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La Baleine 176 - TAFTA : sauvons la souveraineté populaire !

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Depuis 1971 juin 2014 / 3€20N°176

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TAFTA : Sauvonsla souveraineté

populaire !

TAFTA : Sauvonsla souveraineté

populaire !

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2 VIE ASSOCIATIVE

Assemblée fédérale 2014 Une fédération unie et ambitieuse s’est retrouvée dans le Rhône

Une cinquantaine de membres étaient aurendez-vous de notre Assemblée fédérale. Legroupe local du Rhône qui a été des plus effi-caces dans l'organisation de l’accueil – nousles en remercions, a permis à l’AF de sedérouler dans un cadre champêtre propice ànos débats. Cette assemblée volontaire-ment raccourcie afin de laisser place le len-demain au processus de débat, a eu un ordredu jour dense, mais si la journée fut longue,l’ambiance était conviviale et studieuse.La présentation des rapports moral, financieret des activités de groupes locaux et duSecrétariat fédéral ont pu montrer l'implica-tion et le travail accompli par la fédération.Quelques points marquants ont été souli-gnés dont la bonne tenue de la trésorerie quilève l'alerte du commissaire au compte, unbudget 2014 en équilibre avec un portefeuillede subventions solide et le recrutement denotre nouvelle directrice, Cynthia Sou,Le déploiement de la nouvelle base dedonnées (CRM) a fait l'objet d'un débat, ungroupe de pilotage étant constitué poursuivre ce projet si important pour la ges-tion et le développement de nos adhé-rents et donateurs. Le travail sérieux dessalariés et des membres administrateurs aaussi été salué et c’est donc à l'unanimitéque les textes présentés ont été votés.Un autre temps statutaire a été la pré-sentation des motions. Un débat sou-tenu s'est conclu par le vote de deuxd’entre elles qui accompagnent lavolonté d'élargissement de notre mouve-ment : la création d'un groupe jeune (voirencadré) et l'adhésion à prix libre.

La journée c'est terminée sur l'élection d'unConseil fédéral (CF) où chaque membre a étéélu à titre individuel. On peut seulementregretter le trop petit nombre de candida-tures et seul le renfort de 4 représentants dela région Rhône-Alpes nous a permis d'at-teindre le nombre minimum requis. Il y auradonc 11 membres élus au CF mais 4 d'entreeux participeront à tour de rôle aux réunions.En plus de ses missions habituelles le CFdevra assurer le déménagement de notresiège social d'ici la fin de l'année : une paged'histoire après dix ans dans les mêmeslocaux !

Florent Compain reconduit commePrésident et le nouveau CF soutiennentla dynamique de réflexion et d'élabora-tion de propositions visant à faire desAmis de la Terre une organisation écolo-giste radicale, pragmatique et de masse.Vous êtes tous invités à intégrer le pro-cessus de ce débat dont le prochaintemps fort sera le week-end du 11 au 14juillet à Bagnolet.

> ERIC FAÏSSESecrétaire fédéral, membre des Amis de la Terre

Bouches-du-Rhône

Prenez part au renouvellement des Amis de la Terre !Le processus de débat amorcé l’an dernier a bien avancé. Le prochain rendez-vous est fixé du 11 au 14 juillet : il sera un moment clé,avec le choix de propositions précises à soumettre à l’assemblée des adhérents, pour une adoption fin 2014. Pour participer, inscrivez-vous : www.amisdelaterre.org/debatjuillet2014.htmlLes propositions à débattre, entre autres : décider des campagnes-clés à mener par la fédération dans les 2-3 ans qui viennent ; pré-ciser comment mieux accueillir les nouveaux adhérents ; choisir les meilleurs porte-parole pour les AT ; savoir comment mettre enavant la position Sociétés soutenables ; s’adapter aux manières actuelles de militer avec, en complément des groupes locaux, des ras-semblements thématiques, un groupe action… sur la lancée du groupe Jeunes qui vient d’être créé ; adopter des modes de représen-tation privilégiant le contact personnel et complétant la décision de mai : l’adhésion à prix libre…Pour la réunion des 11-14 juillet à Bagnolet, nous souhaitons inviter quelques personnalités extérieures. On attend les contributionsmises en forme pour toutes les idées déjà débattues. Venez dire ce que vous voulez pour les AT de demain ! Merci et à bientôt !

L’Assemblée fédérale (AF) s’est tenue les 24 et 25 mai 2014 à Saint Symphorien sur Coise, accueillie par les Amis dela Terre Rhône. Bilan de l’année passée, vœux, débats, retour sur un moment fort de notre vie associative.

Un nouveau groupe se forme : les Jeunes Amis de la Terre France La création d’un nouveau réseau des Jeunes Amis de la Terre a été votée en Assemblée fédérale. Ce nouveau groupe a plusieursobjectifs : recruter un nouveau public militant, diversifier nos soutiens, et dynamiser le mouvement en intégrant de nouveauxmodes d’action. Pour lancer ce nouveau groupe, notre action se déclinera sur plusieurs niveaux : l’organisation de formations(à l’action non violente, la communication…), l’organisation d’événements conviviaux pour souder de nouvelles équipes partouten France, et la préparation de la mobilisation pour la grande conférence climatique de Paris fin 2015.�Nous sommes liés aux Jeunes Amis de la Terre Europe (YFoEE), un réseau rassemblant 15 organisations jeunes des Amis de laTerre partout en Europe. Ils soutiennent notre démarche, et ont décidé de tenir le camp d’été annuel du réseau européen en France ! Cette grande rencontre devrait réunir plus de 100 jeunes, Français et Européens l’été prochain – ce sera un moment fort pournotre mouvement.

> CLÉMENCE HUTIN

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SOMMAIREEditoLes Amis de la Terre en transition

Depuis 1971

Le Courrier de La Baleine n°176« Se ranger du côté des baleines n’est pas une position aussi légère qu’il peut le sembler de prime abord. »

Juin 2014 • n° CPPAP : 0317 G86222 - ISSN 1969 - 9212Dans ce numéro, les abonnés retrouveront un bulletin d'adhésion/abonnement aux Amis de la Terre.

Directeur de la publication Florent Compain Rédactrice en chef Caroline Prak Rédacteurs Léa Alletz, Alternatiba Gironde, les Amis de la Terre Meurthe-et-Moselle,Sophie Chapelle, Florent Compain, Eric Faïsse, Clémence Hutin, Camille Lecomte, Malika Peyraut, Lucie Pinson, Juliette Renaud, Gwenael Wasse Le dossier sur le traitétransatlantique a été coordonné avec la collaboration précieuse d’ATTAC France : merci à Eric Viale et à Jacqueline Balvet pour leurs articles, Jeanne Planche et MaximeCombes pour leur appui ainsi qu’à Sophie Chapelle de Basta ! et au sein des Amis de la Terre France, à Françoise Chanial, Eric Faïsse, Dalila Atalaya, Nicolas Roux, Patricia Jarno,les Amis de la Terre Savoie et Midi-Pyrénées et à Natacha Cingotti des Amis de la Terre Europe Communication, relations presse Caroline Prak •

[email protected] • 01 48 51 18 96 Image de couverture, crédit : Florent Parent, Maquette Nismo Carl Pezin • www.nismo.fr Impression sur papier recycléOffset cyclus 115g/m2 avec encres végétales • Stipa • 01 48 18 20 50

03

Sujet d'actualité, la transition est dans toutes les bouches. Au cœur de notreprojet associatif, la transition vers des sociétés soutenables, riche de toutesses alternatives locales concrètes est ce qui nous anime au quotidien.Cependant, la récupération des termes est aussi de mise. Loin de la transition citoyenne, le projet de Loi sur la transition énergétique quiva être débattu cet été ne va encore une fois pas être à la hauteur de l'urgenceclimatique et de la justice sociale. La France qui se dit exemplaire dans le cadredes négociations internationales en vue de la conférence des Nations unies surle climat qui se tiendra fin 2015 à Paris est loin du compte. Incohérence des politiquespubliques, fausses solutions, il y a matière à s'inquiéter. Une seule raison d'espérer : la fin nécessaire du charbon. Nos actions de plaidoyeret de sensibilisation commencent à marquer des points. La France va t-elleenfin arrêter son soutien public à l'énergie la plus sale au sein des institutionsfinancières internationales, via la Coface ou encore via les entreprises dontelle est actionnaire ? Ou bien continuera t-elle à s'isoler géopolitiquement età être la risée de tous, comme lors de son vote en faveur d'une centrale àcharbon à Jamshoro au Pakistan au sein de la Banque asiatique de dévelop-pement où elle a été le seul pays occidental à voter pour. Resterons-nous auxcôtés des pays les plus rétrogrades ou engagerons-nous cette transition ?Une chose est sûre, les Amis de la Terre continueront leurs actions et nelâcheront pas.La transition, elle, est en marche dans notre fédération. Notre Assembléefédérale qui se tenait les 24 et 25 mai à St Symphorien sur Coise où les Amisde la Terre Rhône nous ont chaleureusement accueillis s'est déroulée dansun climat de sérénité retrouvée et a acté la création des Amis de la TerreJeunes et du passage de l'adhésion à prix libre. Une nouvelle dynamique esten marche et va continuer de s'amplifier dans le cadre de notre processus dedébat. Les journées du 11 au 14 juillet seront décisives, contactez-nous, participez,la fédération vous appartient et la transition c'est maintenant !

FLORENT COMPAINPrésident des Amis de la Terre France

Bienvenue au nouveau Conseil fédéralSuite à l’Assemblée fédérale 2014, accueillie les 24 et 25 mai 2014 à SaintSymphorien-sur-Coise par les Amis de la Terre Rhône, un nouveau Conseil fédérala été élu.Il est composé de Florent Compain (Président, Meuthe-et-Moselle), Eric Faïsse(Secrétaire, Bouches-du-Rhône), Hubert Nadin (Trésorier, Val de Bièvre), ThierryAvramoglou (Secrétaire adjoint, Val d’Oise), Patricia Thibout (Trésorière adjointe,Loire-Atlantique), Philippe Chabrier (Rhône), Stéphane Champavert (Savoie),Françoise Chanial (Poitou), Patricia Jarno (Haute-Savoie), Lucie Larrouy (Drôme),Michel Lopez (Paris), Véronique Sinou (Bouches-du-Rhône), Mélanie Venet (Paris).

Le Conseil fédéral rassemble entre 11 et 13 membres élus principalement issus desgroupes locaux. Son rôle est de veiller à la bonne application des décisions poli-tiques prises en Assemblée fédérale et de décider des grandes lignes d’action del’association.

2 > Vie associatiVeRetour sur l’Assemblée fédérale 2014

4-5 > ReGioNs/FRaNce

Entre Camargue et Crau, les plastiquesde la honte

Des caravanes pour promouvoir l'autonomiedes pratiques paysannes

Vive les alternatives à l'obsolescenceprogrammée !

Du 10 au 12 octobre 2014, rendez-vousà Alternatiba Gironde !

6-7 > FRaNce/iNteRNatioNaL

Campagne publique : mai, les Amis de la Terrefont le tour des AG

Victoire à Kaliningrad, pression sur AlphaCoal

Argentine : montée de la pression publiquepour Total

NON, European Gas Limited n’aura pas leNord et la Lorraine !

8 > MoBiLisatioN, aLteRNatiVes

Tu la fais où ton action « pollutaxe », toi ?

Bientôt une banque éthique en France

9-14 > DossieR > taFta : sauVoNs LasouVeRaiNeté popuLaiRe !

TAFTA, un nouvel AMI qui ne nous veut pasque du bien…

Notre avenir sera-t-il aux mains des multina-tionales ?

La liberté de cultiver entravée par les futurstraités de libre-échange

TAFTA : quid de la démocratie ?

Mobilisation anti-TAFTA : le vent se lève !

15 > coiN Des LiVRes

Dette écologique : trois pistes pour en sortir

Terres agricoles et forêts sont menacées parla demande européenne en bio-énergie

16 > pRatiQues

Au revoir Windows, je passe au libre !

Apprivoiser les logiciels libres

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04 REGIONS

Entre Camargue et Crau, les plastiques de la honte

Ancien delta de la Durance, aujourd'huiplaine aride et caillouteuse, la Crau repré-sente le dernier écosystème steppiqueencore présent en France, et abrite unediversité faunistique et floristiqueuniques. Elle est en partie classée commeRéserve naturelle nationale. Ce statutpermet de protéger ce qu'il en reste desbétonneurs et aménageurs de tout poilqui, ici comme ailleurs, ne supportent pasl'idée de milliers d'hectares de natureinexploités.Comme si ces menaces ne suffisaientpas, une ancienne a refait surface l'hiverdernier sous la forme de dizaines detonnes de plastiques divers, dont unemajorité de sacs, lors d'une banale opéra-tion de curage du canal de Centre-Crau. Ilse pourrait bien qu'il s'agisse de déchetsissus de la décharge d'Entressen. Située àquelques kilomètres à l'est de la Crau, ellea accueilli pendant presque un siècle lesordures de l'agglomération marseillaiseet a été fermée en 2010, après avoir pen-dant longtemps pollué les écosystèmeset les paysages de toute la zone.

Plainte contre XCe sont donc ces déchets qui, exhumés parles tractopelles, sont aujourd'hui entasséssur le bord du canal et prêts à s'envoler denouveau après avoir passé plusieursdécennies sous l'eau, non sans contaminerles écosystèmes aquatiques de deuxréserves naturelles et du Parc naturel régionalde Camargue. L'amoncellement dépassel'entendement et livre un cruel témoi-gnage de l'impasse de nos modes de vie,hyper-consommateurs de produits pourleur grande majorité sur-emballés de plas-tiques dont la durée de rémanence dans

l'environnement peut atteindre plusieurssiècles. Il ne s'agit pourtant que de la partievisible de la pollution puisque seule uneportion du canal longue d'un kilomètre aété curée, alors que plusieurs autres kilo-mètres sont concernés ainsi que l’étang duLandre, réceptacle naturel de ce canal.Face à ce scandale, et alors que lesacteurs locaux publiquement interpellés(dont la Communauté urbaine deMarseille Provence Métropole, ex-ges-tionnaire de la décharge d'Entressen,ainsi que les communes d'Arles et dePort-Saint-Louis) se renvoient courageu-sement la patate chaude, les associationsécologistes locales Nacicca, Agir pour laCrau et FNE PACA, viennent donc dedéposer une plainte contre X. Elles atten-

dent de l'enquête qui suivra qu'elle éta-blisse les responsabilités pénales desdivers acteurs et, surtout, que la dépollu-tion du canal dans son intégralité soitprise en charge et effectuée dans les plusbrefs délais. Mais il y a également unequestion de principe à ce que les respon-sables de dégâts environnementaux etsanitaires d'une ampleur aussi considé-rable pendant plusieurs décennies, et ceen parfaite connaissance de cause, soientenfin mis en face des conséquences deleur cynisme.

> GWENAEL WASSE

Agroécologie Des caravanes pour promouvoir l'autonomie des pratiques paysannesDu 8 au 12 mai, deux caravanes ont sillonnéla France « pour la défense d'une agro-éco-logie paysanne et de notre santé ».Chacune d'elle a convergé vers l'Assembléenationale. En ligne de mire, le projet de loid'avenir sur l’agriculture, la forêt et l'ali-mentation, qui doit être examiné endeuxième lecture d'ici fin juin 2014. « Ceprojet de loi ne permet pas aux cultivateursde soigner leurs plantes avec des prépara-tions naturelles ni aux éleveurs de privilégierl’homéopathie ou la phytothérapie, plutôt

que le tout antibiotique », affirme l'appelsigné par plus de 80 organisations. « Ceque l'on voudrait c'est que cette loi fasseune place à l'agriculture paysanne et à sespratiques » précise Jean Sabench de laConfédération paysanne.« A chaque étape, des organisationslocales ont mobilisé, organisé des débatset des actions de pulvérisations de purinsd'ortie en présence d'élus », se réjouitJean-François Lyphout de l'Aspro-PNPP1, àl'initiative de ces caravanes. Une déléga-

tion du collectif a été reçue par le rappor-teur de la Loi, Germinal Peiro. Ce dernierse serait engagé à « étudier sérieuse-ment le cas allemand » qui offre un cadreréglementaire aux préparations natu-relles peu préoccupantes distinct de celuides pesticides. Une liste d'amende-ments2 au projet de Loi d'avenir agricolea également été déposée par le CollectifSemons la biodiversité dont les Amis dela Terre sont partie prenante.

> SOPHIE CHAPELLE

Plus d'informations :

www.nacicca.org/spip.php?article195© N

aci cca

1/ Association pour la promotion des préparations naturelles peu préoccupantes : www.aspro-pnpp.org2/ www.aspro-pnpp.org/wp-content/uploads/2014/04/Amendements-actualis%C3%A9s-LAAF-2%C2%B0-lecture-AN_-Collectif-Semons-la-Biodiversit%C3%A9.pdf

Dans le sud de la France, à l'est de la Camargue, la plaine de la Crau constitue un écosystème unique en termesde biodiversité. Elle est en proie à une pollution que dénoncent les associations écologistes locales.

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FRANCE 05

Opération foyers témoinsVive les alternatives à l'obsolescence programmée !

Ils sont une quinzaine de foyers : en familleou en solo, actif ou retraité, en ville ou à lacampagne, chacun a relevé le défi et s’estengagé à trouver des solutions pour allongerla durée de vie de nos biens. Certains sou-haitent sensibiliser leurs enfants, d’autres yont vu une occasion de découvrir de nou-velles façons de consommer. Pour allonger la durée de vie des produitsou s'équiper de biens plus durables, dixgestes ont été proposés sur le sitewww.produitspourlavie.org. L'un d’euxest de « participer à un atelier d’autoré-paration». Car apprendre à réparer sonappareil électroménager, c’est possibleen allant dans un Repair Café1 par exem-ple. Et réparer son vélo aussi, en allant àla Vélorution2 ou au Réseau de l’HeureuxCyclage3. Des initiatives en plein boomdepuis quelques mois. Inexistant enFrance l’année dernière, plus d’unedizaine de Repair Café se sont créésdepuis, et l’Heureux cyclage compte dés-ormais 70 ateliers !

Echanges, partagesUne adhérente de la Cyclofficine, Lorelei,témoigne de la remise en état de son vélo :« Bien que je n'avais aucune connaissancedans les domaines de l'outillage et de lamécanique, j'ai souhaité remettre en étatun vélo tout cabossé et tordu, récupéré àla déchetterie, puis je l'ai retapé moi-même grâce aux nombreux conseils etdémonstrations des bénévoles et des sala-riés ». Les ateliers d'autoréparation pro-

posent à tous les adhérents dumatériel ainsi que des pièces déta-chées : « découvrir les rouages duvélo a été un plaisir ». Les ateliersde l’Heureux cyclage sont aussides invitations à découvrir d’au-tres horizons, partager des récitsde voyage en vélo et s’imaginerbénévole « Après avoir mis les mainsdans le cambouis, je suis partie à Londresà vélo avec des amis. Bien-sûr j'ai euquelques problèmes sur la route, maisj'étais très satisfaite d'avoir relevé le chal-lenge. Maintenant, je souhaiteraisdémonter le vélo pour trouver les failles etle reconstruire. Il me faut encore de l'ap-prentissage pour devenir bénévole maispeut-être dans un futur proche ». Les ate-liers d’autoréparation sont aussi unmoyen de mieux comprendre la conception

de nos biens et les stratégies desindustriels pour éventuellementlimiter leurs durées de vie :pièces indémontables ou peurésistantes, pièces détachéesindisponibles ou standards, etc.Les 10 gestes phares, articles et

vidéos sont à découvrir sur le site Produitspour la vie et les résultats sont attenduspour le mois de novembre 2014. A partir deces résultats, les Amis de la Terre espèrentpouvoir mobiliser les citoyens sur ces solu-tions faciles à appliquer pour pouvoir dire nonaux biens jetables et oui aux biens durables.

> LÉA ALLETZCampagne Modes de production et de

consommation responsables

1/ Atelier d'auto-réparation spécialisés dans les petits électroménagers.2/ Collectif qui promeut l'utilisation du vélo www. velorution.org3/ Réseau des ateliers vélo participatifs et solidaires : www.heureux-cyclage.org/

En octobre 2013, Alternatiba réussissait le pari de réunir 12 000 personnes à Bayonne autour de la lutte contre les changementsclimatiques. L'appel lancé à la création de 10, 100, 1000 Alternatiba a été entendu : en 2014, des villages des alternatives aurontlieu dans de nombreuses villes dont Bordeaux. Objectif : présenter les moyens concrets de parer au réchauffement et de peserdans le débat public. Alternatiba Gironde, ce sont des centaines de militants associatifs et des citoyens réunis pour organiser un événement uniqueen son genre, répondant à l'appel collectif « Pour répondre à l’urgence climatique, construisons le bien vivre ensemble1 ».Alternatiba Gironde, c'est le 10 octobre 2014, une journée à l'IUT Bordeaux 3 Montaigne en direction des étudiants. Le samedi11 octobre sera dédié conférences où chercheurs, écrivains, associatifs, et acteurs territoriaux échangeront autour des thématiques :Climat-énergie, Transition, Urbanisme, Agriculture, Consommation, Economie. Et enfin, le dimanche 12 octobre l'immense villagedes alternatives se déploiera au cœur du quartier Ste Croix à Bordeaux !Alternatiba Gironde, c'est surtout la mise en lumière de toutes celles et ceux qui travaillent à construire un monde écologiquementet socialement soutenable, juste et solidaire. C'est l'heure où le déchet devient ressource, où l'urbanisme se veut enfin humainet coopératif, où l'énergie se tourne vers la sobriété, et où finalement le climat est préservé.Les alternatives existent, venez les renforcer et les multiplier avec nous !

> ALTERNATIBA GIRONDE 1/ Voir : http://alternatiba.eu/gironde/lappel-alternatiba-gironde/

Du 10 au 12 octobre 2014Rendez-vous à Alternatiba Gironde !

Lancée en avril 2014, l’opération foyers témoins propose des solutions à la portée de tous pour lutter contrel'obsolescence programmée. L'objectif : promouvoir des modes de consommation plus durables.

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06 FRANCE

Le mois de mai synonyme delongs week-ends et de barbecueau soleil ? Pour les Amis de la Terre,les week-ends ont été courts et dubarbecue, on ne retiendra que lecharbon… sujet brûlant ! Le mois aen effet été ponctué par la tenuede 6 Assemblées générales, cellesde nos cibles récurrentes et nomi-nés Pinocchio favoris. Desmoments clés pour interpellerpubliquement les directions deGDF, EDF, BNP Paribas, la SociétéGénérale et le Crédit Agricole, surleurs activités controversées et cli-maticides. Dans notre viseur, avecl’échéance du Sommet Climat del’ONU l’an prochain à Paris : leursoutien au charbon, une énergie des pluspolluantes qui tue chaque année de cen-taines de milliers de personnes et quimenace la possibilité d'assurer un climatsûr et sain demain. Chez Total en revanche,(voir article page ci-contre), les gaz et huilede schiste étaient au menu.Différentes du rendez-vous de plaidoyer,complémentaires de la lettre ouverte, lesAssemblées générales sont la base d'unmode de dialogue plus direct où la sociétécivile se joue du tempo des entreprises. Ellesfont apparaître aux yeux de tous les rap-ports de force et intérêts des différentes par-ties prenantes. D'un côté, les objectifs deprofit.« Le Conseil d’administration a dû votersur une diminution de la rémunération desactionnaires » annonce-t-on à l’AG d’EDF,provoquant un tollé général « …mais rassu-rez-vous, il s’y est opposé »conclut-on d’un airgoguenard. De l’autre, l’irruption des impé-ratifs de justice sociale et environnementaleque sous-tend notre présence. Les Assemblées générales ne laissent pas laplace aux débats ni au dialogue approfondi.Cadrée, parfois chronométrée, chaqueintervention est normée selon des règlesdéfinies par l'entreprise. Ainsi, si tous lesactionnaires sont d'ordinaire autorisés à

poser une question, il ne s'agit que d'undroit concédé par l'entreprise ; le maîtrede séance, souvent le PDG, peut doncarbitrairement décider de ne pas l’oc-troyer à ceux jugés indésirables.

Sifflements, insultes…ou applaudissementsCe fut le cas cette année à l’AG du CréditAgricole qui ne souhaitait pas se voir rap-peler sa responsabilité dans les impactsdu Mountain Top Removal (MTR). Cettepratique d'extraction de charbon à cielouvert est à l’œuvre dans les Appalaches,financée par la banque malgré l'adoptiond'une politique sectorielle l'année der-nière. Caméra coupée afin de ne pas diffu-ser sur grand écran les photos illustrantles ravages autant humains qu'environne-mentaux du MTR, micro arraché, l’inter-vention de Paul Corbit Brown, notre parte-naire états-unien de la fondation Keepersof the Mountains se fait dans la douleursuivie du refus du Crédit agricole de nouslaisser intervenir ensuite… Scénario trèssimilaire chez EDF où le PDG Henri Proglioa refusé d’entendre notre partenaireNatasa Djereg, directrice de l’associationCEKOR venue de Serbie pour dénoncer le

projet d’investissement dans la cen-trale à lignite Kolubara B. Ces expériences ne font pas excep-tion et ce sont souvent par des siffle-ments et des insultes que les assem-blées ponctuent nos interventions.Que notre action déplaise n'est passurprenant puisque nous ne faisonsque détourner un outil de sa fin – ledroit actionnarial. Propre à la Franced'après nos partenaires étrangers quiassistent à des Assemblées généralesdans de nombreux pays, la violencede telles réactions n'est cependantpas systématique, même dans l'hexa-gone. Par exemple, hués l'an dernier àl'AG de la BNP Paribas, nous avons

cette année, été applaudis par les mêmesactionnaires suite à notre interventionreconnaissant les avancées de la banquedans un secteur, mais critiquant son sou-tien massif au charbon. Certes, les Amis de la Terre assistent aux AGpour obtenir des réponses publiques, plusque pour convaincre les entreprises ciblées,toutefois la réaction de l'assemblée resteimportante puisqu'elle avalise ou non l'hos-tilité de la direction à notre égard etinfluence sa disposition à annoncer desmesures allant dans notre sens et visant àchanger ses pratiques. Aucune annonce révolutionnaire ne fut faitecette année mais les Assemblées généralesconstituent surtout un temps symboliquedans une campagne de plaidoyer et demobilisation. Les victoires se construisentsur la durée, comme nous le rappelle cellesur la centrale nucléaire de Kaliningrad.Chères entreprises, nous vous disonsdonc à l’année prochaine !

> LUCIE PINSONChargée de campagne Finance privée

> MALIKA PEYRAUT Chargée de campagne

Institutions financières internationales

Campagne publiqueEn mai, les Amis de la Terre font le tour des AG

La Société Générale - Victoire à Kaliningrad, pression sur Alpha Coal

Il y a un an, les Amis de la Terre et Vladimir Slyviak de l'association russe Ecodefense étaient présents à l'Assemblée généralede la Société Générale pour demander à son PDG de se retirer du projet de centrale nucléaire à Kaliningrad. Leur interpellationpublique venait après un premier rendez-vous avec la banque et avant l'organisation d'une semaine d'actions à laquelle ontparticipé plus d'une dizaine de groupes locaux des Amis de la Terre. Ce sont toutes ces actions qui ont contribué à rendre ceprojet lettre morte et à assurer, au moins pour cette fois, un avenir sans nucléaire, aux populations de l'enclave russe. Cette année, notre présence à l’AG de la Société Générale s’est concentrée sur le cas de terminal charbonnier Alpha Coal enAustralie. Indifférence des instances dirigeantes, langue de bois, cible de la mobilisation « Requins » d’Attac, occupation d’uneantenne régionale à Bayonne par Bizi puis retour à l’envoyeur, la mobilisation se poursuit.

Pour en savoir plus :

www.amisdelaterre.org/alphacoal

Presqu’un passage obligé, l’interpellation publique lors des Assemblées générales (AG) des multinationales estun pari qui peut payer, bien au-delà du simple « coup de com ». Retour d’expérience.

Action d’occupation, par Bizi, de l’antenne régionale de la Société Généraleà Bayonne dans le cadre de la mobilisation contre Alpha Coal, mai 2014.

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INTERNATIONAL 07

Le débat sur les gaz ethuiles de schiste n’est tou-jours pas clos en France,peu importe, Total et lesmajors du pétrole avancentailleurs. Notamment enArgentine, où l’exploitationdes hydrocarbures nonconventionnels s’accélèredans la plus grande opacitéet contre les intérêts descommunautés. C’est ce queraconte le documentaireTerres de schiste1 dressantle parallèle entrel'Argentine et la France :deux histoires de résis-tances citoyennes, de dénide démocratie, et d'impu-nité des multinationales.Terres de schiste nous emmèneainsi à Neuquén, en Patagonie argentine,nouvel eldorado des multinationalespétrolières, qui se disputent le nouveau« joyau » de l’industrie : la formation deVaca Muerta, qui couvre 30 000 km2, etcontient d’immenses réserves potentiel-lement exploitables de gaz et huiles deschiste. Les premiers impacts sociaux etenvironnementaux sont déjà visibles :accaparement de terres de communautésmapuche et de petits paysans, puits ausein d'une aire naturelle protégée,absence de consultation des populations,répression, etc. Les projections qui ont fait salle comble àParis, en Ardèche et dans le Gard, ont pu

bénéficier des témoignages de deuxmembres de la « Multisectorielle contre lefracking » : Carolina Garcia, ingénieure enRessources naturelles et Diego di Risio, co-auteur du rapport associé au documen-taire. Elles ont donné lieu à des débatsriches et à des pistes d’action pour donnervie au slogan « Gaz et huiles de schiste, niici, ni ailleurs » porté par les collectifs fran-çais et les Amis de la Terre depuis le débutde la mobilisation en France.

Un rapport accablantAssocié au documentaire, le rapportRepousser les limites – la ruée vers les gazet huiles de schiste en Patagonie argentine2

a été publié suite à une missionterrain menée en décembre 2013.Les activités de Total y sont étu-diées : présente en Argentinedepuis 1978, et deuxième opérateurde gaz du pays, la multinationalefrançaise a acquis des permis dès2010, avant toutes les autrescompagnies. Rien ne semblelimiter ses ambitions puisqueTotal a même commencé à forerdans une aire naturelle protégée.C'est sur ce sujet précis queCarolina Garcia a interpelléChristophe de Margerie, PDGde Total, devant des milliersd'actionnaires, réunis pour l'AGde l'entreprise à Paris : forer unpuits de gaz de schiste malgrél'opposition des experts environ-

nementaux de l'aire protégée AucaMahuida, est-ce vraiment cela être uneentreprise responsable ? Comme à sonhabitude, le PDG de Total a d'abordessayé de se dédouaner au lieu de faireface à ses responsabilités, mais il a quandmême reconnu publiquement qu'il yavait peut-être un « problème » et que sibesoin ils « corrigeraient le tir ». Les Amis de la Terre vont le prendre aumot, et redoubler la pression jusqu'à ceque l'entreprise abandonne ses projetsen Argentine, à commencer par ceuxaffectant cette réserve.

> JULIETTE RENAUDChargée de campagne sur la RSEE

et les Industries extractives

Gaz de schiste en Argentine Montée de la pression publique pour Total

Les Amis de la Terre ont lancé en mai une campagne pour soutenir les populations argentines mobilisées contrel’exploitation des gaz et huiles de schiste en Patagonie. Documentaire, rapport d'investigation, rencontres avecdes représentants argentins, intervention à l’AG de Total... Premier bilan à chaud.

1/ Plus d'informations sur le DVD, et les dates de projection du documentaire Terres de schiste, réalisé par Grégory Lassalle et produit par Les Amis de la Terre France : www.terresdeschiste.fr2/ Le rapport Repousser les limites – La ruée vers les gaz et huiles de schiste en Patagonie argentine est disponible ici : www.amisdelaterre.org/rapportargentineIl a été rédigé en partenariat avec l'Observatorio Petrolero Sur, les Amis de la Terre Europe, Pays-Bas et Bankwatch. Une version longue examine aussi les cas de Chevron et de Shell.

Puits foré dans l'aire protégée Auca Mahuida, Argentine.

Régions - NON, European Gas Limited n’aura pas le Nord et la Lorraine !

European Gas Limited (EGL) détient deux permis exclusifs de recherches en Lorraine et dans le Nord, s’imaginant avoir la possi-bilité d’extraire du gaz de couche sans fracturation hydraulique et en toute quiétude : 150 puits sont ainsi prévus en Lorraine.Mais nous sommes ici en « terre » rebelle et celle-ci donne déjà du fil à retordre à l’entreprise de forage.A ce jour, 4 puits sont en cours de forage et un puits, ennoyé sur les communes de :• Trietling avec un long temps d’arrêt pour cause de casse de tête de forage. Afin de la récupérer, l’entreprise a dû forer un trou plus gros ;• Folschviller fermé par une vanne en attente d’exploitation ;• Freybouse où le sol a été exploré avec une sondeuse ;• Pontpierre est prêt pour la deuxième étape à savoir le forage pour préparer l’exploitation ;• Diebling où la tête de forage a rencontré une faille traversée par un gros débit d’eau en communication directe avec la nappedes grès vosgiens, le forage a été ennoyé.

Un collectif a été créé en 2010 grâce en partie aux Amis de la Terre Meurthe-et-Moselle. Mais la confiance ne règne pas entreEGL et le collectif, ni entre le collectif et les politiques locaux… Un seul député a daigné recevoir le collectif, mais nous ne dés-armons pas ! Une émission de radio mensuelle nous permet de nous exprimer et de recevoir des invités, créant un débat, maisil faudra que le combat passe par d’autres phases que des articles dans la presse. FNE a déposé un recours pour l'annulationdes permis exclusifs de recherche pour l'exploration de gaz de houille en Lorraine. Il faut unir nos forces.Merci à tous les militants qui se battent pour cette cause et d’autres.

> L'ECOLOVENGEUR LORRAIN

© Diego

du Risio

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08 MOBILISATION

2 465 753 euros. C'estle manque à gagnerjournalier pour lefinancement destransports, depuisque le gouverne-ment a décidé desuspendre la taxekilométrique poidslourds. Conséquence,les résultats de l'ap-pel à projet destransports collectifs,qui devaient êtreconnus en janvier,sont gelés, toutcomme les contratsde projets Etat-région censés finan-cer les travaux demodernisation duréseau ferroviaire. Fatigués de voir latransition énergé-tique sacrifiée sur l'au-tel des lobbies, lesdéfenseurs de la taxekilométrique poids lourds ont décidé de pas-ser à l'action ! Ils ont rebaptisé la taxe kilo-métrique poids lourds« pollutaxe », une façon de rappeler le prin-cipe « pollueur-payeur » fondateur de laCharte de l'environnement, En dépit de sonimpact sur les infrastructures, la pollution del'air et le climat, le transport routier estdepuis longtemps favorisé au détriment dufret fluvial et ferroviaire, dont la part modaledécline sans que nul membre du gouverne-ment ne s'en émeuve.

Pollutaxe maintenant !En deux semaines, les militants se sontpassé le mot. Résultat, 68 actions ont étéréalisées dans 37 villes différentes entre

le 26 et le 3 mai. Des centainesd'usagers des transports etdes citoyens ont équipé demasques blancs anti-pollutionles statues emblématiques deleur ville, avec des banderoles« Pollueur = Payeur ! Pollutaxemaintenant ! » De nombreusesactions ont été relayées par lesmédias locaux, démontrant lacapacité de communicationautour de cet enjeu. Cette semaine d'actions coïncidait avecl'audition le 30 avril de la ministre del'Écologie, du développement durable etde l'énergie par la mission parlementaired'information sur l'écotaxe. Mais elle a

fait la sourdeoreille aux préoccu-pations des mili-tants, confondantl'écologie punitiveavec la punition del'écologie. Non seu-lement la collecti-vité continuera àpayer les coûtsinduits par le trans-port routier, maisles dérogations etsuspensions suc-cessives priventaussi de nombreuxcitadins de trans-ports en commun.

Le gouvernement doit prendre sa décisionau cours du mois de juin : nous devronsêtre prêts à défendre la mesure. À vosmasques, prêts ? Partez !

> LORELEI LIMOUSINwww.pollutaxe.org

Tu la fais où ton action « pollutaxe » toi ?

Répondant à l'appel du collectif basque pour la pollutaxe, plusieurs centaines de militants ont participé à unesemaine d'action pour rappeler que c'est aux pollueurs d'assumer les coûts des pollutions liées aux transports.

Le 24 mai 2014, la Nef convoquait uneAssemblée générale extraordinaire afinde modifier ses statuts. 11 146 votants sesont exprimés, permettant d’atteindre lequorum et de transformer la Nef, futureex-société financière en banque.Un quart de siècle après la création de lasociété financière « éthique », qui soutientdes projets à vocation culturelle, environ-nementale, et des projets liés à l’économiesociale et solidaire, une nouvelle étapeest franchie. Il faut aussi comprendresous cet intitulé, une banque qui s'engageà publier l'intégralité des opérations réa-lisées avec l'argent qui lui est confié et la

possibilité pour les épargnants de choisirce vers quoi ils veulent orienter leurargent. Il s’agira de la première banqueéthique française mais de la dernière enEurope de l’Ouest…Les Amis de la Terre accueillent avec émotionet fierté cette évolution qui permettrad’engager un plus grand nombre decitoyens vers la transition écologique, parle biais du levier financier, qui plus est.Alors que les banques climaticides conti-nuent leurs œuvres (voir page 7), l’alter-native au système bancaire dominé enFrance par BNP Paribas, la SociétéGénérale et le Crédit agricole se met en place.

Livrets, comptes à vue et moyens de paie-ment seraient disponibles d’ici à la fin 2015. Client d’une grande banque française,votre banque ne change pas ses pra-tiques et persiste à soutenir les énergiesfossiles, le nucléaire, le charbon ?Changez de banque !

> CAROLINE PRAKLes Amis de la Terre

Bientôt une banque éthique en France !

Pour en savoir plus :

http://www.lanef.com/quisommesnous/introduction.php

68 actions Pollutaxe onté été organisées dans pas moins de 37 villesde l’hexagone. Ici, à Bayonne, Dijon ou encore Antony, où les Amis dela Terre Val de Bièvre ont pris d’assaut la fontaine de la Croix de Berny.

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TAFTA, un nouvel AMI qui ne nous veut pas que du bienDans les années 1990, les négociations sur l'Accord multilatéral d'investissement (AMI), au sein des pays de l'OCDE, visait à la sup-pression des obstacles à la « liberté d’investir » à l’étranger. Les firmes s’estimant spoliées par des normes nationales gênant leursinvestissements à l’étranger, pouvaient selon l'AMI, attaquer en leur nom les Etats devant des instances d’arbitrage privées. Face autollé soulevé et à la réticence de certains responsables politiques, l’AMI n’a finalement pas été adopté.La déclaration de David Rockfeller1 : « Quelque chose doit remplacer les gouvernements et le pouvoir privé me semble être l’entité adap-tée pour le faire » restait sans suite, mais le dessein des grandes multinationales de mettre à mal la souveraineté des Etats, au termed’une longue guerre d’usure, se poursuivait.La nouvelle attaque est portée avec le grand marché transatlantique... Qu'on le nomme TAFTA (Transatlantic Free Trade Area), TTIP(Transatlantic trade and investment partnership) ou en français PTCI (Partenariat transatlantique pour le commerce et l'investissement)ou GMT (Grand marché transatlantique), ce nouvel accord commercial est en cours de négociation au sein de la direction duCommerce de la Commission européenne. Menées à huis clos entre les Etats-Unis et l'Union européenne, les négociations suscitentla polémique et des inquiétudes légitimes d'autant que les parlements nationaux n'ont pas été consultés. En France, la création decollectifs anti-TAFTA au sein desquels militent de nombreux militants d'ATTAC et des Amis de la Terre, ont aidé à sensibiliser et à mobi-liser autour de ce débat obscur au premier abord...Pourtant le TAFTA cristallise les ravages d'une mondialisation commerciale que nous combattons : celle d'une hégémonie des multi-nationales au nom d'une liberté du commerce qui se moque de l'intérêt général. Celle où les lobbies, qu'ils soient agroalimentaires,énergétiques, financiers, se mêlent au pouvoir politique pour entretenir le flux de leurs marchandises et de leurs profits, poursuivantdumping, et ouvrant toujours de nouveaux champs d'exploitation, de privatisation et de marchandisation (du vivant entre autres)...Notre avenir sera-t-il bradé au nom du commerce ? Abandonnerons-nous la démocratie, la souveraineté de nos Etats au profit desmultinationales ? Les opposants ne l'entendent pas de cette oreille. Délibérations locales et zones anti-TAFTA voient le jour et essaiment.Oui, nous empêcherons le règne du marché total. No pasaran !

> LES AMIS DE LA TERRE ET ATTAC FRANCE

1/ Newsweek,1999.

09DOSSIER

Ce dossier a été co-rédigéavec la participation d'ATTAC Francefrance.attac.org/

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Le grand marché transatlantique quiserait créé constituerait la zone de libre-échange et de libéralisation de l'investis-sement la plus vaste existante, représentantplus de la moitié du PIB mondial et dutiers des échanges commerciaux. Comme d’autres accords bilatéraux encours de négociations, les négociationsne se bornent pas à la question des barrièresdouanières, mais s’étendront aussi aux« barrières non-tarifaires » aux échanges.En fait, toute norme, même décidéedémocratiquement, peut, de fait, êtreconsidérée comme un obstacle au com-merce. Il s’agit donc de négocier leurnivellement par le bas. Le volet « investissement » du mandat denégociation du TAFTA comprend un« mécanisme investisseurs-Etats » parti-culièrement dangereux (voir page 13). Ilpermettrait aux transnationales de pour-suivre des États dont les normes sanitaires,écologiques ou sociales ou des réglementa-tions seraient jugées comme desentraves aux investissements étrangers.L’objectif : étendre le champ possible desinvestissements, « sécuriser » ou plutôtsanctuariser les investissements… et lesbénéfices des investisseurs.Le TAFTA et le CETA pourraient avoir desconséquences considérables dans biend'autres domaines qui dépassent largementle périmètre du commerce, comme lerenforcement drastique des droits depropriété intellectuelle et du domaine dubrevetable, ou les libertés des citoyenssur internet.Pour la Commission européenne, quinégocie au nom de tous les pays del’Union européenne, il s'agit d'aligner leTAFTA et le CETA sur « le plus haut niveaude libéralisation » qui soit. Elle souhaitemême que les accords servent de modèlepour tous les autres accords de libéralisationdans le monde.

Les risques sont nombreux1 • Diminution des droits de douanes etattaques sur les normes sanitaires etécologiquesLe mandat donné à la Commission euro-péenne par le conseil des ministres européendu Commerce du 14 juin comprend une« réduction substantielle des tarifs doua-niers ». Si les droits de douane sont enmoyenne assez faibles de part et d'autresde l'Atlantique, dans certains secteurs, ilsrestent élevés. C'est le cas de l'agriculture,avec des droits de douane moyens de 7 %côté États-Unis...et de 13 % côté Unioneuropéenne.

Ces droits de douane permettent de proté-ger certains secteurs vis-à-vis d'une agricul-ture états-unienne plus industrielle, plus« compétitive » grâce à des normes socialeset environnementales au rabais.Que se passerait-il si ces droits de douaneétaient démantelés ? Face à la déferlante deproduits agricoles américains, notre propreagriculture n’aura d’autre possibilité que des’aligner encore davantage sur un modèleagro-exportateur défendu également parles transnationales européennes. Laconcurrence accrue poussera à tirer vers lebas les coûts de production, et donc lesstandards environnementaux, alimen-taires, sociaux. Les circuits courts et la relo-calisation des activités agricoles, la transi-tion agricole vers l'agro-écologie et l'agri-culture paysanne seraient compromis.Au-delà des barrières douanières, l'Unioneuropéenne et les États-Unis présentent de

fortes différences de règles sanitaires, envi-ronnementales (appelées «préférences col-lectives ») et notamment de bien-être ani-mal dans le secteur agricole et alimentaire.Les négociations du TAFTA seront l’occasionpour les États-Unis de pousser l’Unioneuropéenne à en finir avec ses mesures« protectionnistes » et à s’aligner sur lesstandards américains. Le risque est grandde voir arriver dans nos assiettes le bœufaux hormones, les OGM, les poulets chlo-rés, les porcs à la ractopamine.Par ailleurs, pour l’industrie européennecomme pour les industries canadienne etaméricaine, et notamment pour les indus-tries extractives, les négociations sont uneaubaine : l’occasion d’obtenir la remise encause de normes écologiques (notam-ment sur l’exploitation des sables bitumi-neux ou l'exploitation des gaz de schiste)ainsi qu’une réglementation européenne

Notre avenir sera-t-il aux mains des multinationales ?Le 8 juillet 2013, l'Union européenne et les États-Unis ont entamé des négociations en vue d'un accord commer-cial bilatéral connu sous le sigle de TAFTA (Accord de libre-échange Transatlantique). Au même moment, l'accordentre le Canada et l'Union européenne (AECG ou CETA) arrive à finalisation après cinq ans de négociations. Cesdeux accords portent les mêmes mécanismes et constituent des attaques massives aux principes démocratiques.

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REACH sur les produits chimiques, jugéestrop contraignantes.Les banques et assurances sont égalementà l'affût : le TAFTA et le CETA seront aussil’occasion pour les lobbies financiers denégocier une révision à la baisse desnormes de régulation financière et bancaire,et d'obtenir une nouvelle libéralisationdes services financiers. Il deviendraimpossible de renforcer le contrôle desbanques, de taxer les transactions finan-cières, de lutter contre les fonds spéculatifs,car les acteurs financiers attaqueront lesgouvernements pour entrave à leursintérêts dans le cadre du mécanisme derèglement des différends (voir ci-après).

2 • La marchandisation de nouveauxpans de l'économie Les négociations devraient notamment por-ter également sur l’ouverture des marchés

publics, sous la pression des transnationaleseuropéennes et notamment françaises ; lescollectivités locales pourraient êtrecontraintes pour leurs besoins en termes detravaux, fournitures ou services à lancer desappels d’offre ouverts aux multinationales.Avec à la clé des règles strictes qui ne leurpermettront plus de favoriser les entreprises,emplois et produits locaux (et donc le déve-loppement local), ni d’adopter des normesenvironnementales ou sociales élevées. Le gouvernement français a affirmé partoutque l' « exception culturelle », qui permet desubventionner en partie la production cultu-relle, serait préservée dansles négociations TAFTA. Maisd'une part, elle n'est pas pré-vue dans le CETA, et d'autrepart, l’exception incluse dansle mandat de négociationsne concerne que l'audiovi-suel : aucune restriction n'aété prévue pour les autressecteurs de la culture et dunumérique. Cette exclusiondu mandat de négociationn'est par ailleurs pas défini-tive : à tout moment, la Commission peutdemander l'élargissement de son mandatde négociations. Il n’y a aucune garantiequ’elle ne l'obtienne pas à la faveur dequelques marchandages. Ces secteurs neseront pas à l'abri du mécanisme de règle-ment des différends (voir ci-après).De plus, le cadre du chapitre sur le secteurdes technologies de l’information et de lacommunication (TIC), les négociations pré-voient dans les deux accords des mesuresqui étaient déjà prévues dans le cadre del’ACTA, qu'une large mobilisation avaitconduit à l'échec. Au nom de la lutte contrele « piratage » elles pourraient représenterde véritables menaces contre les libertéssur internet, en mettant en place les condi-tions d’une surveillance généralisée duréseau. Autre conséquence du renforce-ment des droits de la propriété intellec-tuelle, l'accès des consommateurs à desmédicaments abordables (génériques)pourrait être menacé pour mieux sécuriserles profits de l'industrie pharmaceutique.

3 • Attaques sans précédent contrela démocratie : le mécanismeinvestisseurs-Etat et mécanismes decoopération réglementaireLa plus lourde menace contre la démocratieconcerne le mécanisme d'arbitrage« investisseur-Etat » prévu dans le mandatdonné à la Commission européenne. Cemécanisme de règlement des différends

permettrait aux transnationales de porterplainte contre un État ou une collectivitéterritoriale dès lors qu'une loi ou qu'uneréglementation ferait entrave au com-merce et à l'investissement dans le cadredu TAFTA et du CETA.Pour les transnationales, l’enjeu estimmense : il s’agit de se voir donner la possi-bilité d’agir en véritable « police de l'investis-sement », d’obliger les États à se conformerà leurs règles et de pouvoir éliminer toutobstacle à leurs profits présents mais aussifuturs. Des obstacles qui peuvent être desnormes sanitaires, écologiques, sociales,

votées démocratiquement,et remises en cause au nomdu principe sacré du droitdes investisseurs !On trouve de nombreuxexemples de plaintes detransnationales dans lecadre d'accords de libre-échange déjà conclus et quicomprennent de tels méca-nismes « investisseurs-Etats ».Certains Etats ont ainsi étécondamnés à des amendes

très dissuasives, se chiffrant souvent en mil-lions de dollars, parfois même en milliards(Nouvelle Zélande, Uruguay, Argentine, etc.).Ainsi, la multinationale Lone Pine a, dans lecadre d'un mécanisme similaire, poursuivi legouvernement canadien et demandé 250millions de dollars de réparation pour desinvestissements et des profits qu'elle n'a paspu réaliser à cause du moratoire sur l'extrac-tion des gaz de schiste mis en place par leQuébec. En France, après des mobilisationspopulaires très fortes, la fracturation hydrau-liqueest pour l'instant interdite. Mais réguliè-rement, les industriels du secteur reviennentà la charge pour convaincre les autorités desbienfaits pour l'économie de cette extractionultra-polluante. Que se passera-t-il si lesgéants de l'énergie européens, canadiens ouaméricains utilisent les accords pour poursui-vre le gouvernement français ?Enfin, le projet TAFTA prévoit un mécanismede coopération réglementaire qui oblige-rait tout gouvernement voulant dansl'avenir promouvoir des mesures protec-trices des populations de les soumettreauparavant aux « commentaires » deslobbies et aux coups de rabots régulierdu comité de suivi qui serait institué. Dela sorte, les décisions publiques nedépendraient plus du débat public.

> ERIC VIALEGroupe Animation Stop TAFTA – ATTAC France

« La concurrenceaccrue pousseraà tirer vers le basles standards

environnementaux,alimentaires,sociaux. »

DOSSIER - TAFTA : Sauvons la souveraineté populaire !

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AgricultureLa liberté de cultiver entravée par les futurs traités de libre-échange

Les traités de libre-échange constituent-ils une menace pour la liberté de resse-mer ses semences ? C’est l’alerte lancéepar plusieurs organisations associativeset syndicales après avoir analysé une ver-sion confidentielle du pro-jet d’accord commercialentre l’Union européenneet le Canada (CETA), datéedu 20 décembre 2013.« Nous avons notammenteu connaissance du chapi-tre sur la propriété intellec-tuelle » raconte BirgitMuller du Réseausemences paysannes. A salecture, « il apparaît claire-ment que ce traité de libreéchange, comme les précé-dents, brade les droits desagriculteurs au profit del’industrie semencière ».L’article 18.3 du traité mentionne qu’unagriculteur en possession de semencesd’une variété contenant un caractère bre-veté pourrait voir ses « biens saisis » etses « comptes bancaires gelés » ! « S’iln’est pas en mesure de fournir des preuvesformelles de la provenance des semencesutilisées, l’agriculteur peut être soupçonnéde « recel de contrefaçon » », expliqueBirgit Muller. L’article 16.2 précise quecette saisie peut se faire sur simple pré-somption de contrefaçon. En clair, unpaysan qui continuerait de faire ce qu’il atoujours fait, garder une partie de sarécolte pour ensemencer ses champs, severrait donc menacer d’amendes et depoursuites judiciaires.

Si l’accord entre l’UE et le Canada est rati-fié en l’état, « il annulerait les avancéesque nous avons obtenues en France dansle cadre de la loi sur les contrefaçons »,avertit Roxanne Mitralias de la

Confédération paysanne.Ce projet de loi discuté auSénat en novembre 2013a suscité de vives réac-tions en France. C’est à lasuite de menaces degrèves de la faim par despaysans, que les députésont finalement adopté enfévrier 2014 un amende-ment stipulant qu’unagriculteur qui multiplieet ressème des grainesrécoltées à partir de varié-tés sélectionnées par l’in-dustrie semencière nepeut pas être poursuivi

pour contrefaçon.Selon Birgit Muller, le projet d’accordcommercial contient aussi des disposi-tions refusées par le Parlement euro-péen en juillet 2012 dans le cadre del’Accord commercial anti-contrefaçon(ACTA). Ce dernier visait à renforcer lacollaboration des États dans la luttecontre les contrefaçons, en les mettantdirectement au service des entreprises.La mobilisation citoyenne contre cetaccord a finalement conduit au rejetmassif de l’ACTA par les eurodéputés. Laratification de l’accord commercial entrel’UE et le Canada permettrait donc decontourner la réglementation euro-péenne.

Appel à la souveraineté alimentaireCe type d’accord commercial bilatéralfavorise les prérogatives des entrepriseset s’impose au droit national. Les paysanscolombiens l’ont découvert à leursdépens : en 2011, 1 167 tonnes de semencessont retirées de la circulation. L’annéesuivante, l’Institut agroalimentairecolombien (ICA) confisque ou détruitprès de 2 800 tonnes de semences.Motif : l’accord signé avec les États-Uniscontient une clause qui oblige les paysansà cultiver des « semences certifiées »,c’est-à-dire produites par les sélection-neurs industriels comme Monsanto ouSyngenta.Pour se mettre en conformité avec cetaccord, l’ICA publie un texte en 2010 – larésolution 9.70 – qui rend illégale lavente de semences issues de la sélectionpaysanne, au motif que leurs qualitéssanitaires ne sont pas garanties. La mobi-lisation de dizaines de milliers deColombiens dans les rues de Bogotá àl’été 2013 conduit le gouvernement àannoncer le 6 septembre la suspensionde la résolution pendant deux ans.Toutefois, « l’ICA continue à aller de fermeen ferme pour demander si les semencesutilisées sont certifiées » témoigneVictoria Solano, auteure du documen-taire « 9.70 ». La pression étatique surl’autonomie des petits agriculteurs sepoursuit.La position du prochain Parlement euro-péen sur ces accords de libre-échangesera donc décisive pour l’agriculture pay-sanne et la souveraineté alimentaire.Dans un appel publié le 29 avril, les Amisde la Terre se joignent à une vingtained'organisations pour alerter sur lesconséquences de ce traité qui doit êtreratifié par les nouveaux eurodéputés. Cetexte « comprend un important volet surles droits de propriété intellectuelle etimpacte par conséquent le droit des pay-sans à utiliser leurs propres semences »,écrivent les organisations signataires. «Ce modèle d’accord est reproduit de traitéen traité, tant qu’aucun frein n’y est mis.Vous avez le pouvoir de le stopper. »

> SOPHIE CHAPELLE

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« S’il n’est pas enmesure de fournir despreuves formelles dela provenance dessemences utilisées,

l’agriculteur peut êtresoupçonné de "recelde contrefaçon" »Birgit Muller, RéseauSemences Paysannes

Des centaines de tonnes de semences détruites au prétexte qu’elles n’ont pas été brevetées par des multinationales. Cequi arrive aux paysans colombiens pourrait aussi se produire en France.

En savoir plus :

Lire à ce sujet sur Basta ! « Europe : la liberté de cultiver entravée parles futurs traités de libre-échange »http://www.bastamag.net/La-liberte-de-cul-tiver-entravee

© CHJM

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Au cœur du terme libre-échange setrouve le mot liberté. Une apparencetrompeuse si on entend Liberté avec un Lmajuscule, à savoir les libertés fonda-mentales des citoyens. Avec le TAFTA, laliberté en question concerne plutôt celledes multinationales à mener leurs activi-tés comme bon leur semble, grâce à unerégulation a minima. Le sens du motprend alors une toute autre dimension,bien plus proche de la réalité.Car le TAFTA pose une sérieuse menace ànos institutions démocratiques, en pré-voyant la mise en place de tribunauxarbitraux privés pour le règlement desdifférends investisseurs-Etat – RDIE (enanglais, Investor-State Dispute Settlement– ISDS). Ces tribunaux privés jugeraientde certains litiges entre entreprises etEtats, au nom de la protection des inves-tissements. Grâce au RDIE, les multinationalesauraient le droit de contourner la justiceet de poursuivre un Etat dans ces tribu-naux privés si elles estimaient qu’une loiou une mesure mise en œuvre par uncorps démocratiquement élu affecte leurpotentiel d’investissements (profitsfuturs inclus).Les décisions seraient rendues par unpanel composé d’arbitres intéressés finan-cièrement, des juristes issus du monde del’entreprise. Selon la Commission euro-péenne, les tribunaux nationaux manque-raient d’indépendance. Attaquer la neutralité de tribunaux sou-verains, légitimes et sujets à l’appel, atout de surprenant étant donné qu’unsystème de justice privé, où règnent lesconflits d’intérêts et les décisions arbi-traires, paraît au contraire bien plus partial.

Consultation ouverteDevant la crainte de devoir payer desamendes à des multinationales, des Etatspourraient renoncer à voter une loi quireprésenterait un frein aux intérêts decertaines entreprises. Ce mécanisme d’ar-bitrage deviendrait ainsi un instrumentindirect de persécution/d’intimidationforçant les gouvernements à légiférer àl’avantage de multinationales, portantatteinte au principe même de démocratie.Ce genre de procédé est aussi connu sousun autre nom : le coup d’Etat.Dans la lutte qui oppose mondes corporatisteet étatique, le premier se hisserait claire-ment en tête. Le régulé deviendrait ainsile régulateur, frappant de plein fouetnotre système social déjà bien mal en point. Au delà de ces considérations, le faitmême que les négociations du traité sefassent dans la plus grande opacité

constitue un autre déni de démocratieévident. Très peu d’informations ont fil-tré. Peu de documents ont été portés à laconnaissance du grand public ou desmédias. Le Parlement européen lui-même navigue dans le flou le plus total. Anticipant les inquiétudes des popula-tions, la Commission européenne a néan-moins pris le soin de présenter le RDIEavec toutes les précautions nécessaires :le mécanisme est conditionné à l'accordde tous les Etats membres, à une liste degarantie concernant leurs prérogatives« sociales, environnementales, sanitaireset sécuritaires », et même à « un équilibregénéral » du Traité…La Commission a ouvert une consultationpublique en ligne afin que les citoyenseuropéens puissent s’exprimer (voirencadré), bien que le formulaire en lignesoit peu avenant. « J’espère que lorsque les gens examine-ront en détail ce que nous souhaitons inté-grer dans l’accord, ils se rendront compteque nous œuvrons pour mettre en placeun système meilleur que celui qui existe àl’heure actuelle », a déclaré le commis-saire européen au commerce, M. Karel deGucht.Pas sûr que la société civile abonde dansson sens, la réponse des anti-TAFTA étantprompte : des formulaires de proposi-tions de réponses ont spontanément vule jour afin de manifester l’opposition autraité. Les réponses sont attendues le 6juillet prochain.Consultation ou pas, ces négociationsposent des questions essentielles : dansquel monde voulons-nous vivre ? Unmonde où le libéralisme économique necesse de se développer au bénéfice desplus puissants ? Un monde où l’arbitrage

privé limite la puissance et la souverai-neté des Etats et où la dérégulation àoutrance s’est imposée ? Imaginez que vous alliez acheter votrechocolat favori ou de la nourriture pourvotre bébé sans savoir qu’ils sont gorgésd’OGM, l’étiquetage de produits OGMn’étant pas obligatoire sur les denréesalimentaires, selon les normes états-uniennes. Imaginez qu’un géant dunucléaire attaque un jour la France quiaurait finalement décidé de sortir enfinde cette énergie archaïque.Toute norme économique doit être éta-blie sur le principe de servir l’intérêtpublic contre tous les intérêts privés. LeTAFTA semble encore bien loin de respec-ter cette hiérarchie.

> NICOLAS ROUXLes Amis de la Terre

TAFTA : quid de la démocratie ?Le traité de libre-échange transatlantique institue une instance de règlement des différends investisseurs-Etat(RDIE) qui cristallise nombre de tensions et fait craindre le pire pour les droits des citoyens.

DOSSIER - TAFTA : Sauvons la souveraineté populaire !

En savoir plus :

Site de la Commission européenne -Consultation publique sur les modalités de laprotection des investissements et des RDIEdans le cadre du TTIP :http://ec.europa.eu/yourvoice/ipm/forms/dispatch?form=ISDSExemples de réponses au questionnaire :http://www.no2isds.eu/

Action des Amisde la Terre Europedevant le bureaudu Commerce à laCommission euro-péenne, Bruxelles,le 22 mai 2014.

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Dès septembre 2013, un collectif nationalStop TAFTA s'est créé, avec un appel signépar 55 organisations (collectifs, associa-tions, syndicats, mouvements politiques)et de nombreux citoyen-ne-s : son objec-tif étant d'échanger les informations etde s'informer sur les mobilisations pré-vues, à raison d'une réunion mensuelle.Très rapidement, de nombreux collectifslocaux, départementaux se sont organi-sés à leur tour – 37 sont déclarés à ce jour– avec 2 tâches principales :1) informer les élus et la population auplus près de leur territoire, avec desconférences, tractages, actions de rue,stands partout où c'est possible et…2) engager une large mobilisation pourdéclarer un maximum de collectivitésHors TAFTA. Deux régions ont lancé lemouvement (Ile-de-France et Picardie)1et actuellement une vingtaine de terri-toires les ont rejoint : interpeller ces élusreste l'enjeu majeur pour faire capotercet accord. En effet, une pression descitoyens et des élus à tous les niveauxserait une grosse épine dans le pied dugouvernement, qui aurait alors du mal àne pas envisager un retrait des négociations.Au niveau national, plusieurs mobilisationscommunes se sont organisées, les der-nières en date :• le 10 avril, face à une réunion dans unhôtel très chic du 16ème arrondissementde Paris, le Shangri-La, entre Karel de

Gucht (actuel commissaire européenau commerce), des représentant-espolitiques et le patronat des deuxcôtés de l'Atlantique

• le 17 mai, lors de la journée de mobilisationeuropéenne, le collectif national a tenuun stand dans le village des alternativesorganisé sur la place de la République àParis.

D'autres rendez-vous sont prévus, unejournée d'action décentralisée dans tousles pays de l'Union européenne à l'au-tomne 2014, et en 2015, dans les pays del'UE et aux USA.Toutes les infos sur www.collectifstop-tafta.org

L'Europe unie pour la souverainetépopulaireAu niveau européen, la mobilisation s’or-ganise. De nombreuses coalitions anti-TAFTA ont vu le jour, notamment enAllemagne, au Royaume-Uni, enEspagne, en Italie ou au Danemark. Desreprésentants de la lutte anti-frackingaux mouvements anti-austérité, cescoalitions identifient toutes le TAFTAcomme un point de convergence desmultiples combats menés par la sociétécivile à travers l’Europe. Les négociationstransatlantiques marquent une poten-tielle nouvelle étape dans l’emprise desmultinationales et groupes de lobbyingsur la possibilité de réguler dans l’intérêt

public et la possible remise en cause dedroits sociaux, environnementaux ousociétaux fondamentaux pour lescitoyens. Alors que les activités auniveau national varient en fonction desopportunités d’actions directes, de larésonance du sujet TAFTA dans lesmédias et au sein du public, une coordi-nation européenne émerge petit à petit– en lien avec les mouvements anti-TAFTA américains – confirmant la déter-mination de la société civile de combattreensemble les dangers qu’un accordtransatlantique est susceptible de repré-sente. Plusieurs réunions de stratégieont eu lieu ou sont en cours de préparation– notamment autour des dates clés destours des négociations – et la possibilitéde journée d’action décentralisée à l’au-tomne est également en cours d’étude.Sans aucun doute, la mobilisationcitoyenne ne fait que commencer !

> JACQUELINE BALVETCommission Ecologie et Société Attac France

> NATACHA CINGOTTI Chargée de campagne sur les lobbies et latransparence Les Amis de la Terre Europe

Mobilisation anti-TAFTA : le vent se lève

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1/ Lire quelques résolutions ici : Besançon : http://www.reporterre.net/spip.php?article5502Région Picardie : https://elus-picardie.eelv.fr/wp-content/blogs.dir/122/files/2014/04/Motion-La-r%C3%A9gion-Picardie-soppose-au-TAFTA.pdfRégion Ile-de-France Région : http://www.reporterre.net/IMG/pdf/tafta-deliberation_ile-de-france_fev_2014.pdf

Action à Berlin (Allemagne) de Campact pour dénoncer le traité transatlantique TAFTA (en anglais TTIP - TransatlanticTrade and Investment Partnership).

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Pour en savoir plus :

Basta ! publie dans sa rubrique « Débattre »des tribunes de militants européens qui s'op-posent au traité transatlantique. A lire enligne ici : http://www.bastamag.net/DebattreLes Amis de la Terre Europe ont publié fin 2013leur position sur le traité « Notre avenir sera-t-il bradé au nom du commerce ? » en ligne ici :http://www.amisdelaterre.org/Notre-avenir-sera-t-il-brade-au.htmlLa section des Amis de la Terre Europe surTAFTA : http://www.foeeurope.org/EU-US-trade-dealAttac France consacre une rubrique riche enarticles d'analyse et de mobilisations en réactionau traité TAFTA : http://france.attac.org/se-mobiliser/le-grand-marche-transatlantique/De nombreux groupes locaux des Amis de laTerre France ont organisé des actions et ontégalement rejoint des collectifs anti-TAFTA.Les Amis de la Terre Midi-Pyrénées ont ainsipublié un article de sensibilisation : « L’accordde partenariat transatlantique : un traité àjeter à l’eau ! »http://www.amisdelaterre.org/L-accord-de-partenariat.htm et ont organisé une actionsatirique le 10 mai 2014 « TAFTA : sauvons lasouveraineté populaire ! » http://www.amis-delaterre.org/Action-du-10-mai-sauvons-la.html. Les Amis de la Terre Savoie ont quantà eux organisé une conférence animée parJacques Cambon d’ATTAC, avec le collectifStop Tafta 73 :http://www.amisdelaterre.org/CONFE-RENCE-ET-DEBAT-SUR-LE-GRAND.html

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Dans « La dette cachée de l’économie »1,Eric De Ruest et Renaud Duterme proposent trois voies pour mettre unterme à la dette écologique grandissante, source de catastrophes environnementales et sociales. Entretien.

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Quelles sont les racines de la dette éco-logique et quelle est la première prioritépour y mettre un terme ?L’expansion européenne, depuisChristophe Colomb, a été en grande partiemotivée par l’exploitation des ressourcesdu Sud. Pour maintenir l’accès aux res-sources après la décolonisation, l’occidenta établi un colonialisme financier, cequ’Eric de Ruest et moi appelons le « sys-tème dette ». Aujourd’hui, le rembourse-ment des dettes des pays du Sud passesystématiquement par l’accaparementdes terres, la destruction des forêts ou l’ex-ploitation des ressources naturelles.

L’exemple de l’île de Nauru, dans le paci-fique, est caricatural : les habitants sesont lancés dans une course effrénée auphosphate, une exploitation commen-cée 60 ans avant l’indépendance dupays en 1968. Ils ont d’abord copié lemode de vie occidental et ensuite rem-boursé la colossale dette accumulée. CetEtat, le plus petit du monde, est devenuparmi les plus riches du monde en PIBpar habitant avant d’être ruiné avec l’ef-fondrement de la production de phos-phate de 1990 à 2003. Aujourd’hui lasituation sociale, environnementale etsanitaire est calamiteuse.Ce système se déploie aussi en Europe,puisque la troïka incite la Grèce à entre-prendre des forages pétroliers en merpour rembourser sa dette. C’est le méca-nisme connu la plupart des pays du Sudces dernières décennies. Il est donc fon-damental de lutter contre une dettefinancière dont le remboursementimpose de sacrifier l’environnement.Vous proposez aussi des changementspolitiques et institutionnels.Il faut abandonner un système centraliséet verrouillé par des professionnels de lapolitique fréquentant les mêmes cercles,les mêmes clubs économiques. Lescitoyens n’en peuvent plus d’être nonreprésentés par une "élite" qui a cade-nassé le monde politique et appliquesystématiquement les mêmes poli-

tiques. Ce sont les relais d’une oligarchie,du 1 % qui détruit la planète.On doit se tourner vers un système décen-tralisé, partant de la base, c’est-à-dire don-nant la parole aux citoyens. Ce qui se faiten Amérique du Sud, chez les communau-tés indigènes, chez les zapatistes, nous ins-pire et inspire de nombreux mouvementssociaux. Les personnes chargées de lareprésentation ne peuvent en faire unmétier et sont dessaisies lorsqu’elles s’écar-tent du mandat qui leur a été confié. Unetelle démocratie reste très éloignée denotre système, mais nous devons y tendre.La justice écologique internationale doitaussi jouer un rôle.Le droit international est désarmé pourprotéger l’environnement. Il y a quelquescoups d’éclat, comme le procès de l’Erika,mais globalement le crime écologiquen’est pas considéré comme tel. Lorsquedes amendes sont prononcées, elles restentfaibles comparées aux économies ouaux bénéfices réalisés par le pollueur. Onest loin d’une vraie justice environne-mentale qui permettrait de mettre unterme à la dette écologique.L’initiative citoyenne européenne EndEcocide2 va dans le bon sens mais mal-heureusement, elle ne décolle pas. Entout cas, on est encore loin de la mobili-sation contre l’écotaxe…

> PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE COLLET

Dette écologique : trois pistes pour en sortir

1/ Eric De Ruest et Renaud Duterme - La dette cachée de l’économie aux éditions Les liens qui libèrent.2/ www.endecocide.eu/?lang=fr

La consommation des plantes agricoleset de bois destinés aux transports, auchauffage et à la production d’électricitédevrait doubler d’ici 2030 et exercer surles forêts et les terres agricoles de laplanète, de nouvelles pressions non-sou-tenables et sans comparaison avec cellesqu’on a déjà connues. Rien que pour pro-duire le bois destiné au chauffage et à laproduction d’électricité, il faudrait utiliserpresque 40 % de l’espace forestier pro-ductif de l’Europe, si le bois devait prove-nir entièrement de l’Union européenne.Pour Ariadna Rodrigo, chargée de la cam-pagne sur les ressources des Amis de la

Terre Europe : « La consommation euro-péenne de terres échappe à tout contrôledepuis trop longtemps. Le recours accru àdes plantes agricoles et au bois commecombustibles ou carburants doit doublerdans les 15 années à venir, ce qui menacerales forêts, les communautés rurales et laproduction alimentaire partout dans lemonde. »Les Amis de la Terre s’alarment de l’appé-tit insatiable de l’Europe pour toujoursplus de terres et de ressources naturelles.Nous devons non seulement plafonnerl’utilisation des agrocarburants pour lesautomobiles - voire les interdire complè-

tement - mais aussi diminuer l’énormequantité de terres que l’Union euro-péenne confisque, en mettant en placedes objectifs exécutoires qui réduisent lasurconsommation.La Commission européenne s’est enga-gée en 2011, à commencer à mesurer etréduire la consommation des ressourcesnaturelles, mais il est à craindre qu’ellen’ignore les terres et l’eau.

Terre agricoles et forêts sont menacées par la demandeeuropéenne en bio-énergie

Les Amis de la Terre Europe ont publié une étude menée par l’Université d’Economie et de commerce de Vienne,qui révèle qu’une surface de la taille de la Pologne et de la Suède pourrait être nécessaire pour fournir les planteset le bois dont les énergies à base de biomasse auront besoin en 2030.

Pour en savoir plus :

http://www.amisdelaterre.org/Les-terres-agricoles-et-les-forets.html

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Spot TV, alerte au démarragedu PC, pages web dédiées,Microsoft n'a pas lésiné surla communication pour inci-ter à passer à la technologiesupérieure, jouant sur la peurdes virus et vantant lesmérites des nouveaux PC.Une « invitation » quiimplique de mettre au rebutles ordinateurs équipés XP ettrop « faibles » pour son nou-veau système d’exploita-tion… et qui pourrait rappor-ter 32 milliards de dollars àl’industrie informatique.Quid de l’impact social etenvironnemental de cette décision ?Microsoft est resté très silencieux à cesujet malgré l’interpellation publique desAmis de la Terre1. Car le secteur des nouvelles technologiesest loin d'être vert. Un ordinateurcontient du plomb et du mercure, dessubstances qui présentent un risquesanitaire si elles ne sont pas dépolluéescorrectement. Le recyclage des déchetsélectriques et électroniques est encoreloin d'être performant : pour produire denouveaux PC, de nouvelles ressourcesdoivent toujours être prélevées.

Apprivoiser les logiciels libresPour réduire l'impact écologique de nosappareils, donnons la priorité à l’allonge-ment de leur durée de vie. Oui, les géantsde l'informatique usent de toutes lesstratégies pour accélérer le rythme derenouvellement des produits. Non, tousles consommateurs ne veulent pas suivrece rythme effréné. Ainsi, malgré la com-mercialisation de 3 nouveaux systèmesd'exploitation, 30 % des utilisateurs deWindows ont continué à utiliser XP.Système privé, verrouillé et fermé, l’aban-don de sa mise à jour ouvre maintenant

la fenêtre (J) aux alternativespopulaires, collaboratives, libres.Car il est possible d'abandonnerWindows, sans abandonner sonmatériel, en passant aux logi-ciels libres. Pourquoi passer au libre ? Leslogiciels libres sont souventtotalement gratuits, très fiables,beaucoup plus ergonomiques,sans virus, et permettent deprolonger très longtemps ladurée de vie des appareils élec-troniques tout en étant pluséconomes en énergie. C'est parexemple le cas du système d'ex-ploitation Linux/Ubuntu, dont

certaines versions sont spécifiquementconçues pour être installées sur des ordi-nateurs anciens.Au quotidien, nous utilisons d'ailleurs deplus en plus d'applications développéespar le monde du logiciel libre : MozillaFirefox pour naviguer sur le web, l’ency-clopédie Wikipédia, ou encoreThunderbird pour la messagerie, VLCpour visionner des films, SPIP pour le siteweb des Amis de la Terre.Le libre repose sur 4 libertés fondamentales :la liberté d’utiliser, de copier, d’étudier le logiciel,ainsi que de modifier et redistribuer lesversions modifiées. L’univers du libre est à découvrir, en privi-légiant les applications ou en installantune distribution libre sur votre ordina-teur. Des associations comme April,Coagul ou Emmubuntus proposentbénévolement de vous accompagnerdans cette démarche. N’hésitez pas àvous informer à rencontrer un groupe debénévoles près de chez vous ou de votregroupe local Amis de la Terre :http://wiki.april.org/w/Liste_des_Gulls_en_2014.

> CAMILLE LECOMTEChargée de campagne Modes de production et

de consommation responsables

PratiquesAu revoir Windows, je passe au libre !

Témoignage« J'ai commencé à utiliser les logiciels libres en 2004, d'abord via Firefox pour la navigation internet, Thunderbird pour lamessagerie, et Open office pour le traitement de texte. Puis j'ai voulu pousser la logique jusqu'au bout en passant au sys-tème d'exploitation Linux, d'abord Mandriva (une entreprise française) puis Ubuntu, la distribution Linux la plus courantepour les utilisateurs lambda.Au quotidien je suis extrêmement satisfait de ce choix, à tel point que revenir à des logiciels « propriétaires » (Windows, etc)est désormais une torture. Outre les valeurs morales associées aux logiciels libres (liberté, coopération, etc), que je rechercheen tant qu'adhérent des AT, ils constituent pour moi une alternative technique vraiment beaucoup plus performante. Entermes de facilité d'utilisation, de coût, de fiabilité et de sécurité, pour moi il n'y a pas de question à se poser !

> GWENAELadhérent des Amis de la Terre

En avril dernier, Microsoft a mis fin au support Windows XP entraînant peut-être la mort artificielle de 500 millions d’or-dinateurs qui en étaient équipés à travers le monde. L’obsolescence logicielle frappera-t-elle encore ? Windows pense-t-ilpar cette décision unilatérale nous imposer ses nouvelles machines ? C’est sans compter sur les logiciels libres !

© Dullhun

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Logiciel commercial Logiciel libreSystème d'exploitation Windows GNU/Linux (ex : Ubuntu)

Navigateur Internet Internet Explorer,Google Chrome

Firefox

Organiser un RDV Doodle FramapadPartager des documents Google docs FramapadTraitement de texte,bureautique, tableurs...

Microsoft office Open Office ou Libre Office

Messagerie Microsoft Outlook ThunderbirdTraitement d'image Photoshop Paint.net ou GIMP

1/ Windows programme l’obsolescence de 500 millions de PC dans le monde et un immense gaspillage écologique.http://www.amisdelaterre.org/Windows-programme-l-obsolescence.html

Quelques exemples :