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« La Mauvaise réputation » de Georges Brassens. 1952.
Georges Brassens est une icône intouchable de la chanson française du 20ème siècle. Né à Sète en
1928, il meurt en 1981. Le quotidien « Libération », qui avait annoncé son décès d’une Une barrée
d’un « Georges a cassé sa pipe » s’était vu vertement reprendre par ses lecteurs lui reprochant son
manque de respect.
Georges Brassens, sa guitare et sa pipe.
Après des études guères brillantes mais qui lui permettent néanmoins de se découvrir la passion de
la poésie sous l’influence de son professeur de français, le jeune Georges quitte Sète pour la capitale
et les usines Renault où il gagne sa vie comme ouvrier. Rattrapé par le service du travail obligatoire
en 1943, il se retrouve en Allemagne. En mars 1944 il profite d’une permission pour se cacher chez
« Jeanne et Marcel » à qui il rendra hommage dans plusieurs chansons. Après la guerre, il collabore
au journal anarchiste « le libertaire ».
Au début des années 50 il se lance dans les cabarets parisiens sans grand succès, hésitant à chanter
ses propres textes. La rencontre avec la chanteuse Patachou, avec le producteur Jacques Canetti, qui
croient en son talent, va véritablement lancer sa carrière. En 1952 il sort un premier album
comportant 8 chansons dont déjà quelques uns de ses plus grands succès avec la gaillardise du
« gorille », la truculence de « l’Hécatombe », le romantisme du « parapluie », la tendresse un brin
coquine mais pleine de charme de « La chasse aux papillons ». « La mauvaise réputation », quant à
elle, donne le titre à l’album et cristallise le personnage de Brassens. 13 albums suivront jusqu’à sa
mort en 1981.
Lire les paroles de la chanson :
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&ved=0CDAQFjAA&url
=http%3A%2F%2Fwww.parolesmania.com%2Fparoles_georges_brassens_9624%2Fparoles_la_mauv
aise_reputation_334313.html&ei=yOSEUsL6CMii0QWJ_ICoDw&usg=AFQjCNF-NaCR2sbAf0Eeojfezf-
wyF-k9Q&bvm=bv.56343320,d.d2k
Brassens campe ici un personnage anticonformiste qui ne fait rien comme tout le monde. Se
détournant du défilé du 14 juillet ou apportant son soutien aux « voleurs de pommes » il se retrouve
aux prises avec la vindicte des « honnêtes gens », comprenez de la masse, qui va croissant : d’abord
on médit, puis on stigmatise, enfin on frappe et on exécute : le parcours classique des persécutions.
Pas facile néanmoins de chanter en 1952 :
Le jour du 14 juillet
Je reste dans mon lit douillet
La musique qui marche au pas
Cela ne me regarde pas
Je ne fais pourtant de tort à personne
En écoutant pas le clairon qui sonne.
Nous sommes en pleine Guerre d’Indochine. Et la chanson donne l’occasion à Georges Brassens de
proclamer son antimilitarisme : « La musique qui marche au pas », « le clairon qui sonne ». Un
couplet qui ne plait pas à tout le monde loin s’en faut dans cette France des années 50. La chanson
suffira à faire de son auteur un rebelle pour l’éternité.
Si plus personne n’ose aujourd’hui porter atteinte à l’image du chanteur national, la classe politique
s’est déchirée il y a peu sur l’opportunité du défilé militaire de 14 juillet. Mais que fêtons-nous au
juste ce jour de fête nationale ?
Pour la majorité des français, imprégnés par les leçons d’Histoire de leurs années d’école, il s’agit
bien sûr de la prise de la Bastille que beaucoup associent à la création de la République (ce qui n’est
pas le cas). Le peuple de Paris en armes s’attaque à la Bastille, prison symbole de la monarchie
absolue et de l’arbitraire du pouvoir du roi, réserve aussi d’armes et de poudre, de quoi répondre aux
armées du Roi amassées autour de Paris. Si quelques troupes de la garde française se joignent aux
émeutiers, le siège est surtout l’œuvre d’une foule de petits artisans et boutiquiers, aile marchante
du Tiers Etat. L’évènement n’échappe pas aux manifestations de violence : Après la reddition, le
gouverneur Delaunay est exécuté, sa tête découpée au canif est fichée sur une pique et promenée
sur les boulevards. Le retentissement sera énorme dans l’Europe des monarchies.
L’année suivante, le 14 juillet est l’occasion d’organiser au champ de mars un vaste défilé des gardes
nationaux venus de toute la France afin de représenter l’unité de la nation autour d’un Roi au
pouvoir limité et contrôlé.
C’est en 1880, que les républicains arrivés enfin au pouvoir de façon durable vont faire de la date du
14 juillet le jour de la fête nationale avec bals populaires et feux d’artifices, symbole d’une nation
libre et unie, plutôt en commémoration du 14 juillet 1790 que de celui plus violent de 1789.
Alors la discussion est ouverte sur la pertinence des défilés militaires ce jour là.
L’interprétation de « La mauvaise réputation » par Georges Brassens :
http://www.youtube.com/watch?v=Cz9NOhwK1yo
En espagnol, l’hommage du grand chanteur Paco Ibanez :
http://www.youtube.com/watch?v=CcCE7htIiWc
En 1998 le groupe de reggae et de Ska grenoblois Sinsemilia reprend « La mauvaise réputation » sur
son album « résistance » avec en intro un petit rajout « parce qu’il n’est pas nécessaire d’avoir des
dreads ou une crête sur la tête pour être un rebelle ».
http://www.youtube.com/watch?v=A1IAnGfMoKE
La version des Wriggles, déjà présents sur ce site pour leur titre “Petit bonhomme” dans les travaux
d’élèves (merci Gabrielle) : http://www.youtube.com/watch?v=XJQQySYZ8YE
Sandra Nkake, née en 1973 au Cameroun, cette chanteuse inclassable donne une version très
personnelle de « La mauvaise réputation », hommage maintes fois renouvelé à Georges Brassens:
http://www.youtube.com/watch?v=a8XtX-EvU-g
Sandra Nkake.