La Grece Pendant La Grande Guerre -Elli Lemonidou

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POLITICS, MASS MEDIA AND FOREIGN POLICY

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  • Cahiers balkaniques41 (2013)Evliy elebi et l'Europe

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    Elli Lemonidou

    La Grce la Une pendant la GrandeGuerre................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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    Rfrence lectroniqueElli Lemonidou, La Grce la Une pendant la Grande Guerre, Cahiers balkaniques [En ligne], 41|2013, mis enligne le 19 mai 2013, consult le 16 mai 2014. URL: http://ceb.revues.org/3969; DOI: 10.4000/ceb.3969

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    Elli Lemonidou

    La Grce la Une pendant la GrandeGuerrePagination de ldition papier : p. 179-198

    1 Pour commencer, nous devons indiquer que la Grce constitue un sujet de proccupationintense pour la France de la Premire Guerre mondiale. Ltude dmontre que les dirigeantsfranais furent trs concerns et particulirement impliqus dans laffaire grecque, et quilen fut de mme pour la presse franaise, qui montra pour cette situation un intrt et unecuriosit extrmes. Sur ce point, les propos, dans ses mmoires, de Constantinos Zavitsianos,prsident du Parlement grec de 1912 octobre1915, sont rvlateurs: Aucune des puissancestrangres na peut-tre occup autant la presse franaise ce moment que la fait la Grce. Silstait agi dune Grande Puissance ou dune Puissance de lattitude de laquelle aurait dpendulissue de la guerre, on naurait pas crit plus. (Zavitsianos, 1946, 250).

    2 Quelle reprsentation de la Grce les Franais ont-ils pu se faire pendant la Grande Guerre, lalumire des renseignements qui leur taient dispenss? Quel systme dinformation les diversgouvernements franais ont-ils mis en place concernant les affaires grecques pour orienter leregard du public franais1?

    3 Pour discerner limage que lon se faisait alors de la Grce, ltude de la presse quotidienneet priodique franaise, constitue videmment la source premire. Il est remarquable quelimage que lopinion publique a pu percevoir de la Grce et des relations de ce pays avecla France apparaisse homogne au travers de journaux de tendances politiques varies. Lastratgie de cette propagande se rvla assez simple : dune part elle consista discrditerle roi de Grce, prsent comme un ardent germanophile, qui nhsitait pas recourir desactes anticonstitutionnels en vue de servir sa propre politique de neutralit. Dautre part, onchercha consolider la crdibilit dElefthrios Venizlos, qui, lui, luttait pour le progrs etla dmocratie politique dans son pays, tout en bnficiant de lappui de la majorit du peuple.

    4 Certes, il ne faut pas oublier que la presse ntait pas libre. ct des organismes militaireset civils qui, ds aot1914, furent crs pour servir la propagande, il y en eut dautres dont lafonction tait la censure, avec pour objectif de matriser le flux dinformations nationales ettrangres et docculter aux Franais certaines ralits de la guerre. Cest le bureau de presse,cr au sein du ministre de la Guerre, qui fut charg de cette censure. Toute la productioncrite, iconographique et orale tait passe au crible de ce bureau dont le systme, constammentperfectionn par les autorits franaises, se rvla trs efficace (Forcade, 1998). Quant auxaffaires hellniques, la censure avait pour rle de dissimuler ce qui desservait la propagandeofficielle franaise. Elle intervint pour interdire les commentaires qui suggraient une pressionquelconque de la part de lEntente sur la Grce afin de lobliger entrer en guerre, et pourbloquer en gnral toute information sur la manire forte employe par les Allis, susceptiblede ternir leur image auprs de lopinion internationale2.

    5 Dans le prsent article, nous comptons examiner de manire chronologique la production de lapresse franaise sur les affaires hellniques, afin dobserver le contenu et la ligne idologiquede linformation fournie en France concernant la Grce pendant la Premire Guerre mondialeet de comprendre la faon dont cette information a pu influencer les masses et lopinionpubliques franaises.

    Octobre 1915-septembre 1916: la presse franaise contre laGrce royaliste3

    6 Durant les premiers mois de la guerre, la Grce ne fut pas au centre de lintrt du public ni dugouvernement franais, qui avait dautres proccupations beaucoup plus urgentes (la bataillede la Marne, le sjour du gouvernement Bordeaux, les problmes darmement et dalliances,etc.). De la mme manire, les journaux franais qui mentionnaient la Grce, uniquement dans

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    les quelques articles qui analysaient la question balkanique, nannonaient en rien ceux desannes suivantes qui ont consacr rgulirement des colonnes entires de leurs premires pages laffaire grecque.

    7 Lintrt pour la Grce est devenu particulirement soutenu aprs le dbarquement des troupesallies Salonique, le 5octobre1915, et la suite de la deuxime dmission de Venizlos,le mme jour, face au refus du roi de donner son accord la participation de son pays auxoprations allies. Cette dmission a t accueillie avec beaucoup dmotion en France, et ellea t prsente la Une des journaux comme un coup dtat du roi, ou comme un actede rvolte contre le Parlement et la nation4. Cest dailleurs ce moment que limage de laGrce bascula: le pays apparut alors comme tratre vis--vis non seulement de ses voisins,notamment des Serbes5, mais aussi lgard de la cause de lEntente. Dans ce sens, GustaveHerv crivait dans son ditorial de La Guerre sociale du 8octobre6:

    Ce nest pas nous qui violons la nation grecque en dbarquant Salonique; cest le roi Constantin,beau-frre du kaiser, qui violente la nation la tte de laquelle la France, lAngleterre et la Russielont plac, en lempchant de tenir la parole quelle a donne aux Serbes. [] Si nous ntionspas des poules mouilles, et si nous aimions vraiment le peuple grec, violent par son roi, vingt-quatre heures aprs le coup dtat du roi Constantin contre le Parlement de la nation grecque, lesflottes allies seraient arrives au Pire et les ambassadeurs de la Quadruple-Entente auraient tenuau beau-frre de lempereur Guillaume ce discours dpouill dartifices: Monsieur, si dans lesvingt-quatre heures vous navez pas rendu la libert votre peuple, si dans vingt-quatre heuresVenizlos na pas repris le pouvoir avec mission de tenir la parole donne aux Serbes, nous vousrenvoyons Berlin, vous et votre gracieuse pouse!.

    8 Tout au long des mois qui suivirent, la presse franaise sentit quil tait de son devoirde sensibiliser lopinion publique, ce quelle fit en critiquant violemment la politique deConstantin et des ministres royalistes qui ont succd Venizlos et qui condamnaient, disait-elle, la Grce une dchance certaine. Lavenir de lhellnisme tait dsormais compromis.Une neutralit grecque trop prolonge aurait pour rsultat ltablissement de lhgmoniebulgare dans les Balkans. Les pires scnarios furent envisags: une victoire bulgare ramneraitla Grce aux limites quelle avait avant 1912 et compromettrait jamais ses espranceseuropennes! De plus, la victoire turque lui ferait perdre les les, et supprimerait les dernireschances daffranchissement de lhellnisme asiatique. La non-participation la guerre seraitsans doute le suicide de la Grce... tout plaidait en faveur de la participation du pays la guerre7.

    9 Le nouveau cabinet dAlexandre Zamis, qui succda Venizlos aprs sa dmission a tcondamn avant mme davoir pu se dfendre8. Et lorsque, le 4novembre, la suite dunvote de la Chambre sur la politique gnrale, Zamis dmissionna et que le roi Constantin, aulieu dappeler Venizlos, offrit le pouvoir Stphanos Scouloudis, les publications devinrentencore plus virulentes lgard du roi et de son nouveau Premier ministre. Elles cherchrent convaincre leur public que la Rpublique avait dsormais en Grce des ennemis abattre. Lesdclarations de Scouloudis sur le dsarmement des soldats serbes ou allis du front dOrient,dans lhypothse o ils pntreraient sur le sol grec, ntaient pas faites pour arranger leschoses. Elles provoqurent une exacerbation importante dans la presse et parmi les Franais,puisquon comprit que les troupes franaises et anglaises couraient de grands risques. Cestpourquoi on recommandait la manire forte, trs forte contre Athnes9 et on menaaitouvertement le roi dune vengeance des Allis, matres de la mer, sil prenait une initiativequelconque contre les Serbes: il pourrait ne plus rester pierre sur pierre Athnes, et si noscanons respectent lAcropole, ils se rattraperaient sur le palais emboch du roi10.

    10 Devant cette hostilit de la presse franaise, Athos Romanos, ministre grec en France, eutsouvent recours son influence sur Le Temps qui bnficiait dun abonnement annuel delambassade de Grce et dune subvention. En change de cette manne, il devait adopter uneattitude conciliante en faveur de la Grce, se trouvant souvent dans la ncessit de publierdes articles favorables pour ce pays, des communiqus ou des dmentis envoys dAthnes11.Le journal recevait aussi des tlgrammes gratuits de la Grce, partageant ce privilge aveclagence des Balkans, lAgence dAthnes et Le Journal des Balkans Bucarest12.

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    11 Il y a cependant tout lieu de supposer que Le Temps ntait pas le seul journal subventionn parle gouvernement grec. Dj, en 1914, une Commission de Presse avait t cre la lgationgrecque de Paris, dont furent membres Romanos, Nicolaos Politis et Antoine Vlastos. Cettecommission avait pour tche de grer largent mis sa disposition par le ministre des Affairestrangres grec pour la presse: abonnements annuels aux journaux franais, dpenses pour lesagences dinformations et autres. En dcembre1914, Romanos demanda la mise dispositiondun budget de 175000francs pour la Commission de Presse pour lanne1915, dont unesomme gale 25000francs environ serait consacre pour des actions imprvues auprsde la presse. Le budget fut approuv par Venizlos. Finalement la somme octroye se montera 36000francs, pays par linstitution de crdit du nom de crdit Chrif Pacha13. LorsqueVenizlos quitta le pouvoir, Scouloudis continua envoyer 36000 francs la Commission depresse, bien que plusieurs fois il ait demand sa suppression14.

    12 Nanmoins, ces subventions ne suffirent pas supprimer les attaques contre le roi etScouloudis. Fin mai1916, quand les Bulgares occuprent le fort Rupel, les journaux franaisretrouvrent leur ton virulent pour parler de la Grce. Supervise par les officiers allemands, laretraite de la garnison grecque du fort stait effectue sans combats, dans les dlais imposspar les Bulgares. Lincident fut dcrit dans tous ses dtails par la presse franaise, qui sindignade cette nouvelle trahison grecque. Le verdict fut vite prononc: cette volution tait lersultat de lentente du cabinet Scouloudis avec lennemi hrditaire15. La Grce suivait sadestine: la Macdoine tait aux mains des Bulgares qui en avaient t honteusement chasssnagure par larme victorieuse de Constantin, Kavala menace, Serrs occupe ou sur le pointde ltre. Tel tait le bilan de la politique suivie pendant des mois par les dirigeants grecs etle pays pouvait voir, comme Stephen Pichon lcrivait dans le Petit Journal le 30mai1916,ce que lui cotaient la foi de son roi en la puissance allemande et le refus dcouter la voixde son grand homme dtat, Venizlos.

    13 De plus, considrant que cette situation entranait de graves dangers pour larme allie Salonique, les publicistes franais paraissaient indigns et demandaient des garanties pour lascurit de leurs soldats16. Mme Luvre, qui avait pourtant beaucoup critiqu lexpdition Salonique dans le pass, tait maintenant daccord: Quon en finisse Athnes tait letitre de larticle dHenri Pozzi du 19juin, (p.2, col.3), expliquant que Souverain, ministres,officiers de cour, germanophiles de tout rang et de tout poil, tous ces gens qui nous hassentet dont nous lsons les intrts les plus chers ne sinclineront que devant la force, et ils ne leferont sans lutte que si nous ne leur en laissons pas le temps Finissons-en.

    14 Or, fin juillet 1916, les Bulgares attaqurent la Macdoine centrale. Les troupes grecquesse replirent dans le triangle form par Serrs, Drama et Kavala, laissant le champ libre lennemi. Dans les journaux parisiens, on dcrivit les scnes violentes de pillage qui eurentlieu, illustres par des tmoignages insoutenables de victimes et de rfugis. Un mois plustard, lagression arme avait atteint la Macdoine orientale. Cette vision de la Grce envahiepar ses ennemis du pass et traite comme un pays conquis tait intolrable aux publicistesqui, comme le public franais, saffligrent de cette situation et invitaient leur gouvernement prendre des mesures dcisives (Herbillon, 1930, 333).

    15 Influencs par le ton des journaux locaux, les Franais de Marseille se montrrent hostilesenvers les citoyens grecs de la ville. Les Grecs purent mesurer le changement progressifdattitude leur gard. Ils dpendaient de la France par leur tablissement chez elle, etdpendaient de la flotte allie par les profits quils tiraient du trafic maritime. Leurs angoissessexprimaient dans les lettres envoyes leurs proches : Nous ne savons pas si legouvernement franais nous laissera demeurer tranquillement sur son territoire ou sil nousexpdiera comme cest son droit, crivait un Grec de Marseille, le 5juin191617. Le 27, lacensure intervint et une consigne gnrale fut envoye la Commission de contrle de pressede Marseille, en vue dinterdire dans les journaux locaux les attaques contre la communautgrecque18. Pierre de Margerie, directeur politique du Quai dOrsay, la demande insistantede Romanos, intervint galement en envoyant une lettre au ministre franais de la Guerre:La censure franaise se trouve frquemment oblige darrter leur arrive des tlgrammesexpdis par des correspondants de presse Salonique en raison du ton violent, voire injurieux

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    quils affectent lgard de la Grce et du roi Constantin. Quels quaient pu tre nos griefscontre le gouvernement grec et contre le roi lui-mme, nous ne pouvons laisser publier enFrance des commentaires de nature indisposer contre nous-mmes la partie de lopiniongrecque qui nous est favorable. Il y a l une question de courtoisie internationale et de tact enmme temps que de convenance politique19.

    16 Les relations diplomatiques franco-grecques ne faisant quempirer, il fut dcid de ne pluslaisser aucune chance la Grce royaliste. Cest pour cette raison que le cabinet royaliste deNicolas Calogropoulos, qui entra en fonction le 16septembre, connut lhostilit et le rejetde la presse franaise ds ses dbuts20. Lappel au pouvoir de Venizlos paraissait lopinionfranaise le seul moyen de dissiper la mfiance que lattitude de Constantin avait fait natredurant les mois prcdents. On commena aussi voquer le retour de Vnizlos au pouvoiret lintervention grecque aux cts des Allis, ainsi le Bulletin du jour dans Le Temps du5septembre1916. Or, le 26septembre, Venizlos embarquait pour la Crte, o il manifestason intention daller Salonique constituer un gouvernement provisoire.

    Linformation en France sur la Grce divise17 Ds linstant o il se produisit, la presse franaise, unanime, se flicita de lclatement du

    mouvement national de Salonique, prsentant cet vnement comme le seul capable de sauverla Grce de la dchance imminente laquelle ses gouvernants lavaient condamne. Lanouvelle Grce sorganise. Cest vers Salonique un afflux imptueux de toutes les forces vivesque possde encore la nation annonait en titre larticle de lExcelsior du 29septembre (p.3,col.2, 3). Le grand Crtois a fait le grand geste soulignait Le Petit Journal du 29septembre(p.1, col.3), et il ajoutait: Attendons larrive du chef du parti libral; peut-tre son entreen scne permettra au peuple grec de sauver du naufrage ce qui nest pas perdu sans retour.

    18 lunanimit les journaux proclamrent quenfin il tait temps pour Venizlos dagir : laGrce tait voue par ses gouvernants une dchance certaine ; la perte du fort Rupel,loccupation de la plus grande partie de la Macdoine grecque, avaient conduit la situation un tel point que lexistence mme du pays tait compromise. Venizlos ne pouvant plussupporter que cette situation sternise, avait accept de rpondre lappel du peuple. Sonnouveau gouvernement navait quun seul but: ne plus laisser le Bulgare, lennemi hrditaire,ravager la Grce. Il ntait aucunement dirig contre le roi ou sa dynastie; Venizlos lavaitdclar avant son dpart dAthnes. Cest pourquoi, dailleurs, ctait tort quon qualifiait lemouvement nouvellement n de rvolutionnaire puisquil ntait dirig en effet que contreles ennemis du dehors, et quil ne cherchait point tirer vengeance de ceux qui taient lesauteurs du dsordre qui rgnait en Grce21. Il sagissait dun vritable soulvement nationalet dun soulvement qui ne se produisait contre aucune autorit tablie, cherchant seulement dfendre la patrie menace22.

    19 Dans ce climat deuphorie gnrale, certaines feuilles prouvrent pourtant le besoindliminer tout soupon concernant une implication ventuelle des Allis dans lvolution desvnements en Grce. Ce fut le cas du Figaro qui certifia que les ministres de lEntente Athnes assistaient ces dramatiques vnements en simples spectateurs, sachant bienquils navaient pas intervenir dans les dveloppements de la politique intrieure de la Grce,ou du Temps qui prcisait que les Allis en suivent les dveloppements avec une sympathiequexplique leur ancienne et traditionnelle amiti pour la Grce. Mais puisque lHellade semontre rsolue saider elle-mme, ils nont pas intervenir dans ce mouvement, qui restepurement national23.

    20 Cependant, les premires manifestations de joie nont pas empch que lon se post desquestions : que ferait Constantin ? Comment ragirait-il ? Quelle attitude adopteraient lesAllis son gard?

    21 Daprs les journaux parisiens, le roi de Grce devait choisir entre la rupture avec la Bulgarieou une diminution de son autorit qui quivaudrait la dchance; en effet, se cantonner pluslongtemps dans une neutralit malveillante vis--vis des Allis, surtout aprs linterventionroumaine et le succs de loffensive du gnral Sarrailh, commandant de larme dOrient,serait nettement servir la cause bulgare. Dailleurs, la situation intrieure de la Grce tait

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    devenue particulirement prcaire : le cabinet Calogropoulos, priv de relations normalesavec lEntente, ne jouissait daucune influence, les ligues de rservistes formaient un tat dansltat, faisant rgner lanarchie dans le pays24; il ny ait jamais eu gchis suprieur celuide la Grce, crivait Pichon le 6octobre dans lditorial du Petit Journal.

    22 On attaqua encore plus svrement Constantin quand, aprs la dmission de Calogropoulos,le 4octobre, il choisit dappeler au pouvoir Spyridon Lambros et non pas Venizlos25. Lambrosdevint lobjet dattaques violentes cause de son ge avanc, de ses attaches avec les Empirescentraux, de son mtier dhistorien, de la composition de son ministre qui comprenait aussidautres universitaires: La formation du nouveau cabinet ressemble un conseil de rvision rebours o lon choisirait, non les plus vigoureux et les plus capables, mais les plus dbiles,moralement et physiquement ironisait Le Matin du 8octobre (p.1, col.3). Les Allis avaientcompris que les ministres qui se succdaient les uns aprs les autres navaient pour but quede gagner du temps et duser leur patience. leurs yeux lheure des dcisions tait arrive,ils devaient donc prendre la situation en mains et passer laction, ne plus laisser les amis delAllemagne en Grce nuire ceux qui la Grce devait dailleurs son existence26.

    23 Ce ton violent des journaux russit exciter le public franais, auprs duquel la Grcejouissait alors dune rputation nettement dfavorable. Mme les relations commercialesfranco-grecques subirent le contrecoup de cette situation. Ds septembre1916, les industrielsen France commencrent refuser de nouer des relations avec les commerants grecs, tant queleur pays naurait pas adopt une attitude nettement favorable lEntente: Vous ne trouverezpas tonnant quen raison de lattitude inamicale du souverain qui prside aux destines devotre pays, nous nayons nullement lintention de traiter des affaires avec la Grce crivaientle 16septembre les Rizeries indochinoises un commerant du Pire. Quelques jours plustard, un Franais de Lyon crivait un marchand dAthnes: Nous prfrons vous dire trsfranchement quil nous dplat de faire nimporte quoi avec un gouvernement dont lattitudeactuelle est si quivoque et si contraire aux traditions de votre pays27. Le public franais, deplus en plus favorable au gouvernement de Salonique, se montrait dcid ne plus permettre son gouvernement de mnager le roi Constantin.

    24 Lhostilit contre la Grce royale atteignit son point culminant aprs les vnements des 1er

    et 2dcembre1916 Athnes28. On qualifia lvnement de guet-apensdAthnes, et destitres mouvants ont t trouvs pour rendre compte de la situation: Le sang franais coule Athnes; on parlait de lagression dAthnes ou des Vpres athniennes29. Le Tempsdu 8dcembre crivait (p.2, col.2): Les scnes auxquelles nous assistmes hier Athnes,rappellent les rcits historiques que nous avons lus de lextermination des huguenots Paris,le jour de la Saint-Barthlemy. Constantin fut dsign comme le premier responsable dumassacre des marins franais et les journaux, nouveau unanimes, rclamaient grands crisune action nergique contre ce roi flon, et la punition exemplaire de ce boche. Ilstaient tous lavis quune leon devait tre donne aux coupables, et clamaient avec vigueur:Frappons seulement les coupables, mais frappons-les bien, comme on lisait dans LeJournal des Dbats du 8dcembre (p.902). La trahison de Constantin saggravait encore dufait quil sagissait dun acte prmdit: Que le coup ait t prpar, voulu, concert,point de doute crivait Le Petit Parisiendu 3 dcembre (p.1, col.2).

    25 Les journaux, nouveau unanimes, conseillaient tous de donner une leon aux coupables quiavaient beaucoup, et depuis longtemps, profit de lexcs de confiance et de mansutude desAllis; aussi ntait-il plus question pour ces derniers de se fier un gouvernement grec quintait pas absolument subordonn leurs volonts. Ils devaient enfin se dcider prendre lesaffaires hellniques en mains30. Le Petit Parisien du 4dcembre1916 (p.1, col.4) expliquaitaussi quayant pris dlibrment position contre lEntente, Constantin devait sattendre subirles consquences de son attitude : Le roi des Hellnes qui nous a marqu son hostilitdans une journe qui rappelle en petit les fameuses Vpres siciliennes ne saurait tre surprissi nous lui montrons dune manire prcise notre mcontentement; cest notre srnit quiltonnerait. Il y a toujours une heure o les fortes dcisions simposent. La voici. Enfin,Le Journal des Dbats du 8dcembre (p.902), clamait avec vigueur: Frappons seulement

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    les coupables, mais frappons-les bien. Au nombre de ces coupables, et le premier de tous, est leroi Constantin. Les Allis seraient, dit-on, rsolus donner laffaire une solution radicale

    26 La nouvelle dune mobilisation imminente grecque, rpandue par les feuilles quotidiennes dsle 10dcembre, amena les journalistes franais hausser encore le ton: Chtier Constantin!Il mobilise contre nous , tel fut le titre sans nuances de larticle de Lcho de Paris du10dcembre (p.1, col.3 et4), et, le mme jour, Le Matin (p.1, col.6) crivait que la menace duflanc de larme dOrient tait devenue une ralit; il ne fallait plus compter sur les assurancesdonnes par le roi de Grce qui ne seraient pas plus tenues que ses promesses antrieures. Ledevoir de lEntente tait dsormais tout trac reconnaissons officiellement le gouvernementnational notre ami et notre alli; infligeons lautre, celui qui est lagent du kaiser, la svrecorrection quexige le double souci de notre honneur et de notre scurit soutenait LouisMarcellin dans La Libert du 11dcembre1916 (p.1, col.3, 4).

    27 Le public franais, particulirement excit sous leffet de ces publications, ne pouvaitcomprendre ni accepter le fait quaucune rparation net t obtenue pour les marins franais,et que loin de recourir la force, on continue ngocier avec Constantin31. Les lettres desFranais, qui taient interceptes par le contrle postal de Marseille, confirment ce sentiment:Pourquoi ergotons-nous encore devant les tombes de nos marins assassins?Comment sefait-il que le roitelet de Grce le prenne de si haut avec nous? demandait un correspondantde Paris, le 7 janvier, tandis quun autre crivait le 13 : Que nos gouvernants prennentgarde[...]lopinion publique ne leur pardonnerait pas une nouvelle erreur de ce genre32. Lamme excitation gagna les soldats franais du front occidental, qui, aprs les vnements dedcembre Athnes, traitaient le roi de Grce de tratre sa parole et accusaient la Grcede sa politique sournoise, la considrant dsormais comme un nouvel ennemi (Cochet,1986, 431-432).

    28 Nanmoins, aprs la mi-janvier1917, dans les lettres des Franais civils ou militaires, et surtoutdans les journaux, les passages relatifs la question grecque commencrent se faire de plus enplus rares. Lintrt port ce pays dcroissait, lespoir et linquitude petit petit disparurent.Plus prcisment, la presse franaise, soumise une censure vigoureuse, fut oblige de cesserses attaques contre le roi de Grce, mais aussi de sabstenir de tout commentaire favorable augouvernement de Venizlos. Ce changement tait d dun ct au fait que le gouvernementdAristide Briand, ayant dcid dentamer des ngociations avec Constantin, jugeait prudentdviter les tensions, de lautre, lattitude de lItalie qui, durant la confrence de Rome,avait bien mis en vidence quelle ne pourrait pas supporter une grande Grce ou un puissantVenizlos.

    29 Au dbut, lopinion publique franaise supporta trs mal cette nouvelle position ; lescollaborateurs de Venizlos, depuis Paris, le rapportaient Salonique: le public, les hommespolitiques et les journalistes ne cachaient pas leur colre33. Or, trs vite, ils finirent paradopter une attitude dindiffrence, parce quils en vinrent penser quil fallait ne dfendreque les seuls intrts franais et moins sintresser aux intrts de la Grce dont le peuplegrec seul avait la responsabilit. Dailleurs, durant la priode suivante, lattention desFranais fut absorbe par des questions graves, qui exigeaient une solution urgente : lesproblmes de ravitaillement en France, loffensive gnrale des armes allies projete pourle printemps1917, la rvolution russe et la perspective de lentre des tats-Unis en guerre(Renouvin, 1970, 313-315). Face ces questions, laffaire grecque devenait aux yeux desFranais une affaire petite et secondaire , systmatiquement carte des discussions(Petsalis-Diomidis, 1988, 224). Et cest seulement la fin mars1917 qu la faveur dunesrie de conjonctures nouvelles, la presse franaise cessa de se taire pour faire sa place unecampagne pro-venizliste.

    Le tournant de mars 1917: la presse franaise au servicedu venizlisme

    30 La politique de Briand en ce qui concerne laffaire hellnique, fut en grande partie la causede sa chute. Ses partisans laccusrent dune attitude faible et quivoque lgard du roi deGrce qui aurait fait du tort la dignit franaise. Cest pourquoi, aprs sa dmission, lopinion

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    et la presse franaise demandrent unanimement que, sur ce point, lon changet de conduitepolitique. Pour Alexandre Ribot, qui arriva au pouvoir le 20mars1917, laffaire grecque acquitdonc une importance primordiale. Le nouveau Prsident du conseil avait dessein dadopter unetactique diffrente, pour obtenir des rsultats diffrents; pour atteindre son but, il paraissaitprt recourir mme des mesures radicales, en vue de faire russir ses plans et demporterlapprobation de lopinion publique (Cambon,1946, 167).

    31 Cette priptie qui se jouait sur la scne politique franaise, combine une nouvelleconjoncture dfavorable labsolutisme en Grce et favorable au contraire au venizlismelintervention amricaine et la rvolution russe, les oprations heureuses de lEntente avec lerecul des Allemands firent que les journaux franais tmoignrent dun renouveau dintrtpour les affaires grecques, tout en adoptant une attitude nouvelle, dont les premiers signesfurent laccentuation de la svrit contre Constantin et en mme temps le relchementconsidrable de la censure, qui permit dornavant quon exprimt ses griefs contre le roi deGrce34.

    32 Ainsi, quelques jours peine aprs linvestiture de Ribot, les journaux commencrent publierdes informations sur la rvolte dans les les de Zante, Cphalonie, Skiathos ou Crigo, contre latyrannie de Constantin et ladhsion de ces les au mouvement librateur de Salonique(Cosmin, 1969, 352). Le Temps du 30mars dans son Bulletin du jour intitul: Le paradoxegrec, lana une attaque pleine daigreur contre Constantin, mais aussi contre la politiqueallie qui lui avait permis de rester le matre du jeu, malgr toutes ses trahisons: jusquici,on a tout fait pour livrer la Grce son roi allemand. On a mme maintenu de force sous sonautorit ceux de ses sujets qui en taient las. Voil le paradoxe malheureusement renforc parune longue politique laquelle il serait dsirable que, daccord avec nos allis, M.Ribot ptmettre fin..

    33 Le 11avril, Le Temps revenait la charge dans son Bulletin du jour pour publier larticledAndr Tardieu Le dossier du roi de Grce. Daprs Pierre Mtaxas, charg daffairesde la lgation grecque Paris35, cette publication dpassait en violence et en mauvaise foitout ce que le journal avait crit jusqualors contre le gouvernement dAthnes36. En fait,larticle qui avait t coup en entier par la censure, mais linterdiction navait pas tapplique37 soutenait que puisque la censure laissait dornavant la libert de sexprimer,loccasion paraissait bonne pour passer en revue une srie de faits qui prouvaient que lattitudedu roi de Grce et de ses ministres navait jamais cess dtre hostile lgard de lEntente.Ainsi, on accusa Constantin davoir gard contact avec Berlin ds les dbuts de la guerregrce au tlgraphe sans fil du palais royal, davoir t le responsable des vnements dedcembre1916, et davoir prpar subrepticement, et avec le concours de lattach militaireallemand, la mobilisation grecque dans le but de faciliter une attaque brusque sur les arriresde larme dOrient.

    34 Pour le roi et la cour de Grce, cet article avait une signification particulire: il constituaitle premier tmoignage de la nouvelle orientation de la politique franaise sous Ribot, et ilavait pour objectif de justifier lavance une intervention prochaine des Allis en Grce; cestpourquoi il provoqua une motion extrme. Le 24avril, Eugne Zalocostas, ministre grec desAffaires trangres, envoya aux lgations grecques en Europe et aux tats-Unis une noticemanant du marchalat de la cour royale, dans laquelle le roi dmentaitcatgoriquement lespropos qui lui avaient t attribus dans larticle du Temps

    38

    .35 Mais le signal avait t donn et ces dmarches ne purent aucunement arrter llan des

    journalistes en France. Le 19avril Lcho de Paris publiait (p.2, col.3) un article intitul Le crpuscule du Roi Constantin , qui se concluait ainsi : La propagande contre ladynastie stend de plus en plus dans le monde hellnique et lon voit augmenter dune maniresignificative le nombre des personnes qui rclament un rgime rpublicain. Le lendemain,dans le mme journal, larticle de Jean Herbette (p.1, col.5) portait ce titre significatif: Faitesla Rpublique, Venizlos!; il se terminait par la phrase suivante: Vous voulez refaire laGrce, Venizlos? Faites la Rpublique.

    36 Fin avril, on commena voquer un dpart du roi de Grce. Le 29, tous les journaux franaisreproduisaient des extraits dun article paru dans le Journal de Genve daprs lequel le roi

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    aurait song abdiquer le jour de la Saint-Georges au profit du prince hritier, lequel feraitappel Venizlos pour rtablir lunion du royaume39. Pierre Mtaxas sentit alors le besoin deprvenir son gouvernement sur les dangers de cette nouvelle situation40:

    Je considrerais comme une omission du devoir si en ce moment je passais sous silence le faitque la mfiance et la dsapprobation contre la Grce officielle sont arrives en France unpoint et une limite dangereux et que par consquent la situation o en sont prsentement nosaffaires est on ne peut plus cruciale. partir des divers tlgrammes et documents, lambassadedu gouvernement royal a pris connaissance du langage que la presse franaise utilise notre sujetet auquel la censure nimpose aucune mesure. Cette attitude de la presse, aussi partiale et injustequelle puisse tre, nen forme pas moins une opinion publique qui nous est hostile, exploite parceux qui ont un intrt contraire au ntre.

    37 mesure que les rapports entre lEntente et la Grce royale se tendaient, la vive contraritdes royalistes rpondait la joie croissante des venizlistes de France. Athanassios Politis,attach la lgation venizliste de Paris, crivait le 21avril: Au point de vue de notre cause,les affaires vont aussi bien. La Russie nest plus notre ennemi et en France, la censure surles affaires grecque est supprime. La presse dailleurs attaque violemment le roi Constantin;et mme Herbette hier dans lcho de Paris, a publi en premire page un article trs fortsur la Grce, dans lequel il dit entre autres : Faites la Rpublique, Venizlos!41. Unautre venizliste de Marseille, tmoignait du mme optimisme: La presse franaise et lapresse anglaise ont heureusement chang de ton ces derniers temps. On attaque maintenantConstantin ouvertement et on rclame un plus grand appui des Allis en faveur de Venizloset il serait temps que cela se ft. Clemenceau et Le Temps sont surtout trs ardents dans leurcampagne anti-constantinienne et pro-venizliste, et avec le ministre Ribot nous esprons quelon arrivera une solution, mais une solution radicale.42. En mme temps, CharalambosSimopoulos, charg daffaires grec Londres, transmettait Venizlos limpression quilretirait de la lecture des principaux journaux franais et britanniques: il est permis de tirerla conclusion quune action immdiate, qui porterait une solution dfinitive la questionhellnique par le moyen de lintervention directe des puissances, est imminente (PetsalisDiomidis, 1988, 276).

    38 En effet, la solution la question hellnique fut donne lors des deux confrences interalliesde mai 1917, la confrence de Paris, les 4et 5mai, et celle de Londres, les 28et 29mai,durant lesquelles les Allis dcidrent denvoyer Charles Jonnart en Grce, en qualit de haut-commissaire, pour provoquer la dposition de Constantin, finalement ralise le 12juin. Dsque la presse franaise apprit la vraie raison de la mission de Jonnart en Grce ainsi quele consentement de Constantin lultimatum qui lui avait t adress et qui entranait sadposition, unanime, elle se flicita de cette volution: labcs grec vient enfin dtre crevcrivait lHumanit du 13juin (p.1, col.3), qui ajoutait: Il a fallu faire comprendre au beau-frre de GuillaumeII que la politique datermoiements et de subterfuges employe jusquicine pouvait plus continuer et quil fallait ou jouer franc-jeu ou sen aller.

    39 Il sagissait dune victoire morale pour les allis, comme Le Petit Parisien le proclamait lelendemain, 13juin (p.1, col.2), avant de justifier cette expression: Dabord parce quils (lesAllis) dpossdent un monarque qui avait us vis--vis deux de duplicit et de flonie et quiavait essay de nous poignarder dans le dos; ensuite parce que laffaire a t suprieurementprpare par le gnral Sarrailh et que laccumulation mme des moyens a conjur toutecollision sanglante; en troisime lieu, parce que le roi dchu tait le beau-frre du kaiser etque son abdication constitue une grave humiliation pour ce dernier.

    40 Daprs Marcellin dans La Libert du 13 (p.1, col.6): Le rve dune Grce germaniquea pris fin; une re nouvelle souvre, pleine de promesses. Cest une grave dfaite pour nosennemis. Le lendemain, Le Temps crivait dans son Bulletin du jour : La dominationallemande est termine en Grce. Lassassinat des marins franais est veng. Notre pays seflicite de ces rsultats. Il en sait gr son gouvernement, qui a fait respecter les droits dunpeuple opprim et lhonneur du drapeau national. On na pas besoin de justifier la chute deConstantin. Il a pris soin de la justifier lui-mme, prenant plus de deux ans, en talant commedes bravades toutes ses illgalits et toutes ses trahisons.

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    41 Il est pourtant signaler la raction quelque peu divergente de plusieurs journalistes, qui aulieu de clbrer sans rserve le dnouement de laffaire grecque, se crurent obligs de justifierlaction entreprise. Ils se mirent donc expliquer les motifs des Allis concernant labdicationforce de Constantin. Ainsi, le Petit Journal consacra un long dveloppement ce sujet dansson dition du 1juin (p.1, col.1) do nous tirons lextrait suivant:

    42 Les Grecs se rendent compte que les mobiles qui ont fait agir les puissances protectricesnont rien dintress. Nos rsolutions taient, en effet, strictement conformes aux droits quenous tenons des traits. Elles ne constituaient aucune atteinte la neutralit grecque, maisrpondaient nos obligations de puissances garantes de la libert constitutionnelle dans leroyaume. Elles sinspiraient, en mme temps, du souci dassurer la scurit de notre arme deSalonique, dempcher le retour de faits tels que ceux qui ont risqu de la compromettre, et dechtier les criminels qui en ont la responsabilit, si haut placs quils puissent tre.

    43 De la mme manire, Jacques Bainville prcisait dans LExcelsior le 13juin1917 (p.2, col.1,2) quil ny avait aucun abus de pouvoir dans lopration que le haut-commissaire des troispuissances venait de mener bien. Il ny avait que lexercice dun droit lgitime et consacr.La lgalit se trouvait donc rtablie Athnes et le devoir de la rtablir stait impos la France, lAngleterre et la Russie, garantes dune Constitution que le roi Constantinnobservait plus.

    44 On jugea galement ncessaire dvoquer plus prcisment la question du dsintressementtotal de la France, qui nesprait retirer aucun profit de cette opration. Ainsi, dans sonditorial du 14 du Petit Journal qui portait le titre La soumission du roi, Pichon crivait-il que lopration qui se poursuivait en Grce ntait pas engage dans lintrt spcial de laFrance, elle ltait dans lintrt gnral et vident de tous les pays qui, suivant le mot deWilson, taient obligs de vaincre lAllemagne ou de se soumettre elle. Dans Le Temps du13 (Bulletin du jour) les commentaires portaient sur l intrt dsintress de la Francequant aux questions balkaniques: De toutes les puissances allies, grandes ou petites, dontles troupes combattent sur lune ou lautre face des Balkans, cest mme elle (la France) quiest le plus compltement dsintresse dans les affaires balkaniques. Ce dsintressement,en donnant plus dindpendance son jugement, mrite de donner plus de porte sesconseils. Lopinion franaise en a conscience. Dans les jours qui suivirent, le journal revintconstamment sur la mme ide: la France ne recherchait aucun avantage particulier dans lesBalkans, quoi quen aient pu dire les agents de la propagande allemande43.

    45 De surcrot, hormis ce besoin dexpliquer lintervention allie en Grce, il est constaterque relativement limportance de lvnement, le nombre darticles qui lui furent consacrsparat quelque peu limit. Cette attitude rserve de la presse peut sexpliquer doublement.Dabord, dans lopration de la dposition de Constantin qui venait davoir lieu, lunitet lunanimit des Allis staient plusieurs reprises rvles fragiles et les difficults sentendre nombreuses, do dailleurs des atermoiements continuels44. Pour certains, laprincipale cause des tergiversations dans la politique de lEntente avait t les hsitations dugouvernement russe, expliques par les liens de parent qui unissaient Constantin la courroyale de Russie45; pour dautres, lattitude indcise des Allis tait surtout due lItalie et la mfiance de ce pays lgard de Venizlos La deuxime raison qui explique les rticencesdes journaux, est le fait que lvnement eut lieu la mi-juin1917, cest--dire pendant unepriode o la France traversait une grave crise: grves, mutineries militaires, crise politique,dpression morale de la population46. Il parat donc logique que le public et la presse franaisaient tmoign un intrt assez tide pour les affaires grecques, qui ne se trouvaient pas alorsau centre de leurs proccupations.

    46 Aprs labdication de Constantin, lintrt de la presse et de lopinion publique franaisepour la Grce dcrut fortement. Certes on consacra quelques articles au retour de Venizlos Athnes et sa dcision de rompre avec lAllemagne et dentraner lintervention de la Grcedans la guerre aux cts de lEntente47. Surtout, partir de fin juin1917, les articles sur laGrce se firent particulirement rares. Ils parurent sporadiquement dans des journaux amis dela Grce (Lemonidou, 2007, 376-382), ne rappelant en rien les colonnes entires consacres ce pays tout au long des annes prcdentes.

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    Conclusion47 Il ne fait aucun doute que la presse franaise resta de loin LE moyen qui russit vritablement

    agir sur lesprit des Franais lgard de laffaire hellnique pendant la Premire Guerremondiale, et mme toucher leurs curs. Quand il sagissait de la Grce, ce pays si loigngographiquement, sur lequel on ne disposait comme source dinformation que de la presse,il tait plutt difficile, sinon impossible, dentrevoir les messages occults de linformationofficielle. Cest pourquoi la campagne que la presse franaise mena porta ses fruits trs tt etsans difficult; cest du moins ce que nous percevons au travers dune srie dexemples quimontrent le niveau lev dengagement des Franais dans laffaire grecque.

    48 Par ailleurs, conscients du pouvoir de la presse, les dirigeants franais ont utilis ce moyenpour manipuler lopinion et servir leur politique. Ainsi, en janvier 1917, Briand, ayantchoisi dadopter une attitude de modration lgard de Constantin, dcida dinterdire dansles journaux les attaques contre la Grce royaliste, comme tout commentaire favorable Venizlos, ce qui provoqua la colre et des journalistes et du public. Et quand le gouvernementRibot prit le pouvoir, et voulut de nouveau sensibiliser lopinion laffaire grecque, il eutgalement recours la presse qui montra, sous limpulsion gouvernementale, un renouveaudintrt pour la Grce, par le biais dune campagne qui dpassait en violence tout ce que lapresse avait crit jusqualors contre les royalistes dAthnes.

    49 Cependant, de manire inverse, cest aussi par lopinion ainsi forme, quelle russit influencer de manire significative llaboration de la politique trangre de la France et,par consquent, les relations bilatrales franco-grecques de cette priode. cause de ladynamique de lopinion publique, au dbut de lanne 1917, laffaire grecque prit uneimportance primordiale sur la scne politique franaise. Le public, qui avait subi linfluencede la campagne extrmement dfavorable ce pays aprs les vnements de dcembre1916,ne pouvait accepter le fait quon continut ngocier avec Constantin et accusait Brianddadopter un comportement qui faisait tort la dignit franaise. Ce mcontentement constituadailleurs lune des premires raisons qui entranrent laffaiblissement du cabinet Briand etsa chute, en mars1917. Laffaire grecque constitua la premire question au sujet de laquellele gouvernement de Ribot fut invit faire ses preuves. Sous la pression de lopinion, il se vitoblig dadopter une tactique diffrente de celle de son prdcesseur et une politique drastiquequi dboucha sur la phase finale de laffaire grecque.

    50 Il est vident ainsi que les autorits franaises dans une guerre mettant en uvre destechniques nouvelles, telles que la propagande et la censure, avaient russi tablir un systmedinformation qui, au moins dans le cas prcis de la Grce, russit modeler lopinion publiquedu pays et simposer elle.

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    Notes

    1 Il serait utile de dcrire en quelques mots la situation en Grce pendant la Premire Guerre mondiale.Le dclenchement de la guerre trouva les dirigeants du pays diviss : dun ct le roi Constantin,qui prnait obstinment la neutralit, de lautre le Premier ministre, Venizlos, qui nenvisageaitaucune autre politique possible que lintervention du pays aux cts des Allis. Le conflit entre lesdeux hommes saggravant sans cesse, deux camps antagonistesse sont constitus au sein du peuple:royalistes et venizlistes, en dautres termes, les neutralistes et germanophiles, et les interventionnisteset francophiles. Le foss qui les sparait se creusa, jusqu la rupture dfinitive, quand Venizlos, enoctobre 1916, dcida de se rendre Salonique pour y crer un gouvernement provisoire, autrementdit un tat illgal dans ltat. Ds lors le pays fut plong dans une grave crise politique, sociale etconstitutionnelle dont les consquences devaient se faire sentir pendant plusieurs annes. La situationempira cause de lattitude des puissances de lEntente. Une fois engages militairement dans largion avec lexpdition de Salonique, en octobre1915, elles nhsitrent pas en effet simmiscerdirectement dans les affaires internes grecques, et adopter une politique autoritaire. Leur but taitdobliger progressivement la Grce se dpartir de sa neutralit pour intervenir dans la guerre leurscts. Lpisode de la dposition force du roi Constantin en juin1917, constitua sans doute le comblede cette politique dingrence des Allis.2 Lemonidou, 2007, 124-144, 270-287, 382-387.3 Liste des abrviations:

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    MAE: Archives du ministre des Affaires trangres de FranceAYE: Archives historiques du ministre des Affaires trangres de GrceSHM: Service historique de la Marine nationale FranceSHD: Service historique de la Dfense FranceBDIC: Bibliothque de documentation internationale contemporaine France4 LHumanit du 7octobre1915, p.1, col.3.5 Au dbut de la guerre la Grce tait engage vis--vis de la Serbie par un trait dalliance conclu enjuin1913, voir: Maccas, 1916et Platykas, 1916.6 Le journal ne stant pas conform aux instructions du bureau de presse de censurer cet article, unesuspension de quatre jours lui fut impose, voir: SHD, 5N380, Le ministre de la Guerre (section presse)au gouverneur militaire et au 2e bureau de ltat-major, nota s.n. Du 8 octobre1915.7 Le Petit Parisien du 11octobre1915, p.1, col.3.8 Peuples et Rois, ditorial de Fitz-Maurice dans Le Figaro du 15octobre1916.9 Le Journal des Dbats du 11novembre1915, p.1, col.2.10 La Croix du 5novembre1915, p.1, col.4.11 AYE, 1915, /106, 2, Romanos Vnizlos, no4326 du 10dcembre1914. AYE,1915, /108, 4,Romanos Gounaris, no1262 du 5juin1915 et no680 du 12juin1915. AYE, 1915,A/6, Scouloudis Romanos, no12492 du 27novembre1915.12 AYE, 1915, /102, Scouloudis la Direction du bureau du tlgraphe Athnes, no 36528 du6novembre1915.13 AYE, 1915, /106, 2, Romanos Venizlos no432 du 10dcembre1914 et Venizlos Romanos,no46285 du 12janvier1915. AYE/Archives de lambassade grecque de Paris, 1916, T/4, Scouloudis Romanos, no12607 du 8dcembre1915 et Romanos Scouloudis, no191 du 24mars1916.14 AYE, 1917, /106, 5, Romanos Scouloudis, no1211 du 25 dcembre 1915. AYE/Archives delambassade grecque de Paris, 1916, T/4, Scouloudis Romanos, no2088 du 12mars1916.15 LHumanit du 29mai1916, p.1, col.2. Lcho de Paris du 31mai1916, p.1, col.5.16 Lcho de Paris du 2juin1916, p.1, col.2. Le Bulletin du jour dans Le Temps du 11juin1916.17 SHD, 7 No993, Commission militaire de contrle postal de Marseille, Rapport moral. France, tablile 15juillet1916.18 BDIC, F 270 Res, C.G., le gnral Coquet, commandant la 15e rgion au directeur gnral des relationsavec la presse Paris, note no7171 du 27juin1916.19 SHD, 5 N342, Margerie Roques, no5382 et Guillemin, no788 du 20juillet1916.20 LHumanit du 18septembre1916, p.1, col.2.21 Le Bulletin du jour dans Le Temps du 28septembre1916.22 Le Figaro du 28septembre1916, p.1, col.6 et p.2, col.1. Lditorial dans LHomme enchan du29septembre1916.23 Le Bulletin du jour dans le Temps du 28septembre1916.24 Le Journal des Dbats du 6octobre1916, p.545.25 Le Journal du 8octobre1916, p.1, col.2.26 Le Petit Journal du 13octobre1916, p.1, col.1, 2. LHomme enchan du 20octobre1916, p.1,col.1 et 2.27 SHD, 7 N994, Contrle postal militaire de Marseille, Grce. Rapport conomique et financier, tablile 13octobre1916.28 laube du 1erdcembre1916, le gouvernement grec ayant rejet les ultimatums successifs des Allisconcernant la cession de matriel de guerre, lamiral Dartige du Fournet, chef commandant des forcesnavales allies en Mditerrane orientale, fit dbarquer une force de 3000 hommes au Phalre et auPire, avec pour ordre doccuper certaines positions stratgiques Athnes. Des chocs se sont produitsautour des postes occups par les Allis, prs du Zappeion et de la colline de Philoppapos. Deux coupsde canons furent tirs dune colline que tenaient les Grecs sur le Palais des Expositions du Zappeiono taient cantonns les marins franais et soixante-quatre autres ont t tirs sur la ville par lescadre.Dans la nuit, on arriva une entente et les affrontements prirent fin. Le bilan de pertes subies des deuxcots se rvla lourd: 57Franais et 5Britanniques furent tus, plus de 160blesss, tandis que du ctdes Grecs on comptait 45 50tus et 100 150 blesss. Voir: SHM, SS X f 9, Roquefeuil Lacaze,Rapport sur les vnements qui se sont drouls dans les premiers jours de dcembre1916, no533 du9dcembre1916. Maccas, 1916. Dartige du Fournet,1920, 210-273. Boussenot, 1938, 1-27. Mourlos,2007 et du mme auteur, 1983, 41-45et 1992, 111-120.

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    29 Le Petit Parisien du 3 dcembre 1916, Le Temps du 4 dcembre 1916, LAction franaise du5dcembre1916, Le Petit Journal du 15dcembre1916.30 Article de Saint-Brice dans Le Journal du 4dcembre1916, p.1, col.3, 4.31 MAE, 265, Briand Paul Cambon, s.n. Du 12dcembre1916.32 SHD, 7 N 996, Contrle postal militaire de Marseille, Rapport moral et politique, tabli le15fvrier1917.33 AYE/Archives du gouvernement provisoire, 1917, A/VI, 13, A. Diomidis Venizlos, no 1 du12janvier1917 et no5 du 26janvier1917.34 AYE/Archives du gouvernement provisoire, 1917, A/VI, 13, Diomidis Venizlos, rapport du27mars1917.35 ce moment il y avait deux lgations grecques Paris: la lgation royale de la rue Auguste-Vacquerie,sous la direction du charg d'affaires, Pierre Mtaxas, et la lgation venizliste de lavenue Malakoff,avec sa tte Romanos, reconnue par le gouvernement franais depuis dbut janvier1917.36 AYE, 1917, A/5/XII, P. Mtaxas Zalocostas, no703 du 11avril1917. Cosmin, 1969, 351.37 SHD, 5 N, 347.38 AYE, 1917, A/5/XII, Zalacostas aux lgations grecques Paris, Londres, Rome, Ptrograd, Washington, Berne et La Haye, no2153 du 24avril1917.39 AYE, 1917, A/5/XII, P. Mtaxas Zamis, no930 du 30avril1917.40 AYE, 1917, A/5/XII, P. Mtaxas Zalocostas, tlgramme strictement confidentiel no 829 du6mai1917.41 SHD, 7 no997,Commission militaire de contrle postal de Marseille, rapport mensuel: tat moralet politique. Grce, tabli le 15mai1917.42 SHD, 7 N997,Commission militaire de contrle postal de Marseille, rapport mensuel: tat moralet politique. Grce, tabli le 15mai1917.43 Le Bulletin du jour dans Le Temps du 14juin1917 et le mme journal du 15juin1917, p.1, col.4.44 Le Journal du 13juin1917, p.1, col.5. Lemonidou, 2007, 47-70, 215-249.45 LAction franaise, 13juin1917, p.1, col.4; La Revue bleue, no13, 30juin1917-7juillet1917,p.397-398.46 Renouvin, 1968, 14-17et du mme auteur, 1970, 321-325. Becker, 1980, 204-220 et du mme auteur,1987, 1499-1505, 1992, 98 et 1997.47 Lditorial de Saint-Brice dans Le Journal du 30juin1917. Le Petit Parisien du 26juin1917, p.1,col.2. LExcelsior du 26juin1917, p.2, col.2.

    Pour citer cet article

    Rfrence lectronique

    Elli Lemonidou, La Grce la Une pendant la Grande Guerre, Cahiers balkaniques [En ligne],41|2013, mis en ligne le 19 mai 2013, consult le 16 mai 2014. URL: http://ceb.revues.org/3969;DOI: 10.4000/ceb.3969

    Rfrence papier

    Elli Lemonidou, La Grce la Une pendant la Grande Guerre, Cahiers balkaniques, 41|-1,179-198.

    Droits dauteur

    Inalco

    Rsums

    Ltude de la Premire Guerre mondiale montre bien que les dirigeants franais furent trsconcerns et particulirement impliqus dans laffaire grecque, et quil en fut de mme pour

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    la presse franaise, qui montra pour cette conjoncture un intrt et une curiosit extrmes.Cette presse constitua le seul vecteur de la propagande durant la guerre et il est remarquableque limage que lopinion publique put percevoir de la Grce et des relations de ce paysavec la France apparaissent homognes travers des journaux de tendances politiques varies.Dailleurs, quand il sagissait de la Grce, ce pays sur lequel le public franais ne disposaitcomme source dinformation que de la presse, il tait plutt difficile, sinon impossible,de procder une lecture slective des journaux et dentrevoir les messages occults delinformation officielle ; cest pourquoi la campagne que la presse franaise mena sur lesaffaires grecques porta ses fruits trs tt et sans difficult. Notre but est dtudier la stratgiede cette propagande par la presse franaise, ainsi que les efforts des dirigeants en France qui,conscients du pouvoir de la presse, utilisrent ce moyen pour manipuler lopinion et servirleur politique.

    Greece on the front page during World War IThe study of the First World War shows clearly that the French leadership was very concernedand particularly involved in the Greek issue; at the same time, the press in France showedextremely big interest in the Greek case, too. Press was the only channel of propaganda inFrance during the wartime it is remarkable that the image of Greece and of its relations withFrance appears have been homogeneous through newspapers of varied political stances. As thepublic didnt have any sources of information on Greece other than the press, it was difficult,almost impossible for them to do a selective reading of the papers and to understand the hiddenmessages of official information channels; thats why the campaign which the French pressconducted on the Greek issue was soon and easily successful. Our aim is to study the strategy ofthis propaganda undertaken by the French press, as well as the efforts of the French authorities,which, being conscious of the power of press, made the most of it in order to manipulate thepublic opinion and support their policy.

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    Entres dindex

    Mots-cls :presse franaise, information, opinion publique, propagandeKeywords :French press, public opinion, propaganda, France, First World War, History : , , ,, , , , , Anahtar Kelimeler : Fransz basn, Bilgi, Public gr, Propaganda, Fransa,Yunanistan, Ilk Dnya Sava, Tarih, Basn Tarihi- : , , , , ,, , ,

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    Territoires :France, GrcePriodes & vnements :guerre mondiale (1914-1918)Domaines :Histoire, Histoire de la presseGlossaire :Venizlos Elefthrios (1864-1936), Constantin Ier de Grce (1868-1923),Jonnart Charles (1857-1927), Rupel