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La maftrise de la coqueluche devenue insuffisante L e 2 novembre 2006, le Boston Globe rapporte une ~pidemie de toux quinteuse de type coquelucheuse affectant un patient et 15 membres de I'equipe soignante de I'HSpital p~diatrique de Boston. En outre, 60 autres membres de I'equipe presentent des symptSmes respiratoires. Une recherche de coqueluche est realisee. Durant I'ete 2006, plus de 4 500 employ~s d'un hSpital du New Hampshire ont d¢~recevoir un vaccin anticoquelucheux acellulaire en raison de plusieurs cas de coqueluche survenus dans cet h6pitaL En 2005, au Texas, plus de 2 000 cas de coqueluche ont ~te rapport~s avec 9 d~ces, dont 8 enfant& En 2003, plus de 1 900 cas de coqueluche ont etd rapport#s clans le Wisconsin, principalement chez des adultes et des adolescents. Dans I'~tat de New York, en 1998 et 1999, plus de 600 cas de coqueluche ont ~te confirm#s par un laboratoire priv& Que ce passe-t-il ? Est-on en train de perdre la maRrise de cette maladie dont le nombre de cas peut s'#tendre encore clans les annees ~ venir ? Avant I'introduction du vaccin dans les ann~es 1940,/a coque/uche dtait considdr~e aux Etats-Unis comme une des infections bactdriennes infantiles lea plus courantes, avec plus de la moitid des enfants infect~s avant leur entrde /~ I'dcole. Durant les deux dernidres d~cennies, on a assist~ ~ une rdsurgence lente de la coqueluche. Aux Etats-Unis comme clans les pays o# /a vaccination est pratiqude depuis Iongtemps, comme au Canada, en France et en Australie, on note un changement clans I'dpiddmiologie de la maladie, avec une augmentation croissante des cas chez les adolescents et les adulte& L'efficacitd du vaccin eat en effet limit6e, I'immunit6 protectrice confdrde diminue apr~s 3 ~ 5 ans pour dispara#re en 10 ~ 12 ans. De plus, des dtudes tr~s rdcentes ont montrd que I'immunitd naturelle apr~s une infection coquelucheuse n'est elle-m~me pas durable et peut dtre comparde ~ celle obtenue apr~a une vaccination. Devant le nombre croissant de cas de coqueluche chez lea personnes d'un certain #~ge, une attention particuli~ns dolt ~tre portde ~i la (re) vaccination chez les adolescents et lea aduite8, combinde ~ celle de la diphtdrie et du tdtanos, comme cela a dtd ddcidd rdcemment en France Halperin S., N. Engl. J. Med. 356 (11/01/07) 110-113 Au 20 e siecle, differentes decou- vertes ont ete progressivement accumulees. Ainsi, le premier cas avant deces du patient a et~ rapporte en 1947, les antibiotiques ont 6te utilises pour la premiere fois en 1952 et la biopsie intestinale diagnostique en 1958. En 1961, la bacterie a et~ visualisee par microscopie electronique dans des biopsies de muqueuse intestinale. II a fallu ensuite attendre 1991 pour obtenir I'amplification partielle du gene de I'ARN ribosomal 16S de la bacterie. L'identification molecu- taire de Tropheryma whipplei a et~ realisee un an plus tard. La maladie de Whipple reste une pathologie rare, sans qu'il existe d'estimation precise de la prevalence. On estime actuellement & 1 000 le nombre de cas rappor- tes. Dans certaines etudes post- mortem, la frequence de cette pathologie est inferieure & 0,1%. Ses manifestations cliniques sont essentiellement digestives, bien que 15 % des patients ne presentent pas d'atteinte intestinale. Dans 20 & 30 % des cas on peut detecter un saignement occulte mais les symptemes les plus courants sont perte de poids, diarrhee, douleurs abdominales, pigmentation cutanee, hepato- splenomegalie, voire hepatite dans certains cas. Le pronostic de cette pathologie etait fatal avant I'avenement des antibiotiques. La tetracycline a Iongtemps et6 prescrite en premiere intention mais la frequence de recurrence est elevee, 28 O/oenviron. Le trimetho- prime-sulfamethoxazole (Bactrim ®) est I'antibiotique de choix. F. Fenollar,X .Puechal, N. Engl. J. Mecl. 356 (04/01/02) 55-66 L'exposition & un air pollue est dej~. connue pour 6tre associee & un risque eleve de deces et d'hospitalisations par accidents cardiovasculaires. Mais il existe encore quelques incertitudes au sujet du degre de cette association, de son mecanisme et de I'effet & long terme de ces polluants. Une etude parue dans le New England Journal of Medicine analyse de maniere plus precise I'effet & long terme de la pollution atmospherique par inhalation de particules d'un diametre inferieur & 2,5 pm et leur relation avec la survenue d'accidents cardiovasculaires. Dans ce but, pres de 66 000 femmes menopausees sans ante- cedents notables de pathologie cardiovasculaire ont ete prises en compte entre 1994 et 1998 puis suivies sur une duree moyenne de 6 annees. L'exposition & un air pollue a ete analysee gr&ce & des capteurs installes pres du lieu de residence des patientes. La survenue d'accidents cardiovas- culaires a ensuite ete notee puis un lien a ete etabli avec I'&ge, I'origine ethnique, le statut de fumeur, le degre d'education, I'index de masse corporelle, I'absence ou I'existence d'un diabete, d'une hypertension ou d'une hypercho- lesterolemie. Les resultats montrent qu'au total 1 816 femmes de cette cohorte ont eu au moins un accident cardiovasculaire de pronostic fatal ou non, que ce soit un deces d'origine coronarienne ou cerebro- vasculaire, une revascularisation coronaire, un infarctus du myocarde ou encore un accident vasculaire cerebral. Les taux de particules polluantes varient entre 3,4 et 28,3 IJg par mm 3. Chaque augmentation de 10 Iag/mm3 est associee & une augmentation de 24 % du risque d'evenement cardiovasculaire et d'une augmen- tation de 76 % du risque de deces d'origine cardiovasculaire Le risque d'~venements cerebro-vasculaires est lui aussi associe & une augmentation de la concentration de ces particules. Une exposition & long terme & de fines particules constituant la pollution atmospherique est donc associee de maniere significative & la survenue de pathologies cardiovasculaires et de deces chez les femmes menopausees. Miller K., Siscovick D., IV. EngLJ. Med. 356 (01/02/07) 442-458 F condation in vitro Le cas clinique presente ici permet de faire le point sur les indications d'une fecondation in vitro (FIV) chez un couple presentant un bilan d'infertilite apparemment normal. II s'agit d'une femme &gee de 37 ans n'ayant jamais eu de grossesse et de son marl &ge de 40 ans, qui d~siraient concevoir depuis trois ans. Le bilan d'infertilite r6alise ne montrait aucune difficulte apparente. Cette femme presentait en effet une ovulation normale et I'hystero-salpingographie montrait un tractus genital anatomiquement normal. Enfin aucune anomalie n'apparaissait au spermogramme. Ce couple faisait donc la demande d'une FIV. Quelles en sont les indications ? L'infertilit~ est relativement courante puisque 10 % des couples presentent des difficultes pour concevoir. Chez les couples 18 RevueFrancophone des Laboratoires, avri1200?, N ° 391

La maîtrise de la coqueluche devenue insuffisante

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Page 1: La maîtrise de la coqueluche devenue insuffisante

La maftrise de la coqueluche devenue insuffisante

L e 2 novembre 2006, le Boston Globe rapporte une ~pidemie de toux quinteuse de type coquelucheuse affectant un patient

et 15 membres de I'equipe soignante de I'HSpital p~diatrique de Boston. En outre, 60 autres membres de I'equipe presentent des symptSmes respiratoires. Une recherche de coqueluche est realisee. Durant I'ete 2006, plus de 4 500 employ~s d'un hSpital du New Hampshire ont d¢~ recevoir un vaccin anticoquelucheux acellulaire en raison de plusieurs cas de coqueluche survenus dans cet h6pitaL En 2005, au Texas, plus de 2 000 cas de coqueluche ont ~te rapport~s avec 9 d~ces, dont 8 enfant& En 2003, plus de 1 900 cas de coqueluche ont etd rapport#s clans le Wisconsin, principalement chez des adultes et des adolescents. Dans I'~tat de New York, en 1998 et 1999, plus de 600 cas de coqueluche ont ~te confirm#s par un laboratoire priv&

Que ce passe-t-il ? Est-on en train de perdre la maRrise de cette maladie dont le nombre de cas peut s'#tendre encore clans les annees ~ venir ? Avant I'introduction du vaccin dans les ann~es

1940,/a coque/uche dtait considdr~e aux Etats-Unis comme une des infections bactdriennes infantiles lea plus courantes, avec plus de la moitid des enfants infect~s avant leur entrde /~ I'dcole. Durant les deux dernidres d~cennies, on a assist~ ~ une rdsurgence lente de la coqueluche. Aux Etats-Unis comme clans les pays o# /a vaccination est pratiqude depuis Iongtemps, comme au Canada, en France et en Australie, on note un changement clans I'dpiddmiologie de la maladie, avec une augmentation croissante des cas chez les adolescents et les adulte& L'efficacitd du vaccin eat en effet limit6e, I'immunit6 protectrice confdrde diminue apr~s 3 ~ 5 ans pour dispara#re en 10 ~ 12 ans. De plus, des dtudes tr~s rdcentes ont montrd que I'immunitd naturelle apr~s une infection coquelucheuse n'est elle-m~me pas durable et peut dtre comparde ~ celle obtenue apr~a une vaccination.

Devant le nombre croissant de cas de coqueluche chez lea personnes d'un certain #~ge, une attention particuli~ns dolt ~tre portde ~i la (re) vaccination chez les adolescents et lea aduite8, combinde ~ celle de la diphtdrie et du tdtanos, comme cela a dtd ddcidd rdcemment en France

Halperin S., N. Engl. J. Med. 356 (11/01/07) 110-113

Au 20 e siecle, differentes decou- vertes ont ete progressivement accumulees. Ainsi, le premier cas avant deces du patient a et~ rapporte en 1947, les antibiotiques ont 6te utilises pour la premiere fois en 1952 et la biopsie intestinale diagnostique en 1958. En 1961, la bacterie a et~ visualisee par microscopie electronique dans des biopsies de muqueuse intestinale. II a fallu ensuite attendre 1991 pour obtenir I'amplification partielle du gene de I'ARN ribosomal 16S de la bacterie. L'identification molecu- taire de Tropheryma whipplei a et~ realisee un an plus tard.

La maladie de Whipple reste une pathologie rare, sans qu'il existe d'estimation precise de la prevalence. On estime actuellement & 1 000 le nombre de cas rappor- tes. Dans certaines etudes post- mortem, la frequence de cette pathologie est inferieure & 0,1%.

Ses manifestations cliniques sont essentiellement digestives, bien que 15 % des patients ne presentent pas d'atteinte intestinale. Dans 20 & 30 % des cas on peut detecter un saignement occulte

mais les symptemes les plus courants sont perte de poids, diarrhee, douleurs abdominales, pigmentation cutanee, hepato- splenomegalie, voire hepatite dans certains cas.

Le pronostic de cette pathologie etait fatal avant I'avenement des antibiotiques. La tetracycline a Iongtemps et6 prescrite en premiere intention mais la frequence de recurrence est elevee, 28 O/o environ. Le trimetho- prime-sulfamethoxazole (Bactrim ®) est I'antibiotique de choix.

F. Fenollar, X .Puechal, N. Engl. J. Mecl. 356 (04/01/02) 55-66

• L'exposit ion & un air pollue est dej~. connue pour 6tre associee & un risque eleve de deces et d'hospital isations par acc idents cardiovasculaires. Mais il existe encore quelques

incertitudes au sujet du degre de cette association, de son mecanisme et de I'effet & long terme de ces polluants. Une etude parue dans le New England Journal of Medicine analyse de maniere plus precise I'effet & long terme de la pol lut ion a tmospher ique par inhalation de particules d'un diametre inferieur & 2,5 pm et leur relation avec la survenue d'accidents cardiovasculaires.

Dans ce but, pres de 66 000 femmes menopausees sans ante- cedents notables de pathologie cardiovasculaire ont ete prises en compte entre 1994 et 1998 puis suivies sur une duree moyenne de 6 annees. L'exposition & un air pollue a ete analysee gr&ce & des capteurs installes pres du lieu de residence des patientes. La survenue d'accidents cardiovas- culaires a ensuite ete notee puis un lien a ete etabli avec I'&ge, I'origine ethnique, le statut de fumeur, le degre d'education, I'index de masse corporelle, I'absence ou I'existence d'un diabete, d'une hypertension ou d'une hypercho- lesterolemie.

Les resultats montrent qu'au total 1 816 femmes de cette cohorte ont eu au moins un accident cardiovasculaire de pronostic fatal ou non, que ce soit un deces d'origine coronarienne ou cerebro- vasculaire, une revascularisation coronaire, un infarctus du myocarde ou encore un accident vasculaire cerebral. Les taux de particules polluantes varient entre 3,4 et 28,3 IJg par mm 3. Chaque augmentation de 10 Iag/mm 3 est associee & une augmentation de 24 % du risque d'evenement cardiovasculaire et d'une augmen- tation de 76 % du risque de deces d'origine cardiovasculaire Le risque d'~venements cerebro-vasculaires est lui aussi associe & une augmentation de la concentration de ces particules.

Une exposition & long terme & de fines particules constituant la pollution atmospherique est donc associee de maniere significative & la survenue de pathologies cardiovasculaires et de deces chez les femmes menopausees.

Miller K., Siscovick D., IV. EngL J. Med.

356 (01/02/07) 442-458

F condation in vitro • Le cas clinique presente ici permet de faire le point sur les indications d'une fecondation in vitro (FIV) chez un couple presentant un bilan d'infertilite apparemment normal.

II s'agit d'une femme &gee de 37 ans n'ayant jamais eu de grossesse et de son marl &ge de 40 ans, qui d~siraient concevoir depuis trois ans. Le bilan d'infertilite r6alise ne montrait aucune difficulte apparente. Cette femme presentait en effet une ovulation normale et I'hystero-salpingographie montrait un tractus genital anatomiquement normal. Enfin aucune anomalie n'apparaissait au spermogramme. Ce couple faisait donc la demande d'une FIV. Quelles en sont les indications ?

L'infertilit~ est relativement courante puisque 10 % des couples presentent des difficultes pour concevoir. Chez les couples

18 Revue Francophone des Laboratoires, avri1200?, N ° 391