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L'INSEE / GENES ADRES Principes d'une monnaie rationnelle non dirigee Author(s): Georges Darrieus Source: Cahiers du Séminaire d'Économétrie, No. 7, La monnaie (1964), pp. 37-49 Published by: L'INSEE / GENES on behalf of ADRES Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20075393 . Accessed: 12/06/2014 18:03 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . L'INSEE / GENES and ADRES are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers du Séminaire d'Économétrie. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.76.54 on Thu, 12 Jun 2014 18:03:18 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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L'INSEE / GENESADRES

Principes d'une monnaie rationnelle non dirigeeAuthor(s): Georges DarrieusSource: Cahiers du Séminaire d'Économétrie, No. 7, La monnaie (1964), pp. 37-49Published by: L'INSEE / GENES on behalf of ADRESStable URL: http://www.jstor.org/stable/20075393 .

Accessed: 12/06/2014 18:03

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PRINCIPES D'UNE MONNAIE RATIONNELLE NON DIRIGEE

par

Georges DARRIEUS Membre de l'Institut

Bien qu'elle remonte ? une ?poque relativement ?loign?e, la contribution qu'ap

porte ? ce cahier notre confr?re M. Georges Darrieus, Membre de l'Acad?mie des Sciences, r?pond ? des pr?occupations qui n'ont rien perdu de leur int?r?t ? l'heure o? d'excellents esprits s'interrogent

sur les amendements qu'il conviendrait d'envi

sager pour asseoir la monnaie sur des bases permettant d'obtenir des garanties

comparables ? celles qu'offrait jadis le r?gime de l'?talon-or. Le pluri-m?tallisme qu'il recommande ? notre attention s'inspire de celui qui fut imagin? par Fizaine ; en voici le principe :

? Renon?ant au dessein chim?rique de repr?senter par un indice suffisamment

? complexe tout l'ensemble des prix, M. Fizaine ne retient, pour servir de couverture

? ? la monnaie, qu'un nombre relativement restreint de marchandises dites mon? ? taires, convenablement choisies pour leur sp?cification bien d?finie et leur inalt? ? rabilit? relative, telles que, pour fixer les id?es, les huit m?taux suivants : or, ?

argent, nickel, ?tain, aluminium, cuivre, zinc et plomb. ?

Pour d?finir aussi rationnellement que possible la composition de cette couverture

m?tallique, M. Georges Darrieus lui assigne deux ordres de contraintes :

? Une des conditions ? observer est que, ? tout instant, la valeur de l'encaisse ?

corresponde au total du papier ?mis. Une autre condition, nouvelle celle-l?, est ?

que les encaisses correspondant aux diverses marchandises, conservent, ? tout ?

instant, des valeurs ?gales entre elles, c'est-?-dire que la d?pr?ciation, par ?

exemple de l'un des m?taux entrepos?s, soit compens?e par une augmentation ? du stock qui lui correspond, ce qui est d'ailleurs assez naturel. ?

En vue de satisfaire ? ces conditions, l'auteur sugg?re un ? syst?me ? moyenne

g?om?trique des prix constants ?, r?alisant les compensations d?sirables sur les

variations relatives de prix et non sur leurs valeurs absolues. C'est l? une pro

pri?t? bien connue de la moyenne g?om?trique ; elle est d'ailleurs assez largement utilis?e aujourd'hui pour le calcul des indices de prix ? la consommation.

Les imperfections du r?gime d'?talon de change-or ont ?t? maintes fois et

vigoureusement d?nonc?es, ainsi que les risques encourus de ce chef par l'?conomie du monde occidental. Conscient des incertitudes et suj?tions qui affectent le choix d'une solution appropri?e aux

exigences de notre temps, le lecteur fera certainement son

profit des suggestions pr?sent?es par M. Georges Darrieus.

R. R.

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SOMMAIRE

Si le r?gime mon?taire, qui ?tait quasi universellement en usage il y a une trentaine

d'ann?es, de l'?talon or, pr?te ? un petit nombre de critiques qui ne soient pas tendancieuses, le caract?re arbitraire et hasardeux des solutions de monnaie dirig?e qui ont ?t? propos?es ou dont l'essai a ?t? tent? pour le remplacer, justifie l'adh?sion g?n?rale qui est encore accord?e ? un syst?me longuement ?prouv?, malgr? ses imperfections manifestes.

L'objectif ?videmment d?sirable d'une stabilisation relative de la moyenne des prix peut cependant ?tre concili? avec le maintien d'une couverture en valeur concr?te telle que l'or, et du ferme principe d'un remboursement au porteur et ? vue, sous r?serve de l'extension

du r?le de gage de la monnaie ? un ensemble d?termin? de marchandises convenables, telles

que des m?taux, dont le prix global soit ainsi maintenu constant par d?finition, comme actuel lement celui de l'or.

Cette conception qui est due ? M. Fizaine, demeure encore sujette ? un certain nombre

d'objections que nous nous sommes propos? de lever dans l'?tude ci-dessous o? se trouve

pr?cis?e la forme rationnelle ? donner ? la r?alisation de la m?me id?e de principe, pour en ?carter tout arbitraire et maintenir le fonctionnement stable dont jouit en principe le r?gime de l'?talon or, sans direction ni ing?rence d'aucune sorte.

Il est permis de penser qu'une telle solution qui, respectant prudemment les bases essen tielles de ce r?gime, s'en pr?sente n?anmoins comme une g?n?ralisation naturelle et logique, pourrait, en raffermissant les bases substantielles du cr?dit, contribuer de mani?re f?conde ? r?tablir clans le monde ?conomique l'ordre, la stabilit? et la confiance.

INTRODUCTION

Si l'homme a pu ?tre souvent accus? de d?ranger l'ordre de la nature, m?me l? o? une science assez avanc?e paraissait l?gitimer son intervention, c'est surtout dans le domaine si complexe des ph?nom?nes ?conomiques qu'une extr?me circonspection et une prudente abstention doivent appara?tre ? tout esprit r?fl?chi comme pr?f?rables ? une ing?rence ambi tieuse qui proc?de presque toujours d'ignorance et de pr?somption.

Cette attitude de sage r?serve est d'ailleurs celle des v?ritables savants, peu press?s en

g?n?ral de tirer une panac?e d'une science en voie d'?laboration dont ils ressentent plus que quiconque toute l'imperfection.

Le probl?me fondamental de la monnaie est toutefois parmi ceux que la science ?cono mique doit et peut aborder utilement, car, d'une part, il se pr?te naturellement ? cette mesure

quantitative sans laquelle il n'est pas de v?ritable science, d'autre part, il ne d?pend que d'un petit nombre de lois exp?rimentales, dont la souverainet? n'a pu ?tre contest?e dans le d?sarroi actuel des esprits, que par oubli des conditions essentielles de leur libre fonctionnement.

Ainsi, la loi de l'offre et de la demande, applicable, en principe, ? l'entit? abstraite qu'est ? l'homo conomicus ?, ne s'?tend aux ?tres r?els que si ceux-ci retiennent de leur mod?le

sch?matique, un minimum d'attributs implicites comme la libert? et l'honn?tet?, dont Pint?

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grit? a ?t? gravement compromise, en ces derni?res ann?es, notamment dans les relations

entre Etats (*). Sous cette r?serve, le simple jeu des ?changes ?tablit entre les diverses marchandises

des valeurs respectives d?finies dont seule, comme il est bien connu, la grandeur relative

pr?sente une signification intrins?que, tandis que l'ensemble des nombres proportionnels que constituent les prix n'est d?termin? qu'? un facteur commun pr?s, d?pendant du choix arbi

traire de l'unit?, en l'esp?ce, de la monnaie.

A cette ind?termination de principe, se rattache encore la difficult? bien connue de trouver

une base commune de mesure de la valeur en des temps diff?rents, voire m?me au m?me instant sur des march?s distants entre lesquels n'existe pas de communication suffisante (2).

La notion d'?pargne, quelque difficult? qu'elle soul?ve, suppose cependant, ? la base de la

mesure des prix, une certaine permanence dont l'id?al consisterait ?videmment dans la fixit?

parfaite d'une moyenne ou d'un indice convenable de l'ensemble des prix. A un tel r?sultat,

que tout le monde s'accorde ? consid?rer comme d?sirable, pr?tendent divers syst?mes d'?co

nomie dirig?e dont, en attendant qu'ils aient fourni leurs preuves, le caract?re incertain, ind?

termin? ou hasardeux explique que nombre de bons esprits demeurent encore, par prudence autant que par tradition, fermement attach?s au r?gime actuel de l'?talon or; car ce dernier, s'il pr?te ? des critiques dont la port?e est ind?niable, a tout au moins le m?rite d'avoir fait

la preuve d'un fonctionnement s?r et longuement ?prouv?, ind?pendant de toute ing?rence

parasite, arbitraire ou int?ress?e des dirigeants (3). Toute autre solution du probl?me de la monnaie devrait, pour ?tre acceptable, h?riter

du syst?me de l'?talon or cette pr?cieuse propri?t? (4) d'un fonctionnement spontan? et rigou

reux, soumis ? des r?gles souveraines ne pr?tant ? aucune contestation, et excluant, en parti

culier, tout risque d'inqui?tante manipulation mon?taire.

Rappel et critique du syst?me de l'?talon-or.

Sous le r?gime monom?tallique, l'attribution d'une valeur conventionnelle constante au

m?tal pr?cieux, tel que l'or, qui sert comme monnaie de terme de comparaison, ach?ve de deter

g? Sans doute, faudrait-il encore, pour assurer le bon fonctionnement du lib?ralisme ?conomique,

ajouter ? ces facteurs moraux rudimentaires, d'autres plus ?lev?s comme l'altruisme, voire la charit?, propres ? att?nuer l'in?galit? in?vitable des conditions, et ? pr?venir, par l'action b?n?vole des individus, cette remise

en circulation des richesses par la force que poursuivent les dictatures et les r?volutions.

La n?cessit? d'une d?finition plus raffin?e de Vhomo conomicus est tout ? fait analogue ? celle qui force

le physicien, pour rendre compte des faits, ? substituer ? un mod?le primitif simple, suffisant pour une mol?cule

mono-atomique, d'autres plus complexes comportant de nouveaux degr?s de libert?. Mais, de m?me que cette

adaptation ne met nullement en cause les principes fondamentaux de la m?canique et les lois thermodyna

miques, il para?t injustifi? de conclure, d'une interpr?tation h?tive et inexacte des faits, ? une faillite de l'?co

nomie lib?rale qui est bien loin d'?tre d?montr?e.

(2) Le caract?re assez arbitraire et incertain des divers choix (or, bl?, journ?e de travail, etc.), qui ont

?t? propos?s pour d?finir une base commune de mesure de la valeur ? travers tes ?ges, fait ressortir cette diffi

cult? fondamentale qui rappelle celle analogue reconnue aujourd'hui par la physique th?orique (Weyl,

Eddington) dans le transport des jauges ou ?talons de mesure de la longueur, d'un point ? un autre de l'espace

temps.

(8) Au manque ?vident de s?r?nit? dont t?moigne l'application ? l'or par ses d?tracteurs, de l'?pith?te ?le f?tiche, il suffit d'opposer la constatation que sa valeur, ? laquelle ne cesse de se raccrocher, en dernier

recours, la confiance, est un fait exp?rimental qu'attestent encore de nos jours la sensibilit? et la pr?cision de ses d?placements d'un pays ? l'autre, suivant les petits ?carts des monnaies par rapport aux points d'or

d'entr?e et de sortie.

(4) Que ne poss?de notamment aucun des syst?mes (gold exchange standard...) qui ont ?t? propos?s ou essay?s, an cours des derni?res d?cades.

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miner tous les autres prix, puisque leurs valeurs relatives r?sultent d?j? de la loi de l'offre et de la demande.

Ce privil?ge de l'or de conserver seul, par d?finition, un prix constant, ou de servir d'unit? de mesure, est assez justifi? par ses avantages bien connus qui s'imposent universellement : inalt?rabilit? et valeur sp?cifique ?lev?e, importance du stock lentement constitu? au cours des ?ges, et dont la croissance suit sensiblement celle de l'activit? des ?changes; mais si son r?le comme monnaie, qui d?rive par transitions insensibles de l'usage du troc, ne fait pas perdre de vue qu'il n'est en somme qu'une marchandise comme les autres, il faut reconna?tre que le choix de celle-l? plut?t que de celles-ci est, tout au moins en principe, assez arbitraire.

La propri?t? de garder un prix constant ne peut cependant ?tre d?tenue ? la fois par plusieurs marchandises, car il n'a jamais ?t? au pouvoir de personne, pas plus de la Convention que de Sully, d'emp?cher une variation du rapport de ces prix sur le march? libre.

Le bim?tallisme classique qui pr?tendait ainsi maintenir ind?finiment une ?quivalence entre deux quantit?s d?termin?es d'or et d'argent (*), n'a pu r?sister ? l'avilissement continu de l'argent par rapport ? Por (2). Il n'en est pas moins regrettable que l'abandon, comme

monnaie lib?ratoire, de l'argent, instrument d'?change traditionnel des Orientaux, ait affaibli le pouvoir d'achat d'une fraction importante de l'humanit? et, en rar?fiant les signes mon? taires, contribu?, dans une certaine mesure ? la crise mondiale.

La d?termination de l'unique param?tre libre dont d?pend encore l'ensemble des prix, pourrait ?tre demand?e, plut?t qu'? la fixation arbitraire de l'un quelconque, ? une condition convenable faisant intervenir ? la fois, et d'une mani?re sym?trique, tout l'ensemble des prix.

L'id?e la plus naturelle est de substituer ? la constance du prix de l'or, celle d'une moyenne des prix de plusieurs marchandises. L'id?al serait, ?videmment, que cette moyenne port?t sur tout ce qui peut int?resser l'?conomie du monde ou, tout au moins, d'un grand pays, c'est-? dire, f?t constitu?e comme ces nombres-indices ? d?finitions plus ou moins diverses et arbi traires, que les statisticiens utilisent pour caract?riser le mouvement g?n?ral des prix.

C'est dans le jeu convenable d'?missions ou de retraits de monnaie fiduciaire, d?termin?s par une variation du poids l?gal de l'or ?quivalent (3), et r?gl?s en vue de stabiliser un tel indice de prix, que consiste la solution, propos?e par certains ?conomistes anglo-saxons, d'une ? monnaie dirig?e ?, dont le danger manifeste r?side, non pas tant dans l'arbitraire de la d?fi nition de l'indice, que dans l'abandon de toute r?gle fixe et simple, telle que la convertibilit? du billet en une valeur concr?te et qui, inscrite dans le statut de la Banque d'?mission, assure au syst?me, comme ? celui de l'?talon or, un fonctionnement imperturbable.

Syst?me de Fizaine ou ? couverture multiple de la monnaie.

C'est pr?cis?ment le souci de conserver, du syst?me actuel, le principe ?prouv? d'une couverture invariable en valeurs substantielles, qui a conduit M. Fizaine ? la solution d'une

(x) 100 grammes d'argent et 1 000 : 155 = 6,45 grammes d'or pour 20 francs d'apr?s la loi du 6 germinal an XL

(2) Il faut reconna?tre cependant que, tant que les prix de revient respectifs des deux m?taux ne mani festent pas une tendance excessive ? s'?carter du rapport l?gal, l'intervention soutenue de l'Etat r?ussit quelque temps ? maintenir les cours au voisinage de ce rapport, ? la mani?re dont, en physique, le passage d'un chan

gement d'?tat (fusion, ebullition, etc.), tend, par le jeu de la chaleur latente de transformation, ? maintenir un palier dans la courbe de variation de la temp?rature.

(3) Irving Fisher. ? Stabilizing the Dollar. Conception d'un dollar-or ? poids variable assurant la cons

tance de l'indice des prix.

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monnaie gag?e, non

plus seulement sur l'or, mais sur un ensemble d?fini de marchandises

et qui, loin de devoir ?tre confondue avec aucune forme de monnaie dirig?e, est ? consid?rer comme une adaptation et un perfectionnement naturels du syst?me de l'?talon or avec taux

l?gal constant de convertibilit? (*).

Renon?ant au dessein chim?rique de repr?senter par un indice suffisamment complexe tout l'ensemble des prix, M. Fizaine ne retient, pour servir de couverture ? la monnaie, qu'un nombre relativement restreint de marchandises dites mon?taires, convenablement choisies

pour leur sp?cification bien d?finie et leur inalt?rabilit? relative, telles que, pour fixer les id?es, les huit m?taux suivants : or, argent, nickel, ?tain, aluminium, cuivre, zinc et plomb.

Des poids en proportion d?finie et invariable de ces 8 m?taux, ? savoir :

6 g d'or

213 ? d'argent 2.837 ? de nickel

3.356 ? d'?tain

8.333 g d'aluminium

10.178 ? de cuivre

24.783 ? de zinc

32.468 ? de plomb

et non plus, comme actuellement 8 fois 6 grammes d'or, constitueront la couverture de 800 francs c'est-?-dire que la banque d'?mission disposant, non seulement comme actuellement, de caves pour l'or, mais aussi, comme l'envisage M. Fizaine, d'entrep?ts appropri?s (2) pour les autres m?taux, devra ne remettre ou ne reprendre ses billets qu'en ?change des huit marchandises dans les proportions invariables ci-dessus, sans consid?ration pour la r?partition, variable suivant les cours, de la valeur de l'ensemble entre ses divers consti tuants. Bien entendu, des arbitragistes servant d'interm?diaires entre la banque et le public, ?pargneront ? ce dernier, comme, sans doute, ? la banque d'?mission, la suj?tion de rassembler ou l'embarras de recevoir le groupement h?t?roclite ci-dessus, tandis que leur intervention

spontan?e et int?ress?e sur le march? libre, dans un sens ou dans l'autre suivant la tendance ? la hausse ou ? la baisse de l'ensemble, aura, pour r?sultat naturel, d'en maintenir constamment la valeur globale au voisinage de 800 francs ou, ce qui revient au m?me, de fixer ? un niveau invariable la moyenne, pond?r?e dans les proportions ci-dessus convenues, des cours des m?taux constituants.

Un cours ne pourra donc varier, pour des raisons qui lui soient propres, sans entra?ner

une variation de sens inverse r?partie sur toutes les autres marchandises et telle que la valeur de l'ensemble reste constante.

Si, par exemple, les quantit?s respectives des divers m?taux ont ?t? choisies telles que leurs valeurs, r?sultant des cours du march?, soient ?gales entre elles ? un instant donn?

(le 31 d?cembre 1928 dans l'exemple ci-dessus) et repr?sentent, par cons?quent, chacun un

huiti?me de la valeur de l'ensemble, la valeur d'un quelconque des m?taux ne pourra augmenter de 8 : 100 par rapport aux autres, pour des raisons l'int?ressant exclusivement, sans entra?ner, en m?me temps qu'une hausse propre approximative de 7 : 100 par rapport ? la monnaie, une baisse ?galement nominale de 1: 100 seulement pour tous les autres. A cette baisse mod?r?e,

participeront ?videmment toutes les autres marchandises non repr?sent?es parmi celles servant de couverture ? la monnaie, puisque les prix relatifs de toutes ces marchandises, mon?taires

f1) Le syst?me de M. Fizaine, Directeur d'une importante affaire industrielle de Nancy, a fait l'objet de nombreuses publications de sou auteur, notamment le 15-5-31 et 15-1-33, dans la revue ? R?ussir ?, le

31-12-32, dans la revue ? Vendre ?, le 30-9-31 dans un opuscule c Or et Monnaie ?; un expos? d?taill? s'en trouve

dans deux ?ditions successives (1932 et 1933) d'un ouvrage ? Crise et Monnaie ? (Nancy).

(*) Ces entrep?ts seront, bien entendu, judicieusement r?partis en des points convenables (ports, centres

de consommation, etc.), le long des courants d'?change naturels.

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ou non, ont ?t? suppos?s conserver leur valeur initiale; tandis qu'actuellement, quand l'or se fait plus rare (?puisement des mines, etc..) et que son prix de revient tend ? augmenter (exigences accrues de la main-d' uvre, lois locales, fiscales ou sociales), la plus-value relative

de l'or ?quivaut ? une baisse ?gale pour toutes les autres marchandises, puisque la valeur nominale de l'or, unique couverture de la monnaie, est, par d?finition, constante.

Cette d?flation g?n?rale des prix, due non au progr?s normal des moyens de production, mais au resserrement des disponibilit?s mon?taires, est une cons?quence indirecte et f?cheuse d'un ?tat de choses imputable seulement au choix d'une base trop ?troite pour la monnaie (1).

Sans doute, l'?quilibre tend-il spontan?ment ? se r?tablir, car, tandis que la baisse g?n?rale des prix ?pargne l'or dont le prix de vente est invariable, sa production b?n?ficie, comme toute autre, de la baisse du co?t de la vie et de celle cons?cutive des prix de revient; mais

l'exp?rience montre que cette ? ru?e vers l'or ?, est une r?action lente ? se d?clencher et qui, ne jouant pas sur une ?chelle suffisante, est sujette ? se trouver annihil?e par diverses causes

propres ? l'?conomie du petit nombre des Etats producteurs. Au contraire, si la couverture de la monnaie est r?partie

sur plusieurs marchandises,

outre que, comme nous venons de le montrer, toute cause de variation propre ? chacune d'elles

n'affecte la valeur nominale d'une autre quelconque, mon?taire ou non, que dans une mesure

r?duite, une tendance g?n?rale ? la baisse, ?pargnant les marchandises mon?taires, qui sont

toujours assur?es de trouver preneur aupr?s de la banque d'?mission, en entretient ou d?ve

loppe la production; enfin, l'afflux cons?cutif dans la circulation des nouveaux billets ?mis en ?change, tend ? faire participer toutes les autres productions au maintien de cette activit?.

Inversement, en p?riode de prosp?rit? et de tendance ? la hausse des prix, les d?p?ts de la banque se vident naturellement puisque le prix moyen des marchandises qu'ils contiennent est invariable, ce qui r?duit la monnaie en circulation et tend ? provoquer la d?flation des

prix des marchandises non mon?taires.

En d?finitive, la couverture multiple est bienfaisante, non seulement parce que le m?canisme r?gulateur qui agit actuellement sur l'or seul int?resse dor?navant tout un

groupe de marchandises dont la production ?chappe ainsi ? la d?pression g?n?rale, mais encore parce que les variations qui peuvent affecter chacune d'elles r?sultent d'influences

et de circonstances (pays, climat, population, politique, etc..) diverses et ind?pendantes qui ont de grandes chances de se compenser en

majeure partie mutuellement; de sorte qu'un

ensemble convenable de ces marchandises mon?taires, m?me en nombre restreint, peut ?tre consid?r? comme r?alisant d?j? une approximation satisfaisante de l'indice g?n?ral des prix.

Nous bornerons ici ce r?sum? du syst?me et renverrons aux publications de M. Fizaine pour de plus amples d?veloppements, notamment pour la d?monstration d?taill?e, ?l?mentaire

mais assez convaincante qu'il donne de la s?ret? et de l'efficacit? de son fonctionnement dans les diverses ?ventualit?s possibles (crise, progr?s technique, domaine d'application limit?, etc.).

Nous nous proposons plut?t d'en pr?senter ci-dessous une modification qui, tout en

respectant les principes de base du syst?me, nous para?t cependant devoir s'imposer logiquement, en m?me temps qu'elle r?alise, m?me au point de vue pratique, un perfectionnement ind?

niable et, ? certains ?gards, une simplification.

J1) Tandis que certains historiens ont cru pouvoir imputer la chute de l'empire romain ? l'?puisement progressif des mines de (ir?ce et d'Espagne, de longues p?riodes de prosp?rit? ont, au contraire, toujours succ?d? ? la d?couverte de nouvelles mines d'or.

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Syst?me ? moyenne g?om?trique des prix constants.

Dans le syst?me d?crit ci-dessus, les quantit?s respectives des diverses marchandises associ?es comme couverture de la monnaie, sont suppos?es

en rapport constant, de sorte que l'encaisse de la banque d'?mission demeure constitu?e par un ensemble variable en

grandeur, mais de composition invariable. Ces proportions peuvent ?tre choisies, par exemple, de telle sorte que les quote-parts de chaque marchandise dans la valeur de l'ensemble soient ?gales entre elles ? un moment quelconque (le 31 d?cembre 1928, dans le cas ci-dessus), par exemple ? la date de mise en vigueur du syst?me.

Or, cette condition naturelle, et qu'il para?t d?sirable de maintenir ? tout instant, ne

sera, au contraire, satisfaite que d'une mani?re tr?s ?ph?m?re, par suite des variations de cours.

L'histoire ?conomique, surtout dans les temps modernes, pr?sente de nombreux exemples d'avilissement parfois rapide d'une marchandise par rapport aux autres (par exemple, de l'aluminium depuis sa d?couverte relativement r?cente), de sorte que l'?galit? poursuivie entre les contributions respectives des constituants mon?taires aura bient?t fait place ? une extr?me

disparit?, certains m?taux comme l'or tendant ? retrouver leur supr?matie, tandis que d'autres, devenus beaucoup plus communs, ne

joueront plus dans l'ensemble qu'un r?le insignifiant ou

purement formel.

La condition, quasi n?cessaire, qu'une hausse quelconque (de 8 : 100 par exemple) d'une marchandise par rapport aux 7 autres, entra?ne, pour ces derni?res, une baisse nominale

toujours ?gale ? 1 : 100, suppose que la fonction des prix qui est maintenue constante soit, non pas une somme ou moyenne arithm?tique, pond?r?e

ou non, des prix, mais leur produit, ou leur moyenne g?om?trique, ou enfin, ce qui revient au m?me, la moyenne de leurs logarithmes.

L'intervention, d'ailleurs famili?re en ces questions, des logarithmes (*), ?tait ? pr?voir, car des quantit?s donn?es de marchandises h?t?roclites n'ont, entre elles, aucune autre commune

mesure que leur valeur marchande, de sorte que leurs prix unitaires qui doivent ?tre, pour chacune, rapport?s ? une unit? arbitraire (de

masse : gramme, quintal, tonne, etc., ou de

capacit? : hectolitre, m?tre cube, etc.), ne constituent pas des grandeurs homog?nes dont l'addition ait un sens, et qu'aucune fonction lin?aire des prix ne saurait avoir de signification concr?te.

Il reste ? d?finir entre les marchandises mon?taires et la monnaie qui les repr?sente une

r?gle de correspondance satisfaisant ? cette condition et qui, non assujettie ? la consid?ration des cours, plus ou moins flous et difficiles ? sp?cifier, du march? libre, puisse, pour l'?mission du papier monnaie, remplacer celle tr?s simple propos?e par M. Fizaine.

Une des conditions ? observer est que, ? tout instant, la valeur de l'encaisse corresponde au total du papier ?mis (2). Une autre condition, nouvelle celle-l?, est que les encaisses corres

pondant aux diverses marchandises conservent, ? tout instant, des valeurs ?gales entre elles,

c'est-?-dire que la d?pr?ciation par exemple de l'un des m?taux entrepos?s soit compens?e par une augmentation du stock qui lui correspond, ce qui est d'ailleurs assez naturel.

D?signons par qx, q2, . . ., qn, les encaisses respectives des n marchandises mon?taires,

par pu p2, . . ., pn, les valeurs unitaires correspondantes.

(1) La loi de l'effet proportionnel de M. Gibrat et ses applications innombrables, notamment ? l'?tude des in?galit?s ?conomiques, sont une illustration frappante de cette assertion.

(2) Cette condition ?tait ?videmment par d?finition, r?alis?e dans le syst?me de M. Fizaine. Sa n?cessit? est parfois contest?e, bien que Fisher, entre autres, ait propos? de renoncer ? l'?mission, aujourd'hui g?n?rale, de papier ? d?couvert, pour revenir au principe du ? 100 % money ?, que nous admettons pour simplifier.

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La valeur globale de l'encaisse, ou somme du papier ?mis, sera (*) :

V = pi qx + p2 q2 + . . . pn qn.

Or, puisque cette valeur ne doit d?pendre que de l'?tat (ql9 q2, . . ., qn) de l'encaisse, et

qu'il doit en ?tre de m?me pour chacun de ses termes, ?gaux entre eux par d?finition, les prix partiels, vis-?-vis de la banque, px, p2,

. . ., pn, des diverses marchandises, ne seront aussi fonction

que des quantit?s qi9 . . ., qn

La fonction V doit ?tre ?videmment une fonction homog?ne et du 1er degr? des q, c'est-? dire que si l'encaisse double dans toutes ses parties, il doit en ?tre de m?me de V, tandis

que les prix pu p2, ..., pn sont des fonctions homog?nes de degr? nul des q, c'est-?-dire indif f?rentes ? une telle variation proportionnelle de ces quantit?s.

Enfin, les conditions d'?gal partage de la valeur totale entre les composants :

V Pi qi

= P% ?2

= . = Pn qn

= V = ?

n

se traduisent par px = ? ?

p, = ? ? . . ., etc.,

o? if d?signe une m?me fonction, ?videmment sym?trique par rapport aux q et homog?ne de degr? 1 (comme V) qui, ne pouvant, pour les raisons d?j? donn?es d'homog?n?it?, pr?senter que la forme mon?me, sera n?cessairement, ? un facteur constant pr?s P, ?gale ? v?i?2,

- - ., qn (2).

Les p s'?crivent ainsi :

ce qui met en ?vidence leur d?pendance des seuls rapports ~, ?, . ??, ~ ..., que par un

?i ?i ft ?2 emprunt naturel au domaine manifestement analogue de la m?canique chimique, nous appel lerons concentrations relatives (8).

La multiplication des p entre eux r?alise l'?limination des q et conduit ? interpr?ter

simplement la constante P = \pip2,

. . ., Pn comme la moyenne g?om?trique des prix.

(*) Notons seulement, au passage, pour ne pas compliquer l'?criture, que l'expression ci-dessus devrait

logiquement s'?crire en observant les r?gles, famili?res en physique math?matique, du calcul tensoriel :

v = P1 <ii + P2 <l2 + -

Pn qn,

en marquant par l'indice en haut pour les pn, le caract?re covariant (ou de proportionnalit? ? l'unit? de mesure) des prix, qui s'oppose au caract?re contre-variant (ou de proportionnalit? ? l'inverse de l'unit?) des mesures des quantit?s qn. L'indiff?rence au choix de l'unit?, de la valeur d'une quantit? donn?e telle que celle de la mar chandise n, s'exprime alors par la forme invariante pn qn qui lui est ainsi donn?e.

(2) Beaucoup d'autres expressions, telles que vV? + 41 + <ll seraient, du seul point de vue du degr? d'homog?n?it?, admissibles pour P, mais elles sont toutes ? ?carter, pour les raisons d?j? mentionn?es de d?faut

d'homog?n?it? au sens physique ou dimensionnel, et de manque de signification r?elle.

(3) Les prix correspondent aux potentiels chimiques, dont l'?galit? entre les diverses phases est la condi tion de l'?quilibre; mais, tandis que les d?placements spontan?s des constituants ind?pendants s'effectuent vers les phases o? leur potentiel chimique est moindre, les marchandises tendent, au contraire, ? se concentrer l? o? elles sont plus appr?ci?es.

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En d?finitive, les cours px, . . ., pn reconnus et d?clar?s par la banque pour les diverses marchandises mon?taires (et distincts, en principe, des cours voisins du march? libre) ne

d?pendent que de l'?tat pr?sent de son encaisse, c'est-?-dire des proportions relatives qui la

constituent, ?tant tels, d'une part que les stocks de ces diverses marchandises conservent des valeurs ?gales entre elles, d'autre part que la moyenne des logarithmes de ces cours demeure constante (*).

L'?quilibre approch? entre les cours ainsi d?clar?s et les cours sur le march? libre, s'?tablit d?s lors automatiquement, et se maintient constamment, gr?ce ? une

sp?culation qui, comme

c'est le cas normalement pour l'or, est accessible ? n'importe qui, sans n?cessiter, comme dans

la solution de M. Fizaine, l'interm?diaire d'arbitragistes pour dispenser le public de rassembler ou de recevoir lui-m?me les marchandises mon?taires dans les proportions rigides requises par la banque d'?mission.

Les marchandises mon?taires pourront, en effet, comme actuellement l'or, ?tre apport?es isol?ment ou simultan?ment, en proportions quelconques, puisqu'il existera dor?navant, pour chacune de ces contributions ? la couverture, un cours partiel officiel bien d?fini.

L'?quilibre ainsi r?alis? est ?videmment stable; si, par exemple, le prix de revient d'une marchandise mon?taire baisse, de telle sorte que la production en soit activ?e et que cette marchandise afflue aux d?p?ts de la banque d'?mission, sa concentration relative y augmentant par rapport ? celle des autres marchandises, d?terminera une baisse automatique du cours

officiel, et une diminution du b?n?fice des producteurs tendant rapidement ? limiter l'ampli tude du mouvement.

En m?me temps, le cours des autres marchandises mon?taires cro?t, puisque le produit doit rester constant, ce qui tend ? faire participer ces autres marchandises au d?veloppement de la production d? ? une cause propre ? l'une quelconque d'entre elles et, par leur contri bution ? l'?mission de monnaie, tend ? h?ter le retour ? un nouvel ?tat d'?quilibre.

Inversement, si le cours d'une marchandise s'?l?ve sur le march? libre, l'encaisse corres

pondante tend ? diminuer, sans risquer d'ailleurs de s'annuler jamais, sauf en m?me temps que les autres, car une concentration nulle suppose un cours officiel infiniment grand.

Les entr?es et sorties d'une marchandise s'effectuent ainsi de mani?re ind?pendante, sans ?tre, comme dans le syst?me Fizaine, obligatoirement li?es ? des mouvements propor tionnels des autres marchandises, ce qui constituait une suj?tion plus artificielle encore que g?nante.

Le d?placement de l'?quilibre qui fait la souplesse de ce fonctionnement est caract?ris?, gr?ce ? la variation oppos?e des proportions et des prix relatifs, par le maintien de l'?galit? de valeur des diff?rents constituants du stock.

Examinons, par exemple, l'effet d'une petite augmentation dqx de l'encaisse d'une marchandise qx. La valeur mon?taire px dqx ?mise en ?change ne se traduit pas par une plus value ?gale du stock qx, mais par une n fois seulement plus petite.

En effet, l'accroissement infiniment petit

d (Pi ?i) = Pi dqi + ?i dPi

comprend un 2e terme soustractif, en raison de ce que l'augmentation de l'abondance relative

(*) L'ind?termination qui r?sulte, pour la constante, du choix arbitraire de l'unit? usuelle de chaque marchandise (gramme, tonne, etc.), est d'ordre purement formel et, ? l'inverse de celle de m?me origine qui affecte une combinaison lin?aire des prix, n'a pas plus de port?e pratique que le partage arbitraire d'un cer tain capital en coupures de valeur nominale plus ou moins grande (100 francs, 500 francs, etc.).

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de q,, entra?ne une diminution de son prix pu donn?e par ?- ?-?? de sorte que

Pi ? ?i

qx dpx =-px dpx et d (px qx) = -

(px dqx).

En m?me temps, bien que les encaisses des autres marchandises n'aient pas vari?, leurs

valeurs augmentent par l'effet des plus-values dp2, ..., dpn (corr?latives de la d?pr?ciation dpx), des contributions ?gales :

q2 dp2 =

q3 dpz = . . . qn dpn

= d (px qx),

de sorte que le total ?tendu aux n marchandises reproduit bien le montant px dqx du papier ?mis en ?change de dqx (1).

Par exemple, dans le cas de 8 marchandises, une tr?s petite augmentation, de 1 : 10.000 par exemple, de l'?mission totale, r?sultant d'un accroissement de 8 : 10.000 du stock d'une seule marchandise, se traduit, pour cette derni?re, par une baisse de 7 : 10.000, corr?lative d'une hausse de 1 : 10.000 des autres, de sorte que toutes les parties de l'encaisse, augmentant de valeur dans la m?me proportion que le tout, gardent leur ?galit? initiale.

Fonctionnement au cours de la p?riode de transition.

Supposons, pour fixer les id?es, que le r?gime ? remplacer soit celui de l'?talon-or simple, avec une couverture correspondant int?gralement, comme cela s'est trouv? pr?s d'?tre r?alis? en France ? diverses reprises, au total de la monnaie ?mise. La constitution du stock des nou velles marchandises mon?taires devra se faire progressivement, soit par adjonction au stock

pr?existant d'or et ?mission correspondante de billets interchangeables avec les anciens, soit par substitution partielle au stock d'or, de mani?re ? ?viter ou ? restreindre toute ?mission

suppl?mentaire.

Remarquons, d'ailleurs, qu'une telle ?mission, m?me si elle accro?t le total de la monnaie en circulation, ne doit, en aucun cas, ?tre consid?r?e comme une v?ritable inflation. Bien au

contraire, comme les nouveaux billets sont int?gralement couverts par des valeurs concr?tes

pratiquement imp?rissables dont ils constituent, en somme, un re?u global, leur introduction aupr?s d'une monnaie pr?existante seulement partiellement gag?e, ?l?vera le taux de couver

ture de l'ensemble en tendant ? restaurer le principe simplement honn?te, quoique bien m?connu (2), d'une couverture exigible ? vue en totalit?.

Tant que les stocks des nouvelles marchandises mon?taires n'auront pas atteint, par

rapport ? celui d'or d?j? constitu?, la proportion requise par le nouveau r?gime, les billets,

(!) Les relations ? = -? > ? etc., d?duites de la d?finition des p, ont, pour cons?quence, que v?2 cqi

dV = px dqx + ... pn dqn

est une diff?rentielle totale exacte, condition ?videmment n?cessaire et qu'impliquait d'ailleurs d?j? la d?finition de V.

Par suite px = -?> ? etc., de sorte que la forme V 2 =

pn qn est l'expression du th?or?me d'Euler c)qx

sur les fonctions homog?nes.

?2) L'or ne repr?sente actuellement que 7 ? 8 : 100 du total de la monnaie (or, billets ou cr?dit) circulant dans le monde.

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? moins d'?tre de deux esp?ces diff?rentes, ce qui est inadmissible, devront pouvoir ?tre ?chang?s ? volont? soit, comme auparavant, contre l'or, soit contre les nouvelles marchandises mon?

taires, de sorte que, durant toute cette p?riode de transition, les prix reconnus par la banque, d'une part pour l'or, d'autre part pour la moyenne g?om?trique des prix des autres marchan

dises mon?taires, demeureront constants. C'est ? cette condition que le principe d'une corres

pondance fid?le entre le montant total de l'?mission et les valeurs entrepos?es, continuera d'?tre sauvegard?.

Un prix moyen des (n ?

1) nouvelles marchandises pourra, par exemple, ?tre assign? au voisinage de celui correspondant aux cours du moment ou ? une valeur ? peine sup?rieure. Deux ?ventualit?s pourront alors se pr?senter : ou bien la moyenne ult?rieure des cours de ces m?taux sur le march? libre montera, auquel cas il est clair que les nouveaux stocks n'auront aucune tendance ? se constituer, ce qui n'entra?nera d'autre inconv?nient que de suspendre l'introduction du nouveau r?gime, ou bien l'ensemble ?prouvera un commencement de baisse

que tendra ?videmment ? limiter le nouveau d?bouch?, ? un prix moyen invariable, assur?

par la banque d'?mission, tandis que la croissance de la monnaie en circulation et les achats des m?taux mon?taires ? l'?tranger se traduiront par des retraits d'or r?duisant l'encaisse

correspondante.

La prolongation d'une semblable tendance ? la baisse, vis-?-vis de l'or, de l'ensemble des autres m?taux, telle qu'elle s'est manifest?e au cours des temps modernes, aboutirait

fatalement, comme le d?montre l'exp?rience ant?rieure du bim?tallisme, ? la disparition totale dans l'encaisse du m?tal le plus appr?ci?.

Mais, puisque le stock des nouveaux m?taux part de z?ro, un moment arrivera n?cessai

rement o? la valeur de la quote-part ?gale de chacun d'eux atteindra celle, d?croissante ou moins rapidement croissante, de l'or d?j? en caisse. Il suffira, ? ce moment, d'?tendre la r?gle d?finissant les prix des n ? 1 m?taux adjoints, ? l'ensemble des n comprenant l'or, pour freiner bient?t l'afflux des premiers par la baisse r?sultant de leur plus grande abondance relative.

Le nouveau syst?me se trouvera ainsi mis en vigueur, sans discontinuit? ni ?-coup.

Quoique la premi?re ?ventualit? envisag?e, d'une hausse naturelle durable de l'ensemble des prix-or, emp?chant la constitution spontan?e des nouveaux stocks, soit moins probable, il pourrait y ?tre par? en admettant une croissance r?guli?re en fonction du temps, suivant

une loi quelconque pr?convenue, du cours moyen officiel des nouvelles marchandises entrant

dans la couverture.

La condition que la plus-value ainsi conf?r?e au stock q2 de l'ensemble en voie de consti

tution, se trouve compens?e par une diminution pr?cis?ment ?gale de la valeur globale de l'or en caisse qx, de mani?re que le total ne cesse pas de correspondre ? l'?mission d?j? r?alis?e,

s'exprime par la simple relation :

<7i dpx + q2 dp2 = 0

entre les variations simultan?es du prix px de l'or et de celui moyen p2 de l'ensemble qt (l).

(x) Cette condition S (q dp )= 0, assure que dY = S (p dg) demeure, m?me au cours de la p?riode de

transition, diff?rentielle exacte, non seulement de l'?mission, mais de la valeur de l'encaisse V.

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CONCLUSION

Bien que plusieurs points, dont l'examen exigerait de plus longs d?veloppements, n'aient

pu ?tre abord?s dans le cadre de cet expos?, la justesse de principe et le caract?re naturel de l'id?e fondamentale qui est ? la base du syst?me laissent pr?sumer que ces questions secon

daires ne sauraient donner lieu ? aucune difficult? s?rieuse.

Par exemple, une l?g?re diff?rence entre les prix d'entr?e et de sortie des marchandises, devra ?tre pr?vue pour couvrir les frais g?n?raux de la banque, comme c'est d'ailleurs le cas

actuellement pour l'or.

Nous avons admis, pour plus de simplicit?, que les marchandises mon?taires, convena

blement choisies pour repr?senter le mieux possible l'ensemble des prix, intervenaient chacune avec le m?me poids, mais le syst?me peut ?tre ?videmment g?n?ralis? en substituant ? la

moyenne simple des logarithmes des prix, une moyenne pond?r?e, ou aux produits des stocks mon?taires entrepos?s q des produits de puissances appropri?es de ces quantit?s, de mani?re ? donner ?ventuellement ? certaines des marchandises repr?sentatives un poids en rapport avec leur importance particuli?re dans l'?conomie g?n?rale.

La stabilit? essentielle et naturelle du syst?me d?crit se pr?terait, comme actuellement

pour l'?talon-or, ? son adoption successive ou simultan?e, en liaison ou ind?pendamment, par un ou plusieurs pays, avec un nombre quelconque de banques d'?mission et d'entrep?ts pour l'ensemble ou pour chaque cat?gorie de m?taux mon?taires.

L'?mission, int?gralement couverte, de nouveaux signes mon?taires, ne saurait, nous

l'avons vu, ?tre v?ritablement tax?e d'inflation, bien qu'elle doive contribuer, toutefois d'une mani?re saine, c'est-?-dire sans augmentation des prix, ? accro?tre les ?changes, sous r?serves,

peut-?tre, d'une lente accumulation, ?tendue ? d'autres marchandises que l'or, des stocks

entrepos?s dans les banques.

Mais la bienfaisance du r?gime propos? tiendra surtout ? son r?le r?gulateur de r?serve de cr?dit, efficace, non pas tant par son volume propre que par le caract?re ouvert (x), toujours pr?t, non dirig? et imperturbable, de son fonctionnement.

A ce titre, il est permis d'esp?rer que ce syst?me qui se r?clame, dans son principe, de

l'exp?rience s?culaire de l'?talon-or, sans introduire aucune innovation hasardeuse, pourra

s'imposer comme une am?lioration naturelle et opportune du r?gime actuel, et, en amortissant

par la sensibilit? et l'impassibilit? de son fonctionnement, les facteurs psychologiques des

crises, contribuera ? r?tablir la confiance sur des bases raffermies de v?rit? et d'honn?tet?.

j1) Le pouvoir r?gulateur d'un r?servoir, tel qu'un lac, d?pend moins de son volume que de son ?tendue, ou d?riv?e du volume par rapport au niveau, et surtout de sa libre communication avec le syst?me ? stabiliser. La faillite de tant de r?serves de capitaux ? jouer le r?le r?gulateur bienfaisant qui est leur raison d'?tre, et

que leur permettrait leur importance, r?sulte ainsi seulement de ce que leur intervention spontan?e est trop souvent suspendue par des calculs fallacieux ou int?ress?s.

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ANNEXE A LA NOTE SUR UNE ? MONNAIE RATIONNELLE NON DIRIG?E

FIG. 1. FIG. 2.

Fie. 1.

Le diagramme de gauche repr?sente, en ordonn?es logarithmiques, les cours successifs sous le r?gime de l'?talon or de quantit?s fixes de 11 marchandises pr?sentant une m?me valeur 100,1e 31 d?cembre 1928.

La courbe en tirets fins correspond ? la moyenne des ordonn?es (moyenne des logarithmes des prix) pour huit des neuf m?taux (platine exclus).

Fig. 2.

Le diagramme de droite, dans lequel les diff?rences des ordonn?es, pour une m?me abscisse ?valeurs relatives des prix au m?me instant) sont conserv?es, repr?sente une application du syst?me propos? qui rend invariable la moyenne des logarithmes des prix (ligne horizontale 100).

Les fluctuations des prix d'une m?me marchandise, m?me de celles (coton, caf?, platine) ne figurant pas dans la moyenne, sont bien moindres que sous le r?gime simple de l'?talon or. En fait, elles seraient encore plus petites car, non seulement l'intervention constante, spontan?e et imm?diate du processus d'?mission briderait les facteurs psychologiques de hausse ou de baisse, mais le d?bouch? variable et

r?versible offert aux marchandises mon?taires, tendrait ? restreindre l'amplitude des variations de cours, surtout de celles de courte dur?e.

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