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Denis Gratton COLLECTION « Je veux quon parle d e n o u s » 21 Une visite à l’École élémentaire catholique Sainte-Marguerite-Bourgeoys La grande famille de Merrickville élém Sainte-Ma

La grande famille de Merrickville

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Denis Gratton

COLLECTION « Je veux qu’on parle de nous »21

Une visite à l’École élémentaire catholique

Sainte-Marguerite-Bourgeoys

La grande famillede Merrickville

élémSainte-Ma

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Une visite à l’École élémentaire catholique

Sainte-Marguerite-Bourgeoys

Denis Gratton

La grande famillede Merrickville

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Nous tenons à remercier sincèrement la direction, le personnel et les élèves de l’École élémentaire catholique Sainte-Marguerite-Bourgeoys d’avoir rendu cet ouvrage possible.

L’un des plus beaux voyages…

La lecture des livres de cette belle collection m’épate. Mais, en même temps, elle ne

m’étonne pas.

Ce que je revis en lisant ces livres n’est que fidèle à ce que j’ai vécu au cours des

30 dernières années de ma vie. Ce que je ressens, ce sont cette même joie et cette

même fierté que j’ai toujours ressenties à circuler dans les corridors et les classes

de nos écoles. Comme enseignant, comme directeur, comme surintendant ou,

aujourd’hui, comme directeur de l’éducation.

Ce que je revois, ce sont les visages de gens qui ont comblé ma vie, des élèves ayant

une soif d’apprendre, la collaboration de personnes passionnées et le dépassement

quotidien de mes collègues de travail.

J’entends leurs voix et leurs rires. Et je ressens toutes les espérances de tous ces

passagers partant ensemble pour l’un des plus beaux voyages. Celui de l’éducation

et de la réussite de chaque enfant qui entre chez nous.

Ce récit de la collection « Je veux qu’on parle de nous » est la suite du travail entamé

par Michel Gratton, qui s’est éteint le 13 janvier 2011. Avec sa simplicité et son

émerveillement, Michel a su nous raconter l’esprit et la vitalité qui règnent au sein des

20 écoles qui lui ont ouvert leurs portes. Je profite de l’occasion pour remercier Denis

Gratton, son frère, d’avoir bien voulu prendre le flambeau pour assurer la continuité de

cette belle collection. Tout comme Michel, Denis sait capter l’essence même de l’âme

d’une école pour la raconter avec perspicacité et tendresse.

Bonne lecture!

Bernard Roy

Directeur de l’éducation

Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE)

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Un parfum de lilas flotte dans le charmant village de Merrickville en ce lundi matin ensoleillé du mois de mai. L’endroit est paisible, comme si le

village se remettait tranquillement du passage des centaines de visiteurs venus d’Ottawa et des environs qui, chaque fin de semaine, envahissent Merrickville pour ses galeries d’art, ses boutiques et ses cafés.

Le vrombissement d’un autobus scolaire vient perturber la paix et étouffer le chant des mésanges. Comme tous les matins, l’autobus jaune se dirige vers l’école élémentaire catholique Sainte-Marguerite-Bourgeoys, là où 170 élèves de la maternelle à la 8e année se rassemblent pour apprendre en français.

« Ces élèves viennent d’un peu partout, dit la directrice de l’école, Johanne Bégin. Notre secteur de fréquentation est immense. On a des élèves qui viennent de Smith’s Falls, de Spencerville, de Perth et des autres villages des comtés unis de Leeds Grenville. Certains de ces élèves sont dans l’autobus pendant une heure et quart, matin et soir. Disons qu’ils sont très patients », ajoute-t-elle en souriant.

L’autobus s’arrête devant les portes de la charmante école de briques rouges construite il y a dix-sept ans. Les élèves en descendent à la queue-leu-leu et sont accueillis d’un chaleureux « Bonjour, les amis! » de la part de Mme Bégin, ou de Mme Johanne, devrais-je dire, comme le font les élèves.

Puis, la chauffeuse de l’autobus, Mme Chantal (Marinoff), descend à son tour et entre dans l’école pour se diriger à l’accueil, derrière le comptoir, où, curieusement, elle prend place.

Mme Johanne remarque mon regard perplexe, et Mme Chantal et elle s’échangent un sourire complice.

— Vous vous demandez sûrement ce que Mme Chantal fait à l’accueil, n’est-ce pas?, me demande Mme Johanne.

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— Heu... disons que... oui. Je me posais la question.

— Mme Chantal est notre secrétaire, mais elle conduit aussi l’autobus scolaire. Elle vient à l’école en autobus avec « sa gang » et elle repart l’après-midi avec « sa gang ».

— Ça fait environ sept ans que je fais ça, m’explique Mme Chantal. Quand l’école a ouvert en 1992, je trav...

— Excusez-moi, Mme Chantal. Désolé de vous interrompre, mais vous voulez dire 1995, n’est-ce pas, puisque cette école a été construite en 1995?

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— Vrai, l’école où nous nous trouvons présentement a ouvert ses portes en 1995. Mais l’école Sainte-Marguerite-Bourgeoys a été fondée en 1992. Les cours se donnaient dans l’ancien hôtel de ville, tout près d’ici. Et le bureau de la directrice se trouvait dans l’ancienne cellule pour prisonniers.

— Êtes-vous sérieuse?, lui ai-je demandé en riant.

— Tout à fait. C’est presque devenu une légende avec le temps, mais c’est bien vrai. J’ai une photo pour vous le prouver.

— Ça va, je vous crois sur parole. Donc, vous êtes chauffeuse d’autobus scolaire depuis sept ans?

— À peu près, oui. Quand l’école a ouvert, en 1992, je travaillais au gouvernement, mais j’étais en congé de maternité. Pour m’occuper un peu, je conduisais l’autobus scolaire, le matin. Puis, lorsque mon fils a commencé sa 1re année ici, j’ai été embauchée comme secrétaire. J’ai donc quitté mon emploi au gouvernement pour travailler à plein temps à Sainte-Marguerite-Bourgeoys. Et, quelques années plus tard, j’ai recommencé à conduire l’autobus. Aujourd’hui, je travaille au secrétariat pendant mon heure de dîner et je conduis l’autobus le matin et à la fin des classes, en après-midi. Ça va bien parce que les enfants me connaissent tous. Et j’en garde quelques-uns chez moi, après l’école.

— Donc, vous êtes secrétaire, chauffeuse d’autobus et gardienne d’enfants. Y a-t-il un autre titre qu’on ne connaît pas?

— Je pense que c’est assez pour le moment, répond-elle en riant.

— Nous sommes bien contents d’avoir Mme Chantal avec nous, dit la directrice, Mme Johanne. Ici, à Merrickville et dans les environs, c’est un milieu très anglophone. C’est donc difficile de trouver des chauffeurs qui parlent français.

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L’école élémentaire catholique Sainte-Marguerite-Bourgeoys est une oasis francophone dans une vaste région où habitent très peu de familles de langue française.

Cela n’a cependant pas empêché un groupe de parents de se mobiliser pour obtenir une école de langue française afin que leurs enfants puissent, un jour, maîtriser les deux langues officielles du pays.

— Ce sont les parents qui se sont battus pour bâtir notre école, affirme Mme Johanne. Ils ont insisté et persisté. Ils étaient courageux. Aujourd’hui, les parents sont très engagés dans la vie scolaire de leurs enfants. L’an dernier, en 2011, le conseil d’école, qui compte une dizaine de parents, a amassé tout près de 50 000 $. Cet argent nous a permis d’aménager deux structures de jeux dans la cour d’école. Les parents jouent un très grand rôle à Sainte-Marguerite-Bourgeoys.

— Parle-t-on des parents francophones?, lui ai-je demandé.

— Francophones et anglophones, me répond-elle. Il ne faut pas s’en cacher, la grande majorité des élèves vit dans des foyers exogames. Et, dans la plupart des cas, la langue parlée à la maison est l’anglais. En maternelle, cette année, on compte trois enfants sur dix-neuf dont les deux parents sont francophones. À l’école, à peine dix pour cent des élèves sont issus de deux parents francophones.

— Alors, pourquoi les parents choisissent-ils l’école de langue française quand les deux ne parlent souvent pas le français ou très peu?

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— Je pense que c’est parce qu’ils veulent offrir à leurs enfants toutes les possibilités. Ils veulent leur donner tous les outils possibles afin qu’ils puissent choisir plus tard ce qu’ils veulent faire, où ils veulent le faire et dans quelle langue ils veulent le faire. Puis, il y a l’esprit communautaire qui est très présent dans notre école. Le personnel est très stable et nous sommes comme une grande famille. On compte un groupe d’élèves par année d’études. Les enfants grandissent donc ensemble. Ils passeront dix ans de leur vie ensemble. Les parents aiment beaucoup l’aspect familial de Sainte-Marguerite-Bourgeoys, et les élèves aussi.

Mais la question qui se pose est celle-ci : si les enfants ne parlent que l’anglais à la maison, comment peuvent-ils arriver en maternelle, s’intégrer à la vie scolaire et apprendre dans un lieu où tout se déroule en français?

— Ils le peuvent grâce aux programmes ALF, répond Mme Johanne.

— Et que signifie le sigle ALF?

— Actualisation linguistique du français. Il s’agit de programmes pour les enfants qui arrivent ici et qui ne parlent que l’anglais. Ces enfants sont retirés de la classe pendant des blocs d’habituellement 150 minutes par jour et, durant ces blocs, on leur enseigne le

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français à l’aide, entre autres, de la gestuelle et du jeu. On associe des mots à des gestes pour les aider à s’intégrer. Il y a différentes catégories dans les programmes ALF : les très grands besoins, les grands besoins et les besoins modérés. Habituellement, un enfant à la maternelle débutera dans la catégorie très grands besoins. Et, dans la grande majorité des cas, quand les jeunes arrivent deux ans plus tard en 1re année, ils sont dans la catégorie besoins modérés et fonctionnels en français.

« Et les élèves ont du plaisir durant ces blocs ALF, d’ajouter la directrice. Les enseignantes rendent ça amusant, puisque l’enseignement se fait beaucoup avec le jeu. Les élèves francophones voudraient même parfois être retirés de la classe avec eux! »

Marie Tremblay (Mme Marie) est éducatrice dans les programmes ALF depuis plus de vingt ans. Depuis les dix-huit dernières années, elle accueille dans sa classe les élèves de Sainte-Marguerite-Bourgeoys. L’enseignante Mme Julie et elle ont enseigné le français à d’innombrables enfants qui, aujourd’hui, travaillent ou poursuivent leurs études secondaires et universitaires dans la langue de Molière.

Leur classe est accueillante et les murs sont décorés de dizaines voire de centaines d’illustrations sous lesquelles un simple mot est écrit pour décrire le dessin en question.

— Il faut que tout soit imagé et modelé, explique Mme Marie. Et tout se fait par le jeu parce que la matière enseignée n’entre pas autrement. Ça fait des années que je fais ça et je suis bien équipée. J’ai tout le matériel nécessaire pour la réussite de chaque enfant. On est très bien équipé ici, à Sainte-Marguerite-Bourgeoys. On dit que ça prend sept ans pour qu’un enfant ait acquis la

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langue, ajoute-t-elle. Donc, rendu en 6e année, l’élève devrait être pas mal francophone.

— Et vous aimez votre travail ici, à Sainte-Marguerite-Bourgeoys?, lui ai-je demandé.

— Je n’irais pas travailler ailleurs, répond-elle sans hésiter. On forme une vraie équipe ici, une famille, et tout le monde a à cœur le succès des élèves. De plus, j’adore Merrickville avec ses boutiques et ses galeries d’art.

L’art, justement. Le sujet préféré des élèves de Sainte-Marguerite-Bourgeoys. Oui, le cours d’éducation physique est, comme dans toutes les écoles du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE), l’un des plus populaires; surtout ici, où ce cours est donné par Mme Sarah, une ancienne élève de Sainte-Marguerite-Bourgeoys qui fréquentait la maternelle lorsque l’école a été inaugurée.

Mais demandez aux élèves de Merrickville de nommer le cours qu’ils préfèrent, et la majorité vous répondra que c’est le cours de Mme Diane qui enseigne les arts.

« Mme Diane est ici depuis plusieurs années, dit la directrice. Elle est une artiste-peintre et, excusez le jeu de mots, mais... elle est pas mal colorée. Nos élèves sont très forts dans le domaine des arts, et Mme Diane y est pour beaucoup. »

Alors, allons la rencontrer, cette colorée Mme Diane...

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Diane Provost et son mari se sont établis à Smith’s Falls en 1999. Tous deux sont artistes-peintres. Lui expose ses toiles dans une galerie d’art de Merrickville. Elle enseigne l’art aux élèves de la maternelle à la 8e année de Sainte-Marguerite-Bourgeoys depuis treize ans. « Nous sommes deux artistes à la maison, il faut bien que l’un de nous deux gagne des sous », lance-t-elle à la blague.

Sa classe n’a rien d’une classe traditionnelle avec les pupitres en rangées et le bureau de l’enseignante à l’avant. On se croirait plutôt dans un atelier d’art où règne le désordre, mais où tout semble étrangement à sa place.

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— Vous me rendez visite au bon moment, M. Gratton, me dit Mme Diane en m’accueillant de son large sourire. J’attends les enfants de la maternelle et, aujourd’hui, je vais leur faire faire une basse-cour en papier mâché. Les enfants vont adorer ça!

— La directrice me disait tantôt que votre cours est l’un des plus populaires ici, lui dis-je.

— C’est gentil, réplique-t-elle. C’est vrai que les enfants aiment bien venir dans ma classe. Mais revenez nous voir en juin et vous verrez réellement la fierté que les enfants ont à créer.

— Pourquoi en juin?

— Parce que, chaque année, j’organise une exposition à la fin de l’année scolaire. Ma classe est transformée en galerie d’art qui s’étend jusque dans les corridors. Les enfants emmènent leurs parents voir ce qu’ils ont créé durant l’année. Et j’explique aux parents les techniques que leurs enfants ont utilisées pour créer leurs œuvres. Vous devriez voir la fierté dans les yeux des élèves. C’est magnifique!

Un élève de 8e année entre dans la classe et s’excuse de nous interrompre. « Suis-je trop tôt? », demande-t-il à Mme Diane. « Un peu, lui répond-elle. Reviens dans cinq minutes, mon grand, les enfants de la maternelle seront arrivés. » Il quitte en lui disant : « D’accord, à tantôt Mme Diane! »

L’enseignante remarque le questionnement dans mes yeux.

« Ici, dans ma classe, on travaille beaucoup par association, m’explique-t-elle. J’aime que les grands des 7e et 8e années puissent être en contact et travailler avec les petits. Les grands viennent dans ma classe une fois par semaine et je les associe aux élèves de la maternelle et du jardin. L’élève plus âgé est

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toujours jumelé au même élève. Les deux apprennent donc à se connaître, et il y a une complicité et une confiance qui se créent entre eux.

Ma fille a fréquenté l’école Sainte-Marguerite-Bourgeoys et est à l’université aujourd’hui, de poursuivre Mme Diane. Quand je lui ai demandé quel était son plus beau souvenir d’ici, elle m’a répondu : “C’est lorsque les grands venaient travailler avec moi.” Donc, j’essaie de conserver ce milieu familial, ce milieu d’entraide. »

Les élèves de Sainte-Marguerite-Bourgeoys ont à cœur leur école, et les parents aussi.

Dans un sondage sur la satisfaction des parents, qui a été effectué en 2011, 100 % des parents ont indiqué qu’ils étaient « satisfaits de leur école ». Et à la question : « L’école encourage-t-elle la fierté à l’égard de la langue française et de la culture francophone? », le résultat était le même. C’est l’unanimité chez les parents.

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Dans un autre sondage, effectué auprès des élèves cette fois-ci, tous ont répondu « oui » à la question : « Es-tu fier d’étudier dans une école de langue française? »

Les chiffres ne mentent pas... on l’aime, l’école Sainte-Marguerite-Bourgeoys.

Marguerite a fait ses études élémentaires à cette école de Merrickville et a terminé il y a presque quatre ans. Elle terminera son secondaire à Kemptville en juin et, l’an prochain, elle commencera ses études universitaires.

Mais elle n’est pas à l’école aujourd’hui. En fait, oui, elle est à l’école, mais à l’école de son enfance, là où tous les élèves l’appellent Mme Marguerite.

— Je fais mon stage de coop ici, m’explique-t-elle. On devait choisir l’école dans laquelle faire son stage et j’ai choisi celle-ci.

— Pourquoi ici, à Sainte-Marguerite-Bourgeoys?, lui ai-je demandé.

— Parce que c’est ici que j’ai tout appris et parce que j’aime travailler avec Mme Gabrielle (l’enseignante de 1re année). Elle m’a enseigné pendant deux ans quand j’étais ici. Puisque j’ai l’intention de devenir enseignante à mon tour et de travailler en français, et peut-être d’être enseignante de français, j’ai pensé que ce serait bien de venir faire mon stage à Sainte-Marguerite-Bourgeoys parce qu’on enseigne tellement bien en français ici!

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Ma visite à l’école Sainte-Marguerite-Bourgeoys tire à sa fin.

— Avant que vous quittiez, M. Gratton, voulez-vous m’accompagner et marcher dans la cour d’école?, me demande Mme Johanne.

— Oui, avec plaisir.

J’ai rarement vu une si belle cour d’école. Elle est immense, il n’y a pas de clôtures et l’on y trouve un terrain de soccer, un terrain de basketball, un carré de sable, une gloriette (gazebo) qu’ont installée les parents et les nouvelles structures de jeux que ces mêmes parents ont achetées.

Un boisé se trouve tout au fond de la cour et un sentier pédestre qui mène vers les berges de la rivière Rideau le traverse.

« Les élèves vont parfois faire de l’observation dans ce sentier pendant leur cours de sciences, m’explique Mme Johanne. On l’appelle le sentier Jacob. On l’a nommé ainsi en mémoire d’un élève de 1re année qui s’est noyé en 1993. »

Le sifflement d’un train se fait entendre au loin.

— Que c’est paisible ici, dis-je à Mme Johanne.

— En effet, acquiesce-t-elle. Mais la cloche annonçant la récréation sonnera dans cinq minutes. Ce ne sera plus aussi paisible, lance-t-elle en riant.

— C’est normal, ai-je répliqué.

— Bien sûr. Aujourd’hui, je vais surprendre les élèves en annonçant au micro que nos nouvelles structures de jeux sont officiellement ouvertes. Ils ne les ont pas encore utilisées, il faisait un peu trop froid et le sol était encore boueux. Mais il fait tellement beau aujourd’hui que c’est le temps que ces structures soient étrennées.

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Je suis resté quelques minutes de plus, juste pour voir les enfants s’amuser à l’annonce de Mme Johanne.

L’attente en valait la peine. Après leurs sauts et leurs cris de joie, les élèves se sont rués sur les structures comme des abeilles sur un pot de miel. Vive le printemps!printemps!

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« Les élèves passeront dix ans de leur vie ensemble à Sainte-Marguerite-Bourgeoys », m’a dit Mme Johanne plus tôt dans la journée.

Et, au cours de ces dix années, ils grandiront avec Mme Gabrielle, Mme Mylène, Mme Isabelle, Mme Caroline, Mme Catherine, le concierge Terry, l’ami de tous, et tout le personnel dévoué de cette chaleureuse école. Comme dans une grande famille unie.

Un jour, les élèves quitteront, bien entendu, et ils poursuivront leur vie avec le doux souvenir de cette petite école qui leur a tout appris.

Malgré qu’elle sera peut-être bien loin d’eux, là-bas à Merrickville, elle restera toujours dans leur cœur.

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17Jusqu’au bout du rêveUne visite à l’École élémentaire catholique Saint-François-d’Assise

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21La grande famille de MerrickvilleUne visite à l’École élémentaire catholique Sainte-Marguerite-Bourgeoys

Conception, mise en pages et impression : Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques, 2013.

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Lorsque mon frère Michel me parlait de la collection « Je veux qu’on parle de nous », ses yeux s’illuminaient. Il se disait renversé par ces écoles en effervescence qu’il découvrait. Ébahi par le dévouement et la passion des gens qu’il rencontrait. Et émerveillé par les élèves qu’il racontait. « Des élèves aux yeux brillants, gonflés d’espoir en l’avenir et de confiance en eux » a-t-il écrit. Comment pourrais-je dire mieux?

Lorsque Michel a quitté ce monde, j’ai voulu poursuivre son œuvre. Et à mon tour, de rencontre en rencontre, j’ai la chance et le privilège de voir en mouvement ce que mon frère a découvert avant moi, soit « les meilleures écoles… au monde ».

– Denis Gratton