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LA Georges Perec, Un homme qui dort INTRODUCTION Né à Paris (France) le 07/03/1936 ; Mort à Ivry-sur-Seine (France) le 03/03/1982 Georges Perec est un écrivain français, membre du groupe Oulipo, dont il est l'une des figures majeures. La disparition et la quête identitaire sont des thèmes essentiels de son oeuvre. En 1965, à 29 ans, il publie son premier roman, Les Choses, et remporte le prix Renaudot. (Nouveau roman) Il entre en 1967 dans le groupe littéraire l'Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle). Les écrits de George Perec sont désormais déterminés par ces contraintes formelles qui caractérisent les écrits du groupe. La Disparition, roman paru en 1969, est un lipogramme (écrit sans la lettre "e") Les Revenentes, récit publié en 1972, est un texte où, au contraire, la seule voyelle est la lettre "e". En 1975, il publie W ou le souvenir d'enfance, qui obtient un vrai succès critique. Ce texte, qui alterne fragments biographiques et fiction, est brillamment construit. Son roman La Vie, mode d'emploi, publié en 1978, remporte un grand succès à la fois auprès du public et de la critique. Il obtient le prix Médicis cette même année. Perec propose ici un récit à la deuxième personne qui constitue un détour pour accéder au discours autobiographique. I) La monotonie du quotidien A) L’évocation de l’espace et du temps Le texte s’ouvre par la mention « Il fait nuit », après laquelle les indications temporelles se succèdent : « Du temps passe » (l. 11), « la nuit, le jour » (l. 15), « au fil des heures, des jours, des semaines, des saisons » (l. 22), LA Un homme qui dort PEREC Page 1

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LA Georges Perec, Un homme qui dort

INTRODUCTIONNé à Paris (France) le 07/03/1936 ; Mort à Ivry-sur-Seine (France) le 03/03/1982Georges Perec est un écrivain français, membre du groupe Oulipo, dont il est l'une des figures majeures. La disparition et la quête identitaire sont des thèmes essentiels de son oeuvre. En 1965, à 29 ans, il publie son premier roman, Les Choses, et remporte le prix Renaudot. (Nouveau roman)

Il entre en 1967 dans le groupe littéraire l'Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle).

Les écrits de George Perec sont désormais déterminés par ces contraintes formelles qui caractérisent les écrits du groupe. La Disparition, roman paru en 1969, est un lipogramme (écrit sans la lettre "e")

Les Revenentes, récit publié en 1972, est un texte où, au contraire, la seule voyelle est la lettre "e".

En 1975, il publie W ou le souvenir d'enfance, qui obtient un vrai succès critique. Ce texte, qui alterne fragments biographiques et fiction, est brillamment construit.

Son roman La Vie, mode d'emploi, publié en 1978, remporte un grand succès à la fois auprès du public et de la critique.

Il obtient le prix Médicis cette même année. Perec propose ici un récit à la deuxième personne qui constitue un détour pour accéder au discours autobiographique.

I) La monotonie du quotidien

A) L’évocation de l’espace et du temps

Le texte s’ouvre par la mention « Il fait nuit », après laquelle les indications temporelles se succèdent : « Du temps passe » (l. 11), « la nuit, le jour » (l. 15), « au fil des heures, des jours, des semaines, des saisons » (l. 22),

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« à chaque instant » (l. 29), « suite des heures, suite des jours, le passage des saisons, l’écoulement du temps »(l. 31-32), « sans avenir et sans passé » (l. 33).

On remarque que le temps est de moins en moins précisément décrit, comme si la durée s’allongeait et que peu à peu les heures ne servaient plus à rythmer les activités du personnage.

Il y a une gradation dans les indications temporelles.

On a une évolution similaire en ce qui concerne l’espace, puisque le personnage oscille entre :

- les espaces intime, fermé (la chambre, au début du texte) - - et ouvert, public, neutre (« les rues », les « fêtes foraines », etc.).

Il semble se perdre et n’exister que dans des non-lieux, des espaces publics, anonymes, dans lesquels les horaires n’existent pas.

Paradoxalement, la sortie ne correspond pas à la volonté de communiquer mais à une quête de solitude.

B. Le règne du dérisoire

Ce manque de coordination et de subordination est à l’image de l’absence de lien, de cadre dans la vie du personnage. Les activités et gestes ne sont pas liés logiquement entre eux et ils revêtent tous exactement la même importance. La syntaxe est le reflet d’un monde dans lequel il n’existe plus d’échelle d’importance, où le dérisoire et l’essentiel sont égaux.

C. La passivité du personnage. Le personnage n’agit pas vraiment, il se contente de se laisser porter par le monde extérieur. Ses activités chez lui et au dehors consistent à se laisser imprégner, de manière passive, par le monde qui l’entoure : sa posture– il est allongé sur « la banquette » –, évoque la passivité, comme le terme « traînes » l. 15).

Cette impression est redoublée par l’affirmation d’un paradoxal bonheur par le vide : « bonheur presque parfait », « bienheureuse parenthèse », « repos total »

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Les expressions sont associées au postulat « Tu n’existes plus ».

II) Un personnage apathique

A). Le bestiaire Le bestiaire mis en scène dans ce texte est particulièrement fourni, et mêle animaux imaginaires et réels :« un animal à peine fabuleux » « une petite bestiole noire vraisemblablement irréelle » « une mouche ou une huître » « une vache, un escargot » « un rat »

On remarque que ces animaux sont tous associés à la passivité ou à des connotations péjoratives.

Les animaux cités dans la dernière phrase servent de comparants pour caractériser le personnage, ce qui revient à le déshumaniser, d’autant qu’ils sont associés à des objets,qui réifient le « tu ».

L’« animal à peine fabuleux » est une impression d’optique, qui donne le sentiment que le personnage est envahi physiquement par l’image animale

Enfin, la « petite bestiole noire », dont l’existence est mise en doute, semble être une image ou une projection du personnage, dans la mesure où son cheminement dans le « labyrinthe des fissures du plafond » rejoint la manière dont le héros traverse l’existence.

B) Un corps présent Le champ lexical du corps apparaît à quelques reprises au début du texte : « les mains », « la nuque »,« genoux », « yeux », « respiration ».

On remarque que le corps du personnage adopte une attitude passive face au monde, puisqu’il est dans une posture d’abandon et dans un demi-sommeil.

C) Un héros déconstruit

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Le pronom « tu » peut désigner à la fois un personnage auquel le narrateur s’adresserait, le narrateur lui-même (le récit serait alors une sorte de monologue intérieur), ou encore le lecteur.

En tout état de cause, l’utilisation du pronom « tu » favorise le phénomène d’identification du lecteur vis-à-vis du personnage.

Conclusion : Le personnage est totalement apathique. Le roman Un homme qui dort raconte d’ailleurs l’expérience d’un personnage qui se referme sur lui-même et qui végète.On peut rapprocher le texte d’une écriture sur la dépression.Cette idée est renforcée par la posture physique du personnage au début de l’extrait, qui est allongé sur une « banquette », ce qui évoque le dispositif de la cure psychanalytique.