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La filière agricole en Poitou-Charentes Quel avenir ? DOSSIER SPÉCIAL La filière agricole en Poitou-Charentes Quel avenir ? Une région terre de diversités Filière laitière : nouveaux enjeux Parthenaise : fleuron de l’élevage bovin Des kiwis en Charente-Maritime Le tourisme et le bio en complément Bioénergies : l’agriculture innove Le poids du foncier Matériel agricole : la technologie séduit Se regrouper pour progresser Mondialisation : trouver sa place Les questions qui fâchent SOMMAIRE 02 03 04 05 06 07 08 08 09 10 11 Le Petit économiste ® Journal indépendant d’informations économiques en Poitou-Charentes 21 rue de gâtine - 79310 Verruyes Email : [email protected] - Tél. : 05.49.63.00.08 Editeur : Cécilia Rochefort 3 éditions par an (février, juin et octobre) - Tirage du n°5 à 3.000 ex. Maquette : Cyam Communication - 0871.37.64.93 Imprimeur : Imprimerie Rochelaise - 05.46.34.30.05 ISSN 1777-7941 - Dépôt légal n°11071 Publicité Tél. : 06.80.16.04.52 - Email : [email protected] Rédaction Rédacteur en chef : Cécilia Rochefort Rédacteurs : Cécilia Rochefort, Alexandre Garcia, Gérard Guidier, Lamine Camara, Emmanuel Boudard, Alain Juillard. Merci à François Fuchs (BTPL) et à la FRCUMA pour leurs contributions. Crédits photo Vignettes titre: BNIC/S.Charbeau, E.Chauvet, S.Harrison, Futuroscope/Vimenet Photo de couverture : Sylvain Harrison Page 2 : Fotolia et E.Chauvet - Page 3 : BTPL et Fotolia - Page 4 : CR - Page 5 : A.Garcia et Fotolia - Page 6 : G.Guidier - Page 7 : E.Chauvet et FRCUMA - Page 8: CR - Page 9: FRCUMA - Page 10: L.Camara - Page 11: S.Harrison et CR - Page 12 : Fotolia Toute l’actualité économique de la Région: www.lepetiteconomiste.com Le Petit économiste ® - N° 5 - février 2008

Journal n°5 Filière agricole

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Dossier "la filière agricole en Poitou-Charentes, quel avenir ?"

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Page 1: Journal n°5 Filière agricole

La filière agricoleen Poitou-CharentesQuel avenir ?

DOSSIER SPÉCIAL

La filière agricoleen Poitou-CharentesQuel avenir ?

Une région terre de diversités

Filière laitière : nouveaux enjeux

Parthenaise : fleuron de l’élevage bovin

Des kiwis en Charente-Maritime

Le tourisme et le bio en complément

Bioénergies : l’agriculture innove

Le poids du foncier

Matériel agricole : la technologie séduit

Se regrouper pour progresser

Mondialisation : trouver sa place

Les questions qui fâchent

SOMMAIRE

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Le Petit économiste ®Journal indépendant d’informations économiques en Poitou-Charentes21 rue de gâtine - 79310 VerruyesEmail : [email protected] - Tél. : 05.49.63.00.08Editeur : Cécilia Rochefort3 éditions par an (février, juin et octobre) - Tirage du n°5 à 3.000 ex.Maquette : Cyam Communication - 0871.37.64.93Imprimeur : Imprimerie Rochelaise - 05.46.34.30.05ISSN 1777-7941 - Dépôt légal n°11071PublicitéTél. : 06.80.16.04.52 - Email : [email protected]édactionRédacteur en chef : Cécilia RochefortRédacteurs : Cécilia Rochefort, Alexandre Garcia, Gérard Guidier, LamineCamara, Emmanuel Boudard, Alain Juillard.Merci à François Fuchs (BTPL) et à la FRCUMA pour leurs contributions.Crédits photoVignettes titre: BNIC/S.Charbeau, E.Chauvet, S.Harrison, Futuroscope/VimenetPhoto de couverture : Sylvain HarrisonPage 2 : Fotolia et E.Chauvet - Page 3 : BTPL et Fotolia - Page 4 : CR - Page 5 :A.Garcia et Fotolia - Page 6 : G.Guidier - Page 7 : E.Chauvet et FRCUMA -Page 8 : CR - Page 9 : FRCUMA - Page 10 : L.Camara - Page 11 : S.Harrisonet CR - Page 12 : Fotolia

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Le Petit économiste® - N° 5 - février 2008

Page 2: Journal n°5 Filière agricole

Le Petit économiste®02

En Charente, un agriculteur surdeux cultive la vigne. Terres d’éle-vage à l’est (Vaches limousines),de vignobles à l’ouest (Eaux de viede cognac, pineau), de céréales (blé,maïs) au centre, le département est

fortement marqué par l’agriculturequi couvre 63% du territoire.Quelques appellations font égale-ment la réputation du territoire :l’agneau fermier AOC «Diamandin»,le porc saveur Poitou-Charentes,le chapon de Barbezieux, le veaud e C h a l a i s , l e s e s c a r g o t s(cagouilles)...A souligner la particularité ducognac qui, à lui seul, porte lequart des exportations de larégion et place la Charente en têtedes 4 départements pour leséchanges internationaux.

La Charente-Maritime : desexploitations qui se concentrentface à la poussée de l’urbanisme.Le département de Charente-Maritime attire à lui seul le tiersde la population de la région. Sacroissance économique pousse audéveloppement de zones d’activitéset à la construction de pavillonsindividuels au détriment des sur-faces agricoles. Malgré cette ten-dance, le plus long départementde France conserve des culturesvariées, dont la première est liée,comme en Charente, à la viticul-ture (une exploitation sur deux,plutôt au sud du département). Lescéréales (blé, maïs et tournesol)occupent 40 % de la superficietotale.

Enfin, le premier départementproducteur de coquillages deFrance excelle aussi notammentdans sa pomme de terre primeurAOC sur l’île de Ré (à soulignercar 2008 est l’année internationale dela pomme de terre), ses élevages delapin Rex Orylag (apprécié pour safourrure et sa chair).

Le département des Deux-Sèvrestire 60 % de sa richesse agricolede la production animale : 1er rangnational pour l’élevage de caprins,30% de la collecte française de laitde chèvre. La vache de raceparthenaise (label rouge) y tient sonberceau, et la relance de la produc-tion laitière devrait donner uncoup de pouce aux élevages de

vaches laitières. Les marchés deLezay et de Parthenay sont desréférences en matière de cotationdes petits veaux et des animauxde boucherie. L’industrie alimen-taire y est très présente : abattoirs,entreprises de transformation, lai-teries...

Les ovins, par contre, sont enperte de vitesse. Le nord est et lesud du département sont très marqués par les cultures céréalières:blé, tournesol. Le nord ouest et lecentre sont davantage consacrésaux pâturages et aux culturesfourragères pour les animaux. La réputation du département sefait aussi sur des appellationscomme les AOC du beurreCharentes-Poitou (1er AOCf r a n ç a i s e n 1 9 7 9 ) , e t d uChabichou, l’IGP du Melon duhaut Poitou, le VDQS du vin duThouarsais ou des produits tels quela pomme reinette ou clochard, lafève et la mogette du marais (haricotblanc à écosser demi-sec) notamment.

132 ENTREPRISESDE L’INDUSTRIE

AGROALIMENTAIREDÉPENDENT

DE L’AGRICULTURE

Enfin, dans la Vienne, les cul-tures de maïs grain, et d’oléo-protagineux ont connu unepoussée importante ces dernièresannées, surtout dans le nord et lesud ouest du département, ce quiva l’obliger à faire face à unépineux problème de gestion de laressource en eau ; les surfacesirriguées ayant été multipliées par10 en 20 ans (Source Agreste).L’élevage reste bien présent avec lesecond cheptel de caprins (derrièreles Deux-Sèvres), et le 6e rang pourles ovins (240.000 brebis en 2006),même si en 25 ans, ce cheptel adiminué de moitié.La Vienne est également réputéepour ses melons plein champ (5e

position nationale), ses culturesviticoles VDQS du Haut Poitou etle porc de la Frairie.

Concernant la qualité des produits,l’Institut Régional de la QualitéAlimentaire (IRQUA) effectue untravail d’accompagnement et depromotion sur la dénomination « signé Poitou-Charentes », quipeut être considérée comme unepremière étape pour les groupe-ments de producteurs vers la miseen place de nouveaux signes offi-ciels de qualité.

L’industrie agroalimentaire (IAA),qui transforme des matières pre-mières principalement agricolesen produits destinés à l’alimenta-tion humaine et animale, dans lecadre d’une mise en marché indi-recte emploie en moyenne 13.500salariés (industrie des viandes,des boissons et du lait principale-ment) dans 132 entreprises pourun chiffre d’affaires net de 4,5milliards d’euros (chiffres 2005).La région, qui se place au premierrang pour l’abattage de lapins,compte 14 abattoirs, de nom-breuses laiteries, et des entreprisesde transformation diverses.Concernant les lapins, l’entrepriseLOEUL & PIRIOT implantée àThouars (Deux-Sèvres) , es td’ailleurs le premier opérateureuropéen pour le volume traité,mais davantage de laboratoires desecond et troisième niveau, per-mettrait à la région d’optimisertoutes ses ressources. Un travailest d’ailleurs mené au sein de cettebranche professionnelle pour valori-ser les produits régionaux au profitde la restauration hors domicile ;en collaboration avec les collectivitéset le CRITT agroalimentaire.

Cécilia ROCHEFORT

EDITO

Cela ne vous aura pas échappé, lejournal du Petit économiste,désormais thématique et disponiblechez votre marchand de journaux,arbore une nouvelle présentation.Les couleurs des paysages rurauxde la région nous ont inspiré !

Plus sérieusement, depuis que lePetit économiste existe, de nombreuxsujets économiques ont été abordés,sur www.lepetiteconomiste.comou dans les colonnes du journal.Jamais le thème de l’agriculturen’avait été traité. Pourtant, notrerégion a une empreinte agricoleforte : 10,3% de sa population travaille dans l'agriculture alorsque la moyenne nationale est de 5%.De plus, dès qu’il s’agit d’économielocale, on a trop souvent tendanceà séparer le secteur entrepreneurialclassique du secteur agricole.

Chacun s’observant sans trop secomprendre. Pourtant, mondialisa-tion, respect de l’environnement,développement économique... sontdes thèmes communs.

Il était donc important de s’intéresserenfin, dans les colonnes du Petitéconomiste, à l’avenir de l’agriculturequi influe a fortiori sur l’avenir denotre région.

Cécilia [email protected]

L’excellence de la région Poitou-Charentes dans le domaine agricole n’est plus à prouver : elle est leaderdans de nombreux domaines (Lait et élevage de chèvres, culture de melons, d’oléagineux...), mais elle puiseégalement sa force dans sa diversité : terroirs, paysages, variétés de cultures, d’élevages... Un héritage fort qui peut nous permettre d’innover et de mieux appréhender les enjeux mondiaux et environ-nementaux qui vont se présenter à nous dans les prochaines décennies. Encore faut-il que nous soyons suffisam-ment libres, vis à vis de l’Europe notamment, et éclairés pour ne pas nous concentrer sur de fausses pistes(Lire pages 10 à 12, mondialisation et questions sensibles).

Poitou-Charentes, terre de diversité

U n p o i n t f o r t p o u r c h a q u e d é p a r t e m e n t

Page 3: Journal n°5 Filière agricole

N°5 - février 2008 03

Au sein de Parmeeli (partenariatsur l’eau et l’énergie en productionlaitière) les éleveurs, les entreprises- qui sont pour la plupart des coopéra-tives – et les partenaires techniquesde la filière se retrouvent pouranalyser ensemble le cycle de viedes principaux produits laitiersrégionaux. Il s’agit de retracer leparcours des matières premières,du lait, et des produits transformés,pour caractériser chacune des étapesnécessaires à la commercialisationd’un Chabichou par exemple, qu'ilsoit fermier ou issu d'une filièreplus longue... Les premières syn-thèses permettent ainsi de savoirde quelle quantité d’eau ou de quellequantité d’énergie on a besoinpour produire et transformermille litres de lait de chèvre ou delait de vache, avec la répartitionsur les différents maillons de la filière.

Quand les modes de productiondes principaux produits laitiersauront été caractérisés une réflexions’engagera avec tous les parte-naires et les entreprises sur lesmoyens d’atténuer les impacts etd’optimiser l’utilisation des prin-cipales ressources. Il est notammentprévu de chercher du côté de l’in-novation technologique et despistes proposées du côté des éco-industries.

OPTIMISER L’UTILISATIONDES RESSOURCES

Plus généralement, en privilégiantles approches territoriales, le recoursaux énergies renouvelables et auxmatériaux «basses consommations»et la valorisation de certains gise-ments de biomasse, les filièresimpliquées devront pouvoir pro-duire autant avec des consomma-

tions plus faibles et des impactsqui évoluent à la baisse.

Le réseau Parmeeli entend ainsitester les différentes possibilités deprogresser en les comparant, pourproposer et accompagner un pland’actions pour la filière laitièrerégionale.

Le réseau ParmeeliPour accompagner les entrepriseset notamment les coopératives del’Association Centrale des LaiteriesCoopératives de Charentes et duPoitou, une équipe pluridisci-plinaire s’est constituée à l’appeldu Bureau Technique de PromotionLaitière (B.T.P.L.), en partenariatavec l’ADEME: Chambre Régionaled’Agriculture, FRCUMA, Eniliade Surgères, Institut Techniquedes Produits Laitiers Caprins,association Solagro, CFPPA de Melle

et Institut de l’Elevage. Des orga-nisations professionnelles par-ticipent au pilotage du pro-gramme : l’Association RégionaleCaprine, le Groupement deProduction Lait-Viande.L’Analyse de Cycle de Vie (A.C.V.)est menée avec l’appui scien-tifique d’un laboratoire de l’INRAde Rennes.Le premier bassin de productionconcerné par les diagnostics se situedans le Pays Thouarsais: Parmeeliapporte ainsi sa contribution auplan climat local et au pôle d’ex-cellence rurale et s’appuie sur ladynamique lancée par le Syndicatdu Pays Thouarsais.

Après le découplage des aides de laPAC en 2006 et dans la perspectived'une remise en question du systèmedes quotas, la filière «lait de vache»est en pleine évolution. La pro-ductivité des exploitations de larégion se situe à plus de 300.000litres et après cinq années de baissedu prix du lait de nombreuxéleveurs font le choix de l'agran-dissement et de la simplificationdes méthodes de production. Lesderniers mois ont montré l'impactsur les exploitations régionales d'unmarché du lait mondialisé : unerelative pénurie de matières pre-mières (en particulier les protéineslaitières) à entraîné une hausse descours et du prix du lait payé auxproducteurs qui ont cherché desmoyens rapides de répondre à lademande. L'industrie laitière - avec17 entreprises de plus de 20 salariés quiemploient 2.400 personnes pour unchiffre d'affaire global d'un peu moinsde 900 millions d'euros - complète sesapprovisionnements avec une col-lecte hors région représentant unquart des volumes de lait transfor-més.

UN MARCHÉ DU LAITPORTEUR, UNE MANNE

POUR LA RÉGION,PRODUCTRICE RENOMMÉE

Parallèlement, la région Poitou-Charentes est toujours « numéroun » pour la production de lait dechèvre avec 38% de la productionnationale. Une petite part (un peumoins d'un pourcent) de cette pro-duction est transformée à la ferme.Le renouvellement des exploita-tions est le grand défi à releverpar la filière caprine dans les années

qui viennent, notamment parceque l'écart entre les besoins et laressource laitière se creuse. Lesentreprises régionales ont recoursde façon significative aux impor-tations de lait concentré, de cailléet de lait liquide pour satisfaire unmarché qui poursuit son développe-ment. Même si la filière caprine neconnaît pas les quotas de production,la régulation se faisant grâce à descontrats entre industriels et éleveurs,l'offre ne suit pas mécaniquementla demande : il faudrait pouvoircompter sur davantage d'installa-tions en élevage caprin ou bien surl'agrandissement des cheptelsexistants.

François FUCHS

Ingénieur-conseilEn charge des questions énergie -environnement - bilan carbone enproduction laitière.Coordinateur PaRMEELI – Analysede Cycle de Vie du lait.

B.T.P.L. PoitiersTél. : 05 49 52 92 90.

Forum « Eau & Energie » surwww.btpl.fr.

� Les nouveaux enjeux de la filière laitière

PA R M E E L I : des éleveurs et des laiteriesexplorent le cycle de vie de leurs produits

Page 4: Journal n°5 Filière agricole

La race parthenaise revient de loin:quasiment abandonnée des éleveursdans les années 60 en raison del’attrait de la filière laitière, de l’arrêtde la traction animale et de l’arrivéede grandes épidémies, elle connaîtdepuis un peu plus de 20 ans unregain d’intérêt couronné en octobre2006 par l’obtention du LabelRouge.

Jean Luc et Sébastien Rossard sontéleveurs depuis 4 générations àVerruyes en Gâtine deux-sèvrienne,le berceau de la race. Installés surune exploitation de 97 hectares àMarsilly, ils gèrent 250 têtes debétail (une centaine de mères) derace parthenaise.

Une fierté pour le grand père et lepère de voir Sébastien reprendrele flambeau en octobre 2005, à 25

ans, à travers un GAEC. Après unbac puis un BTS agricole, Sébastiena pu découvrir, lors d’un stage del’autre côté du globe: en Australie,une autre façon d’élever du bétail,«une manière de s’ouvrir l’esprit versune autre culture » soulignera sonpère Jean Luc.

«La parthenaise est une race rustique,un peu plus sensible que le charolais»confie Jean Luc Rossard, « elle passedonc l’hiver à Marsilly à l’abri dansun bâtiment en ossature bois de 1.800 m2,qui permet une ventilation naturelleet apporte une lumière agréable sur degrands volumes. La charte qualité quiaccompagne le label demande untemps d’engraissement d’un minimumde 6 mois, avec des aliments naturels :foin et maïs en hiver, herbe despâturages à la belle saison. »

Le GAEC Rossard commercialisesa viande à travers une associationde producteurs, en lien avec unabattoir, un atelier de découpebasé à Parthenay, puis la viandeest directement mise en vente dansles boucheries traditionnellesmajoritairement de l’ouest, etquelques unes à Paris. Appréciéepour sa tendreté, son grain fin sapauvreté en graisses et son rende-ment, la viande de la vache à larobe froment a d’ailleurs été lavedette du salon international del’agriculture de 2004. Les éleveurssont concentrés principalement enrégions Poitou-Charentes et Paysde la Loire.

Les vaches du GAEC de Marsilly,quant à elles, participent régulière-ment à des concours, locaux ounationaux, bien souvent avec succès,les plaques émaillées en témoignent.

Si la ville de Parthenay reste encoreun marché aux bestiaux (bovins,ovins, chevreaux) réputé, il a perduson aura d’après-guerre, époqueoù il était le 1er marché de Francepour les bovins de boucherie.Aujourd’hui, il cherche un secondsouffle et il n’est pas certain que lesefforts menés notamment parl’Association professionnelle pourla modernisation du marché deParthenay, qui vise un objectif de200 bovins et 2.000 ovins chaquemercredi, soient couronnés desuccès.

Les cours de la viande, quant àeux, se maintiennent, et le labelpermet une valorisation des pro-duits.

Le 15 janvier dernier, le Pays deGâtine, qui compte un peu plus de2.400 exploitations, a organisé, enpartenariat avec la Chambre d’agriculture et l’ADASEA, les

Etats généraux de la transmissionet de l’installation en élevage.Cette journée avait pour but demettre en place des actions pourfaciliter la transmission des élevageset l’installation de jeunes exploitants.Les résultats d’une enquête réaliséeà l’automne auprès des 2.000agriculteurs de Gâtine ont étéprésentés : cette consultation apermis de dresser un état des lieuxprécis et actualisé, ainsi que derecueillir les avis et suggestionsdes professionnels sur les actionsà mettre en oeuvre. Quelquespistes de travail: renforcer les filières,étudier les possibilités de diversi-fication, rendre plus lisibles lesaides disponibles et leur pérennité,mieux communiquer sur les atoutsdu secteur agricole, notamment enmettant en valeur les initiativesinnovantes, aider au regroupementde moyens...

L’élevage de bovins a de beaux joursdevant lui car le développementdes pays émergents va créer unedemande supplémentaire de viandeet comme chacun le sait, plus leniveau de vie est élevé, plus lanourriture s’enrichit, notammentde viande. Or, un paramètre envi-ronnemental sera à prendre encompte : l’élevage en général émetplus de gaz à effet de serre que lestransports !

Cécilia ROCHEFORT

9 € TTC pour 1 an (3 numéros)

Le Petit économiste®04

� La Parthenaise, fleuron de l’élevage bovin

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BULLETIN D’ABONNEMENT

Date et signature :

Page 5: Journal n°5 Filière agricole

N°5 - février 2008 05

� Des cultures méconnues : l’exemple du kiwi

Introduit sur notre territoire dansles années 1960, le kiwi s’est bienacclimaté à la France, deuxième

producteur européen derrière l’Italieavec plus de 76.000 tonnes récoltéeschaque année. Plus des deux tiersde cette production viennent dusud-ouest, et notamment de laCharente-Maritime, où une tren-taine d’arboriculteurs se sontlancés dans la culture du petitfruit poilu, sur 70 hectares répartisentre les bords de la Gironde et laSaintonge.

1.200 TONNESDE KIWIS CHARENTAIS

PAR AN

A Saint-Romain-de-Benêt, Marie-Claire et Jacques Nevoit ont plantéleurs premiers pieds en 1984. « C’était une période où le Cognac nemarchait plus du tout, se souvient

Marie-Claire. Nous avons alors cher-ché à diversifier notre production. »Très vite, le viticulteur s’est pas-sionné pour ce fruit originaire dusud-est de la Chine et popularisédepuis 1910 par la Nouvelle-Zélande. Après l’investissementdans un nouvel outillage, il a alorsappris à tailler et à attacher leslianes qui nécessitent un impor-tant travail manuel. « Pour s’enoccuper correctement, il faut compterentre 650 et 700 heures de travail parhectare », précise Jacques Nevoit. « Le bon côté, c’est que nous n’em-ployons aucun pesticide ou fongicide,ajoute son épouse. C’est un travailsain. » En effet, cette culture nenécessite pas de traitement phy-tosanitaire en France, certainementgrâce à la faible quantité de vergers

exploités.Plantées sur 3 hectares, les lianesproduisent 50 tonnes de fruitsrécoltés au début du mois denovembre. Ils sont ensuite com-mercialisés par la coopérativeKiwi du Sud-Ouest (K.S.O.) de SteFoy la Grande (l’Adour étant la1ère région productrice de Franceavec un kiwi label rouge), qui secharge d’écouler les 1.200 tonnesde kiwis charentais en Francecomme à l’étranger. « Nos kiwisarrivent sur le marché début décem-bre, quand les pays de l’hémisphèresud arrêtent leur production, expliquel’arboriculteur. C’est pourquoi ontrouve des kiwis toute l’année. »

Alexandre GARCIACorrespondant du Petit économiste

CHARENTE-MARITIME :quand le kiwi vole au secours de la vigne

L’image agricole de la région est marquée par des cultures ou élevages classiques : bovins, ovins, caprins,céréales… , pourtant, elle brille aussi pour son originalité dans des domaines un peu moins connus. Citonspar exemple l’élevage d’autruches, la culture de chanvre, de tabac ou encore de kiwis. Ce petit fruit, gorgé devitamine C, ne pousse pas que dans l’hémisphère sud, et, réchauffement climatique oblige, Poitou-Charentes,grâce à son climat tempéré, risque bien, dans les décennies prochaines, de développer d’autres culturesaujourd’hui considérées comme exotiques.

Page 6: Journal n°5 Filière agricole

Le Petit économiste®06

� L’essor des produits biologiques et du tourisme vert

DU COGNAC DANSDES COCKTAILS BIO:UN PARI AUDACIEUX

Depuis longtemps dans la familleBrunet, à Bréville, en Charente, ona choisi de cultiver ses vignes selonles principes de l’agriculturebiologique. Maurice le grand-pèrea initié la démarche, connue àl’époque sous le nom de méthodeLemaire Boucher, André, le fils acontinué, et Stéphane le petit filsinstallé en 2003, a pris le relaisavec beaucoup d’idées et autantd’enthousiasme. Premier projet réalisé par ce jeunehomme entreprenant, aujourd’huiâgé de 27 ans : la création d’unegamme de cocktails et spiritueuxélaborés à partir de cognac, fruitset fleurs, cultivés en agriculturebiologique. « Le concept que j’ai créé en 2003 etqui s’appelle Organic Spirit, j’yréfléchissais déjà avant de passer monbac pro, ‘viti-oeno’. C’est pour cela

qu’après avoir obtenu mon BTS decommerce en vins et spiritueux, en2000, j’ai planté sur l’exploitationfamiliale dix hectares de cassissiers,groseilliers et autres framboisiers.Puis, pour acquérir un peu d’expéri-ence dans ce domaine, j’ai voulu vivrependant un peu plus de deux ans,quelques aventures formatrices.D’abord aux Etats-Unis dans un desvignobles californiens de la société «Co-Brands », en tant qu’oenologue-assistant en laboratoire, puis auxGaleries Lafayette, à Paris, en qualitéde sommelier. Pour compléter cetteapproche des vins et spiritueux, j’aifait deux saisons sur la côteAnglaise (à Bournemouth) dans unbar à cocktails. Cela m’a permis de me« faire le nez ». Quand je suis rentréen Charente, fin 2002, mon conceptétait prêt. » explique StéphaneBrunet, en préambule.

«Partant de la philosophie de nombreuxconsommateurs méfiants des dangersde l’alcool pour la santé, je me suis

dit, reprend le jeune oenologue, qu’il yavait un créneau à prendre dans lesapéritifs et cocktails faiblementalcoolisés. Le cognac, à petite dose,apportant aux mélanges davantageses arômes que sa richesse alcoolique.C’est de cette réflexion qu’est née magamme «Organic Spirit», destinée àune clientèle demandeuse de produitsnaturels (bio) et sans danger pour lasanté (peu d’alcool).»

DES PRODUITSA CONSOMMER

SANS MODERATION

Cette entreprise originale a valu àStéphane Brunet de décrocher labourse « Défi Jeunes », attribuéepar le ministère de la Jeunesse etSports, aux jeunes créateurs deprojets innovants. Et moyennantquelques investissements, l’aventurea commençé fin 2003.« Aujourd’hui après des débuts unpeu difficiles - une longue mise enroute - je commercialise une partie demes produits dans les magasinsBioCoop en Poitou-Charentes, et dansles épiceries haut de gamme. Je tra-

vaille également avec quelques dis-tributeurs. Mais c’est surtout àl’export que j’ai l’intention dedévelopper mon activité.Actuellement ce débouché, en Europeessentiellement, concerne pratiquement50 % de ma production. » soulignel’alchimiste de la viticulturebiologique.Organic Spirit, qui est en crois-sance régulière depuis sa création,a permis au jeune chef d’entre-prise de réaliser en 2006, un chiffred’affaires supérieur à 150.000 euros.

Plus sur www.organicspirit.com

Gérard GUIDIERCorrespondant du Petit économiste

Stéphane Brunet, jeune viticulteur du Pays de Cognac a créé un conceptoriginal d’apéritifs bio à faible degré alcoolique.

LES PRODUITS BIOLOGIQUES :de plus en plus présents dans cultures agricoles

CHANTE OISEAU,UNE RÉUSSITE EXEMPLAIRE

A peine 2 % des agriculteurs duPoitou-Charentes sont aujourd’huiengagés dans une activité diver-sifiée de tourisme vert. Cetengagement timide est tout demême pointé à la hausserégulièrement. Si pour certains,l’accueil à la ferme constitue uncomplément peu significatif,d’autres, impliqués dans ladémarche depuis plusieurs années,retirent de cette activité des revenusqui peuvent atteindre jusqu’à 25%du chiffre d’affaires global del’exploitation.Isabelle et Jean Luc Bossard, éleveursà Theil Rabier, (canton deVillefagnan) en Charente, appar-tiennent à cette catégorie. Installésen 1982 sur 44 ha de terreslabourables et prairies, avec un

troupeau de 30 vaches laitières, cecouple de quadragénaires, pionnierdans la démarche, a débuté dansle tourisme vert, (autant par goûtque pour obtenir une source derevenus supplémentaires) en 1987 eninstallant un gîte d’enfants. Quatreans plus tard, ils créaient l’une desseules fermes pédagogiques dudépartement, la ferme Chante-Oiseau et accueillaient, à la journée,des groupes d’enfants issus desécoles primaires, centres aérés, etautres structures.Isabelle Bossard raconte: «Encouragéspar la réussite de ce projet, gratifiantmais assez contraignant, nous avonsdécidé de nous orienter vers l’accueilen gîte. Nous avons fait l’acquisitiond’une première maison, plus ou moinsen ruines, que nous avons retapé nousmêmes. Ainsi a été ouvert notre premiergîte au début de l’été 1998. Un gîted’une capacité de 12 personnes dont

l’aménagement et le confort nous ontpermis de bénéficier du label « Gîtesde France 3 épis». La gestion des deuxstructures étant trop lourde à assumer,nous avons abandonné la ferme péda-gogique, et aménagé un second gîte(dans une vieille grange du village,également achetée) en 2001. Capacité :6 personnes. Et en 2003, un troisième gîte a vu lejour dans des dépendances de la ferme.Pour être plus attractifs,nous avonspris soin d’organiser des animationspour les enfants et depuis 2 ans, unepiscine couverte complète notre offre.Enfin, l’été dernier, nous avonsouvert trois chambres d’hôtes. La sur-charge de travail occasionnée nous acontraint à créer un emploi, rentabil-isé assez facilement »Alors que la moyenne régionale defréquentation des gîtes ruraux està peine supérieure à 13 semaines,Isabelle et Jean Luc Bossard onttotalisé, ces deux dernières années,plus de 22 semaines de location.Ils ont même mis en place depuis

quelques temps une formuleweek-end qui a beaucoup de succès.Le dernier salon de la Bande dessinéeà Angoulême leur a, par exemple,amené vingt cinq personnes pourle dernier week-end de janvier. Dans un petit coin de Charentesans atouts touristiques parti-culiers, la réussite de ce coupled’agriculteurs entreprenants peutêtre considérée comme exem-plaire

Plus sur www.chanteoiseau.net

Gérard GUIDIERCorrespondant du Petit économiste

Le pourcentage des exploitants agricoles qui ont une activité de tourismevert reste faible. Certains en tirent pourtant des revenus non négligeables.

TOURISME VERT :le Poitou-Charentes se réveille

Page 7: Journal n°5 Filière agricole

N°5 - février 2008 07

� L’énergie de demain prend sa source dans l’agriculture

L’intérêt que nous portons à l’envi-ronnement sera-t-il un levier pourgénérer de nouveaux procédés agricoles,utiliser différemment les ressourcesnaturelles, innover dans les modes deculture et dans l’utilisation des pro-ductions issues de la terre ? Lesavancées de ces dernières années vonteffectivement dans ce sens. Pour autant,l’enjeu local et mondial pour nosressources naturelles doit nous appelerà la plus grande prudence.La Région Poitou-Charentes s’estmontrée très volontaire sur ces sujets :pôle des éco-industries, bio-carbu-

rants, des territoires prennent aussides initiatives :

Une unité de méthanisation pilote estprévue pour 2010 à Thouars (NordDeux-Sèvres). L’Association Biomassedu Bassin du Thouarsais, à laquelle laCommunauté de Communes duThouarsais participe aux côtés denombreux industriels et agriculteurs,s’engage ainsi dans un investissementde 8 à 10 Millions d’euros complétépar la création de quelques emplois.L’objectif est la production d’énergieet de chaleur à partir de déchets de type

organique (fumiers, végétaux, pailles,déchets agro-alimentaires, boues,graisses...)

Le chanvre, dont la culture était légionau XIXe siècle, avant qu’il ne soit sup-planté par le coton et les textiles syn-thétiques, fait un retour en force,notamment dans le département de laCharente, et dans le sud Deux-Sèvres.Utilisé en tant que matériau isolantdans les constructions, il est appréciépour ses qualités phoniques, isolantes,et hygrométriques. Des associationsont été créées pour porter les recherches

effectuées et pour promouvoir uneculture écologique du chanvre, tandisqu’une société : la SARL Poitou-Chanvre, qui réunit artisans du bâti-ment et agriculteurs a décidé d’enfaire son commerce à Melle.

8 % du colza français est produitdans la région (Source DRAF) et lecolza alimentaire est directementconcurrencé par de nouveaux

débouchés énergétiques. A titred’exemple, dans la région, unedouzaine de CUMAont été équipéesde presses à huile (sur la photo).Graines de tournesol et de colza ysont pressées pour donner d’uncôté des tourteaux alimentairespour les animaux d’élevage, del’autre de l’huile végétale utiliséeen carburant dans les matérielsagricoles et comme combustible dansles chaudières. Les agriculteurstraitent alors directement leur pro-duction, avec l’aide de partenaires

comme le Conseil général desDeux-Sèvres qui les soutient dansles analyses chimiques des huileset tourteaux produits, et laFédération régionale des CUMAqui met à leur disposition des pré-conisations techniques pour l’uti-lisation du matériel.

De 2004 à 2006, la surface de colzaénergétique a augmenté de plusde 30.000 hectares, celle du tour-nesol a été multipliée par cinq.Dans le même temps, la crois-

sance la plus forte en colzaénergétique est enregistrée dansla Vienne avec une multiplicationpar 7,7 des surfaces. Ce départe-ment absorbe à lui seul le tiers dessuperficies cultivées en 2006 dansla région. Il est passé du dernierrang des producteurs de la régionen 2004 au premier rang. Les aidesfinancières pour les exploitationsont dopé le développement dubiocarburant. En 2006, la régionreprésente 11 % des surfaces cul-tivées en colza énergétique auniveau national.

Cécilia ROCHEFORT

Une explosion du colza énergétique dans la Vienne

Les éco-industries regroupentl'ensemble des activités qui « pro-duisent des biens et services destinésà mesurer, prévenir, limiter oucorriger les atteintes à l'environ-nement». Le chiffre d'affaires de cesecteur est en constante progression.Il concerne principalement la gestiondes eaux usées, des déchets, desressources en eau.En 2000, la France était excédentairedans ses échanges internationaux deproduits destinés aux activitésenvironnementales et sur les marchésde matériaux de récupération.

C’est dans ce contexte que la créationdu pôle de compétitivité des éco-industries prend tout son sens. Lepôle éco-industries existe, bien qu’iln’ait pas reçu le label gouverne-mental. Né en mars 2006, il est baséà Poitiers, emploie aujourd’hui 5personnes, et repose principalementsur la mise en oeuvre de nombreuxpartenariats (CRITT, ADEME,Centres de recherche...) et la régionPoitou-Charentes y a contribué sousplusieurs aspects :

- soutien à la structuration dela filière autour de Valagro (plate-

forme de valorisation industrielledes agro-ressources, implantée surle campus universitaire de Poitiers).

- soutien financier aux eco-indus-tries, par appel à projet annuel deséco-industries et éco-procédés.

- soutien financier direct à hau-teur de 500.000 euros en pour lacréation de la nouvelle usine deproduction d’agro-carburants depremière génération (blé, colza,maïs) de Chalandray (86) qui devraitsortir en 2008 environ 6 millions delitres par mois de biodiesel.Soutien aussi pour l’usine d’agro-carburants de La Rochelle. De plus,une unité de production d’agro-car-burants de seconde générationbasée sur l’éthanol sera installée enCharente, une “première” en France.Elle valorisera les déchets végétauxet surplus de cognac lorsqu’il y enaura. A noter que sur ce point, unpartenariat a été établi avec le pôlelabellisé “Mobilité et TransportsAvancés”qui a la capacité à organiserle test de ces produits. (Sur la questiondes bio-carburants, voir l’article page 11).http://eco-industries.poitou-charentes.fr

Emmanuel BOUDARD

Les éco-industries, le lien entre l’agricultureet les énergies de demain

Page 8: Journal n°5 Filière agricole

Le Petit économiste®08

Alors que le nombre d’exploitationsagricoles dans la région a chutéde 56.000 en 1988 à moins de30.000 en 2005, les jeunes agricul-teurs qui s’installent ou souhaitents’agrandir sont de plus en plusconfrontés à la difficulté de trou-ver des terres.L’urbanisation, la place occupéepar les infrastructures et l’extensiondes zones d’activités entraînenten effet une diminution constantedes surfaces cultivées. « Nous per-dons chaque année 1 % de surfaceagricole », déplore le président dela chambre départementale d’agri-culture de Charente-Maritime, LucServant. « Si on cumule toutes lessurfaces qui doivent être urbaniséesdans les plans locaux d’urbanisme des51 communes du pays d’Aunis, onarrive par exemple à un total de 1.600

hectares, soit l’équivalent d’une com-mune qui va disparaître. »

CONSTITUER DES RÉSERVESFONCIÈRES POUR PERMETTREAUX JEUNES DE S’INSTALLER

Acette raréfaction de la terre s’ajouteen outre l’augmentation du prix desterrains labourables libres à lavente, dont l’hectare s’échange enmoyenne à 3.380 euros dans larégion, dans une fourchette com-prise entre 2.250 et 4.200 eurosselon la localisation géographique.Si le marché porteur du cognactire les prix à la hausse dans leCognaçais et en Charente-Maritime, l’explosion du prix desterrains de loisirs, multiplié par3,2 depuis 1997, se répercute surtoutsur le prix des terres labourables

dans les zones périurbaines deCharente-Maritime. Dans ce con-texte, les agriculteurs les plusâgés ont souvent un intérêt plusfort à démanteler leur exploitationplutôt que de la transmettre, envendant leurs terres agricoles enterrains constructibles pour seconstituer un capital pour la retraite.«Cette tendance générale pose un sérieuxproblème aux jeunes qui doiventacheter 50 ou 60 hectares », résumeLuc Servant.

Pour faire face à ces tensions, laRégion a signé une convention avecla Société d’aménagement foncieret d’établissement rural (SAFER) quiprévoit la constitution de réservesfoncières destinées à faciliterl ’ installation des nouveauxagriculteurs, notamment horscadre familial. A la Chambre d’agri-culture, un schéma directeur permetégalement d’attribuer en priorité lesterres qui se libèrent aux jeunes

professionnels ou aux exploita-tions de petite taille. Plusieursstructures agricoles, comme leComité rural de développementagricole (CRDA) du Pays d’Aunis,mènent enfin des actions de sensi-bilisation auprès des collectivitéspour les inciter à «limiter le prélève-ment de terre » et protéger les siègesdes exploitations menacés parl’urbanisation galopante.

Alexandre GARCIACorrespondant du Petit économiste

La pression foncière urbaine diminue les espaces agricoles et renchéritle prix de la terre au détriment des jeunes agriculteurs désireux de s’installer ou de s’agrandir.

� Le prix des terres, un frein à l’installation des jeunes

Depuis avril 2007, 12 lycées agri-coles de la région bénéficient d’unprojet pédagogique initié par laDirection régionale de l’agricultureet de la forêt et visant à trouverdes outils de cartographie et detraitement de l’information poursensibiliser les élèves aux démarchesd’excellence environnementale.Ordinateurs de poche, barres deguidage ou logiciels d’arpentagesont mis à leur disposition grâce àun budget de plus de 150.000euros octroyé par le Conseil régional.Ces agriculteurs de demain, sensi-bilisés au respect de l’environ-nement, seront sans doute desacheteurs de matériels avertis etexigeants.

LE TÉMOIGNAGE DELAURENT GOICHON,

CONCESSIONNAIRE ENDEUX-SÈVRES

« Le secteur agricole est soumisactuellement à une mutation impor-tante : baisse du nombre d’exploita-tions, augmentation des surfaces, cequi a aussi des conséquences sur lecomportement des exploitants quis’éloignent ainsi les uns des autres,et deviennent de plus en plus indi-vidualistes. Des groupements commeles CUMA perdent alors peu à peu de

leur intérêt et souffrent de cetterestructuration. Pourtant, on constateque les jeunes reviennent à l’agri-culture, et aujourd’hui, quelqu’un quia vraiment envie de se lancer, d’en faireson métier, peut en vivre très correcte-ment», telle est l’analyse de LaurentGoichon, concessionnaire JohnDEERE en Deux-Sèvres (42 salariéset 9M€ de CA ht).

Les établissements Goichon ontété fondés à Neuvy Bouin en 1954avec une activité de mécanique trèsgénérale allant de la mobylette à lalessiveuse. Le père de Laurent feraensuite le choix de se spécialiservers l’agriculture et adoptera en1963 la marque américaine JohnDEERE, nouvellement implantéeet déjà réputée pour sa robustesseet ses innovations.Aujourd’hui, le siège de la sociétéest basé à Parthenay, avec un site àRorthais, un site ouvert en septem-bre dernier à Saint Martin lès Melleet enfin une ouverture prévue à SaintAubin du Plain en mars prochain.De plus, au Tallud, l’entreprisedéveloppe une activité de vente dematériel agricole d’occasion et demotoculture.Une croissance qui lui permet ausside diversifier sa clientèle (majori-tairement composée d’éleveurs) en

la développant vers des territoirescéréaliers.

UN MÉTIER DE PLUS EN PLUSTECHNIQUE EN RECHERCHE

DE MAIN D’OEUVRE

Le marché lui aussi évolue aussi avecun matériel agricole qui devientde plus en plus sophistiqué (logi-ciels de calculs de rendement, car-tographie, auto-guidage…) et puis-sant : 110 CV aujourd’hui pour untracteur dédié à l'élevage, 75 CV ily a 10 ans. Le client attend aussi des presta-tions comme le dépannage rapidesur site car, dans le secteur agricole,le matériel est fortement sollicité, etla période d’utilisation en saison deplus en plus courte : de 300 à 500heures par an pour les céréaliers,1.500 heures pour les éleveurs.«Notre métier de concessionnaire évolueaussi : des machines de plus en plustechniques avec des contraintes saison-nières plus importantes compliquentnotre recherche de personnel qualifié.Autrefois, nous recrutions les filsd’agriculteurs qui ne voulaient pasreprendre l’exploitation familiale,aujourd’hui, ceux-ci restent de plusen plus à la ferme ou continuent leursétudes. On compte peu de formationsà la mécanique agricole dans la région

et il est difficile d’attirer les jeunesdans nos petites villes rurales. Pourtant,si nos professions, autrefois, étaientdévalorisées, ce n’est plus le cas. Leconfort de travail s’est nettementamélioré, les salaires deviennentmotivants et il y a aussi des pos-sibilités d’évolution de carrièreintéressantes. » précise LaurentGoichon.

Sur le département des Deux-Sèvres,Laurent Goichon compte unedouzaine de concurrents, dans unsecteur d’activités qui comportedes exploitants dynamiques avec deséleveurs très professionnels et descéréaliers qui profitent de la flambéedes prix des céréales pour investir.Un avenir prometteur donc qui nel’empêche pas de diversifier sonactivité avec le Centre OccasionDeux-Sèvres pour s’ouvrir à l’ex-port vers les pays de l’Est et leMaghreb et à proximité, un centrespécialisé en motoculture : « c’estidéal pour nos clients agriculteursretraités, ça leur permet aussi degarder le contact avec leur environ-nement professionnel ! »

Cécilia ROCHEFORT

� Matériel agricole : la technologie séduit

L’agriculture de précision dès le lycée

Page 9: Journal n°5 Filière agricole

Les CUMA (Coopératives d’Utili-sation du Matériel Agricole) sontdes coopératives de proximité quiregroupent des agriculteurs pourleur permettre d’acheter et d’utiliserdu matériel en commun. La maîtrisedes charges de mécanisation surles exploitations agricoles est unenécessité. La CUMA est un moyenefficace d’y parvenir.C’est aussi un lieu d’échanges etde contacts entre les agriculteursoù l’on met en pratique la solidaritéet l’entraide.

Pour créer une CUMA, il fautréunir 4 exploitations au minimum.L’engagement se fait sur du long-terme (5 à 7 ans) afin que lesinvestissements bénéficient à toutle groupe. Adhérer à une CUMAc’est adhérer à une agriculture degroupe (plannings pour l’utilisationde matériels, partage de salariés,développement de projets collectifs..).Les Fédérations de CUMA accom-pagnent leurs CUMA pour faireémerger et développer leurs projets.La CUMA désigne ses responsablesmais chaque adhérent est invité àdonner son avis sur les décisionsimportantes, selon le modecoopératif (un homme = une voix).Avec une moyenne de 21 adhérents,les CUMA sont des coopérativeslocales à taille humaine. Néanmoinsil y a une vraie diversité: parmi les650 CUMA du Poitou-Charentes,certaines sont constituées de 4adhérents autour d’un seul matériel,d’autres avec 200 adhérentsatteignent les 500 000 € de chiffred’affaires.

Les CUMA suscitent également unimpact positif sur l’emploi.Individuellement, dans bien descas, l’exploitation ne peut créer unemploi, mais à plusieurs tout devientpossible ! Les emplois occupéstouchent principalement à l’entre-

tien des matériels, la conduite. LesCUMA peuvent aussi mettre à dis-position leur salarié, directementau bénéfice des exploitationsadhérentes, dans la limite de 30 %de leur masse salariale (activité degroupement d’employeurs).

PLUS D’UN AGRICULTEURSUR 2 ADHÈRE À UNE CUMA

Les CUMA touchent tous lessecteurs agricoles : poly-cultures,élevage, viticulture, en passant parl’ostréiculture, les cultures spéciali-sées ou encore les ateliers de trans-formation.Dans les années 1980, les CUMAvont se développer au-delà desactivités traditionnelles : drainage,irrigation, diversification des pro-ductions. Dès 1990, les CUMAjouent un rôle très important dansla protection de l’environnement(épandage des fumiers et lisiers, pul-vérisation...), et de nouvelles activitésinnovantes voient le jour dans lesannées 2000 (compostage, huile végétalepure, bois déchiqueté, déssileusesautomotrices...). La région Poitou-Charentes est par exemple devenueleader dans le développementdes agro-carburants en filièrecourte avec 14 presses à huileacquises en CUMA (grâce au sou-tien des collectivités).

Le réseau CUMAa créé un concoursafin de primer les projets innovantsportés par des CUMA selon troisdomaines : « installation etdynamique collective », « amélio-ration des conditions de vie », « territoires et développementdurable ». En 2008, ce sera la 3ème

édition de ce Grand Prix CUMA.Ce concours bénéficie du soutiendu Crédit Agricole et est réalisé enpartenariat avec les JeunesAgriculteurs et les MaisonsFamiliales.

L’année 2008 sera également mar-quée, en Poitou-Charentes, par lesalon «Champ des Machines», le23 septembre à Champniers, prèsd’Angoulême, sur le thème desTechniques Culturales Simplifiées.Ce salon, organisé par lesFédérations de CUMA, a pour

vocation de donner à tous lesagriculteurs une vitrine des nou-veautés en machinisme par lebiais de démonstrations au champ,d’ateliers techniques et d’un forumdébat. Cette grande manifestationse déroulera dans un espritd’échanges, de mutualisation etde rationalisation des coûts et deschantiers.

Aujourd’hui si plus d’un agriculteursur deux est adhérent de CUMA,c’est qu’elles apportent une réponsepertinente aux problématiquesdes exploitants et qu’elles sontréactives par rapport aux nou-veaux enjeux.

FRCUMA

Pour connaître les dates des manifes-tations, journées techniques, forma-tions... du réseau CUMA Poitou-Charentes, consultez le site :www.poitou-charentes.cuma.fr

Se concerter pour uneagriculture durable

Dans un contexte de révision de la politique agricolecommune et d'augmentation des prix des matières pre-mières, les réflexions sur l'évolution de notre agriculturerégionale peuvent s'appréhender à travers des prismes divers et des éclairages nou-veaux.À cet égard les conseils de développement des communautés d’aggloméra-tions des villes, des pays peuvent apporter leur contribution et susciter des idéesinnovantes en complément des structures traditionnelles.En effet la créativité peut s'exercer en facilitant la concertation entre les universi-taires (sociologues, psychosociologues, géographes,... spécialistes de l'aménage-ment du territoire...) les chercheurs de disciplines variées (biotechnologies, biocar-burants avec l’INRA, le CNRS...) les responsables d'entreprises, les simplescitoyens, tous représentants de la société civile et naturellement les agriculteurs etleurs organisations.C'est ainsi que l'on peut imaginer des outils ayant fait leurs preuves dans d'autressecteurs de l'économie : pépinières d'entreprises, ateliers relais, guichets uniques...valorisation des circuits courts...C'est également ainsi que l'on peut développer une approche environnementaleintégrant un ancrage des cultures agricoles et d'élevage au cadre de vie, afin de pro-duire mieux de manière compétitive et durable dans l'intérêt des populations.

Alain JuillardPrésident du Conseil de Développementde la Communauté d’Agglomération de NiortConsultant - Vice-président régional DCF Poitou-CharentesContact : [email protected]

09

� Se regrouper pour mieux progresser

Chiffres clés :

Nombre de CUMA en Poitou-Charentes : 650Nombre d’adhérents : 13.000 (soit 1 agriculteur sur 2 en CUMA)Nombre de salariés en CUMA: 120Chiffre d’affaires moyen : 45.000Montant des investissements en 2006 : 15,77 M d’Euros (en constante progression)

La Chronique d’Alain JUILLARD

N°5 - février 2008

De nombreuses associations ou organismes agissent aussi audéveloppement de l’agriculture dans la région. On peut citer par exemple :

INPACT Poitou-Charentes : initiatives pour une agriculture citoyenne et ter-ritoriale, basée à Melle en Deux-Sèvres et son réseau :

• Agrobio Poitou-Charentes: association de développement et de promotionde l’agriculture biologique, basée à Melle.

• La Fédération régionale des centres d’initiatives pour valoriser l’agricultureen milieu rural, basée à Melle.

• Solidarité paysans, association d’accompagnement des paysans en difficultés,basée à Mansle en Charente.

• Accueil paysan, association développant l’accueil en milieu rural, baséeà Melle.

• Terre de liens Poitou-Charentes, association de développement des projetsd’accès collectif et solidaire au foncier, basée à la Couronne en Charente.

• ARDEAR Poitou-Charentes, association régionale de développementde l’emploi agricole et rural, basée à Buxerolles dans la Vienne.IRQUA Poitou-Charentes, institut régional de la qualité agroalimentaire,www.irqua.comAPECITA : association spécialisée dans l’emploi et de l’orientation dans ledomaine agricole, www.apecita.com Les points info installation, associations départementales qui accueillent etassurent un accompagnement des candidats à l’installation en milieu agricole,

www.agri-installation.com

Page 10: Journal n°5 Filière agricole

Le Petit économiste®10

� Mondialisation : trouver sa place

L'agriculture est incontestablementle secteur économique dans lequell'intégration communautaire a étéla plus poussée. Elle représente en2007 un peu moins de la moitié dubudget de l'Union européenne(42,7 % soit 54,7 milliards d’euros)et c’est précisément le problème.La France reçoit environ 20 % dece budget.

Lors de sa mise en place en 1962,la Politique Agricole Commune(PAC) a pour but l’augmentationde la production alimentaire dansune Europe dévastée par desannées de guerre. Très rapidement,la PAC atteint l'objectif qui luiétait assigné. L'Union européenneest devenue le 2ème exportateurmondial de denrées agroalimen-taires derrière les Etats-Unis.Cependant, des déséquilibres sont

rapidement apparus et se sontaccentués avec le temps :

• La qualité des aliments s’estdégradée et la pollution due auxméthodes de production inten-sives a attaqué l’environnement.Désormais, la PAC n'a plus pourobjectif d'encourager la produc-tion mais de garantir une agricul-ture européenne compétitive,respectueuse de l'environnement,capable de maintenir la vitalité dumonde rural et de répondre auxexigences des consommateurs enmatière de bien-être animal, dequalité et de sécurité des denréesalimentaires. Cependant, cerééquilibrage va prendre dutemps. Par exemple, beaucoup deproduits italiens sont issus decoopératives bio. L’Italie a fait deschoix dans l’utilisation des fondsqui ont été différents de la France.

• U n f i n a n c e m e n t q u ifavorise les grosses exploitationsau détriment des petites. Cela estapparu au grand jour lors dudébat sur le budget 2007-2013.Les pays comme l’Angleterre ontpublié la liste des plus gros bénéfi-ciaires, ce qui n’est pas le cas de laFrance. Le producteur de riz enCamargue qui a reçu 872.000euros de subventions est depuisdevenu fameux.

• En dépit des réformes suc-cessives, la PAC est critiquée parcertains membres de l'OMC, quilui reprochent ses subventions auxexportations agricoles. Les négo-ciations du "cycle de Doha" ont étésuspendues en juillet 2006, en raisonnotamment des désaccords persis-tants entre les Etats-Unis et l'UEsur les questions agricoles.

• Enfin, la part de la PAC dansle budget communautaire demeureune pomme de discorde. L'accordde Luxembourg garantit le budgetde la PAC jusqu'en 2013. Desnégociations sur les perspectivesbudgétaires après 2013 doiventse tenir en 2008. Un bras de fer estattendu entre la France, soucieusede préserver le compromis trouvéà Luxembourg et d'autres parte-n a i r e s q u i , à l ' i n s t a r d e sBritanniques, souhaitent unemodification profonde du fonc-tionnement de la PAC. Il est eneffet difficile de défendre unbudget qui alloue plus de 40% desfonds à un secteur économiquequi représente environ 2 % de lapopulation active.

Emmanuel BOUDARDCorrespondant du Petit économiste

à la Commission Européenne

L’un des défis majeurs des prochaines décennies est celui de l’alimentation ; l’agriculture reprend alors sonsens premier, celui de nourrir les hommes (9 milliards en 2050).Quelle place prendra l’Europe et donc la France au sein de ce marché mondial des produits de la terre et del’élevage dont la répartition connaît de lourds bouleversements et les cours des augmentations conséquentes?Vaste sujet, qui nécessiterait plus que quelques lignes. Nous avons tenté d’y apporter deux éclairages : celuid’une réforme nécessaire d’une politique européenne de l’agriculture quelque peu obsolète, et celui d’unecoopération enrichissante réciproquement pour une région comme le Poitou-Charentes et un pays en voiede développement comme le Sénégal.

Europe : pourquoi la PAC doit être radicalement reformée

Conduites par Mamadou Niassyet Rouby Bâ, une délégationd’éleveurs sénégalais a visité dansle cadre du partenariat entre larégion Poitou-charentes et celle deFatick (300km au sud-est duSénégal) différentes chèvreriespour apprendre le processus defabrication du fromage de chèvre.À Messé près de Lezay au GAECle Mel’Elie ils ont effectué un stagede fabrication du plus ancien fro-mage de France.

Après un marathon agricole dequinze jours qui les a conduits del’école nationale agroalimentaireet fromagère de Surgères pour unemise en bouche théorique des dif-férentes étapes de fabrication de

notre fameux fromage de chèvreet dans d’autres différentesexploitations fromagères, c’est àMessé, au GAEC de PhilippeMassé et Christophe Bourbon queles éleveurs sénégalais ont mis enpratique leur randonnée péda-gogique. Sous l’encadrement duduo Massé-Bourbon, ils ont reçutous les enseignements néces-saires pour réussir la confectiond’un bon fromage digne duPoitou. En deux jours, toutes lesétapes de fabrication du fromagelocal ont été passées au peigne fin.« Ils sont là pour découvrir le savoir-faire local à travers la fabrication dufromage de chèvre pour ensuite essayerde l’adapter chez eux. », expliquePhilippe Massé, visiblement trèsfier de transmettre son savoir fairetraditionnel. « Ils ont appris toutes les phases de lafabrication du fromage: de l’alimenta-tion à la traite, au soin à donner auxjeunes chevreaux en passant par lecaillage, le moulage, le salage à l’affi-nage (vieillissement du produit),jusqu’à la dégustation des différents

types de fromages (fromage en fais-selle et affiné), rien n’a été négligé. »,précise Christophe Bourbon, sa-tisfait de l’intérêt et de la partici-pation des Fatickois à l’ensembledes activités. « Ce sont des gensintéressés et intéressants qui se sontlargement investis. » Les exploitantsde Mel’Elie projettent eux aussid’aller au Sénégal pour voir, sentiret goûter le savoir-faire despaysans du Sine nichés au coeurdu pays de Coumba N’DoffèneDiouf, grand producteur de sel.

« Notre séjour a été très enrichissant.Nous avons pu constater la diversitéet la richesse du savoir-faire de la pre-mière région caprine de France.Savoir-faire que nous envisageonsd’adapter chez nous car l’élevage decaprins est très important à Fatick.Vu que nos chèvres sont uniquementélevées pour la viande, nous comptonsgrâce à ce partenariat orienter nosactivités vers une productionlaitière et éventuellement fro-magère avec l’aide de nos amis dela région Poitou-charentes. Notre

séjour a été pédagogiquement etsocialement fructueux» témoigne autéléphone le chef de la délégationMamadou Niassy, agent techniqued’élevage à Fatick.

« Ces échanges permettent auxéleveurs sénégalais de voir ce qu’ilfaut pour adapter nos savoir-faire etinnover dans leurs techniques d’ éle-vage, vu que les espèces sénégalaisesproduisent moins de lait à cause del’alimentation et du climat. AuSénégal, la sensibilisation a com-mencé en 2004. Le projet a été montéen 2005. Aujourd’hui, l’importationdu patrimoine génétique des racesfrançaises a déjà commencé pouraméliorer par insémination artificiellela production laitière des espèces séné-galaises tout en les préservant. Le butde ces échanges est d’arriver àexporter le modèle local de façon adaptéeà Fatick », explique ColetteBalland, la Vice-présidente etprésidente de la commission agri-cole du Conseil régional.

Lamine CAMARACorrespondant du Petit économiste

Poitou-Charentes et Fatick, bien plus qu’un échange de savoir-faire

Page 11: Journal n°5 Filière agricole

Les cultures intensives comme lemaïs sont très gourmandes en irri-gation. On ne compte plus les conflits entre les céréaliers et lesarrêtés préfectoraux de limitationdes pompages. La région Poitou-Charentes est l’une des plusexposées à la sècheresse et la situation est critique en ce débutd’année 2008. Des bassins derétention et des barrages ont étéconstruits ; ils représentent unlourd investissement qui ne règle

pas complètement cette probléma-tique de pénurie de la ressourcepuisque l’eau collectée, notam-ment dans les bassins, n’alimentepas les nappes phréatiques et lescours d’eau ont du mal à retrou-ver un niveau normal en automneet en hiver.

En période de sécheresse, lecéréalier qui irrigue ses culturesest souvent pointé du doigt ; il faudra certainement, et très rapi-

dement, revoir l’opportunité decultiver certaines variétés dans lesterritoires les plus asséchés.

Au 1er janvier 2008, le taux de rem-plissage moyen des quatre princi-pales retenues artificielles de larégion était de l’ordre de 50 %, cequi est insuffisant.

Par ailleurs, les ressources en eausouterraine de la région sontimportantes mais situées le plus

souvent à faible profondeur, cequi les rend vulnérables aux aléasclimatiques et aux pollutions.

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N°5 - février 2008 11

� Les questions qui fâchent

Le choix des biocarburants pourl’agriculture relève du pari, tantpar les promesses de gains, quepar les risques encourus, surtoutsi, comme c’est le cas aux EtatsUnis, il entraîne une profondemutation des zones cultivablesvers du « tout oléagineux ». Al’échelle de la planète, et vis à visdes pays en voie de développe-ment, l’enjeu est tout autre, quandon sait qu’un plein de 50 l de bio-carburant représente en Afrique 1an de nourriture (soient 230kgs demaïs).

Ce pari est pourtant tentant car lesagriculteurs y voient de nouveauxdébouchés et une source de revenuscomplémentaires, en parallèle,cette « panacée » diminuerait lesbesoins de soutien public à l’agri-culture. Là encore, les américains,qui, précurseurs, ont, sous la pressionde « l’agrobusiness », augmentéleurs surfaces plantées de 15 % etconstruit des dizaines d’usinesd’éthanol, subissent aujourd’huiun effet de ciseaux magistral : lemarché d’éthanol est saturé (chutedes cours de 16 %) et les cours du

maïs ont grimpé de 21 % face à lademande mondiale.

LES BIO-CARBURANTS ISSUSDES PRODUITS DE LA MER,

UNE ALTERNATIVE?

« Transformer des algues micro-cellulaires en agrocarburants »,c'est l'objectif que s'est fixé leCentre de Valor isat ion desAgroressources (VALAGRO),dans le cadre d'une étude qu'ilréalise en collaboration avec leCentre d'Etude et de Valorisation

des Algues (CEVA) et le labora-toire «Transports des Assimilats».Les experts estiment en effet quecette grosse consommatrice deCO2 pourrait se substituer à laculture des oléagineux avec desrendements trente fois supérieurs.

Les bio-carburants au péril de la sécurité alimentaire mondiale?

L’eau, un enjeu essentiel

E n C h a re n t e - M a r i t i m e , l e sagriculteurs expérimentent descultures intermédiaires (moutarde,radis fourrager...) comme pièges ànitrates.Une expérience menée égalementdepuis 2005 sur 13 sites pilotesdans la région pour protéger lescaptages en eaux potables des pol-lutions dues aux produits phy-tosanitaires. Il faut savoir quel'essentiel de cette pollution est dûà la différence entre les apports ennitrates sous forme d’engrais surles cultures et ce qui est réellementconsommé par les plantes. En

France, les régions les plustouchées étant la Bretagne, laChampagne-Ardenne, le Centre,le Poitou-Charentes et l'Île-de-France.En ce début 2008, une nouvellemise en demeure de la France aété annoncée par la Cour de justicedes communautés européennes(CJCE), sur une demande de laCommission européenne, pourmettre un terme à la pollution parles nitrates des eaux potables danstrois départements : la Vendée, lesDeux-Sèvres et la Charente-Maritime. Les ventes d’azoteminéral utilisé sur les culturesintensives n'ont cessé d'aug-menter entre 2002 et 2005 et la sur-face toujours en herbe de la régionPoitou-Charentes a diminué deplus de 10% de 1996 à 2006. L’observatoire de l’environnementde la région note que pour leseaux souterraines, en 2006, unnombre significatif de points demesures présentent une relative

augmentation des teneurs ennitrates. Par contre sur la période (2001-2006), l’observatoire ne relève pasd’évolution significative desteneurs en nitrates mais la situation

e n P o i t o u - C h a r e n t e s n ’ e ndemeure pas moins préoccupante,la plupart des aquifères (corps deroches perméables) étant affectésavec des teneurs mesurées souventsupérieures aux normes de pota-bilité.

Cécilia ROCHEFORT

Pollution : des pistes pour piéger les nitrates

Page 12: Journal n°5 Filière agricole

Le Petit économiste®12

� Les questions qui fâchent (suite)

Concernant les OGM, la dernièreactualité en date (Arrêté paru aujournal officiel le 10 février 2008) faitétat d’un arrêt de la culture sur lesol français. Le principe de pré-c a u t i o n a é t é a p p l i q u é e tl’Américain Monsanto, four-nisseur des fameuses semencesMon810, promet de faire unrecours. C’est un véritable feuil-leton qui se joue entre les autorisa-tions et les interdictions, et lesagriculteurs qui s’étaient lancéssur cette voie se retrouvent sansvisibilité sur ce qu’ils vont pou-voir semer sur leurs terres.

Alain MENUDIER de la ferme « Chez Caillaud » (Polycultures,élevage) de Saint-Amant deMontmoreau (Charente) donneson avis sur les OGM en agricul-t e u r l i b re e t i n d é p e n d a n t .Rencontre avec un producteurengagé, soucieux du respect del’environnement et de la sécuritéalimentaire.

Lamine Camara: Que pensez-vousdu nouveau projet de loi du Sénatqui sera examiné début avril ?

Alain Ménudier: «C’est un projet loiplein de bon sens qui vise à mettre enplace un cahier des charges qui per-mettra la co-existence entre culturesOGM et cultures traditionnelles. Cequi est fondamental pour la liberté dechoix des agriculteurs. »LC: Est-il dans l’esprit du Grenellede l’environnement?A.M. : « Oui. Pour moi, ce projet deloi entre dans l’esprit du Grenelle caril permet d’avoir une opinion pourpouvoir mesurer le fossé qui existeentre l’avis des scientifiques et laméconnaissance des consommateurs.Par exemple, si 85 % de l’opinion estcontre les OGM, 96 % d’entre eux nesait pas ce que cela veut dire. D’où lebesoin d’une vaste campagne de com-munication et de pédagogie pourexpliquer au public la signification etles enjeux qu’il y a autour des OGM.»LC : Brièvement que signifient cestrois lettres OGM?A.M.: «Le nom générique OGM veutdire organismes génétiquement modi-fiés. Pour les plantes comme le maïsen l’occurrence le Mon810, on parlede PGM (plantes génétiquementmodifiées) et AGM pour les alimentsgénétiquement modifiés...

Personnellement, je suis favorable auxOGM que je cultive pour trois raisons:la résistance des OGM face auxattaques des parasites qui permetd’éviter l’emploi d’insecticides, l’évo-lution des normes sanitaires notam-ment les micros toxines qui rendentles aliments plus sains, enfin, à causede l’efficacité des PGM. »LC : Produire et consommer desOGM, est-ce dangereux pour lasanté et l’environnement?A.M.: «A priori non, si on respecte lecahier des charges et les normesd’isolement à travers la mise en clô-ture (zone refuge, zone tampon) et àprotéger la récolte et le stockage. Monseul regret, c’est qu’on n’arrive pas àfaire comprendre à l’opinion sansdémagogie l’intérêt de produire desOGM en France, alors que nos pro-duits OGM sont vendus en Espagnepour engraisser les animaux maigresdont la viande est vendue chez nous.Ce qui pose le problème de l’étique-tage et de la traçabilité des produitsconsommés en France. Ce qui est sûr,c’est que nous consommons des pro-duits issus de la biotechnologie sans lesavoir. Il faut qu’on arrête cettel’hypocrisie. »

LC: Alors que faire pour le trianglepro-OGM, anti-OGM et consom-mateurs soit isocèle?A.M. : « Il est impératif sans polémi-quer d’instaurer un dialogue entrepro-OGM, anti-OGM et le consom-mateur. Avec des scientifiques neutresqui ne tiennent pas compte desintérêts commerciaux des multina-tionales et des consommateurs bieninformés, les choses seront beaucoupplus simples à gérer. Mais commedans beaucoup de pays européens,c’est au gouvernement de remettre ledébat à l’endroit. Car pour unagriculteur, l’important c’est l’assiettedu consommateur. Mais celui-ci doitavoir son mot à dire pour orienter etguider le producteur. Il est temps quele consommateur devienne un consom’acteur. »

Lamine CAMARACorrespondant du Petit économiste

OGM, le yoyo législatif