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La marche irresistible du Nouvel Ordre Mondial

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Pierre Hillard.

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  • REMERCIEMENTS

    Lauteur tient remercier ceux qui lui ont permis de continuer ces recherches : Louis Dalmas, directeur de la revue B.I ; Michel Blanzat, membre du comit de rdaction de B.I ; Pierre Pujo, directeur de lAction franaise ; Raphal Dargent (www.jeune-france.org) ; Olivier Pichon (directeur de Monde Vie), Christophe Beaudouin (www.observatoiredeleurope. com) et Henri Fouquereau (www.forumpourlafrance.org).

  • Le corridor nord-amricain

    Source: www.nascocorridor.com

  • AVANT-PROPOS

    Toutes les poques ont eu leur idologie. Cependant, il en existe une qui surnage et perdure sur fond didal religieux : le mondialisme. Tout dabord, il faut distinguer cette idologie du fait purement historique : la mondialisation. Cette dernire nexprime que lexigence dchanges conomiques, culturels ou encore dinformations entre collectivits humaines. Le phnomne a toujours exist. Il na fait que prendre une acclration considrable, depuis la rvolution industrielle puis de linformatique, facilitant les changes et les dplacements. En se projetant dans lavenir, on peut aisment imaginer la cration de colonies humaines sur de nombreuses plantes entranant des changes multiples. Il sera alors possible dvoquer lexistence dune mondialisation interplantaire. Il en va autrement avec le mondialisme qui est plus quune idologie ; cest une mystique. Cette spiritualit globale se caractrise essentiellement par la volont de soustraire lautorit politique des tats au profit dentits supranationales et de faire disparatre les frontires en faveur dune rgion monde o lhumanit constituerait une sorte de grande tribu mondiale assujettie, en dautres termes, la Cit de lHomme. Cette expression nest pas une vue de lesprit. Elle anime les rflexions de nombreux penseurs panthistes soucieux de porter la lumire de cet idal. Louvrage de Guy Sorman, Le monde est ma tribu , rsume lui seul le grand courant qui anime les lites mondia- listes. H serait fastidieux de recenser toutes les affirmations tenues en faveur de sa propagation. Cependant, on peut relever quelques citations et interventions dardents idalistes pour la promotion de cette philosophie, surtout depuis les rvolutions amricaine (1776) et franaise (1789).

    Loctroi de la nationalit franaise au Prussien Anacharsis Cloots, auteur de La rvolution universelle , est rvlateur du passage un autre monde qui dsormais spcule lchelle plantaire. Ce naturalis considrait dj sa toute nouvelle nationalit comme une tape vers un monde globalis. Ne disait-il pas : Lhumanit ou le genre humain ne vivra en paix que lorsquil ne formera quun seul corps, une nation , voquant mme lide de lhomme- dieu retrouv. uvrant en faveur dune ouverture des frontires et dun libre change complet avant lheure, il ajoutait ces propos, en 1793, quun Pascal Lamy directeur de lOrganisation Mondial pour le Commerce (lOMC) ne renierait point: Certainement, il n y aurait pas de ville, si chaque

  • village consommait son produit net ; il n y aurait pas de socit, si chaque cultivateur ne rcoltait que sa provision domestique. Cet isolement brutal ramnerait le despotisme au grand galop . Certes, il ne sagit pas de vivre en reclus. Mais dans lesprit de ces promoteurs, il sagit daller au-del dune coopration ncessaire en abattant toutes les cloisons afin daboutir demble ce fameux village global dcrit par le sociologue canadien Herbert Marshall Mcluhan.

    Par la suite, ce mondialisme sest retrouv dans les courants apparemment aussi divers que le libralisme ou le marxisme. En fait, par des voies diffrentes et mme en entretenant des liens de coopration derrire une faade dopposition, ces promoteurs ont toujours lesprit la disparition des nations parce qu la base, ce sont des internationalistes. La chute du mur de Berlin a t un acclrateur dun processus poursuivi depuis longtemps. Il sagit de crer de grands blocs go-conomiques standardiss europen, nord-amricain, sud-amricain, asiatique... au sein desquels les nations seront broyes et dont la runion constituera larmature gnrale dune gouvernance mondiale. Comme le rappelle Jacques Attali dans son ouvrage Dictionnaire du x x f sicle : Aprs la mise en place d institutions continentales europennes, apparatra peut-tre l urgente ncessit d un gouvernement mondial . Ainsi, ces blocs corsets par la mme idologie et dont les populations auront au pralable les structures mentales alignes sur les critres dicts au sommet accoucheront dune humanit unie, interchangeable et nomade. Cependant, laboutissement de ces ambitions longtemps prophtises se doit de passer par des tapes bouleversant les structures politico-conomiques des socits accompagnes de consquences militaires. Dans ces vnements, la vie humaine comptera peu. Cest tout lenjeu de ce livre de prsenter une squence de ces promesses mondialistes o flotte un fort parfum de spiritualit. Aprs tout, le fond de lhistoire est toujours religieux.

    Pierre H il l a r d Paris, aot 2007

  • CHAPITRE I

    VERS UNE ASSEMBLE TRANSATLANTIQUE

    Paul Valry dfinissait l histoire comme ce grand courant sous-jacent souvent silencieux et dont le sens ne se rvle que si lon embrasse de larges priodes du temps . Les vnements politiques que nous connaissons aujourdhui, comme llargissement de lUE et de lOTAN, ne sont pas leffet dun heureux hasard. En fait, ils ont t prvus depuis des lustres. En juin 1991, lors dune runion de la CSCE Berlin (aujourdhui lOSCE, Organisation pour la Scurit et la Coopration en Europe), James Baker, secrtaire dtat du prsident Bush senior, navait pas hsit affirmer quil fallait instaurer une communaut transatlantique de Vancouver Vladivostock . Ainsi, le bloc Nord-amricain et lUnion europenne doivent tablir une union dans tous les domaines. Ceci a t confirm largement par le rapport du TPN (Transaltantic Policy Network, cf. B.I n 88)1 du 4 dcembre 2003 qui, mthodiquement, a labor un programme conomique, militaire, politique et institutionnel permettant la russite de ce projet partir de 2005 et achev pour 2015.

    Ces ambitions mondialistes ne sont pas nouvelles. En ralit, ces projets ont t officiellement affichs par un homme dont linfluence guide les pas de nos lites atlantistes : le Colonel House. Edward Mandell House (1858-1938) a t le conseiller intime du prsident Wilson. Ce dernier le dsignait volontiers comme son alter ego. Le nom de ce prsident amricain est rest attach aux fameux Quatorze points chargs dorganiser l Europe lissue de la Premire guerre mondiale. Cependant, ce prsident na t quun prte-nom. En fait, ces Quatorze points ont t luvre du colonel House dont laction majeure fut aussi de crer en liaison

    1. B.I (Balkans-Iafos), mensuel dirig par Louis Dalmas. En ce qui concerne le TPN, institut amricano-europen promouvant lmergence dune communaut transatlantique politique, conomique et militaire dici 2015, voir notre livre La dcomposition des nations europennes, Paris, ditions Franois-Xavier de Guibert, 2005, p. 137.

  • avec la haute finance (Paul Warburg, Frank Vanderlip, J.P Morgan,...) le Council on Foreign Relations (CFR) en 1921. Cest depuis cette poque que la politique trangre amricaine, rpublicaine et dmocrate confondue, slabore au sein de cet organisme2 en liaison directe avec son frre jumeau cr la mme poque Londres, le Royal Institute o f International Affairs (RUA). Le conseiller du prsident Wilson fut le principal architecte du Trait de Versailles et de la cration de la Socit des nations (la SDN). Un tel CV rvle linfluence norme de ce personnage. Cependant, cette influence va encore plus loin. Le colonel House est lauteur dun livre prophtique dont la lecture claire largement notre poque: Philip Dru, administrator ( Philip Dru : administrateur )3.

    Lauteur sidentifie compltement au contenu de cet ouvrage quil dsigne comme lexpression de sa foi politique et thique . Le hros de cette uvre danticipation, Philip Dru, a pour idal un socialisme tel que l aurait rv Karl Marx . Il entreprend un coup dtat aux tats-Unis qui le conduit abolir la constitution amricaine. Toute vellit de restauration des principes constitutionnels sont passible de la peine de mort. La nouvelle autorit tablit un rgime o la proprit et les vies de chacun sont dsormais dans la main d un seul homme . Philip Dru, entour de ses acolytes, russit tablir un systme commercial global qui saccompagne de lunification politique de lhmisphre occidental pour aboutir en fin de course l mergence dun gouvernement mondial. Le nouveau cadre politique idalis sous la plume du Colonel House voque dj... la Socit des Nations (League of Nations). Ce livre est paru en 1912 !

    Force est de constater que nous nous dirigeons droit vers cette cration que certains traiteraient de vision dillumin. Cependant, certaines personnes au fait de ces trs grands projets ont su, sous forme de romans, prsenter des vues similaires. Cest le cas dAldous Huxley avec Le meilleur des mondes paru en 1931. voquant un monde unifi aux principes moraux inverss, l auteur voque cet tat mondial dont la devise ressemble de plus en plus notre monde : Communaut, Identit, Stabilit . Ce monde politiquement unifi est subdivis en dix administrations mondiales qui rappellent trangement les sept sections rgionales promouvant la charte mondiale de lautonomie locale4. Une de ces dix administrations mondiales est dirige par Mustapha Menier5. Laspect

    2. Des contacts particulirement cibls ont lieu. Ainsi, le 20 septembre 2006, le CFR a reu le prsident iranien Mahmoud Ahmadinejad pendant lh 30 New York pour discuter des contentieux entre les tats-Unis et lIran, mais aussi de la question palestinienne, du programme nuclaire de Thran ainsi que des propos tenus par le dirigeant iranien sur la question juive. Parmi les nombreux participants, on peut relever : le prsident du CFR, Richard N. Haass ; David Rockefeller ; lancien ministre du prsident Bush, Brent Scowcroft ; Kenneth Roth, prsident de Human Rights Watch ; ou encore lancien ambassadeur amricain en Isral, Martin S. Indyk in http ://www.cfr.org/publication/11498/ahmadinejad_spars_ with_cfr_members.html

    3. Edward Mandell House, Philip Dru : administrator, Robert Welch University Press, Appleton, Wisconsin, 1998, lorigine publi en 1912 par B.W. Huebsch.

    4. La dcomposition des nations europennes, op. cit, p. 149.5. Ladministrateur rsident de lEurope occidentale.

  • mondialiste est parfaitement rsum par Huxley qui prsente un dirigeant apatride portant un prnom arabe accol un nom typiquement franais. Paralllement, on peut remarquer que la loi franaise permettant, depuis le 1er janvier 2005, que le nouveau-n ait, au choix, le nom de son pre ou de sa mre ou encore les deux, ouvre la voie des kalidoscopes patronymiques de parfaits dracins. Tout ceci est fort utile pour former un libre- march global de consommateurs coups du socle national. Comme on peut le constater, ces ouvrages de fiction pure prennent un relief qui rappelle de plus en plus notre monde. Un tournant vient dtre atteint le 13 janvier2005 au parlement europen6.

    En effet, ce parlement a vot une rsolution consacre aux relations transatlantiques. Elle sinspire largement de ce fameux document du TPN (a strategy to strenghten transatlantic partnership du 4 dcembre 2003). Rappelant la dclaration transatlantique de 1990, le nouvel agenda transatlantique de 1995 et la ncessit de le rviser afin de tenir compte des modalits nouvelles, le parlement europen rappelle quil faut tablir une communaut d action transatlantique pour la coopration et les dfis rgionaux et mondiaux . Llaboration dune initiative de paix au Proche- Orient, la poursuite de la scurit mondiale et un nouvel lan permettant le renforcement du partenariat conomique doivent tre les trois axes permettant la promotion du lien transatlantique. Enfin, le parlement europen ajoute cet lment qui est une condamnation dfinitive du principe dEurope puissance : [Le parlement europen] considre que les initiatives susmentionnes devraient aboutir, d ici dcembre 2005, un accord entre les partenaires transatlantiques visant mettre jour le nouvel agenda transatlantique de 1995 en le remplaant par un accord d partenariat transatlantique mettre en uvre partir de 2007 ; considre que le dialogue transatlantique des lgislateurs doit prendre toute sa dimension ; quil convient de mettre en place immdiatement un systme dalerte rapide entre les deux parties et que les changes interparlementaires existants devraient tre graduellement transforms en une Assemble transatlantique de fa it (ndlr : soulign par nous) ; [Le parlement europen] charge son prsident de transmettre la prsente rsolution au Conseil, la Commission et aux parlementaires des Etats membres, ainsi quau Prsident et au Congrs des tats-Unis dAmrique .

    Cette Assemble transatlantique7 sera, si elle aboutit, le marchepied du mondialisme unifi. Dans son livre Le vrai choix , Zbigniew Brzezinski8

    6. Rsolution du Parlement europen sur les relations transatlantiques, 13 janvier 2005, P6_TA(2005)0007, Strasbourg.

    7. Le principe dune Assemble transatlantique sest tabli aussi entre lUnion europenne et lAmrique latine. En effet, le 27 avril 2006, les dputs europens ont adopt un rapport lanant la cration dune Assemble transatlantique euro-latino-amricaine (EURO- LAT) afin que celle-ci devienne lorgane parlementaire du partenariat stratgique . Avec lmergence de grands ples continentaux (nord-amricain, sud-amricain, europen,...) en voie dunification, la logique du systme consiste crer de grandes assembles assurant le lien entre celles-ci in Un partenariat renforc entre lUnion europenne et l Amrique latine

  • voque lide dun gouvernement mondial n tant pas une perspective crdible pour encore quelques gnrations. Ce prince du mondialisme sait que des tapes intermdiaires sont ncessaires. Cest pourquoi, il met en avant le principe de communaut mondiale d intrts partags au sein duquel les tats-Unis serait la figure de proue. Cette version moderne de la Ligue de Dlos est exprime chez Brzezinski dans une formule qui, dune certaine manire, ne manque pas dhumour noir : une hgmonie de cooptation. En tout cas, lidal mondialiste prsent il y a presque un sicle sous la forme dun administrateur pointe son nez.

    (P6_TA-PROV(2006)0155. Par la suite, il suffira de crer une super Assemble mondiale chapeautant ces diverses assembles intercontinentales.

    8. Zbigniew Brzezinski, Le vrai choix, Paris, ditions Odile Jacob, 2004.

  • CHAPITRE II

    LAPANEUROPE AU SERVICE DU MONDIALISME

    Quelques jours aprs la victoire du non en France et aux Pays-Bas portant contre le projet de constitution europenne, les europistes se sont particulirement distingus dans le peu de considration quils portent lgard du suffrage universel. La formule Vox populi, Vox dei glisse sur eux comme leau sur les plumes dun canard. En effet, nous avons voqu ladoption de la rsolution le 13 janvier 20051 lanant le projet de crer une Assemble transatlantique (cf. B.I n97). Celle-ci consiste tenir des conciliabules communs entre le Parlement europen et le Congrs des tats-Unis avec ses invitables consquences conomiques conduisant un march transatlantique unique. A peine les lampions de la victoire du non eurent t teints, le Parlement europen a rcidiv en adoptant le 9 juin une nouvelle rsolution2 renforant le principe dune Assemble transatlantique. Rappelant avec satisfaction la proposition de rsolution 77 de la Chambre des reprsentants des tats-Unis le 9 fvrier 2005 portant sur les relations transatlantiques, cette rsolution renforce le principe favorisant un bloc politique et conomique de part et dautre de lAtlantique partir de 2007 : [Le Parlement europen] considre que cet accord de partenariat transatlantique devrait largir lactuel agenda dans les domaines politique, conomique et de scurit, tant entendu que ce partenariat devrait demeurer essentiellement un engagement politique ; estime que, s'agissant des relations conomiques, qui, selon une tude rcente de lOCDE, pourraient augmenter de 2 3% le PIB par habitant en Europe, il convient d identifier les entraves au commerce et linvestissement transatlantiques qui

    1. Rsolution du Parlement europen sur les relations transatlantiques, 13 janvier 2005, P6_TA(2005)0007, Strasbourg.

    2. Rsolution du Parlement europen en vue de la russite du sommet UE-tats-Unis qui sest tenue le 20 juin 2005 Washington DC, P6_TA(2005)0238, Strasbourg.

  • subsistent et dlaborer une feuille de route qui dfinit les moyens de renforcer le march transatlantique dans le cadre d un calendrier prcis, en dterminant des domaines d action prioritaires, et d ouvrir en parallle, dans les domaines spcifiques, un dialogue rglementaire propre faciliter le processus (...) .

    Une telle affirmation souligne largement la volont dtablir un bloc euro-atlantique. Mais ce travail de longue haleine ncessite lmergence dune Union europenne disposant de pouvoirs rgaliens aux dpens des nations qui la composent. Cest toute lambition de la Paneurope de permettre la mise en forme dun bloc europen sinsrant dans une gouvernance mondiale. Nous avons dj eu loccasion de citer de larges extraits du discours de son fondateur, Richard de Coudenhove-Kalergi, lorsque celui affirmait en 1950 la ncessit dtablir une constitution fdrale pour lEurope sinsrant dans une Fdration trois avec les tats-Unis en liaison avec lAngleterre jouant le rle de pont entre les deux piliers3. Or cest avec une constance dans ses convictions que R. de Coudenhove- Kalergi a prsent en 1969 un mmorandum accompagn dune lettre Oliver Guichard, baron du gaullisme. Ces documents officiels4 suffisent eux seuls cerner lobjectif final de la Paneurope. En dehors de quelques lignes propres au contexte de lpoque (rgime sovitique, existence des blocs), ce texte est dune grande actualit en ce dbut de XXIe sicle. Comme le prcise clairement le mmorandum, Richard de Coudenhove-Kalergi trace la voie suivre en prconisant un systme confdral permettant linstauration dune politique trangre, de la dfense et de la monnaie. En ce qui concerne le dernier point, la chose est acquise avec leuro malgr son caractre contre-nature dun point de vue conomique. Ensuite, son auteur explique quil faut agir par tape ( LEurope politique se ferait en deux tapes comme il le dit lui-mme) en passant dune Europe confdrale5 au sein de laquelle les tats-nations conservent leur souverainet une Europe fdrale, cest--dire en permettant le transfert des prrogatives

    3. La dcomposition des nations europennes, op. cit, p. 75 et lannexe 11.4. Voir annexe 15. Comme le rappelait Jacques Bainville : Il ny a pas de politique nouvelle. Il y a la

    politique tout court, fonde sur lexprience historique, sur la connaissance des hommes et des peuples . L'exprience de lhistoire rvle quil nexiste pas de rgime confdral capable de fonctionner. Ce nest donc pas la peine pour certains de sexciter sur des projets de rorganisation de l Europe au profit de ce systme. Lchec de ce dernier rside dans le fait que les ambitions humaines ainsi que les rivalits politiques et conomiques entrent en comptition entre les diffrents tats confdrs. H ne faut pas croire que linstauration dun contre-pouvoir au sein dune Confdration arrte lenvie ltat confdr le plus puissant de sarroger tous les pouvoirs. Au xixe sicle, la Confdration germanique avait beau tre dote dun parlement Francfort appel grer et rgler les rapports entre les diffrents membres, cela nempcha nullement la Prusse dvincer lAutriche au profit dune petite Allemagne sous la frule de Berlin. Le pouvoir ne se partage pas surtout quand on est le plus fort. Pour une connaissance approfondie de la politique allemande en Europe et du mouvement pangermaniste, en particulier lgard de lAutriche des Habsbourg au cours des XIXe et xxe sicles, il faut se rfrer au remarquable ouvrage dAndr Chradame LEurope et la question dAutriche, au seuil du XXe sicle , Paris, Pion, 1901.

  • essentielles des tats au profit dune entit politique suprieure, un tat europen dot dune constitution fdrale. Ce fait doit tre particulirement soulign parce que certains dfenseurs de la cause nationale nourrissent une sympathie l gard de la Paneurope croyant que cette dernire ne cherche que linstauration dune Europe confdrale respectueuse des souverainets nationales. Cette lourde erreur dapprciation empche les mouvements souverainistes de continuer lindispensable prise de conscience pralable de toute rsistance nationale afin de sopposer au systme6. Cette situation perverse illusionne encore trop de fidles dune France indpendante qui se fient tort certains dirigeants pour le plus grand profit du systme euro- piste et mondialiste. En effet, pour les thurifraires dun monde proche de celui dAldous Huxley, il est de lintrt des Puissants dentretenir un semblant dopposition laissant croire que le combat nest pas perdu. Mais en ralit, comme au casino, les jeux sont faits . Compltons le dcor en prcisant quen plus de ces quelques brebis galeuses, il faut ajouter certains reprsentants soucieux de sopposer tout en restant confortablement dans le moule du systme. On est loin de lesprit du chevalier Bayard.

    En tout cas, il faut se mfier de la Paneurope comme de la peste car elle fait partie intgrante du grand broyeur des tats-nations7. Elle est dautant plus dangereuse quelle se prsente sous des habits qui attirent le regard8.

    6. Cest le cas de la Fondation Coudenhove-Kalergi (http ://www.coudenhove-kalergi- stiftung.org/start_homel.asp). Cre en 1978, cette Fondation fidle la pense de son crateur poursuit lobjectif dimplanter les valeurs paneuropennes exprimes dans ses Principes fondamentaux ; cest--dire une Europe politiquement unie et reconnaissant l autodtermination des peuples et le droit des groupes ethniques au dveloppement culturel, conomique et politique . Elle rcompense les personnes uvrant dans cette voie avec lattribution dun Prix europen (Eumpapreistrager). Sans tous les citer, nous pouvons relever: Raymond Barre, Franz-Josef Strauss (ministre-prsident du Land de Bavire dans les annes 1970), le roi dEspagne Juan Carlos, l ancien chancelier Helmut Kohi, lancien prsident des tats-Unis Ronald Reagan, Alois Mock (ancien ministre des Affaires trangres autrichien) ou encore Otto de Habsbourg (successeur de R. de Coudenhove-Kalergi en 1972). Au 1er janvier 2005, nous pouvons relever parmi les membres du Conseil de la Fondation : Alois Mock, Alain Larcan (prsident du comit scientifique de la Fondation Charles de Gaulle), Andr Rossinot (maire de Nancy), Raymond Barre, Maurice Druon (secrtaire perptuel lAcadmie franaise) ou encore Otto de Habsbourg in http ://www.coudenhove-kalergi-stiftung.org/stiftung_stiftungsratsmitgliederl.asp

    7. Certains de leurs reprsentants ont jou un rle dcisif dans llaboration de la Charte des langues rgionales ou minoritaires et la Convention-cadre pour la protection des minorits. Voir notre ouvrage Minorits et rgionalismes aux Editions Franois-Xavier de Guibert, p. 166 et suivantes.

    8. En 1950, recevant le Prix Charlemagne , Richard de Coudenhove-Kalergi prnait la fusion des partis politiques nationaux dans un mme parti europen en fonction des tiquettes de chacun. Ainsi, les partis socialistes des diffrents tats devaient se fondre dans un grand parti socialiste europen, idem pour les libraux ou les dmocrates chrtiens. Cette fusion devait concerner aussi les syndicats. Inexorablement, cette ide fait son chemin. Dans son discours du 8 septembre 2006 Bruxelles au sein du think tank Les amis de lEurope , Nicolas Sarkozy a rappel sa foi en une Europe politique en permettant ltablissement dun mini-trait afin de contourner les non franais et hollandais des 29 mai et 1er juin 2005. Tout dpend du bon vouloir de lAllemagne. En tout cas, lancien ministre de l intrieur du gouvernement Villepin souhaite tendre la majorit qualifie et la codcision, instaurer

  • Mais au vu des dessous, il ny a rellement rien daffriolant. Malgr lchec du rfrendum du 29 mai, la Paneurope et toutes les structures europistes feront tout par la porte ou par la fentre pour faire passer leur idologie mortifre. Les Franais ne doivent absolument pas sendormir sur leurs lauriers en pensant quils ont dfinitivement gagn le 29 mai9. La m... est contaminante. La victoire sur lesprit euro-mondialiste et son organisation ne sera totale quavec la disparition corps et bien dun systme de pense dont les origines sont fort lointaines. H est dit Aide-toi et le Ciel taidera ; cette formule est ntre. Cependant, la premire et relle victoire sur nos adversaires ne sera pas humaine.

    l lection du Prsident de la Commission par le Parlement europen, officialiser un ministre des Affaires trangres de lUnion europenne, doter celle-ci de la personnalit juridique (donc exit de la souverainet nationale) et crer un impt europen se surajoutant aux autres. Enfin, il a ajout une mesure qui aurait pleinement satisfait R. de Coudenhove-Kalergi : Je propose une formule la fois audacieuse et simple mettre en place : permettre que les listes nationales dune mme famille politique europenne puissent s affilier entre elles. Ainsi les listes qui, en France, en Allemagne, en Italie, ou ailleurs appartiennent la famille du PPE (ndlr: Parti Populaire Europen) pourraient s affilier pour prsenter ensemble, conjointement, un seul et mme programme pour lEurope. Libre aux autres familles politiques de faire de mme : PSE (ndlr : Parti Socialiste Europen), Libraux, Verts, etc. Ainsi, les lections europennes seraient-elles bien loccasion de campagnes europertes, sur des thmes europens, pour dfendre des programmes politiques europens. Pourquoi dailleurs ne pas mettre en place cette formule rapidement, ds avant les lections de 2009, au moins entre les tats membres souhaitant faire ce pas important. La France et lAllemagne pourraient ouvrir la voie en permettant aux listes des deux pays de s affilier entre elles en dcidant que les rsultats dfinitifs seraient arrts sur la base des rsultats obtenus lchelle franco-allemande, avec, par le biais de lutilisation des restes, une prime en termes de siges aux listes ayant fait l objet d un apparentement franco-allemand .

    9. Le rapport dAndrew Duff et de Johannes Voggenhuber prvoit la mise en place dune constitution europenne pour 2009 malgr les refus franais et hollandais. Ce rapport a t adopt le 19 janvier 2006 par le Parlement europen. Voir Larchitecture du bloc euroatlantique., p. 79.

  • CHAPITRE n i

    VERS UNE COMMUNAUT NORD-AMRICAINE1

    Les btisseurs uvrant en faveur dun tat mondial continuent mthodiquement poser pierre aprs pierre les lments permettant dtablir lidal mondialiste par excellence : la Cit de lHomme. Dtruire les tats-nations en leur substituant des rgions ou des groupes rgionaux permettant lmergence dun bloc europen doit saccorder au mme processus en cours partout dans le monde en liaison avec dautres entits du mme genre (lAmrique du Sud avec sa Dclaration de Cuzco par exemple). Ltat mondial ou la formation dun syndic unique nest pas compltement ralis car il sagit dabord de constituer de grandes units administratives continentales rgies par les mmes rgles. La finalit suprme consistera ensuite fusionner lensemble en une immense pange mondialiste2 . Nous ny sommes pas encore malgr lvolution fort rapide du systme.

    LAmrique du Nord nchappe pas ce processus. Lentre en vigueur le 1er janvier 1994 de lALENA (Accord de Libre-change Nord Amricain) entre les tats-Unis, le Canada et le Mexique a permis de constituer une premire bauche dentit conomique unifie. Les objectifs dfinis dans son article 102 visent liminer les obstacles au commerce des produits et des services entre les territoires des Parties et faciliter le mouvement transfrontalier de ces produits et services (...), crer le cadre d une coopration trilatrale, rgionale et multilatrale plus pousse afin daccrotre et d largir les avantages dcoulant du prsent accord . Ces affirmations ont connu un nouvel lan grce aux travaux du Council on

    1. Cette communaut nord-amricaine appele aussi Union Nord-amricaine (North American Union, NAU) est le pendant de lUnion europenne.

    2. La pange : Runion diffrents moments de lhistoire de la terre de tous les continents en une masse unique entoure par un ocan. La dernire pange remonte 240 millions dannes.

  • Foreign Relations (le CFR, haut lieu de llaboration de la politique amricaine) en liaison avec le Conseil Canadien des Chefs dEntreprises (le CCCE regroupant les hauts dirigeants de 150 entreprises canadiennes) et le Consejo Mexicano de Asuntos Internationales (le COMEXI, organisation politique multidisciplinaire soutenue par les entreprises mexicaines). En effet, il a t dcid de crer une Communaut conomique et de scurit Nord- amricaine dici 20103. Le coup denvoi officiel a t lanc le 23 mars2005 Waco (Texas) par le Prsident Bush, le Premier ministre du Canada, Paul Martin et le Prsident du Mexique, Vincente Fox. Bnficiant dun pr-rapport labor et prsent le 14 mars 2005 par le CFR, le CCCE et le COMEXI grce aux travaux de John P. Manley, ex-vice-premier ministre et ministre des finances du Canada, de Pedro Aspe, ex-ministre des finances du Mexique et de William F. Weld, ex-gouverneur du Massachusetts et adjoint au Procureur gnral des tats-Unis4, ces trois chefs dtats ont annonc leur volont daccomplir ce programme en vue de lchance de 2010. Ces ambitions se sont immdiatement concrtises Waco par la cration du Partenariat Nord-amricain pour la Scurit et la Prosprit (le PSP) et par la mise en place de groupes de travail ministriels traitant des sujets conomiques et scuritaires. Cependant, ce nest quen mai de la mme anne que le programme complet et dtaill a vu le jour. Comme le rappelle le Prsident du CFR, Richard N. Hass, Le groupe de travail offre une srie de propositions dtailles et ambitieuses qui s ajoutent aux recommandations adoptes par les trois gouvernements lors du sommet au Texas en mars 2005. La recommandation principale du Groupe de travail est d tablir d ici 2010 une communaut conomique et scuritaire en Amrique du Nord, dont les limites seraient dfinies par un tarif douanier commun et un primtre de scurit externe . Fort de tous ces buts affichs, il ressort de ce rapport les points suivants.

    Selon leurs auteurs, lAmrique du Nord doit affronter trois types de dfis : les menaces communes envers notre scurit, les dfis communs

    3. Les Prsidents amricain et mexicain, Georg W. Bush et Felipe Calderon se sont runis avec le Premier ministre canadien, Stephen Harper, Montebello (Qubec) les 21 et 22 aot 2007, afin dacclrer la mise en forme de lUnion Nord-amricaine in http : //www.whitehouse.gov/news/releases/2007/08/20070821-2.html (Joint Statement by Prime minister Harper, Prsident Bush and Prsident Calderon).

    4. En plus de ces dirigeants, il faut citer au sein de cette quipe, le vice-prsident Robert A. Pastor http ://www.cfr.org/publication/7912/creating_a_north_american_community_chair- mens_ statement.html. Parmi ces nombreuses activits, il est Director of the Center for North American Studies. Surtout, il est lauteur dun livre intitul Toward a North American Community, paru YInstitute for International Economies, en aot 2001. Tout en prnant l instauration dun bloc nord-amricain unifi, il suggre linstauration dune monnaie unique, linstar de l euro pour lUnion europenne, qui remplacerait le Dollar amricain, le Dollar canadien et le Peso mexicain au profit dune nouvelle unit montaire appele Amero (p. 111 : Macroeconomic policy coordination and the amero). Comme le rappelle Robert A. Pastor, cest le professeur dconomie Herbert G. Grubel, professeur linstitut de Vancouver, Simon Fraser, qui est lorigine dun rapport en 1999 (The case for the amero) appelant la cration dune banque centrale pour la communaut nord-amricaine et dune nouvelle monnaie appele Amero , op. cit, p. 114.

  • contre notre croissance et notre dveloppement conomiques et le dfi commun que reprsente le niveau ingal de dveloppement conomique. Afin de rpondre ces dfis, le groupe de travail a labor deux types de recommandations qui vont des rponses immdiatement applicables sur le terrain et celles qui doivent tre prises dici 2010 dans les domaines de la scurit, de lconomie et de la politique. Selon la question aborde, il arrive quil ny ait pas toujours de recommandations particulires prendre pour lanne 2010.

    - Le premier grand point poursuit le but de Rendre VAmrique du Nord plus scuritaire . Des recommandations ont t prsentes dans les domaines militaires et conomiques. Il sagit dtablir une ligne de protection unique ceignant lensemble du Nouveau monde. Les mesures prendre selon leurs promoteurs sont les suivantes :

    I. Scurit

    Mettant en exergue la menace du terrorisme, les rdacteurs du rapport proposent les mesures prendre.

    a. Ds maintenant

    1) tablir un primtre commun de scurit dici 2010. Il sagit de favoriser la mise en place dun primtre commun de scurit pour l Amrique du Nord .

    2) Crer un permis frontalier Nord-amricain. Ce permis scuris contiendrait des indicateurs biomtriques. Sappuyant sur le modle des Cartes intelligentes labor par les programmes NEXU entre les tats- Unis et le Canada et SENTRI entre les tats-Unis et le Mexique, ce programme sappliquerait aux personnes ne posant pas de risques. Toute la question est de savoir quels seront les critres qui permettront de ranger les personnes dans la catgorie dite risques. Le rapport ne le prcise pas. Les risques de drive sont bien rels.

    3) laborer un plan daction Nord-amricain unifi concernant les frontires. Lobjectif est de clairement tablir des Frontires intelligentes entre les trois tats avec une harmonisation des visas, du droit dasile, des inspections dentre et des procdures de surveillance des personnes, des biens, des navires, le partage complet des donnes sur les sorties et les entres des ressortissants trangers ; enfin linspection conjointe du trafic des conteneurs entrant dans les ports Nord-amricains.

    4) tendre linfrastructure frontalire. En raison de laccroissement rapide des changes entre les trois pays, le rapport souligne limportance dajouter des installations supplmentaires la frontire afin de fluidifier les changes commerciaux.

  • 1) Paver la voie pour une circulation plus libre des personnes l'intrieur de VAmrique du Nord. Comme le prcise le rapport Un des objectifs long terme d un plan d action Nord-amricain sur les frontires devrait tre une inspection conjointe des voyageurs d un tiers pays leur premier point d entre en Amrique du Nord et l limination de la plupart des contrles des mouvements temporaires de ces voyageurs lintrieur de lAmrique du Nord .

    II. Maintien de lordre et de la coopration militaire

    La coopration en matire de scurit entre les trois pays savre indispensable en ce qui concerne le terrorisme et le maintien de lordre. Ce travail aboutirait l tablissement d un centre tripartite de renseignement sur les menaces, la cration d un registre tripartite des armes feu et des explosifs et une formation conjointe des agents de la force publique . Il en ressort la mise en place immdiate des points suivants.

    a. Ds maintenant

    1) Faire du NORAD (Commandement de la dfense arienne du continent Nord-amricain) un commandement de dfense multiservice. Comme le rapporte avec nettet ce rapport, il sagit de permettre au NORAD de devenir un commandement de dfense multiservices qui tendrait le principe du commandement unifi tats-Unis - Canada aux forces terrestres, navales et ariennes impliques dans la dfense des abords de l Amrique du Nord . Dans cette affaire, le Mexique y enverrait des observateurs.

    2) Augmenter le partage des informations et du renseignement aux niveaux local et national dans les domaines du maintien de Vordre et des organisations militaires. Outre la coopration et le partage rapide de renseignements et dinformations, les tats-Unis et le Canada invitent le Mexique rflchir un partage d information plus dvelopp et une planification collaborative impliquant les organisations militaires et le maintien de l ordre pour laborer une confiance mutuelle et ouvrir la voie une coopration plus troite lavenir . Il est mme prcis la ncessit de crer un Centre conjoint danalyse . Celui-ci servirait de banque dinformation et de mise au point de produits assurant le maintien de lordre mais aussi, selon les besoins, les exigences militaires (pas de recommandations pour 2010).

    III. Distribuer les avantages du dveloppement conomique

    Les auteurs soulignent que le dveloppement du continent Nord-amricain affiche des disparits conomiques importantes entre le Nord et le Sud du Mexique. Il est rappel que le Mexique a aussi besoin de rformes

    b. D ici 2010

  • significatives de ses politique fiscale et nergtique pour pouvoir exploiter plus efficacement ses propres ressources afin de faire progresser son dveloppement conomique .

    a. Ds maintenant

    1) Intensifier les efforts du Mexique pour acclrer son dveloppement conomique. Tout en suscitant davantage dinvestissement et une meilleure distribution des fruits de la croissance, il est stipul que le Mexique en raison de son retard de dveloppement doit amliorer sa capacit et sa productivit nergtique, sa transparence administrative, son systme ducatif etc. Mme sil est prcis que cest aux Mexicains dlaborer eux-mmes la politique permettant ces amliorations, il est rappel que les tats-Unis et le Canada se doivent daider massivement ce pays. Ceci obligera Mexico tablir une politique conforme au soutien trs intress de ses deux voisins du Nord. H est prcis dans ce rapport que laide apporte doit tre reconnue comme une priorit dans les programmes de dveloppement international des tats-Unis et du Canada. En change de ce soutien, Washington et Ottawa exigeront des garanties limitant doffice les marges de manuvre du Mexique.

    2) Crer un fonds dinvestissement nord-amricain pour les infrastructures et le capital humain. Il sagit dencourager le flux de capitaux privs vers le Mexique. Lobjectif est damliorer les infrastructures des territoires mexicains les plus dfavoriss afin de mieux les connecter au continent Nord-amricain.

    3) Augmenter la capacit de la Banque Nord-amricaine de dveloppement (BNAD). Cette banque poursuit l objectif damliorer les projets dinfrastructures sur une zone de 100 kilomtres ct amricain et de 300 kilomtres ct mexicain. L aussi, cette politique a pour but de mieux intgrer lconomie mexicaine aux deux gants du Nord, (pas de recommandations pour 2010).

    IV. laborer une stratgie Nord-amricaine en matire de ressourcesnaturelles

    Nous touchons l un secteur clef. Les tats-Unis tant de gros consommateurs dnergie, ils se doivent dorganiser au mieux leur approvisionnement en provenance du Canada et du Mexique grands producteurs de gaz et de ptrole (Le Mexique tait le deuxime exportateur de ptrole vers les tats-Unis en 2004). Il en ressort trois points rgler ds 2005.

    a. Ds maintenant

    1) laborer une stratgie nergtique Nord-amricaine. Les trois gouvernements se doivent duvrer ensemble la scurit nergtique . Ce programme a t lanc en 2001. Il doit tre selon ses rdacteurs renforc.

  • 2) Dvelopper pleinement ses ressources nergtiques mexicaines. Ceci permettrait dacclrer sa croissance conomique. Cela profiterait aussi en priorit aux tats-Unis.

    3) Conclure un Accord Nord-amricain sur les ressources. Comme le prcisent les rdacteurs : Pour assurer le plein dveloppement des ressources minires, forestires et agricoles de l Amrique du Nord, les investisseurs d un pays doivent avoir lassurance de ne pas tre harcels par la concurrence dans un autre pays .

    b. D ici 2010

    1) Prendre un engagement Vchelle Nord-amricaine en faveur dun environnement plus propre. Afin dchapper aux mesures prises Kyoto, les rdacteurs prcisent quun rgime Nord-amricain concernant l nergie et les missions pourrait offrir une alternative rgionale au Protocole de Kyoto, laquelle alternative impliquerait les trois pays .

    2) tendre la collaboration tripartite en matire de conservation et dinnovation. Il sagit dencourager les initiatives luttant contre la pollution et favorisant les nergies alternatives.

    - Le deuxime grand point de ce rapport concerne la cration dun espace conomique Nord-amricain . Pour satisfaire cette ambition, ce groupe de travail a prsent les recommandations suivantes : tudier un march Nord-amricain intgr, adopter une approche Nord-amricaine des rglements, amliorer la mobilit de la main-duvre et augmenter lappui aux programmes pdagogiques Nord-amricains.

    I. tablir un march Nord-amricain intgr pour le commerce

    Avec lapplication de lALENA (suppression de presque toutes les barrires tarifaires), lobjectif ultime comme le rappelle ses promoteurs serait de crer un march intgr pour les fournisseurs et les consommateurs dans toute lAmrique du Nord .

    a. Ds maintenant

    1) Adopter des tarifs externes communs. Il sagit dharmoniser les tarifs externes en prenant soin que cela soit compatible avec les obligations multilatrales.

    2) Revoir les secteurs de VALENA qui ont t exclus ou les lments qui nont pas t compltement mis en uvre.

    3) tablir un tribunal permanent Nord-amricain pour la rsolution des diffrends. Qui plus est, le rapport souligne la ncessit de rviser le mcanisme de rsolution des diffrends de VALENA pour le rendre plus efficace et transparent.

    4) tablir une approche conjointe des pratiques commerciales dloyales.

  • 1) tablir une commission tripartite sur la concurrence. Les initiateurs de ce document rappellent que les trois gouvernements devraient galement tablir une commission tripartite - m e agence continentale antitrust- qui se penchera sur les pratiques dangereuses de subventions (...) .

    H. Adopter une approche Nord-amricaine de la rglementation

    Les rdacteurs de ce document soulignent l importance dune convergence de la rglementation afin de crer un march plus vaste et plus harmonieux. Il se dgage trois initiatives mettre en place.

    a. Ds maintenant

    1) Assurer la mise en uvre rapide dun plan daction rglementaire pour lAmrique du Nord. Le rapport prne entre autres lharmonisation des normes comme la reconnaissance rciproque (dans le domaine des licences), linteroprabilit ou encore ladoption des rgles de lautre.

    2) Sentendre sur les secteurs prioritaires pour une intervention prcoce. Afin de faciliter lintgration conomique, le groupe de travail considre comme prioritaire trois secteurs en vue damliorer la comptitivit Nord- amricaine : Ciel ouvert et circulation libre (avec accs illimit au territoire de chacun aux lignes ariennes et aux entreprises de transport), Teste une fois pour la biotechnologie et les produits pharmaceutiques, politique selon laquelle un produit test dans un pays pourrait rpondre aux normes tablies par un autre ou tablir un centre d essai de l Amrique du Nord avec du personnel de chacun des trois pays, enfin, Intgrer la protection alimentaire, sanitaire et environnementale.

    3) Faire de la norme Nord-amricaine lapproche par dfaut de la nouvelle rglementation. Lutilisation du Partenariat Nord-amricain pour la scurit et la prosprit servirait doutil pour tablir un nouveau mcanisme afin de permettre une plus grande collaboration et une plus grande consultation entre les trois pays, tous les niveaux de gouvernement, au fur et mesure que de nouvelles rgles sont labores et adoptes . (pas de recommandations pour 2010).

    III. Accrotre la mobilit de la main-duvre en Amrique du Nord

    Ce point est particulirement important puisquil vise tendre la mobilit des populations des trois pays. Sur le long terme, nous assisterons une modification profonde de la composition identitaire Nord-amricaine avec larrive massive et encourage des populations hispanophones. Comme le souligne le rapport : Le Canada et les tats-Unis devraient envisager de lever les restrictions sur la mobilit de la main-duvre et de chercher des

    b. D ici 2010

  • solutions susceptibles, long terme, d tendre au Mexique la mobilit totale de la main-duvre .

    a. Ds maintenant

    1) tablir les programmes relatifs aux travailleurs migrants temporaires. Le besoin de main-duvre croissant incite les tats-Unis et le Canada largir les programmes de migration partir du Mexique pour travail temporaire .

    2) Appliquer lentente sur la totalisation de la scurit sociale ngocie entre les tats-Unis et le Mexique. Lobjectif est dviter la double imposition.

    b. D ici 2010

    1) Crer une prfrence Nord-amricaine . Il sagit dtablir des facilits de travail aux habitants des trois pays suprieures aux immigrants venant hors de lAmrique du Nord.

    2) Instaurer une mobilit totale de la main-duvre entre le Canada et les tats-Unis. Llimination complte des obstacles entre les tats-Unis et le Canada doit permettre ces ressortissants de travailler dans lautre pays sans aucune difficult. Au sujet du Mexique, il est prcis : A long terme, les deux pays devraient tendre cette politique au Mexique, mais ce ne sera gure faisable avant que les diffrences existant entre les niveaux de salaires au Mexique et chez ses deux voisins Nord-amricains aient considrablement diminu .

    3) Reconnaissance mutuelle des normes et diplmes professionnels.

    IV. Appuyer un programme dducation Nord-amricain

    Cette politique consiste favoriser un vritable brassage du monde tudiant entre les trois pays afin de favoriser long terme un maillage conomique resserr.

    a. Ds maintenant

    1) Crer un fonds important de bourses dtude pour tudiants des cycles primaire et secondaire, pour leur permettre de poursuivre des tudes dans les deux autres pays dAmrique du Nord et dapprendre les trois langues de la rgion. Nous noterons que lAmrique du Nord est classe dans la catgorie rgion. Cette dernire nest quun lment constituant le futur tat mondial.

    2) Dvelopper un rseau de centres dtudes Nord-amricaines. A linstar de lUnion europenne qui soutient des Centres de lUE dans 15 universits amricaines et dans 12 chaires Jean Monnet, les rdacteurs du rapport prconisent que les trois gouvernements ouvrent un concours et accordent

  • des subventions aux universits, dans chacun des trois pays, pour promouvoir des cours, de lducation et de la recherche sur l Amrique du Nord et aider les coles primaires et secondaires dvelopper un enseignement sur lAmrique du Nord .

    3) Promouvoir lapprentissage par Internet, lintrieur de lAmrique du Nord.

    4) Dvelopper des changes et des programmes de formation pour les enseignants du primaire et du secondaire. Lobjectif est de faire disparatre les obstacles linguistiques et de donner un sens plus profond d appartenance lAmrique du Nord .

    5) Dvelopper des programmes de jumelages dcoles et dchange dtudiants.

    6) Encourager des faons imaginatives de dvelopper des connections Nord-amricaines. Les rapporteurs encouragent les fondations et les instituts de recherche promouvoir lappartenance une communaut Nord- amricaine. (pas de recommandations pour 2010).

    - Le troisime et dernier grand point de ce rapport traite De la vision laction : Institutions pour guider les relations tripartites. Cette volont mondialiste dinstaurer un bloc Nord-amricain unifi conduit un profond changement institutionnel. Les transformations apporter sont les suivantes.

    a. Ds maintenant

    1) Instaurer un sommet annuel Nord-amricain.2) Renforcer les structures gouvernementales. Le rapport prconise un

    renforcement des structures internes de chaque pays en mettant sur pied des groupes de travail mens par un ministre, qui devront rendre compte dans les 90 jours et devront se runir rgulirement .

    3) Crer un comit consultatif Nord-amricain. Cest avec la cration dun groupe indpendant de conseillers que les rdacteurs de ce rapport insistent particulirement sur le fait que Leur mandat serait de s engager dans une exploration cratrice d ides nouvelles dans une perspective Nord-amricaine. Une approche complmentaire consisterait mettre sur pied des organismes privs qui se runiraient rgulirement ou annuellement pour tayer les relations Nord-amricaines, en s inspirant des confrences de Bilderberg ou de Wehrkunde, dont le but tait de soutenir les relations transatlantiques .

    4) Crer un groupe interparlementaire Nord-amricain. Dans cette affaire, les Etats-Unis jouent un rle clef en raison de leur primaut conomique et militaire. Afin de promouvoir des liens institutionnels forts avec les deux autres pays, le groupe de travail recommande que les runions bilatrales aient lieu tous les deux ans et que les trois partenaires Nord-amricains crent un groupe interparlementaire tripartite qui se runirait aussi tous les deux ans entre les runions bilatrales . (pas de recommandations pour 2010).

  • Conclusion

    Le caractre dtaill de ce programme souligne limmense effort lanc par les mondialistes afin de favoriser lmergence dun bloc go-conomique Nord-amricain unifi5. Comme le rappellent les instigateurs de cette politique : Ltablissement d ici 2010 d une communaut conomique et de scurit pour lAmrique du Nord est un objectif ambitieux mais ralisable (...) . Ce processus Nord-amricain en cours se doit dtre considr aussi en liaison avec dautres blocs continentaux mergents en particulier lUnion europenne. Cette dernire continue son travail de maonnerie permettant le dmantlement des tats-nations malgr les non franais et hollandais au rfrendum. Face la rsistance de certains peuples, la philosophie mondialiste sengagera de plus en plus vers lutilisation de mthodes restreignant les liberts individuelles et encourageant une ducation, tel

    5. La cration dun grand ple nord-amricain unifi politiquement, conomiquement et militairement conduit obligatoirement un ramnagement complet des axes de communication afin de favoriser la circulation des biens et des personnes lchelle continentale mais aussi pour faciliter des connexions avec dautres blocs go-conomiques en formation. Cest le cas avec le programme TRACECA (sigle anglais pour : Transport Corridor Europe-Cau- casus-Asia) lanc par lUnion europenne en 1993 et soutenu par les tats-Unis, corridor eurasien concernant les moyens de transport classiques (ports, rseaux routiers et ferroviaires) et complt par Inogate (Interstate OU and Gaz Transport to Europe) pour les oloducs afin douvrir la zone du Caucase au march mondial. On retrouve ce principe en Amrique du Sud ou dans lUnion europenne. Dans le cas europen, on recense 10 corridors paneuropens. Mentionns en 1992, dfinis en 1996 et renforcs lors des confrences paneuropennes des ministres des transports en Crte (1994) et Helsinki (1997), les rseaux transeuropens ont pour objectif dunifier le territoire europen en voies de communications multiples entre sa partie occidentale et les pays dEurope centrale et orientale. Dans le cas de lAmrique du Nord, nous pouvons observer la cration du NASCO (North Americas Supercorridor Coalition, voir carte au dbut de louvrage). De grandes voies de circulations, traversant le continent du nord Canada jusquau sud du Mexique en passant par les grandes plaines au centre des tats-Unis, sont en cours de construction. Pareils de grandes artres, ces corridors symbolisent lmergence de ce grand bloc continental en cours dunification. On observe aussi des corridors amricains comme le corridor Pacifique, le corridor du centre Ouest, le corridor du centre Est et le corridor Atlantique. Par ailleurs, nous pouvons relever lacclration du processus conduisant la cration de grandes entits continentales en voie dunification. Outre lUnion europenne et la Communaut Nord- amricaine, il faut rappeler la cration le 8 dcembre 2004, suite la dclaration de Cuzco, de la Communaut sud-amricaine des nations (CSN). Runissant douze pays dAmrique du Sud et sappuyant sur le modle de lUnion europenne, lambition poursuivie est dunifier politiquement et conomiquement le continent sud-amricain avec en particulier la cration dune monnaie unique. Le phnomne concerne aussi lAsie. En effet, il existe depuis 2000 une Confrence internationale des partis politiques dAsie cherchant promouvoir la coopration rgionale sous toutes ces formes : The International Confrence of Asian Political Parties (ICAPP). Lors de sa 4 Confrence en septembre 2006, il a t dcid de lancer une Asian union (union asiatique). Il faut souligner le rle prgnant des fondations allemandes au service des partis politiques puisque la Fondation Konrad Adenauer (au service du parti de la CDU) et la Fondation Hans Seidel (au service du parti de la CSU) ont particip lorganisation de la 4 Confrence de lICAPP et la mise en forme des buts appelant lunification de toute la rgion asiatique, in http ://www.kas.de/ proj/ home/eyents/73/l/year-2006/month-9/veranstaltung_id-19247/index.html

  • Machiavel pdagogue, formatant les esprits son image. Cette dictature rehausse par une technologie sans cesse perfectionne traquera les vritables opposants au systme. Malheureusement, peu de personnes sen aperoivent6.

    6. Lmergence de grands blocs continentaux unifis passe obligatoirement par une refonte complte des voies de communication. Ce point capital est trait magistralement par Michel Blanzat dans Le Nouvel Ordre Mondial arrive par la route aux ditions Franois- Xavier de Guibert, parution dbut 2008.

  • CHAPITRE IV

    LVOLUTION RGIONALE DE LESPAGNE

    Depuis la fin du rgime franquiste, lEspagne sest dote dune constitution instituant une monarchie parlementaire. Demble, il sest mis en place toute une structure permettant de rgler les rapports entre lautorit centrale et les diffrentes entits rgionales. Cette constitution fut approuve par rfrendum plus de 87 % le 6 dcembre 1978. Celle-ci a institu des rgions dotes de capacits variables dautogouvemement. On distingue trois niveaux dadministration territoriale : les communes, les provinces et les communauts autonomes.

    Les communes au nombre de 8092 disposent dun conseil lu au suffrage universel. Ce dernier lit son tour le maire second par une commission de gouvernement local. Les communes sont comptentes en matire dducation, durbanisme, de protection de lenvironnement ou encore de salubrit publique.

    Les provinces sont la fois des units dadministration locale et des circonscriptions de ladministration centrale. Au nombre de 50, elles sont diriges par un prsident lu par le conseil provincial. Celui-ci est compos de dputs provinciaux lus par les conseillers communaux. Parmi les comptences accordes aux provinces, on peut rappeler la coopration juridique, conomique et technique.

    Enfin, la troisime strate dans lorganisation institutionnelle espagnole se situe au niveau des 17 communauts autonomes (basque, catalane,...). Disposant de son propre rglement dautonomie, le prsident de chaque communaut est lu par lAssemble lgislative. Celle-ci est lue au suffrage universel direct. Lensemble est second par un reprsentant de ltat afin dtablir le lien entre lautorit centrale et la communaut autonome. En dehors des principes rgaliens propres au fonctionnement de ltat castillan, ces communauts dtiennent des comptences trs larges (amnagement du territoire, agriculture, activit conomique,...).

    Les articles 148 et 149 de la constitution espagnole donnent chaque communaut la possibilit de fixer le niveau de comptences quelle

  • souhaite exercer. Cest pourquoi, ces communauts se caractrisent par une variation de leurs comptences voluant au gr de lhabilet des dirigeants rgionaux. Ce point est souligner puisquil a permis la Catalogne dadopter un nouveau statut le 30 septembre 2005 la condition officieuse de ne pas heurter la constitution espagnole. Compte tenu des ambitions croissantes des fodalits ibriques, les frictions se font sans cesse plus dures avec Madrid. Le droit de fixer de nouvelles rgles pour chaque communaut a ses limites mais leurs dirigeants l admettent de moins en moins. A partir du moment o une communaut obtient une facilit dans sa gestion interne, les autres entits rgionales espagnoles font pression pour obtenir des droits similaires. Le principe du ping pong permanent entre les communauts autonomes ayant obtenu gain de cause et celles restes sur leur faim est une source permanente de conflits qui prend une ampleur dautant plus grande que la politique europenne en faveur des rgions aiguisent les apptits.

    Cette varit dans lorganisation des communauts autonomes se traduit de deux manires. En effet, il faut distinguer les communauts de pleine autonomie des communauts dautonomie progressive . Les communauts de pleine autonomie ont la possibilit d accs lautonomie, cest--dire le droit dexercer de vastes prrogatives grce larticle 151 de la constitution espagnole. En revanche, le principe de lautonomie progressive correspond aux droits accords par l article 148 aux communauts mais susceptibles dtre amliors suite une rforme de leurs statuts. Ce processus a t tabli le 28 fvrier 1992 par le Pacte autonomique suite un accord conclu entre les deux grands partis, le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (le PSOE) et le Parti Populaire (le PP). La consquence de cette rforme a t une monte en puissance des communauts autonomes disposant de prrogatives infrieures rattrapant celles jouissant de droits forts.

    Ces caractristiques rgionales en Espagne prennent un tour particulirement vif avec le dveloppement et l enracinement des langues propres la pninsule ibrique. Trois articles de la constitution espagnole (de 1978) se rapportent la question des langues : les articles 3, 20 et 148.

    Comme le prcise larticle 3 : Lespagnol est la langue officielle de ltat. Tous les Espagnols ont le devoir de la connatre et le droit de l utiliser. Les autres langues espagnoles seront galement des langues officielles dans les communauts autonomes selon les statuts de chacune de celles-ci. La richesse des diverses modalits linguistiques de l Espagne constitue un patrimoine culturel qui doit tre particulirement respect et protg .

    Larticle 20 introduit des lments favorisant la diffusion des langues rgionales puisque quil prcise que la future rglementation de lorganisation et du contrle parlementaire des moyens de communication sociale du secteur public devra se faire dans le respect du pluralisme de la socit et des diverses langues de lEspagne .

    Enfin, larticle 148 dont nous avons mentionn les caractristiques larges accorde de grandes prrogatives linguistiques comme le dveloppement de la culture, de la recherche et lenseignement de la langue de la communaut autonome.

  • Le renforcement des langues rgionales en conformit avec ces articles et entrant invitablement en concurrence avec lespagnol sest traduit par une rafale de mesures prises par les communauts autonomes favorisant l utilisation de ces idiomes. Les mesures normalisant lemploi de ces langues ont commenc ds le dbut de la dcennie 1980 : loi du 24 novembre 1982 favorisant lusage du basque, loi du 23 novembre 1985 favorisant lusage et lenseignement du valencien, loi organique du 29 avril 1986 de normalisation linguistique aux les Balares, etc.

    Qui plus est, ces communauts autonomes disposent dune direction de la politique linguistique au sein de leur propre ministre de lducation. Charges de concevoir et de favoriser lapplication de ces mesures en faveur des langues, ces directions de la politique linguistique tmoignent de cette volont assidue daffirmer le basque, le catalan ou encore le galicien comme le socle incontournable de laire gographique de chaque communaut autonome.

    Les consquences invitables du renforcement politique et linguistique de ces communauts autonomes entranent une dsaffection croissante des citoyens espagnols dorigine catalane ou basque lgard de la constitution de 1978. Signe de lambiance dltre du climat politique en Espagne, un rcent sondage a dvoil que 3 % des Espagnols considrent la constitution de leur pays comme trs mauvaise. En revanche, 70 % dentre eux estiment ncessaire de procder une refonte du cadre politique afin de le rendre plus compatible avec les exigences nouvelles de la socit espagnole, sous- entendues des communauts autonomes cherchant se soustraire lautorit de Madrid. La crise institutionnelle qui se dveloppe en Espagne inquite le chef de ltat, le roi Juan Carlos, symbole de lunit et de la permanence de la nation. Ce descendant de Louis XIV a reu en 1982 la plus haute distinction euro-fdraliste, le Prix Charlemagne qui, ironie de lhistoire, reprsente lidal des mondialistes cherchant dcomposer les nations afin de les rendre plus dociles leur philosophie. LEspagne commence en faire les frais1 et son roi payer son engagement dans un systme trs loin de lesprit de son anctre Saint Louis.

    1. Le processus dclatement de lEspagne a pris un tour certain avec le rfrendum du 18 juin 2006 en Catalogne. Approuv par 73,9 % des votants mais avec une abstention relativement dcevante, 50,59 %, la Generalitat de Catalogne a obtenu toute une srie davantages qui lloigne encore plus de Madrid. La reconnaissance de la nation catalane dans le prambule est un pas immense dans cette direction: Le parlement de Catalogne, recueillant le sentiment et la volont des citoyens de la Catalogne, a dfini une ample majorit la Catalogne comme nation . Certes, cette affirmation na pas de valeur juridique. Mais lhomme de la rue catalan ne distingue gure ces subtilits juridiques. Le fait de reconnatre le principe de la nation catalane dans le prambule ou dans le corps du texte, cest pour lui du pareil au mme. Le nouveau statut catalan augmente largement les prrogatives de Barcelone. Dsormais, la Catalogne peut garder 50 % de limpt sur le revenu contre 33 % auparavant, 50 % de la TVA (contre 33 %) et 58 % des taxes sur les alcools, les carburants et le tabac (contre 40 %). En outre, les nouvelles dispositions permettent la Generalitat de renforcer les prrogatives en matire dducation, de justice, dimmigration, dutilisation de la langue catalane et des droits de la rgion dans les relations internationales. La Catalogne dispose de symboles propres un tat ; c est--dire un drapeau, un hymne et une

  • fte nationale-rgionale. Enfin, il faut souligner la philosophie de ce texte en adquation avec les grandes instances internationales soucieuses de favoriser une gouvernance mondiale. Le prambule prcise: La Catalogne, via ltat (central), participera la construction politique de lUnion europenne dont elle partage les valeurs et les objectifs. La Catalogne, avec sa tradition humaniste, confirme ses obligations envers tous les peuples pour la construction d un ordre mondial pacifique et juste . Cette monte en puissance des prrogatives catalanes fait des envieux partout dans la pninsule ibrique. Ainsi, le parlement andalou a adopt, le 2 mai 2006, un statut dautonomie 61,5 % qui proclame la ralit nationale andalouse. Comme laffirme avec force son prsident, Manuel Chaves : LAndalousie nacceptera jamais une situation d infriorit par rapport aucune autre rgion! (Les chos, 4 mai 2006). Ce genre de dclaration est le rsultat dune surenchre permanente qui ira croissante en Espagne. Il est vrai que le travail troit entre les Basques, les Catalans ou encore les Galiciens avec les instances bruxelloises favorables lethno-rgionalisme, o sactivent largement les dirigeants politiques allemands, ne peut quaviver les revendications multiples dambitieux fodaux ibriques. Il suffit de rappeler que le prsident de Catalogne jusquen 2006, Pasqual Maragall, a t la tte du Comit des Rgions (le CdR) de 1996 1998, institut imprgn du modle politique germanique et cr par le chancelier Helmut Kohi dans la foule du Trait de Maastricht. Les reprsentants des communauts autonomes ibriques simprgnent du modle ethno-rgional voulu par lAllemagne pour, ensuite, le rinjecter dans leur rgion dorigine. Le principe est videmment valable pour lensemble des dirigeants rgionaux du continent europen. Les lections pour le renouvellement du Parlement en Catalogne, le 1er novembre 2006, reconduisent une coalition tripartite de gauche : le parti socialiste catalan (PSC), les indpendantistes de gauche dERC et les socialo-verts dICV. Cependant, l intrt premier de ces lections est de souligner que les tenants dune indpendance de la Catalogne sont majoritaires. En effet, en additionnant les voix des nationalistes modrs (CiU dirig par Artur Mas : 31,52%), de la gauche rpublicaine (ERC dirig par Carod Rovira : 14,06 %) et des colos-communistes catalans (9,56 %), on obtient un total de 55,14 % tandis que la participation de llectorat catalan a atteint 56,77 %. Pour aboutir la reconnaissance de lindpendance du Montngro en mai 2006, les paramtres ont t fixs par lUnion europenne : au moins 55 % de participation lectorale et 50 % des suffrages en faveur dune mancipation complte. Or, ces chiffres ont t atteints dans le cas catalan. Certes, des clivages politiques subsistent entre les diffrents partis indpendantistes. Cependant, ces chiffres indiquent quavec quelques concessions de part et dautre de lchi- quier politique, la voie royale menant lindpendance est possible.

  • CHAPITRE V

    JACQUES BAINVILLE1, UN MODLE POUR COMPRENDRE LAVENIR

    Le musicien allemand, Richard Wagner, disait quil croyait en Dieu et en Beethoven. Lauteur de ces lignes peut affirmer quil croit en Dieu et en... Jacques Bainville. En effet, si un homme a pu marquer son poque, cest bien ce Lorrain n Vincennes (1879-1936). Il est rare de trouver dans lhistoire dun pays une intelligence politique aussi pure au service du bien commun. Avec sa capacit danalyse, de dduction et de projection dans lavenir, on peut presque dire que la France navait pas besoin de service de renseignements. Il suffisait de lire du Bainville pour tre renseign sur les vnements venir2. Lart quavait cet homme pour dnouer les liens apparemment inextricables dun enjeu est confondant par la logique acre double dune clart de langage qui fait dire aprs chaque lecture que la consquence de tel ou tel vnement ne peut tre que celle prsente par Bainville. Ceci est dautant plus net que nous vivons une poque accable par une dcrpitude totale de lintelligence politique. On peut mme dire que les crits de ce grand matre qui taient lus mme par le personnel de la IIIe Rpublique ne peuvent mme plus tre compris par les gnrations dcrbres de ce dbut de xxie sicle. Le titre de louvrage du philosophe Marcel del Corte Lintelligence en pril de mort prend une rsonance particulirement douloureuse pour les quelques personnes fidles une tournure desprit classique qui tait monnaie courante du temps o la France tait grande.

    Cependant, comme le dit ladage, La roue tourne . En attendant des jours meilleurs, il savre utile de comprendre le mystre Bainville. En

    1. Journaliste et historien franais, membre de l Acadmie franaise.2. Son ouvrage Les consquences politiques de la paix paru en 1920 donne point par

    point les lments conduisant la Seconde guerre mondiale (Anschluss, laffaire des Sudtes, le couloir de Dantzig...).

  • effet, si les prdictions de cet homme se sont rvles justes, celles-ci ne sont pas le firuit du hasard. Cette capacit saisir le rel est le rsultat dune mthode, dune manire de raisonner. Plusieurs lments entraient en jeu et se combinaient permettant Bainville de dlivrer un message quasi biblique. Mozart disait quil runissait les notes qui saimaient pour faire de la musique. Bainville a procd de la mme manire dans le domaine de la science politique qui chez lui tait devenue un art.

    La connaissance et limprgnation de la mthode bainvillienne est de salubrit publique. En effet, le grand reproche que nous pouvons faire au dernier carr cherchant dfendre la France des rois et les valeurs classiques, cest l incapacit utiliser les outils intellectuels de Bainville pour les appliquer notre poque. Beaucoup sont trs forts pour expliquer comment cet homme sy est pris pour analyser les problmes de son temps, mais se rvlent sauf exception plutt lgers quand il sagit de procder de la mme manire pour cerner les causes et les consquences de notre chute actuelle. Cest pourquoi, nous nous attacherons aligner les diffrents points dune mthode de raisonnement qui doivent tre ceux de tous les dfenseurs de la cause nationale.

    Le premier point souligner est la mthode et lobservation des faits. Cela doit se faire sans lombre dun sentiment particulier, dbarrasse de toute passion, presque avec dtachement et libre de toute rfrence une quelconque idologie. Ce nest gure vident car nous sommes des tres de chair et de sang. La tendance fatale est dintroduire dans ltude de tous les faits un frein en raison dune gne ou dun embarras en raison de nos convictions personnelles. Cette caractristique se doit dtre combattue par un entranement permanent. Bossuet disait que le plus grand drglement de l esprit consiste voir les choses telles quon le veut et non telles quelles sont. Chez Jacques Bainville, ce drglement nexiste tout simplement pas. Une des grandes qualits de cet homme est davoir su observer les faits sans se drober. Il le disait lui-mme : Il n y a de vrai que l analyse des choses (...). En politique, il s agit de ne pas se tromper, de ne pas regarder les choses travers des lunettes colores, selon les doctrines, les prfrences et les illusions personnelles . En ce domaine, son ouvrage Les consquences politiques de la paix annonant 20 ans lavance la Seconde guerre mondiale est un modle du genre.

    Le deuxime point qui compose la mthode bainvillienne, cest le principe de causalit. tudier un fait conduit automatiquement se poser la question de son origine3. Cette caractristique est largement ignore car trs

    3. Parmi les nombreux exemples soulignant le peu dintrt sur l tude des causes, on peut citer le cas suivant. En 1999, la France a sign la charte des langues rgionales ou minoritaires. Les politiques et les mdias ont discut de cette charte, de ces diffrents articles et de sa compatibilit ou pas avec larticle 2 de la constitution reconnaissant le franais comme langue de la Rpublique. Cependant, il nest venu lide de personne de sintresser lorigine de cette charte : la rsolution lanant la charte europenne, son auteur (Herbert Kohn), les liens de celui-ci avec lUnion Fdraliste des Communauts Ethniques Europennes (lUFCE), ltude de cet institut, ses buts, ses liens (en particulier avec le ministre de lintrieur allemand), son financement, les raisons du lancement dun tel docu

  • souvent, lesprit se rvle paresseux pour remonter le cours du temps. Un vnement politique ne surgit jamais ex nihilo. En fait, il est le fruit de toute une srie dimpacts qui, au cours du temps, le faonnent et le conduisent merger sous tel ou tel angle, entranant des consquences positives ou ngatives selon les sources auxquelles il se rfre. Comme le prcise Bainville : D ordinaire en politique, les effets sont aperus quand ils commencent se produire, c est--dire quand il est trop tard. Par exemple, les vnements de Mai 68 entranant une inversion des valeurs morales dans la socit nont pas surgi brutalement passs les douze coups de minuit. En fait, ils sont le rsultat dune dgradation sur plusieurs gnrations de lenseignement catholique paralllement la monte en puissance des principes naturalistes et nominalistes de 1789 vhiculs par les diffrentes Rpubliques. Larrive dune jeunesse nombreuse aprs 1945 intoxique par les principes rvolutionnaires face lancienne gnration bien comme il faut en apparence, mais sans relle conviction et vritable lvation sur le fond, a permis cette explosion du printemps 68 dont nous continuons subir leffet de souffle nausabond.

    Le troisime point est lexprience en politique. Comme la dit souvent avec insistance Bainville, Il n y a pas de politique nouvelle. Il y a la politique tout court, fonde sur lexprience historique, sur la connaissance des hommes et des peuples . La connaissance de lhistoire de France est un point incontournable comme ltude du pass de nombreux pays car Les morts gouvernent les vivants comme se plaisait le dire Auguste Comte. Cependant, cette connaissance ne sappuie pas uniquement sur la mmorisation des dates et des vnements. En fait, faut imprativement connatre ltat desprit qui animait les acteurs politiques durant la priode tudie. Il en rsulte une connaissance approfondie des diffrents thmes idologiques et religieux structurant leur mode de pense (catholique, protestant, maonnique, etc) et se rpercutant ensuite sur leurs activits politiques. Compte tenu quon retrouve les mmes rflexes idologiques et religieux au cours des ges entranant les mmes consquences, il est possible ensuite de les appliquer notre poque afin daboutir aux conclusions qui simposent. Le seul paramtre qui change est celui de lvolution des techniques. En ralit, les techniques modernes ne font quacclrer les ambitions politiques sans en dnaturer le fond. Bainville en conclut que Ce qui nous oblige remettre nos pas dans les pas de nos prdcesseurs, ce sont les ternels besoins de la politique. Cest la nature humaine. Quon se conforme donc ses lois, que l on consulte l exprience. On n a jamais trouv d autre moyen de russir dans les affaires, et les hommes de gnie eux-mmes ont reu leurs meilleures inspirations de l intelligence profonde et de l application opportune des prcdents quils avaient tudis .

    Enfin, le quatrime point dcoulant du prcdent est l absolue ncessit de connatre la psychologie humaine. Cette dernire ne change pas au cours des ges. Ce qui change en bien ou en mal, cest lducation. Depuis

    ment, etc. Ltude des causes est indispensable car dans les socits humaines, rien nest gratuit.

  • toujours, lhumanit est soumise aux tentations et aux excs. Cependant, il est des poques, plutt rares, o les socits humaines sont relativement matresses de leurs passions tandis qu dautres priodes bien plus frquentes, elles en sont esclaves. Sur le fond, la nature humaine ne change pas car anime des mmes dsirs, des mmes pulsions surtout quand ils se greffent sur des principes religieux ou idologiques. On retrouve des permanences dans le pass qui permettent de mieux saisir les soubresauts de notre poque. En fait, comme le rappelle Bainville, Lhomme, toutes les poques et dans tous les sicles, se ressemble, il a les mmes passions, il raisonne et il se comporte de la mme manire dans les mmes cas. Cest le point capital. Hors de l, il n y a qu erreur et fantaisie .

    Nous esprons que ces divers lments qui ont fait la force de Jacques Bainville rendent service aux personnes ayant le cur haut plac, curieuses et soucieuses de connatre les vraies raisons qui font l histoire de l humanit, Cependant, de son vivant, il neut pas dinfluence majeure sur la classe politique de son poque. Nous doutons, 70 ans aprs sa mort, que sa mthode fasse beaucoup dmules. Il est vrai aussi que Bainville4 en avait pris son parti. Ne disait-il pas : Qui lit ? Qui comprend ce quil lit ? Et qui croit ce quil a compris ?

    4. Pour plus d'informations sur Jacques Bainville, on peut se rfrer au livre de Jean Montador, Jacques Bainville, historien de lavenir, Paris, ditions France-Empire, 1984. On peut lire aussi louvrage de Christophe Dicks, Jacques Bainville - l Europe d entre-deux- guerres, 1919-1936, Paris, ditions Godefroy de Bouillon, 1998.

  • CHAPITRE VI

    LA FLANDRE SUR LE CHEMIN DE LINDPENDANCE

    Parler de lclatement de la Belgique est une vieille arlsienne depuis la fondation de ce pays en 1831, en particulier avec la reconnaissance de son indpendance et de sa neutralit lors de la Confrence de Londres. En effet, sous le couvert de la citoyennet belge, deux peuples, les Wallons de culture romane et les Flamands de culture germanique, coexistent. Nous pouvons mme ajouter un troisime peuple avec la petite communaut germanophone dEupen qui ne dpasse gure les 70000 habitants. La monarchie belge a assur la cohsion du pays malgr les vicissitudes de lhistoire comme les deux guerres mondiales. Certaines mauvaises langues affirment mme que les seuls Belges sont la famille royale. Mais tant bien que mal, la cohsion du pays sest maintenue. Cependant, depuis le dernier quart du xxe sicle, on assiste un branlement en profondeur de la socit belge. Linstauration du fdralisme en 1980 a t le premier symptme de cette mutation base sur le concept des communauts et des rgions. Les entits fdres se sont vues confrer de nombreuses comptences leur permettant de mener une politique autonome. Ces comptences sont larges : emploi, soins de sant, enseignement, amnagement du territoire, environnement, politique pour les familles, gestion des communes etc.

    Cette monte en puissance des prrogatives multiples flamande et wallonne se superpose des disparits conomiques importantes entre ces deux blocs au profit de la Flandre. Ajoutons cela une opposition culturelle de plus en plus entretenue et affiche, et nous nous approchons de cette fameuse masse critique prlude lclatement de la Belgique. Le vritable coup de semonce a t lanc la fin de lanne 2005 avec la signature dun manifeste de 250 pages intitul Pour une Flandre indpendante en Europe . Cest sous lgide dune cinquantaine dhommes daffaires, de journalistes et de professeurs duniversit flamands, dit groupe de Warande , quun document a vu le jour. Rappelant le retard conomique de la Wallonie et le

  • cot financier pour la Flandre, ce texte affirme: A l intrieur de la Belgique, la Flandre a volu dune rgion pauvre, sous-dveloppe, vers une communaut part entire avec sa propre langue, sa propre culture, un niveau de vie relativement lev et ses propres caractristiques et objectifs conomiques et sociaux. Comme l histoire belgo-flamande le montre clairement, ce dveloppement s est poursuivi malgr la rsistance parfois opinitre de lappareil tatique et des compatriotes francophones .

    Ce texte rappelle le cot conomique de la Wallonie sur le bon fonctionnement de la Flandre. Nous prsentons les donnes exposes par le groupe de Warande . Mme si globalement ces chiffres soulignent le dcalage rel entre ces deux rgions, nous devons les prendre toutefois avec prudence car il est aussi dans lintrt conomique des Flamands (6 millions dhabitants) de prsenter ces disparits conomiques sous un certain angle, quitte oublier ce que la Flandre doit la Wallonie1 (4 millions dhabitants en comptant Bruxelles). Dans toute chose, il faut toujours avoir lavis du procureur mais aussi de lavocat. Or, nous ne disposons pas de donnes wallonnes sur ce fameux dcalage conomique. Cependant, si nous nous tenons aux donnes chiffres du groupe de Warande qui sarrtent en 2003, nous pouvons constater les faits suivants. La Flandre a vers via la scurit sociale 3,7 milliards deuros (2,1 la Wallonie et 1,6 Bruxelles). Assurant 64 % des recettes de la scurit sociale, les dpenses flamandes slvent 56,6 % (chmage, soins de sant,...). Le cot des fonctionnaires plus important en Wallonie (alors quelle est moins peuple) slve 1,5 milliard deuros, soit 250 euros par Flamand. Les transferts de financement des zones conomiquement retardes en Wallonie et Bruxelles slvent 1.3 milliard deuros pour la Flandre. Toujours selon le groupe de Warande , la Flandre a pay au total 8,1 milliards pour la Wallonie et 2,3 milliards pour Bruxelles, soit 10,4 milliards deuros en 2003. Cette somme correspond 1734 euros par Flamand. Un chapitre est consacr Bruxelles 85 % francophone mais en plein territoire flamand. La capitale belge a un taux de chmage le plus lev de toutes les capitales dEurope ( lexception de Berlin) : 19,2 % de chmage alors que la Flandre ne compte que7.4 % de chmeurs.

    Cette disparit conomique entre ces deux blocs entrane des tensions croissantes entre Flamands et Wallons. Cette tension est rehausse par ldification de lUnion europenne ce qui narrange pas les choses. Comme le souligne avec beaucoup de justesse un des membres du groupe de Warande , Rmi Vermeiren2 : Vu le nombre croissant de comptences europennes dune part, et de comptences rgionales d autre part, il ne reste en fin de compte plus tant que a de la Belgique . Ces propos sont en fait valables pour lensemble des pays de lUnion europenne (par exemple : laffirmation de la nation catalane en septembre 2005 dans un nouveau statut au grand dam de Madrid). En effet, nous assistons l dification dun tat europen paralllement la dlgation de pouvoirs politiques,

    1. En particulier, lapprovisionnement en eau qui vient de Wallonie.2, Directeur jusquen 2003 de la KBC, premire banque de Flandre.

  • financiers, administratifs, etc aux rgions, ces dernires traitant de plus en plus avec lautorit supranationale de Bruxelles. Entre ces deux ples, ltat national est pris dans un vritable tau. Vid de sa substance, ltat belge nest plus en mesure de freiner limplosion du pays dont les oppositions culturelles acclrent les envies dindpendance des Flamands. Ces derniers viennent dailleurs dadopter une nouvelle mesure instaurant la connaissance obligatoire du nerlandais pour obtenir un logement social en territoire flamand. Comme la plupart des Belges francophones ne matrisent pas cette langue, le droit un logement social en Flandre leur chappe. Tous ces lments entrent dans le processus favorisant lclatement de la Belgique. Cependant, un nouveau pas a t franchi sous la houlette des chrtiens-dmocrates flamands (le CDV).

    En effet, le ministre-prsident de la communaut flamande, le chrtien- dmocrate Yves Leterme vient avec son partenaire le NVA (ex-Volksunie : parti prnant le fdralisme ethno-rgionaliste)3 de lancer un vritable pav dans la mare. Ils ont prsent la fin du mois de janvier 2006, lors de la 3 confrence flamande, le projet dune constitution flamande qui stipule dans son prambule : La Flandre est une nation dont le Parlement flamand doit pouvoir dterminer Vorganisation politique, sociale et institutionnelle (...). La Flandre deviendrait le premier niveau de pouvoir parce que lintrt de la communaut prend de plus en plus d importance dans un monde qui change rapidement. Ces affirmations ne font quaccompagner les revendications scessionnistes du Vlaams Belang (ex- Vlaams Block, l quivalent du FN en France) parti qui a obtenu des scores suprieurs 20 % et 25 % dans de nombreuses villes flamandes. De ce fait, les partis flamands se retrouvent sur la mme longueur donde pour prner lindpendance de la Flandre. Le prsident du gouvernement flamand, Yves Leterme, annonait dj la couleur dans un article de juillet 2005 (La Libre Belgique) prnant le renforcement ethno-connomique des rgions dans le cadre dun fdralisme amlior : Cest pourquoi, je plaide en faveur d une transition de l actuel fdralisme de coopration vers un fdralisme responsable. Le fdralisme responsable implique que chaque entit fdre est respecte dans ses comptences, et quelle peut les exercer pleinement. Cela implique en outre que chaque entit fdre assume ses propres responsabilits au sein d un tat fdral (...). Enfin, le fdralisme responsable implique le respect de la langue de lautre, de son territoire et de son identit culturelle (...). Il convient ds lors duvrer une meilleure rpartition des comptences entre ltat fdral et les entits fdres en matire d autonomie fiscale et financire (...) . En rsum, les Flamands vaquent leurs affaires politiques, conomiques et culturelles sans tre

    3. Voir la liste des partis scessionnistes dont la Volksunie dans notre ouvrage La dcomposition des nations europennes , op. cit, annexe 5. La Volksunie a implos en 2001 en donnant naissance deux partis : la NVA alli en cartel aux chrtiens-dmocrates (CDV) et le Spirit, parti de gauche modr. En fait, ds les annes 1970, des membres de la Volksunie ont quitt le parti pour rejoindre le Vlaams Block devenu en 2004 le Vlaams Belang ou encore les CDV.

  • obligs dtre les vaches lait dune Wallonie la trane. Ces dclarations dautonomie renforce prlude lclatement de la Belgique devraient connatre des rebondissements lors des lections communales doctobre 2006 et des lections nationales de juin 2007. En effet, Yves Leterme4 brigue le poste de 1er ministre dun tat belge dliquescent5. Dj des signes avant-coureurs se font jour puisque le Parlement flamand nhsite pas dire quil exerce les pouvoirs lgislatifs de l tat fdr flamand .6

    4. Dans un entretien accord Libration (17.08.06), Yves Leterme ne sest pas gn pour affirmer quil ne restait plus grand chose en commun entre les Flamands et les Wallons : Les diffrences s amoncellent, le foss se creuse. Que reste-t-il en commun ? Le roi, l quipe de foot, certaines bires (...). La Belgique nest pas une valeur en soi, ce sont des institutions au service dune population. Si les institutions nvoluent pas pour s adapter aux dsirs des citoyens, ce pays na pas d avenir. Je veux tre clair : mon parti ne participera pas un gouvernement, aprs les lections de 2QQ7, s il ny a pas de nouveaux transferts de comptences vers les rgions. La ncessit d avoir un gouvernement fdral passe au second plan par rapport aux intrts de la Flandre. Vous savez, des gens ont vcu ici depuis des sicles et des sicles sans tre Belges ...la Belgique est ne dun accident de l histoire, il ne faut pas loublier (...) .

    5. A condition que la Flandre obtienne un transfert de pouvoirs multiples lui permettant de se grer seule sans tre oblige de verser des subsides la Wallonie. A la date daot 2007, les partis francophones sy opposent.

    6. Le 1er juin 2006, linitiative du Vlams Belang, une proposition de rsolution relative au dmembrement de l tat belge en vue daccorder lindpendance au peuple flamand et au peuple wallon souverain a t adopte lunanimit (prise en considration) par tous les partis politiques flamands (moins une abstention) tandis que les partis francophones votaient tous contre in Chambre des reprsentants de Belgique, 18 mai 2006, DOC 51 2494/001, rapporteurs : MM. Bart Laeremans et Gerolf Annemans. Les risques de conflits se multiplent entre les deux communauts en particulier avec l arrondissement bilingue de Bruxelles Hal-Vilvorde (BHV) car les autorits flamandes tentent de fixer avantageusement pour elles la frontire linguistique avant lindpendance. Par ailleurs, certains envisagent de transformer Bruxelles 85 % francophone, mais en territoire flamand, en un district europen version Union europenne de Washington DC aux tats-Unis. Quand la Flandre prendra son indpendance, elle pourra nouer des relations troites avec sa voisine du Nord, la Hollande, voire unir son destin avec ce pays. Il ne faut pas oublier la rgion au Nord de la France et de culture flamande autour de Dunkerque. En effet, le parti, rgionaliste Michiel de Swaenkring membre de lUnion Fdraliste des Communauts Ethniques Europennes (lUFCE), institut promouvant lmancipation des groupes ethniques et soutenu par le ministre de lintrieur allemand, prne un retour complet vers le monde flamingant. En raison de la coopration transfrontalire dtruisant les frontires tatiques, de la promotion des eurorgions et de lethnicisme, les autorits flamandes pourront revendiquer ce territoire franais comme historiquement partie intgrante de la Flandre. Que deviendra le petit territoire allemand dEupen et de St Vith (854 km2) ? tat indpendant ? Annex lAllemagne ? Au Luxembourg ? A la Wallonie ? La disparition de la Belgique aura des consquences pour la communaut germanophone qui regarde vers lAllemagne. Il est vrai aussi que lUnion Fdraliste des Communauts Ethniques Europennes noue des liens de plus en plus troits avec le gouvernement autonome dEupen. Son prsident, Karl-Heinz Lambertz qui est membre du Comit des rgions, souhaite aller de lavant dans le domaine de la coopration avec les Lnder voisins et de la protection des minorits in Pressemitteilung Nr. 2006 - 26, www.fuen.org/pages/deutseh/d_5a_2002.html Enfin, quand la Belgique clatera, quel sera le sort des populations extra-europennes de nationalit belge? Pourront-elles acqurir la citoyennet flamande ? Comment ragira le Vlams Belang ? Quel sera lavenir des populations rsidant en tant qutrangers dans une Belgique clate? Il nexiste pas en 2007, officiellement, de rponse ce type de problme.

  • Face la partition programme de la Belgique, de nombreux Wallons tournent leur regard vers la France. Certains nhsitent pas prner un rattachement de la Wallonie la France. Cest le cas en particulier du RWF- RBF (Rassemblement Wallonie-France/Rassemblement Bruxelles-France). Ces dclarations touchent les curs des Franais patriotes qui accueilleraient bras ouverts les Wallons de culture europenne et chrtienne et donc parfaitement assimilables la culture franaise. Cependant, en politique, tout se calcule. La raison et la connaissance de larrire-fond de la construction europenne doivent dominer les sentiments. En effet, si la France accepte dintgrer avec son accord la Wallonie au corps national, nous risquerions douvrir une vritable bote de Pandore. La politique ne se fait plus Paris mais Bruxelles qui travaille en liaison avec de nombreux instituts euro-mondialistes. Or parmi ceux-ci, il existe un institut germano- europen, l ARFE (lAssociation des Rgions Frontalires Europennes) dont lobjectif officiel est de transformer les frontires nationales en frontires administratives grce au principe de la coopration transfrontalire.