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Conclusion.– Les re ´sultats obtenus sont des arguments en faveur d’une association robuste de l’a ˆge et de la cate ´gorie sociale avec le signalement d’une souffrance psychique lie ´e au travail. Me ˆme si une association avec le secteur d’activite ´ subsiste apre `s ajustement, elle semble en grande partie explique ´e par les deux premiers facteurs. Une importante part des variations de pre ´valences selon le secteur d’activite ´ est donc explique ´e par une distribution diffe ´rente de l’a ˆge et de la cate ´gorie sociale dans ces secteurs. http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2013.09.014 E ´ volution des facteurs psychosociaux au travail en France entre 2006 et 2010 : re ´sultats de l’enque ˆte nationale sante ´ et itine ´raire professionnel Changes in psychosocial work factors in France between 2006 and 2010: Results from the national SIP survey (sante ´ et itine ´raire professionnel) L. Malard, J.-F. Chastang, I. Niedhammer Institut national de la sante ´ et de la recherche me ´dicale (Inserm), U1018, Villejuif, France Objectif.– La plupart des e ´tudes portant sur les facteurs psychosociaux au travail ont e ´value ´ leur ro ˆle en tant que facteurs de risque pour la sante ´. Mais tre `s peu d’e ´tudes se sont inte ´resse ´es a ` leur e ´volution. L’objectif de cette e ´tude e ´tait donc d’e ´valuer l’e ´volution des facteurs psychosociaux au travail entre 2006 et 2010 en France. Me ´thodes.– Cette e ´tude s’appuie sur les donne ´es de l’enque ˆte sante ´ et itine ´raire professionnel (SIP). En 2006, 13 648 individus de 20 a ` 74 ans vivant en France me ´tropolitaine ont participe ´a ` l’enque ˆte. En 2010, ils ont e ´te ´ recontacte ´s et 11 221 individus ont e ´te ´ re ´interroge ´s (82 %) ; 5600 individus e ´taient en emploi lors des deux vagues de l’enque ˆte. Les facteurs psychosociaux au travail e ´tudie ´s comportent des proxies des mode `les du jobstrain et du de ´se ´quilibre efforts-re ´compenses, ainsi que des facteurs e ´mergents tels que la demande e ´motionnelle, la qualite ´ empe ˆche ´e, le conflit e ´thique, les difficulte ´s de conciliation travail- famille, le temps de travail prolonge ´ et l’inse ´curite ´ de l’emploi. Les analyses, stratifie ´es selon le genre, ont e ´te ´ faites a ` partir d’e ´quations d’estimation ge ´ne ´ralise ´es afin de prendre en compte la corre ´lation entre deux mesures d’un me ˆme sujet. Des termes d’interaction ont permis de tester des e ´volutions diffe ´rentielles selon la profession et le secteur public/prive ´. Les variables d’ajustement e ´taient l’a ˆge, la natio- nalite ´, la profession, le secteur d’activite ´, le secteur public/prive ´ et le type de contrat de travail. Re ´sultats.– Pour les deux genres, la latitude de ´cisionnelle, le jobstrain ainsi que le manque de re ´compenses se sont de ´grade ´s. De plus, chez les hommes, la qualite ´ empe ˆche ´e et le de ´se ´quilibre travail-famille se sont aussi aggrave ´s, alors que pour les femmes ce sont la demande psychologique et la demande e ´motionnelle qui ont augmente ´es. Les interactions ont montre ´ que seules les professions interme ´diaires ont subi une de ´gradation de la latitude de ´cisionnelle et de la demande psychologique chez les femmes, et que seul le secteur public a e ´te ´ touche ´ par une de ´te ´rioration de la latitude de ´cisionnelle et de la demande e ´motionnelle pour les femmes, et de la demande psycho- logique pour les deux genres. Conclusion.– Cette e ´tude permet de combler un manque dans la litte ´rature sur l’e ´volution des facteurs psychosociaux au travail en France en s’appuyant sur des donne ´es longitudinales. Des politiques de pre ´vention pourraient e ˆtre mises en place afin de limiter la de ´gradation des facteurs psychosociaux au travail en mettant l’accent sur des groupes de population tel que le secteur public ou les professions interme ´diaires. http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2013.09.015 Ine ´galite ´s sociales de sante ´ mentale en population au travail et en population ge ´ne ´rale : re ´sultats de l’enque ˆte nationale « sante ´ et itine ´raire professionnel » Social inequalities in mental health among working population and general population: Results from the French national SIP survey M. Murcia a,b , J.-F. Chastang a , I. Niedhammer a a Inserm, U1018, e ´quipe 11, Villejuif, France b Association paritaire de sante ´ au travail (APST) centre, Blois, France Objectifs.– Cette e ´tude vise, d’une part, a ` explorer l’association entre la position sociale et deux troubles de la sante ´ mentale (de ´pression et anxie ´te ´), et, d’autre part, a ` comparer les re ´sultats observe ´s pour la population au travail et pour la population ge ´ne ´rale. Me ´thodes.– L’e ´tude porte sur l’e ´chantillon des 8107 travailleurs (3933 hommes et 4174 femmes) et sur l’e ´chantillon des 13 648 personnes en population ge ´ne ´rale (6195 hommes, 7453 femmes), issus de l’enque ˆte nationale SIP re ´alise ´e en 2006. Les troubles de la sante ´ mentale ont e ´te ´e ´value ´s par l’e ´pisode de ´pressif majeur (EDM) et le trouble d’anxie ´te ´ ge ´ne ´ralise ´e (TAG) de l’entretien diagnostique mini international neuropsychiatric interview (MINI). Le niveau d’e ´tudes a e ´te ´ utilise ´ comme marqueur de la position sociale. Des analyses bivarie ´es et multivarie ´es sur donne ´es ponde ´re ´es apre `s ajustement sur l’a ˆge ont e ´te ´ re ´alise ´es se ´pare ´ment pour les hommes et les femmes. Des calculs de l’Index Relatif d’Ine ´galite ´s (RII) ont e ´galement e ´te ´ mene ´s. Re ´sultats.– Les pre ´valences d’EDM et de TAG e ´taient respectivement de 6 % et 5 % pour la population au travail et de 7 % et 6 % pour la population ge ´ne ´rale, les pre ´valences e ´tant plus e ´leve ´es pour les fem- mes que pour les hommes dans les deux populations. Apre `s ajustement sur l’a ˆge, des diffe ´rences sociales e ´taient observe ´es pour l’EDM : les moins diplo ˆme ´se ´taient les plus a ` risque dans les deux populations, avec un gradient social plus marque ´ en population ge ´ne ´rale qu’en popula- tion au travail. Apre `s ajustement sur l’a ˆge, aucune association n’e ´tait observe ´e entre position sociale et TAG en population au travail. En population ge ´ne ´rale, les moins diplo ˆme ´s e ´taient les plus a ` risque d’anxie ´te ´. Les calculs des RII confirmaient ces constats. Conclusion.– Des ine ´galite ´s sociales de sante ´ mentale ont e ´te ´ mises en e ´vidence dans cette e ´tude. Cependant, des diffe ´rences ont e ´te ´ obser- ve ´es entre les deux populations. En population au travail, l’association e ´tait en effet moins marque ´e pour l’EDM et aucune association n’e ´tait observe ´e pour le TAG. L’effet travailleur sain et les diffe ´rences de re ´partition des populations en termes de niveau d’e ´tudes pourraient expliquer en partie ces constats. Peu d’e ´tudes en France ont permis d’e ´tudier les ine ´galite ´s sociales de sante ´ mentale via un entretien diagnostique. De plus, rares sont les e ´tudes ayant tente ´ de comparer ces diffe ´rences sociales entre population au travail et population ge ´ne ´rale. Les re ´sultats de cette e ´tude peuvent contribuer a ` ame ´liorer les connaissances sur les ine ´galite ´s sociales de sante ´ mentale en population au travail mais d’autres e ´tudes semblent toutefois ne ´ces- saires notamment pour l’anxie ´te ´. http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2013.09.016 Environnement psychosocial au travail et bien-e ˆtre chez les salarie ´s en Europe Psychosocial work environment and well-being among employees in Europe S. Schu ¨tte a , J.-F. Chastang a , L. Malard a , A. Parent-Thirion b , G. Vermeylen b , I. Niedhammer a,b a Inserm, CESP-U1018, Villejuif, France b EUROFOUND, Dublin, Irlande Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2013;74:663-681 666

Inégalités sociales de santé mentale en population au travail et en population générale : résultats de l’enquête nationale « santé et itinéraire professionnel »

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Page 1: Inégalités sociales de santé mentale en population au travail et en population générale : résultats de l’enquête nationale « santé et itinéraire professionnel »

Conclusion.– Les resultats obtenus sont des arguments en faveurd’une association robuste de l’age et de la categorie sociale avec lesignalement d’une souffrance psychique liee au travail. Meme si uneassociation avec le secteur d’activite subsiste apres ajustement, ellesemble en grande partie expliquee par les deux premiers facteurs.Une importante part des variations de prevalences selon le secteurd’activite est donc expliquee par une distribution differente de l’ageet de la categorie sociale dans ces secteurs.

http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2013.09.014

Evolution des facteurs psychosociaux autravail en France entre 2006 et 2010 :resultats de l’enquete nationale santeet itineraire professionnel

Changes in psychosocial work factors in France between 2006 and2010: Results from the national SIP survey (sante et itineraireprofessionnel)L. Malard, J.-F. Chastang, I. Niedhammer

Institut national de la sante et de la recherche medicale (Inserm),U1018, Villejuif, France

Objectif.– La plupart des etudes portant sur les facteurs psychosociauxau travail ont evalue leur role en tant que facteurs de risque pour lasante. Mais tres peu d’etudes se sont interessees a leur evolution.L’objectif de cette etude etait donc d’evaluer l’evolution des facteurspsychosociaux au travail entre 2006 et 2010 en France.Methodes.– Cette etude s’appuie sur les donnees de l’enquete sante etitineraire professionnel (SIP). En 2006, 13 648 individus de 20 a 74 ansvivant en France metropolitaine ont participe a l’enquete. En 2010, ilsont ete recontactes et 11 221 individus ont ete reinterroges (82 %) ;5600 individus etaient en emploi lors des deux vagues de l’enquete. Lesfacteurs psychosociaux au travail etudies comportent des proxies desmodeles du jobstrain et du desequilibre efforts-recompenses, ainsi quedes facteurs emergents tels que la demande emotionnelle, la qualiteempechee, le conflit ethique, les difficultes de conciliation travail-famille, le temps de travail prolonge et l’insecurite de l’emploi. Lesanalyses, stratifiees selon le genre, ont ete faites a partir d’equationsd’estimation generalisees afin de prendre en compte la correlationentre deux mesures d’un meme sujet. Des termes d’interaction ontpermis de tester des evolutions differentielles selon la profession et lesecteur public/prive. Les variables d’ajustement etaient l’age, la natio-nalite, la profession, le secteur d’activite, le secteur public/prive et letype de contrat de travail.Resultats.– Pour les deux genres, la latitude decisionnelle, le jobstrainainsi que le manque de recompenses se sont degrades. De plus, chezles hommes, la qualite empechee et le desequilibre travail-famille sesont aussi aggraves, alors que pour les femmes ce sont la demandepsychologique et la demande emotionnelle qui ont augmentees. Lesinteractions ont montre que seules les professions intermediaires ontsubi une degradation de la latitude decisionnelle et de la demandepsychologique chez les femmes, et que seul le secteur public a etetouche par une deterioration de la latitude decisionnelle et de lademande emotionnelle pour les femmes, et de la demande psycho-logique pour les deux genres.Conclusion.– Cette etude permet de combler un manque dans lalitterature sur l’evolution des facteurs psychosociaux au travail enFrance en s’appuyant sur des donnees longitudinales. Des politiquesde prevention pourraient etre mises en place afin de limiter ladegradation des facteurs psychosociaux au travail en mettant l’accentsur des groupes de population tel que le secteur public ou lesprofessions intermediaires.

http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2013.09.015

Inegalites sociales de sante mentale enpopulation au travail et en populationgenerale : resultats de l’enquetenationale « sante et itineraireprofessionnel »Social inequalities in mental health among working population andgeneral population: Results from the French national SIP surveyM. Murciaa,b, J.-F. Chastanga, I. Niedhammera

a Inserm, U1018, equipe 11, Villejuif, Franceb Association paritaire de sante au travail (APST) centre, Blois, France

Objectifs.– Cette etude vise, d’une part, a explorer l’association entrela position sociale et deux troubles de la sante mentale (depression etanxiete), et, d’autre part, a comparer les resultats observes pour lapopulation au travail et pour la population generale.Methodes.– L’etude porte sur l’echantillon des 8107 travailleurs(3933 hommes et 4174 femmes) et sur l’echantillon des 13 648 personnesen population generale (6195 hommes, 7453 femmes), issus del’enquete nationale SIP realisee en 2006. Les troubles de la santementale ont ete evalues par l’episode depressif majeur (EDM) et letrouble d’anxiete generalisee (TAG) de l’entretien diagnostique miniinternational neuropsychiatric interview (MINI). Le niveau d’etudes a eteutilise comme marqueur de la position sociale. Des analyses bivariees etmultivariees sur donnees ponderees apres ajustement sur l’age ont eterealisees separement pour les hommes et les femmes. Des calculs del’Index Relatif d’Inegalites (RII) ont egalement ete menes.Resultats.– Les prevalences d’EDM et de TAG etaient respectivementde 6 % et 5 % pour la population au travail et de 7 % et 6 % pour lapopulation generale, les prevalences etant plus elevees pour les fem-mes que pour les hommes dans les deux populations. Apres ajustementsur l’age, des differences sociales etaient observees pour l’EDM : lesmoins diplomes etaient les plus a risque dans les deux populations, avecun gradient social plus marque en population generale qu’en popula-tion au travail. Apres ajustement sur l’age, aucune association n’etaitobservee entre position sociale et TAG en population au travail. Enpopulation generale, les moins diplomes etaient les plus a risqued’anxiete. Les calculs des RII confirmaient ces constats.Conclusion.– Des inegalites sociales de sante mentale ont ete mises enevidence dans cette etude. Cependant, des differences ont ete obser-vees entre les deux populations. En population au travail, l’associationetait en effet moins marquee pour l’EDM et aucune association n’etaitobservee pour le TAG. L’effet travailleur sain et les differences derepartition des populations en termes de niveau d’etudes pourraientexpliquer en partie ces constats. Peu d’etudes en France ont permisd’etudier les inegalites sociales de sante mentale via un entretiendiagnostique. De plus, rares sont les etudes ayant tente de comparerces differences sociales entre population au travail et populationgenerale. Les resultats de cette etude peuvent contribuer a ameliorerles connaissances sur les inegalites sociales de sante mentale enpopulation au travail mais d’autres etudes semblent toutefois neces-saires notamment pour l’anxiete.

http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2013.09.016

Environnement psychosocial au travailet bien-etre chez les salaries en EuropePsychosocial work environment and well-being among employees inEuropeS. Schuttea, J.-F. Chastanga, L. Malarda,A. Parent-Thirionb, G. Vermeylenb,I. Niedhammera,b

a Inserm, CESP-U1018, Villejuif, Franceb EUROFOUND, Dublin, Irlande

Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2013;74:663-681

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