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Introduction aux sciences humaines, Essai critique sur leurs origines et leur développement by Georges Gusdorf Review by: François-André Isambert Cahiers Internationaux de Sociologie, NOUVELLE SÉRIE, Vol. 32 (Janvier-Juin 1962), pp. 181- 183 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40689190 . Accessed: 13/06/2014 00:30 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers Internationaux de Sociologie. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.251 on Fri, 13 Jun 2014 00:30:51 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Introduction aux sciences humaines, Essai critique sur leurs origines et leur développementby Georges Gusdorf

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Introduction aux sciences humaines, Essai critique sur leurs origines et leur développement byGeorges GusdorfReview by: François-André IsambertCahiers Internationaux de Sociologie, NOUVELLE SÉRIE, Vol. 32 (Janvier-Juin 1962), pp. 181-183Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40689190 .

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stade n'existe pas ; il est donc possible qu'il soit (et ce serait assez mon opinion) un produit de la culture ou de la société ; mais ce que nous devons dire, c'est que l'auteur de La mentalité archaïque conduit toujours sa pensée, dans toutes ces comparaisons, avec beaucoup de prudence et de circonspection. En tout cas, l'aspect « sociologie de la connaissance » de Lévy-Bruhl corrigera ce que l'aspect « existence d'une mentalité archaïque comme substrat » pourrait présenter dans certains cas, de discutable, et le cercle sera bouclé.

La substitution du point de vue structurel au point de vue évolutionniste entraîne un changement de vocabulaire. Le terme « archaïque » remplace chez Gazeneuve le terme « primitif ». Sans doute cette mentalité archaïque est plus facile à déceler chez les « primitifs » que chez nous, où elle est recouverte par l'apport de la science rationnelle, mais elle existe chez tout homme, elle constitue un fond permanent, caractéristique de notre structure psychique, et c'est pourquoi le terme d'archaïque est plus adéquat que celui de primitif. Nous sommes tout à fait d'accord. Mais comment définir maintenant cette mentalité ? « Gomme une manière de saisir et d'organiser l'expérience humaine sans séparer le subjectif et l'objectif, sans laisser l'intellect s'affranchir des données de l'affectivité » (p. 95). Comme on le voit, cette définition retient l'essentiel des découvertes de Lévy-Bruhl et de ceux qui l'ont continué, brillam- ment, comme Leehnardt. Mais il faut ajouter à cette première définition une seconde, plus importante encore, et qui se trouve dans la conclusion : « Une manière de penser qui, s'exerçant sur une expérience dans laquelle le sujet et l'objet sont déjà scindés, se donne pour tâche de surmonter ce scindement, en créant des systèmes de participations qui rechargent le donné phénoméno- logique des valeurs affectives dont la pensée intellectualiste et objectivante l'avait dépouillé » (p. 197).

Il suffit de lire la 2e et la 3e partie de La mentalité archaïque pour se rendre compte que ce livre arrive à son heure ; il y a une tendance à la convergence dans les résultats des diverses sciences humaines et Cazeneuve propose, à partir de Lévy-Bruhl, un schéma permettant de lier ces tendances en les fon- dant sur le concept de mentalité archaïque. Je regrette que, poussé sans doute par la lecture de certains des livres de Lévy-Bruhl, l'auteur ait tendu dans le complexe affectivité-connaissance à maximaliser l'élément affectif au détri- ment de l'élément connaissance. La mentalité qui nous est révélée dans ce livre, comme toute mentalité, est inconsciente, elle se fait connaître à travers les expériences vécues, mais ces expériences sont des expériences totales, dans lesquelles un rationnel s'explicite à côté de l'affectif, bien que ce rationnel prenne des formes différentes du nôtre. On peut suivre, des Mélanésiens aux Africains, par exemple, les démarches de cette logique originale, destinée à surmonter la scission entre l'objectif et le subjectif. Et il est à souhaiter que M. Gazeneuve reprenne un jour, sans se référer à des auteurs, mais seulement à des descriptions d'expériences, l'analyse de la mentalité archaïque en elle-même.

Faculté des Lettres et Sciences humaines, Paris. Roger Bastide.

Georges Gusdorf, Introduction aux sciences humaines. Essai critique sur leurs origines et leur développement, ouvrage publié avec le concours du G.N.R.S., Paris, Les Belles-Lettres, 1960, 522 p. Ce gros ouvrage, écrit serré, a vu ample. Il veut être à la fois une critique des

sciences humaines actuelles et une histoire des sciences humaines. Plus préci- sément, il s'agit de reprendre, après plus de cinquante ans, l'entreprise de Dilthey, de séparer radicalement la science de l'homme des sciences exactes et, par le truchement de l'histoire, de lui donner ou de lui restituer ses lettres de noblesse. M. Gusdorf aura fait œuvre très utile en cherchant les racines multiples des sciences de l'homme dans le passé. Il s'excuse à l'avance des

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lacunes d'une synthèse dont les spécialistes n'ont selon lui pas assez préparé les matériaux. Il passe rapidement sur la science de l'homme dans l'Antiquité. Aristote, Hippocrate sont à peine plus que mentionnés. Mais on sent qu'aux yeux de l'auteur, on n'est pas dans le vif du sujet. De même, il nous présente un Moyen Age conventionnel, plus proche du Cours de philosophie positive que des travaux des historiens modernes. La Renaissance situerait « les origines des sciences humaines » ; mais on est encore à « l'âge des ambiguïtés ».

Le drame se noue au xvne siècle, avec un type d'epistemologie attribué souvent à Descartes mais dont les travaux d'un Koyré ou d'un Lenoble ont montré le caractère beaucoup plus étendu, véritable fait de civilisation. La « mentalité mécaniste » (p. 83) a pris naissance, favorisant une anthropologie de même style. A l'animal-machine répond l'âme purement spirituelle. Tout au long de l'ouvrage, la solidarité (déjà dénoncée par Gilson) du « mécanisme » et du spiritualisme apparaîtra comme une menace constante contre l'unité de la science de l'homme. Pourtant, dès la fin du xvne siècle, la place prise par la notion de « nature » ouvrait la porte à la grande époque de la science de l'homme. C'est en effet au xviue siècle que la plus grande place est consacrée dans l'ouvrage. C'est là que l'auteur trouve les sources d'inspiration les plus fécondes. Bref, cette Introduction aux sciences humaines trouve dans les sciences de l'homme du xvine siècle sa véritable base historique : disons, à l'usage du lecteur, son véritable intérêt. Il était en effet fort opportun non seulement de montrer que l'idée de science de l'homme a véritablement hanté, au moins implicitement, la pensée du xvme, mais encore de rechercher par quelles voies la médecine, la physiologie et l'anatomie d'une part, l'histoire naturelle d'autre part, et aussi la psychologie contribuèrent à faire surgir un mode original de connaissance que vinrent systématiser V Encyclopédie et les philosophies de la nature, avec un premier surgissement dés philosophies de la culture et de l'histoire. Dans ce passage en revue, l'auteur sait faire apparaître, à côté des figures importantes comme celle de Barthez, de Locke, et de Buffon, les minores qui constituent un mouvement de pensée et sans lesquels il n'est pas d'authentique histoire des idées. La leçon que tire l'auteur de l'ensemble de ces travaux ressemble assez à celle qu'en tiraient les idéologues auxquels il accorde une importance qu'on a trop tendance à oublier. Une science naturelle de l'homme est née, et par là même l'étude de l'homme apparaît comme un morceau de l'Histoire naturelle. C'est dire en même temps que l'homme est pris comme un tout et que sa place lui est fixée dans la nature vue à la fois sous l'angle de l'originalité des phénomènes vitaux et du développement de ceux-ci dans le temps. La philosophie, par ailleurs, au lieu d'être une réflexion sur la matière ou sur l'esprit, devrait, comme le pensaient les idéologues, être réflexion sur l'homme vivant, organisme et culture. Cette sorte d'état de grâce, dont les dernières manifestations devaient se rencontrer chez certains grands visionnaires comme Saint-Simon et Fourier et que devraient sauvegarder, pour un temps, certains aspects de la pensée d'Auguste Comte, se dégrade au cours du xixe siècle. Du positivisme, on passe au scientisme, c'est dire que les sciences de l'homme se fragmentent et ne se rejoignent plus, et que le modèle scientifique universel devient celui des mathématiques. Parallèlement, la philosophie universitaire se cantonne dans un spiritualisme totalement coupé des sciences humaines. L'analyse historique se fait ici beaucoup plus sommaire. Saint-Simon, Comte, Marx sont traités en quelques coups de plume. Aucun aperçu sur ce bouillonnement intellectuel de la fin de la Restauration et du début de la Monarchie de Juillet, marqué par les travaux et les prophéties des Saint-Simoniens. Fait grave à nos yeux, l'auteur n'a pas saisi unjdes moments historiques capitaux dans l'histoire des sciences de l'homme, celui des tentatives multiples, chez Comte, chez Bûchez, chez Pierre Leroux, chez Bazard et Enfan- tin, chez Le Play, pour dégager la dimension sociale de la science de l'homme et pour fonder une science sociale, plus ou moins autonome, plus ou moins liée,

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soit à l'histoire, soit à l'histoire naturelle, soit à la médecine, ou à l'économie. Fasciné par le « positivisme scientiste », l'auteur n'accorde finalement aucun crédit aux sociologues de l'école française, à tel point qu'aucune analyse sérieuse et différenciante n'est faite de l'œuvre de Durkeim ou de Lévy-Bruhl. Seuls les anthropologues et les linguistes, et, jusqu'à un certain point, les historiens jusqu'à la mort de Michelet trouvent grâce à ses yeux au xixe ou au début du xxe siècle. Quant aux contemporains, l'auteur prend le parti d'ignorer la plupart de leurs travaux. Mais ne pense-t-il pas que, de leur côté, a la plupart des spécialistes des sciences humaines n'ont jamais entendu parler de « personnalité de base »? (p. 504). Ce qui a grâce devant ses yeux, c'est la Méditerranée de Fernand Braudel dans le domaine de l'histoire. Quant à la sociologie, il croit pouvoir sauver du désastre et embarquer sur le même radeau la sociologie fonctionnelle, le psychodrame de Moreno, Y Anthropologie structurelle de Lévi-Strauss et la sociologie de Georges Gurvitch comme « science de la liberté humaine » (p. 507). C'est qu'il importe peu, au fond, à l'auteur, que la recherche en sciences humaines se pose des problèmes de métier, et par-delà, vise à s'élever à des réflexions plus générales. D'emblée, la cause est entendue : il y a deux sortes de travaux, ceux qui laissent une place à la subjectivité du chercheur, et ceux-là valent d'être loués, et ceux que déshumanine soit le souci durkheimien d'objectivité, soit la mathématisation. Mais que propose-t-il dans la « conversion épistémologique » qu'il annonce ? Tenir compte du sujet qui cherche et pas seulement de l'objet interrogé ? (p. 495). L'idée de la socio- logie de la sociologie n'est pas nouvelle. Il y a, nous dit-il, des « techniques de l'existence qui, loin de menacer l'existence, lui fournissent au contraire des moyens d'accomplissement » (p. 509). On demande des exemples. Finalement, la requête de l'auteur est modeste : « L'historien, le sociologue, l'économiste, le médecin, l'ethnographe demeurent les maîtres de leur domaine que personne ne peut songer à leur contester. Le métaphysicien les appelle seulement, par- delà les limites de leur spécialisation, à pratiquer la vertu de curiosité et la vertu de sympathie (p. 511). Peut-on en demander autant au métaphysicien à l'égard de ses collègues sociologues et psychologues ?

C.N.R.S. F. -A. ISAMBERT.

Georges Duveau, Sociologie de Vutopie et autres « Essais », Introduction d'André Canivez, Paris, Presses Universitaires de France, 1961, 196 p.

Nous savions que Georges Duveau, lorsque la mort nous l'enleva, travaillait depuis sept ans à une Sociologie de Vutopie, dont il avait déjà donné des aperçus dans diverses revues et, en premier lieu, dans les Cahiers internationaux de Sociologie. Ce sont ces articles, auxquels sont joints quelques fragments inédits (dont le plus important, sur Thomas More, p. 73-80), que rassemble la « Biblio- thèque de Sociologie contemporaine ». Et l'on s'aperçoit que l'ouvrage projeté par Georges Duveau était déjà fait. Peut-être en eût-il autrement ordonné la matière. Mais la cohérence en est assurée d'une façon qui convient particuliè- rement à l'esprit de l'auteur ; une cohérence thématique, propre à mettre en relief les aperçus, les intentions, les paradoxes. Même les « autres essais », qui ne prennent pas explicitement pour sujet l'Utopie, en traitent et en maintiennent constamment la préoccupation. « Gomment je me suis posé le problème ? », demande l'auteur dans un de ses « fragments » (p. 190-191). D'abord « l'utopie dévalorisée » en sorte que tout l'ouvrage pourrait s'intituler Défense de Vutopie. Duveau a été frappé, traumatisé, pourrait-on dire, par la nuance péjorative qui s'est attachée au qualificatif d' « utopistes » attribué aux socialismes fran- çais qui ont mûri dans la première moitié du xixe siècle. Tout vibrant de N

l'esprit de 1848, il ne peut pardonner à Marx ses jugements en ce domaine et le premier de ses soucis est de montrer la fragilité de la ligne de démarcation

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