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Journal le national #39 web

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ÉCONOMIE

SOCIÉTÉ

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Voler au secours des jeunes de Cité-soleil par CHERISCLER Evens

Quatre millions de dollars américains à la Willbes pour créer 1000 emplois en Haïti Par Henri Alphonse

La société civile doute de l'arbitrage de l'OEA Par Stephen Ralph Henri

HAÏTI / JUSTICE

MERCREDI 15 JUILLET 2015 NUMÉRO 39

WWW.LENATIONAL.HT

QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI

ACTUALITÉ

Un nouveau palais pour la Cour de cassation

HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MIGRATION

Des agents de l’USGPN hissent le drapeau haïtien sur le mât à l’entrée du palais de la Cour de cassation. / Photo : J.J. Augustin

Les membres de la Mission ont discuté avec le président de la République Michel Martelly, le Premier ministre Évans Paul

et sept autres ministres du gouverne-ment, dont Lener Renauld, ministre

des Affaires étrangères ad intérim, dans l’après-midi du 13 juillet au Palais présidentiel. En dehors d’un cahier de charges déjà déposé par les autorités haïtiennes à l’OEA, des informations sur les dernières acti-

vités de déportation et de rapatrie-ment, de la République dominicaine vers Haïti, ont été remis aux envoyés de l’Organisation, en la circonstance.

Une mission de l’OEA (Organisation des États américains) a séjourné du 10 au 14 juillet sur l’île. Objectifs : recueillir les informations et produire un rapport dans le cadre du conflit migratoire opposant Haïti et la République dominicaine. Un document doit être remis au secrétaire général de l’Organisation, Luis Almagro. Les missionnaires de l’organisme ont, entre autres, rencontré des membres de la société civile haïtienne. Ces derniers sont sceptiques quant aux résultats de cette mission.

L'Union européenne s'engage dans l'observation électorale

Par Noclès Débréus

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2 | N0 39 MERCREDI 15 JUILLET 2015

TRIBUNE

Nous sommes nombreux à être sceptiques sur la ques-tion de la nouvelle Haïti. Une Haïti de stabilité et

de prospérité. Une Haïti souveraine et respectable, institutionnalisée et structurée. Où chacun tire son épingle du jeu. Où des opportunités s’offrent à tous et à chacun. Nous en faisons mille et un discours. Nous y écrivons des textes savants traitant des plus grandes théories de développement durable. Nos projections donnent sur le court, le moyen et le long terme. Mais nous sommes très peu à croire dans nos propres discours, très peu à croire que cette Haïti se relèvera.

C’est ici le premier mal haïtien. L’Hypocrisie ! Nous sommes hypocrites ! Nos propos sont insincères. Nous ne sommes ni pieux, ni vertueux. Nos mensonges nous gangrènent. C’est le propre de la politique haïtienne depuis toujours qui trouve sa logique d’existence dans le mensonge, la calomnie, le désordre et l’enrichissement illicite. Et cette pratique donne pour conséquence cette liste innombrable de candidats aux différents postes électifs. Ils viennent de nulle part. Qui sont-ils ? Des citoyens haïtiens.

Certainement. Mais qu’ont-ils accompli ? Pourquoi pensent-ils pouvoir gérer l’État ? En réalité, ont-ils l’intention de gérer ou même de contribuer aux transformations sociopolitiques du pays. Non. Loin de là. La grande majorité ne cherche qu’un djob, un moyen de s’enrichir. Car la politique en Haïti n’est jamais pensée autrement, Haïti elle-même est, et a toujours été une caverne d’Ali baba. Il suffit de connaître la formule magique, secret de polichinelle, « Sésame ouvre-toi » !

Mais encore, après tout cela, c’est à croire que la politique commande tout d’une Nation. Cependant, si la Nation est une âme, un vouloir vivre ensemble comme le veut Danton, énonçons l’hypothèse que la nation haïtienne n’a jamais existé a aucun moment de son histoire. Mon argumentaire ne peut être que bref ici pour m’expliquer : Les rares gouvernants à avoir voulu instituer le vouloir vivre ensemble, n’ont pas du tout été suivis et les autres ont toujours été combattus pour avoir été non seulement nuls mais pire que cela, des mercenaires. Et en cela, nous voyons le deuxième mal haïtien.

Nous sommes tous des mercenaires par cette attitude de je m’en foutisme ou de je m’en fichisme dont nous faisons toujours montre. Nous sommes des fuyards. Nous sommes caractérisés par un individualisme outré. Nos réflexions ne portent que sur notre propre petite personne. Pour nous, il n’est pas de collectif qui tienne. C’est l’exemple de la diaspora haïtienne, des groupes de musique, des associations et même de la Sélection de foot.

Qu’est ce qui expliquerait qu’un joueur sélectionné pour représenter sa terre natale, son pays dans une compétition internationale, abandonne en cours de route ? C’est ce qui se passe pour la Sélection haïtienne dans la Gold Cup de 2015 avec les joueurs Jeff Louis et Jean Jacques Pierre. Ils n’ont pas d’excuse !

Mais ce que je viens d’écrire ne va pas changer la question. Il faut surtout le voir dans la perspective d’une histoire sordide.

Mais en réalité, le problème vient de loin. Nous avons été esclaves. Nous sommes imprégnés par un sentiment de mégalomanie

qui nous étouffe. Nous voulons paraître, nous voulons être aux premières loges, là je ne parle pas du pays, mais de l’être haïtien qui croit pouvoir être sans Haïti. C’est en cela qu’il faut comprendre mes préoccupations improbables. Et celles des mes amis, et aussi celles de tous ceux-là qui ont la prétention de pouvoir mieux guider Haïti vers de nouveaux horizons. Ce n’est peut être pas une question de volonté. Il faudrait y voir une affaire personnelle. Surtout que vous ne serez pas d’avis que je mette dans le même panier tout le monde sans exception ; c’est un choix et je crois que nous sommes tous en cause d’une manière ou d’une autre.

Le mal haïtien est complexe. Un simple texte ne peut nullement le traduire. Je voudrais le dire dans toute son acuité. Mais je n’ai pas de mots pour l’exprimer. Pourtant je le vis tous les jours, j’en fais partie. La nouvelle Haïti naitra-t-elle ? J’ai tellement envie d’y croire ! Mais sceptique, je le suis autant que vous. J’ai commencé à écrire ce texte pour dire les maux d’Haïti et j’ai compris que je n’en finirais pas si je devais les énumérer. Voyez-là un autre mal, l’inconstance !

Haïti et ses maux !Par Jackson Joseph

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MERCREDI 15 JUILLET 2015 N0 39 | 3ACTUALITÉ

Jacques Roche« Tu peux m’enfermer comme un fou, me rendre fou, m’humilier, m’écraser,

m’assoiffer, m’affamer. Me faire signer la reddition de mes combats… Mais

tu ne peux tuer mes rêves. »

Jacques Roche dans son poème « survivre » écrivait ces vers prémonitoires. Il

ne savait pas qu’il allait être la proie des loups, de ces créatures hideuses qui

hantent encore nos rues et qui se promènent en toute impunité parce que notre

système politique et juridique s’est adapté à la reproduction et à la protection

de ces anormaux.

Le poète est mort parce que son amour de la vie, son rêve d’un autre monde,

d’une autre société ont fomenté plus que de la haine. Sa vision a suscité ce qu’il

y a de pire : la peur. Nous sommes plongés dans le chaos et ceux qui vivent de ce

chaos ont peur de la parole qui réveille les morts-vivants. Il y a ceux qui rêvent

aussi, ils sont légions, de venir aux commandes de ce chaos. Ils sont tellement

petits, tellement piètres qu’ils ne peuvent rêver d’autre chose. La fin du chaos

serait pour eux la fin du monde.

La peur a eu raison du poète, mais elle ne peut avoir raison de l’espoir.

Car, que les faiseurs de chaos le veillent ou non, un peuple ne peut cesser de

rêver à un avenir meilleur. Et c’est ce que le poète a clamé toute sa vie. Ne jamais

perdre l’espoir malgré la férocité des monstres.

Jacques Roches aimait la vie dans ce qu’il y a de meilleur. La plupart de nos

rédacteurs le connaissaient et tous ont gardé de lui l’image d’un homme qui

semblait porter sur ses épaules la douleur d’Haïti, mais qui persistait malgré

tout, chaque jour, à cueillir des étoiles avec son cœur. Des imposteurs criminels

ne l’ont pas seulement assassiné. Sur le corps de Jacques, ces imposteurs crimi-

nels ont écrit la noirceur de leur âme. A nous d’en prendre acte à chaque moment

de notre vie de peuple si nous ne sommes pas des fous et des inconscients.

Au National, nous nous inclinons encore une fois devant la mémoire de Jacques

Roche. Ils partent tous trop tôt, nos grands hommes comme si la bêtise sur cette

terre d’Haïti tramait un complot pour nous mettre en mode régression. Pour

sonner le glas de cette conjuration, c’est à nous tous de conjuguer nos efforts,

de faire en sorte que nous devenions grands et forts ensemble. Albert Camus

ne disait-il pas que la grandeur de l’homme dépend de sa décision d’être plus

fort que sa condition ? C’est par cela que nous pourrons, finalement, ensemble,

vaincre ces montres et construire ce pays rêvé par nos ancêtres où le bien vivre

ensemble deviendra la règle.

Gary Victor

Édito

Accord pour la facilitation des échanges au sein des membres de l'OMC

Par Évens RÉGIS

HAÏTI / ÉCHANGES COMMERCIALES

C’est un accord qui a été signé à Bali, lors de la IX Conférence ministérielle de l’OMC. Il vise à astreindre les pays membres

de cette structure à améliorer leur transparence, leur efficacité douanière, ainsi que leur coopération avec les organismes de régulation des frontières et le secteur privé. L’accord, déclare Ghisler Dugat, directeur général du MCI, se révèle important dans le secteur, car avec lui, on peut aboutir à une réduction des coûts de transactions de dédouanement des biens à l’import et à l’export.

L’accord de facilitation des échanges (AFE) contient 36 dispositions. Et il sera contraignant pour tous les 159 États membres de l’OMC. Il contient trois mesures d’application. Les signataires auront le choix entre une mise en œuvre dès l’entrée en vigueur, une mise en œuvre différée ou une mise en œuvre en rapport avec l’acquisition des capacités à travers l’assistance et le support.

Contrairement aux pays qui sont mieux positionnés économiquement sur l’échiquier mondial, l’OMC accorde la possibilité aux pays moins avancés et à ceux en voie de développement de classer eux-mêmes, individuellement, les dispositions de l’accord selon les trois catégories de mesures. Ces derniers auront également la chance de prendre du temps pour se conformer et d’en choisir leur date de mise en œuvre de l’accord.Les ateliers du MCI, selon le

directeur général Ghisler Dugat, sont organisés pour prévenir des inquiétudes au sein des secteurs-clés de la vie économique nationale, au moment de la mise en œuvre de l’accord. Avec cet accord, poursuit-il, les échanges commerciaux vont être effectués beaucoup plus rapidement et les tarifs douaniers vont être diminués.

Les ateliers, c’est justement pour évaluer, notifier les besoins d’Haïti, et ensuite faire des recommandations à l’OMC et aux autres donateurs, afin de recevoir les accompagnements nécessaires, a-t-il ajouté.

Le représentant du Centre de commerce international (CCI), Ezéquiel Mariano Guicovsky Lizarraga, a précisé pour sa part qu’il s’agit d’une initiative pour aider les décideurs et le secteur privé à mieux comprendre les mesures de cet accord, pour que la République soit mieux équipée pour adresser à l’OMC sa requête devant faciliter dans les prochains jours, la mise en vigueur de l’accord sur le territoire national.

Ezéquiel Mariano Guicovsky Lizarraga a par ailleurs informé que son institution va travailler avec les secteurs public et privé d’Haïti, en vue de les aider à mieux interpréter les principes, les obligations, ainsi que les actions concrètes qu’ils doivent mener pour ne pas enfreindre les prescrits dudit accord.

Décembre 2013, les pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont adopté, en Indonésie, un accord pour la facilitation des échanges dont la ratification est prévue pour décembre 2015. Une fois cet accord entré en vigueur, l’OMC va contraindre ses membres à améliorer leurs procédures d’échanges. Afin d’évaluer et d’identifier les besoins nécessaires d’Haïti avant la matérialisation de cet accord, le ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI) a pris les devants, en organisant les 14 et 15 juillet, à l’hôtel Royal Oasis, un atelier de réflexion pour mieux informer les secteurs concernés du bien-fondé de cet accord.

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4 | N0 39 MERCREDI 15 JUILLET 2015

ACTUALITÉ

L'Union européenne s'engage dans l'observation électorale

Par Noclès Débréus

HAÏTI / ÉLECTIONS

Après avoir apporté une con-tribution de cinq millions d’euros au budget électoral, l’Union européenne (UE),

à la demande du gouvernement haïtien, s’est impliquée, cette fois, dans l’observation électorale. En ce sens, un protocole d’entente a été paraphé, ce mardi 14 juillet, entre le Conseil électoral provisoire (CEP) et les responsables de l’UE concernant une mission d’observation électorale pour les élections législatives, prési-dentielle ainsi que les collectivités ter-ritoriales de cette année. Ce même protocole sera aussi signé avec le Premier ministre Évans Paul, le mer-credi 15 juillet 2015, annoncent les responsables.

Après l’Organisation des États américains (OEA) et l’Onu, l’Union européenne, avec cette mission d’observation, est venue augmenter le rang des organismes internation-aux impliqués dans l’observation électorale en Haïti. Cette mission de l’Union européenne, selon Mme Manuela Riccio, chargée d’affaires de l’UE en Haïti, aura pour attribu-tion de fournir une analyse com-plète du processus électoral avec comme boussole la législation haï-tienne ainsi que les normes région-ales et internationales régissant la matière.

Menée par Mme Elena Valenciano, membre du Parlement européen, cette mission d’observation est composée de plusieurs équipes divisées ainsi : une équipe-cadre

formée de 7 experts, 11 équipes d’observateurs de longue durée qui seront déployées dans tous les départements du pays, un mois avant la tenue du scrutin, et 11 équipes d’observateurs de courte durée qui se déploieront le jour du vote. À cela s’ajoutent les obser-vateurs du Corps diplomatique de l’Union européenne accrédités en Haïti, qui participeront également à l’observation des joutes électorales dans le pays.

« La mission électorale fait partie intégrante du soutien que l’UE octroie à Haïti. Elle démontre la solidarité des citoyens européens avec Haïti et notre engagement pour le soutien d’une démocratie moderne et consolidée, essentielle pour la reconstruction et le dével-oppement du pays », a fait savoir Madame Valenciano dans des propos rapportés par Manuela Riccio au moment de signer le protocole. Selon Madame Riccio, qui parlait au nom de la cheffe de la mission, cette délégation d’observation n’entend pas interférer dans le processus électoral, mais elle veillera à ce que la volonté du peuple haïtien soit reflétée le plus fidèlement pos-sible dans les résultats électoraux en toute transparence.

Dans le cadre de ses travaux d’observation, la mission produira une analyse qui couvrira le cadre juridique, la performance de l’administration électorale, les activités de campagne des candi-

dats et partis politiques, le respect des libertés fondamentales, l’action des médias, le vote, le dépouille-ment, l’annonce des résultats, la consolidation des résultats et autres. Dans les douze jours qui suivent le jour du vote, la mission sortira un rapport préliminaire sur ses observations, a informé Manuela Riccio, précisant que cette mission d’observation de l’UE est soumise à un code de conduite qui empêchera toute ingérence dans le processus électoral.

Plus loin, Manuela Riccio a sou-ligné que la mission adhère égale-ment aux principes admis pour l’observation électorale au niveau international. Aussi, dit-elle, cette observation sera menée avec impar-tialité et la plus haute rigueur au service exclusif du droit de vote libre et démocratique.

Ce protocole d’accord paraphé entre l’institution électorale et l’Union européenne traduit le choix du Con-seil électoral provisoire de conduire le processus dans l’objectivité, la vérité et la transparence, a informé de son côté, Pierre Louis Opont, président de l’organisme électoral. « Plus il y a d’observateurs, plus le CEP disposera de témoins », a-t-il dit, avant de renouveler son engage-ment à mener le processus électoral dans le strict respect du décret élec-toral et d’organiser des élections honnêtes et démocratiques à partir du 9 août pour le premier tour des législatives.

Signature d’un protocole d’entente entre le CEP et l’UE sur l’observation des élections législatives. / Photo: Noclès Débréus

Page 5: Journal le national #39 web

MERCREDI 15 JUILLET 2015 N0 39 | 5ACTUALITÉ

ÉCHO

Le CEUEH annonce une marche pacifique pour le 28 juillet

Le collectif des étudiants de l’UEH (CEUEH) n’entend pas laisser passer inaperçue la date du 28 juillet qui ramène le centième anniversaire de l’occupation américaine en Haïti. Il annonce deux journées de réflexions durant lesquelles des conférences débats seront organisées avec les professeurs de l’UEH. Le Collectif se dit contre un carnaval le 28 juillet et programme une marche pacifique pour commémorer cette triste date.

L'inauguration d'un observatoire universitaire binational, fin juilletUn observatoire universitaire binational sera inauguré bientôt en Haïti. Cette structure contribuera au développement socio-économique durable des deux pays en favorisant le dialogue transfrontalier et la coopération bilatérale, à travers l’analyse continue des questions migratoire, d’éducation, d’environnement et de commerce. Les activités seront basées sur la recherche, des réunions, des publications et la formation, qui contribueront à la régulation des relations entre les ressortissants des deux nations, apprend-on.

L'Ocaph, création d'un fonds d'urgence en faveur des déportés

Les Haïtiens déportés ne bénéficient nullement d’un traitement acceptable de la part du gouvernement haïtien, a déploré l’Observatoire citoyen de l’action des pouvoirs publics haïtiens

(Ocaph). Jusqu’à présent, aucune structure sérieuse n’est mise en place pour accueillir les rapatriés, a dénoncé Jhony Célestin, membre de l’Ocaph, qui demande la création d’un fonds d’urgence en faveur des déportés.

Petit-Goâve : armes à feu interdites lors de la campagne électorale

Durant la période de campagne électorale, la Police nationale d’Haïti est la seule institution habilitée à porter des armes à feu dans la commune de Petit-Goâve. C’est ce qu’a indiqué un communiqué de presse de la Direction départementale de l’Ouest, précisant que tout individu surpris en flagrant délit avec une arme à feu (artisanale ou non) tombera sous le coup de la loi. Le communiqué invite par ailleurs « toute personne qui aurait remarqué une motocyclette circulant sans son numéro d’autocollant à le signaler à la police par un appel téléphonique ou par un SMS aux numéros suivants : 509 - 4834-1714 / 509- 4834-1737 ».

IFC va injecter quatre millions de dollars américains dans le textile « International Finance Corporation » (IFC), une institution membre du Groupe Banque mondiale, va investir quatre millions de dollars pour aider la société « The Willbes Haitian S.A. », filiale de l’entreprise sud-coréenne « The Willbes & Co., Ltd », à développer sa capacité de production de vêtements et créer 1 000 emplois supplémentaires à Port-au-Prince d’ici à la fin de 2016. IFC va en outre mobiliser un prêt parallèle de quatre millions de dollars auprès de la Banque interaméricaine de iéveloppement (BID).

Les membres de la mission de l’OEA rencontrent des représentants des organisations de la sociét´civile.

» suite de la première page

La société civile doute de l'arbitrage de l'OEA Par Stephen Ralph Henri

HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MIGRATION

La Mission a également rencontré des organismes de la société civile haïtienne évoluant dans le secteur des

droits humains ou traitant de la question migratoire le dimanche 12 juillet. Parmi ces organisations, on retrouve le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), le Groupe d’appui aux rapatriés et refugiés (Garr), la Fondation Zile, la Commission épiscopale Justice et Paix, le Centre œcuménique des droits de l’homme et le Forum économique.

La directrice de la Commission épiscopale Justice et Paix (Ce-Jilap), apprécie la démarche de l’OEA de dépêcher cette mission. Toutefois, elle croit qu’il n’y a pas « trop d’espoir » sur les impacts du rapport que cette mission va produire en dépit « des beaux souhaits ».

Les perspectives ne sont pas claires, pour la directrice de la Ce-Jilap, qui doute de « la possibilité pour le rapport de l’OEA d’influencer les décisions de la République dominicaine ». La Coordination du Collectif du 4 Décembre est du même avis.

« Nous avons questionné la force que ce rapport pourrait avoir », souligne au National Jean Robert Argant, le coordonateur du Collectif. « Nous espérons quand même que cela arrivera à un point où la République dominicaine sera perçue par la communauté internationale comme un État paria et bandit », ajoute le responsable.

Le doute qu’expriment ces organisations découle du fait que les autorités dominicaines ont déjà négligé des décisions arrêtées par des institutions internationales, dont la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH). En 2005, la CIDH avait condamné les pratiques d’immigration de la République voisine, qu’elle jugeait contraires aux dispositions de la Convention américaine sur les droits de l’homme, un document pourtant signé par l’État dominicain.

Si l’espoir d’un changement de

direction quant aux agissements de la République dominicaine est moindre, la coordination de la Fondation Zile, y voit une possibilité de mobiliser la communauté internationale. « Le rapport en soi va permettre l’interpellation d’autres instances internationales », juge Edwin Paraison, coordonnateur de la Fondation.

Aussi souligne-t-il l’avantage des « recommandations vers les deux gouvernements », qui seront produites par les membres de la Mission. Il croit que ce sera « un rapport très équilibré comportant des données fournies par les deux Républiques ».

Le Garr partage l’idée du Collectif et « espère qu’après le rapport les gens seront beaucoup plus sensibilisés à la cause des migrants », déclare Saint-Pierre Beaubrun, coordonateur du Groupe. « La solidarité internationale (…) et la pression morale sur la République dominicaine » que pourra provoquer le rapport des missionnaires sont d’autres valeurs positives que souligne Beaubrun.

Le Garr a remis aux membres de la Mission un document contenant, essentiellement, des textes qu’il a produits sur les actes de déportation et de rapatriement.

Par ailleurs, les membres de la mission de l’OEA ont rencontré des organisations de la société civile dominicaine, des entrepreneurs ainsi que les dirigeants dominicains, les 10 et 11 juillet. Cette mission, conduite par le secrétaire aux Affaires politiques de l’OEA Francisco Guerrero, est effectuée à la demande du secrétaire général de l’Organisation, Luis Almagro, et des des autorités des deux pays.

Après la rencontre avec la mission de l’OEA, les dirigeants dominicains ont expliqué à la presse qu’ils exigeaient des excuses publiques de la part des dirigeants haïtiens. La République dominicaine nie avoir déjà commencé avec le processus de déportation et de rapatriement. Or, les personnes déportées en Haïti témoignent qu’elles

ont été contraintes par des militaires et des policiers dominicains de monter dans des bus qui les ont conduites à la frontière.

De leur côté, les organisations des droits humains en Haïti voient le retrait de l’arrêt 168-13 adoptée par la Cour constitutionnelle dominicaine en date du 23 septembre 2013 comme la solution à trouver. Cette disposition dénationalise tous les Dominicains

nés en République dominicaine de parents étrangers depuis 1929. Cette décision avait engendré la création d’un Plan national (dominicain) de régularisation des étrangers (PNRE) qui a duré une année et qui est arrivé à terme le 17 juin 2015. Ce programme a servi de contexte pour nourrir l’idée de déportation et de rapatriement à Saint-Domingue. Et depuis, plus de 40 mille personnes ont été refoulées vers Haïti.

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6 | N0 39 MERCREDI 15 JUILLET 2015

ACTUALITÉ

Un nouveau palais pour la Cour de cassation

Par Lionel Edouard

HAÏTI / JUSTICE

Comme à l’accoutumée, à chaque grande inaugura-tion, c’est par une céré-monie religieuse qu’a débuté

l’événement. Le cardinal Chibly Lan-glois qui officiait, tout en présentant ses sympathies aux victimes de la dernière catastrophe survenue en Chine Taïwan, a imploré la bénédic-tion de Dieu sur les nouveaux bâti-ments qui devront loger la Cour de cassation.

Le président de cette cour, Me Jules Cantave, a enchaîné pour expliquer que cette inauguration est un événement attendu depuis trois ans. Il a aussi rappelé la terrible catastrophe du 12 janvier 2010, durant lequel le bâtiment du Palais de justice qui logeait la Cour de cassation, construit en 1928, s’était effondré. « Nous avions beaucoup perdu, notamment en vies humaines », a-t-il dit, appelant à observer une minute de silence en l’honneur des nombreuses victimes.Puis, vantant la taille et l’élégance architecturale de ce nouveau bâtiment qui, selon lui, est l’un des plus beaux acquis dans le cadre de la reconstruction postséisme, Me Cantave a remercié Taiwan pour son aide financière qui a servi à la matérialisation de ce projet.

Des relations

en bonne santé...

Le président de la République, Michel Martelly, avant de débuter son allocution, a également demandé une minute de recueillement, cette fois, en l’honneur des victimes de l’explosion du 27 juin 2015 qui a fait plus de 500 blessés dont 200 graves dans un parc aquatique à Taipei, capitale du Taïwan.

Ensuite, M. Martelly a mis l’accent sur le renforcement continu des liens de coopération entre les deux pays, depuis l’entame des relations

diplomatiques en 1956. Cela s’est traduit, a-t-il poursuivi, par un partenariat axé sur le développement et le renforcement des capacités du gouvernement haïtien en vue de faciliter les efforts de reconstruction.

« Le chemin de la reconstruction phy-sique du pays est très long, un chemin que l’État haïtien n’arrivera pas à parcourir seul mais, avec le support de l’international et la détermination de mon administration, nous y arriv-erons sûrement », a dit le président Martelly, qui a également expliqué le choix de la construction du Palais de la Cour de cassation, par le fait que le président Ma Ying-Jeou est lui-même un juriste qui a été ministre de la Justice à Taïwan entre 1993 et 1996.

« Cet ouvrage constitue un témoignage de notre profond respect pour la justice », affirme le président Martelly qui y voit un symbole de la suprématie du pouvoir judiciaire dans ses rapports de dépendance avec les deux autres pouvoirs. Aussi soutient-il, pour un pouvoir prédisposé à la distribution de la justice, selon le droit et un mode impartial, il est normal qu’il soit mis en valeur à travers des locaux qui optimisent les conditions de travail.

La sécurisation des dossiers judiciaires et un environnement favorable au travail des juges sont les autres qualités de cet ouvrage construit selon les normes parasismiques, mises en exergue par le chef de l’État haïtien. Par ailleurs, il garantit l’entière collaboration du MJSP qui devra travailler avec la justice pour le plus grand bien de la population. Avant de commencer son allocution, le président Ma Ying-Jeou a, de son côté, remercié les autorités haïtiennes pour leur compassion à l’endroit des victimes de l’explosion au parc aquatique à Taipei. « Le nombre d’hospitalisés ne cesse de baisser », a-t-il informé. S’adressant en français à l’assistance, il s’est dit fier d’inaugurer ce nouveau bâtiment, fruit de l’amitié entre la République de Chine Taïwan et Haïti. Puis, il a enchaîné sur une note plutôt humoristique en disant : « Mesdames et Messieurs, c’est tout ce que je connais en français. »

Renouvelant la volonté de son pays de continuer à accompagner Haïti, le président Ying-Jeou croit que ce nouveau local pour la Cour de cassa-tion marque la volonté du président Martelly de bâtir un État de droit en Haïti. Aussi a-t-il tenu à souligner

des domaines de coopération entre les deux Républiques qui compren-nent, notamment, la santé publique, le relogement des sinistrés, les infra-structures et l’intégration des enfants. Au Palais national, le président Ying-Jeou a informé que l’ambassadeur de Taïwan en Haïti sera instruit d’explorer d’autres champs de coo-pération entre les deux pays, notam-ment le secteur énergétique (énergie solaire).

Au Palais national, le président Michel Martelly, qui accompagnait son homologue devant la presse, a, quant à lui, renouvelé la volonté d’Haïti de rester aux côtés de Taïwan dans ses prises de position à travers les insti-tutions internationales. Car, croit-il, la coopération entre les deux pays est bénéfique pour l’humanité.Financé à hauteur de 15 millions 300 mille dollars par le gouvernement taïwa-nais, selon le président Martelly, ces travaux ont été réalisés par la firme Overseas Engineering Construction Company et supervisés par l’Unité de construction de logements et de bâtiments publics (UCLBP). Lancés en août 2013, ils ont duré vingt-trois mois. Le bâtiment est conçu selon les normes parasismiques, pour résister à un tremblement de terre de magni-tude 9 sur l’échelle de Richter.

Établi sur une superficie de 4 262 m2, le palais de la Cour de cassa-tion comporte trois étages. Le pre-mier niveau, d’une superficie de 1 415 m2, abritera un espace de stationnement d’une capacité de 24 voitures. Le deuxième niveau occu-pera une superficie de 1 462 m2 et abritera notamment les bureaux des juges, du commissaire et des substituts-commissaires du gouver-nement. Le bureau du président de la Cour, d’une superficie de 54 m2, se trouvera au troisième niveau du bâtiment qui s’étend sur une super-ficie de 1 421 m2.

Le président Michel Martelly et son homologue taïwanais inaugurent le palais de la Cour de cassation / Photo: J.J. Augustin

En présence de nombreuses personnalités du Gouvernement, du Corps diplomatique et du pouvoir judiciaire, le chef de l’État haïtien, Michel Joseph Martelly, et son homologue de la République de Chine (Taïwan), Ma Ying-Jeou,ont inauguré, au Champ de Mars, les nouveaux locaux devant abriter la Cour de cassation, la plus haute instance du pouvoir judiciaire en Haïti.

» suite de la première page

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Alors que la campagne élec-torale est lancée, le climat de sécurité reste encore délé-tère. Candidats, dirigeants

politiques, responsables de l’appareil électoral, personne n’est à l’abri de cette vague d’insécurité qui déferle sur le pays. Durant le weekend écoulé, plusieurs cas de violences liées à la question électorale ont été recensés dans le Sud-Est et dans l’Artibonite où trois individus lourdement armés avaient investi la résidence privée de Claudel St-Hilien, président du Bureau électoral départemental (BED) de ce département.

Certains départements, dont l’Artibonite et le Sud-Est, ayant la réputation de « zones rouges » sont le théâtre de certains actes de violences en ce début de campagne électorale. Dans le Sud-Est, les sym-pathisants du Parti haïtien Tèt kale (PHTK) ont frappé fort, en giflant un propriétaire de maison qui se serait opposé à ce que des photos de leurs candidats soient collées sur les murs de sa résidence. En réac-tion, ce propriétaire aurait blessé l’un de ces colleurs de photos à coups de pique, selon des informa-tions recueillies auprès des témoins de cette scène qui s’est passée dans la localité de Beaudouin (une banli-eue de Jacmel).

À Bainet, toujours dans le Sud-Est, un partisan de Joseph Lambert a failli y laisser sa peau en collant sur les murs d’une maison privée des photos de « Papa Tounen », surnom attribué à l’ancien sénateur Joseph Lambert. Alors que l’article 115 du décret électoral édicte clairement que les candidats et candidates, partis et groupements politiques peuvent utiliser tout moyen de communication collective pour exposer leur programme. Cependant, il leur est interdit d’apposer affiches, graffitis et autres sur les clôtures, murs, portes des maisons privées, des édifices d’intérêt public (lieux de cultes, écoles, hôpitaux, monuments historiques, etc.) sous réserve des sanctions prévues dans ledit t décret. Les candidats ainsi que leurs sympathisants semblent avoir oublié cette disposition légale en apposant librement leurs affiches sur les murs des maisons privées.

Déjà, la semaine écoulée, des individus non identifiés ont fait irruption dans la résidence de Raymond Jean-François, candidat à la mairie de la commune de Bainet, sous la bannière du parti Fusion des sociaux-démocrates. Kensy Jean François, un mineur de 16 ans, neveu du candidat, a été blessé par balle et les envahisseurs avaient emporté des documents appartenant au candidat.

Dans la commune de Belle-Anse, des inconnus armés avaient aussi tiré sur la résidence de Garraud Historique,

membre du parti « Renmen Ayiti », de Jean Henry Céant.L’inquiétude est grandissante durant cette période électorale. Des membres de l’institution électorale avaient dénoncé un complot ourdi contre eux.

Des organisations de défense des droits humains ainsi que d’autres organisations de la société civile sont montées au créneau pour dénoncer une vague de violences durant cette période électorale. Dans un rapport, le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), le Conseil haïtien des acteurs non étatiques (Conhane) et

le Conseil national d’observation des élections (CNO) ont exigé des autorités concernées une attention particulière sur le développement de la violence préélectorale.

À Petit-Goâve où la situation de sécurité est déjà précaire, le rapport a fait mention de plusieurs groupes armés qui se seraient emparés de la ville. Certains quartiers de cette commune sont déclarées « zones rouges » et les citoyens ne peuvent y circuler librement. Ces organisations préviennent qu’au cas où cette situation perdurerait jusqu’au jour du scrutin, beaucoup d’électeurs ne pourront pas voter.

Au fil des jours, les cas de violences augmentent alors que la Mission des Nations unies pour la stabilisation d’Haïti (Minustah) s’est désengagée dans six départements, parmi lesquels figurent ceux qui sont réputés chauds en période électorale.

Face à cet environnement d’insécurité, la Police nationale semble de plus en plus avoir du pain sur la planche, et la population, aux abois, attend impatiemment la mise en œuvre du plan de sécurité longtemps annoncé par l’inspecteur Gary Desrosiers, porte-parole de l’institution policière.

MERCREDI 15 JUILLET 2015 N0 39 | 7ACTUALITÉ

Gare aux violences électorales ! Par Noclès Débréus

HAÏTI / ÉLECTIONS

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8 | N0 39 MERCREDI 15 JUILLET 2015

MONDE

François Hollande s’est posé mardi en président « audacieux », lors de sa traditionnelle interview du 14 juillet, mettant en avant son rôle face à la crise grecque et à la menace terroriste, sans pour autant dévoiler ses intentions pour 2017.

« Je ne dis pas que c’est la France qui a gagné » mais elle a « occupé toute sa place », joué « tout son rôle » pour éviter une sortie d’Athènes de la zone euro, a affirmé le président de la République, au lendemain l’accord européen obtenu à l’arraché à Bruxelles.

Il a souligné à l’inverse « un moment d’interrogation » chez la chancelière allemande Angela Merkel qui, de son côté, a envisagé un « Grexit ».A l’offensive, M. Hollande a annoncé qu’il allait faire des propositions pour « un gouvernement économique européen » et l’instauration d’ « un budget de la zone euro ».

« L’humiliation, c’eût été de chasser » la Grèce, a-t-il aussi déclaré, alors que les conditions de son maintien dans la zone euro sont extrêmement contraignantes. Selon lui, les réformes prévues doivent permettre aux Grecs de « retrouver de la croissance ».

Le chef de l’État, qui a bouclé son interview en direct sur France 2 et TF1 en trois quarts d’heure chrono, a souhaité aux journalistes

David Pujadas et Claire Chazal, de connaître « des présidents aussi audacieux » que lui, insistant sur les « 40 milliards de baisse de charges pour les entreprises » du pacte de responsabilité et la mise en place d’un « nouveau dialogue social », engagés depuis 2012.

Six mois après les attentats de janvier à Paris et trois semaines après celui de Saint-Quentin-Fallavier, il a assuré que l’exécutif ne baisserait pas la garde face à la menace terroriste. « Rien ne sera relâché », « nous sommes mobilisés », a-t-il dit, soulignant que « 10 000 militaires seront maintenus sur le territoire » en plus des 20 000 policiers et gendarmes.

Sarkozy n’est pas sur ma table de travail

A propos des déclarations controversées de son Premier ministre, Manuel Valls, qui avait parlé fin juin une « guerre de civilisation » contre l’islamisme radical, M. Hollande a nuancé, soulignant « nous sommes face à des groupes qui veulent mettre en cause les civilisations, toutes les civilisations » et « les premières victimes sont musulmanes ».

M. Hollande a aussi estimé que l’accord « très important » conclu sur le nucléaire iranien, au terme de 21 mois de négociations, était la

preuve que « décidément le monde avance ».A 22 mois de la fin de son mandat, M. Hollande, toujours très impopulaire et sans résultats probants sur le front économique et social, a admis que même si la croissance « est là », elle est encore « trop faible » (1,2 % en 2015, selon l’Insee).

Le chef de l’État a promis d’activer tous les « facteurs de croissance ». Les décrets de la loi Macron, que le gouvernement veut décisive pour relancer l’économie, seront « pris pour l’été », ce qui va « libérer un certain nombre d’activités ».

Sur le plan politique, à cinq mois des régionales de décembre, dernier test électoral avant la présidentielle, M. Hollande, déjà lancé dans une précampagne qui ne dit pas son nom pour 2017, s’est toutefois refusé « à annoncer quelque candidature que ce soit ».Face aux crises internationales et aux difficultés économiques, « si je pensais à l’élection présidentielle, je serais à côté du sujet », a-t-il considéré, réaffirmant qu’il entendait être jugé « sur les résultats ». « S’il n’y a pas de baisse du chômage, je ne me représenterai pas », a-t-il rappelé

Quant à son challenger Nicolas Sarkozy qui multiplie les attaques contre lui, il l’a balayé d’un revers de main: « J’ai suffisamment de

sujets à traiter, celui-là n’est pas sur ma table de travail ».

Le président de la République a également assuré que Manuel Valls, « un bon Premier ministre qui a pris des engagements », avait vocation à « terminer le quinquennat » à ses côtés.

M. Hollande a aussi laissé la porte ouverte à un retour des écologistes au gouvernement. En prévision de la conférence climat en décembre à Paris, « ceux qui veulent apporter leur concours sont les bienvenus et je ne vais pas faire de contrôle à l’entrée », a-t-il lancé à leur adresse.

Alors que le PS a approuvé sans surprise l’intervention présidentielle, l’opposition a critiqué un exercice d’autocélébration. « Hollande en mode autosatisfaction déconnectée des réalités », a attaqué dans un tweet l’ex-ministre Nadine Morano (Les Républicains), rejointe par Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) qui a critiqué « un nouvel exercice d’autocélébration de sa politique, pourtant dénuée de tout résultat ».

Dans la même veine, la présidente du FN Marine Le Pen, a critiqué le « satisfecit » de M. Hollande qui « continue à mentir aux Français », tandis que le Front de gauche a dénoncé « une politique contraire aux intérêts de la France. »

Hollande se pose en président « audacieux » sur la Grèce et face à la menace terroristesources : AFP

Le président français François Hollande au palais de l’Elysée à Paris le 14 juillet 2015. / Photo : AFP / POOL / AFP

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MERCREDI 15 JUILLET 2015 N0 39 | 9MONDE

L’Iran et les grandes puissances ont conclu mardi un accord historique mettant fin à douze années de tensions autour du

dossier nucléaire iranien et ouvrant une « nouvelle page » dans les rela-tions internationales.

L’accord rend quasi impossible la construction d’une bombe atomique par Téhéran et marque le début d’une normalisation des relations de ce pays de 77 millions d’habitants, aux riches ressources pétrolières et gazières, avec la communauté internationale.

L’UE, l’ONU, Téhéran ou encore Londres ont salué un accord « historique », tandis que Moscou poussait « un soupir de soulagement » au terme d’un véritable marathon diplomatique.

Les 109 pages de l’accord limitent les ambitions nucléaires de Téhéran en échange de la levée progressive et réversible des sanctions qui étouffent son économie.

Ce succès diplomatique, conclu après deux ans de négociations acharnées, referme un dossier qui empoisonnait les relations internationales depuis 2003.

Ce dénouement intervient à un moment où le Proche-Orient est déchiré par de nombreux conflits, dans lesquels l’Iran est impliqué.Paris a appelé l’Iran à se saisir de l’occasion pour « aider à en finir » avec le conflit en Syrie. A Damas, le président Bachar al-Assad a félicité son allié iranien chiite pour sa « grande victoire ».

Même les Emirats arabes unis -un pays sunnite- ont estimé que cet accord pouvait être une « occasion d’ouvrir une nouvelle page dans les

relations entre les pays de la région du Golfe ».A l’inverse, Israël a immédiatement dénoncé une « erreur historique », qui va permettre à l’Iran de financer sa « machine de terreur ». « Israël n’est pas lié à cet accord avec l’Iran (....) Nous saurons toujours nous défendre », a menacé le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

C’est la première fois qu’un accord à ce niveau lie la République islamique et les Etats-Unis depuis la rupture de leurs relations diplomatiques en 1980.

« Cet accord nous donne une chance d’aller dans une nouvelle direction », a commenté le président américain Barack Obama, tout en soulignant qu’il était fondé sur les vérifications « et pas sur la confiance ».

Deux semaines après la réconciliation avec Cuba, le président démocrate marque d’une nouvelle pierre blanche diplomatique la fin de son dernier mandat.

L’épilogue est également un succès pour le président iranien Hassan Rohani, pour qui l’accord pourrait « éliminer peu à peu la méfiance » entre les ennemis historiques. Le chef de l’Etat, un modéré, a promis que son pays ne se doterait « jamais » de la bombe atomique.

Accès limité

L’entente a été arrachée à l’issue de 18 jours d’un dernier round de négociations, un final d’une longueur sans précédent depuis les accords de Dayton qui ont mis fin à la guerre de Bosnie-Herzégovine en 1995.

L’accord met en œuvre de grands

principes actés à Lausanne en avril: Téhéran s’engage à réduire ses capacités nucléaires (centrifugeuses, stock d’uranium enrichi...) pendant plusieurs années et à laisser les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) procéder à des inspections plus poussées.

Le but est de rendre quasiment impossible la possibilité pour l’Iran de fabriquer une bombe atomique, tout en assurant à Téhéran, qui nie avoir jamais eu l’intention de se doter de la bombe, le droit de développer une filière nucléaire civile.

Une fois les installations iraniennes réduites, selon les termes de l’accord, il faudrait en effet un an à Téhéran pour fabriquer une bombe, contre deux à trois mois aujourd’hui.

En échange, l’Iran bénéficiera progressivement d’une levée des sanctions internationales adoptées depuis 2006 par les Etats-Unis, l’Union européenne et l’ONU et qui brident l’économie du pays.

Les premières sanctions pourront être levées à partir du premier semestre 2016 si la République islamique respecte ses engagements. En cas de violation de l’accord, elles pourront être rétablies. Et cette réversibilité durera quinze ans.

En revanche, l’interdiction du commerce des armes a été reconduite pour cinq ans, sauf autorisation spécifique du Conseil de sécurité. La demande de l’Iran, soutenue par Moscou, de lever cet embargo a été un des principaux points de blocage des discussions. Autre sujet délicat: la possibilité

pour les inspecteurs de l’AIEA de se rendre sur les sites militaires iraniens. Finalement, Téhéran a accepté de leur permettre un “accès limité” à certains sites.

De travers

Les milieux économiques se tiennent prêts à revenir dans ce pays qui dispose des quatrièmes réserves de brut au monde et des deuxièmes de gaz. L’Iran, un pays de l’Opep, pourra à terme exporter à nouveau librement son pétrole.

Les prix du pétrole perdaient du terrain mardi dans les échanges européens après l’annonce de l’accord qui se traduira par un afflux de brut dans un marché déjà plombé par un surplus d’offre.

Les Iraniens, qui ont élu Hassan Rohani à la présidence en 2013 sur la promesse de levée des sanctions, attendaient un tel accord avec impatience.

« Quand le monde nous reconnaîtra comme un pays pacifique (...) les investissements étrangers vont affluer et cela aura un impact positif sur la vie des gens », a estimé, à Téhéran, Hamid Bahri, un ingénieur de 34 ans.

Mais les tenants d’une ligne dure en Iran aussi bien qu’aux Etats-Unis n’ont cessé d’exprimer leur hostilité aux discussions.

A Washington, l’accord doit désormais être soumis au Congrès, contrôlé par les Républicains qui sont très méfiants envers Téhéran. L’accord doit également être endossé par le Conseil de sécurité de l’ONU, une formalité qui doit intervenir d’ici « quelques jours », selon Paris.

Accord historique sur le nucléaire iranien après 12 ans de crise Sources : AFP

Les principaux diplomates qui ont œuvré à la conclusion d’un accord sur le nucléaire iranien posent le 14 juillet 2015 à Viennes. / Photo : AFP / JOE KLAMAR

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10 | N0 39 MERCREDI 15 JUILLET 2015

ÉCONOMIE

Quatre millions de dollars américains à la Willbes pour créer 1000 emplois en Haïti Par Henri Alphonse

Elle importe ses matières pre-mières de la République dominicaine, confectionne ses vêtements en Haïti et les

vend aux Etats-Unis d’Amérique. Preuve, s’il en est encore besoin, que les affaires n’ont pas de frontières, encore moins d’état d’âme.

La Société financière internatio-nale (SFI - FIC), une institution membre du groupe de la Banque mondiale, investira quatre mil-lions de dollars, soit 224 millions de gourdes au taux en vigueur sur le marché des changes (56 gourdes pour un dollar US), pour aider la société Willbes à développer sa capacité de production de vête-ments et à créer environ 1000 emplois à Port-au-Prince d’ici à la fin de 2016.

La SFI envisage de mobiliser un prêt parallèle de quatre millions de dollars auprès de la Banque interaméricaine de développement (BID) pour aider la Willbes à con-solider sa situation financière. Ces ressources supplémentaires per-mettront à la société de se doter, par ailleurs, de nouvelles lignes de

production.

D’un autre point de vue, ce financement favorisera – selon la SFI – le développement du secteur vestimentaire en Haïti, une composante essentielle de l’économie nationale et une source majeure d’investissements étrang-ers et d’emplois. Ces dernières années, les exportations de vête-ments ont représenté quelque 90 % des exportations d’Haïti. « Ce partenariat conclu avec IFC, favorisera l’expansion de Willbes et la prospérité du secteur haïtien de l’habillement », s’est félicité M. Byung-Hyun Jun, président directeur général de la Willbes.

Il reste convaincu qu’Haïti est en mesure de devenir l’un des pro-ducteurs les plus compétitifs de vêtements de confection. « Et nous sommes prêts à prendre part à cette croissance », a-t-il promis.Luc Grillet, responsable principal pour l’Amérique centrale et les Caraïbes à la SFI, témoigne de la détermination de l’institution à soutenir le secteur privé haïtien par l’intermédiaire d’entreprises

qui, comme la Willbes, « créent des emplois et des débouchés permet-tant à la population d’améliorer ses conditions de vie ». Une démarche qu’il inscrit dans le cadre d’une stratégie visant à « favoriser la croissance dans un secteur priori-taire et à produire ainsi des emplois et des recettes d’exportations pour l’économie haïtienne ».

Un portefeuille assez garni

Le portefeuille de la SFI en Haïti s’élève à 122 millions de dol-lars dont 24 ont été mobilisés auprès d’autres partenaires. La SFI intervient dans des secteurs comme l’hôtellerie, l’énergie, les marchés financiers et le secteur manufacturier. Dans le cadre de ses programmes consultatifs avec le secteur privé et les autorités nationales, elle facilite l’accès au financement, soutient les parte-nariats public-privé, favorise l’amélioration du climat de l’investissement en Haïti et apporte son soutien aux programmes desti-nés à rehausser la productivité des petites et moyennes entreprises.

La Willbes

La Wilbes est une entreprise tex-tile sud-coréenne de confections, installée au Parc industriel de Port-au-Prince depuis plus de 10 ans et offrant des emplois à quelque 4500 personnes. Cette filiale de l’entreprise sud-coréenne The Willbes & Co. Ltd, a su tirer profit des avantages offerts par la loi Help, ci-devant Hope.

Elle bénéficie également des exemptions de taxes et autres avantages offerts par le gouver-nement haïtien aux industries de sous-traitance installées en Haïti. Elle conseille également à la Kotra, l’agence sud-coréenne de promotion d’investissements qui l’a honoré en juin 2010 « pour sa constance et l’immense travail réalisé en Haïti ».

La SFI

Membre du groupe de la Banque mondiale, la SFI - IFC - est la plus importante institution mondiale d’aide au développement dont les activités concernent exclusivement le secteur privé. Elle collabore avec des entreprises privées dans une centaine de pays et consacre son capital, son expertise et son influ-ence à l’éradication de l’extrême pauvreté et à la promotion d’une prospérité partagée.

Au cours de l’exercice quatorze , SFI-IFC a fourni plus de 22 mil-liards de dollars de financements pour améliorer les conditions de vie dans les pays en développe-ment et résoudre les problèmes de développement les plus urgents.

INDUSTRIE TEXTILE

Quatre millions de dollars à la Wilbes pour créer 1 000 emplois en Haïti. / Photo: ukrmillers.com

RENCONTRE ENTRE LE MPCE ET LE GROUPE G12+

Le cadre de coopération de l'aide externe au développement sera réexaminé Source : MPCE

Consolider les actions en cours. Étudier ensemble les pistes de coopération. Deux objec-tifs que se sont donné les

responsables du ministère de la Plani-fication et de la Coopération externe et ses partenaires du groupe G12+ dans le cadre de l’accompagnement au gouvernement d’Haïti.

Cette première rencontre dite « consolidée » - ce sont les termes utilisés par le bureau de Communication du MPCE - était l’occasion d’une évaluation conjointe de l’impact des efforts

consentis jusque là par les parties prenantes du processus de coopération en cours.

Selon un communiqué du Bureau, le ministre Yves Germain Joseph a fait état, au cours de la rencontre, de l’adoption d’un ensemble de dispositions garantes d’une meilleure gestion, en rapport avec la mission, les fonctions et attributions du MPCE. Se référant au Cadre de Coopération de l’Aide Externe au Développement (CAED), le Ministre a informé les membres du G12+ présents à cette

réunion qu’il avait constitué une commission chargée d’évaluer la situation du CAED et de faire le cas échéant, des propositions en vue de la relance de ses activités.

La nécessité de reformater le secrétariat technique de coordination est la thématique qui a retenu l’attention des parties. L’obligation de maintenir un rythme raisonnable de tenue de comités d’efficacité de l’aide fut aussi évoquée par le ministre Germain qui a recommandé dans la foulée la formulation de critères d’analyse

et d’évaluation du mécanisme conjoint de coopération.

Le Ministre Joseph s’est porté garant de l’engagement du MPCE à travailler au renforcement des Unités d’Etudes et de Programmation (UEP), qui conditionnent le bon fonctionnement des tables sectorielles et techniques. Il a particulièrement insisté, au cours de la rencontre, sur la nécessité d’adopter le principe « coûts-bénéfices » dans le cadre de la programmation de l’investissement public.

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MERCREDI 15 JUILLET 2015 N0 39 | 11ÉCONOMIE

Développement économique. Équité sociale. Équité intergénérationnelle. Trois dimensions du développement soutenable mises en discussion, ce week-end écoulé, au Champ de Mars par un groupe d’étudiants issus de différentes facultés de l’université d’État d’Haïti et des universités privées de la place.

Le développement durable, ce nouveau paradigmePar Therno N. A. Sénélus

DÉVELOPPEMENT ET ÉQUITÉ

Nouveau mode de développe-ment officiellement proposé par la conférence des Nations unies pour l’environnement

(CNUED) et la Banque mondiale, il y a vingt-cinq ans environ, le concept de développement durable a servi de toile de fond au discours des politici-ens haïtiens notamment les candi-dats aux prochains scrutins. Il n’est pas nouveau en Haïti mais il parait utopique, à en croire les différents points de vue de certains étudiants.

Dans le cadre d’un « vox Pop » réalisé avec ces étudiants, autour de ce débat contradictoire, l’approche économique était privilégiée pour conduire les réflexions axées sur les problèmes socio-économiques et politiques du pays.

Avec des argumentaires persuasifs relatifs aux conditions vie de la population haïtienne, Julsaint Alsain, étudiant en Sciences économiques, se montre très préoccupé par le langage de ces hommes politiques qui utilisent le concept de développement durable pour satisfaire leurs propres besoins et laisser sans solution les problèmes socioéconomiques du pays. Lors de ces réflexions, Julsaint Alsain a dit croire que le développement soutenable ne doit pas faire l’objet de définition et de discours. Le pragmatisme sur le tas s’avère nécessaire. Chaque jour nous utilisons ce concept mais rien n’est véritablement fait pour sortir le pays du marasme économique qui le paralyse. Nous vivons l’ère des produits importés.

Il en a profité pour faire remarquer que la gourde qui perd de sa valeur risque d’aggraver davantage la situation économique des secteurs vulnérables de la population.

Tenant compte de la précarité de la vie dans nos communes, le coordonnateur national du Conseil national de la sécurité alimentaire, Gary Mathieu, a indiqué que Thiotte, Grand Gosier, Anse-à-Pître, Baînet et Côte-de-Fer, dans le département du Sud-Est, les communes de la Gonâve et de Fonds Verettes dans l’Ouest ainsi que le Bas Nord-Ouest, sont en situation de sécheresse.

Abondant dans le même sens, l’étudiant Julsaint Alsain précise que toutes les sections communales sont en situation de sécheresse et qu’il s’agit d’une crise alimentaire poussée. Pour lui, depuis toujours, le pays fait

face à une terrible sécheresse.

Illusion monétaire et dumping social

Pour raffermir ses opinions, Eslet Latouche, pose le problème sociétal en parlant de la rareté de l’eau à travers le pays, la crise alimentaire, la perte des denrées agricoles des paysans, le chômage, les sous-emplois et la sous-rémunération et la fluctuation. Elle sait que ces problèmes ne datent pas d’aujourd’hui : « ce problème n’est pas récent.

Mais il surgit à cause du manque de leadership de nos dirigeants. Si dès le départ on avait forgé un programme sectoriel efficient pour renforcer la capacité des agriculteurs haïtiens, ce problème n’aurait pas existé ».

La promotion des entreprises locales via l’agriculture serait

très importante pour les paysans, déclare-t-il, ajoutant que « les employeurs œuvrant sur le sol national ne tiennent pas compte des modes et niveaux de vie des employés. Le coût de la vie devrait interpeller les patrons afin de repenser le salaire des ouvriers »

. Au cas où la classe patronale ne penserait pas aux conditions de vie de ces employés qui vivent toujours dans des situations difficiles, le dumping social reprend vigueur.

« Nous devons nous mettre au travail pour replacer le pays dans la sphère économique des autres pays des Caraïbes » martèle-t-il. Et d’ajouter : « lorsque le revenu d’un employé est inférieur à ses dépenses on est dans une situation d’illusion monétaire qui conduirait effectivement au « dumping ».

En vue de corroborer les réflexions

des deux étudiants, Marline Bablois, mémorante en gestion des affaires, fustige le laxisme des autorités qui, jusqu’à date, ne font rien pour pallier le problème de la dégringolade de la gourde.

Elle croit, cependant, qu’il faut repenser Haïti sur le plan socioéconomique et politique. « La disette, le chômage, l’inaccessibilité aux besoins sociaux de base sont, entre autres, mes préoccupations ».

Elle a, par ailleurs, précisé que le développement durable ne doit pas servir de discours politique. Les problèmes sociaux, économiques et environnementaux doivent être pris en compte.

À cet effet, il faut lutter pour un développement économique efficace et une équité sociale. Si les besoins présents ne sont pas satisfaits, qu’en est-il des besoins futurs ? s’est-elle interrogée.

« Ces hommes politiques qui utilisent le concept de développement durable pour satisfaire leurs propres besoins et laisser

sans solution les problèmes socioéconomiques du pays ». / Photo : horbourg-wihr.fr

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12 | N0 39 MERCREDI 15 JUILLET 2015

ÉCONOMIE

INNOVATION ET CROISSANCE

Les incubateurs en perspectiveSource : La Documentation française

La création d’entreprises prépare le renouvellement et l’adaptation de l’économie, c’est à dire le futur. Les responsables économiques ont progressivement pris conscience de la nécessité de l’encourager, et plus encore, de ne pas la décourager.

Les économistes conviennent maintenant de l’existence de liens directs entre le niveau de création d’entreprises

et d’innovation et la croissance économique.

Une terminologie en évolution

Les incubateurs sont des struc-tures d’appui à la création d’entreprises. Ils réunissent des ressources spécialisées dédiées à l’accompagnement et l’assistance des entreprises avant leur créa-tion ou dans les premières années de leur vie. Ils comprennent, en général, un hébergement immo-bilier souple, des services admi-nistratifs, des actions de conseil et de mise en relation avec les réseaux d’affaires notamment financiers. En France, le terme « incubateur » s’est appliqué aux structures d’appui avant la créa-tion d’entreprises, par exemple les premiers incubateurs des Écoles des Mines et a été utilisé pour les incubateurs lancés récem-ment par le M.E.N.R.T. – Ministère de l’Éducation Nationale, de la Recherche et de la Technologie. Le terme « pépinière » a été utilisé plus couramment pour les struc-tures d’appui aux entreprises après leur création, ce terme étant pré-féré à celui de nursery, de ruche, de couveuse, etc. Aux États-Unis, le terme « incubator » désigne les pépinières, le concept d’incubateur étant parfois traduit par « innova-tion center » ; mais d’une façon générale, le terme « incubator » recouvre à la fois les structures d’appui avant et après la création. Au moment de la vague Internet, un grand nombre de structures se sont créées, notamment d’origine privée, pour accompagner et faci-liter le lancement de start-up, moyennant une contrepartie finan-cière. Ces structures appelées « incubator » aux États-Unis se sont développées rapidement en Europe en gardant le nom d’incubateur.

Les divers systèmes d’appui à la création d’entreprises

En prenant davantage en compte l’importance des petites entre-prises et des créations d’entreprise dans le tissu économique local, les pays industrialisés – à partir des années quatre-vingt - ont accru les dispositifs d’appui à la créa-tion d’entreprises. L’objectif était d’apporter aux nouveaux entre-preneurs des conditions d’accès plus faciles aux ressources qui leur sont nécessaires. Trois axes d’intervention des pouvoirs pub-lics1 se sont développés parallèle-ment : - les appuis financiers - le conseil et la formation - le soutien logistique.

Les appuis financiers

Il s’agit de subventions, d’avances remboursables, de cautions et garanties, d’accès au capital-ris-que. Une panoplie de mesures a été mise en place, aux niveaux national, régional voire local. Les procédures, les plates-formes d’initiative locales, les prêts à la création d’entreprises sont de bons exemples, même si les procédures en place ne permettent pas encore de répondre à tous les besoins. - Le conseil et la formation : la sensibilisation et la formation à la création d’entreprises, les différents types de conseils spé-cialisés ou généralistes apportés aux entrepreneurs se sont mul-tipliés par les différents réseaux des Chambres de Commerce, des Chambres des Métiers, des bou-tiques de gestion, des plateformes d’initiatives locales, d’« Entrepren-dre en France », des Clubs de créa-teurs d’entreprises, etc.

- Le soutien logistique : Il s’agissait de mettre à disposition des jeunes entreprises un hébergement dans des locaux adaptés et flexibles pour une période temporaire et des services administratifs, en temps partagé. Puis l’offre de conseils plus ou moins complexes, ainsi que l’ouverture sur des réseaux d’affaires sont venues enrichir le système. Ainsi, les pépinières ont commencé à se développer au milieu des années 85 et ont joué localement une fonction nouvelle d’intégration des moyens mis à la disposition d’entreprises en création. Les pépinières offrant des services complets utilisaient donc en fonction des besoins les outils financiers ou les réseaux de conseils décrits précédemment en s’appuyant sur des partenariats locaux. Les pépinières et incuba-teurs se sont développés à peu près au même moment en Angleterre, en Allemagne et en France, alors qu’elles avaient démarré un peu plus tôt aux États-Unis.

Les deux vagues de création d’incubateurs

Depuis leur création, on peut distinguer deux vagues de dével-oppement des incubateurs dans les quatre pays étudiés. 1. La période de lancement des incubateurs de développement économique local : 1980-1997 Dans chaque pays, les incubateurs sont nés d’initiatives individuelles locales, pour répondre à un prob-lème spécifique de régénération ou d’expansion d’un territoire. La fonction immobilière a été la première afin d’offrir des condi-tions d’hébergement favorables aux jeunes entreprises. Les fonc-tions complémentaires de services, d’accompagnement et de conseil

se sont développées progressive-ment. Ce modèle d’activation économique s’est peu à peu diffu-sé, souvent encouragé par des col-lectivités locales qui cherchaient à résoudre un problème d’activité ou un problème d’image. Au début de cette période, la plupart des incubateurs bénéficiaient de sub-ventions publiques nationales ou locales, de programmes européens, de l’appui de grandes entreprises, de banques et d’organismes locaux divers. Les modèles privés étaient peu nombreux (sauf en Angleterre). Aux États-Unis on ne note en 1996 que peu d’exemples d’incubateurs privés. Ceux-ci étaient essentiel-lement à base immobilière, leur objectif étant de rentabiliser une propriété immobilière au moyen de loyers accompagnés de services communs. 2. La deuxième période : crois-sance et diversification des modèles d’incubateurs : 1998Cette phase, qui est en cours, a été marquée par plusieurs phé-nomènes : l’explosion des incu-bateurs privés à but commercial et notamment des « incubateurs internet » lancés par des entre-preneurs indépendants, des finan-ciers, voire des grandes entrepris-es. Ces catégories d’incubateurs privés, associés à internet, puis à d’autres technologies ont béné-ficié d’une très forte médiatisa-tion et d’un engouement excessif pendant les années de croissance suivis d’une méfiance toute aussi marquée depuis le dégonflement de la bulle. Cet engouement lié à la mode a poussé de nombreuses structures d’appui, de conseil ou de financement de jeunes pousses à s’appeler « incubateur », termi-nologie qui a été souvent rejetée, quelques mois plus tard, par ces protagonistes qui ne voulaient plus de cette étiquette. Parallèlement, les incubateurs issus du monde académique et des centres de recherche ont connu une nouvelle phase de développement grâce aux nouvelles politiques d’innovation au niveau européen et au niveau des États, ainsi qu’à l’attrait vif des étudiants pour les start-up. Ce renouveau d’intérêt a permis, en parallèle, de consolider l’intérêt des incubateurs de développement économique local activé par les pouvoirs publics locaux. Enfin, les grandes entreprises se sont davan-tage intéressées à l’incubation (Corporate incubator). Cette deuxième vague s’est donc caractérisée par l’intervention d’un grand nombre d’acteurs divers et nouveaux qui se sont intéressés à l’incubation d’entreprises, pour renforcer ou diversifier leurs activ-ités, voire par opportunisme. Les mécanismes qui ont encouragé la création d’incubateurs dans la première vague sont essentielle-ment les suivants :

- créer des économies d’échelle dans la mise à disposition de locaux et de services adaptés aux entreprises en création. Ces locaux adaptés et flexibles avec des loyers souvent attractifs correspondent à un besoin réel des nouvelles entre-prises qui ne trouvaient souvent sur le marché que des locaux trop grands, trop chers, avec des cau-tions, etc. C’est aussi une occa-sion idéale de briser la solitude du nouvel entrepreneur en partageant des locaux avec ses pairs. - créer des lieux d’apprentissage et de mise en relation d’affaires pour des entrepreneurs qui n’ont pas le capital social et l’expérience de la gestion des entreprises. Souvent les nouveaux entrepreneurs doi-vent tout apprendre à la fois sur le tas, s’ils n’ont pas eu la chance de côtoyer de près la fonction entre-preneuriale. L’incubateur sera un lieu idéal pour apprendre plus vite avec moins de risque d’échecs.

- créer des lieux symboliques de l’esprit d’entreprise dans une com-munauté donnée. Dans la deux-ième vague, se sont ajoutées aux causes précédentes, des incita-tions supplémentaires :- Des acteurs économiques divers cherchent à tirer profit des innova-tions entrepreneuriales pour béné-ficier des plus-values financières, accéder à de nouvelles technolo-gies ou à de nouveaux marchés - Ils pensent également qu’on peut à la fois « accélérer » et « indus-trialiser » la fabrication de start-up, en mettant à leur disposition le maximum de ressources, et en élaborant des processus systéma-tiques pour rationaliser les étapes complexes de passage de l’idée au projet, puis du projet à l’entreprise viable. Cette deuxième phase de bouillonnement effervescent a eu plusieurs conséquences impor-tantes : - Un grand nombre d’acteurs nou-veaux s’est lancé sur le « marché » de l’incubation. Malgré le retour-nement de conjoncture, une partie des « nouveaux entrants » persévère, alors que d’autres ont arrêté.- Le concept d’incubateur s’est dif-fusé plus largement et a été mieux connu du public.

- Ceci a entraîné, concomitamment, un intérêt accru des pouvoirs publics pour les incubateurs clas-siques et pour les incubateurs liés aux nouvelles technologies.

*Extrait du rapport de recherche : « Les incubateurs : émergence d’une nouvelle industrie – Com-paraison des acteurs et de leurs stratégies », Avril 2002. Pour en savoir davantage : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-pub-lics/024000373.pdf

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SOCIÉTÉ

LN : Au niveau des Caraïbes, quelles sont les institutions qui seraient prêtes à vous donner un support car elles sont aussi concernées par l’héritage taïno que nous avons tous dans la région. Cuba par exemple? Je ne veux pas parler de la République dominicaine aujourd’hui... pourtant très avancée dans la conservation de la tradition Taïno.

GPJ : Nous n’avons pas encore à proprement parler des institutions à Cuba ou dans d’autres régions caribéennes prêtes à donner leur support. Cependant, le projet est déjà bien accueilli pour l’originalité de son domaine d’intervention et nous espérons avoir à nos côtés plusieurs institutions locales et internationales à l’avenir. En effet, il y a peu d’intérêt manifesté à l’égard de l’héritage des Tainos en Haïti, ancêtres de notre culture, contrairement en République voisine et dans d’autres régions en Amérique. Cependant, il y a de bons signaux partis de certains secteurs en Haïti. On commence à prendre conscience de la nécessité de connaître les secrets de la culture ancestrale. Récemment en Haïti, au cours de la période du 6 au 10 mai 2015, ont eu lieu, sous les auspices de l’édition Mémoire d’Encrier de Rodney Saint-Eloi, les nuits amérindiennes, cette fois-ci sous la présidence de la poétesse Joséphine Bacon. Cet événement culturel était intervenu dans le cadre de ce besoin de connaissance et de ralliement des peuples d’Amérique autour de la culture amérindienne. Dans un colloque tenu dans le cadre de ces mêmes activités à la Bibliothèque nationale, Madame Marie Alice Théard a eu à faire une apologie de notre origine amérindienne. Le vaudou, a-t-elle fait savoir, est un répertoire de culture taïno. Il faut noter que le terme indien a été improprement utilisé par les européens notamment les espagnols pour identifier et reconnaître les premiers autochtones en Amérique; étant donné que ceux-là pensaient se retrouver en Inde. Bref, il y a une sorte d’éveil en faveur du retour vers la source car, l’histoire officielle a intoxiqué notre intelligence de certains secrets de la vie des Taïnos. Margareth Papillon dans « la Légende de Quisqueya » permet de se faire une idée des méfaits de nos mépris de nos valeurs culturelles et de notre ignorance des secrets de cette Ile. Et pour cause. Nous nous comportons comme des fils indignes. Ce qui fait qu’Haïti, par malheur, est le seul pays dans les Caraïbes à ne pas honorer la mémoire des Taïnos, car on nous a fait croire, dans l’histoire apprise, que tous les indiens étaient morts avant l’arrivée des contingents

africains. Mais nous oublions que beaucoup d’entre eux avaient pris le maquis et ont vécu dans les grottes. Et, ce sont eux qui ont permis aux esclaves rebelles de parcourir tout le pays à travers le réseau de grottes existant sur le territoire qu’eux seuls maîtrisaient. Personne n’a jamais pris le temps d’analyser cette phrase de Dessalines, le père de la Patrie : «Nous avons vengé les indiens et l’Amérique» et personne ne s’est demandé pourquoi, en novembre 1802, Dessalines choisit de faire porter à l’armée le nom d’Incas, fils du Soleil avant de dénommer le pays Ayiti.

DANIEL : LE SOLITAIRE

LN : Pensez-vous que le docteur Daniel Mathurin, incontestable scientifique, inspiré et visionnaire, n’ait pas aménagé ses arrières par certaines institutions culturelles et scientifiques à caractère nationaliste et que cela puisse handicaper un peu le projet de la Fondation en son nom ?

GPJ : Daniel a toujours travaillé en solitaire. Car ces questionnements venaient du plus profond de son être et il se mettait à la tâche 24 heures par jour. Il n’avait pas pris contact avec les institutions culturelles œuvrant en Haïti car il n’avait pas la même méthode d’approche qu’elles. La sienne était multidisciplinaire tandis que celle des autres parlaient d’amalgame. Lorsque Daniel a compris qu’il n’y avait pas d’audience, en Haïti, pour de telles recherches, il s’est tourné vers la République voisine qui l’a bien accueilli car dans ce pays la question taïno a déjà été approfondie. Les scientifiques dominicains travaillant dans ce domaine, connaissent bien l’importance de ce bout de territoire. Et donc, Daniel a su établir des relations de recherche avec Dominicains et en décembre 2012, nous avons été reçus à l’académie dominicaine. Malheureusement, la tragédie causée par l’accident de Daniel a coupé court à cette relation naissante. Cependant, la Fondation est en train de renouer les liens déjà tissés sur l’ensemble du territoire pour une synergie dans la recherche sur les premiers habitants de ce pays, sur les roches étampées et les diverses grottes que recèle cette île merveilleuse.

LN :- Depuis l’accident sur l’autoroute de Santo Domingo de votre cher époux, le public a soif d’entendre vos recherches sur les symboles des « vèvès », leurs configurations mathématiques et cosmiques. Où en êtes-vous avec votre équipe de recherches?

GPJ : Le problème en Haïti, c’est

que les gens vous crachent dessus quand vous leur jetez des perles et vous réclament quand on fait silence. C’est cette ambivalence dans notre comportement qui explique d’ailleurs le piétinement enregistré dans la politique haïtienne et qui freine le développement du pays. Je me rappelle quand on faisait les émissions sur les résultats de nos recherches on nous prenait pour des illuminés. Je peux te dire que nous sommes très loin dans ces recherches et allons bientôt passer dans la phase d’expérimentation de l’effet Kirlian engendré par nos « vèvès ». L’effet Kirlian est la photographie du champ énergétique à haute fréquence émanant d’un corps dû au fait du mouvement des molécules et atomes. Ce sera la preuve que ce sont vraiment des condensateurs de forces astrales. Et nous nous penchons aussi sur l’effet des incantations qui accompagnent le tracé de ces vèvès. Donc, c’est tout un monde de connaissances qui est malheureusement occulté par le travestissement de la pensée en Haïti.

VÈVÈ , ADN, HÔTELS LUXUEUX

LN : D’où viennent les « vèvès » ? D’Afrique? Des Caraïbes ? Feu Docteur Mathurin parlait de la “route de l’Asson” et liait cela à la configuration de l’ADN. Que pouvez-vous nous dire de plus comme mathématicienne et cosmologue?

GPM : Selon les résultats de nos recherches, les « vèvès » sont une combinaison des plus anciennes écritures retrouvées en Afrique, en Europe, en Amérique, en Asie etc. Nous avons compris que ces derniers ont un caractère universel. Mais c’est sur le territoire haïtien seulement que l’on retrouve ses combinaisons géométriques nommées : (Aïzan, Legba, la route de l’Asson, le socle du poteau) etc.Aïzan est le dieu de la médecine et des hommes. Milo Rigaud l’a traduit ainsi : «la double couleuvre de l’oxygène se nomme Aï-zan Tau-Can, mystère du vodou qui indique que, pour accéder aux étoiles, l’animalcule spiriforme de la semence créatrice (voir ici l’ADN) doit se purifier par le feu, sous la forme imaginée du retournement du serpent dans l’atome. C’est cette compréhension de l’Aï-Zan par Milo Rigaud qui nous a conduits à étudier l’Aï-Zan sous cet angle et il avait raison. On peut donc dire que les « vèvès » sont une combinaison des connaissances scripturales ancestrales entre les deux cultures qui se sont imbriquées sur cette île magique qu’est notre Ayiti.

LN : La prochaine conférence de la Fondation, c’est pour quand? On a reproché que la Fondation était

trop élitiste du fait qu’elle donne ses conférences dans des hôtels huppés de la capitale. Le peuple et la classe moyenne vous attendent car vous semblez aller plus loin que Jacques Roumain ou MiIo Rigaud.

GPJ : La première conférence de la Fondation sera prononcée en février 2016. Je dois rappeler à tous, que Daniel et moi avions marché un peu partout à travers le pays pour tenir des conférences aux groupes qui se faisaient le plaisir de nous inviter.

Nous avons fait beaucoup de conférences dans le Nord-Ouest, particulièrement à l’Alliance française de Port de Paix, au Cap Haïtien. Il nous fallait expliquer à la population de ces zones les richesses que couve leur sous-sol et ce que cela représente pour la «mafia internationale» à la recherche de ces richesses sur l’ensemble de la planète. Nous avons aussi répondu aux invitations de plusieurs groupes de jeunes comme des clubs littéraires de la capitale et prononcé gracieusement d’innombrables conférences au sein de l’université d’État d’Haïti dans le cadre de la cellule Poto Mitan à la faculté d’Ethnologie. La conférence au Montcel a été une invitation de Madame Michèle Villedrouin qui avait su apprécier à leur juste valeur nos recherches et voulait entreprendre , avec nous des discussions et débats sur ces sujets au sein de la communauté port-au-princienne.

Je ne comprends pas pourquoi tu dis que la Fondation est trop élitiste. Dans toutes nos conférences nous avons toujours reçu toutes les couches de la société, certainement ceux qui avaient les mêmes questionnements que nous. Car la grande majorité des «intellectuels haïtiens», ne sont pas vraiment ouverts à ces grands questionnements et boudent toute personne ayant un discours différent. Comme le disait si bien Daniel, pour nous comprendre il faut faire une remise en question de la connaissance acquise.Pour le choix des hôtels, je dois te dire que particulièrement l’hôtel Montana nous offrait toujours gratuitement la salle. Donc, ce n’était pas un choix élitiste de notre part, c’était plutôt une obligation presque familiale. Ici, je crois que l’expression élitiste prise dans un contexte révolutionnaire est tout à fait correct dans la mesure où l’œuvre de la Fondation ne vise qu’à produire un effet cathartique sur le mental haïtien afin de créer la voie à une autre Haïti, l’Ayiti des taïnos. Pour ce faire, cela ne peut être que l’affaire d’une élite agissante travaillant pour le compte et/ou le profit de la majorité.

La mémoire taino par Pierre Clitandre

FOCUS

L’Ingénieur Ginette Pérodin Mathurin, dans cette deuxième et dernière partie de l’entrevue, parle de l’alliance historique entre les nègres d’Afrique et les indiens Taïnos. Elle souligne les travaux du feu Dr. Mathurin dans le décodage des « vèvès » qui seraient des signes de la civilisation Inca du Pérou. Elle nous fait le portrait d’un Daniel solitaire. Elle donne des précisions sur l’ADN et se défend contre la critique des conférences dans des hôtels luxueux.

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MERCREDI 15 JUILLET 2015 N0 39 | 15SOCIÉTÉ

Nous sommes à la Cité des 34 quartiers. Les jeunes de cette zone urbaine fragilisée par toutes les formes de

violences sociales, politiques, restent convaincus que leur vie quotidienne sombre au désespoir. Aussi, rien qu’à penser à leur avenir, des sentiments d’incertitude les animent et les rongent profondément.

Ces jeunes quittent tôt leurs par-ents pour évoluer dans des bandes ou créer prématurément leurs propres familles. Souvent, ce sont des pères et des mères de plusieurs enfants. Et leur progéniture risque de connaître le même sort qu’eux. N’ayant pas d’accès à l’emploi, au logement, à la santé, à l’éducation, à la formation professionnelle, aux loisirs, ils avouent être victimes de toutes les formes d’exclusion sociale.

Quand ils ne sont pas simplement scolarisés, ils se trouvent dans l’obligation d’abandonner l’école. Ils n’ont pas, non plus, la chance d’avoir une formation profession-nelle qui aurait pu leur garantir un emploi et un salaire.

Victimes des violences symbol-iques, souvent leurs réactions sont aussi l’expression des violences qui

sont sanctionnées par les agents de la répression policière. Certains ont déjà fait la prison qui semble être un passage obligatoire pour ces garçons et ces filles qui se sont accoutumés à vivre comme des fugitifs.

Leur vie quotidienne, disent-ils, c’est une tragédie. Dans une pièce de maison, ils sont plus d’une dizaine. Au réveil, ils ont beaucoup de peine à manger car ils ne dis-posent pas de la somme modique de dix gourdes pour se procurer un plat chaud au restaurant populaire Ede pèp implanté à Cité-soleil par l’actuel gouvernement. Entre eux, la solidarité reste la meilleure stra-tégie de survie.

L’alcool, le jeu de pocker et de dom-inos, la drogue, et parfois le sport qu’ils aiment, malgré l’absence de centre sportif et de terrain de foot-ball, sont leurs seuls passe-temps pour résister aux conditions de vie infrahumaine qu’ils ont toujours connues depuis leur enfance. Selon l’un d’eux qui opinait sur l’accès aux loisirs, la somme faramineuse qui a été dépensée pour le concert de Lil Wayne et de Chris Brown, aurait pu contribuer à la mise en place d’infrastructures sportives pour les jeunes qui se livrent à

la délinquance, à la violence, à la prostitution dans la commune de Cité-soleil.

La population de Cité-soleil, con-fient quelques jeunes, ne reçoit aucune aide des autorités étatiques, des organismes internationaux qui auraient pu contribuer à amélio-rer leurs conditions de vie. Les organisations non gouvernemen-tales ne sont pas présentes dans la Cité, en raison de la violence qui s’y est établie. Toutefois, ils disent être reconnaissants des travaux que Hands together et la Fonda-tion Gabrie ont réalisés dans cette commune où les populations sont très vulnérables.

Ces jeunes sont marginalisés et ne se représentent que par rapport à la violence, aux malversations politiques dont ils sont parfois les instruments. Ils ne pensent à eux-mêmes que par rapport à leur situ-ation de vulnérabilité économique dont profitent souvent les leaders politiques.

Questionnés sur les prochaines élections, ils expriment leurs doutes car ils ne croient pas que celles-ci pourront apporter des solutions à leurs problèmes. Leur citoyenneté, pensent-ils, ne se définit plus par la

jouissance des droits sociaux, poli-tiques et économiques. La sociali-sation a fait d’eux des déviants qui semblent ne jamais pouvoir inté-grer la société qui les a toujours rejetés.

Leur espoir est qu’un jour les déci-deurs viennent leur offrir d’autres alternatives qui leur permettraient d’avoir un statut social et les détourneraient de tout ce qui est de nature à hypothéquer leur vie.

La construction de logements, de centres de formation profession-nelle, de centres de santé, de cen-tres sportifs, devrait être la priorité de ceux qui briguent la présidence pour obtenir les votes de la popula-tion de Cité-soleil et particulière-ment ceux de la population juvé-nile. Car, sans un changement de vision des acteurs politiques et un engagement réel à tenir leurs promesses, il ne faudra point espérer une renaissance ou plutôt une naissance de Cité-soleil dans laquelle tous les jeunes pourront aspirer à un avenir prometteur.

Il faut réellement que la jeunesse soit l’avenir de la société haïtienne. Il importe aux autorités d’en pren-dre conscience pour la préparer en conséquence.

Voler au secours des jeunes de Cité-soleil par CHERISCLER Evens

JEUNESSE

Si la jeunesse représente l’avenir de la société haïtienne, à Cité-Soleil, il y a des jeunes qui ne peuvent plus rêver.

Des enfants, l’avenir de Cité Soleil. / Photo : Minustah

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16 | N0 39 MERCREDI 15 JUILLET 2015

SOCIÉTÉ

Insalubrité, voilà un mot qui offre une description fidèle de nom-breuses zones de la capitale. Le problème est criant. Les fatras

servent même de repères dans cette République bidonvillisée.

Certaines fois, les tas d’immondices sont tellement immenses qu’ils obstruent la circulation. Des cartons, des sachets, des bouteilles en plastique…et surtout les fameux « emboités ». Ces assiettes en carton provenant de la République voisine dont nos dirigeants ont interdit

l’utilisation sur le territoire national. Tout cela crée un environnement urbain à risque.

Les gens seraient obligés de jeter leurs déchets dans les rues par manque de poubelles. « Sim pa jete fatra yo nan lari a, kibò m’ap lage l ? », questionne un commerçant de la zone du Champ de Mars. En effet, l’on peut parcourir plusieurs centaines de mètres sans trouver une poubelle dans la zone. À proximité du stade Sylvio Cator, à la rue de l’Enterrement, l’on rencontre

chaque jour une pile de déchets. C’est finalement une référence. L’insalubrité à travers la capitale est devenue, de jour en jour, beaucoup plus inquiétante. Désormais, quand on marche à Port-au-Prince, l’on doit éviter à tout prix de fouler un sachet noir ou même une assiette en carton. Des gens s’en servent pour jeter leurs matières fécales dans les rues.

À portail Léogane, l’on peut remar-quer, dès la première seconde passée au lieu où stationnent les

bus assurant le trajet Port-au-Prince/Petit-Goâve, que l’endroit se transforme en latrine. En effet, l’on ne peut pas y passer sans renifler l’odeur puante d’excréments jetés dans le canal « bwatchenn ». La sit-uation n’est guère différente à la rue du Centre ou encore à la Grand-Rue. Là, se trouvent des travailleurs, des détaillants fatigués sous le poids du soleil, à toutes les heures de la journée, assiettes en main, cuil-lère dans la bouche à s’alimenter dans l’odeur empestée de ces rues.

Les marchandes de nourriture pla-cent leurs tentes dans des espaces utilisés par des gens pour effectuer leurs besoins physiologiques. Certains pensent que ce sont les marchands, eux-mêmes, qui uti-lisent ces lieux à cette fin. « Se yo menm ki nan espas la ankò, se yo ki twalèt ladan », justifient-ils. Mais les marchands défendent : « Se moun ki rete nan zòn lan yo ki plis sal li, yo pa fè twalèt lakay yo », répliquent-ils. Mais ils admettent que certains d’entre eux n’ont pas le choix. « Kèk fwa tou w paka kont moun lan, li paka kite bezwen an touye l », racontent-ils.

C’est un problème qui met en jeu la santé des gens qui, pour une raison ou une autre, doivent fréquenter ces lieux. L’État devrait intervenir dans une telle situation s’il veut protéger la santé de ses citoyens. « Il est certain, selon des esprits avisés, que personne ne peut se permettre d’évoluer dans des environnements pareils sans s’exposer de graves problèmes de santé ».

Quand l'insalubrité va trop loin par Ritzamarum ZETRENNE

PORT-AU-PRINCE

C’est évident que l’insalubrité fait rage à travers la capitale. C’est l’un des problèmes les plus criants de Port-au-Prince.

Les fatras servent de repères dans certains endroits de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. / Photo : J.J. Augustin

Les nouvelles infections ont chuté de plus d'un tiers depuis 2000 Sources : 20minutes.fr

SIDA

Les nouvelles infections par le VIH/Sida ont chuté de plus d’un tiers depuis 2000, a annoncé mardi l’ONU, se félici-

tant que le monde ait atteint l’objectif du Millénaire pour le développe-ment qui visait à inverser le cours de l’épidémie.

Mais pour parvenir à mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030, l’ONU demande que près de 32 milliards de dollars (29 milliards d’euros) soient désormais investis chaque année d’ici à 2020 dans la lutte contre le sida, contre 21,7 milliards actuellement.

En attendant, «le monde a atteint

l’objectif 6 du Millénaire pour le développement. L’épidémie a été enrayée et inversée», a affirmé le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon dans le dernier rapport de l’Onusida.

En 2014, 36,9 millions de personnes vivaient avec le sidaEn 2000, les Nations unies avaient fixé huit grands Objectifs du Millénaire pour 2015, dont combattre le VIH/sida. A cet égard, la lutte acharnée menée par la communauté internationale contre le sida fait figure de succès. Le rapport note que les efforts déployés ont aussi permis d’atteindre la cible fixée en 2011 consistant à

mettre 15 millions de personnes sous traitements antirétroviraux (TARV) en 2015, contre seulement 1 million en 2001. En 2014, 36,9 millions de personnes vivaient avec le sida. La même année, 1,2 million de personnes sont décédées de causes liées au sida (une chute de 41 % depuis le pic de 2004), selon le rapport. La tuberculose reste la principale cause de décès parmi les personnes vivant avec le VIH.

Une chute spectaculaire chez les enfants Dans le monde, 2 millions de personnes ont été nouvellement infectées en 2014, contre 3,1 millions en 2000, une baisse de 35,5 %. Chez les enfants, la chute

est plus spectaculaire encore: -58 %. L’Afrique subsaharienne reste la région la plus touchée, représentant 70% des cas, avec 25,8 millions de personnes vivant avec le VIH/sida l’an dernier. Mais la région Asie/Pacifique, bien que moins affectée avec seulement 5 millions de personnes vivant avec le virus l’an dernier, préoccupe toutefois les experts en raison d’une recrudescence des cas.

Les nouvelles infections y ont progressé de 3 % entre 2010 et 2014. La Chine, l’Inde et l’Indonésie représentent 78 % des nouvelles infections dans la région l’an dernier.

Il faudra encore débourser 32 milliards de dollars (29 milliards d’euros) par an d’ici à 2020 pour espérer en finir avec le sida d’ici à 2030...

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MERCREDI 15 JUILLET 2015 N0 39 | 17CULTURE

Miss Anayizz : l'événement incontournable de l'été Par Elisée Décembre

Pour la neuvième année consécutive, Beaudor Communication va encore pimenter l’été avec le plus ancien concours de beauté actif, Miss Anayizz. Ce concours, qui fusionne beauté et intelligence, permet à toutes jeunes filles qui désirent y participer de développer les meilleures de leurs capacités, affirme son initiateur, Gaspard Dorélien.

Depuis l’arrêt du concours Miss Vidéomax sur la Chaîne 5, qui par ailleurs ne fonctionne plus, Miss Anay-

izz est devenu le leader des concours de beauté. D’année en année, le con-cepteur de ce concours et son staff de réalisation y apportent toujours quelque chose d’inédit. Quant aux postulantes, elles ne ratent jamais l’occasion de s’éclater, malgré parfois le stress qui a tendance à prendre le dessus.

« Les inscriptions à Miss Anayizz sont lancées. Les critères sont les mêmes : être âgée entre 17 et 25 ans, être célibataire, avoir un casier judiciaire vierge, être de taille moyenne et avoir un poids ne dépassant pas 130 livres », précise Gaspard Dorélien.

En direct sur la Télévision nationale d’Haïti (TNH) et sur la Radio Télévison Caraïbes (RTVC), les émissions de Miss Anayizz sont suivies sur tout le territoire national et aussi dans la diaspora. Chacune de Ces émissions sont postées sur « youtube » afin que les fidèles fans du concours puissent revoir une séance autant de fois qu’ils le désirent.

Miss Anayizz, plus qu’un concours de beauté

Certains concours internationaux portent l’accent surtout sur de l’apparence physique. Miss Anayizz, en revanche, fusionne beauté et intelligence, affirme Gaspard Dorélien. »Le nouveau format du concours, précise encore M. Dorélien, offre la

possibilité à ces jeunes filles d’être plus compétitives, car il laisse à chacune d’elles l’occasion de donner leur opinion, de débattre d’un sujet, de présenter une ville, et tout cela, dans une ambiance de plaisir. Ce nouveau format augmente la chance de chacune de remporter la couronne. »

Le concours Miss Anayiz, qui s’étend sur une période de six à huit semaines, donne l’opportunité aux finalistes de visiter les plus envoûtants sites touristiques, la Citadelle, le Palais Sans-Souci, Labadee, la côte des Arcadins et tant d’autres sites encore.

Miss Anayiz, plus qu’une couronne« Les dix finalistes retenues poursuivent toutes le même but : remporter la couronne. Mais Miss Anayiz est plus qu’une couronne. C’est aussi un espace où nous préparons chacune de nos postulantes pour le marché du travail. Bon nombre de nos jeunes filles ont été embauchées après avoir participé au concours », signale le présentateur d’ « Une personnalité dit tout ». Il ajoute que grâce à leur partenariat avec l’Université Quisqueya, la Miss et ses deux dauphines ont à droit à une bourse d’étude à l’UNIQ, moyennant qu’elles réussissent le concours d’admission.

« À toutes celles qui désirent y participer les inscriptions sont reçues du lundi au vendredi de 9 h a. m. à 5 h p. m., et le samedi de 9 h a. m. à 2 h p. m., à Fotomatik, Univers FM et Radio Télévision Caraïbes. »

Miss Anayiz 2014, Fabiaula DUMAS. / Photo: Fotomatik

« Jacques Roche, je t'écris cette lettre » Par Carl-Henry PIERRE

Les lettres envoyées à ses amis sont ordinairement des lettres fermées. Enveloppées. Une façon de garder l’intimité des

dires. Et celle envoyée à Jacques Roche pourtant est ouvertement publique. Ce n’est pas seulement une lettre. C’est tout un alphabet de beauté qui est offert aux yeux de tous. « Jacques Roche, je t’écris cette lettre » est donc un recueil de poèmes de 74 pages de l’éditeur Rodney Saint-Eloi, paru en 2013, sous le label des Édi-tions Mémoire d’encrier.Comment peut-on écrire une lettre à un ami mort pour faire son deuil ? Y a-t-il un pont invisible entre les êtres, morts ou vivants ? C’est une réponse à ce type de question que l’auteur accouche sur les pages du livre. On est dans l’univers de l’hommage. De l’amitié. De l’amour. Donc on est

dans le poème, puisque le poème embrasse toute la forme du réel. Le poème de Rodney est tissé dans une perspective de sauver la mémoire de ce journaliste martyr qu’est devenu Jacques Roche à partir de ces actes crapuleux sur sa personne : celui de son Kidnap-ping (le 10 juillet 2005 à Port-au-Prince) et celui de son corps retrouvé inerte (le 14 juillet 2005). Par endroits dans ce poème, Jacques est bel et bien mort pour l’auteur. Dans d’autres fragments, il reste vivant tel un arbre. Son souffle est sur la ville. Sur tout le paysage. C’est sur ce paradoxe qu’est assis le poème. C’était un combattant, ce Jacques, on aura vite compris cela en le lisant. La rébellion semble avoir été son fort. On sent que l’auteur s’attache à une certaine nécessitée de dire.

À une certaine transparence de vérité. De justice aussi. L’auteur dit à Jacques dans le texte de ne pas mourir.Dans le texte, l’auteur de Pierres Anonymes dit que toute terre est fruit d’espérance et que Jaques Roche, comme les bourgeons, ne savait pas ce que c’est que mourir et que, même là-haut, ses pieds poudrés toucheront le sol. Rodney demande à l’auteur du poème « Survivre » s’il apprendra l’exil à ses pieds exilés. Entre finesse et tristesse, le poème coule telle une cascade. « Ils t’ont crevé les yeux Tes yeux sondent les consciences Ils se sont vus dans tes yeux clairs Ils n’ont pas aimé ce qu’ils ont vu »« Parlons bas Parlons seul Pour qu’ils ne connaissent jamais

Le secret de nos espoirs. »« Jacques Roche, je t’écris cette lettre » semble être un hymne à la lumière. Un texte à lire, surtout en ce mois de juillet qui ramène la naissance (21 juillet 1961) et la décennie de la mort de ce journali-ste, poète et diseur que Jacques fut. Il importe en urgence que le public ait contact avec les textes qu’il avait écrits et ceux qu’il avait dits dans son ardeur de vivant. Il importe d’autant plus qu’il figure parmi les auteurs sur « Ile en Ile », ce site de valorisation des res-sources informatives et culturelles du monde insulaire francophone. Le texte de Rodney Saint-Eloi nous fait voir la plante que Jacques a nourrie de son sang. Et qui dira au poète comment nommer la mort quand le tombeau est celui d’un ami ?

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18 | N0 39 MERCREDI 15 JUILLET 2015

CULTURE

Mon pays que voici d'Anthony Phelps : entre mémoire et perspective Par Carl-Henry PIERRE

« Mon pays que voici » est un long poème patriotique d’Anthony Phelps, composé en quatre mouvements. Le premier tourne

autour des événements marquants de l’histoire d’Haïti, depuis la période indienne en passant par la traite des Noirs (en 1503), l’occupation améri-caine, pour arriver au début des années soixante. Le deuxième est une vingtaine de poèmes pour les enfants du pays. Le troisième est une perspec-tive de vie nouvelle et le quatrième est sorti du ventre d’un certain débarque-ment de 13 adolescents du groupe Jeune Haïti dans le Sud dans le souci de renverser la dictature de l’époque. Phelps est le poète qui a mis la voie lactée en vente pour un peu d’amour, qui joue à qui perd gagne et qui vous dit « poésie pour ne pas faillir ni défaillir ». Le vécu sinistre du poète fait de lui un être sensible. Il a toujours de l’eau qui dort derrière sa rétine. Il porte le soleil dans ses yeux pourtant. Il est celui qui balance entre mémoire et perspective. Et rien de ce qui est liberté et fraternité entre les hommes n’échappe à sa plume. Attardons-nous un peu sur le premier chant ou mouvement (disponible sur disque et dit par l’auteur lui-même) de son fameux poème dans l’exercice de sauver la mémoire, surtout de l’occupation américaine d’Haïti.

1) Premier mouvement : une question de mémoire

1) «Ils sont venus avec la croix

Avec la pioche avec la trique

Avec leurs chiens à la voix rauque

Par la route salée Ils sont venus sur leurs vaisseaux Ces Caraïbes

d’une autre race Anthropophages à leur

façon.»

Cet extrait rappelle le débarque-ment des Espagnols qui avaient décimé les Indiens de l’île.

2)« (…)

Et l’homme noir est arrivé Avec sa force et sa chanson

(…)

Son corps de bronze n’était pas fait pour l’esclavage

Car s’il était couleur d’ébène

C’est qu’il avait connu

La grande plaine brûlée

de la liberté. » Il est ici question de la traite des Noirs importés à Saint-Domingue pour remplacer les Indiens.

(1915-2015) : centenaire de l’occupation étatsunienne d’Haïti

3) « Et ce fut pierre Sully Et ce fut Fort Capois Et ce fut Marchaterre

En vain sur une porte Fut crucifié Char-lemagne Péralte

Et les cinq mille Cacos En vain donnèrent

leur sang Par toutes les blessures

(…)

Yankee de mon cœur J’attends dans ma nuit

Que le vent change d’aire.»

(Page 43, 2007, Éditions Mémoire d’encrier.)

Anthony Phelps se sert de sa plume pour évoquer avec indigna-tion la mémoire de l’occupation étatsunienne d’Haïti, pour dire comme lui. C’est la preuve que la poésie peut prendre en compte le réel, les travers propres à la nature humaine. Levi n’a-t-il pas dit qu’il faut « écrire par devoir de mémoire » ? L’auteur de « Contrainte de l’inachevé », Anthony Phelps, fait de la poésie d’utilité publique.

Anthony Phelps

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MERCREDI 15 JUILLET 2015 N0 39 | 19CULTURE

Le monde a un bout et c'est une fenêtre Par Fortuné Wilbert

Je me suis rendu à Livres en Folie cette année avec seulement de quoi m’acheter un livre. Un seul livre. Un bon livre. Ce livre se

devait d’être bon. « Quel livre devais-je choisir ? » Voilà la question que je me suis posée jusqu’à ce que, en fin de journée, je me décide à me pro-curer « Le bout du monde est une fenêtre » d’Emmelie Prophète.

Dès que j’ai pu avoir l’exemplaire de ce roman qui m’a valu une attente de presque une heure, je me suis mis à lire la première et la quatrième de couverture. Déjà, je me surprenais à rêver de ma fenêtre alors que j’étais au milieu d’une foule qui s’activait avant la fin de l’événement. J’ai rap-idement pris un taptap pour me rendre chez moi et me plonger dans la lecture de ce livre qui me brûlait les mains.

Un prénom de femme pour dire la misère et la désolation

Il est de ces noms qui vous évoquent une douce mélancolie. D’autres qui vous rappellent un instant de bonheur. Ou une rencontre. Un événement. Un sourire. Par une quelconque magie, Emmelie nous plonge dans un monde de promiscuité, d’odeur et d’attente, un monde qui étonne. Non pas à cause de sa misère mais parce que, malgré la décrépitude de Suzanne, tel est le nom de ce village où vivait Samuel avec sa grand-mère, juste avant de le laisser pour Bondeau, on lui trouvait une quelconque beauté.

Un village comme il doit y en avoir beaucoup en Haïti, c’est comme dire un village comme le lieu dit « Sou Pay », misère, insalubrité, désolation sont un tableau que décrit la plume d’Emmelie Prophète.

La mer et ses rires innombrables (Euripide) nous sont présentés comme le symbole de la liberté et le souffle d’espoir. Un ailleurs lointain. Nous sommes plongés dans les flots d’une mer avenante, chaleureuse qui sait être

indomptable.

À la recherche

Quelle relation peut-il y avoir entre un jeune garçon de huit ans (Samuel) et la déchéance de la famille Labarre ? Que peut-on se dire d’une fenêtre ? Comment se réconcilier avec soi-même ?

Samuel est dans « Le bout du monde est une fenêtre » la figure représentative de toutes ces petites filles, de tous ces petits garçons qui naissent et grandissent en marge de la vie. Ceux qui connaissent le mépris du mieux-être et les caresses de la misère. Le départ pour la ville, notamment la capitale (dite aux œufs d’or), à la recherche d’une vie meilleure, la domestication pour une bouchée de pain, la vie graisseuse de ceux qui hèlent la vie en remplissant taptap et camions, en essuyant les pare-brise des voitures, la vie de ceux qui dorment à la belle étoile en attendant Godot, voici un tableau brossé sous la plume d’Emmelie Prophète-l’humaniste.

Nous avons tous un rêve, Samuel aurait voulu courir les rues de la capitale, de Suzanne, de Bondeau tout comme Joe qui l’avait engagé et qui lui avait permis de faire le trajet de Bondeau à la capitale. À défaut de ne pouvoir courir les rues, il deviendra mécano comme Billy qui, soit-dit en passant, est le portrait-type de ces hommes qui attendent d’un quelconque parent un visa pour se rendre vers un ailleurs plus qu’incertain mais qui se veut une terre d’espoir, d’accroche.

Comme la douleur est une faiblesse qu’on ne montre pas, pour reprendre Médine, Flanm Dife bidonville où réside Samuel ne peut vivre que la solidarité de ses habitants. Quand on a la prétention de ne pas pleurer et de se réjouir pour et avec les autres, c’est mettre ses malheurs au-dessus de ceux des autres.

Combien de Marcel avons-nous pour mettre un peu de miel dans notre absinthe ? En Marcel, nous comprenons que le pardon peut être une totale abnégation de soi et une recherche perpétuelle de l’acceptation de ses fautes. La nuit est-elle aussi terrifiante qu’on nous la présente dans la vie réelle ?

L’auteure nous présente la vie au cœur de la nuit, la vie de ceux qui dorment le jour et se réveillent la nuit, une vie palpitante où les sens respirent sans gêne.

La voix de l’autre

Comment devient-on citoyen avec le droit de dire, le droit de proposer, quand la plupart des routes que l’on emprunte ne mène nulle part ?

Rose, la voix de la déchéance et de l’inaccessible, est cette jeune femme de souche bourgeoise qui, trop tôt, est privée de la présence maternelle et qui n’a de cesse de parler au monde et à l’autre. Rose tout au contraire de Lilas, sa jumelle, est la dualité même. Enfermée dans un mutisme à nul autre pareil, elle voit la vie passer son chemin. Au fond, elle voudrait parler, hurler serait mieux.

Emmelie nous emmène dans ce monde d’altérité où la classe n’est d’aucune importance mais la recherche d’une langue commune dans laquelle nous parlerions de nos deux vies. Comme pour nous rappeler que nous ne devions pas avoir peur de l’inconnu, Samuel, qui s’engage dans ce combat à la recherche de la voix de l’autre, dit à Rose que « Dehors vaut la peine… ».

À travers la plume de l’auteure, nous décelons la problématique de la non-prise en charge des problèmes sociaux tels que la folie de la mère de Rose (Madeleine), la responsabilité paternelle, entre autres.

Ce que l’on retient, c’est que le

roman est constitué de personnages qui font appel à la dualité. Telle dualité ne cherche pas à nous montrer l’interdépendance et l’opposition entre les choses et les personnes, mais les traits communs telles la déchéance et l’incertitude permanente de l’être humain.

De la fenêtre

Quand la vie est belle, il faut la vivre. Et aucune vie n’est belle sans une fenêtre.

Tout le monde a une fenêtre. Emmelie nous invite à travers le dialogue qui se tisse entre Rose (qui regarde de la fenêtre de sa maison qui penche irrémédiablement) et Samuel (qui est le mécano qui travaille dans le garage d’en face) à nous plonger dans le questionnement de la place de l’humain et de l’incertitude, aussi à parler de l’autre et des préjugés de toutes sortes, comme Rose et Samuel qui se révèlent être les antipodes d’un pays qui se cherche puisque le pays, c’est ce lieu qui vous enveloppe comme votre peau et dont vous n’arriverez jamais à vous défaire.

Le pays, c’est à la fois une réduction et un agrandissement de vous-même. Le monde à la mesure de l’individu.

De notre fenêtre, peut-on voir les gens mourir facilement, les enfants nus à longueur de journée, les femmes tombées enceintes tous les neuf mois ?

Emmelie est cette plume raffinée qui nous invite à découvrir les bas-fonds de Port-au-Prince à travers des quartiers malfamés imaginaires (là, je parle du nom de ces quartiers), à questionner le monde et nos silences.

L’auteure a su poser des problèmes qui sont récurrents dans notre société: la quête de soi, le statut social, la paysannerie, la problématique des enfants sans lendemain, l’absence de rêve.

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20 | N0 39 MERCREDI 15 JUILLET 2015

L'album de Wesli Louissaint parmi les 30 meilleurs au Canada par Walcam

Ici, en Haïti, Wesli n’est pas connu. Il n’est pas populaire comme Beethova Obas ou Bélo, mais c’est un artiste confirmé qui fait

un grand travail avec la musique haï-tienne et pour la musique en général au Canada.

Sa musique ne passe que très

rarement sur les ondes des radios en Haïti et pourtant, au Québec, elle est très appréciée par les anglophones et francophones du Canada.

Au cours du mois de juillet, son opus « ImmiGrand » est classé parmi les trente meilleurs albums

de l’année jusqu’à présent, dans la catégorie monde, par le chro-niqueur Tony Tremblay de Radio Canada international.

Cette place attribuée à Wesli n’est pas un cadeau dans un pays où la culture a une place privilégiée et où la population et le gouverne-ment accordent une grande impor-tance à la production artistique.

« C’est une nouvelle que j’ai apprise par moi-même, je n’avais reçu aucun appel spécial. Sauf que j’avais rencontré Myriam Fehmiu, journaliste de Radio Canada, qui m’avait raconté que le média avait l’habitude de faire un classement des trente meilleurs albums de l’année avec CBC…,et surpris, j’ai vu mon album sorti au mois de mars classé », nous a raconté l’intéressé.

La musique de Wesli Louissaint intéresse tous les immigrants qui sont au Canada. Dans les clubs et les bistrots, il est soutenu par les Latinos, les Africains et les Cana-diens qui tombent sous le charme de sa musique.

Une sorte de mélange de reggae, de raboday, de rara, etc., avec de la musique moderne.

« C’est une bonne chose pour moi, je ne pensais pas que cet album allait surclasser les deux autres : « Courage » et « Liberté », s, se réjouit le chanteur, qui confesse avoir travaillé très dur.

« Le chant mystique d’un vaudou engagé, le beau délire du rara d’Haïti avec ses rythmes profanes accélérés, la ballade reggae, le ska survolté : Wesli possède un talent fou. Il passe d’un genre à l’autre et mélange le tout », a commenté le chroniqueur Tony Tremblay.

Le calendrier de Wesli Louissaint est très chargé pour cet été avec, une quinzaine de concerts en vue. Le week-end passé, il était à Chi-cago où il a donné un spectacle au Old Town Folk Musik Festival. Le 17 juillet, il se produira à Monc-ton, au Canada.

Et cette année, il est le conseiller artistique et le porte-parole de la neuvième édition du festival Haïti en folie dont les activités sont programmées du 20 au 25 juillet. Avant, il avait participé au presti-gieux festival de Jazz de Montréal, aux Francofolies de Montréal, au festival Mosaïq. Du 7 au 9 août, il donnera un spectacle pour les Jeux panaméricain de Toronto.

Wesli Louissaint

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MERCREDI 15 JUILLET 2015 N0 39 | 21SPORT

FOOTBALL / GOLD CUP

Une première mi-temps sans faute ! par Gérald Bordes

Duckens Nazon a marqué le seul but de la rencontre qui permette à Haïti de battre le lundi 13 juillet le Honduras (1-0) et de se qualifier pour les quarts de finale de la XIIIe édition de la Gold Cup. Les grenadiers seront accompagnés de la sélection américaine qui a fait match nul (1-1) avec son homologue panaméenne. Nazon devient le 3e meilleur buteur de l’équipe haïtienne dans la plus grande compétition de la zone Concacaf. Les Haïtiens disputeront les quarts de finale face à la Jamaïque, le samedi 18 juillet à Baltimore.

Après avoir perdu (0-1) face

aux États-Unis lors de sa

deuxième sortie, la Sélection

nationale senior avait pour

devoir et obligation de battre son

homologue hondurienne pour valider

son billet pour les quarts de finale

de la XIIIe édition de la Gold Cup

tout en espérant un bon résultat des

Américains face aux Panaméens.

Privés de Jean Jacques Pierre

(blessure et abandon), Jeff Louis

(abandon), Jean-Marc Alexandre

(cumul de cartons) et Réginald

Goreux (blessure), le sélectionneur

français de la Sélection, Marc

Collat, était dans l’embarras du

choix pour aligner une équipe sans

ces quatre titulaires indiscutables.

Heureusement, il a su faire le

bon choix en alignant une équipe

compacte qui a donné l’essentiel.

Il a démarré ce match du lundi 13

juillet, à Sporting Park (Kansas

City, Kansas), dans un 4-4-1-1 avec

Johnny Placide (cap), Jean Sony

Alcenat, Mechack Jérôme, Frantz

Bertin Kim Jaggy, Pascal Milien,

James Marcelin, Kevin Lafrance,

Donald Guerrier, Belfort Kervens

Fils et Duckens Nazon. Ce choix

tactique utilisé par le sélectionneur

français Marc Collat allait être

payant. Car les grenadiers ont

dominé toute la première période.

Dès le coup d’envoi, les grenadiers

déposèrent leur caserne dans le

camp adverse. À la 11e minute de

jeu, dans les seize mètres, Pascal

Milien mit le portier hondurien Donis

Escober au travail en plaçant un tir

puissant que le gardien détourna

difficilement. Deux minutes plus

tard, ce qui devait arriver, arriva. Le

capitaine Johnny Placide dégagea

son ballon sur la tête de Belfort

qui le dévia dans les seize mètres

pour le sauveur Duckens Nazon

qui, malgré le marquage serré

du défenseur Maynor Figueroa,

rabattit victorieusement le ballon

en tombant pour le catapulter au

fond des filets de Denis Escober

pour ainsi permettre à Haïti de

mener au score (1-0). Mais à la

25e minute de jeu, la Sélection

nationale alla connaître une petite

frayeur quand Belfort a été sorti sur

civière à cause d’une blessure. En

essayant de dévier un ballon de sa

tête, il s’est tordu la cheville par la

chute. Le sélectionneur a dû faire

un changement forcé. Il fit entrer

Jean Eudes Maurice et changea son

système de jeu en 4-3-3. Malgré ce

changement, les grenadiers n’ont

jamais baissé leurs gardes durant

les quarante-cinq minutes de la

première période. Les Honduriens

n’ont pas inquiété le valeureux

gardien Placide. Ainsi, la Sélection

nationale senior a réalisé une

première mi-temps sans faute en

rentrant dans les vestiaires avec

cette avance tant importante pour

la qualification (1-0).

Au retour des vestiaires, à la

45e, le sélectionneur hondurien,

le Colombien Jorge Luis Pinto

Afanador fit entrer Eddie Gabriel

Hernández à la place de Anthony

Rubén Lozano Colón. La donne

changea. Les Honduriens prirent le

contrôle de la rencontre. N’était la

présence dans les buts de l’excellent

Johnny Placide, les Honduriens

pourraient égaliser.

Placide a sauvé à plusieurs reprises

la Sélection nationale. À la 58e

minute, dans les seize mètres, il

s’est jeté aux pieds d’Erick Andino

pour éviter le but de la désolation.

Voyant son équipe en difficulté,

le sélectionneur Collat décida de

faire sortir le buteur Nazon pour

apporter du sang neuf au milieu de

terrain en faisant entrer le maestro

Sébastien Thurière. Malgré tout,

rien n’a changé. La rencontre

devint une bataille attaque-défense

entre les deux sélections. Épuisés

par les attaques honduriennes

et aussi par une chaleur intense

dans le stade 38e C, les grenadiers

n’abdiquèrent pas. Ils conservèrent

le score jusqu’au coup sifflet de

final de l’arbitre central. Ainsi,

les joueurs haïtiens et le peuple

haïtien pouvaient dire un Ouf de

soulagement. L’accouchement était

difficile, mais l’enfant a pu naître

dans la douleur et Haïti disputera

les quarts de finale le samedi

18 juillet à Baltimore face à la

Jamaïque qui a battu le Salvador

(1-0) au Canada. La Jamaïque, est

leader du groupe B avec 7 points.

Dans l’autre match de la soirée du

13 juillet comptant pour le groupe

A, les États-Unis et le Panama n’ont

pu faire mieux qu’un match nul

(1-1). Les Panaméens ont ouvert

le score dès la 34e minute par Blas

Antonio Miguel Pérez Ortega. Et la

délivrance pour les Haïtiens allèrent

se concrétiser quand les Américains

ont trouvé le but égalisateur par

Michael Bradley à la 55e minute de

jeu. Ainsi, les États-Unis terminent

la phase de groupe en tête avec

sept points (+2), Haïti est 2e avec

quatre points (0), Panama hérite la

3e place avec trois points (0) et le

Honduras est bon dernier avec un

point (-2).

Les statistiques de la rencontre

L’arbitre salvadorien a retiré le

carton jaune de sa poche une seule

fois. Ce sont les Honduriens qui

en ont écopé. Les grenadiers ont

commis 14 fautes contre 10 pour

les Honduriens. Les Haïtiens ont

botté un corner contre 5 pour les

Honduriens. Le portier haïtien

Johnny Placide a retiré deux

ballons tandis que son homologue

Donis Escober, à part le but

encaissé, fut en difficulté une seule

fois. Les grenadiers ont tiré au goal

huit fois mais seulement deux tirs

ont été cadrés. Même considération

pour leurs adversaires. Durant les

(90 +3) minutes, les Haïtiens ont

eu seulement 37% de possession

de balles contre 63 % pour les

Honduriens.

L’ÉQUIPE HAÏTIENNE HAITI: JOHNNY PLACIDE (CAP), JEAN SONY ALCÉNAT, MECHACK JÉRÔME, FRANTZ BERTIN, KIM JAGGY, PASCAL MILIEN, JAMES MARCELIN, KEVIN LAFRANCE, DONALD GUERRIER (JUDELIN AVESCA), BELFORT KERVENS FILS (JEAN EUDES MAURICE) DUCKENS NAZON (SEBASTIEN THURIÈRE)

L’action du but de la victoire de Duckens Nazon. / Photo : haititempo.com

Page 22: Journal le national #39 web

FOOTBALL / GOLD CUP

Revivez les meilleures images de la rencontre Haïti-Honduras Sources des photos : gettyimages.com, info7.mx, foxsport.com, elnuevoherald.com, sheshe22.com

22 | N0 39 MERCREDI 15 JUILLET 2015

SPORT

Suite à la qualification de la Sélection nationale senior pour les quarts de finale de la XIIIe édition de la Gold Cup après sa victoire (1-0) face à son homologue hondurienne, Le National a choisi, pour vous, les meilleures images de cette rencontre. Il faut signaler qu’Haïti participera à son 3e quart de finale. Le premier, c’était en 2002 auquel les grenadiers s’étaient inclinés (2-1) face au Costa Rica et en 2009 face au Mexique qui avait pulvérisé la défense haïtienne sur le score sans appel de quatre buts à zéro.

Page 23: Journal le national #39 web

« Je n’aime pas savoir qu’il part

du Real Madrid. Cela m’attriste.

(Ce départ) est sans éclat », a

déclaré le footballeur catalan

dans une lettre, publiée par le

quotidien espagnol La Vanguardia.

Le gardien espagnol de 34 ans avait

annoncé dimanche son départ du

Real Madrid pour le FC Porto, lors

d’une conférence de presse triste et

solitaire, sans membre de la direction

à ses côtés. Des critiques s’étant

élevées contre ces adieux froids, le

président du Real Madrid Florentino

Pérez a organisé lundi un hommage

improvisé à Casillas, décrié et parfois

hué par les supporteurs ces dernières

années. « Comment ne pas valoriser

Iker ? Comme cela m’a rendu nerveux

de jouer contre lui! Pour moi, c’est le

gardien le plus décisif de l’histoire.

Quels arrêts ! », s’est exclamé Xavi

en évoquant le gardien, avec qui il

a remporté une Coupe du monde

(2010) et deux coupes d’Europe

(2008, 2012).

Le départ de Casillas contraste

avec celui de l’ancien du Barça, le

club catalan lui ayant organisé un

hommage au Camp Nou ainsi qu’un

deuxième, plus institutionnel,

en présence d’anciens joueurs

et entraîneurs du club. « Je me

considère comme l’exception, un

chanceux, mais Iker méritait d’être

traité de la même manière qu’il a

traité les autres » a estimé le milieu

catalan. Amis d’enfance, la relation

entre les deux Espagnols a connu

des turbulences en 2012, après une

série d’intenses duels entre le Barça

et Madrid. Mais Casillas, fidèle à

son esprit conciliateur, a contacté

Xavi afin d’apaiser la situation

entre les deux équipes et sauver

l’équipe nationale. « Il m’a appelé

et nous avons parlé de tout et de

rien (...) mais quand nous avons

raccroché, nous étions de nouveaux

nous-mêmes, deux personnes qui

s’appréciaient par-delà les couleurs

(du maillot) » a rappelé Xavi. « On

ne réalise pas qu’Iker a sauvé la

sélection (nationale) avec ce geste »,

qui leur a par ailleurs valu, à tous

les deux, le prestigieux prix du

« Prince des Asturies des Sports »

en 2012, décerné par la royauté

espagnole.

La Sélection haïtienne de foot-

ball a arraché sa qualification

pour les quarts de finale de la

treizième édition de la Gold

Cup en battant difficilement le Hon-

duras 1-0, au Sporting Park (kansas

City), grâce à un but de Duckens

Nazon. Après un week-end hanté

de crise interne, les grenadiers ont

réalisé ce qui a été le rêve de toute

une Nation.

Comme dit ce vieil adage « Le

vrai courage ne se laisse jamais

abattre ». Pendant les 90 minutes,

au Sporting Park (kansas City), les

Haïtiens ont dû se servir de leur

courage pour franchir l’obstacle

hondurien et se qualifier pour la

suite de la Gold Cup. Le jeune

attaquant de 21 ans, Duckens

Nazon, a été, encore une fois, le

sauveur de la Sélection nationale

en inscrivant le seul but du match

à la 13e minute de jeu.

Certains supporteurs qui suivent à

la loupe l’évolution des grenadiers

sont unanimes à admettre que

les Haïtiens ont mérité cette

qualification.

Hudson Janvier, mécanicien et

passionné du football, a profité

de la victoire des grenadiers pour

exprimer toute son admiration

à l’égard de cette équipe de

combattants. S’il ne doute pas

du talent de chaque joueur, le

mécanicien croit jusqu’ici que le

parcours des Haïtiens est le fruit

de leur courage. « C’est le moment

pour moi d’exprimer mon amour

pour cette équipe, elle m’a rendu

très fier par cette qualification.

C’est vrai que les joueurs évoluent

pour la plupart à l’étranger, mais

cette victoire est le fruit de leur

courage. Depuis la rencontre face

aux Américains, j’avais la confiance

que cette équipe pourrait réaliser

des choses extraordinaires. Sans

exagération, je pense qu’on peut

atteindre le dernier carré de la

compétition », a joyeusement prédit

Hudson Janvier.

« Quel soulagement ! », a lancé

Johnny Delva, avant de commenter

la qualification de la Sélection

haïtienne. Au four et moulin dans

son night club à Bon Repos, il

n’a pas eu le temps d’exprimer

minutieusement ses pensées, mais

a divulgué l’essentiel. « Je suis

content parce qu’on arrive à se

qualifier sans Jeff Louis et Jean

Jacques Pierre. Ils pensaient qu’on

ne pouvait pas réaliser cette belle

victoire sans eux, maintenant ils

vont certainement regretter ce qu’ils

ont fait au pays. Merci à Nazon qui

a permis a tous les Haïtiens d’être

très heureux »,a t-il déclaré.

Pour sa part, Beaudelaire Saint-

Fleur, euphorique le lendemain

de la qualification, dans sa voiture

à Pétion-Ville, nous explique à sa

manière l’exploit de la Sélection

haïtienne. « Cela nous sert

d’exemple pour prouver qu’on peut

faire beaucoup de choses si nous

sommes unis. Cette sélection peut

aller très loin dans la compétition

si le groupe reste soudé comme il

l’a été face au Honduras. Duckens

Nazon a marqué le but, mais notre

entraîneur a le mérite pour son

coaching. Est-ce-que finalement

les dirigeants vont prendre cette

Gold Cup comme prétexte pour

réorganiser le football haïtien ? Au

delà de ses inquiétudes, je crois

que ces joueurs méritent un accueil

chaleureux après la compétition »,

a ordonné M. Saint-Fleur.

Martine Pierre, une jeune infirmière

de 27 ans, n’est pas une grande

amoureuse du ballon rond. Mais

face à l’exploit des grenadiers, elle

n’a pas voulu rester indifférente.

« Je me suis agenouillée pour

attendre le coup de sifflet final.

J’avais la chair de poule après la fin

du match. Maintenant j’attends le

trophée, nos joueurs sont aussi forts

que tous les autres. Je vais prier

davantage pour qu’ils jouissent

d’une bonne santé pendant le reste

de la compétition », a-t-elle dit.

MERCREDI 15 JUILLET 2015 N0 39 | 23SPORT

Fil Info Football

Le Real ne veut pas se séparer de Ramos

Marca en fait sa Une aujourd’hui. Sergio Ramos est «intransférable» d’après le quotidien madrilène. Le défenseur central et capitaine du Real Madrid ne devrait donc pas rejoindre Manchester United, qui lui proposait un salaire de 11 millions d’euros par an. Le président du Real Madrid, Florentino Pérez, a déclaré que «le club ne voulait pas voir partir certains de ses joueurs, et donc que ces joueurs ne partiraient pas.» Ramos fait bien évidemment partie de ses joueurs et est parti en Australie avec le reste du groupe pour préparer la prochaine saison.

Fabio Capello n’est plus le sélectionneur de la Russie

Fabio Capello n’est plus le sélectionneur de la Russie La Fédération russe annonce qu’elle a mis un terme à sa collaboration avec Fabio Capello d’un commun accord. Le technicien italien occupait le poste de sélectionneur de la Russie depuis 2012.

Tevez revient en héros à Boca Juniors

Les supporteurs de Boca Juniors ont exulté lundi en accueillant Carlos Tevez, de retour dans le club de son cœur après 11 ans d’exil en Europe (Manchester City et United, Juventus), à son meilleur niveau.

Van Persie à Fenerbaçhe

C’est officiel, Robin van Persie a signé ce mardi avec le club turc de Fenerbaçhe. Il doit être présenté à la presse vers 17h. Le montant de son transfert et la durée de son contrat n’ont pas été précisés. A 31 ans, l’international néerlandais restait sur une saison délicate avec Manchester United.

Transfert: Iker Casillas est à Porto

L’ancien gardien du Real Madrid Iker Casillas est arrivé lundi soir à l’aéroport de Porto, où il a été acclamé par quelque 200 supporteurs de son nouveau club, le FC Porto, a montré la télévision portugaise.

Manchester United : 105 millions d’euros pour Cavani et Otamendi ?

Manchester United n’a pas encore terminé son marché des transferts. Après les arrivées de Memphis Depay, Matteo Darmian, Bastian Schweinsteiger et Morgan Schneiderlin, Louis Van Gaal souhaiterait encore recruter un attaquant de renom et un défenseur central. Pour cela, les Red Devils seraient prêt à dépenser 70 millions d’euros pour Edinson Cavani plutôt que d’échanger l’attaquant du PSG avec Angel Di Maria, selon le Daily Express. Enfin, les pistes Sergio Ramos et Mats Hummels s’étant nettement refroidies, le média britannique signale que les Mancuniens pourraient formuler une offre de 35 millions d’euros à Valence pour recruter le défenseur central de 27 ans Nicolás Otamendi.

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Haïti-Honduras : Duckens Nazon guide le rêve haïtien ! par Kenson Désir

Duckens Nazon. / Photo : totalmixradio.com

Xavi dénonce « le manque de respect » à l'égard de Iker Casillas Source : eurosport.fr

Xavi, fraîchement parti du FC Barcelone pour le Qatar, a déploré mardi dans une lettre ouverte le départ « sans éclat » de son ami Iker Casillas du Real Madrid, après 25 ans passés à protéger les cages madrilènes.

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