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mitrailleuses, mortier), on pénètre l’intimité des soldats à travers des objets personnels : un encrier, un nécessaire de toilette, une trousse de secours, un calepin, une bouteille de lait concentré, un porte-bonheur. Mais le quotidien le plus frappant, ce sont ces photos prises dans le feu de l’action. Elles happent le regard, forcent l’admiration et leur tragique beauté fait se serrer les gorges. On assiste en direct au « Dynamitage de l’église de Saint-Martin-sur-Cojeul », on épie des « Soldats à l’affût derrière une barricade » à Saint-Laurent Blangy, on accompagne des obusiers britanniques placés sous un filet de camouflage, on guette une « Colonne de soldats allemands dans les ruines de Bullecourt », on est aux premières loges quand passent les chars néo-zélandais à Grévillers, on contemple le cœur gros la « Vue générale des ruines de Lens dévastée. » Des photos valent mieux que de beaux discours. numéro : 09|automne - hiver 2015 / 2016 Installé sur les hauteurs de Souchez, le nouveau Centre international d’histoire de la Première Guerre mondiale s’articule autour de chapelles qui constituent autant de chambres noires. Sur leurs murs, les photos d’époque ont été prises au plus fort du conflit par les soldats eux- mêmes. Le résultat est saisissant de vérité. Quatre cubes noirs de jais aux arêtes tranchantes comme des baïonnettes. Pas d’allées fleuries ou de musique d’ambiance qui maquillent la réalité. Juste du béton et de judicieux jeux de lumière naturelle. L’austérité du Centre international d’histoire de la Première Guerre mondiale est la volonté de Pierre-Louis Faloci. Autant architecte que scénographe, l’homme a souhaité harponner le visiteur par ce qu’il appelle lui-même une « esthétique de la menace. » Stratégiquement posé sur les hauteurs de Souchez tel un bunker aux aguets, l’inquiétant édifice tranche avec la douceur du paysage qui l’accueille. Histoire de nous rappeler qu’il y a cent ans, cette région précisément fut le théâtre d’une des pires tragédies que le monde contemporain ait jamais vécues. A l’aube de la Première Guerre mondiale en effet, Souchez et toutes les communes environnantes sont le cœur du conflit, pour ne pas dire son sulfureux épicentre. Ce nouveau lieu de mémoire est là pour nous le rappeler. Pour nous le raconter même. Mais pas de manière conventionnelle. Le discours du Centre international d’histoire de la Première Guerre mondiale repose en effet sur des photos prises par les soldats eux-mêmes, toutes nations confondues. Quatre-cents photos disséminées dans quatre chapelles. Des photos loin des clichés La visite, qu’on vous conseille chronologique, se découpe en sept secteurs. On passe d’une chapelle à l’autre tandis que le temps s’écoule. A l’entrée de chacune d’elle, une carte interactive rend compte des forces en présence sur la ligne de front Artois-Flandre française. Le célèbre « Verrou de Souchez », situé entre les deux points hauts que sont la colline de Lorette et la crête de Vimy, est largement étudié. Au fil du périple, on découvre des armes d’époque (fusils, A : centre international d’histoire de la première guerre mondiale, « lens’14-18, centre d’histoire guerre et paix », 102, rue pasteur – 62 153 souchez. T : 03 21 74 83 15 renseignements sur : [email protected] / www.tourisme-lenslievin.fr ouvert du mardi au dimanche, de 10 h à 17 h . exposition quadrilingue (français, anglais, allemand, néerlandais). entrée gratuite / audioguide : 3 €. page 2 L’histoire écrite à la craie page 5 Les feux de Lamour page 6 GASTRONOMIE : Fleurs à croquer © LAURENT ROSE @NAMASTE62 – MARIE ODILE DERANCOURT @ANNECAU62 LA GRANDE GUERRE, DANS LE VISEUR DES SOLDATS À VOIR, À FAIRE, À DÉCOUVRIR A 30 MN AUTOUR DU LOUVRE-LENS Tous les trésors ne sont pas enfouis à jamais. Escalader les terrils, admirer les places pavées et leurs fiers beffrois, marcher dans le pas des géants, découvrir les vestiges des guerres mondiales, explorer les sous-sols de la région, ne faire qu’un avec une nature préservée, admirer la diversité du patrimoine architectural et culturel, savourer une typique gastronomie. Et tout ça, à moins de 30 minutes du musée ! Bonne lecture et belles découvertes. BÉTHUNE LENS ARRAS DOUAI LIllE LOUVRE-LENS

LA GRANDE GUERRE, DANS LE VISEUR DES … · 2015-11-19 · A l’aube de la Première Guerre mondiale en effet, Souchez et toutes les communes environnantes sont le cœur du conflit,

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mitrailleuses, mortier), on pénètre l’intimité des soldats à travers des objets personnels : un encrier, un nécessaire de toilette, une trousse de secours, un calepin, une bouteille de lait concentré, un porte-bonheur.Mais le quotidien le plus frappant, ce sont ces photos prises dans le feu de l’action. Elles happent le regard, forcent l’admiration et leur tragique beauté fait se serrer les gorges. On assiste en direct au « Dynamitage de l’église de Saint-Martin-sur-Cojeul », on épie des « Soldats à l’affût derrière une barricade » à Saint-Laurent Blangy, on accompagne des obusiers britanniques placés sous un filet de camouflage, on guette une « Colonne de soldats allemands dans les ruines de Bullecourt », on est aux premières loges quand passent les chars néo-zélandais à Grévillers, on contemple le cœur gros la « Vue générale des ruines de Lens dévastée. » Des photos valent mieux que de beaux discours.

numéro : 09|automne - hiver 2015 / 2016

Installé sur les hauteurs de Souchez, le nouveau Centre international d’histoire de la Première Guerre mondiale s’articule autour de chapelles qui constituent autant de chambres noires. Sur leurs murs, les photos d’époque ont été prises au plus fort du conflit par les soldats eux-mêmes. Le résultat est saisissant de vérité. Quatre cubes noirs de jais aux arêtes tranchantes comme des baïonnettes. Pas d’allées fleuries ou de musique d’ambiance qui maquillent la réalité. Juste du béton et de judicieux jeux de lumière naturelle. L’austérité du Centre international d’histoire de la Première Guerre mondiale est la volonté de Pierre-Louis Faloci. Autant architecte que scénographe, l’homme a souhaité harponner le visiteur par ce qu’il appelle lui-même une « esthétique de la menace. » Stratégiquement posé sur les hauteurs de Souchez tel un bunker aux aguets, l’inquiétant édifice tranche avec la douceur du paysage qui l’accueille. Histoire de nous rappeler qu’il y a cent ans, cette région précisément fut le théâtre d’une des pires tragédies que le monde contemporain ait jamais vécues.A l’aube de la Première Guerre mondiale en effet, Souchez et toutes les communes environnantes sont le cœur du conflit, pour ne pas dire son sulfureux épicentre. Ce nouveau lieu de mémoire est là pour nous le rappeler. Pour nous le raconter même. Mais pas de manière conventionnelle. Le discours du Centre international d’histoire de la Première Guerre mondiale repose en effet sur des photos prises par les soldats eux-mêmes, toutes nations confondues. Quatre-cents photos disséminées dans quatre chapelles.

Des photos loin des clichés

La visite, qu’on vous conseille chronologique, se découpe en sept secteurs. On passe d’une chapelle à l’autre tandis que le temps s’écoule. A l’entrée de chacune d’elle, une carte interactive rend compte des forces en présence sur la ligne de front Artois-Flandre française. Le célèbre « Verrou de Souchez  », situé entre les deux points hauts que sont la colline de Lorette et la crête de Vimy, est largement étudié. Au fil du périple, on découvre des armes d’époque (fusils,

a : centre international d’histoire de la première guerre mondiale, « lens’14-18, centre d’histoire guerre et paix », 102, rue pasteur – 62 153 souchez.

t : 03 21 74 83 15 renseignements sur : [email protected] /

www.tourisme-lenslievin.fr ouvert du mardi au dimanche, de 10 h à 17 h.

exposition quadrilingue (français, anglais, allemand, néerlandais). entrée gratuite / audioguide : 3 €.

page 2L’histoire écrite à la craie

page 5Les feux de Lamour

page 6GASTRONOMIE : Fleurs à croquer

© LAURENT ROSE @NAMASTE62 – MARIE ODILE DERANCOURT @ANNECAU62

LA GRANDE GUERRE, DANS LE VISEUR DES SOLDATS

À VOIR, À FAIRE, À DÉCOUVRIR

A 30 MN AUTOUR DU

LOUVRE-LENSTous les trésors ne sont pas enfouis à jamais. Escalader les terrils, admirer les places

pavées et leurs fiers beffrois, marcher dans le pas des géants, découvrir les vestiges des guerres mondiales, explorer les sous-sols de la région, ne faire qu’un avec une nature

préservée, admirer la diversité du patrimoine architectural et culturel, savourer une typique gastronomie. Et tout ça, à moins de 30 minutes du musée ! Bonne lecture et belles découvertes.

BÉTHUNE

LENS

ARRAS

DOUAI

LIllE

LOUVRE-LENS

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tomber dans le larmoyant, la visite dévoile encore d’autres facettes de la guerre : les lettres écrites par les soldats à leurs proches, l’endroit précis (au pied du pilier 5 E) où fut célébrée une cérémonie religieuse le dimanche précédant la bataille, les lits à trois étages ou un visage de femme réalisé au crayon mine que l’humidité n’est pas parvenue à effacer.

a : carrière wellington, mémorial de la bataille d’arras, rue arthur delétoille – 62 000 arras. t : 03 21 51 26 95. renseignements : [email protected] sur www.explorearras.com . ouvert tous les jours de 10 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 h. tarifs : 6,90 € / 3,20 €.

Onze degrés en permanence, un taux d’humidité de 80 % et une extrême promiscuité. Creusée à la pioche par les solides tunneliers néo-zélandais reconnaissables à leur chapeau en forme de presse-citron, la carrière Wellington a abrité jusqu’à 24 000 soldats du Commonwealth. Soit autant d’hommes que la ville d’Arras n’en comptait avant la guerre. Le 9 avril 1917 à 5 h 30 (heure anglaise), par un temps glacial, les Britanniques prennent par surprise les lignes allemandes situées à quelques encablures de la cache secrète. Cet assaut marque officiellement le début de la bataille d’Arras et prouve à quel point l’être humain est capable de se dépasser quand la situation l’exige.

DIRECTEUR DE PUBLICATION : Sophie Warot | DESIGN : Stefan Mihailov | Maquette : Stefan Mihailov | redaction : Joffrey Levaleux | CARTOGRAPHIE : Actual | Tirage: 10 000 exemplaires | crédits photos : www.rclens.fr | Cardete Huet Architectes & Atelier Ferret Architectures Aide-mémoire la vie des douaisiens © D.Langlet Ot Douai Aide-mémoire les cimetières militaires ©ITurpin Anneau de la mémoire ©J. Pouille @annecau62 (with @namaste62) © Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Angèle

L’HISTOIRE ÉCRITE À LA CRAIE

Une vie sous terre

La Carrière Wellington appartient à un vaste réseau de carrières reliées les unes aux autres par des tunnels à partir de novembre 1916. Située à une vingtaine de mètres sous terre, cette cache secrète est ouverte au public depuis 2008. La visite dure environ une heure. Plongé dans la quasi-pénombre, on déambule dans un dédale de craie en effectuant de courtes haltes sur des plates-formes. L’objectif est de montrer le quotidien des soldats britanniques, vidéos et photos à l’appui.On apprend que, même en temps de guerre, les Tommies se montrent fidèles à leur réputation. Les soldats britanniques ont l’estomac patriote comme le prouvent les boîtes de corned-beef et de thé retrouvées dans les galeries. Ils se satisfont de la promiscuité mais jamais sans leur peigne à moustache. Et ils conservent un sens de l’humour à toute épreuve en dessinant à même la roche un petit mammouth très préhistorique. Par ailleurs, les soldats Britanniques ont fait montre d’une redoutable efficacité dans l’adversité. Ils ont ainsi électrifié les tunnels en un délai record de six semaines. Sans jamais

Juste avant que la bataille d’Arras n’éclate, plus de 20 000 soldats du Commonwealth cohabitèrent vingt mètres sous terre dans les humides entrelacs de la Carrière Wellington. Cent ans plus tard, ces galeries de craie constituent un

témoignage unique de l ’histoire de la Première Guerre mondiale.

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3DIRECTEUR DE PUBLICATION : Sophie Warot | DESIGN : Stefan Mihailov | Maquette : Stefan Mihailov | redaction : Joffrey Levaleux | CARTOGRAPHIE : Actual | Tirage: 10 000 exemplaires | crédits photos : www.rclens.fr | Cardete Huet Architectes & Atelier Ferret Architectures Aide-mémoire la vie des douaisiens © D.Langlet Ot Douai Aide-mémoire les cimetières militaires ©ITurpin Anneau de la mémoire ©J. Pouille @annecau62 (with @namaste62) © Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Angèle

Dequier Apollon servi par les Nymphes, François Girardon © RMN-Grand Palais Château de Versailles-Gérard Blot 5

La recette n’a quasiment pas changé d’un iota depuis son élaboration. De l’argile, du sable, de l’eau et surtout « la maîtrise du feu. Tout notre savoir-faire repose sur la maîtrise du feu », insiste Frédéric Vandeneeckhoutte. A Waziers, la Briqueterie Lamour (15 000 tonnes/an, 30 % à l’export) incarne un savoir-faire régional que l’on retrouve un peu partout dans l’architecture. Des bâtiments publics aux ouvrages d’art en passant bien sûr par les innombrables maisons individuelles. Aujourd’hui, la brique peut même servir de support à certains produits dérivés comme en témoignent les portes-crayons, les porte-cartes ou encore les bougeoirs que l’on retrouvera sur les étals du Louvre-Lens à côté des livres, des bijoux et des autres produits dérivés ALL. L’ entreprise y voit là l’occasion de développer son esprit créatif en imaginant des objets, certes sans grand rapport avec son activité historique, « mais finalement très valorisant d’un point de

vue culturel », poursuit F. Vandeneeckhoutte. Lorsqu’il reprend la briqueterie Lamour en 2009, l’homme sait qu’il touche à un patrimoine quasi immortel. « Nos briques se retrouvent sur les remparts de Lille et du Quesnoy créés par Vauban. La plupart de ces édifices sont plusieurs fois centenaire. Alors oui, ça vieillit bien », note l’expert. Sa fragilité est ailleurs. La conception requiert de la rigueur, le travail au four une surveillance de tous les instants. « J’ai l’habitude de dire qu’ici, on évolue dans un musée vivant », souligne notre guide. Pas étonnant alors qu’on retrouve quelques briques au Louvre-Lens.

a : Briqueterie Lamour, 375, rue Faidherbe – 59 119 Waziers. t : 09 62 06 28 41

LES FEUX DE LAMOUR

Le feuilleton perdure depuis 1929. Quatre-vingt-cinq ans plus tard, la briqueterie

Lamour perpétue avec passion une tradition régionale. Et imagine des créations atypiques

(bougeoirs, porte-crayons…) en vente prochainement au

Louvre-Lens.

RACINES CLUB DE LENS

D’ici novembre, le stade Bollaert-Delelis aura officiellement achevé ses travaux de rénovation imposés par l ’Euro 2016. Mais aucun changement matériel ne pourrait modifier l ’histoire d’un

club enracinée depuis 1906.

C’est parce que les chiffres n’évoquent pas grand chose qu’on use de métaphores. Tenez par exemple, si on vous dit que la nouvelle structure métallique qui supporte les toitures du stade Bollaert-Delelis font 3700 tonnes, ça ne vous parle pas vraiment. En revanche, si on précise que ça équivaut au poids de quatre rames de TGV, on en mesure mieux le gigantisme. Comme pour nombre de chantiers, la rénovation du stade lensois pourrait se limiter à un glacial listing : immenses poteaux porteurs de 73 mètres de haut, 38 200 nouvelles places assises avec dossier - dont 1700 réservées aux visiteurs -, treize nouvelles friteries installées à l’intérieur, 3000 m² d’espaces cosy dédiés aux partenaires, une tour de sécurité rénovée, des accès billetterie désormais au pied de chaque tribune, etc.-etc. Mais l’essentiel est ailleurs. « On a changé Bollaert sans changer son âme », résume Damien Vanoise, directeur des opérations et de la sécurité.

L’humanité comme patrimoine

Ce n’est pas la première fois que le mythique stade à l’anglaise est sens dessus-dessous. Et il ne faut pas remonter bien loin. En 1998, trois des quatre tribunes sont remaniées. Neuf ans plus tard, à l’occasion de la Coupe du monde de rugby, des écrans géants sont posés, les grilles qui cernent l’aire de jeux abaissées. Les travaux se succèdent mais la mentalité demeure intacte depuis la création du stade le 18 juin 1933 . « Les travaux auront certes un impact positif sur la fluidité des mouvements, sur le confort lié à l’accueil des spectateurs et à la visibilité au sein du stade. Mais ici, on a le sentiment que l’humain l’emporte sur tout le reste », enchaîne D. Vanoise. Ce n’est pas un hasard si le Racing Club de Lens a vu le jour en 1906 au café Douterlungne. Une histoire d’amitié.

Ici la simplicité a toujours raison du faste. Les différents noms attribués aux tribunes témoignent de cette humilité. Delacourt ? Un membre fondateur du club des supporter. Trannin ? Un ex directeur sportif. Lepagnot ? Un ancien journaliste. Marek ? Un ancien joueur devenu entraîneur. Ici plus qu’ailleurs, l’Euro 2016 sera d’abord une question de ferveur populaire.

www.rclens.fr

 comme dans les stades anglais, à lens, les quatre hautes tribunes se font face. il n’y a pas de virage et de piste ogivale.

le stade félix bollaert a été construit par 180 mineurs au chômage reconvertis en maçons, charpentiers et terrassiers. un palliatif intelligent pour faire face à la crise des années 30.

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FLEURS À CROQUER

Au mitan de l ’automne, le safran se récolte. Y compris dans le Pas-de-Calais. A Auchel, la safranière des Collines de l ’Artois est une curiosité fragile laissée aux bons soins de Danièle Kabacinski. Rencontre avec une passionnée du Crocus sativus, l ’une des plantes les plus exigeantes qui soient.

Le spectacle vaut bien un coucher de soleil. Entre septembre et mi-novembre, les milliers de fleurs de crocus forment un somptueux tapis mauve. On pourrait rester là à le contempler mais le temps presse. Chaque bulbe de safran semé au plus fort de l’été a donné naissance à trois Crocus sativus. Cette année, Danièle Kabacinski en a planté pas moins de 130 000. Une première partie dans son propre jardin d’Auchel, une autre à dix minutes en voiture en amont. La plantation est un travail laborieux qui requiert autant de patience que d’effort. Mais le plus délicat est à venir. La récolte est en effet une véritable course contre la montre. La fenêtre de tir est extrêmement étroite : quinze jours, tout au plus. « Elle se fait à la main, idéalement aux premières heures de la journée quand les fleurs sont encore fermées, indique D. Kabacinski. Ensuite vient le temps de l’émondage1 puis celui du séchage sur claies pendant deux à trois jours. » Il faudra patienter encore un mois pour obtenir la pleine maturité.

Fragilité et délicatesse

Créée en 2009, la discrète safranière2 des Collines de l’Artois intrigue. Une mythologie enrobe cette épice. « On pense que le safran ne peut se cultiver que sous des climats de type

méditerranéen. C’est faux. En revanche, c’est une plante fragile qui n’aime ni le vent ni la grêle, qui craint les lapins et les petits rongeurs »», précise notre

guide. Et par-dessus tout, qui se manipule avec délicatesse. Chaque année, par petits groupes de dix personnes, le site se visite comme

un temple sacré. Rare donc onéreux, le safran de Danièle s’est d’abord retrouvé dans les cuisines des grands chefs de la

région parmi lesquels Marc Meurin (Busnes) et Clément Marot (Lille). Connu pour ses nombreuses vertus - le

safran est entre autres un antidouleur, un antidépresseur et un antioxydant – il se retrouve ici dans la composition de produits dérivés. Danièle réalise par exemple un sirop qui se marie avec un crémant, une gaufre ou une coupe de glace. Arguant que le safran « ne se réduit pas à la paëlla », notre hôte décline une gamme étonnante qui va des confitures à la madeleine, en passant par de la meringue. Les puristes peuvent se procurer du safran en stigmates dans des tubes de verre fermés par un bouchon de liège.

1 Extraction du pistil. L’émondage doit se faire sitôt la fleur cueillie.

2 La safranière est un terme qui désigne aussi bien le lieu que la personne qui récolte.

a : safran des collines d’artois, 96, rue du 11 novembre – 62 260 auchel.

t : 06 82 81 63 16 [email protected] / www.safrandescollinesdartois.com

retrouvez aussi les produits du safran des collines d’artois dans les offices de tourisme de béthune et de lens.

- 1 carotte blanche- 1 carotte pourpre- 1 avocat- 1 petit chou fleur- 3 radis noirs- 3 radis roses- 1 bouquet garni composé de cresson, de cerfeuil, de

ciboulette, d’une salade red chard et d’une salade roquette- vinaigrette au citron- vinaigre balsamique- coriandre, sel, poivre préparation

- Tailler les légumes très finement à la mandoline japonaise. Les déposer au fur et à mesure dans un récipient d’eau rempli de glaçons afin de conserver leur croquant.

- Eplucher et tailler le concombre et la mangue en petits cubes réguliers de 4 mm de côté. Réserver.

- Tailler le thon de manière à obtenir des rectangles. Les badigeonner de vinaigre balsamique.

- Mettre de l’huile d’olive dans une poêle. Une fois que celle-ci est bien chaude, y déposer les pavés de thon et colorer les quatre faces 20 secondes chacune.

- Laisser refroidir les pavés de thon puis les tailler en lamelles d’un centimètre d’épaisseur environ.

- Réaliser les purées de chou et d’avocat, les mettre dans des pipettes et réserver pour le dressage.

- Saupoudrer les légumes de coriandre, de poivre et d’un peu de fleur de sel.

-Assaisonner les légumes et le thon avec la vinaigrette au citron. Dresser.

deguster !

Par Loïc Constant, chef de la Maison Rouge.374 route nationale à Noeux-les-Mines.

Temps de préparation : 45 minutesTemps de cuisson : entre 4 et 8 minutes

ingrédients

- 4 pavés de thon rouge de 100 g. chacun- 1 concombre- 1 mangue- 1 carotte jaune

FLORALIE DE THON

 

AlL PAS.DE.CALAIS