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LA FRANC-MAÇONNERIE : MYTHE ET REALITE

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Roger Luc Mary

LA FRANC-MAÇONNERIE :

MYTHE ET REALITE Troisième édition

EDITIONS DE VECCHI S.A. 20, rue de la Trémoille

75008 PARIS

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Réussir grâce à la concentration, 1990 Hypnose: vérités et secrets dévoilés, 1991 Les Nouvelles Voies du spiritisme, 1991 La Franc-Maçonnerie : ses différents visages, 1992 Le Symbolisme dans la Franc-Maçonnerie, 1993 Pourquoi et comment devient-on Franc-Maçon, 1993 La Franc-Maçonnerie dans le monde, 1993 La Rose + Croix et le rosicrucianisme, 1993 Les grandes réalisations de la Franc-Maçonnerie, 1993 (avec Alain Le Kern)

Survol de l'impossible, éd. France Europe Presse, 1978 Les Germes de la connaissance, éd. La Marge, 1980 Ne résistez pas (en coll. avec M. Dewilde), 1980 Que reste-t-il des Templiers ? éd. Le Monde inconnu, 1985 L'Homme conjuré ou l'axe vertical, éd. Partage, 1990 La Psycho-mutation, éd. Du Rocher, 1980 Archives de l'Occultisme-Dictionnaire de l'occultisme, Dervy, 1993 La Source Noire des Blancs-Manteaux, (Les Templiers), Lanore éd. 1993

L'Esprit des roseaux L'Echo du silence Symbolisme, science, spiritualité (essai)

A

L'Initiation, éd. Trédaniel

© 1994 - N o u v e l l e é d i t i o n m i s e à j o u r - E d i t i o n s D e V e c c h i S .A . - P a r i s I m p r i m é e n I ta l ie

La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les «copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utili- sation collective» et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l' auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite» (alinéa 1" de l' article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contre- façon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal.

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PREFACE A LA TROISIEME EDITION

Il y a trois ans, lorsque j'écrivais (dans l'« avertissement ») que ce livre ne plairait pas à tout le monde, je prophétisais juste et me trompais en même temps. La première édition, rapidement épuisée, provoqua certains remous, d'abord au sein de ma propre Loge, ensuite jusqu'au Saint des saints : l'Obédience. Reproches, tracasseries, ostracisme et autres malversations «fratemelles » ne me furent pas épargnées. Ceci n'est pas un Mythe mais une Il n'y eut guère à cette époque que quatre ou cinq Frères pour m'assister et me soutenir ; mais avec le temps et l'honorable succès de librairie de mes autres ouvrages, cette assistance et ce soutien se réduisirent à un ou deux, disons trois Frères pour demeurer dans le symbolisme maçonnique. Dans le même temps, je recevais un courrier considérable de la part de Frères inconnus qui me félicitaient pour mon combat ; c'est ainsi qu'un 33° (le plus haut grade maçonnique) du Grand Orient de France, qui occupe à Rennes un important poste, m'écrivit ceci, en date du 28 novembre 1993 :

Mon Très Cher Frère, «Je lis toujours avec intérêt vos ouvrages, et je n'appartiens nullement à la catégorie des « négativistes » en ce qui concerne les utiles connaissances que vous apportez aux profanes... » etc.

En fait, que m'a-t-on reproché, et que me reproche-t-on encore ? Je serais bien en peine de le dire, car les accusations dont j'ai été l'objet ont été émises par des êtres pusillanimes et à propos desquels on est en droit de se demander, et ils portent un Tablier ? Je réitère que la Tolérance n'est pas la Complaisance et que, plus que jamais, mon refus à toute espèce de compromission s'avère inébranlable. Non, je n'ai pas trahi le secret maçonnique pour la simple raison qu'il est

Oui, j'extériorise les valeurs maçonniques et explique pourquoi. Tout le reste n 'est que « pipi-de-chat », car ce qu 'il y a de merveilleux dans l'Idée Maçonnique, c'est qu'un authentique Maçon le restera jusqu'à l'ultime initia-

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tion que le monde profane appelle La Mort. L'exclusion est humaine, elle n'a jamais été et ne sera jamais divine (que les « exclus » et les « démissionnaires » se rassurent, ils seront tôt ou tard «sauvagement» récupérés). Je n'ai que faire de la « franc-maçonnerie mondaine ». La Franc-Maçonnerie à laquelle j'adhère n'est pas soumise au poids de la Pierre, elle est porteuse d'Amour Absolu, sans condition, et s'élève au-dessus, très au-dessus, du Tapis de Loge ou du Pavé Mosaïque. Ceux qui ont étudié et compris l'un et l'autre le savent pertinemment. Parce que, dans les pages qui suivent, j'égratigne quelques « bons frères » et dévoile un certain nombre de réalités, j 'ai été convié (si je puis dire) à plus de modération.

Ainsi m'a-t-il été conseillé de ne pas écrire que j'ai été affiché dans nombre de Loges comme un véritable malfaiteur. Ne pas révéler non plus qu'on paya un «coursier» qui se rendit dans une librairie pour déchirer subrepticement les exemplaires de la première édition de ce livre. J'en passe, et non des moindres. Mais je l'ai dit, tout ceci n'est que « «pipi-de-chat ». Ce qui est gravissime, c'est qu'une poignée d'authentiques Maçons se trouvent relégués au banc des parias alors que certains « Grands Maîtres » obédientiels se trouvent en parfaite contra- diction avec ce qu'ils prônent. Que ces authentiques Maçons, mes Frères, bien:

Cette énergie peut tuer ou faire vivre. Voilà ce qui est d'actualité : la contre-initiation se faufile chez d'aucuns se prétendant initiés. Et nous voyons naître alors des mouvements bien proches de l'intégrisme, quand ce n'est pas de l'infantilisme ; comment dès lors le public peut-il se faire une idée plus ou moins juste de la Franc-Maçonnerie ? Si nul ne peut dire véritablement ce qu'elle est, du moins quelques-uns peuvent-ils préten- dre à dégager le mythe de la réalité et révéler pour le moins ce qu'elle n'est pas. C'est à cette application que je me suis livré dans ce livre et les autres de cette collection.

Depuis ce premier ouvrage sur la Franc-Maçonnerie, six autres ont été publiés depuis aux Editions De Vecchi, et, lors de signatures dans diverses librairies, je me suis aperçu de l'intérêt que le public en général, et les Frères en particulier, portaient à la Franc-Maçonnerie. Je remercie ceux et celles qui ont considéré mon travail comme une sorte de diapason, d'abord placé entre eux et moi, mais ensuite et surtout entre et C'est à ce titre, et à ce titre seulement, que j'ai œuvré et continuerai sans autre souci que de réunir ce qui est épars. Ainsi que je l'ai déjà écrit dans différents ouvrages, la Franc-Maçonnerie n'est pas cette course effrénée vers les Hauts Grades, elle ne peut évoluer dans le désordre des jalousies, des « magouilles », des « lois administratives », du diktat obédientiel qui « oublie » que la Loge est souveraine, mais par le respect de ses

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principes traditionnels qui font que l'Esprit passe avant la Lettre, assurant de la sorte sa permanence et son pouvoir de renouvellement. Nos Travaux portent davantage sur le Cœur et la Conscience, que sur le ronronnement du Respecta- ble Atelier. Trois ans après la première édition de cet ouvrage, je constate avec effarement combien le Cœur et la Conscience s'absentent dans certaines Loges : ainsi ne vient-on pas de refuser l'entrée du Temple à un ami journaliste parce que celui-ci s'intéresse aux philosophies orientales ? Ceux-là mêmes qui critiquent le pape en lui reprochant ses jugements semblent à leur tour bel et bien oublier la Loi d'Amour qui devrait nous unir. Voilà ce qui est d'actualité. Eh bien oui, vis-à-vis de ces faits, l'auteur de ce livre est un paria déplaisant, encore que son imperturbable et irréductible ego lui dise que déplaire est encore l'art de plaire. Et chacun pensera ce que bon lui semble, ce qui n'empêchera pas les innombrables et multiples chemins d'aboutir au même Lieu d'Amour. Que l'on soit ou non Franc-Maçon, puisque nous sommes tous Frères... et Soeurs !

R.L.M.

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Pour le public, un Franc-Maçon Sera toujours un vrai problème Qu 'il ne pourra résoudre à fond Qu 'en devenant Maçon lui-même.

F . . Ricaud-1737

Notre Association a le devoir de développer dans le moi de chacun de ses membres le sentiment religieux sans référence à une religion déterminée. Du pouvoir qui retient enchaînés tous les êtres, c'est en se maîtrisant qu'un homme se libère. Que ta soif d'absolu soit suivie d'actions enthousiastes, que tes aspirations soient imprégnées d'Amour. Que ta vie signifie Agir !

F : . M : . J. W. von Goethe

Quand les Frères comprendront-ils que la structure est périmée et que cet an- cien ordre initiatique s'est transformé, selon les cas, en parti politique, en as- sociation humaniste ou en Eglise parallèle ?

Pierre Dangle

Un livre est une bouteille jetée en pleine mer sur laquelle il faut coller cette étiquette : « Attrape qui peut ».

Alfred de Vigny

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AVERTISSEMENT

N'en doutons pas, certains chapitres de ce livre ne plairont pas à tout le monde, mais l'esprit authentique de la Franc-Maçonnerie universelle n ' a nul souci de plaire ou de déplaire ; son premier devoir est de transmettre et de ré- véler des vérités qui font la Vérité (pas toujours « bonne à dire » ), de tra- quer la forfaiture et de la dénoncer partout où elle se trouve. Quiconque lira ces lignes — profane ou initié — aurait grandement tort de les assimiler à un dénigrement systématique de la Franc-Maçonnerie, toutes obédiences confondues : Léo Taxil est mort, paix à son âme, il n'est cepen- dant pas question de le ressusciter. Ces pages constitueront, peut-être, un nouveau dossier à verser dans la plé- thore des écrits maçonniques ; elles sont en tout cas un cri d 'a larme assez douloureux pour celui qui le lance. Pourtant , mes grincements de plume sont moins des « règlements de compte » que des exemples significatifs. Mon intention n'est assurément pas de profaner, d 'a t taquer l 'Esprit maçon- nique, de prendre la Franc-Maçonnerie comme bouc émissaire de toutes les malversations. Loin d'être son adversaire, je la respecte, l 'honore, et c'est bien pour cette raison que j 'en appelle aujourd 'hui à tous, à toutes, pour di- re que le ver est dans le fruit, et que la décomposition de ce Grand Corps uni- versel pourrait commencer si nul ne se dresse face aux prévaricateurs. Le Maître des maîtres a dit : « Soyez froids ou brûlants, car je vomirai les tièdes ». C'est à ce Très Illustre Grand Maître que je me réfère, à nul autre. Ce qui ne veut pas dire que je soutienne une chapelle plutôt qu 'une autre : de fait, les guerres intestines n 'entrent pas dans le véritable concept maçonni- que, synonyme de Paix. Mais quand on fait la guerre à la Paix, force oblige à celle-ci de devenir l 'Epée. Afin que mon propos ne soit pas dénaturé, je rappellerai que la Franc-Ma- çonnerie est le symbole vivant de la Fraternité universelle, sans distinction de races, de religions, hors de tout parti politique. Elle a pour but principal, et principiel, de « donner la Lumière », d'extirper l 'homme des ténèbres, de l'éveiller, de lui faire prendre conscience d 'une loi qui prévaut sur toutes les autres : la Loi d 'Amour . Il est déjà pénible de voir cette loi bafouée dans le

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monde dit profane, cela devient insupportable quand la profanation s'im- misce là où on a fait serment de l'ôter. Car, à l'évidence, nul ne peut nier qu'il existe des Tabliers sans l'ombre d'un Maçon, tout comme il existe des Maçons sans Tab l ie r Si parmi les démissionnaires, dont le nombre va crois- sant, quelques-uns poursuivent héroïquement la Voie du Milieu, toujours plus difficile, plus étroite, plus âpre, ils sont nombreux à se retrouver cruel- lement blessés, meurtris, solitaires. La Voie du Milieu ne serait-elle pas, avant tout, celle du Coeur ? La démis- sion d'un Frère serait-elle sans gravité, sans conséquence ? Après avoir per- du un ou plusieurs Frères, comment une Loge peut-elle encore dire Tout va très bien !, sans ajouter Madame la Marquise ! Et songe-t-elle au futur Franc-Maçon et à l'Apprenti, qui voient partir l'un de leurs pairs sans com- prendre ? Mais alors, qu'est-ce que la Loge maçonnique : une chapelle ré- duite au mesquin symbole du clocher paroissial ? Je réponds d'emblée à ceux qui se drapent dans leur fausse dignité et ne font pas de cadeaux : pourquoi le public ignorerait-il notre « linge sale » , ainsi que les grandioses fondements de la Franc-Maçonnerie universelle alors que de superbes inconscients, décorés maçonniquement de la tête aux pieds, se donnent en pâture aux médias ; lesquels ne peuvent évidemment reproduire qu'une image totalement faussée de la Franc-Maçonnerie. Quant aux fameux (voire « fumeux » ) secrets maçonniques, la billevesée est reine en ce domaine. D'une part, le « secret » confère une étiquette de supé- riorité qui ne colle qu'à l'esprit prétentieux, opposé à l'humilité maçonni- que. D'autre part, les ouvrages concernant la Franc-Maçonnerie sont si nombreux, si disparates, que le Maçon lui-même risque de se fourvoyer et de se perdre. A cet égard, il n'est peut-être pas inutile de citer quelques auteurs compétents en maçonologie : René Guénon, Jean Tourniac, Jean-Pierre Bayard, Daniel Béresniak, Paul Naudon, Alain Bocher, Pierre P. Pasleau, Michel Raoult, Henri Blanquart ; j'en oublie assurément et non des moindres.

Je n'aurai certes pas la prétention d'apporter toute la lumière sur la Franc- Maçonnerie, d'autant que l'élémentaire authenticité m'oblige à signifier que toute expression, écrite ou verbale, la meilleure fût-elle, n'est jamais qu'une corruption de l'Esprit Primordial ou, si l'on préfère, de la Vérité Absolue : viser la perfection est une chose, l'atteindre en est une autre. Je m'applique- rai néanmoins à profiler honnêtement le Pur Esprit maçonnique. Ce profil ne conviendra qu'à ceux qui savent regarder la vérité en face.

Le fondateur de l'Ordre du Temple, Bernard de Fontaines (alias saint Ber- nard) disait : « Il m'importe peu d'être jugé par ceux qui nomment Bien le Mal et Mal le Bien ». Ce n'est pas pour cette juste raison qu'on doit prendre

1 Il manque à ces derniers l'initiation sur laquelle nous reviendrons.

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certaines lignes de ce livre pour un jeu de massacre qui alimenterait la médi- sance des ennemis ou des ignorants de la Franc-Maçonnerie. Curieusement, alors que je rédigeais ce manuscrit, je vis une crainte s'éveil- ler chez de prétendus Maçons. L'un de ceux-ci, Vénérable Maître (c'est-à- dire président de Loge), alla même jusqu'à me menacer physiquement, m'a- vertissant (par personne interposée...) qu'il serait honteux de trahir le secret maçonnique et intolérable de voir mes perles jetées aux pourceaux. Il est alors intéressant de constater plusieurs choses : — il faut être bien sûr de soi, et de sa propre intégrité, pour s'arroger le

droit de juger autrui ; — il suffit d'entrer dans n'importe quelle librairie spécialisée pour se procu-

rer nombre de Rituels et autres secrets maçonniques ; — quant à jeter mes perles aux pourceaux, d'une part ce ne sont pas les

miennes et, d'autre part, mes semblables ne sont pas des porcs mais des êtres humains qui ont parfaitement le droit de s'informer.

Que mon propos indispose, j'en ai parfaitement conscience, mais il serait trop facile de me ranger parmi les calomniateurs, car ce que je mets en évi- dence — et je n'insisterai jamais assez sur ce fait — est l'Esprit Maçonnique qui propose, avant tout, un travail d'intériorisation.

Ce travail implique des impératifs qui ont été souvent, et très largement, ex- primés par d'authentiques Maçons : — le maintien de l'esprit traditionnel de l'initiation et sa répercussion dans

la vie contemporaine ; répercussion « exemplaire », nullement parti- sane ;

— le maintien de la liberté du Franc-Maçon en ce qui concerne ses propres croyances ;

— l'objectivité dans les attitudes religieuses et philosophiques ; — la base d'un Principe Supérieur non dogmatique ; — le perfectionnement individuel ; — l'altruisme et l'amélioration de la condition humaine.

La vocation des Loges maçonniques, différentes les unes des autres, est de se rencontrer, de partager, de comparer leurs ambitions, car chacune d'elles a quelque chose de bon, de positif, à offrir. « Je ne partage pas vos idées, mais je mettrai tout en œuvre pour vous per- mettre de les exprimer librement », disait Voltaire. La Franc-Maçonnerie s'avère-t-elle capable de réaliser cette utopie ? Il faudrait alors qu'elle re- trouve son universalité puisque c'est une école de Justice, d'Humilité, de To- lérance, de Pardon : une école d'Humanité Originelle. Est-ce la seule ? Est-elle une église parallèle ? Adapte-t-elle l'homme à son environnement en l'« humanisant » davantage ou vise-t-elle une transfor- mation supérieure, voire une véritable mutation ?

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Nous sommes quelques-uns à penser que le Pur Esprit de la Franc-Maçonne- rie universelle est synonyme d'Amour authentique ; sans cet Amour, Ta- bliers, Cordons, Symboles ne sont que monstrueuses mascarades. Le vérita- ble esprit maçonnique ne consiste pas à s'élever hiérarchiquement dans l'Or- dre, mais à tirer profit d'une science primordiale, originelle, hautement primitive, afin de préparer avec Force et Vigueur le monde de demain sans négliger celui d'aujourd'hui. Nombre de Frères conscients de cette « grande parade », sous prétexte de tolérance et de compréhension vis-à-vis d'autrui, demeurent Maçons mais se réfugient en eux-mêmes, poursuivant solitaire- ment (et non plus solidairement) leur chemin.

Il y a dans ce fait une anomalie parce que le Corps maçonnique restitue à l'Homme sa dimension universelle, et que ce Corps correspond à l'édifica- tion du Groupe soudé dans l'Unité (à ne pas confondre avec l'uniformité de la masse). Je me suis appliqué à écrire cet ouvrage, aussi bien pour le « pro- fane » que pour le Franc-Maçon, pour tenter de clarifier une situation très assombrie en Franc-Maçonnerie ; ainsi ai-je aussi bien souligné les idées re- çues, faussées, que l'esprit véritable de l'Ordre ; et ce, en me référant à la transmission de mes pairs, à la superbe intelligence de ceux qui me guidèrent vers la Voie du Mil ic , c'est-à-dire sur un chemin difficile, accidenté, et cons- tamment perfectible Avec une réelle et grande humilité, je souhaite que ces authentiques Frères se reconnaissent dans les lignes qui vont suivre. Puissent-ils les considérer com- me leur propre Morceau d'Architecture, car ils comprendront (du moins, je l'espère) que je n'ai nullement trahi mon Serment maçonnique en révélant des « secrets » de Polichinelle, car ces hommes de cœur ne se réfugient pas derrière le sacro-saint « règlement » obédientiel que je ne renie pas. Mais il y a plus important que cela, ces Maçons libres dans leur Loge libre, ces géné- reux Frères, m'ont enseigné l'Art qui contient les arts de la vraie liberté, du courage, de l'amour. Ce sont ces valeurs essentielles qui me permettent aujourd'hui d'apprendre l'humilité, le pardon, de comprendre ce qui peut être compris, et de dire non à la face hideuse de la compromission. Alors, Trois Fois Merci.

Que ce sincère remerciement soit également agréé par mon éditeur et ma di- rectrice littéraire, Caroline R. qui, plus que jamais avec ce quatrième livre publié aux éditions De Vecchi, me permettent la libre expression, sans la moindre censure, accordant à l'auteur une pleine confiance : fait assez rare pour qu'il mérite d'être, lui aussi, souligné.

R.L.M.

2 GLTS — O.R. • . L. . . 94. R. . . L. . . 133. R. . . L. • . 86, qui engendra la R. . . L. • . « Verbe & O. . . ».

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ORIGINE ET FILIATIONS

Refaire l'historique de la Franc-Maçonnerie, de manière exhaustive, impli- querait un doctorat en maçonologie dont je suis dépourvu, et une véritable encyclopédie. Le lecteur qui voudrait entrer dans l'ordre du détail se reportera aux ouvrages spécialisés en ce domaine. Je m'appliquerai cependant à retracer les grandes lignes de l'origine de la Franc-Maçonnerie et de ses diverses filiations.

On compte environ dix millions de Franc-Maçons dans le monde. Seule, la GLNF (Grande Loge nationale française) est reconnue comme « régulière » par la Franc-Maçonnerie internationale, la GLNF tirant une problématique légitimité de circonstances historiques qui aboutirent à une première divi- sion, laquelle engendra à son tour de nombreux clivages.

L'origine de la Franc-Maçonnerie plonge-t-elle ses racines dans les plus an- ciennes traditions, notamment celles de l'Egypte, des mystères antiques les plus éloignés dans l'espace et le temps ? La Franc-Maçonnerie est-elle l'héri- tière de ce que René Guénon appelait la Tradition Primordiale ? Oui et non. Non dans la mesure où la Parole est bel et bien perdue. Oui dans la mesure où il existe, indubitablement, des « moyens de substitution » dont le symbo- lisme n'est pas des moindres. Nous y reviendrons. Certains Franc-Maçons font remonter l'origine maçonnique jusqu'au Pre- mier Adam, autrement dit l'Androgyne. D'autres voient la source de leur ésotérisme chez les Compagnons Bâtisseurs du Moyen Age qui tiraient leur connaissance de l'ésotérisme chrétien, lequel avait lui-même absorbé la tra- dition celtique. Nous pouvons ainsi remonter aussi loin que possible, pour le moins jusqu'au mythe platonicien qui révèle que l'Atlantide n'était qu'une humanité parmi tant d'autres. Sur ce chemin difficile, les précédents ne manquent pas, nous les retrouvons d'ailleurs dans un grand nombre de tra- ditions : hindoue, tibétaine, chinoise, japonaise, précolombienne, celtique, etc.

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Nicolas Sadi Carnot (1796-1832) : fils de Lazare Carnot, officier du génie, il fut physicien et le fondateur de la thermodynamique moderne.

Louis, marquis de Caulaincourt (1772-1827) : général en 1805, duc de Vicen- ce en 1808, ambassadeur à Saint-Pétersbourg de 1807 à 1811, il fut égale- ment ministre des Affaires étrangères en 1813.

Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort (1741-1794) : écrivain et moraliste, protégé du duc de Condé, lecteur de M Elisabeth sœur de Louis XVI, il se rallia à la Révolution. Conservateur à la Bibliothèque nationale en 1792, ses critiques lui valurent d'être emprisonné sous la Terreur.

Jean-Antoine Chaptal, comte de Chanteloup (1756-1832) : chimiste anobli par Louis XVI, il fut conseiller d'Etat, ministre de l'Intérieur sous le Consu- lat, membre de l'Académie des sciences et de la Chambre des pairs, comte d'Empire, et il favorisa le développement de l'agriculture sous l'Empire.

Alexandre Chatrian (1826-1890) : écrivain et auteur à succès du XIX siècle, il s'associa à Emile Erckmann avec lequel il signa de nombreuses œuvres col- lectives.

Jean-Baptiste Clément (1837-1903) : journaliste et chansonnier, membre de la Commune en 1871, il est notamment l'auteur de la célèbre chanson Le Temps des cerises.

Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet (1743-1794) : mathématicien et philosophe, membre de l'Académie des sciences en 1769, inspecteur général des Monnaies, il se rallia à la Révolution et devint député de Paris en 1791, puis de l'Aisne sous la Convention. Il adhéra au parti girondin et dut se réfu- gier dans la clandestinité. Arrêté sous la Terreur, il s'empoisonna dans sa cellule.

Georges Jacques Danton (1759-1794) : avocat et homme politique, il fonda en 1789 le Club des Cordeliers. Ministre de la Justice en 1792, ses heurts avec Robespierre l'amenèrent à périr sur l'échafaud.

Camille Desmoulins (1760-1794) : avocat, il se rallia dès 1789 à la Révolu- tion, et fut élu député à la Convention en 1792. Il lia son sort à celui de Dan- ton en s'opposant à Robespierre, ce qui entraîna sa perte.

Paul Doumer (1857-1932) : avocat, ministre des Finances de 1895 à 1896, gouverneur de l'Indochine de 1897 à 1902, il fut élu président de la troisième République en 1931. Un certain Gorgulov, apatride, l'assassina en 1932.

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Félix Faure (1841-1899) : chargé de divers ministères, il fut élu président de la troisième République en 1895.

Jules Ferry (1832-1893) : avocat et journaliste, il se déclara l'adversaire de Napoléon III et occupa un grand nombre de postes ministériels, dont celui de l'Instruction publique.

Léon Gambetta (1838-1882) : avocat, opposant au second Empire, il coor- donna la Défense nationale en 1870-71. Ardent défenseur de la république, il instaura ce régime dans un mouvement d'opportunité, contribuant de la sor- te au départ de Mac-Mahon en 1879. Il réussit à favoriser l'élection présiden- tielle de Jules Grévy qui l'appela à la présidence de la Chambre, mais son gouvernement ne dura guère que deux mois.

Henri Grégoire (1750-1831) : il n'a pas laissé un grand souvenir dans l'his- toire de la Franc-Maçonnerie mais, à la fois prêtre et Franc-Maçon, il parti- cipa activement à la Révolution. Il proposa l'abolition des privilèges, fut évêque constitutionnel de Blois, et prôna l'abolition de l'esclavage aux An- tilles. La Restauration le tint à l'écart, mais il fut élu député de l'Isère en 1819. A sa mort, l'archevêque de Paris, M Quelen, lui refusa sépulture et sacrements chrétiens.

Joseph Ignace Guillotin (1738-1814) : on le considère aujourd'hui comme le « nom sombre » de la Franc-Maçonnerie, puisque ce professeur d'anatomie à la Faculté de médecine de Paris, membre de l'Assemblée constituante, pféconisa un nouveau mode d'exécution des condamnés à la peine capitale. On expérimenta la guillotine sur des cadavres de l'hôpital de Bicêtre, l'engin de mort entrant en fonction pour la première fois le 25 avril 1792 pour tran- cher la tête d'un nommé Pelletier, condamné de droit commun. Emprisonné sous la Terreur, le D Guillotin faillit bien être la victime de son propre ins- trument, mais fut libéré à la chute de Robespierre ; il reprit alors ses activités à l'Académie de médecine. D'aucuns assurent qu'il fut décapité.

Victor Hugo (1802-1885) : son œuvre littéraire lui a valu une renommée mondiale qui perdure de génération en génération. Mais peut-être doit-on rappeler que Hugo fut aussi un journaliste libéral qui s'opposa aux divers ré- gimes du XIX siècle.

Joseph Jacques Césaire Joffre (1852-1931) : maréchal de France, poly- technicien et membre de l'Académie française en 1918, il fut aussi le vain- queur de la première victoire de la Marne (sept. 1914).

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François Christophe Kellermann, duc de Valmy (1735-1820) : officier de l'armée royale, rallié à la Révolution, il remporta la bataille de Valmy en 1792 et dut combattre un autre Franc-Maçon, Brunswick, membre d'une Loge prussienne. Napoléon I le fit maréchal de France en 1804.

Etienne de La Ville, comte de Lacepède (1756-1825) : naturaliste et écrivain, ami et collaborateur de Buffon, Napoléon I l'éleva en 1803 au rang de grand chancelier de la Légion d'honneur.

Pierre Choderlos de Laclos (1741-1803) : officier de l'armée royale, c'est en garnison à l'île d'Aix qu'il écrivit Les Liaisons dangereuses (1782).

Gilbert Motier, marquis de La Fayette (1757-1834) : officier de l'armée royale, il prit parti en 1777 pour les insurgés américains et rejoignit avec quelques volontaires français les troupes du Franc-Maçon George Was- hington. La Fayette représente d'ailleurs une grande figure dans la Franc-Maçonnerie américaine. En 1779, La Fayette décida Louis XVI à intervenir officielle- ment dans la lutte qu'il menait pour l'indépendance américaine. En 1787, pressentant les épreuves à venir de l'Ancien Régime, il réussit à convoquer les Etats généraux. Commandant de la garde nationale, il contribua le 17 juillet 1789 à l'adoption de la cocarde tricolore, mais l'ampleur des chan- gements politiques de la Révolution le fit suspecter de sympathies envers la famille royale et il dut s'exiler en août 1792. Emprisonné par les Autrichiens, il ne fut libéré qu'en 1797 et regagna la France où il vécut à l'écart de la vie politique sous le Consulat et l'Empire. Elu député de la Sarthe en 1818, il sié- gea dans l'opposition libérale. En juillet 1830, il recouvra le commandement de la garde nationale et contribua à la venue sur le trône de Louis-Philippe.

Pierre Simon, marquis de Laplace (1749-1827) : astronome et mathémati- cien, il fut membre de l'Académie des sciences en 1783. Il reçut de Napoléon I le titre de comte en 1806, puis Louis XVIII lui attribua le marquisat en le nommant pair de France.

Marie-Victor La Tour Maubourg (1768-1850) : général et officier de l'armée royale, la Restauration le fit pair de France et marquis. Il fut ambassadeur à Londres en 1819, ministre de la Guerre de 1819 à 1821, et nommé gouver- neur des Invalides en 1822.

Bernard Law, marquis de Lauriston (1768-1828) : petit-neveu du financier John Law, il fut l'aide de camp en Italie (1800) de Bonaparte. Rallié à la Restauration, il devint pair de France en 1815 et maréchal de France en 1823.

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Maximilien Pau! Emile Littré (1801-1881) : membre de l'Académie des ins- criptions et belles-lettres, il collabora à l'Histoire littéraire de la France, après 1838. Disciple d'Auguste Comte, il fit connaître sa pensée par des arti- cles dans le National et en créant la Revue de philosophie positive. Il est l'au- teur d'œuvres majeures : Dictionnaire de la langue française (1863-1878) et Histoire de la langue française (1862).

Joseph, comte de Maistre (1753-1821) : écrivain et philosophe, il s'opposa aux principes de la Révolution française. Dans ses publications demeurées célèbres, Considérations sur la France et Du pape, il loua la théocratie.

Jean-Paul Marat (1743-1793) : médecin installé à Londres, il y connut une certaine notoriété, mais ses critiques contre Newton lui fermèrent les portes de l'Académie royale des sciences. Installé à Paris et rallié à la Révolution, il fonda le journal L'Ami du peuple dans lequel il dénonça toutes les compro- missions de l'époque. Franc-Maçon passionné, à l'ardeur violente, il périt sous le poignard de Charlotte Corday.

Jean-François Marmontel (1723-1799) : écrivain et membre de l'Académie française en 1763. Outre des ouvrages historiques, il réalisa des livrets d'opé- ras. On lui doit une participation littéraire à l' Encyclopédie (1787).

André Masséna (1756-1817) : volontaire des armées de la Révolution, il fut l'ami intime de Napoléon I et devint maréchal de France en 1804.

Gaspard Monge, comte de Péluse (1746-1818) : mathématicien, membre de l'Académie des sciences en 1780, il accompagna Napoléon I en Egypte et fut probablement l'un des Francs-Maçons qui introduisit en France le Rite de Memphis-Misraïm. Sénateur, il fut évincé par la Restauration qui lui reti- ra ses titres et avantages.

Joseph-Michel Montgolfier (1740-1810) : administrateur du Conservatoire des Arts et Métiers, il lança en 1783, avec son frère Jacques-Etienne, les pre- miers aérostats ou fameuses « montgolfières ».

Jean-Michel Moreau, dit Moreau le Jeune (1741-1814) : célèbre peintre, des- sinateur et graveur, il fut membre de l'Académie royale de peinture.

Eugène Pottier (1816-1887) : il fut membre de la Commune en 1871, année où il composa L'Internationale.

Pierre Joseph Proudhon (1809-1865) : philosophe de culture autodidacti- que, il aimait se proclamer « aventurier de la pensée ». Il réussit à s'établir une solide réputation de sociologue et fut l'auteur de nombreux ouvrages.

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Félix Pyat (1810-1889) : avocat, journaliste, il fut auteur de drames dont le Le Chiffonnier de Paris. Député de gauche à Marseille en 1888, il s'opposa alors à Boulanger.

Claude Joseph Rouget de l'Isle (1760-1836) : il est l'auteur célèbre du Chant de guerre pour l'armée du Rhin qui devint par la suite La Marseillaise. Capi- taine, il quitta l'armée à la suite d'une blessure et vécut dans l'indigence jus- qu'à ce que le roi Louis-Philippe lui accorde une pension réparatrice. Il fut initié à la Loge de Charleville.

Robert Surcouf (1173-1827) : célèbre marin et corsaire, il porta de rudes coups au commerce britannique de 1795 à 1814. Napoléon I le fit baron d'Empire. A la chute de l'empereur, Surcouf était l'un des plus riches arma- teurs de France.

Charles Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838) : à la fois Franc-Ma- çon et homme d'église sans diocèse, il fut néanmoins evêque d'Autun. Sa vo- cation fut d'établir une paix durable en Europe, mais il finit par voter la dé- chéance de Napoléon I En 1830, Louis-Philippe lui rendit le portefeuille des Affaires étrangères, où il excellait.

A cette liste très incomplète doivent s'ajouter encore quelques noms célè- bres, comme celui de sir Alexander Fleming (1881-1955), qui découvrit la pé- nicilline et appartint à la Loge « Sancta Maria », n° 2682, de la Grande Lo- ge Unie d'Angleterre ; celui de Gordon Cooper qui emmena dans sa capsule Mercury un drapeau maçonnique de son Atelier « Carbondale Lodge », n° 52, du Colorado. Mais alors, il convient aussi de citer les pionniers de l'espace qui furent Francs-Maçons.

Le premier est François Pilâtre de Rozier (1756-1785) qui effectua l'une des premières ascensions en ballon à un altitude de mille mètres, durant vingt minutes, parcourant ainsi une distance de douze kilomètres. On vit son effi- gie sur un timbre français en 1936 pour le cent cinquantième anniversaire de sa mort. Il appartint à la loge du « Grand Chapitre Général ». Léon Gambetta, déjà cité, choisit une montgolfière pour sortir de Paris as- siégé, en 1870. En 1927, le Franc-Maçon Charles Lindbergh (1902-1974) traversa l'Atlanti- que, seul sur son monoplan. En 1929, l'amiral Richard Evelyn Byrd (1888-1957) survola le 20 novembre le pôle Nord à bord de son avion Floyd Bennet. Il conduisit aussi plusieurs expéditions polaires avec un des Frères de son Atelier, Robert E. Peary (1856-1920). Ils appartenaient tous deux à la « Kane Lodge » n° 454 de New York.

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La Guardia, maire de la ville de New York, qui donna son nom à l'aéroport principal de cette ville, fut initié en 1913 à la « Garibaldi Lodge » n° 542. Après Gordon Cooper, c'est la conquête de la Lune en 1969 : un Franc-Ma- çon E. Aldrin Jr, membre de la « Monclair N.J. Lodge » a planté sur le sol lunaire un fanion maçonnique. En 1973, Paul J. Weitz, membre de la « Laurence Lodge » n° 708, participa à la mission Skylab. 1975 : c'est le rendez-vous orbital russo-américain auquel participa Thomas P. Strafford, membre de la « Western Start Lodge » de Weatherford (Okla- homa).

De nos jours, bien des célébrités appartiennent au Corps de la Franc-Maçon- nerie universelle qui, en Occident, a les moyens pacifiques de redonner aux hommes et aux femmes leur véritable dimension humaine : en prendra-t-elle véritablement conscience ? La réponse appartient aux gens de cœur qui la constituent.

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ANNEXE : QUELQUES ECLAIRCISSEMENTS

A PROPOS DU RITE ECOSSAIS RECTIFIE (OU R.E.R.)

Qu'on se réfère au Convent des Gaules de 1778 ou au Convent de Wilhems- bad de 1782, il est important de souligner que les Rituels n'ont jamais été en- térinés par aucun de ceux-ci, et qu'ils ont été donnés ainsi aux Loges Recti- fiées. D'où une certaine « liberté », voire un flottement certain qui permet souvent aux hommes, selon leur conviction (pour ne pas dire leur atavisme), de ramener un Rituel à leur propre idéologie et autres préoccupations indivi- duelles. Il serait long et fastidieux d'expliciter les tendances de chaque groupe parti- cipant à la création du R.E.R. Pour ne citer que celui qui travailla le plus à la rédaction de ce Rite, et auquel on se réfère encore de nos jours, J.B. Willer- moz était Maçon, Martinéziste et Templier de la Stricte Observance Tem- plière (S.O.T.). Il en fut de même pour ses proches qui, à diverses périodes, l'influencèrent plus ou moins. Citons à cet égard : — de Martinez, mystique à résonance Judéo-Chrétienne avec un fond salo-

monien ; — Joseph de Maistre, à l'intégrité chrétienne, quasi confessionnelle, avec

un pressentiment de l'Evangile éternel mais dans la perspective de La Tradition Primordiale au sens guénonien du terme ;

— Claude de Saint Martin, homme d'une religiosité chrétienne et très priante.

En fait, le Régime Rectifié subit des concepts religieux qui sont ceux du XVIII siècle (avant de devenir « Rite » Ecossais Rectifié) : — définition des « pharisiens » ; — loi d'amour réservée au Nouveau Testament et abolition de l'ancienne

Loi ; — notion de fraternité limitée aux seuls chrétiens en Maçonnerie.

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Jean Tourniac, et de son nom de Chevalier et Grand Prieur du Grand Prieu- ré des Gaules (GLNF) Johannes Eques a rosa mystica, en a tiré la réflexion suivante : « N'oublions pas que la cuisson de ce que j'appelle avec effronterie "Le Gâ- teau Rectifié" va durer 22 ans. » Car durant tout ce temps, il faut savoir que nombre de rituels ont été élabo- rés en respectant l'influence de tel ou tel groupe. Examinons ces faits qui concernent les Rituels Bleus et Verts.

Pour les rituels bleus

A partir des différentes sources auxquelles il eut accès, Willermoz composa des versions successives échelonnées sur une dizaine d'années. On en retien- dra les trois étapes suivantes :

1778 : Willermoz présente au Convent National des Gaules un nouveau ri- tuel qui s'étend sur plusieurs dizaines de pages alors que celui de la S.O.T. n'en comprenait que quelques-unes.

1782 : nouveau rituel présenté au Convent de Wilhemsbad dans un volume double de celui de 1778 et qui atteint l'épaisseur de la version actuelle mais comprend la purification par les éléments.

1785 : dernier rituel willermozien, en raison de différentes influences dont celle de l'« Agent inconnu » : introduction de « Phaleg », élimination de « Tubalcain », « rejet des métaux ».

Arrêtons-nous encore sur l'élimination de « Tubalcain » pour examiner la Tradition historique et transhistorique : Si l'origine du Temple est « divine », elle n'en est pas moins Culdéenne, une tradition incluse dans La Tradition : Malachie, prêtre Culdéen Irlandais, grand ami de saint Bernard (entre les bras duquel il mourut à Clairvaux) est le principal tenant de cette tradition transmise à Bernard, lequel est le Père du « templarisme » et dont un héritage certain apparaît au niveau tradition- nel. Cet héritage remonte à la tradition des Semnothées, véritable nom des prêtres celtiques : les fils de Sem, ainsi que je l'ai déjà signifié, et si j'insiste sur ce point c'est qu'il a une importance que l'on semble méconnaître. Or, dans le protocole des délibérations du Directoire provincial d'Auvergne, à Lyon, le 18 juin 1785, Willermoz déclara que : « Jaloux de descendre de Sem, les vrais Maçons doivent s'empresser de se sé- parer à jamais des enfants de Chanaan (les fils de Cham) qui doivent être à l'égard de leurs frères les esclaves des esclaves. » (La redite est importante pour tenter d'approfondir le problème qui concerne le « remaniement » des rituels) : autrement dit : les Semites d'un côté, les Chamans de l'autre.

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En ce qui concerne Tubalcain, la Tradition nous dit qu'il s'agit du fils de La- mech le bigame et de Sella : « Il travaillait habilement l'airain ». Or, Maître Hiram, à la demande de Salomon (pour exercer le désir de l'Eternel), fit La mer d'airain dans le Temple. Si je rappelle ceci c'est qu'ici comme ailleurs, il ne s'agit ni d'inventer, ni de copier, mais de DISCERNER en esprit (Dixit Jean Tourniac).

Pour les rituels verts La S.O.T. comprenait un rituel d'Ecossais vert et d'Ecossais rouge, c'est à partir du « Vert » que Willermoz construisit le 4e degré du R.E.R., proba- blement sous l'influence des Strasbourgeois qui eurent sans doute l'idée d'en faire le grade terminal de la Maçonnerie Symbolique.

1776 : élimination de l'Ecossais rouge, remaniement de l'Ecossais vert qui ne contient aucune allusion à Saint André et pas de quatrième tableau. C'est, par l'ancienneté, la source traditionnelle du 4e Grade, rattaché de nos jours au Grand Prieuré.

1778 : nouvelle version complètement remaniée par Willermoz, en accord général avec le Convent National des Gaules de 1778/465, est employée. Toujours aussi brève, dépourvue de saint André.

De 1778 à 1782 : plusieurs versions du 4e Grade seront utilisées conjointe- ment.

1809 : après avoir homogénéisé plusieurs éléments composites, Willermoz procède au « montage » du rituel ultime pour son époque. C'est un amalga- me harmonieux de l'Ancien Ecossais vert et des perspectives tirées du systè- me des Elus-Coens de Martinez de Pasqually. Il ressort de tout ceci la synthèse suivante : la Tradition ne s'assimile en au- cun cas au traditionalisme. La Tradition n'est pas ce qui porte le nom d'un auteur humain ou d'un siècle mais ce qui n'a pas d'auteur humain connu et dont l'origine, par une série continue de transmissions effectuées dans les conditions propres à la survie de l'essentiel qui, pour employer une expres- sion profane, « se perd dans la Nuit des Temps ». Voilà la chaîne et l'absolu vertical. Le relatif horizontal correspond à l'envi- ronnement du siècle mais n'est pas pour autant « variable » : On ne peut donc modifier impunément les textes des rituels au gré des fantaisies ou des convictions. » Ce qui demeure traditionnel et initiatique ce sont les symboles, mots, signes, attouchements par lesquels s'effectuent les rites, affectant : l'esprit, le psy- chisme et le corps du Maçon. Autrement dit, « il y a toujours transmission » bien que les textes des rituels portent l'empreinte d'une adaptation.

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Ce qui veut dire : être diligent dans l'information, attentif aux choses et aux hommes, scrutant les courants divers de la fraternité mais vigilant quant à l'administration de nos affaires et de nos rituels ; curieux des hommes et res- pectueux de leur conscience.

Nous en arrivons de la sorte à l'Esprit du Rectifié : — le R.E.R. ne peut être une Eglise, mais ayant épousé la voie tracée par le

Christ, fils d'Israël, elle procède de la même queste initiatique, du même Amour : « Aimez-vous les uns les autres » ;

— l'intelligence suprême tient dans la compassion universelle ; — nos dignités sont réduites au même point, la même fin pour tous : l'ulti-

me initiation que le profane appelle la Mort ; — quant à notre œuvre collective elle réside dans l'Unique Harmonie : la

recherche d'une Tradition Première ainsi définie dans l'instruction de l'Ecuyer-Novice : « Ne confondez pas l'Ordre sublime, secret, Primitif et Fondamental, avec l'Ordre des Chevaliers Maçons de la Cité Sainte, ni avec l'Ordre des Chevaliers Templiers. »

Tous sont sortis de cet Ordre caché. La Maçonnerie lui doit son existence et nous nous trouvons placés entre l'initiation symbolique et l'initiation parfai- te pour aider à remonter jusqu'à cet Ordre primitif ceux que la divine miséri- corde y appelle. » Il faut également savoir que Willermoz ne se doutait pas que les rituels de son Rite ne seraient définitivement achevés que bien après les Convents des Gaules et de Wilhemsbad et qu'ils triompheraient de tous les obstacles. Nous touchons ici à l'exégèse symbolique et non plus dans des limites for- melles du siècle de Willermoz : le Rite nous situe au Début de la Tradition en même temps qu'aux Fins Ultimes du Déroulement Cyclique de cette tradi- tion. Ce qui nous ramène à l'ésotérisme proprement dit, à savoir que ce n'est plus le R.E.R., figé dans son interprétation du XVIII siècle, qui polarisera notre attention, mais ce que ce Rite détient « essentiellement et potentielle- ment » par rapport aux conceptions initiatiques de la Maçonnerie et dans le cadre spécifique de l'ésotérisme chrétien. Notion Christique présente, certes, mais dans la triplicité du pouvoir pro- phétique, sacerdotal et royal du Verbe éternel « qui domine toute perception spirituelle liée à l'aspect strictement ecclésial. »

Ce danger de la « cléricalisation » du Rite a certainement été envisagé par ceux qui l'ont élaboré et n'a, en tout cas, pas échappé à l'analyse d'un René Guénon. A cette cléricalisation le R.E.R. préfère la métaphysique : « Viser le centre de tous les centres, ou le lieu des possibilités. »

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Du danger clérical se dégage le danger sectarisant, faisant de l'exotérisme un autre danger, celui de l'exclusivisme. Nous sommes alors loin de la nature cognitive qui correspond à la véritable nature de l'ësotérisme, voire de la mé- taphysique. Autrement dit, le R.E.R. se garde de sécréter une Eglise parallèle. Cette « sé- miologie initiatique » se découvre d'ailleurs dans les deux paliers du Rite : l'Ecossais de saint André et la Chevalerie de l'Ordre Intérieur. Dans cette perspective, l'Ordre Intérieur, à l'instar de l'Ordre du Temple, « doit être conscient de l'Unité d'Etre toute la Chevalerie d'Occident et d'O- rient. Conscience intérieure de la véritable unité doctrinale rendant capable de communiquer avec les représentants des autres traditions.

Avec Guénon, on peut alors admettre que les Templiers aient possédé un grand secret de réconciliation entre le Judaïsme, le Christianisme et l'Isla- misme : ils buvaient le même vin que les Kabbalistes et les Soufis. Et Bocca- ce, leur héritier en tant que Fidèle d'Amour, ne fait-il pas affirmer par Mel- kitsedeq que la vérité des 3 Religions est indiscutable parce qu'elles ne sont qu'une en leur essence profonde ? Nous voici au point Central où tout le monothéisme s'unifie, au Centre à partir duquel l'universalisation noachite de la tradition d'Abraham devient visible, compréhensible, et s'ouvre à tou- tes les traditions initiatiques d'Orient et d'Occident. C'est-à-dire qu'une Chevalerie transhistorique est transconfessionnelle, mais non point aconfes- sionnelle. Une Chevalerie qui n'a que faire des serments car elle n'en peut rompre au- cun si elle ne comprend en son sein que des hommes aptes à saisir le sens des signes, des hommes épurés incapables de commettre vilenies et bassesses par la parole, l'acte, l'écrit, la manœuvre souterraine ou la dénonciation d'au- trui : ils sont morts à leur Moi, même celui de leur justification religieuse. L'esprit du R.E.R. s'épanouit dans la Tolérance qui n'est pas la Complai- sance, ni l'indifférence à la Vérité. Charité vraie. Une Unité sans Uniformité avec économie d'affrontements. La capacité individuelle de chaque Frère est le bien commun de l'Atelier. Tel est le sens du rejet des métaux : qui ne reconnaît pas en Loge ce qu'il lui manque, n'acceptera pas de le voir accomplir par un autre, ce qui est anti- maçonnique. Car dans le refus d'autrui réside le refus de soi-même, et qui plus est le refus de notre Art : « si l'éternel ne bâtit la maison, en vain tra- vaillent ceux qui la bâtissent ». A cet égard, il est important de rappeler que « Les chefs ne sont que les présidents des chapitres respectifs, et dans toutes les assemblées de l'Ordre la pluralité des suffrages l'emporte. Cette loi de pluralité est sacrée et fondamentale dans l'Ordre ainsi que dans toute société bien ordonnée : « elle est le rempart de la liberté et la sauvegarde contre le despotisme. » Un chef ou un président qui voudrait abuser de ses pouvoirs au point de renverser cette loi fondamentale est censé parjure à ses obliga-

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tions. » Ceci est d'ailleurs en harmonie avec la brisure de tous les clivages, de toutes les ségrégations et de toutes les séparations, « car il nous appar- tient de retenir tout ce qui peut unir et d'écarter tout ce qui est susceptible de diviser », ce qui implique l'Universalité ; plus encore, cela la requiert, la fonde, l'affirme. La figure du Christ prend alors un relief universel par la médiation de l'Amour orienté vers tous les Hommes, chacun étant considéré comme un Absolu. Nos rites doivent nous faire comprendre une sorte de « transmutation alchi- mique de l'univers », ils sont le passage des glorioles apparentes du Sic tran- sit gloria mundi, ou du Kavod Adonai : La Lumière. Si le R.E.R. se déclare Chrétien, c'est dans le sens initiatique qui permet de retrouver l'Etat d'Inno- cence, lequel permet de revenir, d'abord, à l'humilité principielle : — « Vanité des vanités, tout est vanité » (Ecclésiaste XII : 18) ; — « Vous de même, quand vous aurez fait tout ce qui vous a été ordonné,

dites : nous sommes des "serviteurs inutiles", nous avons fait ce que nous devions faire » (Luc XVII : 10).

Je rappelle un passage de la longue lettre du Dr Camille Savoire : « Person- nellement, j'avoue que le libre penseur et libre croyant que j'ai toujours été n'a manifesté, en entrant au Rite Rectifié, aucune hésitation, ni éprouvé au- cun scrupule lorsqu'on lui a demandé de déclarer qu'il professait l' esprit du christianisme, surtout lorsque le Grand Prieur a ajouté : « Il s'agit ici de l'esprit du CHRISTIANISME PRIMITIF résumé dans la maxime : Aime ton prochain comme toi-même. »

J'ai pleinement conscience que le lecteur « profane » ne comprendra pas grand-chose à ce que je viens d'exposer, et je lui demande humblement de bien vouloir m'en excuser. J'écris aussi ce livre pour mes Frères-Maçons, notamment ceux qui travail- lent au Rite Ecossais Rectifié à propos duquel, on l'aura compris, un certain nombre de problèmes subsistent. Ces problèmes ne sont pas seulement inhé- rents à la Franc-Maçonnerie du Rite Ecossais Rectifié, ce sont de très vieux problèmes humains concernant la liberté individuelle, le respect d'autrui. Il s'agit d'une éthique transcendantale que d'aucuns voudraient ramener à une religiosité dogmatique, à des effets d'anti-liberté dont nous connaissons bien les causes : toute l'histoire événementielle est là pour nous les rappeler. Mais fort heureusement il a toujours existé et existera toujours des « FOUS » pour ne pas laisser emprisonner l'Amour qui est le lot de tous et de chacun. Au risque de choquer certains Frères (mais au point où j'en suis... !), j'irai jusqu'à dire que la Franc-Maçonnerie, aussi belle et pure soit-elle dans son essence, n'est pas une fin en soi : c'est le plus important véhicule de la Tradi- tion en Occident. Il convient de le conserver intact pour aborder l'autre Ri- ve... Et si j'étais en Loge, je terminerais par le traditionnel : « J'AI DIT ! »

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BIBLIOGRAPHIE

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Page 28: La Franc-maçonnerie : Mythe et réalitéexcerpts.numilog.com/books/9782732818245.pdf · Archives de l'Occultisme-Dictionnaire de l'occultisme, Dervy, 1993 ... C'est à cette application