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Sujet : La culture se contente-t-elle de compléter la nature, ou au contraire se substitue-t-elle à elle? Le terme « culture » renvoie, de manière générale, à tout ce que l’homme acquiert par l’intermédiaire d’une société, qui est transmis par de multiples facteurs (le langage, l’éducation, les coutumes, les gestes, les lois). Il a de nombreux sens différents, que l’on peut réduire à trois principales définitions : la culture au sens classique (qui représente, à l’échelle d’un individu, l’élévation intellectuelle, souvent par l’étude de grandes oeuvres), la culture au sens ethnologique (à l’échelle d’un groupe d’individus ou d’une société, l’ensemble des coutumes, croyances, lois et formes d’art propres à ce groupe social), et le sens qui nous intéresse ici, la culture au sens philosophique (cette fois-ci à l’échelle de l’humanité, qui désigne tout ce par quoi l’existence humaine se distingue des autres animaux). Partant de cette définition, on est en droit de supposer que les idées de culture et de nature sont opposées. Il est donc nécessaire de remarquer que ces deux idées sont indispensables l’une à l’autre par définition : c’est la thèse du généticien Axel Kahn, qui affirme que la personnalité de tout individu est composée à 100% d’inné (nature) et à 100% d’acquis (culture). Dès lors, on se retrouve avec deux hypothèses : la nature est-elle complétée par la culture, ou bien cette dernière la remplace-t-elle? Afin de tenter de répondre à cette question, nous expliquerons en quoi la culture pourrait être le propre de l’homme, et donc un complément à la nature humaine, avant de comprendre de quelle manière on peut dire qu’elle est acquise, et de fait se substitue à elle. Tout d’abord, nous devons nous intéresser à l’idée de « nature humaine ». En effet, parler de nature humaine, c'est affirmer qu'il existe un certains nombre de caractéristiques communes à tous les hommes sans restriction. C'est donc dire qu'il existe une définition de l'homme qui s'appliquerait à tous et à chacun d'entre eux de manière universelle. Cependant, le fait de parler de nature humaine pose problème puisqu’il est indéniable que si certaines caractéristiques sont communes à l’humanité entière (par exemple, le fait de vivre en société puisque, comme le montre Rousseau, l’homme isolé n’existe pas), lorsqu’on tente de caractériser l’homme, ce sont évidemment ses différences qui entrent en jeu. On parle donc de culture. Ainsi, il n’est pas risqué d’affirmer que par nature, l’homme est un être de culture. La culture ne dénature pas l’homme, elle lui donne sa propre nature, celle qui le distingue des autres vivants, celle qui le caractérise. L’homme se fait lui même par une diversité culturelle extrêmement riche et inépuisable. Ainsi, puisque le principe même de nature humaine est discutable, il semble que l’homme ait besoin de la culture pour s’accomplir. Comme le dit Confucius, « Nature qui l’emporte sur culture est frustrée, culture qui l’emporte sur nature est pédante, seule leur combinaison harmonieuse donne l’homme de bien. » Ceci permet de considérer que la culture agit en complément sur la nature. D’autre part, on considère souvent que l’homme ne naît pas, il devient , en ce sens tout ce que l’on peut rapporter à l’homme ne doit rien à la nature mais c’est toujours le fruit d’une décision humaine. Le principe de culture est incontestable du fait que la nature de l’homme le pousse à vivre en société, et donc à influencer les hommes autour de lui. En effet, dès sa naissance, l’être humain est exposé à l’essence même de la culture au sens philosophique : le langage, qui fait la distinction entre l’humanité et la simple animalité. Ce conditionnement influe déjà sur la nature de l’être humain.

La culture se contente-t-elle de compléter la nature ou au contraire se substitue-t-elle à elle?

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Dissertation philo Terminale L

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Sujet : La culture se contente-t-elle de compléter la nature, ou au contraire se substitue-t-elle à elle?

Le terme « culture » renvoie, de manière générale, à tout ce que l’homme acquiert par l’intermédiaire d’une société, qui est transmis par de multiples facteurs (le langage, l’éducation, les coutumes, les gestes, les lois). Il a de nombreux sens différents, que l’on peut réduire à trois principales définitions : la culture au sens classique (qui représente, à l’échelle d’un individu, l’élévation intellectuelle, souvent par l’étude de grandes oeuvres), la culture au sens ethnologique (à l’échelle d’un groupe d’individus ou d’une société, l’ensemble des coutumes, croyances, lois et formes d’art propres à ce groupe social), et le sens qui nous intéresse ici, la culture au sens philosophique (cette fois-ci à l’échelle de l’humanité, qui désigne tout ce par quoi l’existence humaine se distingue des autres animaux). Partant de cette définition, on est en droit de supposer que les idées de culture et de nature sont opposées. Il est donc nécessaire de remarquer que ces deux idées sont indispensables l’une à l’autre par définition : c’est la thèse du généticien Axel Kahn, qui affirme que la personnalité de tout individu est composée à 100% d’inné (nature) et à 100% d’acquis (culture). Dès lors, on se retrouve avec deux hypothèses : la nature est-elle complétée par la culture, ou bien cette dernière la remplace-t-elle?Afin de tenter de répondre à cette question, nous expliquerons en quoi la culture pourrait être le propre de l’homme, et donc un complément à la nature humaine, avant de comprendre de quelle manière on peut dire qu’elle est acquise, et de fait se substitue à elle.

Tout d’abord, nous devons nous intéresser à l’idée de « nature humaine ». En effet, parler de nature humaine, c'est affirmer qu'il existe un certains nombre de caractéristiques communes à tous les hommes sans restriction. C'est donc dire qu'il existe une définition de l'homme qui s'appliquerait à tous et à chacun d'entre eux de manière universelle. Cependant, le fait de parler de nature humaine pose problème puisqu’il est indéniable que si certaines caractéristiques sont communes à l’humanité entière (par exemple, le fait de vivre en société puisque, comme le montre Rousseau, l’homme isolé n’existe pas), lorsqu’on tente de caractériser l’homme, ce sont évidemment ses différences qui entrent en jeu. On parle donc de culture.

Ainsi, il n’est pas risqué d’affirmer que par nature, l’homme est un être de culture. La culture ne dénature pas l’homme, elle lui donne sa propre nature, celle qui le distingue des autres vivants, celle qui le caractérise. L’homme se fait lui même par une diversité culturelle extrêmement riche et inépuisable. Ainsi, puisque le principe même de nature humaine est discutable, il semble que l’homme ait besoin de la culture pour s’accomplir. Comme le dit Confucius, «  Nature qui l’emporte sur culture est frustrée, culture qui l’emporte sur nature est pédante, seule leur combinaison harmonieuse donne l’homme de bien. » Ceci permet de considérer que la culture agit en complément sur la nature.

D’autre part, on considère souvent que l’homme ne naît pas, il devient , en ce sens tout ce que l’on peut rapporter à l’homme ne doit rien à la nature mais c’est toujours le fruit d’une décision humaine. Le principe de culture est incontestable du fait que la nature de l’homme le pousse à vivre en société, et donc à influencer les hommes autour de lui. En effet, dès sa naissance, l’être humain est exposé à l’essence même de la culture au sens philosophique : le langage, qui fait la distinction entre l’humanité et la simple animalité. Ce conditionnement influe déjà sur la nature de l’être humain.

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De plus, la culture est nécessaire à l’homme, comme le montre le mythe de Prométhée. Ce personnage de la mythologie grecque, descendant des Titans, qui précédaient les Dieux de l’Olympe, aurait offert le feu aux hommes. Ce « cadeau » peut être interprété comme de la pitié eu égard à la faiblesse de l’homme (qui naît sans protection, complètement nu, par opposition à l’animal qui, dès sa naissance, a des dispositions qui l’aident à survivre). Ainsi, cela lui permettait de se défendre et d’améliorer sa qualité de vie, donc de combatte la nature, de la « nier » comme l’affirme Georges Bataille. Tout ceci permet d’avancer que la culture se substitue à la nature.

Finalement, nous pouvons constater que si l’on peut facilement arriver à penser que la culture peut soit compléter la nature, soit se substituer à elle, il est nécessaire de remarquer que ces deux idées sont indispensables l’une à l’autre et qu’il n’existe pas de réponse universelle à cette question, dans la mesure où l’être humain a une origine naturelle qui le pousse à se cultiver, et donc à modifier la nature. L’homme change en permanence et évolue en même temps que la nature qui l’entoure, il est perfectible. Cette particularité constitue peut être la vraie nature de l’homme et ouvre à l’humanité une quasi-infinité de possibles.