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1 A l'heure de m'envoler vers d'autres horizons, géographiques et professionnels, c'est non sans fierté que je regarde le chemin accompli depuis la création d'Initiatives Saint-Martin en 2001. Malgré une indéniable ambition initiale, comment aurais-je pu imaginer que 11 ans plus tard notre plateforme occuperait une place incontournable dans le paysage économique et social de Saint-Martin ? Cela ne doit évidemment rien au hasard et c'est bien le fruit du travail de dizaines de bénévoles, d'hier et d'aujourd'hui, et du soutien de nos partenaires économiques et institutionnels qui n'a jamais failli. Qu'ils en soient tous ici infiniment remerciés. J'ai également une pensée particulière pour tous les entrepreneurs et entrepreneuses qui, depuis une décennie, ont été pour moi une source permanente d'échanges très enrichissants. Autant de rencontres que je garde à jamais en mémoire. A mon successeur Marc Chakhtoura, en qui j'ai toute confiance pour poursuivre notre action, j'adresse tous mes voeux de réussite et lui souhaite de connaître les mêmes joies et bonheurs que moi à ce poste. Bon vent à tous ! Jean-Luc Belin, Directeur de 2001 à 2012 La newsletter d’Inititatives Saint-Martin - #3 - 2 ème trimestre 2012 Notre grande cause à nous, c’est faire naître votre entreprise < Les élèves de la classe de Terminale CAP Employé de commerce multispécialités, revêtus des tee-shirts spécialement réalisés pour l'opération avec l'aide matérielle de la plateforme, en compagnie de leur professeure, Silvana Bonnefille, de Christophe Fasquel, chef de travaux au lycée professionnel et de Jean-Luc Belin et Marc Chakhtoura d'Initiatives Saint-Martin. 27, c'est le nombre d'aides octroyées à des en- trepreneurs depuis le début de l'année 2012. La liste des projets concernés est un véritable inventaire à la Prévert des métiers : salon de coiffure, d'esthétique, couture, broderie multi-supports, mini-garderie, conciergerie, services à la personne, supports de commu- nication, graphisme sérigraphie, vente de vêtements, restauration, jardinage et espaces verts, entretien de citernes, électricité, ter- rassement, climatisation solaire, transports de passagers, mécanique bateau et exper- tise géologique. Autant de compétences qui viennent renforcer l'offre locale de services. Le chiffre Un exercice grandeur nature Coup de pouce aux entreprises en difficulté Il y a quelques semaines, afin d'étoffer son offre et de renforcer son rôle en matière d'appui aux entreprises, Initiatives Saint- Martin a adopté un nouveau dispositif, le prêt d'honneur dynamisation, véritable "coup de pouce" aux entreprises en difficulté passa- gère et ponctuelle. Cet instrument spécifique – mis en place en lien avec France Initiative et en partenariat avec la Caisse des Dépôts, l'Agence Française de Développement, les fonds européens et les banques locales –, permet d'agir rapidement en leur donnant les moyens nécessaires pour passer un cap délicat et revenir à une situation normale. En plus de permettre un renforcement des fonds propres des entreprises en difficulté, ce qui leur permet d'assainir leur compatibilité et d'ouvrir sur des prêts bancaires, la plate- forme leur assure un suivi et un plan d'action pendant la période de remboursement. Avec l'objectif affiché d'aider 10 sociétés en 2012, Initiatives Saint-Martin agit pour prévenir les situations de rupture et oeuvre pour la préservation du commerce et l'artisanat de proximité dans le tissu économique local. Au mois d'octobre dernier, Initiatives Saint- Martin est allé à la rencontre des élèves d'une classe de terminale CAP Employé de commerce multispécialités du Lycée polyvalent des îles du Nord afin de leur présenter l'entrepreneuriat comme une opportunité professionnelle accessible. Les 12 et 13 février, ces mêmes élèves ont mené, toujours en partenariat avec la plateforme, une action au shopping mall West Indies à Marigot, concrétisant ainsi leur projet de constitution d'une force de vente "grandeur nature". Il s'agissait cette fois d'expérimenter la vente de service en conditions réelles, en l'occurrence la prestation d’Eco Snorkeling, le sentier sous-marin de l'îlet Pinel – une entreprise elle même porteuse de projet – et mettre en application leur apprentissage de l'année (posture, technique et argumentaire de vente, etc.).

Initiatives newsletter juin 2012 fr

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Newsletter d'Initiative Saint-Martin

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Page 1: Initiatives newsletter juin 2012 fr

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A l'heure de m'envoler vers d'autres horizons, géographiques et professionnels, c'est non sans fierté que je regarde le chemin accompli depuis la création d'Initiatives Saint-Martin en 2001. Malgré une indéniable ambition initiale, comment aurais-je pu imaginer que 11 ans plus tard notre plateforme occuperait une place incontournable dans le paysage économique et social de Saint-Martin ? Cela ne doit évidemment rien au hasard et c'est bien le fruit du travail de dizaines de bénévoles, d'hier et d'aujourd'hui, et du soutien de nos partenaires économiques et institutionnels qui n'a jamais failli. Qu'ils en soient tous ici infiniment remerciés. J'ai également une pensée particulière pour tous les entrepreneurs et entrepreneuses qui, depuis une décennie, ont été pour moi une source permanente d'échanges très enrichissants. Autant de rencontres que je garde à jamais en mémoire.A mon successeur Marc Chakhtoura, en qui j'ai toute confiance pour poursuivre notre action, j'adresse tous mes voeux de réussite et lui souhaite de connaître les mêmes joies et bonheurs que moi à ce poste.Bon vent à tous !

Jean-Luc Belin,Directeur de 2001 à 2012

La newsletter d’Inititatives Saint-Martin - #3 - 2ème trimestre 2012

Notre grande cause à nous, c’est faire naître votre entreprise

< Les élèves de la classe de Terminale CAP Employé de commerce multispécialités, revêtus des tee-shirts spécialement réalisés pour l'opération avec l'aide matérielle de la plateforme, en compagnie de leur professeure, Silvana Bonnefille, de Christophe Fasquel, chef de travaux au lycée professionnel et de Jean-Luc Belin et Marc Chakhtoura d'Initiatives Saint-Martin.

27, c'est le nombre d'aides octroyées à des en-trepreneurs depuis le début de l'année 2012. La liste des projets concernés est un véritable

inventaire à la Prévert des métiers : salon de coiffure, d'esthétique, couture, broderie multi-supports, mini-garderie, conciergerie, services à la personne, supports de commu-nication, graphisme sérigraphie, vente de vêtements, restauration, jardinage et espaces verts, entretien de citernes, électricité, ter-rassement, climatisation solaire, transports de passagers, mécanique bateau et exper-tise géologique. Autant de compétences qui viennent renforcer l'offre locale de services.

Le chiffre

Un exercice grandeur nature

Coup de pouce aux entreprises en difficultéIl y a quelques semaines, afin d'étoffer

son offre et de renforcer son rôle en matière d'appui aux entreprises, Initiatives Saint-Martin a adopté un nouveau dispositif, le prêt d'honneur dynamisation, véritable "coup de pouce" aux entreprises en difficulté passa-gère et ponctuelle. Cet instrument spécifique – mis en place en lien avec France Initiative et en partenariat avec la Caisse des Dépôts, l'Agence Française de Développement, les fonds européens et les banques locales –, permet d'agir rapidement en leur donnant les moyens nécessaires pour passer un cap

délicat et revenir à une situation normale. En plus de permettre un renforcement des fonds propres des entreprises en difficulté, ce qui leur permet d'assainir leur compatibilité et d'ouvrir sur des prêts bancaires, la plate-forme leur assure un suivi et un plan d'action pendant la période de remboursement. Avec l'objectif affiché d'aider 10 sociétés en 2012, Initiatives Saint-Martin agit pour prévenir les situations de rupture et oeuvre pour la préservation du commerce et l'artisanat de proximité dans le tissu économique local.

Au mois d'octobre dernier, Initiatives Saint-Martin est allé à la rencontre des élèves d'une classe de terminale CAP Employé de commerce multispécialités du Lycée polyvalent des îles du Nord afin de leur présenter l'entrepreneuriat comme une opportunité professionnelle accessible. Les 12 et 13 février, ces mêmes élèves ont mené, toujours en partenariat avec la plateforme, une action au shopping mall West Indies à

Marigot, concrétisant ainsi leur projet de constitution d'une force de vente "grandeur nature". Il s'agissait cette fois d'expérimenter la vente de service en conditions réelles, en l'occurrence la prestation d’Eco Snorkeling, le sentier sous-marin de l'îlet Pinel – une entreprise elle même porteuse de projet – et mettre en application leur apprentissage de l'année (posture, technique et argumentaire de vente, etc.).

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le motMARGE BRUTE

LE RSIRéGIME SoCIAL dES IndépEndAnTS

infos pratiques

Voilà près de six ans que Fran-cette Nomed est devenue chef d'entreprise en ouvrant Begofrance Shop, sa propre superette, dans le quartier d'Agrément. Au départ sur ses propres fonds, ensuite avec un coup de pouce d'Initiatives Saint-Martin. Depuis, ses journées de travail se sont allongées, "de 6h du matin à 21h". Elle ajoute en plaisantant  : "ça n'est pas grave, le corps s'habitue !". Tout comme ses clients, visiblement très familiers de la boutique et qui passent sans

discontinuer. Entre deux, Fran-cette  quitte sa caisse et s'affaire à une des nombreuses autres tâches et qu'elle assume seule : mise en rayon, commande, réception, etc. Mais elle est plutôt fière de la po-lyvalence de son savoir-faire qui lui donne la sensation d'être "plus libre" qu'à l'époque de son salariat. Et si Francette aime travailler seule, elle se dit tout de même qu'à l'ave-nir, elle aimerait pouvoir "compter sur quelqu'un" pour l'appuyer au quotidien.

Depuis le 1er janvier 2008, la caisse de Sécu-rité Sociale RSI (Régime Social des Indépen-dants) assure une mission d'interlocuteur social unique pour l'ensemble de la protection sociale des professions non salariées et non agricoles, c'est à dire les chefs d'entreprise indépendants tels que les artisans, les commerçants ou les industriels. C'est ce RSI qui gère leur protec-tion sociale obligatoire et qui assure le recou-vrement des cotisations d'assurance maladie, maternité, d'allocations familiales, d'assurance vieillesse et invalidité-décès, de la CSG et de la CRDS, et de la contribution formation due à titre personnel.Les indépendants reçoivent normalement en début d’année un échéancier des cotisations pour l’année qui commence, celles-ci étant cal-culées sur les revenus N-2 (déclarés au mois de mai précédent sur un formulaire appelé DCR – Déclaration Commune des Revenus des Pro-fessions Indépendantes – envoyé par le RSI). L’échéancier prévoit 4 dates de règlements  : 5/02 pour le premier trimestre, 5/05 pour le second, 5/08 pour le troisième et 5/11 pour le dernier. On peut également choisir le prélève-ment mensuel1.

RSI Antilles-GuyaneSite internet : www.rsi.fr/antillesguyane Tél. 05 96 42 78 00

(1) source Thomas Pfender SARL AUDITEC Antilles Guyane à Hope Estate

> porteur d’ailleurs, Réunion Entreprendre Initiative

> Que sont-ils devenus ?

Francette nomed, Begofrane Shop

Initiatives #3 - 2ème trimestre 2012

C'est son soucis de préservation de l'environnement qui a donné l'impulsion de son projet à Harold Simon, 32 ans. Installé à la Réunion depuis son enfance, il a décidé d'y importer un procédé de régénération des batteries jusqu'alors inusité sur place. Pas d'improvisation cependant dans ce domaine très technique qui consiste a leur faire subir un traitement qui leur "donne une seconde jeunesse et les relance dans un nouveau cycle de vie pour des gains économique et écologique certains". C'est pourquoi il a préalablement passé plusieurs mois de formation en métropole auprès de la société dépositaire du brevet pour y acquérir les processus opérationnel et commercial lui permettant d'ouvrir sa propre franchise dans son île. C'est chose faite en janvier 2011 avec la création de Batterie Régénération O.I. "grâce à des aides conséquentes" de Réunion Entreprendre Initiative, du Feder et de la Région. Rapidement pourtant, il s'avère que le procédé est beaucoup moins efficace sous les tropiques et que – surtout – le marché d'approvisionnement en

batteries usagées et verrouillé par les vendeurs de batteries neuves qui récupèrent les anciennes contre rémunération. Qu'à cela ne tienne, Harold se tourne alors vers les industriels qui possèdent de grosses flottes de véhicules de manutention fonctionnant à l'électricité. Il leur propose un traitement préventif sur les batteries afin d'optimiser leurs performances et prolonger leur durée de vie, soit un intérêt économique intéressant pour eux. "Mon business model est cet aspect de services aux professionnels et le coeur de ma prospection est désormais les pôles logistiques à même de me fournir un volume de travail suffisant". Jamais en veine d'idées, il se lance en parallèle "dans une nouvelle arène" et vient de négocier avec des collectivités locales la récupération de lourdes batteries de stockage adossées au systèmes photovoltaïques – jusqu'à présent à durée de vie limitée – afin de les rénover et de les remettre en vente sur le marché. Selon lui, "une nouvelle opportunité d'être pertinent dans l'utilisation de la régénération des batteries".

Un entrepreneur qui régénère

MARGE BRUTE =PRIX DE VENTE - COÛT DE FABRICATION

ouPRIX DE VENTE - COÛT D'ACHAT

Un calcul d'une grande simplicité... que l'on oublie trop souvent de faire ! Pourtant, cet indi-cateur guide le gérant quant à la stratégie de prix à adopter. Par exemple, une entreprise avec des taux de marge brute meilleurs que ses concurrents peut grignoter sur cette marge et réduire ses prix de vente pour récupérer des parts de marché tout en continuant d'être ren-table. De plus, le suivi de la marge brute permet d'éviter de tomber dans le piège d'une straté-gie basée uniquement sur le chiffre d'affaire. Un entrepreneur qui recherche à tout prix à aug-menter son chiffre d'affaires peut perdre de vue une notion bien plus importante : la rentabilité. L'étude de la marge brute, qui est un indicateur parmi d'autres, permet le suivi de la rentabilité de l'entreprise et donc de sa performance.

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l’œil du pro

Comment définiriez-vous la notion de stress ?Le stress est la manière dont chacun d'entre nous réagit en face des pressions de son environnement. C'est un phéno-mène perçu négativement, pourtant il agit comme un signal d'alarme qui ré-vèle un problème. Et de ce point de vue, il nous est précieux.

Quelles peuvent être les sources de stress pour un chef d'entreprise ?Les causes de stress sont évidemment multiples, c'est souvent un faisceau de contraintes, dont certaines n'émanent d'ailleurs pas seulement de la vie pro-fessionnelle, car le stress que subit le chef d'entreprise dans sa sphère privée s'ajoute à celui qu'il ressent au travail et il n'est pas toujours facile de faire la part des choses. Plus spécifiquement, dans l'exercice de sa fonction, certaines sources sont clairement identifiables  : échéance bancaire, conflit avec un sala-rié, un client ou un fournisseur, etc.

Les exemples que vous citez sont des réalités quotidiennes dans la vie d'un entrepreneur, on ne peut guère les évi-ter...En effet, le stress est inévitable quand on est chef d'entreprise, on ne peut l'occul-ter. Mais ça n'est pas un constat découra-geant, je pense au contraire que le stress

est un stimulant. Ne pas en ressentir pourrait signifier que tout va bien, mais c'est souvent une manière de se voiler la face et ça n'est évidemment pas une solution. En revanche, en fonction des individus ou des situations, il peut avoir des effets totalement inverses  : motiva-tion supplémentaire ou découragement total. Parvenir à en tirer partie, là est la clé.

Dans votre propre expérience de chef d'entreprise, y êtes-vous parvenu ?Aujourd'hui, le stress me pousse à agir, mais je l'avoue, à mes débuts, il me paralysait, j'en ai beaucoup souffert. Il faut dire qu'au départ, on manque de confiance en soi parce qu'on ne maîtrise pas parfaitement les différents para-mètres de l'entreprise : marché, clientèle, salariés, etc. Avec le temps, on gagne en assurance et la sensation de stress est moins présente. Pas seulement parce qu'on connaît mieux son métier, mais aussi parce qu'avec l'âge, on mûrit et les agents perturbateurs extérieurs ont moins prises sur nous. Ce qui ne veut pas dire qu'on élimine le stress, mais disons qu'on apprend à l'accepter, à en identifier les causes et par conséquent à l'apprivoiser. C'est de toute façon vital parce qu'un stress permanent est épui-sant.

DENIS BLONDEL, MEMBRE DU C.A. D'INITIATIvES SAINT-MARTIN, EST GéRANT DU CABINET DE GéOMèTRE CETEF CARAïBES à CONCORDIA. à L'APPUI DE SON ExPéRIENCE PERSONNELLE, IL NOUS LIvRE SA Ré-FLExION SUR LA GESTION DU STRESS DE L'ENTREPRENEUR.

Christine Moustapha, psychologue diplô-mée de l'Université de Caen, exerce dans son cabinet de Park View à Cul-de-Sac.

Christine Moustapha explique que "le stress est une réaction à un agent extérieur qui per-turbe l'environnement" d'un individu et chez qui cela "provoque des émotions". Elle précise qu'il est "en premier lieu favorable et permet de réagir face à un événement, de maintenir un équilibre avec cet environnement". Ces émotions, il faut en premier lieu les "accep-ter". "Les refouler, c'est mener la politique de l'autruche qui ne permet pas d'agir sur l'agent perturbateur qui reste en place. C'est une fuite en avant, une dénégation : on a conscience du problème, mais on le refuse. Il faut au contraire donner du sens à ses émotions, les interpréter pour en identifier les causes", car c'est bien en agissant sur le problème qui en est à l'origine qu'on peut gérer son stress et "continuer d'avancer". La praticienne précise que c'est un "travail sur soi" qui nécessite un questionnement profond. "Il faut être capable de s'accorder du temps pour se regarder, ce qui est plus difficile que de s'engouffrer dans le travail pour ne plus y penser". Concrète-ment, elle conseille de prendre un "temps de bien-être, 5 minutes par jour – ou plus -- et d'en faire ce que l'on veut... pourquoi pas s'al-longer ou s'ennuyer par exemple !" Surtout, elle suggère d'éviter l'isolement qui guette le chef d'entreprise en faisant appel à d'autres personnes. "Savoir dire  : je suis perdu, j'ai besoin d'aide n'est pas une faiblesse. Il faut parfois accepter de se sentir mal pour que ça aille mieux ensuite."

le stress peut êtreun bon stimulant

Initiatives #3 - 2ème trimestre 2012 Initiatives #3 - 2ème trimestre 2012

Avez-vous quelques pistes de réflexion pour aider les jeunes entrepreneurs à mieux le maî-triser ?J'ai recours à quelques petites astuces pour tenter d'en minimiser les effets. Par exemple, avant un rendez-vous qui s’annonce important pour l’entreprise, je m’imagine être après cette rencontre qui ne sera au fond qu'un mauvais moment à passer, mais cela m'incite à agir, à m'inscrire dans l'action et cela est toujours positif. Quelquefois, quand je sens mon moral fléchir sous le poids des échéances prochaines, je pense à un événement familial positif qui me rassure. A l'inverse, face à un situation impré-vue, j'ai tendance à exagérer les manifestations extérieurs de ce stress, à en accentuer les effets négatifs en élevant la voix par exemple. C'est une montée en pression qui agit en réalité comme une soupape... et me déstresse ! Cepen-dant, j'ai bien conscience que ces petits trucs sont très personnels et je ne garantis pas leur efficacité sur tout le monde. Plus sérieusement, je suis convaincu qu'il ne faut pas s'isoler avec son stress et l'un des remèdes les plus efficaces est d'en parler autour de soi. Cela permet de ne pas s'enfermer dans ses propres erreurs d'ana-lyse qui, bien souvent, sont les causes princi-pales de notre stress.

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L'art culinaire a aujourd'hui la côte auprès du public. Émissions de télé-réalité,

pléthore de publications sur le sujet, omniprésence sur les plateaux de télévision de chefs devenus alter ego des stars de la chanson et du cinéma. Cette exposition médiatique serait l'écho de la passion des français pour la cuisine. D'un point de vue entrepreneurial, cet engoue-ment – couplé à une évolution du comportement du consom-mateur qui prend de plus en plus son repas hors domicile – se traduit par une augmentation de 40% du nombre de créations d'entreprises d'hôtellerie-restau-ration entre 2007 et 20111. Un dynamisme qu'il convient ce-pendant de tempérer, le taux de défaillance (dépôts de bilan) du secteur ayant augmenté de 10% depuis le début de l'année 2012, soit "une des tendances les plus sévères" toutes activités confon-dues, 70% des restaurants de moins de 3 salariés existant en 2000 ayant disparu 7 ans plus tard2.

Cohérence du projet. Une "hécatombe" que José Man-rique, président de la Fercom3 et patron du Tastevin à Grand Case, explique. "C'est une acti-vité qui attire beaucoup de gens qui ne sont pas du métier et qui

pensent pouvoir le faire. Or, se lancer simplement parce qu'on sait faire la cuisine, c'est com-mettre une erreur car dans un restaurant, le travail de gestion est considérable." Très claire-ment, selon lui, l'ouverture d'un restaurant doit être le fruit d'une mûre réflexion. "Le maître-mot, c'est la cohérence, autant dans l'élaboration du projet que dans sa gestion. Dès le départ, il faut savoir quel public cibler, c'est le plus souvent l'emplacement du restaurant qui le détermine. Accueillir une clientèle locale le midi et une clientèle touristique de grand standing ne demande pas le même investissement car il faut que le niveau de la cuisine et la qualification du personnel suivent." Le restaurateur insiste notamment sur la nécessité de bien maîtriser ses approvision-nements, ses coûts de revient et sur l'établissement des prix, clés de la viabilité d'une entreprise de restauration. Enfin, quel que soit le type d'établissement choisi, il prévient  : "les journées de travail durent 16 heures", il est donc indispensable d'avoir une bonne résistance physique pour les supporter.

Contraintes réglementaires. En plus de ces qualités intrin-sèques nécessaires et des dé-marches habituelles pour la

le dossier

Directeur de publication InitiativesJean-Luc BelinTextes et maquettePhilippe Bouvier - Lucha Press

Initiatives Saint-Martin128/130 Howell CenterMarigot - 97150 Saint-MartinTél. 0590 52 83 62 - Fax 0590 52 83 95www.initiatives-saint-martin.fr

INITIATIVE

S

Saint-MartinCo-financé par l’Union Européenne

L’Europe s’engage avec le FSE

PART

ENAI

RES

FIN

ANCI

ERS

Depuis 2009 Marie-Maguy Coudrieu est gérante de son propre établissement – Chez Maguy  – à Hope Estate, 17 ans après sa sortie du lycée professionnel des Îles du nord, section cuisine. Une longue pé-riode mise à profit pour "acqué-rir de l'expérience et gagner en confiance" dans différents établissements à Saint-Martin et aux états-Unis. A son retour dans l'île, après quelques an-nées de vente snack dans son propre camion installé au car-refour de la route de l'aéroport de Grand-Case, elle a franchit le pas en ouvrant "un vrai res-taurant". Elle reconnaît "qu'être patron, ça n'est vraiment pas facile, cela demande du temps, c'est un travail sur le long terme, mais c'est chaque jour un très grand plaisir."

FAIRE LA CUISINE à LA MAISON ET SERvIR qUOTIDIENNE-MENT PLUSIEURS DIzAINES DE COUvERTS SONT DEUx CHOSES DIFFéRENTES. AvANT D'OUvRIR SON RESTAURANT, IL EST DONC IMPORTANT D'éLABORER UN PROJET COHé-RENT PAR RAPPORT à SES MOyENS FINANCIERS ET SES COMPéTENCES PROFESSIONNELLES. ET DANS CE CADRE, IL APPARAÎT qUE LA MAÎTRISE DE LA GESTION S'AvèRE TOUT AUSSI IMPORTANTE qU'UN BON SAvOIR-FAIRE CULINAIRE.

création d'entreprise, quelques obligations réglementaires spé-cifiques aux métiers de la res-tauration sont à prévoir. Si en métropole une permis d'exploi-tation est obligatoire pour pou-voir exercer, ce n'est pas le cas à Saint-Martin. En revanche, une déclaration d'ouverture doit bien être faite auprès de la direc-tion des services vétérinaires et une demande de licence pour la vente d'alcool déposée à la Collectivité. Enfin, une forma-tion en matière d'hygiène et de sécurité alimentaire4 s'avère in-dispensable pour satisfaire aux normes sanitaires.

Compétences et expérience. La compétence, aussi bien der-rière les fourneaux qu'en salle, est évidemment un autre fac-teur primordial de réussite. Or, si celle-ci s'acquière en formation, l'expérience, elle, ne vient qu'avec des années de pratique. Ce que confirment M. Christophe Fasquel et Ri-chard Inglebert du lycée des Îles du Nord qui prépare aux bacs professionnels cuisine et commercialisation et services. "On a parfois l'impression que l'on a pas besoin de compétences techniques pour devenir restau-rateur. Effectivement, on peut toujours ouvrir un restaurant sans ces compétences... à partir du moment où on ne fait ni la cuisine, ni le service  !" En effet, le service est le second volet du métier, souvent négligé alors qu'il constitue le moment pri-vilégié de contact avec la clien-tèle. Et M. Fasquel d'insister  : "Même avec une bonne base de formation, ça n'est pas rai-sonnable de vouloir ouvrir son restaurant sans expérience. Il

faut y aller crescendo, commen-cer au pied de l'échelle. Travail-ler au sein d'un restaurant qui tourne, passer par différents postes de responsabilité permet de se rendre compte de la com-plexité du métier". Complexité, un mot qui revient souvent dans la bouche des profession-nels interrogés, mais une réa-lité qui semble parfois échapper aux cuisiniers en herbe pressés de tenter l'aventure. à méditer, donc, avant de se lancer tête baissée dans un projet entre-preneurial afin d'éviter bien des désillusions. Toutefois, malgré nombre d'écueils potentiels, José Manrique ajoute  : "C'est un métier certes difficile avec une rude concurrence, mais il y aura toujours de la place pour quelqu'un de sérieux."

(1) INSEE / (2) études Altares et Europ-group consulting 2012 / (3) Fédération des Restaurateurs de St-Martin www.fercom.org /(4) formation HACCP dispensée par les centres de formation de l'île

projet entrepreneurial en restauration :savoir accommoder cuisine, service et gestion

expérience