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actualités | 4 OptionBio | jeudi 19 janvier 2012 | n° 465 environnement Installations nucléaires de base et leucémies de l’enfant À la suite des inquiétudes susci- tées en 2007 par des publica- tions allemandes faisant état d’une augmentation d’incidence des leucémies de l’enfant âgé de moins de 4 ans dans un périmètre de 5 km autour des centrales nucléaires, un groupe de travail pluraliste et indépen- dant, présidé par Danièle Sommelet (Pr de pédiatrie), avait été constitué en France pour porter un avis sur les connaissances épidémiologiques disponibles concernant les effets des installations nucléaires de base sur le risque éventuel de leucémies de l’enfant, définir des axes de travail et contribuer à la transmission d’une information claire et régulière à la société civile. Le rapport a été rendu public, le 7 novembre 2011, par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), la Direction générale de la santé (DGS) et la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) et est consultable sur leurs sites internet respectifs. État des lieux Les leucémies de l’enfant représentent 30 % des cancers de l’enfant (470 nou- veaux cas par an de 0 à 14 ans et 80 de 15 à 19 ans, en France). Des progrès thérapeutiques considérables sont notés depuis 30 ans avec un taux de guérison de 80 % dans les leucémies aiguës lymphoblastiques (75 % de l’ensemble) et de 60 % dans les leu- cémies aiguës myéloblastiques. Mais les facteurs de risque demeurent mal connus, qu’ils soient génétiques (5 %) ou liés à l’environnement. Le rapport établit que les connais- sances actuelles sur les effets des radiations ionisantes à faible dose ne permettent pas de conclure à une relation causale et les rares agrégats de leucémies à proximité de certaines installations nucléaires demeurent inexpliqués. La poursuite et le déve- loppement des recherches épidémio- logiques en cours, couplés avec l’étude des expositions à d’autres substances cancérigènes potentielles et des fac- teurs génétiques favorisant la leucé- mogenèse, doivent être soutenus. Principales recommandations Il s’agit en premier lieu, de définir la méthodologie permettant l’établisse- ment d’une liste de sites nucléaires, sinon exhaustive, du moins parfai- tement caractérisée et adaptée à la poursuite des études épidémiologi- ques ultérieures ; puis, de soutenir et développer ces études afin de disposer de données complémentai- res sur l’impact des radiations ioni- santes à faible dose et des facteurs environnementaux et génétiques sur la leucémogenèse, en tenant compte des caractérisations génomiques des hémopathies malignes de l’enfant. En outre, il convient de développer la coopération et la veille scientifique internationales et créer un groupe de réflexion sur l’information et les moda- lités de la communication du risque, en associant experts de la santé et des sciences humaines et sociales et représentants de la société civile. | ESTHER SACOUN Journaliste scientifique, Paris Source Communique de presse de l’ASN, novembre 2011. Pancréatite infectieuse ou génétique ? U n jeune homme âgé de 19 ans est admis dans un hôpital américain pour une pan- créatite récurrente. Depuis 6 mois il présente une asthénie, des dou- leurs épigastriques, de la fièvre et des céphalées. Trois jours plus tôt il a consommé de l’alcool de manière importante. Le test rapide vis-à-vis du streptocoque est retrouvé posi- tif et une antibiothérapie de type pénicilline est prescrite sans aucun effet sur les douleurs. Les examens sanguins biologiques montrent une hyperleucocytose à 18 100/mm³ avec 87 % de polynucléaires neu- trophiles, un taux de lipase élevé à 74 U/L, une amylase à la limite supérieure de la normale à 99 U/L (norme entre 3 et 100) et un taux d’ALAT normal. Les fonctions thyroï- diennes sont normales ainsi que les sérologies vis-à-vis des différents virus de l’hépatite. Le patient est hospitalisé en tout trois fois durant les six mois suivants avec une augmentation importante du taux de lipase jusqu’à 440 U/L, du taux d’amylase à 246 U/L, du taux d’ALAT à 92 U/L et de celui des leucocytes jusqu’à 18 100/mm³. Différents diagnostics sont avancés comme une pancréatite récurrente d’origine infectieuse, liée à une pathologie systémique ou d’origine génétique. L’origine infectieuse est finalement écartée bien que le patient soit fébrile à chaque hospitalisation avec un taux de leucocytes élevé. Cependant, les tests sérologiques à la recherche d’agents infectieux pou- vant être associés à une pancréatite aiguë sont négatifs comme l’EBV, le virus de l’hépatite B ou C. Le diagnos- tic de pancréatite récurrente d’origine génétique est donc posé devant la mise en évidence d’une mutation par- ticulière prédisposant à la survenue de pancréatite aiguë particulièrement après l’ingestion d’alcool. Le risque de complications ultérieures est bien réel à type d’insuffisance pancréa- tique exocrine dans 35 à 45 % des cas, de diabète ou encore de cancer pancréatique. Le risque d’insulino- résistance est d’autant plus élevé que le patient présente un surpoids. L’ingestion ultérieure d’alcool lui est formellement interdite car le risque de décès au cours d’un épisode de pancréatite aigu est élevé. | OPHÉLIE MARAIS Médecin biologiste, Paris [email protected] Source Shah U, Shenoy-Bhangle AS. Case records of the Massachusetts General Hospital. Case 32-2011. A 19-year-old man with recurrent pancreatitis. N Engl J Med. 2011 Oct 20;365(16):1528-36. antiles antiles Leucémies infa Leucémies infa : un possible excès : un possible excès de de oximité des centrale nucléaiers oximité des centrale nucléaiers risque à pro risque à pro cas clinique

Installations nucléaires de base et leucémies de l’enfant

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4 OptionBio | jeudi 19 janvier 2012 | n° 465

environnement

Installations nucléaires de base et leucémies de l’enfant

À la suite des inquiétudes susci-tées en 2007 par des publica-tions allemandes faisant état

d’une augmentation d’incidence des leucémies de l’enfant âgé de moins de 4 ans dans un périmètre de 5 km autour des centrales nucléaires, un groupe de travail pluraliste et indépen-dant, présidé par Danièle Sommelet (Pr de pédiatrie), avait été constitué en France pour porter un avis sur les connaissances épidémiologiques disponibles concernant les effets des installations nucléaires de base sur le risque éventuel de leucémies de l’enfant, définir des axes de travail et contribuer à la transmission d’une information claire et régulière à la société civile. Le rapport a été rendu public, le 7 novembre 2011, par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), la Direction générale de la santé (DGS) et la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) et est consultable sur leurs sites internet respectifs.

État des lieuxLes leucémies de l’enfant représentent 30 % des cancers de l’enfant (470 nou-veaux cas par an de 0 à 14 ans et 80 de

15 à 19 ans, en France). Des progrès thérapeutiques considérables sont notés depuis 30 ans avec un taux de guérison de 80 % dans les leucémies aiguës lymphoblastiques (75 % de l’ensemble) et de 60 % dans les leu-cémies aiguës myéloblastiques. Mais les facteurs de risque demeurent mal connus, qu’ils soient génétiques (5 %) ou liés à l’environnement.Le rapport établit que les connais-sances actuelles sur les effets des radiations ionisantes à faible dose ne permettent pas de conclure à une relation causale et les rares agrégats de leucémies à proximité de certaines installations nucléaires demeurent inexpliqués. La poursuite et le déve-loppement des recherches épidémio-logiques en cours, couplés avec l’étude des expositions à d’autres substances cancérigènes potentielles et des fac-teurs génétiques favorisant la leucé-mogenèse, doivent être soutenus.

Principales recommandationsIl s’agit en premier lieu, de définir la méthodologie permettant l’établisse-ment d’une liste de sites nucléaires,

sinon exhaustive, du moins parfai-tement caractérisée et adaptée à la poursuite des études épidémiologi-ques ultérieures ; puis, de soutenir et développer ces études afin de disposer de données complémentai-res sur l’impact des radiations ioni-santes à faible dose et des facteurs environnementaux et génétiques sur la leucémogenèse, en tenant compte des caractérisations génomiques des hémopathies malignes de l’enfant.

En outre, il convient de développer la coopération et la veille scientifique internationales et créer un groupe de réflexion sur l’information et les moda-lités de la communication du risque, en associant experts de la santé et des sciences humaines et sociales et représentants de la société civile. |

ESTHER SACOUN

Journaliste scientifique, Paris

SourceCommunique de presse de l’ASN, novembre 2011.

Pancréatite infectieuse ou génétique ?

Un jeune homme âgé de 19 ans est admis dans un hôpital américain pour une pan-

créatite récurrente. Depuis 6 mois il présente une asthénie, des dou-leurs épigastriques, de la fièvre et des céphalées. Trois jours plus tôt il a consommé de l’alcool de manière importante. Le test rapide vis-à-vis du streptocoque est retrouvé posi-tif et une antibiothérapie de type pénicilline est prescrite sans aucun effet sur les douleurs. Les examens sanguins biologiques montrent une hyperleucocytose à 18 100/mm³ avec 87 % de polynucléaires neu-trophiles, un taux de lipase élevé

à 74 U/L, une amylase à la limite supérieure de la normale à 99 U/L (norme entre 3 et 100) et un taux d’ALAT normal. Les fonctions thyroï-diennes sont normales ainsi que les sérologies vis-à-vis des différents virus de l’hépatite. Le patient est hospitalisé en tout trois fois durant les six mois suivants avec une augmentation importante du taux de lipase jusqu’à 440 U/L, du taux d’amylase à 246 U/L, du taux d’ALAT à 92 U/L et de celui des leucocytes jusqu’à 18 100/mm³.Différents diagnostics sont avancés comme une pancréatite récurrente d’origine infectieuse, liée à une

pathologie systémique ou d’origine génétique. L’origine infectieuse est finalement écartée bien que le patient soit fébrile à chaque hospitalisation avec un taux de leucocytes élevé. Cependant, les tests sérologiques à la recherche d’agents infectieux pou-vant être associés à une pancréatite aiguë sont négatifs comme l’EBV, le virus de l’hépatite B ou C. Le diagnos-tic de pancréatite récurrente d’origine génétique est donc posé devant la mise en évidence d’une mutation par-ticulière prédisposant à la survenue de pancréatite aiguë particulièrement après l’ingestion d’alcool. Le risque de complications ultérieures est bien

réel à type d’insuffisance pancréa-tique exocrine dans 35 à 45 % des cas, de diabète ou encore de cancer pancréatique. Le risque d’insulino-résistance est d’autant plus élevé que le patient présente un surpoids. L’ingestion ultérieure d’alcool lui est formellement interdite car le risque de décès au cours d’un épisode de pancréatite aigu est élevé. |

OPHÉLIE MARAIS

Médecin biologiste, Paris

[email protected]

SourceShah U, Shenoy-Bhangle AS. Case records of the Massachusetts General Hospital. Case 32-2011. A 19-year-old man with recurrent pancreatitis. N Engl J Med. 2011 Oct 20;365(16):1528-36.

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