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Éditorial La lettre des Présidents Vous trouverez ci-dessous la « Lettre des Présidents » et non la « Lettre du Président » comme à l’accoutumée, car face à une réforme du 1 er cycle des études de santé insuffi- samment réfléchie, la situation de nos amis Diététiciens exige une réponse unitaire. Les diététiciens exclus des professions de santé ? Les ministres de l’éducation nationale et de la santé sou- haitent à juste titre une réforme des études des métiers de la santé reposant sur une année commune de formation. Le diététicien est actuellement en marge de cette réforme. À l’heure où la prévention, et plus particulièrement la nutrition (Programme national nutrition santé), deviennent des axes prioritaires de l’organisation de santé, cette exclusion nous interpelle ! Le diététicien est le seul professionnel de santé spécialisé dans l’application pratique des bases scientifiques de la nutri- tion. Les champs d’exercice, du métier de diététicien, se retrou- vent naturellement dans les établissements de santé (publics et privés), dans les lieux de distribution des repas en restau- ration collective, dans les lieux d’éducation (écoles, ly- cées...), dans les soins de ville (exercice en libéral), dans la recherche clinique et épidémiologique, dans l’industrie agroalimentaire, dans la communication. Sur le terrain, les diététiciens doivent être formés à : aider les individus à modifier leurs habitudes alimen- taires, dans le cadre de la prévention primaire, secon- daire, tertiaire, et de la thérapeutique conformément aux impératifs de santé publique ; informer et former des groupes de population, de profes- sionnels dans le domaine de l’alimentation–nutrition et la santé ; créer des outils adaptés à des situations de soins diverses ; intégrer des connaissances scientifiques, techniques, psychosociologiques, et réaliser une synthèse pour assu- rer l’exécution des actes de formation nutritionnelle indi- vidualisée, aider à la conception de nouveaux produits ; maintenir le lien indispensable entre la nutrition et le « plaisir de la table ». Le diététicien en établissement de santé et en exercice libéral, travaille principalement dans le cadre d’actions thé- rapeutiques sous la responsabilité d’un médecin. Il transcrit la prescription médicale thérapeutique en conseils concrets adaptés à chaque individu. Il met alors en œuvre les stratégies diététiques nécessaires pour accompagner les patients vers leur autonomie. Le diététicien, expert en alimentation–nutri- tion, est l’un des partenaires des services logistiques chargés de la prestation alimentaire, et du secteur industriel chargé de proposer de nouveaux produits alimentaires. Le diététicien est clairement un professionnel paramédical. La formation actuelle des diététiciens ne répond plus aux exigences de ce métier. Elle est trop courte : deux années sont insuffisantes pour acquérir des connaissances qui vont de la physiologie à la technologie culinaire en passant par la psy- chologie, l’épidémiologie, l’éducation thérapeutique et l’éducation à la santé. Elle se fait hors du secteur santé puisque les deux voies de formation actuelles sont soit les Instituts universitaires de technologie (IUT) de génie biologique, soit les lycées profes- sionnels. Les diététiciens réclament depuis plusieurs années un allongement de leurs études. Il est logique, à l’heure où tous les professionnels de santé vont bénéficier de profils de formation semblables, d’inscrire la réforme des études de diététiciens dans cette optique pour qu’ils intègrent dès le départ le cursus européen : licence, master, doctorat. Les professionnels de la nutrition et toutes les sociétés de nutrition s’associent dans cette demande de réforme répon- dant au contexte européen de formation universitaire, dans lequel toutes les professions médicales et paramédicales doi- vent être incluses. Jean-Louis Bresson, SFN Dominique Combret, ADLF Luc Cynober, SFNEP Michel Krempf, CEN Monique Romon, la rédaction des cahiers Reçu le 17 septembre 2003 Nutrition clinique et métabolisme 18 (2004) 1 doi:10.1016/j.nupar.2004.01.001

La lettre des Présidents

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Éditorial

La lettre des Présidents

Vous trouverez ci-dessous la « Lettre des Présidents » etnon la « Lettre du Président » comme à l’accoutumée, carface à une réforme du 1er cycle des études de santé insuffi-samment réfléchie, la situation de nos amis Diététiciensexige une réponse unitaire.

Les diététiciens exclus des professions de santé ?

Les ministres de l’éducation nationale et de la santé sou-haitent à juste titre une réforme des études des métiers de lasanté reposant sur une année commune de formation. Lediététicien est actuellement en marge de cette réforme. Àl’heure où la prévention, et plus particulièrement la nutrition(Programme national nutrition santé), deviennent des axesprioritaires de l’organisation de santé, cette exclusion nousinterpelle !

Le diététicien est le seul professionnel de santé spécialisédans l’application pratique des bases scientifiques de la nutri-tion.

Les champs d’exercice, du métier de diététicien, se retrou-vent naturellement dans les établissements de santé (publicset privés), dans les lieux de distribution des repas en restau-ration collective, dans les lieux d’éducation (écoles, ly-cées...), dans les soins de ville (exercice en libéral), dans larecherche clinique et épidémiologique, dans l’industrieagroalimentaire, dans la communication.

Sur le terrain, les diététiciens doivent être formés à :• aider les individus à modifier leurs habitudes alimen-

taires, dans le cadre de la prévention primaire, secon-daire, tertiaire, et de la thérapeutique conformément auximpératifs de santé publique ;

• informer et former des groupes de population, de profes-sionnels dans le domaine de l’alimentation–nutrition etla santé ;

• créer des outils adaptés à des situations de soins diverses ;• intégrer des connaissances scientifiques, techniques,

psychosociologiques, et réaliser une synthèse pour assu-rer l’exécution des actes de formation nutritionnelle indi-vidualisée, aider à la conception de nouveaux produits ;

• maintenir le lien indispensable entre la nutrition et le« plaisir de la table ».

Le diététicien en établissement de santé et en exercicelibéral, travaille principalement dans le cadre d’actions thé-rapeutiques sous la responsabilité d’un médecin. Il transcritla prescription médicale thérapeutique en conseils concretsadaptés à chaque individu. Il met alors en œuvre les stratégiesdiététiques nécessaires pour accompagner les patients versleur autonomie. Le diététicien, expert en alimentation–nutri-tion, est l’un des partenaires des services logistiques chargésde la prestation alimentaire, et du secteur industriel chargé deproposer de nouveaux produits alimentaires. Le diététicienest clairement un professionnel paramédical.

La formation actuelle des diététiciens ne répond plus auxexigences de ce métier. Elle est trop courte : deux années sontinsuffisantes pour acquérir des connaissances qui vont de laphysiologie à la technologie culinaire en passant par la psy-chologie, l’épidémiologie, l’éducation thérapeutique etl’éducation à la santé.

Elle se fait hors du secteur santé puisque les deux voies deformation actuelles sont soit les Instituts universitaires detechnologie (IUT) de génie biologique, soit les lycées profes-sionnels.

Les diététiciens réclament depuis plusieurs années unallongement de leurs études. Il est logique, à l’heure où tousles professionnels de santé vont bénéficier de profils deformation semblables, d’inscrire la réforme des études dediététiciens dans cette optique pour qu’ils intègrent dès ledépart le cursus européen : licence, master, doctorat.

Les professionnels de la nutrition et toutes les sociétés denutrition s’associent dans cette demande de réforme répon-dant au contexte européen de formation universitaire, danslequel toutes les professions médicales et paramédicales doi-vent être incluses.

Jean-Louis Bresson, SFNDominique Combret, ADLF

Luc Cynober, SFNEPMichel Krempf, CEN

Monique Romon, la rédaction des cahiers

Reçu le 17 septembre 2003

Nutrition clinique et métabolisme 18 (2004) 1

doi:10.1016/j.nupar.2004.01.001