.

Or, si l'on veut créer un musée d'histoire - musée dont le contenu sera riche d'enseignements - on doit nécessairement s'efforcer de l'aménager suivant les grandes lignes esquissées ci-dessus. I1 va de soi, en effet, que l'histoire ne peut pas être (( exposée )) comme on a prétendu le faire jusqu'ici. Expliquons-nous :"un musée d'histoire n'a pas pour seul but de montrer le développement (ou l'histoire) d'une catégorie d'objets - par exemple des monnaies, des produits de l'artisanat, des œuvres d'art, etc. On doit y trouver une vue panoramique des événements, sous forme d'une synthtse du passé. Toutes les idées, en desà des objets, qui ont animé les grands courants historiques, doivent apparaître dans toute leur complexité avec les problèmes qu'ils ont posés. I1 est évident que l'histoire n'est pas un tableau, ni une sculpture, ni tel ou tel objet : seule une présentation rationnelle pourra l'évoquer et la rendre concrète.

Qu'est-ce que l'histoire, pour le musée, sinon un certain nombre de notions et de connaissances sur des événements passés dont les vestiges matériels et concrets sont relativement peu considérables ?Aussi l'idée même de créer un musée d'histoire est-elle assez paradoxale. Sera-t-il en effet possible d ' c c exposer D dans les salles de ce musée les événements, les relations des individus et des groupes humains entre eux, leurs divers états, les situations dans lesquelles ils ont évolué et qui toutes appar- tiennent au passé? Si oui, comment le faire, puisque ni les objets, même de la plus haute valeur artistique ou scientifique, ni les collections, même les plus étendues, ne peuvent représenter à eux seuls les événements et la vie d'autrefois ? Nous voilà devant l'essentiel : les buts et les moyens d'un tel musée. Le but d'un musée d'histoire est-d'évoquer, de présenter au public l'histoire d'une ville, d'une province, d'un pays, d'une époque, etc. Pour atteindre ce but, il est nécessaire d'inventer une forme spéciale d'aménagement des salles qui suggérerait aux visiteurs les modes de vie d'un passé limité, concernant une certaine région, une certaine époque, un certain domaine. Le public sera ainsi amené à comprendre les moments et les courants marquants de l'histoire.

I. MUSEUM, POI. IV, 1951. no 2.

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AFRIQUE AS IE EUROPE AMÉRIQUE AUSTRALIE

. . ..” . . . . .. - I ..~

Certes, les problèmes soulevés par la création d’une telle institution surgi- ront sans cesse. Mais dès maintenant il est possible d‘exposer quelques idées concernant les méthodes muséographi- ques qui pourraient nous conduire à une solution.

I1 faut préciser le thème exposé, le tirer au clair, par exemple déterminer s’il s’agit de la présentation de l’histoire d’une ville, ou de son róle dans le passé d‘un pays; décider aussi de l’époque (préhistoire, moyen âge, temps moder- nes, ou toute autre période). I1 va de soi que les cir,constances locales, l’im- portance de certains événements histo- riques qui se seront déroulés dans le lieu choisi, seront toujours décisives pour le choix du thème.

I1 faut ensuite, à travers la littérature et les documents, en remontant aux sources, étudier en détail le fragment d’histoire que le musée a choisi pour thème d’exposition. I1 faut également tracer un canevas historique qui servira de base à l’aménagement du musée (canevas, esquisse et non traité, ni manuel d’,histoire). On notera seulement, comme points de repère, les moments, les dates les plus caractéristiques de l’histoire d’un pays à une époque donnée. Le choix de ces déments historiques sera forcément fonction des possibilités d‘aménagement de l’exposition projetée (fig. 30) .

Si le thème qu’on veut présenter n’est pas encore suffisamment élucidé selon la méthode scientifique, la tâche devient alors beaucoup plus difficile. Dans ce cas, la direction du musée doit elle-même étudier à fond la question, et parfois

30. Esquisse de présentation musCographique de la simultanéité et de la succession des événements dans la perspective d‘une histoire universelle. Les verticales du schéma indiquent les continents, les horizontales les époques. Des signes, de valeur naturellement relative, et de signification très large, marquent des courants importants ou des événe- ments caractéristiques de l’histoire. Ces signes ou symboles visent à suggérer une idée générale qui pourrait aider au choix des objets d’exposition. Une salle, ou un ensemble de salles, devrait évoquer l’atmosphkre historique d‘une Cpoque, pour tel ou tel pays, A l’aide des objets exposés. Le schéma montre les nombreuses possibilitCs de circulation pour le visiteur. I1 n’est pas nécessaire de souligner qu’une description aussi schCmatique ne donne qu’un vague aperçu du plan suivi par le musée. Elle ne comporte ni définitions, ni regles définitives. I1 est évident qu’en ce domaine le musée a d‘innom- brables possibilités de réalisation. (Dessins et mon- tages, fig. 30-33, par Mijo BiSCan.) 30. Synopsis of museum presentation of the simul- taneity and succession of events, in the light of

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recourir à la consultation des historiens spécialisés, pour essayer de compléter le plus possible la documentation. Après avoir ainsi classé et rédigé leurs données, les conservateurs n’auront qu’à s’appliquer à présenter les thèmes à l’aide d’objets concrets, sans jamais s’écarter des principes de la muséographie moderne.

Avant de passer au travail pratique de l’aménagement, il convient de rédiger le texte court et concis qu’on se propose de suivre pour le montage de l’exposition. Puis on cherchera soigneusement et attentivement, parmi les objets disponibles, ceux qui seraient de nature à illustrer le texte, à représenter de fason appropriée le thème choisi. On constatera, le plus souvent, qu’ils se réduisent à peu de chose, même dans les collections les plus riches. Dans la plupart des musées - on veut parler ici des musées régionaux complexes et non des musées spécialisés - trop d‘objets sont du même genre et la représentation des époques et des domaines de la culture humaine est insuffisante.

Les conservateurs d’un musée régional qui auront l’intention de le transformez en musée d’histoire se trouveront dans la même position que les conservateurs d‘un musée de fondation récente. Ils devront aller, eux aussi, à la recherche des objets, des débris ou des vestiges matériels des événements en rapport avec leur thème d‘exposition. I1 est probable que même l’inventaire d’un musée relativement riche ne leur apportera pas ce dont ils ont besoin. Et pourtant manoirs, châteaux, couvents,

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églises, ruines, etc., habitations bourgeoises ou rurales ne sont-ils pas des vestiges extrêmement importants pour la reconstitution de l'histoire d'une contrée ? I1 n'est pas nécessaire de souligner que les restes du passé, meubles ou immeubles, sont immanquablement dispersés, et appartiennent à différentes personnes. Les pierres tombales, par exemple, seront dans les cimetières et dans les églises, des objets de toutes sortes dans les maisons privées, des documents écrits en dépôt dans les archives - le tout assez loin du bureau du conservateur.

Étant donné ces difficultés, comment donc concevoir un musée d'histoire et l'aménager avec succès ? A cette question il est impossible de donner une réponse valable pour tous et dans tous les cas. Tout dépendra de la capacité, de l'habileté et de l'ingéniosité des conservateurs.

Comment pourront-ils acquérir ce qui est nécessaire à l'aménagement entrepris et comment auront-ils recours au témoignage d'objets intransportables ? Nous savons comment acquérir les objets. On les achète - s'ils sont à vendre - ou bien on les resoit en don, ou bien on les emprunte ... Le conservateur pourra, dans certains cas, faire appel au patriotisme de ses concitoyens et à leur compréhension des choses de la culture; il pourra obtenir ainsi leur aide active ou même leur participation à la recherche des objets. Souvent aussi une partie du matériel voulu se trouvera dans d'autres musées le plus souvent spécialisés (archéologie, ethno- graphie, beaux-arts) : ces établissements accueilleront favorablement la demande d'emprunt, surtout si les objets qu'elle concerne sont dans leurs réserves.

Si l'emprunt n'est pas possible, on se contentera de moulages ou de reproductions (une bonne copie vaut tout de même mieux que rien); bien entendu, on devra, autant que possible, ne présenter que des originaux, n'employer de reproductions qu'en dernier ressort. Pour certains aménagements et dans certains cas, il faudra bien recourir aux reproductions : lorsqu'il s'agira d'objets de genres très différents se trouvant dans des musées spécialisés. L'emploi d'une reproduction ne présente pas, alors, d'inconvénient : ce n'est pas la valeur artistique de l'objet qui nous intéresse, mais sa signification. Celui-ci sera exposé comme un document - point de repère historique pour le grand-public. Naturellement, pour leurs études, les savants, eux, doivent recourir à l'original du musée spécialisé.

A côté des objets exposés de fason permanente dans les salles des musées spécia- lisés, il existe souvent dans les réserves des objets d'un intérêt secondaire pour les disciplines qu'illustrent lesdits musées ; ces objets auront souvent une très grande importance pour la présentation d'un fait historique. Leur signification sera d'ailleurs très variable selon le point de départ et le critère de l'aménagement entrepris. Le matériel des archives est également très utile pour compléter une présentation. Certes, les originaux des documents de grande valeur scientifique ou politique ne seront pas exposés, car il faut leur épargner les détériorations dues à l'air ou à la lumière; mais on en exposera des reproductions, photographiques ou non. D'autre part, les documents de second ordre, qui existent en abondance, figureront fort à propos en originaux au musée d'histoire.

Au point de vue didactique, il sera utile de mettre à côté des documents écrits en langues anciennes ou étrangères, ou en caractères peu lisibles, une traduction dans la langue nationale moderne, ou une transcription en caractères clairs. Si le texte est très long, un abrégé du contenu l'accompagnera. En permettant au public d'en faire une lecture rapide et aisée, on l'aidera beaucoup à comprendre les faits histo- riques.

La photographie trouvera son emploi non seulement dans la reproduction de documents écrits, imprimés ou manuscrits, mais encore dans celle des objets diffi- cilement transportables (en raison de leur valeur inestimable ou des grandes distances) et des monuments et édifices peu accessibles. Les uns et les autres, grâce à la photographie, figureront ainsi dans les salles du musée.

Outre la matériel habituel de tout musée (originaux et copies, moulages et repro- ductions diverses), il y a certains moyens muséographiques qui permettront au musée d'histoire de rendre présente et actuelle toute une suite d'événements histo- riques. Deux de ces moyens sont particulièrement importants : les représentations visuelles et les légendes (jgJ. 3z,33).

A l'aide de représentations visuelles, élaborées à partir de données authentiques, on peut évoquer de fason suggestive certains événements de l'histoire. Les légendes,

world history. The vertical columns show the con- tinents, while the horizontal bars indicate the differ- ent epochs. Signs, with a very broad significance and whose value is of course relative, mark the main currents or characteristic events of history. The aim of these Symbols is to suggest a general idea which might be of assistance in selecting exhibits. One hall, or a series of halls, should evoke a "period atmosphere" in a particular country, with the help of the objects displayed. The diagram shows the many possible ways in which the visitor can make his tour of the museum. Any such schematic des- cription can of course give more than a v a p e notion of the intended museum plan. Definitions and hard-and-fast rules have therefore been avoided, only "approximate" symbols being given. Ob- viously a museum's possibilities in this field are endless. (Drawings and mounting, figs. 3 0 - 3 3 , by Mjio Bigtan.)

31. Colonne dorique, dCtail du schema (voir esquisse, fig. 30). Indication des diffkrents do- maines pouvant fournir des tiltiments pour l'expo- sition.

31. Doric column, detail of the preceding diagram (see Synopsis fig. 30). indicating the various fields which could supply elements for the exhibition.

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C09TUMES URßANlSME

TFCHMIQUE SCV CPTURE DECOUVERE5 LinEl$ATUR€

ARMES POESIE POLITIQUF.5 M U 5 l Q U E

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I N SEARCH

by LELJA DOBRO NI^

OF

I. MusEu&ï, Vol. IV ( I ~ s I ) , No. 2.

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elles, expliquent et complètent l'objet exposé et l'image auxiliaire. Elles permettent de s'étendre à loisir sur tous les aspects et les problèmes de l'époque présentée. Elles précisent le rôle de l'objet dans la présentation de l'exposition et éclairent sa signifi- cation dans le passé. Bref, les légendes remplissent la tâche d'un commentateur et elles vivifient les choses mortes en leur conférant une unité organique. Présentés dans les conditions les plus favorables, les faits réels apparaîtront dans leur ensemble aux yeux des visiteurs, tels qu'ils se sont déroulés à une époque donnée, dans un lieu donné.

Nous parviendrons ainsi à évoquer dans un musée d'histoire le passé d'une contrée, grande ou petite, d'une cité ou d'un pays. Mais là n'est pas le but ultime du musée, qui dépasse les préoccupations d'une seule nation. On pourrait en se confor- mant au programme et à l'esprit des Nations Unies assigner au musée dont il est question un rôle plus important et plus large : celui de représenter non plus l'histoire d'une ville ou d'une nation, mais l'histoire universelle de l'homme, avec toutes ses péripéties, avec les efforts de civilisation qui se sont succédé de la préhistoire aux débuts des temps modernes. En présentant d'une manière synoptique les événements les plus marquants, et en faisant ressortir de faGon frappante la simultanéité et la continuité qui lient les innombrables données historiques, on rendrait concrète cette histoire universelle.

Sans nul doute, il s'agit là d'un problème complexe et fort difficile à résoudre. Mais, à supposer qu'on ne réalise ce dessein qu'en partie, quelle Oeuvre admirable et utile on accomplirait ! Ce serait comme un grand livre offert au regard et à la médi- tation - un grand livre où seraient condensés et interprétés les événements histo- riques, où défilerait tout le passé politique et économique avec sa signification sociale et culturelle. Alors qu'un grand nombre de musées spécialisés (galeries des beaux- arts, musées d'histoire naturelle, musées d'ethnographie) ont, depuis longtemps, un caractère largement international grâce à la participation culturelle de plusieurs nations, le musée d'histoire en est encore loin.

L'Unesco est, indiscutablement, l'organisation unique au sein de laquelle on peut tenter cette entreprise immense, difficile et noble. Non seulement le musée d'histoire serait intéressant par sa conception neuve, mais il contribuerait en outre à une plus grande compréhension mutuelle, à une meilleure entente des nations. Et quel stimu- lant ce serait pour les savants de considérer l'histoire dans cette perspective univer- selle : ils pourraient y puiser une théorie scientifique et une philosophie nouvelles de l'histoire. Et d'ailleurs ne serait-ce pas, dès le début et, quel que soit son degré de perfection, l'institution didactique la plus valable? Mais il faut le répéter et le souligner : la création d'un musée semblable est irréalisable sans l'assistance de l'Unesco, et ceux qui auront la charge de sa réalisation se trouveront placés devant la tâche la plus difficile de la muséologie du X X ~ siècle.

A NEW TYPE OF HISTORI CAL MUSEUM

HOUGH a number of different types of museum have settled into final form T today, there remains one whose aspect is still indefinite. It may be described as follows: firstly, its exhibits are not confined to any one particular branch of science, though neither do they cover the entire range of styles and periods; secondly, it is concerned with a definitely restricted field. Museums of this kind, of purely regional interest, already exist in a number of countries. They are the so-called local museums, about which a fully-documented article appeared in MUSEUM three years ag0.l

Curators, whose purpose nowadays is to create museums which will reach more than a narrow circle of scholars and specialists, are showing an ever-increasing interest in this new type of museum. The aim here is no longer to exhibit objects solely for their own sake, but to try to use them as a means of explaining, illustrating or giving concrete form to an idea, an abstract coiacept-something which lies beyond the frontiers of what can be touched and seen. In such a museum, the exhibition rooms have to be arranged in a manner differing considerably from that usually

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adopted, since it is no longer based entirely on the inventory of the museum’s contents. The curator takes as the starting-point for his arrangements the actual idea, or, more widely, any abstract plan which expresses the subject to which the museum is devoted.

This new trend in museography forces curators to do a great deal of creative work. Their task is considerable, and extremely varied. For not only maya single object serve to illustrate several themes, but it may be displayed in several different ways for the illustration of one particular theme. Since the science of history is nowadays concerned above all with the “dynamics” of the actual event, it is of great importance that a special type of museum should be developed to meet this new outlook.

A historical museum, if its contents are to prove really instructive, must neces- sarily be arranged, so far as possible, according to the general principles outlined above. For it goes without saying that history cannot be “exhibited” in the old- fashioned manner. The purpose of a historical museum is not merely to show the development (or history) of a given category of objects, such as coins, handicrafts, or works of art. It should also provide a panorama of bygone events, a summary of the past. Not merely the objects produced during the great periods of history, but the ideas to which they owe their origin, should be shown in their full complexity, with the innumerable problems to which they gave rise. History is not like a picture, a statue or any other material object-only rational display can bring it to life and make it understandable.

From the museographical point of view, history is no more than a body of ideas and information concerning past events, the tangible vestiges of which are compa- ratively few and far between. So the very notion of creating a historical museum may seem paradoxical. Will it prove possible to “ display ” in the rooms of such a museum the events of the past, the mutual relationships of individuals and communities, their various conditions, the situations in which they lived, now that all these are over and done with? If so, how is this to be accomplished-since no isolated objects, however great their artistic or scientific value, and no collections, however large, can of themselves suffice to represent the events and the daily life of former times ? Here lies the essential question-what are the aims and methods of such a museum? The aim of a historical museum is to illustrate, to bring before the public, the history of a particular town, province, country, period, etc. If it is to fulfil this task, its rooms must be specially arranged so as to help visitors to imagine how life was lived during some particular past epoch, in a given region or a given sphere of activity. They will thus come to understand the turning-points and main trends of history.

Fresh problems are continually arising, of course, in connexion with the creation of such an institution. But it is already possible to set forth certain ideas which serve as a guide to museographic methods and might help us towards a solution.

The first thing to be done is to define and clarify the subject of the display- whether it is to illustrate, say, the history of a town, or the part played by that town in the history of a country. The epoch (prehistoric, mediaeval, modern or any other) must also be decided. Local circumstances, the importance of any historical events which have occurred in the district selected, should, of course, be given full weight when a subject is being chosen.

Next, a detailed study must be made, from available publications and original documents, of the fragment of history which the museum is taking as the theme of its exhibition-original sources of information being consulted. A historical outline must also be prepared, as a basis for the display. This must really be an outline or sketch, not a treatise or a history book. It will do no more than mention, as “land- marks”, the most important events and dates in the country’s history during the period concerned. The choice of these “landmarks ” will necessarily be governed by the practical possibilities for the arrangement of the exhibition proposed (jg. 30).

Where the chosen subject has not yet received adequate scientific investigation, the work becomes much more difficult. The museum’s authorities must then make a thorough study of the question-and it may even be necessary to consult specia- lized historians, in order to assemble the fullest possible information. Having thus classified and written down the data they obtain, the curators will be left with the task of illustrating their subject with the help of exhibits, while remaining faithful to the principles of modern museography. 239

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Before embarking upon the actual arrangement of the display, it is advisable to draw up the brief, concise document which is to serve as a guide during this process. A careful search must then be made, among the objects available, for those which can best illustrate this text and give an adequate impression of the theme selected. Even in the largest collekQons, there is usually a scarcity of such objects. In most museums-and here we refer to regional museums of a general character, not to those specializing in a particular subject-there are usually too many exhibits of the same kind, and not enough illustrating the epochs and fields of human culture which it is intended to portray.

Curators of a regional museum who plan to transform it into a historical museum will be in the same position as their confrères in charge of more recently-founded establishments. They too will require to search for objects or fragments providing some tangible evidence of events related to the subject they are illustrating. Even the inventory of a fairly well-stocked museum will probably not supply them with what they need. At the same time, manor houses, castles, convents, churches, ruins, etc., as well as town and country dwellings, are surely very important vestiges, enabling the history of a given district to be reconstructed. Inevitably, of course, the remains of the past, movable or otherwise, are widely dispersed and in the posses- sion of different individuals. Tombstones are in cemeteries and churches; objects of all kinds are to be found in private houses, documents are deposited with the archives; and the whole, as a rule, is at some distance from the curator’s office.

How, then, in view of these difficulties, is a historical museum to be envisaged and successfully arranged? There can be no generally valid answer to this question. Everything will depend on the capability, skill and ingenuity of the curators.

How can they acquire the objects they need, and in particular make use of the evidence furnished by such as are not transportable? There are three recognized ways of making acquisitions: purchase (if the objects are for sale), donation, or loan. . . . In some cases the curator will be able to appeal to the patriotism of his fellow citizens and to their understanding of cultural matters; he may thus enlist their support, or even their active participation, in the search for suitable objects. Often, too, some of the desired material will be found in other museums, usually of a special- ized (e.g. archaeological, ethnographical, fine arts) character, which will willingly lend certain exhibits, especially if these are items forming part of their reserve stock.

If borrowing is impossible, plaster casts or reproductions will suffice, a good copy being better than nothing at all; this should, of course, be regarded as a last resort, the original being shown wherever possible. In some cases the use of reproductions will, however, be essential-for instance, when the particular arrange- ment demands objects of very different kinds, to be found in specialized museums. In that event the use of a reproduction presents no disadvantage, since our interest lies, not in the artistic value of the object, but in its meaning, in what it stands for. It will be exhibited as a document-a landmark for the public at large. Scholars, however, in carrying out their studies, will naturally consult the original in the specialized museum.

In addition to the objects which they exhibit permanently, the specialist museums frequently have in their store-rooms other articles that are of only secondary interest from the standpoint of their particular museum field. Such articles are often of great value in illustrating a historical fact. Their significance will of course vary widely, according to the overall plan of the exhibition and the criteria of arrange- ment adopted. Material from the archives is also very useful in completing a display. Documents of high scientific or political value will admittedly not be exhibited in the original, since they must be preserved from the harmful effects of exposure to air or light; reproductions, photographic or otherwise, will be used. On the other hand, original documents of lesser importance, which are abundantly available, will be fittingly exhibited in a historical museum.

From the educational viewpoint, documents in ancient or foreign languages, or documents that are legible only with difficulty, may usefully be accompanied by a translation in the modern vernacular, or by a transcription in clear characters. If the text is very long, an abstract of its contents will be appended. If visitors are enabled to read it rapidly and without fatigue, their understanding of history will be greatly facilitated.

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II

Photography will be used, not only in the reproduction of documents, whether printed or in manuscript, but also to illustrate objects not easily transportable (on account of their inestimable value or the great distances involved) and monuments and buildings that are difficult of access. All these will thus appear in the museum, thanks to the camera.

Apart from the stock-in-trade of every museum (originals and copies, plaster casts and various forms of reproduction), there are certain museographic media which can be used to impart topicality to a great number of historical events. Two such media are especially important-namely, visual representation and captions (/sgs. 32,33).

With the help of visual representation, based on authentic data, certain his- torical events may be suggestively evoked. Captions, for their part, explain and

I

32. Évocation de la situation gkntrale de l'Europe aux xv" et X V I ~ sikcles. Vue d'ensemblede l'&poque et opposition des contrastes. 32. General European situation in the xvth and xvrth centuries. Overall view of the period, and the conflict of contrasts.

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supplement the object exhibited and any auxiliary illustration. They make it possible to expatiate at will upon all aspects and problems of the epoch pre- sented. They state why the object appears in the exhibition and expound its impor- tance in the past. In short, captions fulfil the task of a commentator and bring dead things to life by relating them to each other organically. Shown under the best possible conditions, actual facts will present themselves to the eye of the visi- tor in their proper context, just as they occurred at a given place and time.

A historical museum will thus succeed in re-creating the past of a particular district, large or small, or of a city or country, but the ultimate aim of the museum goes beyond this, beyond what affects a single nation alone. By follow- ing the programme and spirit of the United Nations it would be possible to assign to the museum in question a broad- er and more important role-that of presenting, not merely the history of a given city or nation, but the whole history of man, with all its vicissitudes and the successive efforts of civilization from prehistoric times down to the beginnings of the modern world. By presenting the most striking events synoptically, and giving graphic emphasis to the simul- taneity and continuity of numberless historical data, this universal history could be given concrete form.

Undoubtedly the problem is compli- cated and by no means easy to solve. But even if the design were only partially accomplished, what useful and admi- rable work would have been done! It would be like a great book on which to gaze and meditate-a summary andinter- pretation of historical events, a proces- sion, as it were, of political and economic life throughout the ages in all its social and cultural significance. Whereas a large number of specialist museums (art

galleries, natural history museums and ethnography museums) have long been broadly international in character, thanks to cultural contributions from many nations, the historical museum is still very far from this stage.

Unquestionably Unesco is the sole organization under whose aegis this vast and difficult but worth-while task can be attempted. Such a historical museum would be valuable not merely as a new conception; it would also contribute to better mutual understanding between the nations. If might also inspire scholars to consider

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33. Ditails tvoquant la vie spiritueue de l’Eurasie, au v e sittcle mant J.-C. 33. Details evoking the spiritual life of Eurasia in the 17th century B.C.

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history in a new, a “world” perspective, and to evolve a fresh scientific theory and philosophy of history. From the outset, too, and irrespective of its degree of perfection, it would surely be an educational institution of the utmost value. We would stress once again, however, that no such museum can be created without the assistance of Unesco. Its realization will be the hardest task with which museum experts of the xxth century are fpced. (Translated froin Frencb.)