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La filière avicole de ponte dans la zone de Thiès et Fandène (Sénégal) : Dynamique et devenir face à l’expansion urbaine Document de travail n°14 Audace Mpozironiga Cécile Broutin Mama Gueye Khanata Sokona Mars 2006 groupe de recherche et d’échanges technologiques enda graf groupes recherche action formation www.ecocite.org Avec le concours de l’Union européenne ICA4°CT-2002-100064 Coordination Série « documents de travail »

La filière avicole de ponte

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La filière avicole de ponte dans la zone de Thiès et Fandène (Sénégal) : Dynamique et devenir face àl’expansion urbaine

Document de travail n°14 Audace Mpozironiga Cécile Broutin Mama Gueye Khanata Sokona Mars 2006

groupe de recherche et

d’échanges technologiques

enda graf

groupes recherche action formation

www.ecocite.org

Avec le concours de l’Union européenne

ICA4°CT-2002-100064

Coordination

Série « documents de travail »

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Coordonnées des auteurs

Audace Mpozironiga, Enda graf Sahel, [email protected]

Cécile Broutin , Gret , [email protected], [email protected] Mama Gueye, Email : [email protected]

Khanata Sokona, Enda graf Sahel, Email : [email protected] , [email protected]

Référence du document Mpozironiga A.., Broutin B., Gueye M., Sokona K., 2006, La filière avicole de ponte à Thiès-Fandène, dynamique et devenir face à l’expansion urbaine, Gret, Enda graf, document de travail Ecocité n°14, www.ecocite.org, 35 p.

Mots clefs : aviculture, ponte, Urbanisation, Thiès, Fandène, Sénégal

L’objectif général du programme de recherche Ecocité est de réaliser une analyse fine et par-tagée des processus en cours à l’interface milieu urbain/milieu rural dans deux sites au Séné-gal (Thiès et Mboro) et au Bénin (Abomey-Bohicon, Parakou). Plus spécifiquement le projet vise 1) à identifier et analyser les processus de mutation de l’espace rural dans les franges d’expansion urbaine, 2) les dynamiques de changement des ac-tivités agricoles et de leurs performances économiques, face aux nouvelles opportunités et contraintes liées à l’expansion urbaine, 3) les enjeux écologiques des espaces naturels et/ou agricoles à l’interface rural/urbain, et les pratiques innovantes en matière de préservation de la biodiversité et de diminution des nuisances dans un contexte de rareté des ressources en eau et en terres. Le programme étudie également si, en quoi et comment, une meilleure connaissance des dynamiques et des enjeux par les acteurs locaux peut contribuer à favoriser une gestion plus concertée et plus durable de l’espace rural à proximité des villes, par une meilleure articulation entre processus d’extension de la ville et préservation/valorisation des espaces agricoles et naturels ayant un enjeu économique ou environnemental important. La série des documents de travail d’Ecocité, publiés uniquement sous format électronique sur le site Web, rassemble des études et travaux réalisés par des chercheurs des neuf institutions partenaires et des étudiants qui ont mené des recherches sur l’un des quatre sites du projet : - GRET (Groupe de recherche et d’échanges technologiques), France; - Bergerie Nationale de Rambouillet, Ministère de l’Agriculture, France ; - CEBEDES (Centre Béninois pour le Développement Economique et Social), Bénin ; - DESAC (Département d'économie, socio-anthropologie et communication), Faculté des

Sciences Agronomique de l'Université Nationale du Bénin ; - ENDA-GRAF (Enda Groupes de Recherche Action Formation), Sénégal ; - IFAN (Institut Fondamental d'Afrique Noire), Université Cheikh Anta Diop Dakar, Sénégal ; - Institut d'Etudes Africaines (IFEAS) de l'Université de Mayence, Allemagne ; - ISRA (Institut sénégalais de recherches agronomiques), Sénégal ; - LARES (Laboratoire d'analyse régionale et d'expertise sociale), Bénin. Contact : Coordination Gret, Cécile Broutin, [email protected]

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ECOCITE - Filière Ponte- Thiès-Fandène

SOMMAIRE I. INTRODUCTION............................................................................................................. 5

II. CONTEXTE DE L’ETUDE....................................................................................................... 6 1. Programme Ecocité .................................................................................................... 6 2. Rappel des objectifs, méthodologie et contraintes. ................................................... 7

2.1 Rappel des objectifs ........................................................................................... 7 2.2 Méthodologie de l’étude .................................................................................... 8 2.3 Contraintes de l’étude ........................................................................................ 8

3. Présentation de la zone d’étude.................................................................................. 9 3.1 Commune de Thiès ............................................................................................ 9 3.2 Communauté rurale de Fandène ........................................................................ 9

III. DESCRIPTION DE LA FILIERE.............................................................................................. 10 1. Aperçu de l’évolution de l’élevage des pondeuses .................................................. 10 2. Caractéristiques générales des poulaillers de pondeuses dans la zone Thiès-

Fandène .................................................................................................................... 11 3. Typologie des poulaillers ......................................................................................... 11

3.1 Très petits poulaillers (producteurs débutants) ................................................ 13 3.2 Petits poulaillers familiaux (en périphérie de la ville ou dans les nouveaux

quartiers) .......................................................................................................... 13 3.3 Poulaillers moyens (intégrés à d’autres activités)............................................ 13 3.4 Grands poulaillers spécialisés.......................................................................... 14

4. Commercialisation de la production ........................................................................ 15 4.1 Vente des oeufs................................................................................................ 15 4.2 Organisation de la commercialisation : acteurs et circuits............................... 16 4.3 Evolution des prix............................................................................................ 18

5. Consommation ......................................................................................................... 20 5.1 Estimation de la production et de la consommation ........................................ 20 5.2 Perception et avis des consommateurs............................................................. 20

6. Analyse financière.................................................................................................... 23 6.1 Rentabilité financière chez les producteurs d’œufs ......................................... 23 6.2 Rentabilité financière chez les grossistes......................................................... 24

IV. FONCTIONS DE LA FILIERE PONTE DANS LA ZONE THIES-FANDENE .................................... 26 1. Fonction socio-économique ..................................................................................... 26 2. Fonction approvisionnement de la ville (sécurité alimentaire) ................................ 27 3. Fonction environnementale ...................................................................................... 27 4. Fonction cadre de vie ............................................................................................... 28 5. Analyse du devenir et de la préservation de cette filière par rapport à

l’expansion de la ville .............................................................................................. 29 V. CONCLUSION .................................................................................................................... 30

BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................... 32

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I. INTRODUCTION

Au Sénégal, le sous-secteur de l’élevage représente 7.4 % au PIB national et 35.5% au PLB du secteur primaire (Guèye D., 2003). Il a connu, suite à plusieurs années de sécheresse, de pertes énormes du cheptel qui ont entraîné des déficits en viande estimés en 2001 3 400 tonnes (Hama-dou O., 2001). Face à cette diminution combinée à une diminution progressive des aires de pâtu-rages, de nouvelles politiques en matière d’élevage ont été entreprises. C’est ainsi que, autant bien pour le Sénégal que pour les autres pays en voie de développement, l’intensification des produc-tions animales, devenue une préoccupation majeure dans le cadre du niveau alimentaire des popu-lations, fait appel de plus en plus à l’exploitation des espèces à cycle court, notamment la volaille (Arafat M. A., 2002).

C’est dans le but de répondre aux besoins sans cesse croissants des populations en protéines d’origine animale que l’aviculture industrielle et semi-industrielle a vu le jour, cela avec l’appui des autorités politiques et l’intervention du secteur privé. Bon nombre de gouvernements de pays en développement ont soit encouragé, soit organisé dans leur pays une industrie avicole moderne à grande échelle. Le but est non seulement d’augmenter la production de protéines, mais aussi de diversifier l’économie agricole (Smith J.A., 1992).

S’agissant du Sénégal, l’aviculture semi-industrielle a débuté dans les années 60 et reste principa-lement localisée dans les grandes zones périurbaines de Dakar, Thiès et Saint-Louis (Hamadou O.,2001).

Quand on regarde de près, l’élevage intensif de la volaille s’est considérablement développé au Sénégal lors de ces 20 dernières années. La qualité croissante des structures d’approvisionnement de la filière (poussins de qualité, aliments de la volaille, matériel d’élevage,…), la possibilité de réaliser des bénéfices honorables ainsi que l’attrait certain des Sénégalais pour tout ce qui concerne l’élevage, en sont les facteurs déterminants (Lachapelle A., 1995).

En ce qui concerne l’aviculture de ponte, la production nationale d’œufs de consommation a été estimée à 293 millions d’unités en 2002 soit un chiffre d’affaire à la vente au détail de l’ordre de 18,7 milliards de F CFA. Cette production nationale d’œufs de consommation avait connu une hausse de 15 % par rapport à l’année 2001. Ceci aurait été dû au fait que beaucoup de producteurs de viande de poulets de chair se seraient convertis en producteurs d’œufs de consommation (Cen-tre National d’Aviculture, 2003).

Toujours en matière de productions avicoles, la région de Thiès, comme la plupart des autres ré-gions du Sénégal a toujours été dépendante de la région de Dakar. C’est durant ces dernières an-nées qu’il y a eu de nombreuses initiatives pour développer ce sous-secteur. Malheureusement, l’aviculture de chair qui était dominante s’est heurtée au problème d’écoulement dû à l’importation massive des cuisses de poulets. Pour contourner un peu ce problème, les Thiéssois ont pensé se rabattre sur l’élevage des poules pondeuses, élevage qui affiche actuellement une énorme progression notamment depuis les deux dernières années et cela sur les principaux axes entrant (sortant) de la ville de Thiès ainsi qu’à ses périphéries.

De façon générale, l’œuf est un aliment de base pour de nombreuses populations à travers le monde, auxquelles il apporte une des sources essentielles de protéines animales (Technique et Documentation Lavoisier, 1994). Par ailleurs, pour le cas de la zone Thiès-Fandène, c’est compte tenu du rôle important que la filière ponte joue dans la réduction de la pauvreté et le développe-ment de l’économie locale, qu’il a été retenu dans le cadre du projet ECOCITE de faire l’étude de la filière ponte dans la même zone.

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Ainsi, la présente étude permettra la localisation des espaces concernées et l’analyse des différen-tes fonctions de la filière à l’échelle du territoire (ou parfois plus éloigné pour la consommation). Elle devra permettre aussi de conclure sur l’importance de la filière, sur sa durabilité (espaces menacés ou pas, impacts sur les ressources et sur la ville,…) et donc de statuer sur la nécessité de la préserver et comment (maintien des espaces de production et / ou de commercialisation, amé-nagement de nouveaux espaces « spécialisés », …).

Par ailleurs, il faudra, dans le cadre de l’ECOCITE, analyser la dynamique de la filière ponte et son insertion dans les relations milieu urbain / milieu rural. Il s’agira ainsi de comprendre la fa-çon dont la production d’œufs s’adapte, en zone d’expansion urbaine, au nouveau contexte de réduction des espaces disponibles, et profite ou non des nouvelles opportunités de débouchés urbains.

II. CONTEXTE DE L’ETUDE

1. Programme Ecocité

Depuis quelques années, on assiste à une extension de la ville de Thiès qui réduit de plus en plus les surfaces agricoles des villages de la périphérie et celles de la communauté rurale voisine de Fandène. Il en résulte aussi une pression sur les ressources naturelles pour le développement so-cial, économique et donc de nombreux conflits sur l’utilisation de ces ressources.

Face à cette situation, le programme ECOCITE, cherche à faciliter le dialogue entre les deux collectivités (Commune de Thiès et Communauté Rurale de Fandène) en vue de la prise de déci-sions et de stratégies consensuelles dans la gestion des espaces périurbains.

L’objectif fondamental assigné au projet ECOCITE (Gestion partagée et durable des espaces agri-coles et naturels à la périphérie des centres urbains) est de réaliser une analyse fine et partagée des processus en cours à l’interface du milieu urbain/ milieu rural et de proposer des méthodes et ou-tils de concertation entre acteurs pour faciliter la planification urbaine et permettre une gestion durable de ces écosystèmes par une meilleure articulation entre processus d’extension de la ville et préservation /valorisation des espaces agricoles et naturels ayant un enjeu économique ou envi-ronnemental important. Pour atteindre ces objectifs, le projet ECOCITE s’est articulé autour de 4 grands groupes d’activités ou working packages (WP) suivants : > WP1 : L’analyse des processus d’expansion urbaine et des mutations de l’espace rural dans les

franges de l’expansion urbaine. > WP2 : L’adaptation de l’agriculture aux nouvelles opportunités et contraintes liées à

l’expansion urbaine. > WP3 : Les enjeux environnementaux des espaces agricoles et naturels urbains et périurbains. > WP4 :La restitution des résultats et étude de l’impact des méthodes de concertation et des ou-

tils proposés.

L’IFAN, l’ISRA et ENDA GRAF assurent la mise en œuvre du programme au Sénégal avec la participation du GRET qui assure également la coordination de l’ensemble du programme

sur le Sénégal et le Bénin.

ENDA GRAF a été plus particulièrement chargé de réaliser en lien avec d’autres partenaires, les activités des WP2 et 4.

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Dans le cadre de l’adaptation de l’agriculture aux nouvelles opportunités et contraintes liées à l’expansion urbaine, après le choix définitif de deux (2 ) sites d’intervention ( zone de Mboro et zone de Thiès ), il a été retenu pour la zone de Thiès-Fandène, de réaliser l’étude sur trois ( 3) filières : le maraîchage, la rôneraie et l’élevage.

En ce qui concerne l’élevage, une première analyse globale du secteur a été réalisée et a amené à poursuivre les travaux par une étude approfondie de la filière œufs en raison de son rôle socio-économique.

2. Rappel des objectifs, méthodologie et contraintes.

2.1 Rappel des objectifs

Les objectifs de l’étude sont : > Comprendre le fonctionnement d’ensemble et le dynamisme de la filière ponte dans la zone

Thiès-Fandène, en s’intéressant notamment à l’influence de la croissance et de la proximité de la ville (adaptation - ou non - aux opportunités et contraintes)

La présente étude vise à compléter d’une part, le travail de caractérisation des systèmes d’élevage déjà effectué par une analyse approfondie des différentes fonctions de la filière ponte, retenue sur la base de la matrice d’identification des filières, comme l’une des filières prioritaires au niveau de la zone.

Et d’autre part, pour définir les informations et transmission des données pour les insérer dans le SIG.

L’étude devra ainsi permettre l’analyse de : > la fonction économique : l’impact socio- économique de la distribution :

Identification des acteurs (jeunes, urbains, ruraux, de la zone, travail temporaire ou permanent, ancienneté, le nombre de personnes qui vivent de cela, les différents types de vendeurs transfor-mateurs identifiés,…) :

Avoir des arguments en terme de revenus, emplois (et donc lutte contre la pauvreté) pour justifier le maintien de la filière ponte dans ou à proximité la ville. > la fonction approvisionnement ou alimentation de la ville

On s’intéressera à la consommation mais aussi à la perception des consommateurs (urbains et ruraux ) par rapport à cette activité, la proximité de la ville, la nécessité du maintien de la filière, …

Il faudra aussi identifier les éventuels goulot d’étranglement et le circuit des produits jusqu’au consommateur final. > Analyse de la fonction environnementale

Analyser les nuisances olfactives des poulaillers à proximité de la ville et examiner les différentes formes de valorisation et de pratiques de déchets issus de cette filière > Analyse de la fonction cadre de vie > Analyse du devenir et de la préservation de cette filière par rapport à l’expansion de la ville

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2.2 Méthodologie de l’étude

La méthodologie utilisée a consisté à : > Une recherche bibliographique dans les bibliothèques de l’Ecole Nationale Supérieure

d’Agriculture de Thiès (ENSA de Thiès), de l’Ecole Inter-Etats des Sciences Médicales et Vé-térinaires (EISMV) de Dakar et du Centre National d’Aviculture (CNA) de Mbao-Dakar (e n décembre 2003).

> Entretien avec le Président du Groupement des Aviculteurs de La Région de Thiès pour nous orienter dans le ciblage des poulaillers à enquêter (décembre 2003) ;

> Pré-enquête qui consistait à cibler les poulaillers orientés vers la production d’œufs (décembre 2003 et juillet 2004)

> Entretiens avec le Dr vétérinaire Pape Aly DIALLO qui intervient dans plus de 75 % des pou-laillers enquêtés et qui, en plus de la possession d’une pharmacie et clinique vétérinaire y as-socie les activités d’élevage (pondeuses et bovins) ainsi que la distribution d’aliments et de poussins ( dépositaire de SEDIMA et d’AVISEN) (janvier 2004).

> Enquêtes auprès des propriétaires ou gérants des poulaillers à poules pondeuses (juillet 2004)

Avant de faire les enquêtes auprès des propriétaires ou gérants des poulaillers, comme la docu-mentation sur la production et la commercialisation d’œufs est presque inexistante à Thiès, il nous a été difficile de faire l’échantillonnage et, pour maximiser les informations sur ladite filière, nous avons effectué des enquêtes systématiques où, sur 38 poulaillers ciblés, nous en avons enquêté 21 selon l’importance des effectifs des poulaillers et la disponibilité des responsables, soit environ 55 % d’échantillonnage qui est largement significatif. > Entretiens avec d’autres principaux distributeurs d’aliments basés dans les marchés de Thiès ;

(juillet 2004) > Entretiens avec les principaux acteurs de la vente d’œufs : Grossistes, semi-grossistes, bouti-

quiers, vendeurs ambulants, fast-food, tanganas et femmes vendeuses de gâteaux (juillet 2004).

> Focus-group dans deux quartiers de niveaux de vie différents (juin 2004) > Enquêtes auprès de 150 consommateurs d’œufs (juillet 2004) > Localisation des poulaillers au GPS (juillet 2004) > Exploitation et analyse des données à l’aide des logiciels Word et Excel (juillet 2004). 2.3 Contraintes de l’étude

Durant notre étude nous nous sommes heurtés aux contraintes suivantes : > Problème de documentation : comme l’inspection des services vétérinaires de Thiès ne fait pas

de suivi de l’aviculture, elle ne dispose ni de documents ni de rapports sur la filière de la zone Thiès-Fandène ;

> Disponibilité irrégulière des responsables des poulaillers : les propriétaires des poulaillers interviennent rarement dans les activités de la production d’œufs qui se font sur place et s’occupent surtout de l’approvisionnement en intrants et de la recherche du marché de la pro-duction. Cela explique que l’on pouvait faire toute une semaine d’affilé sans rencontrer les in-dividus concernés. Quant aux grossistes et semi-grossistes,

> Méfiance vis-à-vis de l’enquêteur : malgré les explications fournies, certains responsables des poulaillers ont montré une certaine réticence envers l’enquêteur car doutant de la finalité de l’enquête

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3. Présentation de la zone d’étude

3.1 Commune de Thiès

La ville de Thiès s’intègre dans la région qui porte son nom. Le département de Thiès en particu-lier est le principal point de transit vers les autres régions du pays. Situé à 70 Km de Dakar, la commune de Thiès, à l’image de toute la région, se particularise au point de vue climatique par son appartenance au domaine soudano-sahélien. La ville de Thiès occupe une superficie de 3 400 ha (Cissé I.et al, 2003). Sa population a été estimée en 2 000, à 250 000 habitants. La croissance de la population est influencée par un flux migratoire important en provenance des localités rive-raines, mais aussi des pays limitrophes et principalement du Mali dont la ligne du chemin de fer Dakar-Bamako est un facteur intégrateur.

3.2 Communauté rurale de Fandène

La communauté rurale de Fandène est une collectivité qui fait partie de l’arrondissement de Keur Moussa, dans le département de Thiès. Elle comprend 36 villages avec une population estimée à 18 818 habitants en l’an 2002.Sa superficie totale est de 240 Km2(24 000 ha) dont la surface habi-tée est de 19 040 ha, la surface cultivable égale à 215.10 ha et les forêts classées ayant 500 ha. Les villages de la CR Fandène ceinturent la commune de Thiès (Voir carte)

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III. DESCRIPTION DE LA FILIERE

1. Aperçu de l’évolution de l’élevage des pondeuses1

Même si notre étude ne concerne que la zone Thiès-Fandène, l’aperçu de l’évolution de l’élevage des pondeuses s’est effectué sur tout un ensemble de zones morphologiquement homogènes. Il s’agit alors de la commune de Thiès, de la communauté rurale de Fandène, une partie de la com-munauté rurale de Notto dans la zone de Tassette et Keur Madaro ainsi qu’une partie de Pout. L’élevage de poules pondeuses est une activité récente dans la zone :

Avant 1994, toute la zone ne comprenait pas plus de 5000 sujets. Il y avait très peu d’éleveurs dans ce domaine et seul Cheikhou DIALLO parmi ceux-là avait un effectif avoisinant 2000 su-jets.

Durant la période1994-1999, l’aviculture de ponte a connu une croissance modeste car nombreux étaient ceux qui préféraient l’aviculture de chair. Quelques fonctionnaires avaient été encouragés par la réussite de leur collègue Cheikhou DIALLO, il s’agissait, à titre d’exemple, de Amadou DIALLO, Mbaye DIOUF, Hassan BA, pour ne citer que ceux-là. Néanmoins, malgré les efforts consentis dans ce domaine, l’effectif de toutes les pondeuses de la zone n’avait jamais dépassé 10 000.

En 2000, on note de nombreuses initiatives d’adoption de l’élevage des pondeuses. La plupart des nouveaux éleveurs avaient commencé par les poulets de chair mais les anciens, à l’exception de Cheikhou DIALLO, c’est -à - dire Amadou DIALLO, Mbaye DIOUF et Hassan BA avaient arrêté leurs activités en raison du taux de mortalité élevé (allant jusqu’à 50 %) enregistrés dans plu-sieurs poulaillers. Le découragement de ces anciens éleveurs de pondeuses et le taux de mortalité élevé seraient dus à la maladie de Gumboro et à l’absence de mise en œuvre des recommandations pour limiter les impacts négatifs (l’amélioration de l’aération par la disposition convenable et l’extension des locaux ainsi que le respect strict de la prophylaxie).

C’est à partir de l’année 2001(l’année où le problème de marché des poulets de chair était devenu général et l’aviculture de ponte était la principale alternative) que les éleveurs ont pu s’adapter aux nouvelles contraintes de cet élevage qui sont en grande partie représentées par les maladies, grâce à l’adoption des mesures prophylactiques vulgarisées par les Vétérinaires à l’exemple du Dr Pape Aly DIALLO qui intervient aujourd’hui dans plus de 75 % des poulaillers de pondeuses dans la zone Thiès-Fandène.

L’aviculture de ponte connaît un essor ces dernières années, en raison du suivi rigoureux de la prophylaxie, mais également à cause de l’importation massive des cuisses de poulets de chair qui concurrence fortement la production locale et a amené les éleveurs à se reconvertir dans la pro-duction d’œufs comme demi-solution à ce problème.

En termes numériques, au moment où il y avait à peine 5000 pondeuses en 1994 et environ 10 000 en 1999, nous pouvons actuellement compter plus de 5 éleveurs ayant chacun un effectif avoisinant 10 000 sujets et on peut actuellement compter plus de 96 952 dans la zone (somme des effectifs des principaux poulaillers répertoriés dans la zone Thiès-Fandène lors des enquêtes de juillet 2004) (Voir annexes).

1 Source : Dr Vétérinaire Pape Aly Diallo à Thiès, pharmacie et clinique vétérinaire VETOVISION

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2. Caractéristiques générales des poulaillers de pondeuses dans la zone Thiès-Fandène

Dans la zone Thiès-Fandène, les poulaillers de pondeuses se localisent généralement à la périphé-rie de la ville de Thiès c’est-à-dire aux extrémités des quartiers rattachés là où il y a un peu d’espace et dans la CR de Fandène sur les principaux axes de l’entrée (sortie) de la ville de Thiès. On constate que les effectifs des poulaillers s’accroissent au fur et à mesure qu’on s’éloigne un peu de la ville en raison de la plus grande disponibilité de l’espace pour pratiquer l’agriculture ou l’élevage.

Les poulaillers sont aussi localisés le long des principaux axes, pour être facilement accessibles lors de l’approvisionnement en intrants (poussins, aliments) et en matériels avicoles ainsi que lors de l’écoulement de la production (les œufs essentiellement).En plus, il apparaît que les propriétai-res de poulaillers sont dans la plupart des cas des personnes en fonction ou des fonctionnaires retraités ayant pu épargner pour trouver un capital leur permettant de démarrer leurs activités. Lors de nos enquêtes, nous avons pu répertorier 38 poulaillers dont les effectifs varient de 90 à 12 000 sujets. En dehors de ceux-là, il y a des individus qui élèvent quelques unités (3 à 50 sujets) dans le but d’apprendre le métier d’aviculteur tout en projetant de s’investir dans la filière plus tard.

Cependant, des plus petits aux plus grands poulaillers, rares sont ceux qui répondent à toutes les normes d’élevage (conditions d’aération et d’orientation des bâtiments, densité dans les salles, toiture des bâtiments qui devrait être en matière isolante, pour ne citer que ces exemples). Dans la zone, le taux de ponte varie de 55 à 85 %. Les taux faibles (inférieurs à 60 % ) inquiètent avec raison certains aviculteurs ne sachant pas la source de cette faiblesse. En principe, toute bande qui réalise un taux de ponte inférieur à 60 % devrait en effet être réformée, or ces cas de faible taux pour des bandes jeunes sont fréquents.

Les propriétaires s’approvisionnent en intrants (poussins et aliments) et en matériels d’élevage (mangeoires, abreuvoirs,…) auprès des dépositaires de Thiès alors que les couvoirs (pour les poussins) et les usines d’aliments sont situés dans la zone périurbaine de Dakar.

Les souches pondeuses utilisées dans la zone sont principalement : > -la souche blanche (SHAVER de SEDIMA et HY-LINE du Complexe Avicole de Mbao et du

couvoir de Diamniadio) ; > la souche rouge (ISA BROWN de SEDIMA) > la souche noire (STAR-CROSS du couvoir de Sanghalkam) > et enfin, le BLEU D’HOLLANDE (couvoir de Sanghalkam) pour les éleveurs de quelques

unités.

3. Typologie des poulaillers

Suite aux enquêtes réalisées, 4 types de poulaillers ont été définis à partir des critères suivants : effectifs (nombre de poules) qui sont en étroite corrélation avec la production et le chiffre d’affaire, localisation, souche dominante, ancienneté dans l’activité, profil du propriétaire, âge du propriétaire, autres activités agricoles.

On note un lien entre la taille et l’ancienneté de l’activité et bien sur la localisation. Ainsi les pe-tits élevages sont de créations récentes et situées dans les nouveaux quartiers. Les petits poulail-lers, situés à la périphérie de la ville sont associés à d’autres activités agricoles (maraîchage et agriculture hivernale) comme les poulaillers moyens mais pour ces derniers, on note la présence de manœuvre rémunérés alors que pour les deux autres le travail est essentiellement réalisés par le propriétaire et sa famille. Les grands poulaillers sont spécialisés et situés en dehors de la ville.

On trouvera page suivante un tableau récapitulatif des caractéristiques des 4 types retenus

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Caractéristiques des poulaillers

Poulaillers en expérimentation Petits poulaillers familiaux Poulaillers moyens Grands poulaillers spécialisés

Taille des poulaillers 90-500 501-1500 1501-5000 >5000

Localisation Quartiers moins peuplés Périphérie de la ville de Thiès Axes entrant dans la ville de Thiès

Axes entrant dans la ville de Thiès mais à plus de 3 km

Souche dominante Rouge Rouge Blanche Blanche

Ancienneté Moins 2 ans 2 ans environ Plus de 2 ans 5 ans et plus

Profil du propriétaire Moyens financiers limités Moyens financiers modérés Assez d’expérience et de moyens financiers

Expérimentés et moyens finan-ciers suffisants.

Age 25-40 ans 35-60 ans 45-60 ans Plus de 45 ans

Autres activités agri-coles Agriculture hivernale Maraîchage, agriculture hiver-

nale Maraîchage, arboriculture Production d’œufs seulement

Autres caractéristi-ques techniques / commercialisation

Le propriétaire s’occupe des tra-vaux lui-même ou les membres de

sa famille ;accès facile des consommateurs finaux au poulail-

ler ; non-respect des normes de construction

Le propriétaire accomplit les travaux ou une seule personne à

rémunérer (40 000-50 000 F CFA) ;vente directe aux

consommateurs finaux possible mais limitée.

Existence d’un gérant et d’autres manœuvres rémunérés ; le pro-

priétaire s’occupe de l’approvisionnement en intrants

et la vente de la produc-tion ;accès interdit aux consom-

mateurs finaux

Gérant et une main d’œuvre va-riant de 5 à 10. Le propriétaire

s’occupe de l’approvisionnement en intrant et de la vente de la pro-duction ; accès aux petits bana-

banas interdit.

Contraintes Espace d’élevage restreint Espace d’élevage restreint à cause de l’avancée de la ville

Surprise des maladies malgré le suivi de la prophylaxie

Maladie de Gumboro qui apparaît quelquefois malgré la vaccination

répétée.

Perspectives Déménagement pour avoir assez d’espace ; recherche de finance-

ment

Recherche de finance-ment ;s’implanter un peu loin de la ville pour avoir assez d’espace

Agrandir les poulaillers pour produire à grande échelle

Fabrication de l’aliment eux-mêmes

Nombre poulaillers 15 21 12 5

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3.1 Très petits poulaillers (producteurs débutants)

Leurs principales caractéristiques sont : > effectif inférieur ou égal à 500 pondeuses > Localisation : On les rencontre dans les quartiers moins peuplés et nouvellement habités

comme Mbour I, Mbour III, Grand Standing, Petit-Thialy, Grand-Thialy, Parcelles Assai-nies, Diassap,…

> Souche utilisée : La plupart de ces poulaillers utilisent la souche rouge « ISA BROWN » qui est moins sensible au bruit.

Les propriétaires sont généralement des jeunes (25 - 40ans) et dont les moyens financiers sont relativement limités, raison pour laquelle les activités au sein des poulaillers sont accomplies par les propriétaires eux-mêmes et / ou les membres de leurs familles. Par ailleurs, en raison de ce manque de moyens suffisants et de l’espace, les normes de construction sont rarement respectées.

Parmi les 53 poulaillers ciblés, 15 appartiennent à ce groupe et un parmi eux, ayant un effectif de 170 sujets se trouve à l’ENSA Thiès où il fait objet de recherche sur la possibilité de substi-tution du maïs par la patate douce dans l’aliment de la volaille.

3.2 Petits poulaillers familiaux (en périphérie de la ville ou dans les nouveaux quartiers)

Ils sont importants dans la filière car parmi les 53 ciblés dans la zone on en dénombre 21. > un effectif variant de 501 à 1500 pondeuses > Localisation : On les trouve généralement à la périphérie de la ville de Thiès. Ce sont des

poulaillers qui ont en moyenne 2 ans d’existence dont l’extension se heurte au problème de l’avancée rapide de la ville de Thiès.

> Souche utilisée : la majorité des poulaillers utilisent la souche rouge > Les propriétaires : Les propriétaires sont âgés situé de 35 et 60 ans.

En dehors du gardiennage avec une rémunération mensuelle d’environ 25 000 F CFA par sen-tinelle, toutes les autres activités au sein du poulailler sont généralement accomplies par un seul individu dont la rémunération mensuelle varie entre 40 000 et 50 000 F CFA. Cet indivi-du est présent dans le poulailler 7 jours sur 7 et n’est libéré de temps en temps qu’en cas de présence du propriétaire ou d’un des membres de la famille.

3.3 Poulaillers moyens (intégrés à d’autres activités)

Les caractéristiques sont les suivantes > effectif variant de 1501 à 5000 pondeuses > Localisation : Ils sont un peu éloignés de la ville. On les trouve généralement dans les

nouveaux quartiers de la commune de Thiès et dans les villages de la CR de Fandène. Ils sont en effet sur les axes d’entrée (ou sortie) de Thiès. Ce sont des poulaillers en expansion car les propriétaires sont déjà rassurés de la rentabilité de la production d’œufs. La plupart de ces poulaillers viennent de faire plus de 3 ans d’existence.

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> La majorité parmi ceux-là sont implantés dans une ferme où sont associées diverses activi-tés d’élevage et de production végétale ( maraîchage, arboriculture fruitière,…).

> Souche dominante : Hormis un seul poulailler où nous avons rencontré la souche noire, les autres utilisent la souche blanche.

> Les propriétaires ont entre 45 et 60 ans. En ce qui concerne la main d’œuvre, en dehors du gérant qui a un statut particulier (contrat annuel renouvelable avec un salaire supérieur ou égal à 100 000 F CFA), chaque ouvrier s’occupe des activités d’une bande d’environ 1 000 sujets et perçoit une rémunération variant de 30 000 à 45 000 F CFA.Les ouvriers travail-lent généralement 6 jours par semaine et sont donc obligés de s’occuper quelquefois de 2 bandes chacun afin de remplacer les absents ou les permissionnaires.

3.4 Grands poulaillers spécialisés

Ils sont les moins nombreux dans la zone ( 5 sur 53 répertoriés). > effectif supérieur à 5000 pondeuses > Localisation : Sauf un seul poulailler qui est derrière Cité Lamy (Keur Dago), les autres

sont situés loin de la ville de Thiès (entre 5 et 7 km de Thiès ), dans la communauté rurale de Fandène. Pour minimiser la contrainte de distance qui les sépare de la ville, ils sont si-tués près des axes goudronnés donc facilement accessibles.

> Souche utilisée : Dans ces types de poulaillers il y a l’utilisation généralisée de souches blanches ( dominée par HY-LINE en provenance du complexe avicole de Mbao et le SHAVER de SEDIMA) qui sont qualifiées de « gardiens » car sensibles au moindre bruit.

> Propriétaires un peu âgés ( plus de 45ans), expérimentés et anciens dans la filière (viennent de faire plus de 5 ans). Ils peuvent prendre le risque d’élever un tel effectif.

En matière de sécurité, ces poulaillers sont bien clôturés et, en plus des sentinelles qui ont une rémunération mensuelle d’environ 25 000 F CFA, possèdent des chiens de garde.

Pour ce qui est de la main d’œuvre, chaque individu s’occupe des activités de sa propre bande ayant un effectif qui avoisine 1 000 sujets et perçoit un salaire qui varie entre 35 000 et 50 000 F CFA. Seul le gérant possède un contrat annuel renouvelable et perçoit environ 100 000 F CFA. Malgré le travail continu dans les poulaillers, ces ouvriers sont généralement présents 6 jours par semaine et se relaient entre eux en cas de repos ou d’absence.

(liste des poulaillers de pondeuses répertoriés dans la zone en annexe)

Dans la zone Thiès-Fandène, l’aviculture de ponte vient de faire environ deux décennies mais jusqu’en 2000, elle était pratiquée de façon timide. C’est tout récemment en 2001 que l’importation des cuisses de poulets de chair relativement moins chers, ont fortement concur-rencé les poulets locaux (plus chers que les cuisses importées) ce qui a poussé les aviculteurs à se reconvertir en producteurs d’œufs, produits qui trouvent facilement le marché. Ainsi, la proximité de la ville a développé la filière ponte mais seulement en terme d’approvisionnement en intrants et d’écoulement des œufs (diversité des clients).Sinon, en terme de production, l’idéale est que les poulaillers ne devraient pas être placés tout près de la ville à cause des odeurs nauséabondes des fientes dégagées ainsi que le bruit de la population qui est un facteur limitant en matière de productivité.

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4. Commercialisation de la production

4.1 Vente des oeufs

Marchés locaux

Les œufs sont vendus localement :

• Aux revendeurs locaux appelés au Sénégal « Bana-banas » qui s’approvisionnent au-près des poulaillers pour revendre les œufs soit aux restaurants / hôtels, aux vendeurs ambulants, aux alimentations (grandes et petites) et à des structures de restauration collective comme les casernes, les écoles d’internat, les congrégations religieuses et les hôpitaux. On a de grands bana-banas qui vendent de grandes quantités de plateaux2 d’œufs faisant un chiffre d’affaire hebdomadaire variant de 180 000 (après 2 com-mandes auprès des poulaillers) à 1 500 000 F CFA (après collecte et écoulement des œufs pendant une semaine pour les grands bana-banas faisant la distribution vers les autres régions du Sénégal) et de petits faisant un chiffre d’affaire hebdomadaire va-riant, après livraison de deux commandes, de 75 000 à 180 000 F CFA. En terme de bénéfice, les bana-banas gagnent au moins 100 FCFA pour 1500 F CFA investis c’est -à-dire pour chaque plateau d’œufs vendu.

• Aux commerçants (alimentations) et aux restaurateurs de la place (commandes directes aux propriétaires).

• Aux consommateurs finaux (de quelques unités d’œufs à une alvéole ) qui peuvent s’approvisionner directement auprès des aviculteurs mais cela est possible générale-ment auprès des petits poulaillers.

• Aux acteurs de la filières : certains dépositaires des couvoirs, des usines d’aliments et du matériel avicole sont dans le circuit de commercialisation d’œufs. Ils s’approvisionnent auprès des poulaillers pour revendre aux bana-banas, aux alimenta-tions, aux restaurants aux vendeurs ambulants et même aux consommateurs finaux (de quelques unités d’œufs à 1 plateau).

Marchés en dehors de la zone Thiès-Fandène

Il s’agit de grands bana-banas qui font des commandes hebdomadaires directement aux pou-laillers de la place ou à quelques dépositaires qui ont intégré la vente des œufs pour fournir certaines zones où l’élevage de pondeuses n’est pas encore développé ou est rendu difficile par les conditions climatiques ou encore où la demande est plus forte que l’offre. Ce sont :

1. Les zones où l’élevage de pondeuses n’est pas encore développé non loin de Thiès faisant partie de la clientèle sont Tivaouane , Bambey, Diourbel, Mbacké, Touba,…

2. Les zones où les conditions climatiques (chaleur) sont un frein au développement de l’aviculture de ponte sont Rosso, Richard-Toll, toute la région naturelle de Fouta et la ré-gion de Tambacounda.

2 Un plateau ou une alvéole contient 30 œufs

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3. Les zones à forte demande sont Mbour, ville touristique à plusieurs hôtels ainsi que Kolda où le marché de Diaoubé fait objet de spéculation. A titre d’exemple pour ce dernier cas, un seul commerçant de Thiès (anonymat) fait une commande hebdomadaire de 1000 œufs qu’il écoule en un court laps de temps au marché de Diaoubé.

Par ailleurs, malgré que la zone périurbaine de Dakar soit la plus productive du pays, quelques propriétaires de poulaillers de la zone Thiès-Fandène ont des commandes régulières (hebdo-madaires le plus souvent) en œufs de la part des pâtisseries de la ville de Dakar exemple :La Boulangerie Africaine de Médina).

Lors de nos enquêtes, tous les aviculteurs rencontrés nous ont assuré qu’il n’y a généralement pas de problèmes d’écoulement des œufs et certains ont parfois recours même aux autres pou-laillers pour satisfaire leurs clients.

La période propice à la production des œufs est la saison froide alors qu’on note pendant l’hivernage (chaleur humide), une certaine pénurie de l’offre qui entraîne une flambée des prix.

Néanmoins, en matière de commercialisation d’œufs, c’est pendant la période de jeun pour les Musulmans (majorité au Sénégal) que les cas de méventes sont particulièrement fréquents.

4.2 Organisation de la commercialisation : acteurs et circuits

Le circuit de commercialisation des œufs de consommation dans Thiès est de plusieurs or-dres. On a à cet effet :

• Le circuit direct : producteurs installés à proximité immédiate des consommateurs. Les consommateurs estiment que les œufs vendus par ces poulaillers sont plus frais, moins coûteux et de qualité meilleure.

• Circuit long :c’est un circuit où interviennent plusieurs intermédiaires (grossistes ins-tallés près des centres de production, grossistes proches des points de ventes, détail-lants)

• Circuit intégré : c’est un circuit caractérisé par la présence d’un intermédiaire commu-nément appelé "coxeur".

• Circuit semi intégré : il fait intervenir dans la distribution deux intermédiaires entre le producteur et le consommateur : un distributeur et un détaillant.

Les principaux acteurs intervenant dans le circuit de distribution et de vente des œufs sont :

• Les grossistes : Le groupe des grossistes est dominé par les distributeurs sans place fixe les « bana-banas ». Dans la plupart des cas, ce sont ces derniers qui s’approvisionnent auprès des poulaillers et fournissent les œufs aux semi-grossistes, aux boutiques, aux vendeurs ambulant et aux détail-lants ainsi qu’aux structures de restauration : hôtels, restaurants, fast-food, tanganas. comme les écoles d’internat, les casernes et les congrégations religieuses. Cette distribution concerne autant bien la région de Thiès que d’autres régions du Sénégal y compris la ville de Dakar.

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Poulailler pour la Production

d’œufs

Semi-grossistes

Consommateurs finaux

Structures de restauration :

hôtels, restaurants, fast-food,

tanganas,…

Grossistes d’œufs

Détaillants Ambulants

Boutiquiers

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• Les semi-grossistes Le groupe des semi-grossistes comprend surtout les dépositaires des couvoirs et provendiers qui ont intégré la vente des œufs comme activité connexe. Ils s’approvisionnent auprès de leurs habituels producteurs clients d’aliments pour revendre ces œufs soit en gros aux alimen-tations, aux restaurants, aux vendeurs ambulants, soit en détail aux femmes vendeuses de gâ-teaux et aux ménages (consommateurs finaux).

Les boutiques, les restaurants, les pâtisseries, les vendeurs ambulants et les structures de res-tauration collective peuvent faire directement leurs commandes auprès des poulaillers. Dans ce cas, c’est le propriétaire ou le gérant du poulailler qui effectue la livraison à domicile. Les boutiques peuvent à leur tour vendre les œufs aux restaurants, aux petits vendeurs ambulants, aux structures de restauration collective et aux consommateurs finaux.

• Les consommateurs finaux Dans quelques cas, des ménages ont la possibilité de s’approvisionner directement en petites quantités d’œufs auprès surtout des petits poulaillers. En ce qui concerne les consommateurs finaux, à part ceux des ménages, un cachet particulier est à mettre sur les consommateurs fi-naux des petits restaurants des quartiers spécialement du soir « les tanganas ». Ils mobilisent beaucoup de clients à la fois et peuvent écouler jusqu’à une vingtaine de plateaux d’œufs durant une seule soirée.

Un autre groupe de consommateurs qui retient l’attention en matière de commercialisation d’œufs est celui des élèves. En effet, ces derniers font prospérer certains petits restaurants pro-ches des écoles secondaires qui peuvent écouler journalièrement, pendant la pause, jusqu’à une vingtaine de plateaux d’œufs cuits consommés avec des sandwichs.

4.3 Evolution des prix

Depuis plusieurs années, avant même le développement la production d’œufs dans la zone Thiès-Fandène c’est-à-dire avant 2001, les prix ont toujours fortement fluctué. Pour les bana-banas, le plateau d’œufs était vendu autour de 1450 F CFA pendant la bonne période et 1800 F CFA en période de pénurie. Le consommateur final payait de 2100 à 2250 F CFA par plateau. En effet, même si la grande partie des œufs commercialisés venait de la zone périurbaine de Dakar, il y avait peu de vendeurs et seul le consommateur final était défavorisé en matière de prix.

Entre 2001 et 2004, seul en hivernage (mauvaises conditions d’élevage des pondeuses) où les œufs sont relativement chers dans la zone, le plateau coûtait autour de 1600 F CFA au niveau du poulailler pour être vendu à 2000 F CFA au consommateur final.

Quant à la période froide où toutes les bonnes conditions sont réunies pour faciliter l’élevage des pondeuses (températures idéales, peu de maladies, pas de pluies pour mouiller les salles d’élevage généralement mal couvertes,..) : le plateau coûtait autour de 1400 F CFA au niveau des grands poulaillers, 1500 F CFA au niveau des petits poulaillers, 1600 FCFA chez les Ba-nabanas et chez les dépositaires, 1700 FCFA aux boutiques et alimentations pour les consom-

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mateurs finaux. Néanmoins pour ces derniers, les œufs devenaient chers quand ils sont vendus par l’unité (65 F CFA par unité) ou quand ils sont cuits (de 75 à 100 F CFA par unité).

Depuis peu, particulièrement récemment quelque temps après la privatisation de la SNCS3, l’offre en œufs à Thiès dépasse largement la demande. En outre, les cas des méventes sont aggravés par la période de mangues, période pendant laquelle les femmes banabanas s’orientent vers la vente de ces fruits plus porteurs en matière de marge bénéficiaire. Ainsi, sauf dans les petits poulaillers où le problème d’écoulement ne se pose pas, les grands poulail-lers connaissent au contraire de sérieux problèmes et ceux qui parviennent à vendre, les livrent tout au plus à 1300 F CFA le plateau. Il est fréquent de rencontrer des aviculteurs qui vendent leurs œufs à 1200 F CFA le plateau.

Notons que quand les poules sont en début de ponte, les œufs sont petits et sont vendus en période fraîche au prix de 800 à 1000 F CFA le plateau au niveau du poulailler.

Signalons enfin que les prix appliqués en dehors de la zone Thiès-Fandène restent le secret des Banabanas et leurs clients

Tableau d’évolution des prix des œufs (par plateau en francs CFA)

Avant 2001 Actuellement (2004)

Froid Hiver-nage

Froid Hivernage

- - Petit produc-teur

Gros produc-teur

Petit produc-teur

Gros produc-teur

Prix de vente par le producteur

1450

1800

1500

1400

1700

1600

Prix de vente par le bana-bana

dépositaire

1700

2000

1600

1600

1500

1500

Vente par les alimentations= prix au consom-mateur final

2000

2250

1700

1700

1700

1700

Marge de distribu-tion

38 %

25 %

13 %

21 %

21 %

31 %

3 Après la privatisation de la SNCS (Société Nationale des Chemins de fer du Sénégal), le personnel ayant connu le départ ont perçu leur indemnisation et la plupart d’entre eux se sont investis dans l’aviculture de ponte.

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5. Consommation

5.1 Estimation de la production et de la consommation

D’après nos enquêtes, 53 principaux poulaillers ont été répertoriés dans la zone Thiès-Fandène et totalisent un effectif de 96 952 pondeuses. Avec un taux de ponte de 70 %, on peut espérer collecter environ 67 800 œufs par jour. Or la population de la zone Thiès-Fandène est environ à 268 800 (250 000 pour la commune de Thiès et 18 800 dans la CR de Fandène). Ainsi, d’après les calculs, si toute la production est consommée dans la zone, chaque habitant consommerait en moyenne ¼ d’œuf chaque jour et environ 66 œufs par an.

Par ailleurs, on dénombre d’autres aviculteurs habitant Thiès mais dont les poulaillers sont implantés en dehors de la zone. On les rencontre par exemple à Pout et à Keur Madaro.

5.2 Perception et avis des consommateurs

Résultats des entretiens de groupes.

Deux focus-group ont été réalisés dans deux quartiers de niveaux de vie différents, à Hersent (niveau de vie modéré) et à la cité Malick Sy (niveau de vie élevé).Les deux groupes sont fa-vorables au maintien de l’aviculture de ponte dans la zone pour des raisons de disponibilité et de fraîcheur des œufs ainsi que leur accessibilité en terme de coût (prix bas).

Sur le plan nutritionnel, il ressort de l’entretien avec les deux groupes que la consommation d’œufs est très bénéfique. En effet, les œufs sont considérés comme une bonne source vitami-nique et protéique, et favorisent une bonne croissance chez l’enfant, diminuent la fatigue, pro-tègent contre l’anémie, contribuent à rajeunir la peau, rendent la voix plus belle, donnent la force. Bref, l’œuf est riche et sa consommation est recommandée surtout chez les personnes faibles car, selon les consommateurs, « un œuf remplace 1 kg de viande ».

Les différents plats préparés localement à base d’œufs sont : Œufs aux tomates, œufs bouillis, gâteau, omelette, fataya, mbourou fass, crème, farcie, riz à la viande, pour ne citer que ceux-là.

Et pour reconnaître un œuf de qualité, il existe deux procédés. Le premier consiste à plonger l’œuf dans un récipient contenant de l’eau. Si l’œuf reste au fond, il est consommable.

Le deuxième procédé consiste à observer l’œuf à travers les rayons solaires ; si l’on aperçoit la couleur jaune, il est de bonne qualité.

En ce qui concerne la consommation d’œufs au sein des familles, différentes positions se dé-gagent. Durant le focus-group qui s’est déroulé à Hersent, le point de vue de la plupart des participants a été que la consommation d’œufs est surtout individuelle. En effet, la consomma-tion familiale des œufs est tributaire de la taille de cette dernière. Elle est individuelle au ni-veau des grandes familles contrairement au niveau des familles de petite taille, car sa prépara-tion occasionne des dépenses supplémentaires qui ne sont pas pris en considération dans le budget familial. Quant au focus-group qui s’est déroulé à la Cité Malick Sy, comme la plupart des familles ont assez de moyens financiers, une légère majorité a révélé que la consommation des œufs est plutôt familiale.En confrontant les deux situations, tout en considérant aussi que la famille sénégalaise est généralement élargie, la tendance qui se dégage est que la consom-mation d’œufs est plus individuelle que familiale.

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Enquêtes individuelles

L’enquête consommation s’est déroulée à Thiès notamment dans des quartiers de niveaux de vie différents. Il s’agit notamment des quartiers de Médina FALL, Hersent, Keur Saïb N’doye, Cité Malick SY, Parcelles assainies, Keur Issa, M’bour II et Thiapong. Et pour avoir suffisamment d’informations, nous avons enquêté 150 individus, surtout les femmes.

> · Fréquence et mode de consommation

La consommation des œufs a connu un développement fulgurant au cours de ces dernières années. En effet, avec l’extension de l’aviculture, la filière ponte s’est développée considéra-blement, ce qui par conséquent a favorisé l’accroissement de la consommation des œufs au niveau de la région de Thiès. Cette hausse de consommation serait favorisée par la proximité des poulaillers et les œufs sont disponibles partout et à bon prix. Par ailleurs, la cherté ac-tuelle de la viande accessible surtout aux riches a détourné la plupart des Thiessois vers la consommations des œufs afin d’améliorer la valeur nutritive dans leur alimentation.

Les résultats du tableau ci-dessous montrent que les œufs sont consommés une fois par jour avec 50% de notre échantillon. Cela est dû notamment au mode de consommation. Générale-ment ils sont consommés au petit déjeuner sous forme d’œuf bouilli (44 %), d’œufs mayon-naise (22 %) ou d’omelette (22,2%). Viennent ensuite les consommateurs qui le prennent plus d’une fois par jour avec 28%. Cette catégorie de consommateurs est composée généralement de personnes qui suivent un régime ou de familles de petite taille. En dernier lieu vient la préparation en sauce ou en pâtisserie. Dans ce cas de figure les œufs sont utilisés comme ac-compagnement ou à titre décoratif.

Fréquence de consommation

nombre %

1 fois par jour 75 50%

Plus d’une fois par jour 42 28%

1 à3 fois par semaine 26 17%

Moins d’une fois par semaine 9 6%

Une fois par mois 0 0

autres 0 0 Source :enquête terrain

Les enquêtes réalisées ont révélé que la plupart des consommateurs (89%) n’accordent pas une grande importance à l’origine des œufs. Par ailleurs certains consommateurs (11%) pen-sent le contraire. En effet, ces derniers souhaiteraient que les œufs qu’ils consomment pro-viennent de Thiès ou des environs. Cette position est liée au fait que certains consommateurs ont des parents producteurs ou entretiennent des liens étroits avec certains producteurs. Ainsi, la meilleure façon de les appuyer à pérenniser leurs actions consistent à acheter les œufs chez eux.

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·Modes de préparation

nombre %

Omelette 33 22 %

Œuf bouilli 67 44,6%

Œuf-Mayonnaise 33 22 %

Sur le plat 8 5,3 %

Pâtisserie 4 2.6 %

Sauce 5 3.3 % > ·Avantages médicinaux

La quasi-totalité des personnes enquêtées (83%) soutiennent que les œufs ont des vertus médi-cinales (et 17 % ne se prononcent pas). En effet, les œufs sont nutritifs de par leurs apports en protéine, en calcium, en fer et sont recommandés surtout chez les enfants et les vieillards. En outre, les œufs favorisent la croissance et permettent de minimiser les effets néfastes occa-sionnés par l’anémie. > Lieu d’achat des consommateurs

Les enquêtent ont révélé qu’une frange importante des consommateurs (33%) s’approvisionnent auprès des boutiquiers. Cette situation s’explique par la proximité de la boutique avec le consommateur et la possibilité qu’ont les consommateurs d’acheter à crédit.

Après les boutiquiers viennent les ambulants avec 31% des achats. En effet, les ambulants mettent à la portée des consommateurs des œufs de qualité à bon prix. La disponibilité des œufs est assurée par les ambulants qui, pour fidéliser leurs clients proposent des œufs frais à des prix défiant toute concurrence. En effet, les ambulants se contentent d’un bénéfice mini-mum par œuf pour en écouler beaucoup (le dumping) et ils d’ailleurs dans la plupart des cas-des œufs qui viennent fraîchement des poulaillers.

Toutefois, il importe de souligner que les prix des œufs sont variables. En effet, la variabilité des prix est tributaire de la taille des œufs et de la période dans l’année. Ainsi, le prix de l’œuf connaît une petite variation durant la saison des pluies car certains producteurs arrêtent la pro-duction durant cette saison à cause d’un endroit de production défectueux. L’autre élément qui interfère sur le prix de l’œuf est lié à la taille de l’œuf ; plus l’œuf est petit moins il est cher. > Avis sur la localisation des poulaillers

Les résultats des enquêtes révèlent que 61 % des consommateurs estiment que les poulaillers peuvent être installés à coté des maisons. Ce qui permettrait aux consommateurs de disposer des œufs de qualité à tout moment et à un bon prix. Cependant une frange des consommateurs soit 39% ont un avis contraire car ces derniers estiment que les poulaillers doivent être instal-lés hors des lieux d’habitation. Le principal argument est la pollution. En effet, ces derniers estiment que les poulaillers dégagent des odeurs nauséabondes ce qui par conséquent ren-draient difficile la cohabitation de la population avec les poulaillers.

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6. Analyse financière

6.1 Rentabilité financière chez les producteurs d’œufs

L’analyse financière effectuée sur quelques poulaillers a donné les résultats suivants :

Effectif 200 500 1 700 4 000 9 250

Marge bénéficiaire par cy-cle (18 mois)

870 075 1 910 450 4 031 300 5 919 050 10 120 800

Marge bénéficiaire men-suelle

48 338 106 136 223 961 328 836 562 266

En ramenant les calculs sur un mois la marge bénéficiaire varie, selon les effectifs, de 48 338 à 562 266 F CFA. Il apparaît clairement que ces bénéfices sont largement supérieurs au SMIG du Sénégal (30 000 F CFA).

Par ailleurs, on constate que c’est en augmentant l’effectif du poulailler que la marge bénéfi-ciaire devient meilleure. Cependant, si on calcule la rentabilité mensuelle de chaque pondeuse on trouve :

Effectif 200 500 1 700 4 000 9 250

Rentabilité mensuelle 48 338 106 136 223 961 328 836 562 266

Rapport rentabilité men-suelle / Effectif

241 212 132 82 60

On constate que le rapport rentabilité mensuelle / effectif diminue au fur et à mesure que l’effectif du poulailler augmente. Cette situation (faiblesse du rapport de rentabilité pour les poulaillers à gros effectifs) serait due aux énormes charges enregistrées au niveau de ces grands poulaillers. Par exemple, plus les effectifs sont grands, plus ils nécessitent la présence d’un gérant et une main d’œuvre permanente, ce qui élève donc les charges salariales. En fai-sant la moyenne de ces rapports, l’on aboutit à un rapport unique de 145 que l’on pourra ap-pliquer lors de l’extrapolation de la rentabilité de tous les poulaillers de pondeuses dans la zone. Or, lors de nos enquêtes et pré-enquêtes on a ciblé des poulaillers faisant un effectif glo-bal de 96 952. Comme on a estimé que chaque pondeuse fait une rentabilité mensuelle de 145 F CFA, cet effectif global donnera une rentabilité mensuelle estimée à 14 058 040 F CFA.

Ainsi, la rentabilité financière de la production d’œufs dans la zone Thiès-Fandène est indiscu-table. En effet, même lors des enquêtes, les propriétaires de petits poulaillers (effectifs infé-rieurs ou égaux à 1500 sujets) nous ont affirmé que même s’ils n’ont pas de grands bénéfices, ils parviennent à subvenir aux besoins de leurs familles tout en épargnant petit à petit dans l’attente d’augmenter les dimensions et les effectifs des poulaillers dans l’avenir.

Quant aux propriétaires de moyens et de grands poulaillers (effectifs supérieurs à 1500 su-jets), la plupart d’entre eux avaient commencé par de petits effectifs et c’est avec les bénéfices

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dégagés qu’ils ont pu étendre les poulaillers. Certains ont pu même construire des maisons familiales, s’acheter des véhicules utilisés actuellement dans le transport des intrants et lors de l’écoulement de la production.

6.2 Rentabilité financière chez les grossistes

Rentabilité chez les banabanas

Les revendeurs « Banabanas » sont des grossistes qui n’ont généralement pas de place de vente fixe. Ils s’approvisionnent en œufs auprès des poulaillers pour les revendre aux autres acteurs participant à la chaîne de distribution et de la consommation. Il s’agit des semi-grossistes, des restaurants / hôtels, des vendeurs ambulants, des alimentations (grandes et peti-tes) et d’autres structures de restauration collective comme les casernes, les écoles d’internat, les congrégations religieuses et les hôpitaux.

Les grands banabanas vendent une grande quantité de plateaux d’œufs et comme la plupart d’entre eux font la distribution vers les autres régions du Sénégal, ils réalisent un chiffre d’affaire hebdomadaire variant de 360 000 à 1 500 000 F CFA. Après avoir payé le transport, ils ont au moins 100 F CFA pour 1500 F investis. Ainsi, ils ont un bénéfice hebdomadaire variant de 24 000 à 100 000 F CFA, donc une marge bénéficiaire mensuelle variant de

96 000 à 400 000 F CFA. Or, dans la zone, de tels banabanas, on peut en compter jusqu’à 10. Vu le faible pouvoir d’achat des Thiessois, ce bénéfice mensuel réalisé par les grands « banabanas » estimé entre 960 000 et 4 000 000 F CFA prouve que leurs activités sont signifi-cativement rentables.

Quant aux petits banabanas, ils font un chiffre d’affaire hebdomadaire variant, après livraison de deux commandes, de 150 000 à 360 000 F CFA, soit un bénéfice mensuel variant de 40 000 à 96 000 F CFA.. On peut en compter jusqu’à une trentaine.

Rentabilité chez les autres grossistes d’œufs

A part les « banabanas » qui se sont spécialisés dans la vente des œufs, d’autres grossistes combinent cette activité avec la vente d’aliment de volaille et de poussins ou même avec l’abattage des poulets de chair. Il apparaît d’ailleurs que chez les dépositaires d’aliments et de poussins, la vente des œufs par les grossistes et les semi-grossistes est devenue une activité obligatoirement connexe. Ainsi, en plus de la vente d’aliments et de poussins, certains gros-sistes peuvent, pendant la période de forte demande, écouler entre 50 et 100 plateaux par jour. Comme ils réalisent au moins un bénéfice de 100 F CFA par plateau, cela leur permet alors d’empocher un bénéfice moyen journalier approchant 7500 F CFA, donc une rémunération mensuelle avoisinant 300 000 F CFA..Cependant en période de méventes, seuls quelques 10 à 20 plateaux sont vendus, soit un bénéfice journalier variant de 1 000 à 2 000 F CFA, donc une marge bénéficiaire mensuelle proche de 45 000 F CFA.

Rentabilité chez les ambulants

La plupart des ambulants écoulent au minimum 4 plateaux par jour. Or le plateau acheté à 1500 F est vendu en détail (75 F la pièce) à 2250 F CFA. Ce qui donne un bénéfice journalier de 750*4 = 3000 F CFA. De toute façon, en dehors des périodes de méventes, un ambulant qui est très courageux ne manque pas un bénéfice mensuel de 80 000 F CFA.

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Rentabilité chez les vendeurs transformateurs d’œufs.

Les principaux vendeurs transformateurs des œufs dans la zone sont : > Les femmes vendeuses de gâteaux > Les pâtisseries > Les petits restaurants du soir appelés « tanganas » > Les fast-food

Mesurer la rentabilité chez les vendeurs transformateurs des œufs n’est pas chose facile. En effet, dans tous les quatre cas, différents produits autres que les œufs sont utilisés et l’on ne saurait estimer exactement combien les œufs rapportent. Toute fois, en ce qui concerne les tanganas, 3 plateaux d’œufs en moyenne sont écoulés chaque soir avec une marge bénéfi-ciaire égale à 25 F CFA par œuf transformé, soit un bénéfice journalier égal à 2250 F CFA. Déjà, pour le cas des tanganas, les œufs seulement peuvent rémunérer à hauteur de 67500 F CFA par mois. Ainsi, quand on se réfère au SMIG du Sénégal fixé à 30 000 F CFA, on remar-que que les activités liées à la transformation des œufs sont financièrement rentables et oc-cupent une partie des jeunes qui n’ont pas pu pousser loin dans leurs études.

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IV. FONCTIONS DE LA FILIERE PONTE DANS LA ZONE THIES-FANDENE

1. Fonction socio-économique

L’analyse de la fonction socio-économique de la filière ponte repose sur l’analyse de la création de revenus et d’emploi dans la filière ainsi que sur les possibilités d’insertion so-ciales pour des groupes d’acteurs marginalisés ou plus pauvres (femmes, jeunes, etc.)

Dans la zone Thiès-Fandène, la filière ponte participe à :

L’amélioration du niveau de vie des acteurs de la filière

Les activités liées à la production, à la commercialisation et à la transformation des œufs per-mettent aux différents acteurs de générer des revenus qui font vivre convenablement leurs familles respectives. En effet, en prenant quelques exemples :

La rentabilité des poulaillers va de 48 338 à 562 266 FCFA et au-delà, cela pour chaque cycle de production de 18 mois.

Les bananas ont une marge bénéficiaire mensuelle qui varie de 40 000 à 400 000 F CFA

Les autres grossistes se rémunèrent jusqu’à 300 000 F CFA par mois

Les ambulants réalisent un bénéfice mensuel d’environ 80 000 F CFA.

Par ailleurs, on trouve des femmes chefs de familles parmi les banabanas ainsi que les vendeu-ses de gâteaux qui parviennent à se faire des bénéfices pour subvenir aux besoins de leurs familles (ration journalière, frais médicaux, scolarisation des enfants,…).En effet, certaines femmes peuvent réaliser par jour un bénéfice qui varie entre 2 000 et 5 000 F CFA..Il en est de même pour certaines femmes qui vendent l’eau à raison de 60 F CFA par bidon de 20 litres à quelques poulaillers pendant la période de tarissement de leurs puits.

Création d’emplois dans la production et la commercialisation, notamment pour les jeunes avec des revenus assez intéressants

Dans la communauté rurale de Fandéne et la commune de Thiès, la filière ponte constitue un secteur pourvoyeur d’emplois. En effet, plus de 105 jeunes sont directement employés dans les élevages même si certains producteurs utilisent aussi la main d’œuvre familiale. Il s’agit de jeunes venus généralement de certains quartiers et villages de Thiès. Cependant, il est fréquent de rencontrer également dans quelques poulaillers une main d’œuvre constituée de jeunes en provenance des autres régions (Diourbel, Casamance, Louga, Tambacounda, Kaolack).Cette main d’œuvre ( variant de 1 à 8 selon la taille des poulaillers) est rémunérée entre 25 000 et 60 000 F CFA, alors que dans quelques cas (pour les grands poulaillers) des gérants perçoivent un salaire avoisinant 100 000 F CFA..

Par ailleurs, les grossistes et les semi-grossistes des œufs emploient une main d’œuvre dont la rémunération mensuelle varie entre 25 000 et 35 000 F CFA. En plus de cet emploi de rému-nération fixe, tous les acteurs participant à tous les niveaux de la filière (de

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l’approvisionnement en intrants à la commercialisation des œufs et des fientes) s’occupent utilement par les différentes activités et parviennent ainsi à se créer de la valeur ajoutée. Ainsi, la filière ponte vient en appoint à la politique de l’Etat en terme de tentative de création d’emplois. Cette occupation de la jeunesse par toutes les activités de la filière contribue à les stabiliser dans les villages, ce qui est donc une des solutions à la délinquance juvénile.

Par ailleurs, certaines personnes tirent l’essentiel de leurs revenus de la vente des produits de cette filière ( les femmes vendeuses d’œuf et de gâteaux ) et entretiennent leurs familles grâce aux ressources tirées des ventes.

Contribution au budget de l’Etat

Force est de constater que ni la commune de Thiès, ni la CR de Fandène ne s’est jusqu’à pré-sent intéressé à l’aviculture dans la zone. La filière est considérée comme informelle, raison pour laquelle les collectivités susmentionnées ne bénéficient pas de patentes. Néanmoins, la production d’œufs contribue indirectement à l’amélioration du budget de l’Etat en ce sens que les poulaillers, pour leur fonctionnement, ont primordialement besoin des poussins, des ali-ments et du matériel avicole, ils participent ainsi, à travers les achats, à la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) qui est de 18 % au Sénégal.

2. Fonction approvisionnement de la ville (sécurité alimentaire)

En termes numériques, il y avait à peine 5000 pondeuses en 1994 et environ 10 000 en 1999. Le nombre est actuellement supérieur à 96 500 dans la zone (somme des effectifs des 53 prin-cipaux poulaillers répertoriés dans la zone Thiès-Fandène lors des enquêtes de juillet 2004).

Alors qu’une grande partie des œufs consommés dans la zone Thiès-Fandène provenait de la zone péri-urbaine de Dakar avant l’année 2000, cette situation a vite changé car la totalité des œufs consommés à Thiès sont produits dans cette même zone et l’on parvient à avoir un excé-dent qui est vendu dans les autres régions du Sénégal.

Ainsi actuellement, dans la zone, on trouve facilement des œufs à bon prix (50 à 60 F CFA). En plus de sa disponibilité en quantité et son accessibilité en terme de prix, l’autre principale raison qui pousse les Thiessois à consommer davantage les œufs est que non seulement ils sont d’excellente source de protéines animales mais aussi la viande coûte très cher et seuls les riches peuvent s’en procurer.

3. Fonction environnementale

D’un côté, les poulaillers de pondeuses participent à l’amélioration de la production agricole et à la préservation de l’environnement. En effet, les fientes constituent un excellent fumier utilisé dans l’amendement organique principalement des cultures maraîchères et dans une moindre mesure des arbres fruitiers. Cela est une évidence parce que certains poulaillers sont implantés dans les fermes où l’on trouve aussi du maraîchage associé à l’arboriculture, et les fientes sont utilisées sur place. Dans d’autres plusieurs cas, les fientes font objet de vente à raison 400-500 F CFA le sac. Ce sont surtout les maraîchers de Mboro (zone côtière maraîchère dans la ré-gion de Thiès) qui en sont les principaux demandeurs. Quant aux maraîchers de la zone Thiès-Fandène, leur demande en fientes, même si elle existe, ne se fait pas sentir en raison de la fai-ble taille de plusieurs exploitations maraîchères. Quelques-uns uns parmi eux reçoivent ce

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fumier gratuitement ou à un tarif réduit (inférieur à 400 F CFA) de la part de leurs amis avi-culteurs de la place. L’utilisation du fumier en provenance des poulaillers est à l’origine de bons rendements agricoles. Toujours du côté environnement, la matière organique provenant des fientes participe au maintien de la structure grumeleuse des sols. Enfin, avec l’utilisation permanente des fientes, la plupart des champs sont préservés de l’utilisation abusive des en-grais minéraux, produits qui sont à l’origine de la pollution de l’eau de la nappe phréatique.

Notons que la production de ce fumier (fientes) est très importante dans la zone. A partir d’une estimation de 300 sacs (d’environ 50 kg) pour 1000 pondeuses par cycle, on obtient pour les 96 952 pondeuses de la zone une production de fumier par cycle de 1 454 tonnes.

Néanmoins, la production d’œufs a également des effets défavorables sur ce même environ-nement. En effet, les poulaillers implantés tout près des agglomérations, dégagent, par les fientes des poules, une odeur nauséabonde et donc polluent l’environnement. C’est la raison pour laquelle, les aviculteurs étant conscients de ce problème, construisent dans la plupart des cas, des murs étanches, non seulement pour ne pas gêner les voisins mais aussi pour se proté-ger contre le bruit des environs qui a des répercussions négatives sur la productivité des pon-deuses. Par ailleurs, pour réduire ces odeurs causées par les fientes surtout dans le cas des pou-laillers proches des agglomérations, une stratégie prise par les aviculteurs consiste à faire un balayage régulier des bâtiments d’élevage.

4. Fonction cadre de vie

L’étude de la fonction cadre de vie consiste à étudier le rôle des espaces agricoles ou naturels dans l’aménagement du cadre de vie (rupture du bâti, aération de l’espace, lieu de promenade ou de loisir, etc.) autrement dit de voir comment ces espaces s’intègrent ou pourraient s’intégrer dans l’aménagement du territoire. Dans le cadre du programme « Ecocité », cette dimension est surtout importante pour la filière maraîchère et est sans doute faible pour la filière ponte. Cependant comme l’étude de cette fonction repose sur le recueil de la perception des acteurs, les consommateurs en l’occurrence, deux focus-group réalisés avec ces derniers à Hersent et à la cité Malick Sy révèlent des points de vue différents sur les emplacements des poulaillers. Certains (habitants de la cité Malick Sy) pensent que les poulaillers doivent être installés loin des maisons pour éviter les odeurs irrespirables qu’ils dégagent ce qui pourrait provoquer certaines maladies. Ils proposent à cet effet aux décideurs de réserver un espace exclusif aux poulaillers, cela en dehors de la ville. Par contre, il ressort de l’entretien réalisé avec les habitants de Hersent (quartier à niveau de vie modéré) une nouvelle perception sur les sites d’implantation des poulaillers. En effet, ces derniers pensent que la proximité des poulaillers avec les habitations, malgré les nuisances olfactives, est plus bénéfique en terme de disponibilité et de la fraîcheur des œufs ainsi que l’accessibilité en terme de coût (prix bas).

Cependant, ceux qui optent pour l’installation des poulaillers près des habitations pensent que des précautions particulières doivent être prises à l’égard des pondeuses afin de diminuer l’ampleur des odeurs, d’éviter le stress dû au bruit des personnes et certaines maladies.

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5. Analyse du devenir et de la préservation de cette filière par rapport à l’expansion de la ville

La production d’œufs est récente dans la zone Thiès-Fandène. En effet, jadis, les aviculteurs de Thiès s’étaient focalisés sur l’aviculture de chair et c’est avec l’importation massive des cuisses de poulets de chair que le marché des poulets locaux est devenu un véritable casse-tête. Comme ébauche de solution, certains aviculteurs ont opté pour la production d’œufs. Aujourd’hui, plusieurs signes montrent une véritable évolution de cette production :

Cependant l’urbanisation poussé n’a pas tardé d ‘ engendrer des conséquences sur la filière ponte. Par conséquent la plupart des producteurs mettent en place des dispositifs pour palier les effets dus notamment à l’extension de la ville. Face à cette situation certains producteurs développent diverses stratégies leur permettant de pérenniser les activités de la filière :

Déménagement et acquisition de titre foncier

En terme spatial et foncier, l’avancée de la ville de Thiès paraît comme un blocage au déve-loppement de l’aviculture de ponte. Pour ce faire, certains producteurs n’ont pas hésité à sécu-riser leurs parcelles en cherchant un titre foncier. Par ailleurs, les producteurs animés par le souci d’accroître leur capacité de productions sont obligés de quitter la zone urbaine pour aller s’installer en dehors de la ville afin d’acquérir un très grand espace de production. Ce-pendant, cette implantation des poulaillers doit aussi tenir compte de l’accessibilité de la zone en terme d’approvisionnement et d’écoulement. C’est la raison pour laquelle la majorité des poulaillers sont le long des principaux axes de la sortie de Thiès (voir carte).

Renouvellement régulier des bandes

Un cycle normal de production d’une bande de pondeuses est de 18 mois, dont 5 mois de croissance et 12 à 13 mois de ponte. Pour maintenir ou accroître l’effectif des poulaillers afin de satisfaire les demandes en œufs de plus en plus croissantes, une stratégie commune à tous les grands aviculteurs consistent à renouveler régulièrement les bandes (tous les 6 mois par exemple).Il s’agit d’installer une bande dont l’effectif est supérieur ou égal à la bande qui est sur le point d’être réformée.

Agrandissement du marché des œufs

Dans toutes les filières, le marché détermine la production. Les années passées (avant 2002), les œufs produits à Thiès étaient vendus localement sauf une certaine quantité qui était ache-minée à Dakar et à Mbour. Très récemment, l’on constate une augmentation du nombre de poulaillers avec comme corollaire une production exponentielle d’œufs. En effet, avec la pri-vatisation de la Société Nationale des Chemins de fer du Sénégal (SNCS), la plupart des an-ciens chemineaux, après leur indemnisation ont opté s’investir dans l’aviculture de ponte. Ain-si, devant cette situation de surproduction en œufs, les aviculteurs n’ont le seul choix que d’étendre le marché. Il s’agit : > 1° Des zones où l’élevage de pondeuses n’est pas encore développé non loin de Thiès

faisant partie de la clientèle sont Tivaouane, Bambey, Diourbel, Mbacké, Touba,… > 2° Des zones où les conditions climatiques (chaleur) sont un frein au développement de

l’aviculture de ponte dont Rosso, Richard-Toll, toute la région naturelle de Fouta et la ré-gion de Tambacounda.

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> 3° Des zones à forte demande qui sont Mbour, ville touristique à plusieurs hôtels ainsi que Kolda où le marché de Diaoubé fait objet de spéculation. A titre d’exemple pour ce dernier cas, un seul commerçant de Thiès (anonymat) fait une commande hebdomadaire de 1000 œufs qu’il écoule en 2 ou 3 jours au marché de Diaoubé.

Par ailleurs, malgré que la zone périurbaine de Dakar soit la plus productive du pays, quelques propriétaires de poulaillers de la zone Thiès-Fandène ont des commandes régulières (hebdo-madaires le plus souvent) en œufs de la part des pâtisseries de la ville de Dakar exemple :La Boulangerie Africaine de Médina).

Enfin, actuellement, dans les perspectives de quelques grands producteurs d’œufs de cette zone, leur souhait le plus ardent est d’explorer les marchés des autres pays de la sous-région comme la Mauritanie, le Mali et la Guinée Bissau.

Fabrication locale de l’aliment pour pondeuses

D’après notre analyse financière, les charges liées à l’alimentation représentent plus de 75 % des charges totales de production. Actuellement, les aviculteurs ont compris que ces charges pourraient être réduites s’ils avaient fabriqué l’aliment eux-mêmes. A titre d’exemple, l’aviculteur pionnier dans la zone à savoir Cheikhou Diallo utilise l’aliment qu’il fabrique lui-même et quelques autres aviculteurs espèrent atteindre ce niveau dans un futur proche.

Maîtrise des maladies

Depuis que l’aviculture a été implantée à Thiès, les maladies sont classées parmi les premières contraintes de la production. En ce qui concerne la production d’œufs, c’est la maladie de Gumboro qui a fait plus de ravages. Actuellement, l’on assiste de plus en plus à la diminution des dégâts de cette maladie suite non seulement à une application stricte du programme pro-phylactique déjà établi mais aussi, les vétérinaires de la zone apportent des innovations à l’exemple de l’application 3 voire 4 fois du vaccin contre la maladie de Gumboro et les résul-tats seraient probants.

V. CONCLUSION

Dans la zone Thiès-Fandène, l’aviculture de ponte vient de faire environ deux décennies mais jusqu’en 2000, elle était pratiquée de façon timide. C’est tout récemment en 2001 que l’importation des cuisses de poulets de chair relativement moins chers, ont fortement concur-rencé les poulets locaux ( plus chers que les cuisses importées) ce qui a poussé les aviculteurs à se reconvertir en producteurs d’œufs, produits qui trouvent facilement le marché. Actuelle-ment, on compte dans la zone environ 53 poulaillers de pondeuses dont les effectifs tournent autour de 96 952. Et ce secteur emploie directement plus de 105 manœuvres sans compter les gérants et la main d’œuvre familiale. En outre, plusieurs acteurs interviennent dans la vente et la transformation des œufs, ce qui leur permet d’assurer la survie de leurs familles respectives.

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En réalité, la proximité de la ville a développé la filière ponte en terme d’approvisionnement en intrants et d’écoulement des œufs (diversité des clients). Sinon, en terme de production, l’idéale est que les poulaillers ne devraient pas être placés tout près de la ville à cause des odeurs nauséabondes des fientes dégagées ainsi que le bruit de la population qui est un facteur limitant en matière de productivité.

D’après les enquêtes effectuées auprès des consommateurs, tout le monde est unanime sur la préservation des poulaillers de pondeuses dans la zone Thiès-Fandène. En effet, avec le nom-bre de poulaillers de pondeuses qui sont implantés de plus en plus dans la zone, la population accède facilement aux œufs de bonne qualité et à bon prix. Par ailleurs, la viande étant chère, donc difficilement abordable à la population à faibles revenus alors que le poisson fait objet de pénurie pendant certaines périodes de l’année, la consommation des œufs est souvent la seule alternative pour se ressourcer en protéines animales.

A cet effet, une politique de promotion des poulaillers doit être mise en œuvre par les autorités locales visant à soutenir les poulaillers dès lors que certaines personnes tirent l’essentiel de leurs revenus du secteur et occupent certains élèves durant leurs vacances.

Lors de nos enquêtes, tous les producteurs d’œufs rencontrés se sont montrés fiers de la pro-duction d’œufs et affichent un engouement de l’élevage des pondeuses. Ainsi, ils s’engagent fermement à poursuivre les activités tout en augmentant les dimensions des poulaillers après avoir réalisé progressivement des bénéfices ou au cas d’une acquisition d’un éventuel finan-cement. Seulement, comme la ville de Thiès s’étend à une vitesse de croisière, une question épineuse à cette filière est la disponibilité en espace d’élevage. Ainsi, la commune de Thiès en collaboration avec la CR de Fandène devraient penser à aménager un espace qui serait réservé à l’aviculture de ponte, cela sur les principaux axes entrant (ou sortant) dans la ville de Thiès.

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Annexe – Recensement des poulaillers

No No point GPS X Y Nom de l'aviculteur Vge/qtier Entité Effectif Main d'œuvre

1 043 0297356 1634283 Maguette Diallo Touba Peycouk CR Fandène 2700 3

2 012 0290136 1636466 Dr A. Diallo Diakhao Com.Thiès 300 1

3 009 0295091 1638701 Bokar Sarr Keur Saib Ndoye Com.Thiès 5200 5

4 010 0295272 1638676 Sakhir Mbengue Keur Saib Ndoye Com.Thiès 622 1

5 011 0294674 1637363 Saloum Ly(Sall) Médina-Fall Com.Thiès 950 2

6 001 0292269 1637538 David Ndiaye Petit -Thialy Com.Thiès 542 1

7 052 0299242 1637585 DIDEC Thiès Diam-diorokh CR Fandène 492 1

8 053 0298696 1637086 Alioune Guissé Fandène CR Fandène 1490 2

9 049 0297652 1637181 Badara Tall Route Fandène CR Fandène 2190 3

10 048 0297200 1636997 Ndiambé Ndiouck Route Fandène CR Fandène 3900 3

11 040 0298332 1632683 Boubacar Faye Keur Mor Ndiaye CR Fandène 1610 2

12 013 0288773 1637244 Abdouraim Niang Derrière ESP Com.Thiès 1957 2

13 020 0288125 1635321 Pr Samba Diallo Thiès None Com.Thiès 1100 1

14 002 0292159 1637439 Keur Jubo Petit Thialy Com.Thiès 224 0

15 018 0288671 1635412 Mamadou Diagne Thiès None Com.Thiès 2000 3

16 032 0295301 1630741 Diéri BA Tawa Fall CR Fandène 9250 6

17 034 0295540 1634527 ElHadji Diallo Hersent Com.Thiès 800 1

18 028 0292978 1633553 Mamadou Diallo Keur Dago Com.Thiès 11500 8

19 030 0294402 1632419 Mor Diakhaté Leona Niang CR Fandène 8100 5

20 041 0298993 1632700 Cheikhou Diallo Keur Karamoko CR Fandène 9000 9

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21 004 0291283 1638245 Yacinthe Ndione Grand Thialy Com.Thiès 90 0

22 005 0292619 1638068 Fatou Bâ Nguinth Com.Thiès 400 1

23 033 0295355 1634025 Cheikh Diop Ngoumsane CR Fandène 600 1

24 050 0297838 1637527 Amath Gueye Diam-diorokh CR Fandène 2000 3

25 046 0295469 1636464 Omar Hann Keur Issa Com.Thiès 1100 1

26 023 0290329 1634387 Pape Ndiaye Grand Standing Com.Thiès 300 0

27 Madame Gueye Grand Standing Com.Thiès 200 0

28 008 0294769 1638798 Hôp. Dalal Xel Keur Saib Ndoye Com.Thiès 400 1

29 044 0297281 1634033 Diwani Ngom Touba Peycouk CR Fandène 500 1

30 024 0291210 1634134 Serigne Djigual Mbour II Com.Thiès 1500 2

31 025 0291843 1633335 Pape Diop Parcelles Assainies Com.Thiès 100 0

32 026 0292064 1633469 Younouss Derrière le stade Lad Dior

Com.Thiès 100 0

33 019 0288425 1635524 Pape Diop Thiès None Com.Thiès 500 1

34 035 0296179 1633525 Joseph Faye Peycouk Sérère CR Fandène 1000 2

35 021 0289809 1633094 Dr A. Diallo Mbour III Com.Thiès 1500 2

36 007 0288311 1637283 Pascal Mbaye Diassap Com.Thiès 200 1

37 036 0296316 1633168 ENSA Thiès Peycouk Sérère CR Fandène 170 0

38 031 0295259 1630713 Awa Thiongane Tawa Fall CR Fandène 1300 2

39 045 0294454 1634770 Modou Balla Cissé Hersent Com.Thiès 1200 2

40 006 0292889 1638352 Rakhou Cissé Guinth-Thionakh Com.Thiès 3200 2

41 003 0291522 1638054 Khalifa Sall Grand-Thialy Com.Thiès 1700 3

42 016 0289432 1637803 Pape Ndiaye Derrière ESP Com.Thiès 2000 4

43 054 0296921 1637300 Mamadou Faye Après Keur Issa CR Fandène 2000 3

Page 35: La filière avicole de ponte

ECOITE - Filière Ponte- Thiès-Fandène

35

44 047 0295626 1636770 Moustapha Diagne Keur Issa Com.Thiès 550 1

45 039 0297150 1633088 Abdoulaye Ndiaye Après ENSA CR Fandène 1000 1

46 029 0292937 1633525 Samba Diaw Keur Dago Com.Thiès 3000 3

47 42 0298388 1633023 Mor Mbaye Après ENSA CR Fandène 600 1

48 051 0298294 1637264 Serigne Djigual Ndiamndioro CR Fandène 1000 1

49 017 0289701 1635337 Michel Mor Mbengue Thiès None Com.Thiès 430 1

50 014 0288311 1637283 Baba Ndiaye Derrière ESP Com.Thiès 1500 2

51 027 0293040 1632797 Pape Seck Keur Thiem Sawaré CR Fandène 1500 2

52 037 0296196 1633092 Daouda Faye Peycouk Sérère CR Fandène 800 1

53 038 0297074 1633162 Mor Tall Touba Peycouk CR Fandène 585 1

TOTAL 96952 105