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Midi de la Biomasse La biométhanisation agricole a-t-elle un avenir en Région wallonne ? 2 avril 2014 Cécile Heneffe Document FARR-Wal – Avec le soutien de la Région Wallonne – DGO3/4

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Midi de la Biomasse

La biométhanisation agricole a-t-elle un avenir

en Région wallonne ?

2 avril 2014

Cécile Heneffe

Document FARR-Wal – Avec le soutien de la Région Wallonne – DGO3/4

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Cécile HENEFFE

Email : [email protected]

Tél : 081 62 71 92 - 0488 17 21 18

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1 Introduction

La biométhanisation agricole connait ces derniers mois un certain nombre de modifications de

facteurs conjoncturels et structurels : la diminution du prix des certificats verts, l’augmentation des

prix des intrants, la baisse du prix de rachat de l’électricité, etc. Ces changements ont modifié la

rentabilité économique des installations de biométhanisation.

De plus, plusieurs réglementations ont été/sont en cours de modification.

La question est, dès lors, lancée : quel(s) impact(s) auront ces changements dans le développement

de la biométhanisation agricole ces prochaines années ?

2 Interventions des orateurs

Mot d’introduction

Par Bertrand AUQUIERE, Manager de ValBiom

Situation de la biométhanisation

Par Gaëtan de Seny, représentant de la FeBA

La Fédération des Biométhaniseurs Agricoles wallons regroupe, depuis septembre 2013, les

propriétaires et/ou gestionnaires d’installations de biométhanisation agricole. Cette catégorie

agricole répond aux critères suivants :

« Unité de biométhanisation implantée en zone agricole ou attachée à une ferme, portée en

partie par des agriculteurs dans le capital et dans le pouvoir décisionnel, valorisant pour

partie des intrants agricoles issus des agriculteurs participants. »

Elle a notamment pour mission de représenter les biométhaniseurs auprès des instances politiques

et des autorités administratives.

A l’heure actuelle, elle traite principalement quatre dossiers :

1) Conditions de rentabilité conjoncturelles :

La situation actuelle des unités a changé très rapidement en l’espace de quelques mois. Le

coût des intrants a augmenté, tandis que le prix de revente de l’électricité et des certificats

verts a baissé.

De plus, en comparaison avec les régions voisines (ayant des systèmes de soutien différents),

ayant d’autres mécanismes de rachat de l’énergie, le manque à gagner serait de 58 € à

73 €/MWh électrique. Ils ont donc demandé une révision du taux d’octroi des certificats

verts (soit 1 certificat vert supplémentaire par MWh électrique produit) pour assurer une

rentabilité minimum.

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2) Aide d’urgence pour certaines installations :

Certaines installations rencontrent des problèmes de trésorerie très préoccupants. Pour faire

face à ce problème ponctuel, et en attendant des adaptations du mécanisme de soutien au

secteur (via les certificats verts), elles demandent une aide d’urgence auprès du Ministre de

l’économie. Cependant, cette aide ne sera octroyée que pour les installations dont on peut

démontrer la rentabilité future.

3) Législation concernant les composts et digestat :

L’utilisation du digestat comme amendement des terres est trop lourde du point de vue

administratif, la valorisation du digestat est dès lors entravée.

4) Législation concernant les classes de permis et les conditions sectorielles :

Bien que les biométhaniseurs soient favorables à ces changements de législation, et qu’ils

soient satisfaits de la collaboration avec le cabinet Henry, il persiste certains points de

désaccord.

Présentation des rubriques et conditions sectorielles

« déchet » biométhanisation

Par Grégory Motte, conseiller de la cellule environnement du Cabinet du Ministre Henry

La déclaration de politique régionale indiquait soutenir les énergies renouvelables, dont la

biométhanisation. Un groupe de travail Biomasse a été mis en place en 2012 (Cabinet Nollet, Henry,

Di Antonio, DGO3, DGO4, AWAC, CWaPE, Irco, ValBiom, FRW, etc.).

Trois textes ont été identifiés afin de développer et de sécuriser la filière biométhanisation et la

protection de l’environnement :

1) Modification des rubriques du permis

2) Création de conditions sectorielles

3) Utilisation des matières organiques, en particulier des composts et digestats.

Concernant les rubriques, actuellement seules les installations de biométhanisation qui traitent des

déchets (sous-produits animaux et autres déchets) sont visées par une rubrique, la 90.23.15.

L’objectif est de créer une rubrique pour les installations qui valorisent des non déchets, la 40.40, et

de simplifier la rubrique existante.

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Actuellement Demain

Biométhanisation à partir de produits classés comme « non déchets »

Pas de rubrique pour ces installations Création d’une rubrique « non déchet »

40.40.10.01 : classe 3 si < 15 T/jour (vise les

exploitations agricoles)

40.40.10.02 : classe 2 si entre 15 et 100 T/jour

40.40.10.03 : classe 1 si > 100 T/jour

Biométhanisation au départ de produits considérés comme « déchets »

Deux catégories :

- Sous-produits animaux :

o Classe 2 si < 100 T/jour

o Classe 1 si > 100 T/jour

- Autres déchets :

o Classe 2 si < 500 T/jour

o Classe 1 si > 500 T/jour

Une seule catégorie :

o 90.23.15.01 : Classe 2 si < 500 T/jour

o 90.23.15.02 : Classe 1 si > 500 T/jour

Les conditions sectorielles concerneront la rubrique 90.23.15. L’objectif est d’encadrer et de

réglementer l’exploitation d’une installation de biométhanisation en réduisant les risques de

nuisances environnementales au sens large. Elles s’appliquent aux installations de classes 1 et 2 qui

traitent des déchets.

Elles concernent :

• l’implantation et la construction des installations,

• le stockage des biomatières,

l’admission des biomatières et matières dans l’installation,

• la prévention des accidents,

• la protection de l’eau,

• la protection de l’air, etc.

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3 Débat

Le débat a soulevé plusieurs points intéressants. Ils sont regroupés ci-dessous en fonction des

thématiques abordées.

Le statut du digestat

Problématiques rencontrées

- Actuellement, pour valoriser le digestat comme amendement, il faut introduire une

demande de dérogation, une autorisation de l’AFSCA, etc.

- Les charges administratives sont lourdes pour utiliser le digestat comme amendement.

- La valorisation des digestats est défavorisée par rapport à la valorisation des composts. Quid

du digestat introduit dans les composts ?

Pistes de solutions

- Un texte législatif est en cours de rédaction. Ce texte donnera un cadre plus clair à

l’utilisation du digestat et mettra sur un même pied d’égalité compost et digestat.

- Selon la FeBA, il est envisageable d’extraire les fractions azotées et phosphorées du digestat.

En effet, 43% du digestat est sous forme minéralisée, et 83 % de l’azote qu’il contient.

- Dans le calcul du taux de liaison au sol, il serait intéressant de tenir compte de la partie

minéralisée du digestat, et non pas l’assimiler à du lisier ou du fumier.

- Il serait également intéressant de privilégier l’utilisation de matière organique d’origine

agricole sur les sols, avant d’utiliser les engrais chimiques.

Les utilisations alternatives du biogaz

Problématiques rencontrées

- Aujourd’hui en Région wallonne, le biogaz est essentiellement utilisé en cogénération. Seule

la production d’électricité « verte » (provenant de cogénération) bénéficie d’un mécanisme

de soutien : les certificats verts. Les autres formes de valorisations pertinentes ne bénéficient

actuellement d’aucun soutien. On pense par exemple à la production de chaleur (chaudières,

processus industriels, etc.), à l’injection de biométhane dans le réseau de distribution de gaz

naturel, à l’utilisation de biométhane comme carburant, etc. Comment soutenir l’utilisation

directe du biogaz ?

- Concernant l’injection de biométhane, la Région wallonne possède un cadre législatif, qui ne

répond pas encore à toutes les questions. Par exemple, qui doit purifier le biogaz et à qui

revient le coût d’injection ? Quid de la pureté du biométhane injecté ?

- Un autre problème rencontré est le stockage du biométhane. En été, en raison de la baisse

des besoins en gaz pour le chauffage, le biométhane pourrait ne pas être accepté dans le

réseau de gaz naturel.

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Pistes de solutions

- Concernant l’injection de biométhane, des aides pourraient être introduites par un

mécanisme spécial actuellement à l’étude par la CWaPE.

- Concernant la pureté du biométhane injecté, des technologies existent pour répondre aux

criètres qualitatifs. De nombreux pays ont d’ailleurs déjà mis en place des systèmes

d’injection de biométhane dans leurs réseaux de distribution.

Bien que ces technologies semblent connues et maîtrisées, il existe un risque d’introduire du

CO2 lors de l’injection du biométhane dans le réseau. Une solution serait de favoriser des

circuits fermés (réservé au biométhane).

Il est à noter que la technologie d’épuration membranaire du biogaz est capable de fournir

un gaz contenant 97 à 98 % de , tandis que le gaz naturel en contient 89 à 90 %. Le

blocage serait donc d’origine administrative.

- Une autre valorisation jugée pertinente serait l’utilisation de biométhane dans le secteur des

transports. Il s’agirait de l’utilisation la plus rationnelle au niveau énergétique. Cependant, à

l’heure actuelle, il manque d’infrastructures dédiées (pompes biométhane). Il n’y a pas non

plus d’incitants fiscaux, excepté l’absence d’accises sur le gaz naturel, en ce y compris le

biométhane.

Les certificats verts

Problématiques rencontrées

- Le prix des certificats verts est passé de 85 € en 2011 à 65 € en 2013. Le prix actuel est

toujours de 65 €.

Pistes de solutions

- Selon la CWaPE, des coefficients multiplicateurs pourraient être introduits pour l’octroi des

certificats verts pour les installations de biométhanisation.

- Pour les installations de puissance inférieure à 1,5 Mwhel, la CWaPE aimerait découpler la

production de chaleur verte de celle de l’électricité.

Les gisements d’intrants

Problématiques rencontrées

- Il y a un manque à gagner pour les installations de biométhanisation en comparaison avec les

installations situées dans les régions frontalières de l’ordre de 58 à 73 euros/MWh

électrique. Il y a donc un risque que les intrants soient exportés vers ces régions et/ou de

faire augmenter les prix.

Pistes de solutions

- Une piste de solutions pourrait être de conditionner l’octroi de permis à de nouvelles

installations à un plan d’approvisionnement, et ceci pour éviter d’avoir trop d’unités par

rapport à un gisement limité. Mais cette solution ne règle pas la question de la concurrence

étrangère.

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4 Conclusions

Plusieurs pistes et réflexions méritent d’être rappelées à la suite de ce débat :

- Le secteur est dans l’attente d’une législation définitive et stable concernant l’octroi des

certificats verts.

- Un allègement des charges administratives (intrants, digestats, etc.) serait souhaitable.

- Concernant la valorisation et la commercialisation du digestat, les problèmes rencontrés sont

principalement d’ordre législatif, et un ajustement devrait être effectué par rapport au

compost.

- La question des flux des gisements pose problème à cause des régimes de soutien différents

rencontrés dans les régions limitrophes à la Région wallonne.

- Une meilleure valorisation du biogaz passera par des mécanismes de soutien adaptés à

chaque cas.

Comme le disait Gaëtan de Seny en guise de conclusion, la biométhanisation agricole peut avoir un

bel avenir en Région wallonne, mais cet avenir est conditionné par les décisions stratégiques et

politiques à venir.

5 Note du 08/04/2014

La législation concernant les composts et digestats ne passera pas durant cette législature. En effet,

en raison de l’encombrement parlementaire, le décret sol ne passera pas. Or, la législation composts

et digestats dépend de ce décret.

Cette thématique sera probablement à l’ordre du jour de la prochaine législature.

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6 Liste des participants

Nom Prénom Organisme

Bertel Xavier CADCO

Bertrand Yves Qays sprl

Bourgeois Audrey SPW

Braun Serge SPW

Breton Jérôme Indépendant

Bulteel Michel Lhoist

Burniaux Dimitri Surice

Carels Johan Schmack

Coelho Nuno Etudiant

Corbiau François Consultant

Cornélis Pierre-Yves CWAPE

de Seny Gaëtan Biogaz du haut geer

Debailleul Gérard ILB

Delaite Benoit reseau-pwdr

Devos Veerle Farm devos

Durieu Valéry SEDE Environnement

Evrard Gaël Qays sprl

Finet Sébastien

Foucart Guy CIPF

Foulon Caroline Cabinet Henry

François Joseph Sillon Belge

Gassée Pascal ILB

Gendebien Anne SPW

Gérard Frank EDORA

Geubel François Xavier Anatis

Goreux Francis FWA

Guido Herbrand Bioenergie EGH

Hick Christian FWA

Hubeaux Damien CTA

La fontaine Sébastien Watts'up

Lenges Alwin Gerbr.Lenges

Marchal Françoise Cabinet Di Antonio

Mengal Philippe GreenWin

Mestach Fred Agrispace

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Mommens Benjamin GreenWatt

Monfort Jean-Luc Triskell

Motte Grégory Cabinet Henry

Neumann Michal CEO

Neveux Axel xfive

Pierart E. Cinergie scrl

Préat Gérard Cinergie scrl

Reynders Jean-Charles Anatis

Salden Laurie Lhoist

Scholtus J-L. Province Luxembourg

Schuermans Christophe Dalkia

Smets Frans Cinergie scrl

van Havermaet Christophe

Van Landschoot Anne SPW

Vanoverberghe Michel walagri

Vendenbroucke Ingrid Vlaco

Vleeschouwers Bart Boerenbond

Vliegen François FEBA

Wathelet Damien CWAPE

Weekers Frédéric ARTECHNO SA