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La Divine Comédie de Dante Alighieri. Le Paradisby Mesnard; Léonce Mesnard

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Page 1: La Divine Comédie de Dante Alighieri. Le Paradisby Mesnard; Léonce Mesnard

La Divine Comédie de Dante Alighieri. Le Paradis by Mesnard; Léonce MesnardReview by: F. J. Champollion FigeacRevue Archéologique, 14e Année, No. 2 (OCTOBRE 1857 A MARS 1858), pp. 502-506Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41742473 .

Accessed: 21/05/2014 19:28

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BIBLIOGRAPHIE.

La Divine Comédie dê Dante Alighieri , traduction nouvelle par M. Mesnard, membre de l'Institut, premier vice-président du Sénat , président honoraire à la cour de cassation. Notes , par M. Léonce Mesnard. Le Paradis. Paris, Amyot , 1857, 1 vol. grand in-8°.

Ce troisième volume de la Divine Comédie complète l'ouvrage si heureusement entrepris par M. le président Mesnard , nous ajou- terons, et si heureusement terminé. A nos yeux, cette dernière cir- constance est un mérite réel pour tout ouvrage, dans ce temps-ci où Ton en commence tant qu'on ne finit pas ; nos bibliothèques incomplètes en rendent un déplorable témoignage : pour ma part , j'ai sous les yeux trois grands in-4° de haute érudition et sept à huit grands in-8° de haute politique , qui , vraisemblablement , n'étaient pas nés viables puisqu'ils n'ont point vécu; l'enthousiasme et les séduisants calculs de leurs auteurs s'étant évanouis devant la sévère immobilité du public à l'apparition de ces chefs-d'œuvre en espé- rance ; l'haleine ou la prévoyance a fait défaut?

L'illustre écrivain du nouveau Dante français a su se préserver de tels accidents; il n'a laissé commencer le travail matériel que lorsque l'œuvre intellectuelle de l'auteur était accomplie , mûrie et vingt fois révisée. Les trois volumes qui la composent se sont , en effet, succédé d'année en année, sans autres délais que ceux qu'exi- geaient la fidèle correction du texte italien , l'attentive révision de là version française , et l'abondance des notes qui sont aussi un autre ouvrage par leur étendue et leur piquante variété.

Le Paradis est le sujet du nouveau volume que nous annonçons ; c'est la troisième partie de l'immortelle trilogie <tu Dante. Pour être la dernière à traduire , et malgré l'habitude de l'esprit et de la dic- tion du Dante , que la version des deux premières a pu donner à l'écrivain français , la difficulté de réussir n'en était pas réellement moins grande , car il ne suffit pas de posséder, même complète- ment , la connaissance d'un idiome étranger pour réussir à bien traduire également des textes en cet idiome traitant de sujets ap- partenant à des sciences différentes, et il faut , pour ne pas échouer, posséder aussi toutes ces sciences. Or, il y a dans les trois

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BIBLIOGRAPHIE. SOS

poèmes dû Dante des qualités si spéciales à chacun d'eux : dans l'Enfer tant de douleurs à perpétuité , dans lê Purgatoire tant de châtiments à temps soulagés par l'espérance , et dans le Paradis , tant de douces amours et d'éternelles béatitudes, que le même esprit, le même caractère , les mêmes aptitudes littéraires semblent né pas Suffire (cependant ils y ont suffi dans M. Mesnard) à la di- versité des idées et des situations que l'auteur a accumulées dans Son ouvrage, promenant sa pensée suf toutes les vertus, sur tous les Vices et sur toutes lés erreurs de l'humanité ; châtiant de sa verve souveraine les rois et les pontifes , avertissant les faibles, humiliant les forts , exaltant les mérites qui honorent les hommes et que Dieu récompense , et montrant partout, sur le chemin du ciel, la foi simple et sincère du Christ comme un titre imprescrip- tible à la miséricorde divine!

Le Dante vivait durant le XIIIe siècle; cette époque fut celle des ardents disputeurs , Car alors aussi on voulut tout expliquer, et l'on donna des noms aux choses mêmes que l'intelligence de l'homme n'est point appelée à connaître ; on disputa donc sur ces mots , quoique ces disputes passionnées ne pussent produire que des di- versités d'interprétations, réduites, de leur nature, à ne rien expli- quer ; et le Dante était savant aussi dans cette vaste science. Son Paradis en rappelle souvent les manifestations ; trop fécondes pro- ductions dé la turbulence des écoles ou du zèle infatigable des cloî- tres ! A ce sujet, le Dante sé montré dans ce livre très-savant théo- logien , et il impose ainsi à son interprète l'obligation de l'être aussi, mais à la manière dont l'étaient, d'abord , les plus doctes Pères de l'Eglise, et ensuite comme le furent après eux les plus tenaces disputeurs dans la théologie scolastique. Quelquefois des traditions pieuses et populaires viennent s'ajouter à cet amas confus de décisions alors, d'opinions seulement curieuses aujourd'hui; et M. le président Mesnard s'est trouvé d'avance à la hauteur de cette tâche si difficile d'interprétation. Ses vastes études de l'his- toire des opinions humaines l'avaient préparé à l'intelligence par- faite du siècle du Dante , à celle des systèmes antérieurs ou con- temporains , condition , ce nous semble , essentielle pour réussir, comme l'a fait le nouveau traducteur, dans cette élégante et fidèle interprétation du Paradis du Dante , où la physique dans l'enfance, la métaphysique et la théologie dans leur jeunesse (et leurs inces- santes agitations) font presque oublier à l'auteur et au lecteur notre monde matériel, et jusqu'à la belle et bienheureuse fiêâtrix , im- mortelle par les chants du poëte qui l'aima.

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504 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. Il revit dans toute la splendeur de sa gloire céleste œ ce soleil

qui jadis embrasa son cœur d'amour et lui montra le doux aspect de la vérité. (Chant IIIe.) A la première apparition des célestes sphè- res, le poëte hésitait craintif; Béatrix secourut ses esprits trop émus et lui dit :

« Tes fausses imaginations émoussent ton intelligence et tu ne vois pas ce que très-bien tu verrais si tu t'en dégageais.

« Bien à tort tu te crois encore sur la terre ; la foudre est plus lente à descendre du lieu où elle se forme , que toi à monter jus- qu'à elle. »

Si cette brève et souriante parole me délivra d'un premier doute , je me trouvai bientôt encore plus enlacé dans un autre.

a Je me reposais avec joie , lui dis-je , de mon grand étonne- ment, mais à présent j'admire comment j'ai pu dépasser des corps si légers. »

Et alors, après un soupir plein de tendresse et de l'air d'une mère tout émue du délire de son fils, elle tourna les yeux sur moi et commença :

« Toutes choses sont unies dans un ordre déterminé, et de cet ordre naît la forme qui fait l'univers à l'image de Dieu. Ici, aux créatures supérieures apparaît la trace de l'éternelle puissance à laquelle tend , comme à sa fin, cet ordre déjà produit. »

Suit l'exposé du système des mondes et des êtres tel que le Dante l'annonce par la bouche de sa douce conductrice , et de sphère en sphère la narration de leur parcours remplit les onze douzièmes du texte du poëme ; alors Béatrix quitte le poëte :

« Déjà ma vue avait embrassé le Paradis tout entier dans sa forme générale, sans se fixer sur aucune de ses parties, lorsque je me retournai vers ma dame, enflammé d'un nouveau dé- sir de l'interroger sur des points qui tenaient mon esprit en suspens.

« Je m'attendais à une chose , une autre répondit à mon attente ; je m'imaginais voir Béatrix , et je vis un vieillard vêtu comme la troupe glorieuse. Dans ses yeux et sur ses joues s'épanchait une bonté souriante ; c'était l'attitude vénérable qui convient à un ten- dre père.

« Où est-elle? » A ces mots qui m'échappèrent, il répondit : « Béatrix m'a fait venir de ma place pour mettre fin à ton désir; regarde là-haut , au troisième cercle à partir du degré le plus élevé tu la reverras sur le trône que lui ont valu ses mérites.

« Sans lui répondre, je levai les yeux , et je la vis, se faisant une

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BIBLIOGRAPHIE. 505

couronne du reflet des rayons éternels. Son image descendait jus- qu'à moi sans être altérée par la distance.

« 0 dame, en qui se fortifie mon espérance et qui as daigné, pour mon salut, laisser en enfer la trace de tes pas ! Si j'ai pu voir tant de choses, c'est grâce à ton pouvoir, c'est par la vertu de ta bonté. Esclave que j'étais, tu m'as mené à la liberté par toutes les voies, par tousles moyens en ta puissance.

« Conserve-moi ta munificence , et qu'ainsi mon âme , que tu as rendue pure , te soit chère quand elle échappera aux liens du corps.

« Ainsi je parlai, et tout éloignée qu'elle semblait, Béatrix sourit, me regarda, puis se retourna vers la fontaine éternelle. » (Chant XXXIe.)

C'est ainsi que le poëte se sépara de son immortelle bien-aimée; conduit, « pour parvenir au plein achèvement de son voyage, » par saint Bernard , choisi par Béatrix , comme elle avait envoyé Virgile pour écarter les obstacles du commencement.

Le poëme finit avec le trente-troisième chant , et dans aucune de ses parties ne font défaut l'exactitude de la version, la pureté et la convenance du style , ni sa richesse savamment déguisée au bénéfice de l'attention soutenue du lecteur. Qu'on loue ou non ce beau tra- vail en quelques pays privilégiés de la république des lettres , il res- tera, au jugement du public éclairé , comme une des belles pro- ductions, à la fois savantes et littéraires, de notre siècle et de notre langue.

On donnera la même approbation aux notes et aux commen- taires que M. Léonce Mesnard a réunis au travail de son père (100 pages). L'érudition déployée par le jeune auteur est immense, et , le dirais-je , c'est avec peine que j'en ai mesuré, apprécié l'étendue et la variété. Toutes les subtilités religieuses ou métaphysiques du poëme et de son siècle y sont examinées , expliquées , au prix sans doute des plus attentives élucubralions sur les rêveries , les igno- rances , les traditions mystiques, lés oiseuses divinations de tant d'esprits puissants peut-être , mais pour qui la lumière de la cri- tique et de la méthode ne s'était pas encore faite. Pour eux, sans doute, la charité littéraire peut dire , avec Leibnitz dans un autre sens : f adenti quod in se est , non denegatur , gratia necessaria (1); mais on n'est pas obligé de se saturer de lçurs opuscules en plusieurs volumes in-folio ; si ce n'est pour l'étude de l'histoire des opinions

(1) Note 3e du XIXe chant.

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506 REVUB ARCHÉOLOGIQUE. et des erreurs humaines, M. Léonce Mesnard , qui sait tant de honnes choses , ses notes en rendent aussi d'amples témoignages, et qui les décrit d'un style à la fois élégant et résolu, n'y reviendra plus, le Paradis du Dante étant largement et utilement commenté par M une fois pour toutes.

Honorons hautement cette touchante association de la science si variée du père et du fils, qui réussissent, en commun, à une par- faite transmission, dans notre langue, du chef-d'œuvre d'un autre noble idiome de la mémo famille ; honorons aussi ce retour aux plus beaux jours de la magistrature française, de laquelle sortaient aussi les plus érudits et les plus savants littérateurs : Pithou, Val- bonnais, Bouhier, Fontetto , et tant d'autres du même mérite, auront donc des successeurs.

L'étude philosophique de la jurisprudence renferme aussi l'étude de l'homme , de ses oeuvres si diverses, et leur époque en explique parfois le véritable esprit. F. J, Çhampoixion Fjgeac.

PUBLICATIONS NOUVELLES.

Fondation d'Hesdinfert. Conseils politiques adressés à la princesse Marie, régente des Pays-Bas pour Charles-Quint , sur les moyens d'accroître en peu de temps la population d'Hesdinfert (nouvel Hesdin , bâti en 1554 , par Philibert, duc de Savoie, généralissime de l'armée impériale dans les Pays-Bas) « et le mettre en tel estât et ordre que peut mériter le nom de ville et chef-lieu de bailliage. » (Extrait des mémoires de la Société des antiquaires de la Morinie.) In-8* de xvi et 34 p. Imp. de Fleury-Lemaire, à Saint-Qmer . 1387. Paris, A. Leleux, prix 10 fr.

Ce curieux document, qui existe dans la collection des manuscrits de la bibliothèque de Boulognc-sur-Mer, vient d'être publié pour la première fois par M. A.-J.-H. Vincent, membre de l'Institut; il renferme de» principes généraux que pourront mettre à profit tous ceux qui s'occupent de colonisation. M, Vincent a fait précéder ce document d'une introduction, dans laquelle il trace rapidement l'histoire de sa ville natale, ses péripéties, son état actuel; et il a, de

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