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La chirurgie ostéo-articulaire de la Grande Guerre Frédéric Chauvin Chirurgien des Hôpitaux des Armées Chef de Service - Membre du Collège Français des Chirurgiens Orthopédiques et Traumatologiques, Lyon En collaboration avec Louis Paul Fischer Vice-président de la Société Française d’Histoire de la Médecine Jean-Jacques Ferrandis Secrétaire général de la Société Française d’Histoire de la Médecine. Conservateur honoraire du Musée du Service de Santé des Armées au Val-de-Grâce Xavier Tabbagh Conservateur du Musée du Service de Santé des Armées au Val-de-Grâce Camille Gargar Responsable du centre de documentation du Musée du Service de Santé des Armées au Val-de-Grâce La chirurgie osseuse des membres, à l’image des autres spécialités chirur- gicales, a connu pendant la Grande Guerre d’importants progrès. 1914-1918 a été un tournant pour la chirurgie osseuse de guerre pour plusieurs rai- sons. La fréquence et la gravité des lésions osseuses sont telles que de nou- velles méthodes thérapeutiques peuvent être mises au point et améliorées rapidement tout au long de la guerre. L’étude des archives, en particulier celles du Musée du Service de Santé des Armées au Val-de-Grâce, inauguré pendant la guerre en 1916, et la lecture de rares comptes rendus opératoires portant sur des interventions de chirurgie osseuse montrent à quel point les chirurgiens, forts de l’expérience acquise, avaient à cœur non seulement de rechercher la restauration de la continuité osseuse et de la stabilité arti- culaire, mais aussi la guérison fonctionnelle. La nouvelle gravité des lésions osseuses Les lésions osseuses avaient été parfaitement décrites par Edmond Delorme dans son Traité de chirurgie de guerre de 1888. Ses observations se basaient sur l’expérience déjà ancienne des guerres précédentes. Les blessures par balle représentaient alors la majorité des lésions. Les projectiles à vitesse relati- vement lente déterminaient des trajets intratissulaires rectilignes et peu souillés . La lésion osseuse, lorsqu’elle existait, était rarement grave. Les fractures étaient peu ou pas déplacées. Les traits étaient simples, la comminution osseuse 111

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La chirurgie ostéo-articulairede la Grande Guerre

Frédéric ChauvinChirurgien des Hôpitaux des Armées

Chef de Service - Membre du Collège Françaisdes Chirurgiens Orthopédiques et Traumatologiques, Lyon

En collaboration avec Louis Paul FischerVice-président de la Société Française

d’Histoire de la MédecineJean-Jacques Ferrandis

Secrétaire général de la Société Françaised’Histoire de la Médecine. Conservateur honoraire du Musée

du Service de Santé des Armées au Val-de-GrâceXavier Tabbagh

Conservateur du Musée du Service de Santé des Armées au Val-de-GrâceCamille Gargar

Responsable du centre de documentationdu Musée du Service de Santé des Armées au Val-de-Grâce

La chirurgie osseuse des membres, à l’image des autres spécialités chirur-gicales, a connu pendant la Grande Guerre d’importants progrès. 1914-1918a été un tournant pour la chirurgie osseuse de guerre pour plusieurs rai-sons. La fréquence et la gravité des lésions osseuses sont telles que de nou-velles méthodes thérapeutiques peuvent être mises au point et amélioréesrapidement tout au long de la guerre. L’étude des archives, en particuliercelles du Musée du Service de Santé des Armées au Val-de-Grâce, inaugurépendant la guerre en 1916, et la lecture de rares comptes rendus opératoiresportant sur des interventions de chirurgie osseuse montrent à quel point leschirurgiens, forts de l’expérience acquise, avaient à cœur non seulementde rechercher la restauration de la continuité osseuse et de la stabilité arti-culaire, mais aussi la guérison fonctionnelle.

La nouvelle gravité des lésions osseusesLes lésions osseuses avaient été parfaitement décrites par Edmond Delorme

dans son Traité de chirurgie de guerre de 1888. Ses observations se basaientsur l’expérience déjà ancienne des guerres précédentes. Les blessures par ballereprésentaient alors la majorité des lésions. Les projectiles à vitesse relati-vement lente déterminaient des trajets intratissulaires rectilignes et peu souillés .La lésion osseuse, lorsqu’elle existait, était rarement grave. Les fractures étaientpeu ou pas déplacées. Les traits étaient simples, la comminution osseuse

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