TAWHIDPhilosophie du monothéisme musulman – Ismaïl al-Faruqi

Le principe de la famille – Mariage et divorce

Il est impératif, d'un point de vue religieux et d'un point de vue éthique, que tous les hommes et les femmes puissent se marier.1 Une dot élevée, l'absence d'une habitation, l'éducation et l'emploi ne doivent pas être un obstacle au mariage, pour un sexe comme pour l'autre. Ces points sont devenus des obstacles en Occident à cause de l'importance que l'Occident accorde à la réussite matérielle et du peu de cas que les gens y font de la vertu sexuelle. L'unité familiale étant nucléaire, il est nécessaire, pour les époux qui se marient et qui sont prévoyants, d'avoir acquis l'indépendance économique avant le mariage. La famille musulmane, au contraire, est de facture étendue, incluant les parents, les grands-parents, les hommes avec leurs femmes et leur progéniture. Puisque les femmes ont droit, selon la sharî'a, au soutien de leur mari ou de ceux dont elles dépendent, et puisque l'Islam, conformément au système patriarcal, fait reposer sur l'homme adulte la charge de subvenir aux besoins de la femme, la plupart des hommes et des femmes musulmans se marient jeunes. Pour eux, la capacité de l'époux à avoir acquis à titre personnel son indépendance économique avant le mariage n'est pas un préalable au mariage. Malheureusement les jeunes musulmans se sont occidentalisés à un rythme alarmant, au point qu'il est devenu courant parmi eux de rechercher l'indépendance économique et donc de retarder le mariage jusqu'à avoir atteint cette indépendance. C'est une évolution triste et tragique.

Premièrement, l'indépendance économique personnelle n'est pas un mal en soi, mais le critère de valeur qui se cache derrière peut l'être. Souscrire à ce point de vue présuppose une vision matérialiste du monde, et y adhérer signifie qu'on préfère la famille nucléaire à la famille étendue, conséquence d'un individualisme et d'une subjectivité poussés à l’extrême. L'indépendance économique personnelle est le plus souvent le préalable à l'indiscipliné et à l'indisciplinable. Deuxièmement, retarder le mariage expose les deux sexes à la tentation. Le mariage est un bouclier pour la vertu. Troisièmement, dans la famille étendue, le mariage précoce ne fait pas peser sur les époux de charge impossible à supporter. Il est possible eux deux époux de suivre des études ou travailler, car il y a toujours à la maison des parents affectueux pour entretenir le foyer et élever le enfants. L'islam recommande donc à tous les musulmans de se marier, de le faire à un âge jeune et de toujours choisir de vivre dans la famille étendue.

– La famille étendue

Allah a établi la famille sous sa forme étendue. La shari'a l'a revêtue d'une législation précisant les dépendants vis-à-vis desquels le soutien est obligatoire, et la répartition entre eux des droits de succession. D'une façon générale, tout parent est dépendant, quel que soit le lien de parenté, s'il est dans le besoin et s'il n'a pas dans sa parenté d'homme adulte plus proche et en possession de ses moyens. Les grands-parent et les petits-enfants, les oncles et leurs descendants, ont la priorité. Les descendants et ascendants ont priorité sur les collatéraux. En pratique, le premier modèle de famille musulmane se compose d'une vingtaine de personnes, qui vivent dans un ensemble composé de nombreux espaces, avec une cuisine et un dîwan (salon) où tous les membres de la famille se rassemblent autour des anciens, et où les invités sont reçus.

1 Et parmi Ses signes, Il a crée de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez dans la tranquilité avec elles et Il a mis entre vous de l'affection et de la beauté. Il y a en cela des preuves pour des gens qui réfléchissent (30:21)

Dans ce modèle, la famille musulmane ne souffre pas du fosé des générations, puisque trois générations vivent ensemble. La socialisation et l'acculturation des jeunes sont donc toujours menées à bien, garantissant que la tradition et la culture sont transmises avec le moins d'altérations possible. Ici, le passé est réellement au contact du présent et de l'avenir. Un autre avantage essentiel de la famille étendue est qu'elle offre à ses membres une compagnie, chaque fois qu'ils le désirent, et sur le champ. Et le choix est habituellement large, en fonction de l'atmosphère dominante. Il y a toujours quelqu'un avec qui jouer, plaisanter, discuter, méditer, pleurer ou espérer. C'est un préalable de première importance à la santé mentale. La famille étendue ne manque jamais d'un enfant, d'un adulte, d'une femme, d'un homme, d'une vieille personne plus sage et expérimentée que toutes les autres.

Il est vrai que la famille étendue impose à ses membres discipline et sacrifice mutuel. Il se peut qu'elle réduise parfois leur domaine privé. Mais la vie en ce monde ne permet pas que nous menions nos vies sans discipline ni sacrifice, comme si le monde n'était fait que pour l'individu. Il est certain qu'il est bon de se discipliner et de se sacrifier par altruisme pour les autres. Il est mieux pour nous d'apprendre à la maison comment nous discipliner, entre les mains de ceux qui nous aiment et que nous aimons.

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