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Reportage Intoxication collective en 6cole maternelle (150enfants). Soins immediats et rbgulation des hospitalisations Y Letarnec, Y Guittard Smur 77, hbppital de Lagny, 77000 Lagny, France 15 h 33. Appel des sapeurs-pom- piers de Pontault-Combault pour des enfants ayant avale du raticide a I’e- cole Pablo-Neruda 2, de Pontault- Combault. 15 h 37. Bilan du VSAB sur place : il s’agit d’une ecole maternelle avec 150 enfants ages de 2 ans et demi k 6 ans repartis en huit classes. Cette ecole maternelle est construite en prefabrique sur un vide sanitaire dans lequel auraient ete laisses des sacs de raticide (Axarex, Disena- coum). 15 h 46. Le Samu contacte le centre antipoison qui conseille de faire trois taux de prothrombine (le jour meme, 24 heures et 48 heures apres) avec administration de vitamine Kl si le TP est inferieur a 60 %. Simultanement, depart du Dr Le Tar- net (Samu 77) et dune equipe du Smur de Lagny. Arrive sur place a 16 h 25, le Dr Le Tarnec se presente en tant que di- recteur des secours medicaux (DSM) a I’equipe du Smur de Lagny, au representant de la mairie de Pon- tault-Combault, a la directrice de l’e- Cole, aux sapeurs-pompiers pre- sents (dont le chef de centre de Pon- tault-Combault) et, devant I’impossi- bilite de faire le tri et d’avoir un inter- rogatoire fiable pour determiner les enfants susceptibles d’avoir ingere du raticide, il est decide, en accord avec le Samu : - de recenser tous les enfants pre- sents sur place (nom, prenom, age) ; - d’organiser les prelevements en dispatchant les enfants sur trois lieux d’accueil, $I savoir les urgences du centre hospitalier de Lagny, les ur- gences de laclinique La Francilienne a Pontault-Combault et le service de pediatrie du centre hospitalier de Melun ; - que seuls les enfants ayant un taux de prothrombine abaisse et/au pre- sentant des signes cliniques seraient hospitalises. Bien des familles auraient sans doute prefere etre dirigees vers la clinique La Francilienne, mais il au- rait ete tres difficile a cette clinique de gerer I’accueil de toutes les fa- milles. Le Samu va done prevenir les re- sponsables des trois lieux choisis, a charge pour eux de preparer I’ac- cueil et de prevenir leur directeur et le laboratoire avec lequel il travaille. Les enfants vont etre transport& vers les lieux d’accueil dans des cars mis a disposition par la mairie de Pontault-Combault et l’etat-major des sapeurs-pompiers de Seine et Marne. Sans doute aurait-il ete plus rapide de faire monter dans les cars les enfants par classe, mais le choix du Samu a ete de les regrouper par ordre alphabetique pour ne pas se- parer les freres et scours (nombreux dans cette ecole), les points d’ac- cueil eloignes ne facilitant pas pour les parents le suivi dans les jours a venir. Lors du premier prelevement, une lettre-conseil, redigee par le Dr Guit- tard, adaptee a chaque lieu d’ac- cueil, sera remise a chaque famille Tres rapidement, s’est posee la question dune eventuelle intoxica- tion chez les enfants presents le jeu- di apres-midi et le vendredi matin mais qui n’etaient pas a I’ecole le vendredi apres-midi. Grace aux re- cherches faites par la mairie a partir de listes fournies par I’ecole mater- nelle, toutes les familles de ces en- fants ont ete contactees et il leur a ete demande de les amener au cen- tre hospitalier de Lagny et a la clini- que La Francilienne. Pour ces en- fants qui ont ete vus avec 24 ou

Intoxication collective en école maternelle (150 enfants). Soins immédiats et régulation des hospitalisations

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Reportage

Intoxication collective en 6cole maternelle (150 enfants). Soins immediats et rbgulation des hospitalisations

Y Letarnec, Y Guittard

Smur 77, hbppital de Lagny, 77000 Lagny, France

15 h 33. Appel des sapeurs-pom- piers de Pontault-Combault pour des enfants ayant avale du raticide a I’e- cole Pablo-Neruda 2, de Pontault- Combault. 15 h 37. Bilan du VSAB sur place : il s’agit d’une ecole maternelle avec 150 enfants ages de 2 ans et demi k 6 ans repartis en huit classes. Cette ecole maternelle est construite en prefabrique sur un vide sanitaire dans lequel auraient ete laisses des sacs de raticide (Axarex, Disena- coum). 15 h 46. Le Samu contacte le centre antipoison qui conseille de faire trois taux de prothrombine (le jour meme, 24 heures et 48 heures apres) avec administration de vitamine Kl si le TP est inferieur a 60 %. Simultanement, depart du Dr Le Tar- net (Samu 77) et dune equipe du Smur de Lagny. Arrive sur place a 16 h 25, le Dr Le Tarnec se presente en tant que di- recteur des secours medicaux (DSM) a I’equipe du Smur de Lagny, au representant de la mairie de Pon- tault-Combault, a la directrice de l’e- Cole, aux sapeurs-pompiers pre- sents (dont le chef de centre de Pon- tault-Combault) et, devant I’impossi-

bilite de faire le tri et d’avoir un inter- rogatoire fiable pour determiner les enfants susceptibles d’avoir ingere du raticide, il est decide, en accord avec le Samu : - de recenser tous les enfants pre- sents sur place (nom, prenom, age) ; - d’organiser les prelevements en dispatchant les enfants sur trois lieux d’accueil, $I savoir les urgences du centre hospitalier de Lagny, les ur- gences de laclinique La Francilienne a Pontault-Combault et le service de pediatrie du centre hospitalier de Melun ; - que seuls les enfants ayant un taux de prothrombine abaisse et/au pre- sentant des signes cliniques seraient hospitalises. Bien des familles auraient sans doute prefere etre dirigees vers la clinique La Francilienne, mais il au- rait ete tres difficile a cette clinique de gerer I’accueil de toutes les fa- milles. Le Samu va done prevenir les re- sponsables des trois lieux choisis, a charge pour eux de preparer I’ac- cueil et de prevenir leur directeur et le laboratoire avec lequel il travaille. Les enfants vont etre transport& vers les lieux d’accueil dans des cars

mis a disposition par la mairie de Pontault-Combault et l’etat-major des sapeurs-pompiers de Seine et Marne. Sans doute aurait-il ete plus rapide de faire monter dans les cars les enfants par classe, mais le choix du Samu a ete de les regrouper par ordre alphabetique pour ne pas se- parer les freres et scours (nombreux dans cette ecole), les points d’ac- cueil eloignes ne facilitant pas pour les parents le suivi dans les jours a venir. Lors du premier prelevement, une lettre-conseil, redigee par le Dr Guit- tard, adaptee a chaque lieu d’ac- cueil, sera remise a chaque famille

Tres rapidement, s’est posee la question dune eventuelle intoxica- tion chez les enfants presents le jeu- di apres-midi et le vendredi matin mais qui n’etaient pas a I’ecole le vendredi apres-midi. Grace aux re- cherches faites par la mairie a partir de listes fournies par I’ecole mater- nelle, toutes les familles de ces en- fants ont ete contactees et il leur a ete demande de les amener au cen- tre hospitalier de Lagny et a la clini- que La Francilienne. Pour ces en- fants qui ont ete vus avec 24 ou

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48 heures de retard, un seul preleve- ment a ete necessaire. Sur place, la presence continue (de 16h25aOh42)duDrLeTarnecet de l’equipe du Smur de Lagny a per- mis d’informer et de rassurer les pa- rents en leur expliquant les decisions prises. Ainsi, d&s 16 h 45-16 h 50 etait organise dans le preau de I’e- cole un rassemblement de tous les parents presents pour les informer tres exactement de ce qu’etait la si- tuation a ce moment-la. Au centre hospitalier de Melun, le medecin chef de pediatric (Dr Plous- sard) optait pour une administration preventive systematique de 5 mg de vitamine Kl (ceci n’empechant pas le suivi du lendemain mais permet- tant de mettre les enfants a I’abri de troubles plus importants). Convaincue du bien fonde de cette prise de position, la directrice du Samu 77 (Dr MC Porta) demandait a ce qu’elle soit appliquee dans les deux autres lieux d’accueil. Parallelement a ce dispositif, le Samu va prevenir : - le directeur du centre hospitalierde Melun ; - la DDASS ; le Dr Barbier, medecin inspecteur, se rend aussitot au Samu 77 pour faire le point avec la directrice ; - la prefecture ; - la Sante scolaire. En raison de Nat clinique tres ras- surant des enfants, des moyens mis en ceuvre par la mairie de Pontault- Combault et le service departemen- tal d’incendie et de secours, du nom- bre des accompagnants et des insti- tuteurs, le Samu n’a pas demande au prefet de Seine-et-Marne le de- clenchement du plan Rouge. En ef- fet, il a paru important, des le depart, d’assurer la securite des enfants mais aussi de << calmer le jeu >) sur- tout a partir du moment ou les appels telephoniques des medias ont fait craindre des debordements. Le di- recteur general de la Sante, qui a pris contact avec le Samu a 18 h 58, a du reste conseille de diriger ces de- mandes de renseignements sur la

prefecture tout en demandant qu’on le tienne au courant, les 3 jours du- rant, du deroulement du dispositif, de la Sante des enfants et des difficult& rencontrees. Par ailleurs, tous les medecins gene- ralistes de Pontault-Combault ont ete prevenus par un medecin gene- raliste sapeur-pompier present sur place. Le president du Cercle des medecins de Pontault-Combault a ete egalement prevenu et un labora- toire prive a accepte de rester ouvert pendant tout le week-end. Des le samedi 15, interroge par la directrice du Samu, le directeur de la DDASS mis au courant de I’inquie- tude de beaucoup de familles sur la prise en charge des frais occasion- nes, demande que les factures lui soit adressees a la DDASS et de- clare qu’il essaiera de resoudre se- condairement le probleme sans im- pliquer les familles. Cette informa- tion est immediatement repercutee sur les lieux d’accueil. Au total, des le vendredi soir (14 octo- bre 1994) ont ete diriges et preleves : - vers le centre hospitalier de Melun, 51 enfants ; - vers la clinique La Francilienne, 41 enfants ; - vers le centre hospitalier de Lagny, 57 enfants. Des le samedi (15 octobre 1994), ont ete (1 control& pa : -vers le centre hospitalier de Melun, 45 enfants ; - vers la clinique La Francilienne, 53 enfants ; - vers le centre hospitalier de Lagny, 101 enfants. Le dimanche (16 octobre 1994) ont ete c< control& p) : - vers le centre hospitalier de Melun, 45 enfants ; - vers la clinique La Francilienne, 57 enfants ; - vers le centre hospitalier de Lagny, 112 enfants. Le lundi (17 octobre 1994) huit nou- veaux enfants ont ete preleves a la clinique La Francilienne. En ce qui concerne les hospitalisa- tions :

- le vendredi soir (14 octobre 1994) : , un enfant presentant un deficit congenital de facteur VII avec TP a 18 % (decouvert a cette occasion) a ete hospitalise en pediatrie au centre hospitalier de Melun ; . deux enfants ont ete hospitalisees au centre hospitalier de Lagny, l’une pour une otite et I’autre pour un syn- drome febrile au long tours (deja suivie en pediatrie au CH Lagny et devant etre admise le lendemain) ; - le samedi (15 octobre 1994) : , une enfant presentant des vomisse- ments a ete hospitalisee, le matin, en pediatrie au centre hospitalier de Melun ; . le soir, le centre hospitalier de Me- lun a garde une enfant pour un pro- bleme technique de laboratoire (le controle s’est avere finalement nor- mal) ; . une petite fille presentant des rec- torragies a ete hospitalisee (le TP s’averera normal)au centre hospita- lier de Lagny.

En conclusion, il nous a paru que : - le dispositif mis en place par le Samu avait su concilier la securite au moindre risque et au moindre coM ; - les equipes se connaissant bien avaient travaille, a tous niveaux, avec dynamisme et sous le charme de ces visages d’enfants ; - au niveau des lieux d’accueil, la confraternite et I’efficacite ont 6te pour le Samu une source de satis- faction et de fierte. Les equipes ad- ministratives, les services d’ur- gences de laclinique La Francilienne et du centre hospitalier de Lagny, le service de pediatrie du centre hospi- talier de Melun et les laboratoires tant hospitaliers que prives etaient tous p&s et s’etaient remarquable- ment organises le premier jour, orga- nisation qui se perfectionnera en- core les jours suivants ; - I’attention bienveillante de la direc- tion g&t&ale de la Sante avait ete ressentie avec sympathie par tous ; - le fax s’est rev&e tres utile.