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ORGANISATION DES NATION UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE (FAO) INVESTISSEMENT DANS LE SECTEUR AGRICOLE EN AFRIQUE CENTRALE CAS du TCHAD

INVESTISSEMENT DANS LE SECTEUR AGRICOLE EN AFRIQUE CENTRALE CAS du TCHAD

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L’agriculture en Afrique occupe une part très importante dans les économies de la plus part des pays. Cependant, la forte dépendance de cette activité de la pluviométrie a rendu vulnérables les économies de ces pays ; et le continent, qui par le passé était un exportateur des produits agricoles, est devenu un importateur net des produits agricoles et notamment des denrées alimentaires. La récente flambée des prix des produits alimentaires de 2008 a mis à rude épreuve l’économie des pays du continent et a généré des émeutes dans certains de ces pays.Les efforts consentis pour améliorer la situation de ce secteur ont été annihilés par la baisse de l’investissement dans le secteur ainsi que les prix faibles sur les marchés des produits agricoles en provenance du continent. Certes, des taux de croissances élevés ont été enregistrés sur le continent ces dernières années, mais cette croissance a été essentiellement tirée par les industries extractives (pétrole, gaz, minerais …). C’est le cas des pays de l’Afrique centrale dont la structure de l’économie est dominée par les ressources naturelles et les produits de base. Face à la crise alimentaire qui est devenue récurrente dans cette sous région, très peu d’options s’offrent à court terme, à moyen terme et à long terme aux pays de la zone. En vue d’orienter les gouvernements, le secteur privé et les partenaires au développement, dans la quête de solution pour accroitre l’investissement dans le secteur, la Représentation de la FAO, de la sous région Afrique Centrale, a lancé un processus de consultations pour identifier les possibilités de stimuler l’accroissement de l’investissement, dans le secteur agricole pourtant prioritaire mais délaissé. Nous avons été commis dans le cas du Tchad pour conduire cette consultation et le présent rapport a pour objet de restituer les résultats de nos travaux.

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ORGANISATION DES NATION UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE (fao)

INVESTISSEMENT DANS LE SECTEUR AGRICOLE EN AFRIQUE CENTRALE

CAS du TCHAD

DJIBANGAR DJITAINGAR

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SOMMAIRE

I – INTRODUCTION………………………………………………………………………………………………..3

II- PRESENTATION DU TCHAD………………………………………………………………………… 4

III - ALLOCATIONS BUDGETAIRES AUX DIFFERENTS SECTEURS DE L’ECONOMIE… 5

A-POLITIQUE ECONOMIQUE EN COURS DE L’ETAT……………………………………………………… 5

B- DEPENSES DANS LES DIFFERENTS SECTEURS DE L’ECONOMIE………………………………… 8

C- ANALYSE DE LA PART DU FINANCEMENT EXTERIEUR DANS LE BUDGET…………………. 11

IV - LES INVESTISSEMENTS DANS LE SECTEUR AGRICOLE……………………………………..13

A- ENVIRONNEMENT DES INVESTISSEMENTS AGRICOLE AU COURS DES QUINZE DERNIERES ANNEES ……………………………………………………………………………………………………………13

B- - NIVEAU DES INVESTISSEMENTS DANS SECTEUR AGRICOLE…………………………….. 15C- - INVENTAIRE DES PROGRAMMES ET PROJETS ACTUELS EN CHARGE DU SECTEUR AGRICOLE

SUR FINANCEMENT EXTERIEUR………………………………………………………………………… 17D- ENGAGEMENTS FINANCIERS EXTERIEURS EN 2010 DANS LE SECTEUR AGRICOLE…. 19

V - LA CROISSANCE ECONOMIQUE DES DERNIERES ANNEES ET LES PERSPECTIVES ..20

A- BILAN MACRO ECONOMIQUE…………………………………………………………………………. 20

B - LES PERSPECTIVES DE L’ECONOMIE NATIONALE……………………………………………… 22

C-RECOMMANDATIONS POUR LE SECTEUR AGRICOLE……………………………………………. 23

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I - INTRODUCTION

L’agriculture en Afrique occupe une part très importante dans les économies de la plus part des pays. Cependant, la forte dépendance de cette activité de la pluviométrie a rendu vulnérables les économies de ces pays ; et le continent, qui par le passé était un exportateur des produits agricoles, est devenu un importateur net des produits agricoles et notamment des denrées alimentaires. La récente flambée des prix des produits alimentaires de 2008 a mis à rude épreuve l’économie des pays du continent et a généré des émeutes dans certains de ces pays.

Les efforts consentis pour améliorer la situation de ce secteur ont été annihilés par la baisse de l’investissement dans le secteur ainsi que les prix faibles sur les marchés des produits agricoles en provenance du continent. Certes, des taux de croissances élevés ont été enregistrés sur le continent ces dernières années, mais cette croissance a été essentiellement tirée par les industries extractives (pétrole, gaz, minerais …). C’est le cas des pays de l’Afrique centrale dont la structure de l’économie est dominée par les ressources naturelles et les produits de base.

Face à la crise alimentaire qui est devenue récurrente dans cette sous région, très peu d’options s’offrent à court terme, à moyen terme et à long terme aux pays de la zone. En vue d’orienter les gouvernements, le secteur privé et les partenaires au développement, dans la quête de solution pour accroitre l’investissement dans le secteur, la Représentation de la FAO, de la sous région Afrique Centrale, a lancé un processus de consultations pour identifier les possibilités de stimuler l’accroissement de l’investissement, dans le secteur agricole pourtant prioritaire mais délaissé.

Nous avons été commis dans le cas du Tchad pour conduire cette consultation et le présent rapport a pour objet de restituer les résultats de nos travaux.

Il se structure comme suit :

Dans un premier temps, il présente le Tchad dans ces généralités. Ensuite, dans un deuxième temps, il analyse les allocations budgétaires aux différents

secteurs de l’économie à travers la présentation de la politique économique ainsi que la situation des dépenses budgétaires dans les différents secteurs de l’économie et la part du financement extérieur dans le budget de l’Etat.

Dans un troisième temps, il analyse l’environnement des investissements agricoles et présente le niveau atteint par ces investissements dans le pays au cours des quinze dernières années, avant de faire l’inventaire des programmes et projets, dans ce secteur, financés par l’extérieur.

Enfin, en conclusion, il analyse la croissance économique de ces dernières années, les perspectives macroéconomiques du pays avant de faire des propositions en matière de développement agricole pour les prochaines années.

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II- PRESENTATION DU TCHAD

Situé en plein cœur du continent africain, avec une superficie de 1 284 000km2, le Tchad présente la particularité d’appartenir à trois zones climatiques distinctes : au Nord, la zone saharienne avec un climat désertique, aride et sec ; au centre, la zone sahélienne avec une pluviométrie annuelle moyenne qui varie entre 200mm et 600mm ; et au Sud, la zone soudanienne au climat tropical, avec des pluies assez abondantes (900 à 1200mm/an).

Très exposé aux aléas climatiques, les déficits pluviométriques du Tchad ont affecté le niveau de sa nappe phréatique et de ses ressources en eau de surface (la superficie du Lac Tchad estimée à 26000km2 en 1963 n’est plus que de 5000km2 en 2008).Cette situation a eu pour conséquence l’altération progressive de ses ressources végétales et la fragilisation de ses sols.

Le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) de 2009 indique, plus de 11 000 000 d’habitants, inégalement repartis sur le territoire national. Environ 47% de ces habitants sont concentrés sur 10,1% seulement de la superficie totale du territoire. La densité moyenne de la population est relativement faible et varie entre 0,1hab/km2 au BET à plus de 50hab/km2 dans le Logone Occidental. Cette population est très jeune : plus de la moitié a moins de 15 ans et seulement 4% a 60 ans ou plus.

Les indicateurs socio-économiques du pays traduisent une situation générale de pauvreté marquée par des disparités entre les sexes, les zones rurales et urbaines.

La pauvreté au Tchad touche 55% de la population et constitue un phénomène du monde rural où vivent 87% des pauvres du pays. 7 personnes sur 10, vivent dans des ménages dont le chef n’a pas été scolarisé et seulement 1% vit dans des ménages dont le chef a atteint l’éducation supérieure. Certes, la scolarisation a beaucoup progressé depuis vingt ans, mais la plupart des chefs de ménages appartiennent à une génération qui a été en grande partie privée de cette opportunité. Pour atteindre l’école, les enfants du primaire mettent en moyenne près d’une heure 52 minutes.

En 2004, 41% des enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance, 37% présentent une insuffisance pondérale et 14% sont atteints d’émaciation. Le taux de mortalité infantile ne s’est guère amélioré (de 194 sur 1000 en 1997, il est passé à 191 sur 1000 en 2004). Quant au taux de mortalité maternelle, il s’est gravement détérioré, passant de 827 pour 100000 naissances vivantes en 1997 à 1099 en 2004.

L’économie tchadienne se caractérise par :

- une très faible productivité,- une vulnérabilité extrême face aux chocs aussi bien internes qu’externes,- une absence d’un secteur privé dynamique, - une insuffisance des infrastructures , en particulier les routes;- une hypertrophie du secteur informel.

L’appareil de production reste dominé par les secteurs primaire et tertiaire où, traditionnellement, le progrès technique est lent et les activités souvent informelles et peu productives. Il en résulte un taux d’investissement faible, au demeurant à l’actif principalement de l’État. L’insuffisance de

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l’épargne et du crédit intérieur demeure un lourd handicap pour l’accroissement de l’investissement privé.

III - ALLOCATIONS BUDGETAIRES AUX DIFFERENTS SECTEURS DE L’ECONOMIE

Le Tchad fait partie de nombre des pays de l’Afrique centrale qui ont traversé de crises politiques marquées par des conflits armés. Le gouvernement a profité de la période d’accalmie qui a suivi ces décennies de troubles socio-politiques dans le pays pour engager des reformes économiques avec le soutien des partenaires au développement.

En effet, suite à la dévaluation du franc CFA en janvier 1994 et tirant les leçons du Programme d’Ajustement Structurel (PAS) 1990-1992 interrompu, le Gouvernement a décidé de reprendre et d’approfondir le PAS et la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté (SNRP), qui ont marqué l’environnement des investissements sur les quinze dernières années dans les secteurs économiques et notamment dans le domaine agricole objet de notre étude.

Mais avant de voir le niveau atteint par les investissements dans le secteur agricole, au cours des la période de 1995 à 2011, il sied de présenter succinctement un aperçu de la politique économique au cours des quinze dernières années.

A) Politique économique en cours de l’Etat

L’examen de l’environnement des allocations budgétaires dans les différents secteurs de l’économie pendant les quinze dernières années et les raisons qui ont motivé les différents niveaux d’allocations nous ramène à l’analyse des politiques économiques qui sous-tendent la stratégie nationale de réduction de la pauvreté en cours dans le pays.

Avec l’avènement de l’ère pétrolière, la principale priorité du Gouvernement est la poursuite des politiques de diversification de l’économie pour une croissance plus robuste et créatrice d’emplois. Ces politiques comprennent : (i) le développement du secteur pétrolier, (ii) la diversification des sources de croissance par le développement de nouvelles filières, (iii) la promotion du secteur privé, (iv) la stabilisation des politiques macroéconomiques et financières, et (v) la promotion d’une politique commerciale favorable à l’investissement et aux exportations.

i) Développement du secteur pétrolier : Face au déclin anticipé de la production pétrolière sur la base des réserves prouvées (ou connues), le gouvernement a lancé un programme important pour stimuler l’exploration minière et pétrolière afin de relancer et diversifier la production dans le secteur minier. A cette fin, il a développé un partenariat constructif avec les exploitants déjà présents dans le secteur pétrolier et a encouragé l’entrée de nouveaux partenaires, en particulier la Chine avec qui d’importants contrats viennent d’être négociés.

ii) La diversification des sources de croissance, notamment dans le secteur non-pétrolier constitue une autre priorité. Une étude récente sur les sources de croissance indique que des filières porteuses existent dans l’agriculture, l’élevage et les infrastructures.

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La pauvreté étant concentrée en milieu rural, les politiques économiques et sociales du gouvernement continueront de donner la priorité au développement rural, notamment à l’agriculture, l’élevage et la protection des écosystèmes.

La stratégie agricole vise à améliorer la sécurité alimentaire, intensifier les méthodes de cultures (notamment la maitrise de l’eau), diversifier la production en développant de nouvelles filières (arachide, fruits et légumes, racines et tubercules) et relancer la production cotonnière qui fait vivre 350.000 familles paysannes dans les régions.

La stratégie de développement de l’élevage est axée sur : (i) le renforcement des acquis en matière de santé animale ; (ii) une meilleure exploitation des ressources pastorales ; (iii) la modernisation progressive des techniques d’élevage et de transformation ; et (iv) la promotion de l’aviculture et de l’élevage des petits ruminants.

La stratégie de développement de la pêche est centrée autour de l’exécution du programme PRODEPECHE, et l’élaboration de plans de gestion intégrée des ressources halieutiques avec la concertation de tous les acteurs pour mieux exploiter le potentiel du secteur et d’arrêter son déclin continu.

La stratégie de protection des écosystèmes. Dans un pays menacé par la déforestation, la désertification et un déclin de la fertilité des sols, la protection des écosystèmes garantit la pérennité des ressources sur lesquelles l’économie rurale est fondée. Une meilleure connaissance du potentiel et du rythme de dégradation est indispensable pour la définition d’une stratégie et de programmes et projets appropriés.

La déforestation est l’aspect le plus préoccupant de cette lente destruction du potentiel écologique du pays. Des méthodes de gestion communautaire ont déjà été testées dans le secteur forestier, pour régulariser l’exploitation du bois de chauffe dans la zone de N’Djamena. Ces méthodes seront évaluées et le cas échéant multipliées.

L’exploitation des potentialités du monde rural et la diversification de l’économie nécessitent le développement des infrastructures de base et plus particulièrement dans le secteur des transports.

Les transports routiers. Dans ce secteur, une forte augmentation des ressources consacrées à l’entretien (y compris des routes bitumées) est indispensable pour protéger le capital existant. L’achèvement des grands axes structurants, notamment les routes N’Djamena-Abéché, N’djaména –Sarh et Sarh- Abéché augmentera de plus le linéaire bitumé. La réhabilitation de routes régionales en terre et la mise en œuvre d’un programme de pistes rurales renforcera l’impact du programme routier sur l’agriculture et le développement rural. Des négociations avec les pays voisins, notamment le Cameroun et le Nigéria, permettront d’assainir les conditions d’exploitation des corridors internationaux par lesquels transite le commerce extérieur tchadien. Enfin, une attention particulière sera accordée pour solutionner les problèmes de financement et de fonctionnement du transport routier.

L’aménagement du territoire, l’urbanisme, l’habitat et l’assainissement. Le gouvernement envisage de développer des outils performants de planification et de gestion (schémas d’aménagement, plans d’urbanisme, plans de développement local), et à réaliser un certain nombre d’infrastructures prioritaires (eau et assainissement, évacuation des eaux pluviales, voirie). Le programme comprend

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aussi la restructuration des quartiers anciens, l’assainissement de parcelles et l’appui à la construction de logements, notamment par la promotion de mécanismes de crédit à la construction.

L’eau. Les efforts seront entrepris pour doter d’adductions d’eau les agglomérations de plus de 2000 habitants et pour satisfaire les besoins en eau de tous les villages de plus de 300 habitants et porter ainsi le taux d’accessibilité à 48% à l’horizon 2015.

L’énergie. L’accès à des sources fiables et peu onéreuses d’énergie électrique est essentiel pour la promotion du secteur privé et la diversification de l’économie, particulièrement dans les secteurs des industries et des services. L’expansion des capacités de production d’énergie électrique exige l’amélioration de la gestion et l’assainissement de la situation financière de la STEE, ainsi que des investissements importants dans le système de production et de distribution. En particulier, la mise en œuvre du projet Topping Plant contribuera à réduire les coûts de production d’électricité et permettra de satisfaire environ la moitié de la consommation de N’Djamena. L’exploitation du champ pétrolier du Loug-Chari et la construction d’une raffinerie à Djermaya auront des effets analogues sur la production et les coûts de l’énergie électrique. Le programme de développement énergétique du gouvernement comprend aussi le développement du gaz butane en milieu urbain comme en zone rurale.

Les postes et les technologies de l’information et de la communication (TIC). L’expansion du système postal est indispensable pour accompagner le développement des centres secondaires et des zones rurales. La relance du système de chèques postaux jouera un rôle important dans l’accès des populations rurales à des services financiers. L’expansion des télécommunications (téléphonie fixe et mobile) et le développement de l’Internet sont indispensables à la modernisation et la diversification de l’économie tchadienne. Le gouvernement accélèrera l’intégration du pays dans le réseau de communication international par fibre optique qui contourne le continent. Il étendra dans le pays le câble posé le long de l’oléoduc Doba-Kribi et participera à la mise en œuvre d’un projet régional impliquant le Cameroun et la République Centrafricaine.

On note déjà que la production et les exportations d’arachide et de gomme arabique et la vente de bovins sur pied progressent à un rythme satisfaisant, grâce au dynamisme des marchés sous régionaux. De même, on anticipe une accélération de la croissance dans les télécommunications grâce à la connexion au réseau international par fibre optique.

Une forte contribution directe et indirecte à la croissance est également attendue des transports routiers. En effet, le programme de renforcement du réseau routier et de fluidification du trafic devra permettre d’améliorer considérablement les services, favorisant ainsi les activités de production et de commercialisation, tant dans l’agriculture que dans l’industrie et les autres services marchands. Cette dynamique d’ensemble contribuera à impulser la création d’emplois et à accélérer la réduction de la pauvreté.

iii) La promotion du secteur privé. La mise en place d’un cadre de dialogue permanent avec les entreprises est probablement la réforme la plus importante pour l’expansion du secteur formel. Combinés avec la réforme administrative et judiciaire, la simplification du système fiscal, la réduction des délais dans les douanes, la gestion transparente des finances publiques, l’apurement des arriérés intérieurs, la réduction des coûts de transport et l’accès à une énergie moins chère et plus fiable, le

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développement d’un partenariat secteur public/secteur privé favoriseront grandement la relance de l’investissement privé national et étranger.

iv) La stabilisation des politiques macroéconomiques et financières. La stabilisation des dépenses publiques à un niveau optimal est indispensable. Elle nécessite : (i) l’augmentation des recettes fiscales non liées au pétrole, (ii) une politique de lissage à moyen terme fixant les enveloppes des budgets sectoriels sur la base des priorités des stratégies sectorielles, des capacités d’absorption et des performances des secteurs, et de la soutenabilité du programme de dépenses au regard des projections de ressources ; (iii) la réduction des dépenses militaires et le contrôle des dépenses de personnel, (iv) le renforcement de la gestion financière et budgétaire, et (v) la mobilisation effective et l’amélioration de l’efficacité de l’aide au développement.

Concernant les recettes fiscales, les efforts visent un relèvement de la pression fiscale en moyenne annuelle sur la période 2008-11. Cette augmentation proviendra essentiellement de la hausse de l’activité économique, de l’élargissement de l’assiette fiscale et de l’amélioration du rendement des administrations fiscales. La réforme du code des impôts (simplification et transparence), le renforcement des moyens et des capacités des Impôts et des Douanes accompagneront les efforts entrepris pour élargir l’assiette fiscale et améliorer le recouvrement des recettes.

Le gouvernement a engagé des réflexions pour mettre en place un système de lissage des dépenses, qui tiendra compte des fluctuations probables du volume et des prix du pétrole et de son impact sur les recettes publiques au cours des prochaines années, et en conséquence, limitera les enveloppes budgétaires totales à un niveau jugé soutenable à moyen terme.

L’essentiel du programme de renforcement de la gestion budgétaire et plus généralement des finances publiques est contenu dans le Programme d’Amélioration et de Modernisation des Finances Publiques (PAMFIP). Son application constitue une des priorités du gouvernement. Ce programme comprend un ensemble de mesures pour rationaliser la programmation budgétaire, simplifier le circuit de la dépense, modérer le recours aux procédures exceptionnelles et améliorer la gestion de la trésorerie. Ensemble et résolument appliquées, ces mesures permettront au gouvernement de mieux contrôler les dépenses publiques, de définir et mettre en œuvre une saine gestion des finances publiques orientée favorisant la croissance et la réduction de la pauvreté.

v) Politique d’intégration commerciale et de coopération régionale. Le gouvernement est déterminé à mettre en œuvre une politique commerciale dynamique pour promouvoir les investissements et les exportations dans la cadre de l’intégration régionale. Conscient de la dépendance du pays des pays voisins, il compte intensifier ses efforts pour renforcer la coopération au sein de la CEMAC et développer également une coopération active avec d’autres pays voisins tels que le Nigeria et le Soudan ainsi que d’autres blocs régionaux, notamment la CEDEAO. Dans le même temps, il continuera de renforcer les partenariats avec les pays émergents, notamment la Chine et l’Inde, particulièrement pour le développement de grands projets énergétiques et industriels.

B) DEPENSES DANS LES DIFFERENTS SECTEURS DE L’ECONOMIE (2003-20009)

Les dépenses totales de l’Etat ont augmenté de 331 milliards en 2003 pour atteindre près de 1 033 milliards en 2009. Les dépenses qui visent la réduction de la pauvreté ont été privilégiées et sont passées de 222 724 millions FCFA en 2003 à 564 997millions de FCFA en 2009. Le caractère

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parcellaires des données disponibles ne permet pas une analyse approfondie des allocations budgétaires aux différents secteurs de l’économie, mais prouve que la lutte contre la pauvreté constitue le socle des principes qui les ont guidées.

On note que dans le secteur des infrastructures, les allocations budgétaires ont été doublées, passant de 80 346 millions en 2003 à 182 283 millions en 2008. Il s’agit, de réaliser des travaux devant améliorer les conditions de vie des personnes pauvres en favorisant leur déplacement à travers le territoire, leur accès à des habitats durables, aux énergies nouvelles et renouvelables, ainsi qu’aux technologies de l’information et de communication à moindre coût.

Le gouvernement tchadien a fait du développement des technologies de l’information et de la communication une de ses priorités. C’est ce qui justifie le quadruplement des allocations au ministère des postes et télécommunication entre 2003 et 2009 pour accompagner les efforts fournis par l’investissement privé qui a permis la démocratisation du téléphone portable au Tchad. Ces efforts budgétaires ont boosté le nombre d’abonnés de la téléphonie mobile qui est passé de 5 000 en 2 000 à 510 000 en 2006 et à environ 941 486 en 2009.

Dans le secteur des mines et de l’énergie, les allocations budgétaires sont passées de 2 180 millions FCFA en 2003 à 31 361millions FCFA en 2009.Cependant, la politique d’électricité a eu peu d’impact sur la réduction de la pauvreté. C’est seulement une infime partie de la population tchadienne qui est connectée au réseau de la STEE. Le fait que cette production soit fortement subventionnée a privé l’Etat des ressources qui pourraient être utilisées pour les programmes économiques et sociaux pro pauvres.

Dans le secteur rural, un accent a été mis sur : un accroissement des investissements dans les aménagements hydro-agricoles et pastoraux ; l’amélioration de l’accès aux matériels et intrants agricoles ; l’amélioration de l’accès aux services d’appui pour les agriculteurs et les éleveurs ; et la diversification de la production agricole. Les allocutions budgétaires du ministère de l’Agriculture sont passées de 24 452 millions FCFA en 2003 à 57 893millions FCFA en 2006. Cependant, elles ont ensuite enregistré une dégression pour tomber à 29 710 millions en 2008.En matière d’élevage, on constate un accroissement substantiel du crédit qui est passé de 3 553 millions FCFA en 2003 à 12 733 millions FCFA en 2009 à cause de l’intérêt accordé à l’hydraulique pastorale et à la santé animale.

Dans le secteur environnement et eau, le crédit est passé de5 974millions FCFA à22 338millions FCFA, soit une multiplication par quatre. Cet accroissement s’explique par l’importance accordée à l’hydraulique villageoise visant la satisfaction en eau de populations des villages de plus de 300 habitants et l’amélioration de l’hydraulique urbaine.

Le développement humain s’est retrouvé favorisé par la Stratégie du Gouvernement dont l’objectif est de promouvoir les ressources humaines en vue de permettre aux populations de jouer leur rôle de moteur dans le processus de développement socio-économique du pays. C’est ce qui explique l’importance des allocations budgétaires aux ministères de l’éducation nationale, de la santé et de l’action social.

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Sur la période 2003-2009 les allocations budgétaire à l’Education nationale sont passées de 57 829 millions à 94 690 millions FCFA. Le Gouvernement a placé l’enseignement de base et l’alphabétisation fonctionnelle des adultes au premier rang des priorités, suivis de l’enseignement technique et la formation professionnelle.

Dans le domaine de la santé, les allocations budgétaires ont atteint 42 071millions en 2009. Elles se justifient par la nécessité de mettre en place un système sanitaire adéquat et performant et d’étendre la couverture sanitaire sur tout le pays, afin de faciliter à la population un accès aux soins de santé de qualité. Ces crédits ont permis au Ministère de la Santé publique de réviser sa politique de santé, de faire réaménager les centres de santé existant, de construire de nouvelles infrastructures sanitaires, de former le personnel qualifié et de poser quelques actes nécessaires pour prévenir le VIH et autres épidémies.

Les allocations budgétaire de l’action sociale se sont aussi accrues modérément pour exploser en 2009 certainement à cause de l’assistance multiforme aux déplacés de l’Est du Tchad et du Salamat qui ont été évalué à hauteur de 15 milliards FCFA.

Tableau 1 : Analyse des allocations budgétaire des dernières années

Allocation budgétaire en millions FCFA

Ministères 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009Education 57 829 67 599 48 176 58 416 75 561 88 739 94 690Santé 33 408 36 032 36 624 24 769 36 031 32 091 42 071Action Sociale 4 438 5 140 8 936 5 682 6 364 8 802 20 144

Infrastructure 80 346 69 621 97 673 76 565 112 487 182 283 141 971

Agriculture 24 452 35 906 26 328 45 390 57 893 29 710 39 190Elevage 3 553 11 472 9 245 9 027 11648 6 270 12 733Environnement /Eau

5 974 29 405 25 791 16 839 12 126 19 601 22 338

Aménagement du Territoire

6 624 12 532 8 891 12 315 12 890 13 674 8 390

Justice 3 455 18 448 3 313 4 785 4 366 6 339 12 229Mine 2 180 6 410 9 875 15 380 29 563 27 598 31 361Pétrole 1 258 2868 2 814 22 560Contrôle d’Etat 885 1 471 2 109

Poste et Telécom

1 986 2 018 4 223 5 416

Finances & Budget

43 162 67 082 33 895 43 972

Sécurité Publique

30 424 10 186

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Défense Nat 52 120 67 768

Total Réduction de la pauvreté

222 724 292 575 321 550 471 674 566 892 564 997

Total Dépenses publiques

395 724 484 247 527 200 727 605 837 471 1 033 450

Sources : DGB

C- ANALYSE DE LA PART DU FINANCEMENT EXTERIEUR DANS LE BUDGET.

Le financement extérieur a surtout servi au financement des secteurs prioritaires à travers les différents projets. Pour illustrer la contribution dudit financement au budget de l’Etat, nous nous inspirons des données fournies par l’équipe de l’observatoire de la pauvreté dans ses les bilans de la SNRP1 et SNRP2.

Il ressort de leur analyse, qu’alors que les dépenses d’investissement sur ressources intérieures augmentaient sensiblement, celles sur ressources extérieures déclinaient. Ainsi, à partir de 2007, les investissements sur financement intérieur étaient largement supérieurs aux investissements sur ressources extérieures. Cette évolution dans le bilan de la SNRP1, s’explique par l’absence du programme entre le Tchad et le FMI depuis 2004, entraînant la suspension de l’aide budgétaire de certains partenaires principaux dont l’Union Européenne, la suspension par la Banque mondiale du financement des projets économiques et sociaux en 2006, suite à la décision du gouvernement de modifier la loi sur la gestion des revenus pétroliers. Cette situation transparait bien dans l’extrait du tableau du bilan de la SNRP1 ci-dessous.

Tableau 2 : Evolution des dépenses d’investissement

En milliards de FCFA

année 2003 2004 2005 2006 2007Moyenne 2003-2007

  Dépenses d'investissement 195,5 240,5 227 225,3 262 230,1

  Sur financement intérieur 25,8 49,7 75 91,1 138,1 75,9

  Sur financement extérieur 169,7 190,9 152 134,2 123,9 154,1

               Source : Observatoire de la pauvreté

L’effort du Gouvernement de contenir les dépenses totales à un niveau admissible par rapport à son niveau de 2007 a été annihilé par la gestion difficile des dépenses budgétaires suite aux événements de février 2008. Toute fois, on note que la mobilisation du financement extérieur a été plus importante en 2009 (146,5 milliards de FCFA contre 71milliards en 2008) soit une amélioration de 106%. Toutefois, ce montant reste en deçà des prévisions de la SNRP2 en 2009 (164,5 milliards FCFA).

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En 2010, les allocations sur financement extérieur sont distribuées de manière quasi identique dans les différents secteurs de l’économie comme le montre le tableau ci-dessous.

Tableau 3 : Situation de décaissement du financement extérieur en 2010

Financement extérieur pour 2010

Départements ministériels

Prévision

Décaissement (b)

Taux exéc.

RESSOURCES HUMAINES

42 985,30 30 838,50 71,70%

Santé et action sociale28

389,20 22 376,10 78,80%

Santé Publique 13 782,90 8 705,50 63,20%Action Soc. Solidarité familiale 14 606,30 13 670,60 93,60%

Eduction14

596,00 8 462,40 58,00%

Education Nationale 12 131,60 6 396,90 52,70%

Enseignement Supérieur 2 464,40 2 065,60 83,80%

INFRASTRUCTURES41

833,30 38 200,90 91,30%

Mines & Energies 12 600,00 13 501,90 107,20%Infrastructures & Transports 25 791,20 22 254,40 86,30%

Postes & TIC      Aménagement du Territoire 3 442,10 2 444,60 71,00%

Pétrole      

GOUVERNANCE19

144,10 15 007,20 78,40%

Cour Suprême      

Economie & Plan 14 255,80 12 151,90 85,20%Fin. & Budget (Dettes exclues) 3 469,90 1 759,90 50,70%

Justice 1 418,30 1 095,30 77,20%

Haute Cour de la Justice      

Décentralisation      Assaini. Public & Bonne Gvnce      

Droit de l'Homme      Dévelop.. Asso.& Micro-Credit      DEVELOPPEMENT RURAL

42 563,20 30 426,40 71,50%

Agriculture 20 401,70 12 140,70 59,50%

Elevage 4 846,50 2 387,90 49,30%

Environnement 17 315,00 15 897,80 91,80%Pêche. Hydraulique Pastoral      

Page 13: INVESTISSEMENT DANS LE SECTEUR AGRICOLE EN AFRIQUE CENTRALE CAS  du TCHAD

TOTAL PRIORITARES146

525,80114

472,90 78,10%

TOTAL BUDGET ETAT146

750,50114

677,20 78,10%Source : observatoire de la pauvreté

IV - LES INVESTISSEMENTS DANS LE SECTEUR AGRICOLE

A)- ENVIRONNEMENT DES INVESTISSEMENTS AGRICOLE AU COURS DES QUINZE DERNIERES ANNEES.

Parler de l’environnement des investissements agricoles pendant la période définie par les TDR de l’étude, revient en d’autre terme, à analyser les politiques et stratégies qui ont inspiré les réalisations dans le secteur agricole ces dernières quinze années. Trois stratégies marquent cette période : la Consultation Sectorielle du Développement Rural (CSDR) ; le Plan d’Intervention pour le Développement Rural (PIDR) qui sous-tend toutes les actions dans le cadre de la stratégie nationale de réduction de la pauvreté et le Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA).

La Consultation Sectorielle pour le Développement Rural (CSDR)

Le Tchad, suite à la dévaluation du Franc CFA et afin de bénéficier amplement des effets attendus de ce réalignement monétaire, a mis en place un programme visant à assainir sa situation financière, à jeter les bases d’une croissance durable et à redéfinir le rôle de l’Etat. Ce plan, qui fait de la lutte contre la pauvreté l’objectif central de la politique du Gouvernement, vise à relever les défis du renforcement et de la diversification de la production nationale et de la promotion du développement humain durable.

Le secteur rural présente des potentialités énormes mais également des risques non moins importants de dégradation ou de disparition des ressources. C’est pourquoi au niveau de ce secteur, les principes qui ont guidé la stratégie sectorielle sont donc de rationaliser l’intervention publique pour répondre aux besoins prioritaires du secteur, désengager l’Etat, promouvoir le développement du secteur privé, favoriser un accès équitable aux services publics et associer les opérateurs et les usagers à la gestion du secteur. C’est cette stratégie que le Gouvernement de la République du Tchad a présenté aux partenaires au développement en juin 1999. Elle inspire jusqu’à ce jour toutes les actions de développement réalisées ou en cours de réalisation dans les différents sous secteurs ruraux. Son objectif centrale est d’accroître de manière durable la production agricole dans un environnement préservé, c'est-à-dire produire plus et mieux en vue de répondre aux nécessités du développement économique et de relever le niveau de vie des citoyens, qui est la finalité de la politique de développement assignée au secteur rural.

Le Plan d’Intervention du Développement Rural (PIDR)A l’aube du nouveau millénaire, les Chefs d’Etat et de Gouvernement rassemblés au siège des Nations Unies à New York, du 6 au 8 septembre 2000, ont adopté la Déclaration du Millénaire, dans laquelle ils décident notamment « de réduire de moitié, d’ici 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour et celle des personnes qui souffrent de la faim ».

Le Tchad résolument engagé dans la mise en œuvre de cette déclaration a décidé, de rendre le plan d’action de la consultation sectorielle plus lisible et plus facile à financer en reprenant l’essentiel des besoins et des enjeux stratégiques sectoriels. Cette vision a été traduite en Plan d’Intervention du

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Développement Rural (PIDR) qui se présente comme l’ensemble de deux sous-programmes (sous-programme de développement local PRODEL et le sous programme renforcement du secteur PROSE) et deux sous programmes transversaux qui sont (i) l’appui à la micro finance et (ii) l’appui au mécanisme de suivi du secteur. Il est la concrétisation de l’engagement pris par le Gouvernement dans le cadre de l’éligibilité du Tchad à l’Initiative renforcée pour l’allègement de la dette des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE) mise en place par les institutions de Bretton-Woods. Sa mise en œuvre s’est inscrite dans un processus de concertations entre le Gouvernement, les bailleurs, la Société Civile, le Secteur privé, etc. Son objectif global tire sa source de la consultation sectorielle pour le développement rural et se résume à l’accroissement durable de la production agricole dans un environnement préservé.

Les objectifs prioritaires en matière d’accroissement durable de la production rurale du PIDR sont : (i) un accroissement des investissements dans les aménagements hydro-agricoles et pastoraux ; (ii) l’amélioration de l’accès aux matériels et intrants agricoles ; (iii) l’amélioration de l’accès aux services d’appui pour les agriculteurs et les éleveurs ; (iv) l’amélioration de l’accès aux services financiers ; (v) l’amélioration de l’accès aux marchés ;et vi) le développement des filières agricoles.

En effet, le PIDR est la traduction en termes de montage opérationnel et financier des activités préconisées par la CSDR. Il est un programme multi-bailleurs qui fédère l’ensemble des interventions financées par les institutions ayant signé le protocole d’accord qui le sou-tend.

Le Programme National de Sécurité Alimentaire

Malgré l’existence d’importantes potentialités tant au niveau de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche que des ressources en eau et naturelles, base de développement économique du secteur rural, le Tchad reste confronté de façon récurrente à l’insécurité alimentaire. Pour faire face aux défis importants en matière de lutte contre l'insécurité alimentaire, l’Etat Tchadien a élaboré en 2005 un Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) en s’appuyant sur l’ensemble des orientations politiques et stratégiques du secteur rural tels que la Consultation Sectorielle du Développement Rural (CSDR), le Plan d’Intervention pour le Développement Rural (PIDR), ainsi que sur la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté (SNRP) qui reste le document de référence pour toutes interventions.

L’objectif global du PNSA est de vaincre la famine et combattre l’insécurité alimentaire en associant l’augmentation de la productivité et le niveau de la production alimentaire à des mesures susceptibles de garantir à tous et en tout temps, un accès matériel et économique à une alimentation de base suffisante et de bonne qualité à l’horizon 2015.

Pour sa mise en œuvre, le Gouvernement tchadien s’est engagé vis-à-vis de la communauté internationale à prendre en charge 50% des coûts des réalisations. Mais les moyens consentis pour améliorer la situation d´insécurité alimentaire au Tchad sont insuffisants et des efforts complémentaires pour atteindre les résultats sont nécessaires. C’est pour cette raison qu´il, fut recommandé en juillet 2008 la préparation d’une Table Ronde des bailleurs de fonds afin de solliciter leurs contributions pour sa mise en œuvre.

B) - NIVEAU DES INVESTISSEMENTS DANS SECTEUR AGRICOLE

Pour atteindre les objectifs globaux définis dans les documents de stratégie de développement agricole décrits dans le chapitre précédent, les actions du gouvernement tchadien au cours de la

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période 1995-2009 ont porté essentiellement sur les ministères de l’agriculture, de l’élevage, de l’environnement ainsi que celui de l’eau.

Procéder, à l’aide de quelques données chiffrées, à une analyse rétrospective du développement agricole du Tchad, permet de mettre en évidence les grandes orientations des investissements agricoles et leur niveau au cours de la période indiquée par les TDR de l’étude.

Le sous secteur agriculture.Au Tchad, il n’y a pas eu un effort soutenu dans le domaine des aménagements hydro agricoles. Le pays qui totalisait en termes de surfaces aménagées20 000ha, en 2000, n’a atteint que 30 000 ha, en 2009 , auxquels il faut rajouter 1 135 ha réhabilités dont 800 ha dans le périmètre de Tcharnaye et 335 dans le Casier de Bongor. On note aussi que, cinq (5) micro- barrages permettant d’irriguer 617 ha ont été construits dans les régions de Wadi Fira et du Ouaddaï à l’Est du pays entre 2003 et 2007. Ces ouvrages sont équipés des ouvrages annexes (puits pastoraux, 4 forages, poste d’eau solaire, et aménagements des bassins versants).

En matière d’accès au matériel agricole, les ressources financières de l’IPPTE et les revenus pétrolier ont permis d’acquérir dans un premier temps 11.000 charrues, 600 charrettes bovines, 400

charrettes équines, 2000 houes occidentales, 400 portes–tout en 2005. Au titre des réalisations du PNSA, 10 000 charrues BP4 ont été mises à la disposition des producteurs agricoles dans les différentes régions du pays. A cela, il faut ajouter 1 000 charrettes bovines, 2 000 houes occidentales ,265 tracteurs et la création de la Société Industrielle de Matériel Agricole et d’Assemblage de tracteurs (SIMATRACT) qui dispose d’une capacité d’assemblage de 2853 tracteurs par an, soit 9 tracteur jour à N’djaména. Cette unité a déjà mis à la disposition du secteur 415 tracteurs qui participent déjà activement à la production.

Dans le domaine de fourniture d’intrants, en 2009 et 2010, pour la première fois, le PNSA a fait distribuer d’engrais vivriers (1 400 tonnes d'engrais et 700 tonnes d’urée) et mis à la disposition des agriculteurs, 2437 tonnes de semence toutes espèces confondues, des plants améliorés et des boutures de manioc de variétés améliorées.

Par rapport au renforcement des capacités des services d’appui, le ministère de l’Agriculture a bénéficié sur la période du recrutement de 387 agents dont 274 vulgarisateurs agricoles. L’Ecole des techniques d’agriculture de Ba-Illi a été en partie réhabilitée et a ouvert un nouveau cycle de pour la formation des technicien supérieurs. L’ONASA a construit des nouveaux entrepôts, ce qui lui a permis de porter sa capacité de stockage de 25 000tonnes à 31 900 tonnes.

Le sous secteur élevage. En matière d'aménagement et de gestion des ressources pastorales, peu de réalisations ont été faites. Toutefois, on note le démarrage de la construction du Centre de Contrôle de Qualité des Denrées Alimentaires, la construction de 22 marchés de bétails, l’aménagement de 70 puits pastoraux et 50 mares dans le cadre du projet PASEP.

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet d’Intervention d’urgence pour la prévention, la détection précoce et la lutte contre l’Influenza Hautement Pathogène au Tchad ( IHPT), 16 véhicules frigorifique, 159 moto et du matériel informatique ont été acquis pour renforcer les capacités d’intervention des services vétérinaire. Des sessions de formation ont été organisées à l’attention du personnel, des transformatrices de lait et cuir ainsi que des bouchers.

La phase pilote du recensement général de l’élevage a été réalisé et le ministère a recruté 57 cadres. Outre cela, les actions suivantes ont été aussi réalisées : production de 6.000 000 de dose de vaccins

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par le Laboratoire de Farcha, organisation de la campagne de vaccination contre la péripneumonie et les maladies telluriques, construction des centres de vulgarisation pour le petit élevage et des centres régionaux de formation ainsi que la formation de 1552 auxiliaires d’élevage.

Le sous secteur environnement/ Eau.Le personnel a été renforcé par le recrutement de 70 cadres et 177 surveillants des eaux et forêt. Des inventaires des mammifères dans les deux grands parcs nationaux ont été conduits à terme. Des moyens roulants ont été acquis au profit des services centraux et déconcentrés. La réalisation d’’une ceinture verte sur une grande surface est en cours de réalisation autour de N’djaména. L’agence pour l’énergie domestique et l’environnement a développé des campagnes de sensibilisation , crée des novelles pépinières dans le cadre de régénération des espaces dégradés et des périmètres de reboisement, le Projet d'Appui au Développement Local ( PROADEL) a validé et financé 82 sous projets environnementaux et développé 10 thématiques au profit de 150 agents de la Direction de Protection des Forêts et de Lutte contre la Désertification.

Dans le domaine de l’hydraulique villageoise visant la satisfaction en eau de populations des villages de plus de 300 habitants, il y a eu jusqu’en 2005 la création de 2581 points d'eau villageois essentiellement constitués de forages équipés de pompe à motricité humaine. En 2008, ont été réalisées 10 micro barrages ; 912 forages équipés de pompes manuelles ; 126 puits pastoraux ; 64 châteaux d’eau ; 18 mares artificielles ; 500 km de balisage réalisés.

En 2009, le nombre d’ouvrages réalisées est 1100 pompes à motricité humaine et reparties comme suit : 760 PMH dans les régions du Kanem et Bar el Ghazel, 66 PMH dans la région du Guéra,90 PMH dans la région du Salamat et du Moyen Chari,50 PMH dans la région du Mandoul et 134 PMH réalisées par UNICEF dans les différentes régions d’intervention.

Quant aux fonds qui ont permis d’aboutir à ces réalisations, trois opportunités ont été exploitées par le gouvernement : la mobilisation de l’épargne intérieure, la valorisation en nature au des échanges extérieurs et enfin la sollicitation auprès des partenaires au développement des crédits remboursables ou des subventions.

Afin d’avoir une idée plus claire des efforts financiers consentis par le gouvernement dans ce secteur, la présentation des allocations budgétaires au secteur développement rural sur la période est nécessaire. Le tableau ci-dessous présente les données disponibles que nous avons pu obtenir en matière de financement du secteur.

Tableau 4 : Financement du secteur rural

Ministères

Développement

rural

Budget Etat (en millions CFA)

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Agriculture 28 267 32 247 24 255 40 495 44 049 61 170 68 032 29 710 18 778

Elevage 2 863 1 746 3 596 11 518 9 244 13 718 16 031 6 270 7 907

Environ/Eau 18 079 24 031 602 29 562 32 866 25 264 18 037 19 501 5 639

Total Sect DR 49 209 58 025 28 455 81 576 86 161 100 153 107 091 55 581 32 326

Total Bud Etat 331 540 409 727 392 733 491 329 527 327 641 299 837 797 424 734 802 342

Page 17: INVESTISSEMENT DANS LE SECTEUR AGRICOLE EN AFRIQUE CENTRALE CAS  du TCHAD

% Sect DR 14,8 14,2 7,2 16,6 16,2 15,6 12,8 13,0

C) - INVENTAIRE DES PROGRAMMES ET PROJETS ACTUELS EN CHARGE DU SECTEUR AGRICOLE SUR FINANCEMENT EXTERIEUR

Il ressort de la base des données, de la Cellule Permanente en charge du suivi du mécanisme de la Consultation Sectorielle sur le Développement Rural (CSDR), un inventaire des programmes et projets en cours d’exécution dans le secteur rural en 2010 et répertorié dans le tableau ci-dessous.

Tableau 5 : Inventaire des projets en cours dans le secteur agricole en 2010

Département Intitulé Libellé bailleurLibellé financement

Agriculture      

  Fonds d'études France Don Bilatéral

  Programme Aide Alimentaire et Humanitaire France Don Bilatéral

  Programme de développement rural décentralisé dans le Mayo-Kébbi (PRODALKA II) Allemagne Don Bilatéral

  Programme Décentralisé d'Assongha, Biltine et Ouara (PRODABO II) Allemagne Don Bilatéral

  Programme développement rural (et sécurité alimentaire) France Don Bilatéral

  Programme divers projets (animation du reseau et assistance technique) France Don Bilatéral

  Programme Multinational d'amélioration de la compétitivité de la filière Coton Textile FAD Don Multilatéral

  Projet d'aménagement de 1000 ha de Ngouri BADEACréancier

Multilatéral

  Projet de Développement Ruarl du Kanem (PDRK) FIDACréancier

Multilatéral

  Projet de développement rural du Batha (PRODER-B) FIDACréancier

Multilatéral

  Projet de développement rural du Batha (PRODER-B) FIDA Don Multilatéral

  Projet de Développement Rural de la Préfecture du Lac (PDRL) FADCréancier

Multilatéral

  Projet de Développement Rural du Département de Biltine (PDRDB) FADCréancier

Multilatéral

  Projet de Développement Rural Intégré du BET(PDRI-BET) BIDCréancier

Multilatéral

  Projet de Gestion des Ressources Naturelles en zone soudannienne (PGRN ) FADCréancier

Multilatéral

  Projet de Gestion des Ressources Naturelles en zone soudannienne (PGRN ) BADEACréancier

Multilatéral

  Projet de Gestion des Ressources Naturelles en zone soudannienne (PGRN ) BIDCréancier

Multilatéral

  Projet de Gestion des Ressources Naturelles en zone soudannienne (PGRN ) FAD Don Multilatéral

  Projet de lutte d'urgence contre les criquets pélerins (Africa Emergency Lacust Project)IDA/Banque Mondiale

Créancier Multilatéral

  Projet de Valorisations aux Ruissel Superfie(PVERS) FADCréancier

Multilatéral

  Projet de Sécurité Alimentaire au Nord Guéra (PSANG II) PAM Don Multilatéral

  Projet de Sécurité Alimentaire au Nord Guéra (PSANG II) FIDA Don Multilatéral

  Projet de Sécurité Alimentaire au Nord Guéra (PSANG II) FSB Don Bilatéral

  Projet de Sécurité Alimentaire au Nord Guéra (PSANG II) FIDACréancier

Multilatéral

  Projet d'appui à la production semence de base des céréales en zone sahélienne BID Don Multilatéral

 Projet Système d'Information sur le Développement rural et l'Aménagement du Territoire (SIDRAT)

FED/Union Européenne Don Multilatéral

 

Projet de Production Cotonnière et Vivrière en Zone Soudanienne (PCVZS) à transférer au Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA)

FADCréancier

Multilatéral

  Projet d'Appui à la Filière Gomme Arabique (PAFGA)FED/Union Européenne Don Multilatéral

  Projet de sécurité alimentaire BID Don Multilatéral

Page 18: INVESTISSEMENT DANS LE SECTEUR AGRICOLE EN AFRIQUE CENTRALE CAS  du TCHAD

 Programmed'appui au développement local et à la gestion des ressources naturelles (PADL)

FED/Union Européenne Don Multilatéral

  TOT    

Elevage      

  Programme de Lutte Contre la GRIPPE AVIAIRE (Aide d'Urgence)FED/Union Européenne Don Multilatéral

  Projet d'Appui à la Filière Bovine- viande, cuire (PAFIB)FED/Union Européenne Don Multilatéral

  Projet d'Appui au Système d'Elevage Pastoral (PASEP) OPEPCréancier

Multilatéral

  Projet d'Appui au Système d'Elevage Pastoral (PASEP) FAD Don Multilatéral

  Projet d'Appui au Système d'Elevage Pastoral (PASEP) BADEACréancier

Multilatéral

  Projet d'Appui au Système d'Elevage Pastoral (PASEP) FADCréancier

Multilatéral

  TOT    Environnement & Eau      

  Accès à l'eau potable et appui à la politique sectorielleFED/Union Européenne Don Multilatéral

 Conservation et Utilisation Rationnelle des Ecosystèmes Soudano-Sahéliens II (CURESS II) FED/Union

Européenne Don Multilatéral

  Programme Eau & Assainissement France Don Bilatéral

  Programme Eau, Assainissement et Hygiène UNICEF Don Multilatéral

 Programme Etude d'Alimentation en Eau Potable, d'Assainissement et d'Electrification de 15 Centres Sec(PAEPAE) FAD Don Multilatéral

  Programme National en Eau et en Assainissement Rural (PNEAR) FAD Don Multilatéral

  Programme Hydraulique 9ème FED (coûts transversaux)FED/Union Européenne Don Multilatéral

 Programme régional solaire II (construction 43 chateaux d'eau solaire et réhabilitation de 47 autres)

FED/Union Européenne Don Multilatéral

 Projet d'Appui Institnel pr l'Actulisation Inventaires Ouvrages d'Eau Potable et d'Assainissement en Milieu Rural FAD Don Multilatéral

  Projet de Développement de la Pêche (PRODEPECHE) BADEACréancier

Multilatéral

  Projet de Développement de la Pêche (PRODEPECHE) FAD Don Multilatéral

 Projet d'Appui à la Formulation d'une Stratégie et d'un Plan d'Action de Foretérie urbaine et périurbaine à N'Djamena FAO Don Multilatéral

  Programme de gestion intégrée des bassins transfrontaliersFED/Union Européenne Don Multilatéral

  Projet d'appui à l'hydraulique villageoise FAD Don Multilatéral

  TOT    

Source : DG/AEP

Comme on peut s’en convaincre, la plupart des projets et programmes ont trois types de financement : les dons des partenaires bilatéraux (France, Allemagne et Fonds de soutien belge..) et multilatéraux ( FAO, UNICEF, FED…) , ainsi que des prêts consentis par les institutions financières(BAD,FAD BADEA,BID, IDA, OPEP…) Ces financement sont complété parfois par des fonds de contreparties payées sur les ressources propres de l’Etat à la demande de certains bailleurs.

On note que certains projets ont un seul bailleur de fonds (Programme de Développement Rural Décentralisé du Mayo Kebbi PRODALKA), mais nombre d’entre eux sont financés par plusieurs bailleurs avec des conditionnalités et des procédures de décaissement diversifiées (cas du Projet de Gestion des Ressources Naturelles PGRN et du Projet d’Appui au Système d’Elevage Pastorale PASEP).

Les Ministères de l’environnement et de l’eau tiennent dans leur portefeuille 13 projets. Le Ministère de l’élevage compte trois projets, tandis que le Ministère de l’agriculture a le portefeuille le plus lourd avec un total de 24 projets.

Il ressort de l’examen des dates de démarrage et de clôture de ces divers projets que ce sont pour la plupart des vieux projets qui ont fait l’objet parfois de deux à trois prorogations pour leur permettre de boucler leur exécution. 70% des projets cités dans ce tableau sont arrivés à leur terme en 2011.

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C’est notamment le cas du PSANGII, du PCVZS, du PASEP et bien d’autres qui doivent être clôturés au cours de l’année en 2011. On note aussi que certains projets, notamment les projets financés par le FIDA, exemple le PRDRK et le PRDRB, bien que jeunes qui ont été clôturés prématurément à cause de leur faible performance, surtout du point de vue décaissement.

Selon les données que nous avons recueillis auprès de la Direction Générale des ressources extérieures et de la programmation du Ministère du plan et de l’Economie, le financement extérieur du secteur agricole acquis et en cours d’exécution est de 437 489 309 709FCFA. Dans cette enveloppe, le sous secteur agriculture totalise 107 780 490 632 FCFA soit 24%, le sous secteur élevage 31 782 130 800 FCFA soit 7,26% et le sous secteur environnement et eau 122 466 421 057 FCFA. La grande partie des projets ont un caractère multisectoriel et représentent les 40,11% du financement extérieur.

D) ENGAGEMENTS FINANCIERS EXTERIEURS EN 2010 DANS LE SECTEUR AGRICOLE

L’extrait du bilan d’exécution du financement extérieur de la gestion 2010 du secteur agricole est résumé dans le tableau ci-dessous.

Tableau 6 : Prévision annuel de décaissement sur financement extérieur au titre de l’exercice 2010

Département Intituléprévision de décaissements 2010 en devise

Agriculture    

  Fonds d'études 610193 euro

  Programme Aide Alimentaire et Humanitaire

1000000 euro

  Programme de développement rural décentralisé dans le Mayo-Kébbi (PRODALKA II)

2317225 euro

  Programme Décentralisé d'Assongha, Biltine et Ouara (PRODABO II)

3113228 euro

  Programme développement rural (et sécurité alimentaire)

372 509

  Programme divers projets (animation du reseau et assistance technique) 77266 euro

  Programme Multinational d'amélioration de la compétitivité de la filière Coton Textile 62000 UC

  Projet d'aménagement de 1000 ha de Ngouri 4379335 US$

  Projet de Développement Ruarl du Kanem (PDRK) 890671 US$

  Projet de développement rural du Batha (PRODER-B) 865839 US$

  Projet de développement rural du Batha (PRODER-B)  

  Projet de Développement Rural de la Préfecture du Lac (PDRL) 10361,87 UC

  Projet de Développement Rural du Département de Biltine (PDRDB) 1398600 UC

  Projet de Développement Rural Intégré du BET(PDRI-BET) 478756 DI

  Projet de Gestion des Ressources Naturelles en zone soudannienne (PGRN ) 319823 UC

  Projet de Gestion des Ressources Naturelles en zone soudannienne (PGRN ) 69462 US$

  Projet de Gestion des Ressources Naturelles en zone soudannienne (PGRN ) 415181 DI

  Projet de Gestion des Ressources Naturelles en zone soudannienne (PGRN ) 479000 UC

  Projet de lutte d'urgence contre les criquets pélerins (Africa Emergency Lacust Project) 929434 US$

  Projet de Valorisations aux Ruissel Superfie(PVERS) 357000 UC

  Projet de Sécurité Alimentaire au Nord Guéra (PSANG II) 222222 US$

  Projet de Sécurité Alimentaire au Nord Guéra (PSANG II) 100764 US$

Page 20: INVESTISSEMENT DANS LE SECTEUR AGRICOLE EN AFRIQUE CENTRALE CAS  du TCHAD

  Projet de Sécurité Alimentaire au Nord Guéra (PSANG II)  

  Projet de Sécurité Alimentaire au Nord Guéra (PSANG II) 1715043 US$

  Projet d'appui à la production semence de base des céréales en zone sahélienne 308219 DI

  Projet Système d'Information sur le Développement rural et l'Aménagement du Territoire (SIDRAT) 621334 euro

  TOT  

Elevage    

  Programme de Lutte Contre la GRIPPE AVIAIRE (Aide d'Urgence) 806702 euro

  Projet d'Appui à la Filière Bovine- viande, cuire (PAFIB) 269067 euro

  Projet d'Appui au Système d'Elevage Pastoral (PASEP) 258104 US$

  Projet d'Appui au Système d'Elevage Pastoral (PASEP)  

  Projet d'Appui au Système d'Elevage Pastoral (PASEP) 487045 US$

  Projet d'Appui au Système d'Elevage Pastoral (PASEP) 1857816 UC

  TOT  

Environnement & Eau    

  Accès à l'eau potable et appui à la politique sectorielle

6796938 euro

 Conservation et Utilisation Rationnelle des Ecosystèmes Soudano-Sahéliens II (CURESS II)

1755762 euro

  Programme Eau & Assainissement

8726322 euro

  Programme Eau, Assainissement et Hygiène 2375903 US$

 

Programme Etude d'Alimentation en Eau Potable, d'Assainissement et d'Electrification de 15 Centres Sec(PAEPAE)

113598,29 UC

  Programme National en Eau et en Assainissement Rural (PNEAR) 2191800 UC

  Programme Hydraulique 9ème FED (coûts transversaux) 37689 euro

 Programme régional solaire II (construction 43 chateaux d'eau solaire et réhabilitation de 47 autres) 373877 euro

 

Projet d'Appui Institnel pr l'Actulisation Inventaires Ouvrages d'Eau Potable et d'Assainissement en Milieu Rural

269740,61 UC

  Projet de Développement de la Pêche (PRODEPECHE) 106801 US$

  Projet de Développement de la Pêche (PRODEPECHE) 1806000 UC

  TOT  

Source :DG/AEP

V - LA CROISSANCE ECONOMIQUE DES DERNIERES ANNEES ET LES PERSPECTIVES

A) BILAN MACRO ECONOMIQUE

L’évolution de l’économique tchadienne a connu deux phases sur la période 2003 – 2007. La période 2003 – 2004 a été marquée par une forte expansion du PIB grâce surtout aux effets directs des investissements pétroliers des champs de Doba. Elle a atteint respectivement 14,3% et 33,7% en 2003 et 2004. A partir de 2005, elle a baissé, après la fin des investissements pétroliers, à près de 8% pour stagner en 2006 et 2007 autour de 0,2%. Par contre, moins erratique, la croissance du PIB hors pétrole a été en moyenne de 5,3 % sur la période, soit un PIB par tête moyen annuel de 2,6%. Suivant l’évolution du PIB, ce taux a été plus important en début de période et plus faible en fin de période.

Autrefois dominée par les activités agro-pastorales et les services, l’exploration pétrolière a profondément modifié, à partir de 2004, la structure de la production et des échanges de l’économie tchadienne. La contribution moyenne de l’exploitation pétrolière au PIB a été en moyenne de 38%

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sur la période 2003-2007. Elle est restée supérieure à 44% depuis 2005. A contrario, la part de l’agriculture ainsi que celle de l’élevage ont été de moitié moindre à partir de 2004 par rapport à leur contribution au PIB en 2000.

L’exploitation pétrolière a donc entraîné une transformation fondamentale de la structure de la production et le principal défi de l’ère pétrolière demeure la diversification de l’économie et la dynamisation de tous les secteurs par des actions visant à éviter la dualité. Cette diversification par le réinvestissement du fruit des revenus tirés par le pétrole dans les secteurs comme l’agriculture qui mobilise près de 80 % de la population pauvre et dans les activités de transformation contribuerait à lutter contre la pauvreté à travers l’amélioration de la productivité et la création d’emploi.

Le cadre macroéconomique et budgétaire de 2008 à 2011 qui marque les dernières années a été conçu comme étant un cadre consensuel, désirable mais crédible, et donc finançable et exécutable dans l’horizon de la programmation. Il comprend (i) un taux de croissance ciblé du PIB hors pétrole et des contributions sectorielles à la portée des secteurs de production, (ii) un profil désiré d’affectation des ressources budgétaires aux secteurs/ministères et (iii) des progressions induites et désirables du taux de pauvreté et des autres OMD. Ce cadre réconcilie les objectifs stratégiques du gouvernement (stabilité macroéconomique, croissance et développement social) et les besoins sectoriels induits, avec la capacité de financement (ressources internes et externes) et celle d’absorption des budgets et d’exécution physique des programmes sectoriels.

La mise en œuvre de ce cadre, ces dernières années, a été marquée par un environnement politique apaisé, caractérisé par une stabilité politique et sociale (à l’exception de l’année 2008 qui a connu une situation difficile liée à l’attaque de la capitale par les rebelles).

Les résultats macroéconomiques (2008, 2009 et 2010), sont plus ou moins satisfaisants en dépit des insuffisances dans la gestion budgétaire due au manque de respect de la discipline budgétaire et traduisant des décalages importants des dépenses par rapport aux objectifs initiaux. Certes, Le PIB réel a reculé par rapport aux prévisions. Cependant, la croissance a été tirée en particulier par le secteur hors pétrole dont le taux de croissance a contrebalancé le secteur pétrolier.

En 2008, la croissance du secteur hors pétrole, a été entravée par le ralentissement des activités de services et de construction après l’attaque des rebelles de février 2008. Mais, l’analyse des contributions sectorielles à la croissance montre que le secteur rural considéré comme prioritaire dans la SNRP2 a connu une croissance supérieure à ce qui est prévue. Le moteur de cette croissance a été les cultures vivrières suivies des activités de sylviculture et de pêche.

Toute fois, en 2009, la structure du PIB indique que, le secteur rural, a enregistré une contre performance. Elle est due en grande partie à l’agriculture industrielle, notamment le secteur coton dont les résultats de la campagne sont médiocres. La contribution du secteur secondaire, bien que moindre par rapport aux prévisions, est restée proche de la tendance de 5,1% en moyenne sur la période. Cette contraction de l’activité secondaire s’explique, en partie, par le ralentissement des activités suite aux événements de février 2008. Le secteur tertiaire a connu un essor particulier pour se situer à 7,5% soit 4 points au dessus des prévisions. Ce secteur a bénéficié des effets d’entraînement, en amont et en aval, de l’expansion des dépenses publiques au lendemain des événements.

L’évolution des prix est restée toujours tributaire des disponibilités alimentaires et de la demande provenant des activités pétrolières. Malgré les politiques mises en œuvre (administration des prix par

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l’Etat, entente avec le patronat pour la fixation des prix des produits de première nécessité, etc.) le niveau général des prix ne fait qu’augmenter. L’inflation a atteint deux chiffres (10,1%), augurant davantage des efforts à fournir pour la maîtrise de l’inflation dans le cadre du respect du critère de convergence de la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l’Afrique Centrale (CEMAC) avec le maintien d’un niveau de l’inflation à un taux ne dépassant pas les 3%.

Le poids macro-économique de la dette a sensiblement diminué suite à l’accroissement du PIB consécutif au démarrage de la production pétrolière et permet de penser que la dette est soutenable. Malheureusement, le Tchad ne bénéficie pas à plein des dispositifs principaux d’allègement de la dette publique. Il est éligible à l’initiative PPTE et le point de décision a été atteint en 2001, ce qui a permis des restructurations de la dette. Mais pour bénéficier des allègements complets au titre de l’initiative PPTE et de l’initiative de l’allègement de la dette multilatérale, le pays doit atteindre le point d’achèvement du processus PPTE. Or, les conditions à remplir pour l’atteinte du point d’achèvement ne sont toujours pas réunies. Ces conditions sont liées à la gestion des finances publiques et des ressources pétrolières et aux accords conclus avec les institutions de Bretton Woods à ce propos. Le gouvernement et le FMI ont décidé de poursuivre le dialogue et de nouvelles discussions relatives à la conclusion d’un nouveau programme de référence en sont en cours.

Faute de disponibilités des données pour l’année 2010, notre bilan macro économique va se limiter aux deux années précédentes et nous passerons à la perspective économique des années en cours et à venir en nous attardant à la fin sur les perspectives du secteur agricole.

B - LES PERSPECTIVES DE L’ECONOMIE NATIONALE

Les perspectives macroéconomiques s’annoncent favorables. En dépit de la mauvaise pluviométrie des campagnes agricoles successives 2009/2010 et 2010/2011 qui a provoqué un déficit céréalier important et une inflation supérieure à la norme communautaire, l’activité économique sera marquée par une croissance liée à d’importants investissements publics réalisés conformément au plan d’action du gouvernement en termes d’infrastructures et aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

La croissance économique globale s’afficherait à 5,2% en moyenne. Le secteur pétrole enregistrerait une croissance en rapport avec la hausse des investissements pétroliers. Quant au secteur non pétrolier, la croissance devrait s’établir à autour de6,4%.

La tendance par secteur indique que, le secteur primaire enregistrerait une croissance en termes réels. Cette performance s’expliquerait non seulement par l’effet de reprise cyclique attendu après les mauvaises campagnes agricoles précédentes mais aussi par les investissements massifs réalisés pour accroître la production agricole. En effet, une partie importante des 20 000 hectares à aménager par le Gouvernement dans les zones de production rizicole est déjà mise en production. La production vivrière qui a chuté, pourrait croître les campagnes prochaines. L’agriculture industrielle suite aux mesures prises par le gouvernement suivra la même tendance, elle progresserait de 5,8% après une contraction de l’activité de l’ordre de 15,2 % en 2010 lié à la baisse de la production du coton fibre. Le secteur de l’élevage poursuivrait son dynamisme habituel avec une croissance de sa valeur ajoutée de 3,6%.

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Les activités minières (carrières) subiraient les effets de hausse observés au niveau des BTP. La baisse de la production pétrolière se limiterait à 2% en 2010 grâce à d’importants investissements pour le maintien de la production.

La branche artisanat, et transformation alimentaire enregistrerait une croissance de sa valeur ajoutée de 7,0% grâce notamment au développement des activités informelles de minoterie ainsi que l’accroissement de la demande publique et privée liée aux bâtiments et travaux publics.

Le secteur énergétique reprendrait son dynamisme enclenché depuis la mise en service de la nouvelle centrale énergétique de Farcha grâce à la résolution des problèmes techniques qu’elle a connus en 2009.

La branche de BTP poursuivrait son dynamisme en enregistrant 18,5% de hausse grâce à l’accroissement des investissements d’infrastructures publiques et à la demande privée. La branche travaux de développement pétrolier bénéficierait de retombées positives compte tenu d’importants travaux d’investissement engagés dans le secteur pour juguler la présence d’eau dans les puits et stimuler la production. Il est attendu une hausse de sa valeur ajoutée de l’ordre de 6,9% par rapport à l’année précédente.

Au titre de la branche transport et télécommunications, la vigueur de la branche se traduirait par une hausse de la valeur ajoutée de 11,9% en 2010 en liaison avec l’amélioration de la qualité et l’extension des réseaux de Zain, Tigo, ainsi que de Salam.

Tableau 7: Simulation de la croissance à l’horizon 2015

Années 2011 2012 2013 2014TAUX DE CROISSANCE EN VALEUR (%) Secteur primaire 15,8% 3,8% -6,7% 2,1%

Agriculture -19,4% 7,7% 7,4% 7,2%

Vivrière -22,4% 7,6% 7,4% 7,2%

Industrielle 13,8% 8,6% 7,3% 6,8%

Elevage, sylviculture, pêche 5,5% 5,3% 5,8% 6,0%

Extraction minière hors pétrole 7,8% 7,7% 11,2% 7,7%

Exploitation pétrolière 35,1% 2,0% -16,1% -1,8%

Secteur secondaire 4,1% 12,3% 12,4% 8,8%

Coton fibre 14,5% -24,3% -103,2% 4673,3%

Produits pétroliers   248,1% 3,8% 3,9%

Produits alimentaires, boissons et tabacs 4,1% 14,7% 8,8% 7,8%

Fabrication industrielle 11,2% 63,8% 28,3% 20,2%

Fabrication artisanale 3,4% 8,9% 5,3% 5,1%

Autres produits manufacturés 8,5% 16,8% 21,4% 16,2%

Fabrication industrielle 63,8% 274,1% 172,5% 59,9%

Fabrication artisanale 7,0% 6,6% 0,3% -0,3%

Electricité, gaz et eau 17,1% 50,8% 36,6% 5,2%

Travaux de construction 4,7% 11,4% 11,1% 8,2%

Secteur tertiaire 8,8% 14,0% 9,8% 6,0%

Commerce 7,4% 12,2% 7,3% 6,2%

Hotellerie Restauration -1,2% 11,6% 4,5% 2,4%

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Transports 31,0% 42,5% 17,7% 2,7%

Communications -0,1% 13,1% 7,2% 4,3%

Services financiers 11,5% 20,4% 11,9% 8,7%

Services aux entreprises 8,3% 20,6% 19,9% 6,1%

Autres services marchands 7,2% 17,3% 10,7% 8,6%

Branches non marchandes 13,2% 7,7% 6,8% 3,9%

SIFIM 11,3% 19,1% 10,8% 7,7%

Valeurs ajoutées 11,3% 9,0% 2,7% 4,8%

Taxes nettes sur les produits 29,3% 11,7% 12,4% 4,2%

PIB au prix du marché 11,7% 9,0% 2,9% 4,8%

PIB pétrolier 34,6% 1,1% -16,4% -1,9%

Sources Observatoire pauvreté

C ) RECOMMANDATIONS POUR LE SECTEUR AGRICOLE

La revue des stratégies gouvernementales fait ressortir les faits suivants :

On constate un empilement sur une période très courte et sans capitalisation des acquis obtenus par les unes et les autres stratégies.

Le PIDR était mis en place pour fédérer et coordonner toutes les interventions en milieu rural en vue d’en assurer la cohérence et d’éviter les duplications éventuelles dans le secteur du développement rural, malheureusement, cette structure de coordination n’a pas vu le jour, laissant les stratégies se mettre en place sans suivi et sans coordination au niveau national. Il s’en suit des duplications dans les programmes affichés dans les différentes stratégies.

Toutes les stratégies gouvernementales se réfèrent à la SNRP, mais ne mettent pas en évidence de manière claire leur articulation avec ce cadre d’orientation nationale en matière de développement socio économique qui intègre les défis globaux. Une analyse approfondie de ces stratégies met en évidence de nombreuses redondances entre les programmes.

Les approches adoptées par les différentes stratégies paraissent très sectorielles, cloisonnées et n’intègrent pas toutes les dimensions des réalités rurales (le problème de l’agriculteur, de l’éleveur ou du pêcheur ne sont pas isolés que l’on se situe à l’échelle du terroir ou de la parcelle) qui mettent en évidence la multifonctionnalité des activités du secteur rural.

Les documents de stratégies gouvernementales ne sont pas connues des bénéficiaires ou des services et structures censés participer à leur mise en œuvre, il se pose ainsi un problème de leur diffusion, leur vulgarisation et leur appropriation par les principaux acteurs du secteur rural.

Toutes les stratégies sectorielles adoptées et mises en œuvre prévoient des mécanismes d’évaluation de leurs interventions, mais dans la réalité, très peu de preuves de cette procédure sont disponibles.

Recommandation : La mise en place d’un mécanisme de coordination des stratégies sectorielles serait une garantie pour assurer la complémentarité et la cohérence des interventions dans le secteur rural.

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Dans le domaine de la recherche, l’analyse de la situation aboutit aux constats et recommandations suivants :

Les acquis disponibles de la recherche correspondent pour l’essentiel aux contraintes identifiées et peuvent valablement contribuer à les lever. Cependant, compte tenu des évolutions des climats et des dynamiques régionales en cours, quelques acquis vont très vite perdre leur validité dans certains sites. Il s’agit notamment des variétés.

Les techniques de gestion de l’eau et de la petite irrigation sont accessibles aux producteurs et n’ont pas de limite de validité. Par contre, l’absence de données fiables sur les réserves en eaux souterraines pour une exploitation à des fins agricoles hypothèque les actions à entreprendre dans le cadre de l’accroissement de la production agricole.

L’utilisation des engrais minéraux est difficile dans le contexte actuel marqué par des prix élevés et la pauvreté des populations rurales qui ne peuvent les acheter. C’est pourquoi, le développement de la pratique du compostage et des engrais verts va contribuer à réduire les coûts de fertilisation et accroitre la production agricole. Ces techniques n’ont pas, pour le moment, de limite dans le temps

La lutte contre les bio-agresseurs dispose des acquis valables pour certaines cultures (niébé, coton). Il est donc indispensable d’envisager des travaux pour déterminer les produits qui sont adaptés aux autres cultures dans le respect de l’environnement et de la santé humaine.

Pour la conservation et la transformation, les résultats actuels permettent de donner les premiers éléments de solution au problème des pertes post-récoltes. Les aspects sanitaires ne sont pas suffisamment pris en compte dans les recherches actuelles. L’amélioration des procédés mérite une attention particulière pour accroitre la rentabilité des opérations de transformation des produits.

En matière de maîtrise de l’eau les recommandations suivantes sont à prendre en compte :

Le développement de la petite irrigation communautaire à maîtrise totale par la réhabilitation et l’extension des anciens petits périmètres irrigués le long des fleuves Chari et Logone ; ainsi que le renforcement des capacités des comités de gestion.

Le développement de la petite irrigation privée par l’introduction des technologies prouvées à faible coût sur la base des expériences réussie de certains pays sahéliens avec l’appui conseil spécialisé.

La promotion des petits barrages et retenues d’eau à but agricole ou pastoral. L’amélioration de la riziculture pluviale des plaines alluviales du sud par la construction des

digues de protection contre les eaux de ruissellement sauvage et les crues fortes des cours d’eau adjacents et surtout l’introduction des variétés améliorées (NERICA).

Enfin l’amélioration des cultures de décrues par la promotion des techniques de conservation des eaux.

Les différentes stratégies sectorielles, et particulièrement les programmes opérationnels en cours, mettent surtout au premier plan la production et la sécurité alimentaire, ainsi que la lutte contre la pauvreté. La création d’activités relative à l’emploi est très rarement mentionnée.

Cette dernière fonction est trop souvent oubliée, et pourtant :

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70-75% de la population tchadienne vivent des activités rurales qui restent le premier secteur d’absorption de main d’œuvre,

En termes de projection démographique, près de 4 Millions de jeunes dont plus du tiers (3 Millions en milieu rural) arriveront sur le marché de travail d’ici l’an 2025.

Au vu de ce constat, d’ici cet horizon, des politiques d’appui à cette catégorie de la population appropriées doivent être mises en œuvre pour éviter des pressions supplémentaires sur les villes.

Ainsi, les stratégies sectorielles élaborées et mises en œuvre par le Gouvernement tchadien devraient en principe prendre en compte non seulement les défis de la Sécurité Alimentaire par une augmentation de la production ou l’amélioration de la productivité agricole, et la lutte contre la pauvreté par le biais des revenus générés, mais également la dimension création d’emplois et particulièrement en milieu rural pour éviter le phénomène d’exode massif des jeunes vers les centres urbains (N’Djamena, Moundou, Abéché, Sarh) qui comptent à elles seules déjà 21,7% de la population.

Pour faire face au déficit alimentaire structurel accompagné d’une pauvreté et la perspective d’un doublement de la population dans 24 ans, le Gouvernement a développé des stratégies, mis en œuvre des programmes et des projets pour relever deux grands défis: assurer la sécurité alimentaire, lutter contre la pauvreté auquel il faut ajouter un troisième qui est de créer des emplois pour tenir compte de l’arrivée importante annuelle de la fraction active de la population sur le marché du travail allant de 220 000 à 230 000 par an en 2010 à près de 500 000 en 2050.