20
1/20 Cours - « La France en villes » [MB 3.7] Note : ce cours est une synthèse qui groupe les cours 7, 8 et 9 du Thème du programme. Sommaire Introduction.........................................................................................................1 1. Une France toujours plus urbanisée et fortement métropolisée......................2 1.1. Une population majoritairement urbaine..................................................2 1.2. Concentration, étalement et mobilité.......................................................3 1.3. Une capitale puissante, située dans une région mondialisée...................4 1.4. Vers un polycentrisme plus affirmé.......................................................... 4 2. Des espaces urbains socialement fragmentés................................................ 7 2.1. Une fragmentation urbaine accentuée.....................................................7 2.2. Peut-on parler de « sécession urbaine » ?................................................8 2.3. Des politiques de cohésion aux résultats incertains...............................12 3. Les nouveaux territoires urbains et ruraux....................................................13 3.1. La diffusion généralisée de l'urbain........................................................13 3.2. L'opposition villes/campagnes est-elle toujours d'actualité ?.................13 3.3. Les mutations des campagnes et de l'agriculture : mondialisation et développement durable.................................................................................14 Conclusion.........................................................................................................17 Introduction L'urbanisation de la France est une part d'un phénomène historiquement ancien, qui peut être considéré comme géographiquement fondamental pour toute l'humanité depuis le début du 19e s. 1 . La France et ses voisins européens donnent, aujourd'hui, l'image de sociétés presque entièrement urbanisées. L'urbanisation va de pair avec la hiérarchisation des fonctions urbaines, depuis les métropoles de dimension mondiale jusqu'au plus petites villes. Quelles sont les formes et modalités de cette urbanisation et de cette métropolisation ? Une France de plus en plus urbanisée avec un territoire fortement métropolisé doit résoudre de redoutables problèmes d'équilibre socio-économiques au sein de ses espaces urbains qui influencent de plus en plus les espaces périurbains . 1 En 1800, à peine 3 % de la population mondiale vivait en ville, contre 15 % en 1900, 50 % vers l'an 2000, et au rythme actuel, 65 % des habitants de notre planète seront urbains en 2025.

La France en villes - aubel.free.fraubel.free.fr/GEO/france/COURS_La_France_en_villes/COURS_France... · 1 En 1800, à peine 3 % de la population mondiale vivait en ville, contre

Embed Size (px)

Citation preview

1/20

Cours - « La France en villes » [MB 3.7]

Note : ce cours est une synthèse qui groupe les cours 7, 8 et 9 du Thème du programme.

SommaireIntroduction.........................................................................................................11. Une France toujours plus urbanisée et fortement métropolisée......................2

1.1. Une population majoritairement urbaine..................................................21.2. Concentration, étalement et mobilité.......................................................31.3. Une capitale puissante, située dans une région mondialisée...................41.4. Vers un polycentrisme plus affirmé..........................................................4

2. Des espaces urbains socialement fragmentés................................................72.1. Une fragmentation urbaine accentuée.....................................................72.2. Peut-on parler de « sécession urbaine » ?................................................82.3. Des politiques de cohésion aux résultats incertains...............................12

3. Les nouveaux territoires urbains et ruraux....................................................133.1. La diffusion généralisée de l'urbain........................................................133.2. L'opposition villes/campagnes est-elle toujours d'actualité ?.................133.3. Les mutations des campagnes et de l'agriculture : mondialisation et développement durable.................................................................................14

Conclusion.........................................................................................................17

IntroductionL'urbanisation de la France est une part d'un phénomène historiquement ancien, qui peut être considéré comme géographiquement fondamental pour toute l'humanité depuis le début du 19e s.1. La France et ses voisins européens donnent, aujourd'hui, l'image de sociétés presque entièrement urbanisées. L'urbanisation va de pair avec la hiérarchisation des fonctions urbaines, depuis les métropoles de dimension mondiale jusqu'au plus petites villes.

Quelles sont les formes et modalités de cette urbanisation et de cette métropolisation ?

Une France de plus en plus urbanisée avec un territoire fortement métropolisé doit résoudre de redoutables problèmes d'équilibre socio-économiques au sein de ses espaces urbains qui influencent de plus en plus les espaces périurbains.

1 En 1800, à peine 3 % de la population mondiale vivait en ville, contre 15 % en 1900, 50 % vers l'an 2000, et au rythme actuel, 65 % des habitants de notre planète seront urbains en 2025.

2/20

1. Une France toujours plus urbanisée et fortement métropolisée

1.1. Une population majoritairement urbaine• Depuis 2007, 82 % des Français vivent dans une aire urbaine soit 61 %

dans un espace à dominante urbaine, 16 % dans une commune périurbaine et 5 % dans un espace multipolaire.

(source)

3/20

• Selon l'INSEE (2010), 95 % de la population vit sous l’influence de la ville

• Un pôle urbain est une agglomération caractérisée par la densité de peuplement (820 hab./km² dans les grands pôles urbains - INSEE, 2010) et la continuité du bâti contrairement aux espaces périurbains.

• À l'échelle européenne, la France se situe entre les États de l'Ouest et du Nord à l'urbanisation précoce2 et ceux du Sud à l'urbanisation plus tardive. Malgré une industrialisation ancienne, la population urbaine française n'a dépassé la population rurale qu'en 1931 (Royaume-Uni : 1851 ; États-Unis d'Amérique : 1920).

1.2. Concentration, étalement et mobilité• Pendant les « Trente Glorieuses » (1945-1973), la concentration

urbaine s'est accélérée avec la poursuite de l'exode rural, le « baby boom » (ou « pic de natalité », 1942-1964)3 et l'immigration des populations issues des anciennes colonies. Ce dynamisme urbain se traduit par la croissance et la densification des banlieues. C'est le temps des « grands ensembles » d'immeubles en béton armé, emblématiques de la modernisation de l'habitat.

• À partir de 1975, la croissance des espaces agglomérés se ralentit, mais l'urbanisation poursuit son extension spatiale, sous une forme desserrée. Cet étalement urbain prend la forme du pavillon individuel avec jardin, modèle résidentiel qui séduit les classes moyennes et les milieux populaires solvables : ainsi, il n'est pas rare de constater une densité de population dix fois plus faible en banlieue par rapport au centre-ville. Il doit beaucoup aux politiques de soutien à l'accession à la propriété, à la démocratisation de l'automobile et à l'essor des infrastructures de communication. La périurbanisation devient une des formes contemporaines du processus d'urbanisation.

• Pourtant, ces dernières décennies, les centres-villes sont valorisés et la plupart redeviennent attractifs. À l'échelle du territoire national, la population urbaine continue à se rassembler autour de Paris et de l'Île-de-France, des grandes métropoles, le long de grands axes de communication, dans les vallées des grands fleuves et dans les régions littorales.

• Plus récemment, dans le cadre de la ville durable, l'étalement urbain, avec ses aires urbaines toujours plus étalées et polycentriques (c'est-à-dire comprenant plusieurs centres d'impulsion) est remis en question. Il provoque des déplacements pendulaires de plus en plus longs, une pollution atmosphérique et sonore et un surcoût des infrastructures de connexion. La densification des territoires urbains et la réorganisation des transports s'inscrivent dans ces préoccupations.

2 En 2010, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni dépassèrent 80 % de taux d'urbanisation contre moins de 20 % en 1750.

3 L'INED donne des limites chronologiques différentes : « En France, phénomène qui désigne l’augmentation de la natalité après 1945 et a duré jusqu’au milieu des années [19]70 ».

4/20

1.3. Une capitale puissante, située dans une région mondialisée

• L'internationalisation croissante e l'économie française favorisent la métropolisation du territoire, d'abord au profit de la région-capitale. On parle alors de macrocéphalie. Avec 11,8 millions d'habitants (18,5 % de la population française), Paris est l'aire urbaine qui contribue le plus, en valeur absolue, à la croissance démographique nationale. La région parisienne connaît un léger déficit migratoire (- 0,15 % par an) dû au départ de retraités, compensé par un solde naturel exceptionnel (+ 0,9 % par an) lié à la forte présence de jeunes ménages et à l'immigration massive.

• Héritée d'une longue tradition centralisatrice, la concentration des fonctions d'État au sein de la capitale se double d'une hégémonie économique croissante. Paris accueille les activités dynamiques et nécessaires au développement du capitalisme mondialisé : sièges sociaux des firmes multinationales (FMN ; ex. : La Défense), finance, services aux entreprises, recherche-développement (R&D)... La région parisienne accueille 45 % des cadres des fonctions métropolitaines, 50 % des chercheurs et produit ~ 30 % du PIB.

• Troisième agglomération d'Europe, après Moscou et Londres, dotée de fonctions internationales de premier plan (finance, culture, tourisme...), elle constitue une interface privilégiée entre la France, l'Europe et le reste du monde. Les deux aéroports parisiens (Roissy et Orly) assurent 70 % du trafic aérien français et monopolisent l'essentiel des échanges internationaux.

1.4. Vers un polycentrisme plus affirmé• Comparées à leurs homologues européennes, les métropoles

régionales françaises sont plus petites en taille, dénuées de pouvoirs autonomes et dotées d'un rayonnement international limité. Sept grandes agglomérations dominent l'armature urbaine : Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Strasbourg. Quatre autres, aux fonctions incomplètes, sont considérées comme des quasi-métropoles (Grenoble, Montpellier, Rennes, Nice). Une douzaine de villes intermédiaires, plus petites en taille, organisent également leur zone.

• L'image de « Paris et le désert français »4 ne se justifie plus. En matière de grands équipements, les métropoles ont connu un réel rattrapage et constituent d'indéniables relais régionaux. Soucieuses de renforcer leur place dans la hiérarchie des villes européennes et d'accroître leur rayonnement international, elles développent des projets urbains d'envergure, tel « Euroméditerranée » (depuis 1995) à Marseille.

4 Titre d'un célèbre livre de 1947 écrit par J. F. Gravier, qui décrivait le déséquilibre fondamental de l'armature urbaine de la France.

6/20

(src)

• Elles forment, avec la capitale, un archipel métropolitain. Les grandes villes de province nouent de plus en plus de relations directes, entre elles ou avec d'autres villes européennes (contrats de recherche, programme d'échanges universitaire « Erasmus » depuis 1987). Ainsi s'affirme une organisation plus polycentrique.

• Avec la départementalisation, les villes petites et moyennes ont longtemps maillé le territoire. Deux tiers des aires urbaines de 20 000 à 100 000 habitants perdent aujourd'hui des habitants. Leur évolution reflète l'inégal dynamisme régional. Excédentaires dans les régions en forte croissance (sud et ouest), elles sont très déficitaires au nord et à l'est. La proximité des grandes métropoles a un effet dynamisant. Inversement, ces villes souffrent de l'enclavement.

7/20

• Plus spécialisées que les grandes villes, les villes petites et moyennes sont particulièrement vulnérables. Beaucoup ont une forte spécialisation industrielle et pâtissent des délocalisations. Elles se distinguent aussi par une sur-représentation des services à la population. Cette économie résidentielle, parfois dynamique (tourisme), se trouve fragilisée par la fermeture des services publics.

2. Des espaces urbains socialement fragmentés

2.1. Une fragmentation urbaine accentuée• La métropolisation entraîne une hausse du prix du foncier qui renforce la

ségrégation urbaine. L'opposition historique entre les beaux quartiers et les quartiers populaires évolue vers une ville à plusieurs vitesses. Les centres connaissent un processus de gentrification qui passe par la réhabilitation de l'habitat, des espaces publics et le renouveau des commerces. Les politiques de reconquête économique et patrimoniale ainsi que la spéculation immobilière favorisent cet embourgeoisement, très inégal et encore inachevé.

• Attirées par des prix plus abordables et la qualité du cadre de vie, les familles des classes moyennes privilégient l'accession à la propriété en maison individuelle dans les espaces périurbains. Les premières couronnes, proches et bien équipées, y sont généralement plus aisées que les périphéries éloignées où se trouvent relégués les ménages modestes. Au sein des banlieues, les communes aisées contrastent avec les secteurs marqués par les grands quartiers d'habitat populaire dont beaucoup sont classés en ZUS (zone urbaine sensible). La crise économique et le départ des classes moyennes y provoquent un triple processus de paupérisation, d'ethnicisation et de relégation, source de violences urbaines et d'une image médiatique de « cités-ghettos ».

Vidéo : les quartiers les plus sensibles de France (Classement taux de délinquance, 2013)

Vidéo : visite de la cité le Val Fourré (Mantes-La-Jolie, 78)

8/20

* France entièreSource : INSEE, 2010.

2.2. Peut-on parler de « sécession urbaine » ?• Cette expression fait référence à la volonté de certains groupes sociaux

de marquer une distance sociale et/ou physique avec d'autres groupes. Le premier ministre a évoqué « un apartheid territorial, social, ethnique » en janvier 2015.

• De fait, les ménages tendent à résider dans des quartiers de plus en plus homogènes : en 2006, 51 % des ouvriers et 39,2 % des chômeurs étaient rassemblés dans seulement 10 % des « quartiers » (IRIS5)

• La flambée des prix du logement joue un rôle déterminant, la valeur du mètre carré pouvant varier de 1 à 10 entre le centre et les lointaines périphéries. La recherche d'entre-soi résidentiel accentue les mécanismes ségrégatifs, y compris à très grande échelle (lotissement, rue). L'évitement scolaire, la multiplication des ensembles résidentiels fermés ou encore les politiques de certaines communes traduiraient la volonté de groupes sociaux favorisés de se mettre à l'écart de la société urbaine.

Vidéo : Auteuil-Neuilly-Passy, tel est notre ghetto

5 Les îlots regroupés pour l'information statistique (IRIS-2000) forment un « petit quartier », qui se définit comme un ensemble d'îlots contigus.

12/20

(src)

• En France, les résidences fermées (ex. : Parc de Sceaux...) ne sont toutefois pas comparables aux gated communities américaines car elles n'abritent que très peu de services collectifs. La mobilité quotidienne des citadins relativise l'impact de l'entre-soi résidentiel en donnant l'occasion aux groupes sociaux de se côtoyer dans les espaces publics (centres commerciaux).

2.3. Des politiques de cohésion aux résultats incertains• Depuis trente ans, les pouvoirs publics ont multiplié les actions en faveur

des quartiers sensibles dans le but d'y réduire l'exclusion. En raison de la complexité des procédures, le succès est mitigé et le gouvernement concentre désormais son action sur les opérations de rénovation urbaine au détriment du volet social.

Vidéo : le Val Fourré après sa rénovation : c'est agréable, c'est magnifique, 2013 (document Mairie)

• Cette politique s'accompagne d'une volonté de mieux répartir le logement social, pour favoriser la mixité sociale. Depuis la loi Solidarité et renouvellement urbain votée en l'an 2000, les communes de plus de 3 500 habitants doivent atteindre 20 % de logements sociaux, sous peine d'amendes. Certaines communes (ex. : Neuilly) ont préféré payer les pénalités que jouer le jeu de la solidarité urbaine. Par la loi du 18 janvier 2013, le taux de logements sociaux est augmenté à 25 % et il y a une possibilité de multiplication par cinq du prélèvement en cas de non respect.

• Le problème du mal-logement (600 000 personnes sans logement personnel et 3 500 000 personnes mal logées) a amené le gouvernement à reconnaître un Droit au logement opposable (DALO) qui rend l'État garant de l'accès au logement (mais ne résout pas les insuffisances de l'offre).

13/20

3. Les nouveaux territoires urbains et ruraux

3.1. La diffusion généralisée de l'urbain• Depuis 1999, la croissance de la population a été plus forte dans les

communes rurales (+ 1,1 % par an) que dans les communes situées dans les unités urbaines (+ 0,7 % par an). Ce dynamisme démographique est à mettre directement en relation avec le processus général de la périurbanisation résidentielle stimulée par l'attrait pour « la vie à la campagne » et la hausse du coût du foncier et de l'immobilier dans les pôles urbains. La croissance urbaine s'est reportée toujours plus loin de la ville-centre jusqu'à 10 à 25 km pour les villes moyennes, 40 à 60 km pour les métropoles régionales et au-delà de 100 km pour Paris.

• L'implantation de pôles d'activité en lisière d'agglomération renforce le desserrement résidentiel et fonctionnel. Selon la taille des villes et le dynamisme régional, les centres commerciaux, complexes hôteliers, parcs d'attraction, pôles de santé, aéroports, etc. s'installent à proximité des rocades et des échangeurs autoroutiers/routiers (nationales, principales départementales). Ces installations assurent des emplois et des services et génèrent des mobilités complexes.

3.2. L'opposition villes/campagnes est-elle toujours d'actualité ?

• La périurbanisation discontinue et diffuse a remis en question la croissance radio-concentrique de la ville et son opposition au monde rural. Les constructions se sont cristallisées à partir d'anciens noyaux villageois, des échangeurs et des axes routiers sous la forme prédominante de lotissements pavillonnaires et de zones d'activités. De véritables régions urbaines polycentriques se sont créées par extension et recoupement des aires de périurbanisation et annexion de pôles secondaires et d'espaces agricoles.

• Le desserrement urbain, l'essor du tourisme et des loisirs de nature transforment donc les campagnes par l'arrivée de nouveaux résidents et l'implantation de nouvelles infrastructures6 (mitage). L'héliotropisme et la qualité du cadre de vie sont devenus un des moteurs de l'économie rurale, surtout en montagne et le long des littoraux. Elles attirent des retraités, des étrangers, des actifs et de nombreux touristes. Les petites villes rurales qui organisent localement ces territoires dépendent des métropoles régionales.

• Cependant, l'opposition ville-campagne reste toujours vivante dans les représentations collectives de l'espace. Dans les enquêtes auprès des habitants des aires urbaines, la ville est perçue comme nécessairement dense par opposition à la campagne qui désigne sans distinction les territoires périurbains et ruraux peu denses. L'espace rural est généralement appréhendé comme un décor, un espace récréatif et de

6 En France, le mitage s'oppose au caractère concentré des villages traditionnels.

14/20

loisirs. En réalité, il y a une continuité croissante entre espaces urbains et ruraux et les « néo-ruraux » sont aussi des urbains par leur mobilité, leur lieu de travail et leur mode de vie.

3.3. Les mutations des campagnes et de l'agriculture : mondialisation et développement durable

• Les mutations actuelles opposent des campagnes sous influence urbaine aux campagnes tournées vers l'agriculture, souvent marquées par un recul démographique et économique.

• Les campagnes associées à la périurbanisation connaissent toutes un dynamisme démographique migratoire et naturel. On peut donc distinguer ces campagnes périurbaines ayant essentiellement une fonction résidentielle et le rural où les activités agricoles sont encore prédominantes.

• L'agriculture occupe plus de 50 % du territoire français et représente 2,2 % du PIB français (INSEE ; en 1955 : 13,7 %). Sur les dix premières entreprises françaises, trois dépendent directement de l’agriculture : Danone, Carrefour et LVMH (Louis Vuitton pour les cuirs des sacs, Moët pour le champagne et Hennessy pour le cognac). L’agriculture et le secteur des industries agroalimentaires (IAA) totalisent € 50 milliards d’exportation en 2010, soit ~ 13 % de la valeur des exportations françaises. C’est le deuxième poste excédentaire français (derrière l’aéronautique).

• Les productions sont variées et performantes :

15/20

• Note : la FAO est l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (connue sous les sigles ONUAA ou, plus couramment, FAO soit en anglais Food and Agriculture Organization of the United Nations) ; c'est une organisation spécialisée du système des Nations unies, créée en 1945 à Québec. Son siège est à Rome depuis 1951. La FAO regroupe 191 membres (190 États plus l’Union européenne).

• Cette agriculture est intensive et mécanisée. La productivité est forte et croissante : en 1946, la population active agricole était encore de 36 %, en 2011 elle n’est plus que de 4 %.

• Les exploitations agricoles sont inégales face aux changements liés à la mondialisation et au développement durable. La polyculture de montagne recule. Les petits producteurs misent sur la vente de proximité (maraîchage) ou sur la qualité en bénéficiant notamment du label « Appellation d'origine contrôlée » (ou AOC : vins, fromages, spécialités régionales) ou « AOP » (c'est à dire « appellation d'origine protégée », équivalent européen de l'AOC). Les zones de grande culture (ex. : céréaliculture du bassin parisien) ou d'élevage intensif sont compétitives si elles sont bien connectées aux industries agro-alimentaires (IAA) ou au marché mondial (ex. : vignoble bordelais, Beaujolais, Cognac).

16/20

• La compétition est cependant rude et les positions conquises fragiles : l'élevage industriel de poulets et de porcs en Bretagne, une des grandes réussites de l'agriculture française après 1945, est aujourd'hui en difficulté (faillites importantes en 2013). Ces difficultés sont liées au développement durable (coût considérable des réglementations européennes sur le bien être des animaux) et à la mondialisation (concurrence brésilienne notamment).

• Pour s'adapter à la demande des consommateurs en produits issus de l'agriculture biologique, l'objectif que 5 à 6 % de la SAU ait le « Label AB » a été défini en 2007 au Grenelle de l'Environnement. En 2010, avec seulement 2,5 % de la SAU en agriculture biologique, la France n'est qu'au 21e rang européen. Depuis 2008, il n'y a plus de surfaces cultivées avec des organismes génétiquement modifiés (OGM) à des fins commerciales.

• L'exigence d'une agriculture compatible avec le « développement durable » passe par la réduction des pollutions d'origine agricole (ex. : nappes d'eau polluées par les nitrates du lisier d'élevage porcin intensif en Bretagne) ou le développement de bioénergies (ex. : bois des Vosges).

• L'image des agriculteurs change car ils exercent souvent une autre activité : le tourisme vert ou la vente directe « à la ferme ». Si cela permet un maintien relatif des emplois agricoles dans les zones périurbaines ou touristiques, on constate un déclin dans les régions enclavées ou qui ont du mal à se moderniser. En 2009, ce sont plus de 800 agriculteurs français qui se sont suicidés (selon l’Association des producteurs de lait indépendants)...

17/20

Conclusion[à faire en classe par la classe]

18/20

Les espaces urbains connaissent d'importantes mutations.

Leur croissance prend la forme de l'étalement des résidences et des activités, provoquant un accroissement des mobilités peu compatible avec le développement durable.

L'opposition ville/campagne perd de sa pertinence. Avec des espaces ruraux aussi bien connectés, les frontières de la ville deviennent difficiles à fixer. Le destin des espaces ruraux où l'agriculture reste une activité essentielle dépend de leur capacité à s'intégrer à la mondialisation et à s'adapter aux exigences du développement durable.

19/20

Vocabulaire

Agglomération : unité urbaine caractérisée par la continuité des constructions et abritant une population supérieure à 2 000 habitants. Elle comprend la ville-centre et ses banlieues.

Aire urbaine : espace constitué d'un pôle urbain et d'une couronne périurbaine selon l'INSEE.

Espace périurbain : ensemble des communes distinctes de l'agglomération mais habitées essentiellement par des personnes qui dépendent de celles-ci pour leur emploi, leurs loisirs et leur mode de vie.

Étalement urbain : extension des banlieues et des zones urbaines à la périphérie des agglomérations.

Polarisation : capacité d'une ville à attirer une population et des activités.

Urbanisation : processus d'augmentation de la population urbaine et de transformation d'un espace rural en un espace urbain.

Archipel métropolitain : ensemble des métropoles entretenant de fortes relations et fonctionnant en réseau, au détriment des espaces intermédiaires.

Armature urbaine : organisation hiérarchisée d'un ensemble de villes et de leurs zones d'influence.

Cadre des fonctions métropolitaines : actif à fort niveau de qualification travaillant dans les secteurs clés de l'économie selon l'INSEE.

Fonctions d'État : activités publiques de haut niveau telles les administrations, les universités, les grandes écoles, les CHRU (centres hospitaliers régionaux universitaires), les centres de recherche.

Macrocéphalie : domination écrasante d'une seule ville à la tête d'un réseau urbain.

Métropole : aire urbaine concentrant des fonctions directionnelles et exerçant un pouvoir de commandement sur d'autres territoires, urbains ou ruraux, à l'échelle régionale.

Métropolisation : concentration des fonctions de commandement des richesses et de la population dans les grandes villes.

Entre-soi : stratégie d'évitement des plus pauvres que soi dans les choix d'habitat.

Évitement scolaire : scolarisation des enfants dans les écoles les mieux réputées.

Fragmentation urbaine : effritement des liens et durcissement des frontières spatiales entre les groupes sociaux d'une même ville ou d'un même quartier.

Gentrification : remplacement des populations modestes par des catégories aisées au mode de vie très citadin.

Mixité sociale : diversification de la composition sociale d'un quartier.

Paupérisation : appauvrissement de la population d'un quartier lié à la crise économique et au départ des couches moyennes.

20/20

Politiques de club : refus de certaines communes de s'urbaniser, d'accueillir du logement social ou des équipements afin d'y préserver la qualité de l'environnement résidentiel.

Relégation : spécialisation de certains quartiers dans l'accueil de populations économiquement et culturellement démunies.

Rénovation urbaine : opération de destruction et de reconstruction d'un secteur urbain.

Ségrégation urbaine : mise à l'écart de groupes ethniques et/ou sociaux par une séparation spatiale.

ZUS (zone urbaine sensible) : quartier considéré en difficulté et prioritaire pour bénéficier des politiques de la ville.

Néo-rural : personne originaire de la ville qui s'installe dans une commune rurale.

Périurbanisation : processus d'étalement urbain au-delà des limites des agglomérations dans des communes rurales situées à leur périphérie.

Croissance radio-concentrique : croissance démographique et urbanistique en cercles, du centre vers les périphéries.

Organigramme de révision

Source : Géographie 1ère L/ES/S, Paris, Hachette éducation, 2011