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ST MICHEL DE LAVAL ST LEO MON ST MICHEL DE LAVAL ST LEO MON La petite histoire de Saint-Michel de la campagne à la ville 1699 1968 MONTÉE ST- JEAN

La petite histoire de Saint-Michel

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La petite histoire de Saint-Michelde la campagne à la ville 1699

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ville.montreal.qc.ca/vsp

Julie FontaineRecherche et rédaction

Suzanne ThibaultDirection de la publication

Bibliothèque de Saint-Michel

La petite histoire de Saint-Michelde la campagne à la ville 1699

1968

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Une communauté fidèle à ses racines

titre de maire d’arrondissement, c’est avecplaisir que je vous écris cette préface sur l’histoirede Saint-Michel, quartier dans lequel je suis née.

Saint-Michel bénéficie d’un passé riche, quigagne à être découvert. Des premiers colons quidéfrichaient les terres au quartier que nousconnaissons aujourd’hui, en 2008, l’histoire nousprésente une communauté courageuse travaillantde manière soutenue afin de créer un milieu de viestable et une économie florissante.

Le présent document est l’heureux résultatdu travail d’une équipe que je tiens àremercier. Il a été élaboré sur l’initiative demadame Suzanne Thibault, chef de section à la bi-bliothèque de Saint-Michel. La recherche et la ré-daction ont pour leur part été confiées à madameJulie Fontaine, archiviste-bibliothécaire, qui a susynthétiser l’historique de ce quartier dont les en-jeux économiques influencent encore aujourd’huile développement du Grand Montréal.

La petite histoire de Saint-Michel, de lacampagne à la ville (1699-1968) est un documentqui se lit avec plaisir et curiosité. Il est né du désird’informer la population sur les évènements qui ontentouré la création de la ville de Saint-Michel,laquelle fait aujourd’hui partie de l’arrondissementde Villeray�Saint-Michel�Parc-Extension.

C’est la mémoire de Saint-Michel, et sonâme, que le lecteur découvrira au fil des pages.Saint-Michel, qui a pris racine dans le contexte dela Nouvelle-France, dès 1699. La petitecolonie s’est établie, bâtissant des maisons,ouvrant des commerces et exploitant des carrières.Elle est devenue ville, avec ses écoles, ses paroisseset ses services, délaissant graduellement l’agricul-ture au profit de la vie urbaine. Et si c’est àla fin de la Seconde Guerre mondiale qu’ellese développe, son histoire prend toutefois unedirection bien différente à la suite du scandalequi ébranle la mairie en 1968 et qui amèneSaint-Michel dans le giron de la Ville de Montréal,à laquelle elle est alors annexée.

La connaissance de nos origines, ladécouverte des passions et des ambitions qui ontdirigé nos prédécesseurs nous permettent d’envi-sager l’avenir de Saint-Michel sous un œil différent.Ce quartier a de grands défis à relever et degrandes espérances à réaliser. Nul doute que ledynamisme et la diversité de sa communautécontribueront encore à son développement.

Bonne lecture !

Le maire de l’arrondissement deVilleray�Saint-Michel�Parc-Extension,

Anie Samson

Décembre 2008

À

Préface

Direction de la publication : Suzanne Thibault

Recherche et rédaction : Julie Fontaine

Révision historique : Michèle Dagenais et Nicolas Kenny

Coordination du projet : Isabelle Rougier

Direction artistique et mise en page : Annie Potvin

Révision linguistique : Marielle DeLorme

Photos : Ville de Montréal

Impression : Centre d’impression numérique –

Ville de Montréal

ISBN : 978-2-9810091-1-1

Dépôt légal : Bibliothèque et Archives nationalesdu Québec – Décembre 20082

Imprimé sur du papier 100% recyclé

la suite de l’excellent travail derecherche et de rédaction de Julie Fontaine, nousavons sollicité le Département d’histoire de l’Uni-versité de Montréal afin de valider les dates et faitshistoriques. Ce travail rigoureux a été fait grâce àla collaboration de madame Michèle Dagenais,professeure titulaire au Département d’histoire, etde monsieur Nicolas Kenny, étudiant au doctoraten histoire, spécialiste de l’histoire de Montréal.

Nous avons également obtenu l’apportprofessionnel de plusieurs intervenants du milieuqui ont démontré un intérêt manifeste à ce projet,notamment mesdames Marie-Danielle Girouard,organisatrice communautaire au Centre de santéet de services sociaux de Saint-Léonard et de Saint-Michel, et Danielle De Coninck, conseillère en dé-veloppement social dans l’arrondissement deVilleray�Saint-Michel�Parc-Extension.

Remerciements

Nous tenons à souligner la précieusecontribution de monsieur Emanuel Dion-Goudreau dont le document intitulé L’Évolutiontypo-morphologique du noyau villageois de côteSaint-Michel nous a été très utile à bien deségards. Non seulement son travail, réalisé dansle contexte d’une maîtrise à l’École d’architec-ture de l’Université de Montréal, s’est révéléune mine de renseignements historiques sur lequartier, mais il nous a également fourni plusieursdes photographies qui se trouvent dans les pagesqui suivent.

Nous remercions aussi messieurs JacquesPharand et Mario Robert (Division de la gestiondes documents et des archives de la Ville deMontréal), mesdames Jeannine Rouleau (paroisseSaint-Bernardin-de-Sienne) et Liliane Thériault(Archives des Sœurs de Miséricorde), monsieurAlain Walin (diocèse de Montréal), la Fondationdu patrimoine religieux du Québec, le Centred’histoire de Montréal et Bibliothèque et Archivesnationales du Québec.

Suzanne ThibaultChef de section, bibliothèque de Saint-Michel

À

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Table des matières

Préface Une communauté fidèle à ses racines 1

Remerciements 2

Chapitre 1 Une côte au coeur de l’île, 1699 - 1799 5

Chapitre 2 Les prémices d’un village, 1800 -1899 9

Chapitre 3 Un village... puis une ville, 1900 - 1945 15

Chapitre 4 De municipalité à quartier montréalais, 1946 - 1968 23

Épilogue Saint-Michel d’hier à aujourd’hui 33

Chronologie 37

Bibliographie 44

Notes 47

Chapitre 1

Une côteau coeurde l’île

1699- 17995

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La petite histoire de Saint-Michel

MONTÉE

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La côte Saint-Michel, en 1702. D’après Vachon deBelmont. (Dechêne, 1974, p. 533)

Des berges du fleuve au centre de l’îleLongtemps après sa fondation en 1642,

Montréal, autrefois appelé Ville-Marie, demeuredavantage un petit village qu’une véritable ville. Audépart, Montréal ne compte guère plus d’unequarantaine d’habitants, et quatre décennies plus tard,soit en 1680, à peine plus de 1300 colons peuplentl’île. Les guerres avec les Iroquoiens, la précarité desconditions de vie et le faible taux d’immigration expli-quent ce lent peuplement. Aussi, il faut attendre la findu XVIIe siècle pour que débute l’ouverture des terresau centre et au nord de l’île. Jusque-là, la partie habi-tée du territoire se limite à la ville – le Vieux-Montréalactuel –, à ses faubourgs immédiats (faubourgQuébec à l’est, faubourg des Récollets à l’ouest etfaubourg Saint-Laurent au nord) et aux terres cultivéesen bordure du fleuve.

L’ouverture de la côte Saint-MichelÀ partir de 1680 et tout au long de la

première moitié du XVIIIe siècle, les Sulpiciens,soucieux de développer leur seigneurie1, concèdentplusieurs terres à l’extérieur des limites de la ville. Le lo-tissement se fait selon le système des côtes (voir enca-dré, p. 6), et c’est ainsi que plusieurs parties de l’île sedéveloppent.

Sont fondées de la sorte les côtes Saint-Joseph, Saint-Pierre et Saint-Paul à l’ouest de la ville,juste au sud du mont Royal, de même que les côtesNotre-Dame-des-Neiges, Sainte-Catherine et Saint-Laurent sur le versant nord-ouest du mont Royal. Enfin,les côtes Notre-Dame-de-Liesse et Notre-Dame-des-Vertus développent le centre ouest de l’île à partir dela fin du XVIIe siècle. Ces côtes deviendront plus tarddes quartiers importants et des artères achalandées deMontréal.

En 1699, une nouvelle côte est ouverte aunord-est de Ville-Marie, région encore peu dévelop-pée. On l’appelle côte Saint-Michel (aujourd’hui la rueJarry) du nom du saint personnage2. René Albert ditBeaulieu, vraisemblablement un ancien militaire, etGuillaume Chevalier dit Laflèche sont les premierscolons de Saint-Michel. Le 28 février 1699, ils reçoi-vent chacun « une concession […] de la contenance desoixante arpents de terre en superficie, en trois arpentsde front sur vingt de profondeur3». Les Sulpiciens pour-suivent ensuite l’ouverture de la côte, et à la fin del’année, une quinzaine de terres ont été cédées.

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Une côte au coeur de l’île : 1699 - 1799

La côte, ancêtre du rangLe tracé des rues de Montréal étonne par sarégularité. On doit la grille orthogonale queplusieurs rues montréalaises épousent au sys-tème de lotissement par côtes, en vigueur toutau long du Régime français.

D’abord riveraines, les côtes se multiplient àl’intérieur des terres à partir du XVIIIesiècle. Leur principe est simple. Elles consis-tent en une série de lots agricoles rectangu-laires répartis de part et d’autre d’un cheminprincipal, appelé la côte, qui sert égalementde commune. Les terres sont plus profondesque larges, permettant ainsi un accès maxi-mal à la côte. Les maisons de ferme y sontétablies en bordure du chemin et les cultures,à l’arrière des habitations.

Les montées relient les côtes entre elles. Ellesassurent le lien vers la ville et permettent auxhabitants des diverses côtes de communiquerentre eux.

Ce mode de concession des terres, trèsrépandu au Québec, comporte un inconvé-nient majeur, soit la difficulté pour le colond’agrandir sa terre autrement que par l’ar-rière du lot, s’il lui est impossible d’acquérir laterre voisine. Sous le Régime français, consé-quence de ce désagrément, il n’est pas rarede voir un colon posséder des terres dansplus d’une côte. C’est le cas, par exemple, del’habitant Lacroix qui possède, en 1702, desterres dans les côtes Saint-Michel et Saint-Laurent ainsi qu’à la pointe Saint-Charles.

Quatre ans après la « fondation » deSaint-Michel, la superficie de la côte a doublé. En1702, on trouve en effet une trentaine de lots dispersésde part et d’autre de la commune. Autour de la côte,il n’y a que des forêts de cèdres et de frênes, sauf àl’ouest, où l’on trouve des terres encore non concé-dées. Sur la terre du colon Beaulieu se trouve unechapelle, aujourd’hui disparue.

La montée Saint-MichelEn 1707, selon le système des corvées

propre au régime seigneurial, les colons ouvrent lamontée Saint-Michel, perpendiculairement à la côtedu même nom. La montée Saint-Michel, aussiappelée chemin Saint-Michel, est l’ancêtre duboulevard actuel4. Elle constitue la première voie per-mettant aux habitants de la côte de se rendre jusqu’àla ville. Pour ce faire, ils empruntent ce chemin de terrevers le sud, jusqu’à la côte de la Visitation (aujourd’huile boulevard Rosemont), et de là, ils se dirigent versl’ouest jusqu’au chemin Papineau qui atteint Montréal.Vers le nord, la montée permet de se rendre jusqu’auSault-au-Récollet. Saint-Michel est donc à mi-cheminentre ces deux lieux importants de l’île.

C’est au carrefour de ces deux artères, la côteet le chemin, que se développera lentement le villagede Saint-Michel au XIXe siècle. En attendant, à la findes années 1700, il y a à cet endroit un petit hameauqui sert de relais aux voyageurs parcourant la montéeSaint-Michel. On y trouve des forges, où ferrer soncheval, ainsi que des fours à chaux. Ces dernierstémoignent de l’exploitation des carrières de calcairequi débute dans le secteur à partir de la secondemoitié du XVIIIe siècle. Outre cette exploitation encoretrès modeste, la montée Saint-Michel demeure une ré-gion à vocation agricole.

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La petite histoire de Saint-Michel

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Clin d’œil à l’histoireIl existe à Saint-Léonard la maison d’une desfamilles pionnières de la colonisation de la côteSaint-Michel. Il s’agit de la maison de PierreDagenais, bâtie en 1785. Elle se situe au5555, rue Jarry Est, dans une partie dela côte Saint-Michelmaintenant intégréeà Sa in t -Léona rd(Pinard, 1988, p. 357).La photographie ci-contre date de 1947.

Les pionniers de Saint-MichelD’après la carte de l’île de Montréal dresséepar Vachon de Belmont (1645-1732),supérieur des Sulpiciens, il est possiblede retracer le nom d’une trentaine de conces-sionnaires à Saint-Michel en 1702. Ces colons,sans oublier leurs familles, peuvent à justetitre être considérés comme les pionniers dela colonisation à Saint-Michel. Ils portent lesnoms suivants :

AlavoyneBeaulieuBlot (aîné)Blot (cadet)

BloufBoisseauBrabanBraseau

Brassard (aîné)Brassard (cadet)

CavalierDagenetDespres

Dizier dit Sans CartierGrisdelinLacroix

La Fantaisie

La FermeLa FlècheLa Forge

La GrandeurLalouetteLancoigneLa VioletteLouveteauMontignyPiccartRichardSanserreSt-AmantSt-LaurentVigetVinet

Que reste-t-il de cette période?Mis à part le tracé du boulevard Saint-Michel etde la rue Jarry (anciennement la montée et lacôte du même nom), il ne subsiste aucunetrace physique de ce que fut Saint-Michel autemps de la Nouvelle-France. Le cadre bâti decette époque, formé la plupart du temps deconstructions de bois assez sommaires, a eneffet été démoli depuis longtemps. Il n’y a quela toponymie de certaines artères qui rappelleles racines françaises, et encore, elle honoredes personnages aucunement liés à l’histoiredu quartier. Par exemple, la rue D’Iberville estnommée d’après le célèbre explorateur PierreLe Moyne d’Iberville (1661-1706), et la rueJarry rappelle Bernard Bleignier dit Jarry quireçoit en 1700 une concession dans la côteSaint-Laurent.

Chapitre 2

Les prémicesd’un village

1800- 18999

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La petite histoire de Saint-Michel

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Un lent développementTout au long du XIXe siècle et même

au-delà, la côte Saint-Michel demeure un territoireagricole. La révolution industrielle n’urbanise pasencore ce secteur de l’île. C’est tout le contraire àMontréal qui est alors en pleine expansion. Les nom-breux chantiers de la ville occasionnent d’ailleurs uneforte demande en pierres et en matériaux de construc-tion divers. Les ouvriers des carrières micheloises nemanquent donc pas de travail, et l’on croise sur lamontée Saint-Michel nombre de charretiers transpor-tant du sable, des pierres et de la chaux vers la ville.

Outre ces carrières, le paysage n’estencore que vergers et terres cultivées. Les fermiers ducoin y pratiquent la culture maraîchère. La populationde la côte est encore trop petite pour écouler locale-ment les produits de ces cultures. C’est donc en villeque les fermiers vendent leurs fruits et légumes. À par-tir de 1808, c’est à la place du Marché neuf –aujourd’hui la place Jacques-Cartier – qu’ils se ren-dent pour la vente5.

Maison de ferme d’Archibald Ogilvie à la côte Saint-Michel, vers 1865. Cet homme est l’ancêtre de la célèbrelignée des meuniers du canal de Lachine. (Benoît etRoger, Pignon sur rue, no 11, p. 327)

Implantation des bâtiments et usages, côte Saint-Michel,1879. D’après l’Atlas Hopkins.

Pour espérer avoir un étal, les agriculteursmichelois doivent se lever très tôt, souvent avantl’aube. C’est que la route depuis Saint-Michel estlongue, et la compétition entre agriculteurs est forte,car les habitants des autres côtes vendent eux aussileurs produits au marché.

L’émergence du noyau villageoisÀ la fin des longues journées au marché de la

ville, les agriculteurs michelois reprennent la route versle nord pour rentrer à Saint-Michel. À la croisée duchemin et de la côte Saint-Michel se trouve toujours lepetit hameau ayant pris forme au siècle précédent.Cependant, ce petit hameau croît lentement.Graduellement, il cesse d’être un simple relais pourvoyageurs et devient, à la fin du XIXe siècle, un véritablenoyau villageois. En effet, en plus d’une concentrationd’habitations, on y trouve une série de services quiconfèrent à la côte Saint-Michel un statut devillage, même si elle ne le devient officiellement qu’en1912. Ainsi, comme le mentionne l’auteur EmanuelDion-Goudreau, dans les années 1870, on trouve auxabords du carrefour au moins deux écoles, un bureaude poste ainsi qu’un hôtel.

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Les prémices d’un village, 1800- 1899

des constructions. Ces calcaires sont utilisés commepierre à bâtir, mais également pour produire la chauxindispensable aux travaux de maçonnerie. En effet, lachaux entre dans la composition du mortier utilisé pourlier les moellons entre eux et solidifier les murs. Le laitde chaux – obtenu en mélangeant de la chaux refroi-die à de l’eau – est quant à lui nécessaire pour scellerle mortier et protéger les habitations des intempéries.On obtient la chaux en calcinant le calcaire dans desfours spéciaux.

À la fin du XVIIIe siècle, on trouve des carrièresde pierre à Lachine, à l’île à la Pierre (une îleaujourd’hui disparue, jadis à l’ouest de l’île Sainte-Hélène) ainsi qu’en plusieurs endroits au nord et aunord-est de la ville. L’exploitation dans ce secteurdébute d’abord dans les zones situées les plus près dela ville, sur le coteau Saint-Louis, particulièrement dansle Mile End. Les activités d’extraction remontent ensuitevers le nord, dans le secteur de l’actuel arrondissementde Rosemont–La Petite-Patrie (le long du chemin desCarrières qui porte son nom à juste titre), dans Villerayet sur la côte Saint-Michel. Ce n’est toutefois qu’àpartir du XIXe siècle que s’entame véritablement uneproduction d’envergure dans ce secteur.

Les carrières de pierre aux XVIIIe etXIXe siècles à Montréal

Sous le Régime français, la plupart desconstructions sont en bois. En effet, à cette époque,seulement 20 % des bâtiments sont en moellonsde pierre. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle, àmesure que se popularise la pierre de taille dansl’architecture urbaine, que l’utilisation de ce matériaus’intensifie.

Fort heureusement pour les premiers bâtis-seurs, l’île de Montréal fournit la matière première àla construction en carrés de pierre, c’est-à-dire lecalcaire. Ce dernier, héritage des dépôts sédimen-taires, abonde dans le sous-sol montréalais. Dèsle XVIIIe siècle, les colons français en exploitent lesgisements répartis en divers endroits sur l’île deMontréal ou à proximité. Cette exploitation demeureartisanale jusqu’au XIXe siècle. On extrait le calcairedes couches en surface, souvent sur les lieux mêmes

Il y a également le magasin général Jodoin qui,selon divers témoignages, est véritablement le lieu derencontre de prédilection de cette petite aggloméra-tion. Bref, à la fin du XIXe siècle, la côte Saint-Michela toutes les caractéristiques du petit village ruralquébécois et est prête à l’officialiser au siècle suivant.

Une carrière, probablement située près du mont Royal.L’Opinion publique, 22 mars 1877. Centre d’histoire deMontréal.

Clin d’œil à l’histoireAu XIXe siècle, les carriers étaient de réputés fêtards comme entémoigne ce couplet de la chanson du métier alors très populaire :

Les tailleurs de pierreNe sont pas des gens fiers

Les grands comme les p’titsY boivent tous du whisky

Y sont pas ménagésPour passer leur été

Ils ont d’la misèrePour passer leur hiver

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La petite histoire de Saint-Michel

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Les carriers au travail. L’Opinion publique, 22 mars 1877.Centre d’histoire de Montréal.

Fours à chaux appartenant à Olivier Limoges près duchemin Papineau, en 1894. Olivier Limoges fonde safabrique de chaux dans Saint-Michel en 1879. Ildéménage ses fours à Montréal quatre ans plus tard.Il continue toutefois à se procurer la pierre à chaux àSaint-Michel. (Benoît et Roger, Pignon sur rue, no 11,p. 308)

Entre 1820 et 1860, la production des carrièresculmine. Avec l’industrialisation, Montréal est en pleineexpansion, et les nombreux chantiers de constructionnécessitent beaucoup de matériaux extraits descarrières : pierre de taille, concassé, sable et chaux.

Les conditions de travail dans ces mines à cielouvert sont très rudes. Les carriers travaillent12 heures par jour, six jours sur sept, souvent sous unsoleil de plomb, sans oublier la poussière qui causeson lot de désagréments. De plus, les techniquesd’extraction demeurent rudimentaires; le calcaire estextrait manuellement, au pic et à la masse, ce qui re-quiert une grande force physique. Les pierres ainsitirées du sol sont ensuite transportées jusqu’à lasurface dans des chariots tirés par des chevaux.

À la fin du XIXe siècle et jusqu’au début duXXe siècle, on trouve à Montréal au moins unedouzaine de petites carrières produisant une grandepartie de la pierre concassée. La plupart d’entre ellescessent leur activité aux lendemains de la PremièreGuerre mondiale.

Les carrières de pierre aux XVIIIe

et XIXe siècles à Saint-MichelLa plupart des sources affirment que

l’exploitation des carrières de Saint-Michel commenceà la fin du XVIIIe siècle, grâce à la découverte de gise-ments de calcaire, dans les années 1780. Toutefois,une exploitation de moindre envergure devait avoirlieu bien avant ces années, puisque le botanistePehr Kalm*, de passage à Montréal en 1749, men-tionne la présence de fours à chaux dans la région,le long de la route menant au Sault-au-Récollet : « Àenviron une lieue de Montréal [4 km], nous atteignonsun endroit où l’on fabrique de la chaux et où l’on a àcet effet construit deux fours à chaux. »

* Pehr Kalm est un naturaliste d’origine suédoise. En1749, il visite le Canada et tient un journal de ses observa-tions botaniques, mais aussi géographiques, géologiques etsociales. Ce journal est une mine d’informations sur leCanada du Régime français.

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Les prémices d’un village : 1800- 1899

Que reste-t-il de cette période?Malgré plusieurs démolitions, notamment au moment de la construction du boulevard Métropolitain dans lesannées 1960, il reste encore quelques témoins de l’architecture rurale que l’on retrouvait à Saint-Michel auXIXe siècle. La plupart de ces constructions se trouvent le long du boulevard Saint-Michel, près de la rue Jarry,jadis le noyau villageois. Ces habitations familiales et leurs dépendances sont les témoins de l’époque révolueoù Saint-Michel n’était encore qu’une verte campagne. Parmi ces bâtisses, nous avons retenu trois exemplesqui résument bien la période.

3870-3880rue Jarry Est

La Maison Martineauconstruite pour JosephMartineau en 1888. Ellereprésente bien l’archi-tecture bourgeoise ruralede l’ère victorienne avecson toit en mansarde etses murs en pierre bosse-lée. Jadis, un riche décord’appliqués de bois ornaitsa façade dont seuls lesvolets et les lucarnessubsistent aujourd’hui.

8188boulevard Saint-Michel

Maison villageoise cons-truite en 1890. Son toit àdeux versants, son rez-de-chaussée au ras du sol, sesmurs lambrissés de bois etses lucarnes sont typiquesde l’architecture traditionnellequébécoise.

8198-8200boulevard Saint-Michel

Bâtie en 1890, cettemaison villageoise a subides modifications, notam-ment son revêtement,autrefois en bois etdésormais en vinyle.

Par la suite, l’exploitation s’intensifie et à la findu XIXe siècle, des particuliers exploitent plusieurspetites carrières aux abords de la côte Saint-Michel,principalement du côté nord, sur les sites actuelsdes anciennes carrières Miron et Francon, situées aunord de la rue Jarry, entre l’avenue Papineau et le

boulevard Pie-IX. Mentionnons, entre autres, les car-rières Limoges sur le site Francon. Au siècle suivant,des entreprises fusionneront ces carrières multiples, etSaint-Michel deviendra le grand centre minier de larégion montréalaise.

Source : Dion-Goudreau, 2005, p. 7-9

Chapitre 3

Un village...puis

une ville

1900- 194515

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La petite histoire de Saint-Michel

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Les chemins, basses-courset sous-bois

Au début du XXe siècle, Saint-Michel n’est guèredifférent du petit noyau villageois que nous avons dé-crit au siècle précédent. La population est encore trèsmodeste; tout au plus une soixantaine de familles yhabitent. Le magasin général est toujours le lieu derendez-vous populaire, et les quelques services à lapopulation – qui se multiplient au fil des ans – sontencore concentrés au carrefour de la côte et du cheminSaint-Michel.

En fait, ce coin de l’île demeure une campagneaux paysages rustiques, à tel point qu’un groupe d’ar-tistes, les Peintres de la montée Saint- Michel, en faitson lieu d’inspiration privilégié.

En 1941, parlant des toiles de ces créateurs –dont font notamment partie Ernest Aubin, Élisée Martelet J.-O. Proulx – l’auteur et prêtre Olivier Maurault dé-crit bien le Saint-Michel du tournant du siècle : « Ma-rais, lacs, ponceaux, tas de pierres, chemins, sentiers,barrières, champs cultivés, meules, et les basses-coursdes fermes, et les troupeaux, et les sous-boiset les grands arbres, les grands ormes surtout… »Ce sont là, dit-il, tous les éléments pittoresques de lamontée Saint-Michel.

La fondation du village deSaint-Michel-de-Laval

À la fin de l’année 1911, Charles Gagnon,cultivateur michelois, fait des démarches auprès dudiocèse de Montréal pour que l’on érige à Saint-Michel une nouvelle paroisse. Il propose même decéder le terrain nécessaire à la construction de la futureéglise. La commission épiscopale, ayant à sa tête lechanoine W.-C. Martin, se montre alors favorable auprojet et le 22 décembre de la même année, monsei-gneur Paul Bruchési, archevêque de Montréal, érigecanoniquement la paroisse Saint-Bernardin-de-Sienne. Celle-ci est formée du démembrement dedeux anciennes paroisses : Sault-au-Récollet, à l’ouestde la rue D’Iberville, et Saint-Léonard-de-Port-Maurice, à l’est de ce chemin.

La fondation de cette nouvelle paroisse donnele coup d’envoi nécessaire à la création du village dela côte Saint-Michel. Aussi, le 6 novembre 1912, envertu d’une proclamation du lieutenant-gouverneur dela province de Québec, le village est créé sous le nomde Saint- Michel-de-Laval. La première assemblée esttenue le 16 décembre 1912. Zéphirin Pesant, cultiva-teur, est élu premier maire du village.

Un magasin général montréalais vers 1905. Centre d’his-toire de Montréal.

Le cultivateur michelois Onésime Pesant avec son épouseet leurs dix enfants. Album souvenir, paroisse Saint-Bernardin-de-Sienne.

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Un village... puis une ville, 1900- 1945

Il faudra une église…Aux lendemains

de la création de la pa-roisse Saint-Bernardin-de-Sienne, le temps deconstruire une église,c’est une petite école deSaint-Michel qui sert delieu de culte6. En janvier19127, le curé fonda-teur, l’abbé Jos-ÉdouardBélair, y célèbre le pre-mier baptême et lepremier mariage du vil-lage. Le quatorzièmejour de ce même mois,on assiste à l’élection desmarguilliers8 qui formentdès lors l’Oeuvre et laFabrique de la paroisseSaint-Bernardin. Le soirde son élection, la Fa-brique vote la somme de15 000 $ pour la construction future d’une chapelle etd’un presbytère. Monsieur Charles Gagnon, fidèle àsa promesse, lègue le terrain nécessaire en bordurede la côte Saint-Michel (soit sur l’actuelle rue Jarry, ducôté sud, à l’emplace-ment de l’ancien hôpitalSaint-Michel), alors lalimite nord du village. Enéchange, lui et sa familleobtiennent gratuitementet pour « leur vie du-rant » l’usage d’un bancde leur choix dans lafuture église.

L’abbé Jos-Édouard Bélair,curé fondateur de laparoisse. Fils de cultiva-teur, il est à l’aise à Saint-Michel, une paroisserurale. Il y demeure enposte jusqu’en 1943.Album souvenir, paroisseSaintBernardin-de-Sienne.

La construction de ces bâtiments religieuxn’a cependant pas lieu immédiatement. Manquede fonds oblige, la Fabrique achète plutôt la salleparoissiale de Villeray, le village voisin, pour la sommede 3 500 $. La transaction cause bien des maux detête aux Michelois puisqu’il faut déménager cette salleparoissiale de Villeray à Saint-Michel. Plutôt que de dé-monter la bâtisse etde la reconstruireau village, on choi-sit de la transporterd’une seule pièce…à travers les champsdes deux municipa-lités. L’immeuble estd’abord enchaîné,puis à l’aide dechevaux activant uncabestan, la futurechapelle est ainsiroulée sur desbillots de bois.Cette folle entre-prise réussit, et lasalle de Villeray ar-rive intacte à destination le 15 avril 1912. On amé-nage ensuite le bâtiment pour le culte. La partie avantde la chapelle devient le logis du curé Bélair, et le

reste sert de lieu decélébration religieuse.Cette solution doit êtretemporaire. Elle durepourtant jusqu’en 1950,année où l’on construitun vrai presbytère.

L’ancienne salle paroissiale de Villeray devenue premièreéglise du village de Saint-Michel-de-Laval. Album sou-venir, paroisse Saint-Bernardin-de-Sienne.

L’intérieur de l’ancienne église.Album souvenir, paroisse Saint-Bernardin-de-Sienne.

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La petite histoire de Saint-Michel

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Le 5 mars 1915 est une date importante dans l’histoire de Saint-Michel; ellemarque sa constitution en ville autonome. La consultation du fonds de ville deSaint-Michel permet de retracer La loi amendant la charte du village de Saint-Michel-de-Laval et décrétant son érection en ville : « Attendu que la corporationde Saint-Michel-de-Laval a représenté que sa charte, la loi 4 George V, chapitre97, ne répond pas aux besoins croissants de ladite municipalité [elle] désire êtreconstituée en corporation sous le nom de Ville Saint-Michel9. »

La fondation de Ville Saint-Michel est quelque peu paradoxale. Elle survientà l’époque où plusieurs petites villes issues elles aussi d’anciens villages sontannexées à Montréal, incapables qu’elles sont d’assumer les coûts trop importantsgénérés par l’implantation et par l’entretien des infrastructures citadines tels l’aque-duc et la voirie10. Ville Saint-Michel doit, elle aussi, se munir de ces infrastructureset, comme le démontrent les archives, dès son érection, elle décrète qu’elle aura« besoin d’une somme de trois cent vingt mille piastres qu’elle désire emprunter[pour] construire son système d’égouts et d’aqueduc, faire des trottoirs permanents,paver et macadamiser ses rues et chemins publics et procéder à l’ouverture denouvelles rues ainsi qu’au prolongement du chemin appelé Montée Saint-Michel [jusqu’au boulevard Gouin]. » Dans les années suivant la fondation, la Villeveillera autant que possible à réaliser ces projets.

La première électionmunicipaleMoins d’un an après la fondation de Ville Saint-Michel , le 1er février

1916, a lieu la première élection municipale du maire et des six échevinsformant le conseilmunicipal. MonsieurZéphirin Pesant, mairedu village depuis saconstitution, est réélu entant que maire de laville. Il y reste en postejusqu’au 1e r févr ier1926. À l’époque, lesélections ont lieu tous lesdeux ans, le premier jourde février.

Clin d’œil à l’histoireÀ la fondation de Ville Saint-Michel, le service d’incendie est jugédésuet par plusieurs. Par exemple, les pompiers volontairesdoivent longtemps emprunter les chevaux aux agriculteurs pour alleréteindre les feux, ce qui ralentit considérablement leur efficacité.

Dans ce contexte, on fonde dans les années 1940 leCercle Combatifcontre l’Incendie à Saint-Michel. Il s’agit d’un regroupement, dansl’esprit des scouts, voué à la prévention des feux et autres désastres.

À la même époque, il existait des regroupements de ce genre dansd’autres municipalités.

Liste desmairesde Saint-Michel

(1913 à 1968)

Zéphirin Pesant1913 à 1926

Jos Robin1926 à 1927

J.-A. Saint-Denis1927 à 1930

Pierre Guinois1930 à 1934

Jos Robin1934 à 1944

Paul Racette1944 à 1949

Charles Lafontaine1949 à 1953

Raymond Morin1953 à 1955

André Gillet1955 à 1961

Maurice Bergeron1961 à 1968

La création de Ville Saint-Michel

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Un village... puis une ville, 1900- 1945

Le lotissement de Saint-MichelDans la foulée du développement de la ban-

lieue, au début du XXe siècle, plusieurs villes sont crééesde toutes pièces à Montréal par des spéculateursfonciers très actifs. Ceux-ci achètent également desterres dans les anciens villages ruraux, devenus depuisdes municipalités. Ils procèdent à leur lotissement, ytracent des rues et tentent d’y attirer des résidants.Saint-Michel n’échappe pas à ce mouvement, et dèssa constitution en village, des promoteurs y achètentdes terres en prévision d’un développement urbainà court terme. En 1912, la Ross Realty Companyacquiert des terres agricoles dans ce qui deviendraplus tard la partie sud du quartier de Saint-Michel.

À la même époque, les spéculateurs fonciersBéique & Charton conçoivent le plan du ShaughnessyPark, plus tard connu sous le nom de parc Octogonal

(aujourd’hui le parc François-Perrault). Ce planprévoit l’implantation future de lots autour du parcdans lequel seraient regroupés les services auxcitoyens. Cette vision s’inscrit en plein dans « le courantde réforme sociale, particulièrement actif au début duXXe siècle, [qui prône] notamment la création de cités-jardins de taille modeste, organisées autour d’un oude plusieurs édifices communautaires ». D’ailleurs, leplan du parc Octogonal de Saint-Michel est conçu àla même époque que celui de Ville de Mont-Royal.Ce dernier, imaginé par Frédérick Todd, s’inspire lui-même du tracé des rues d’une des cités-jardins del’Anglais Ebenezer Howard, père de ce conceptd’urbanisme à la fin du XIXe siècle. Cependant, lelotissement se poursuit également ailleurs dans la ville,et en quelques années seulement, tout le territoireaujourd’hui urbanisé de Saint-Michel est divisé en lotsà bâtir.

Secteur loti à Saint-Michel en 1919. Fonds de la cité deSaint-Michel. Section des archives, Ville de Montréal.

Secteur loti à Saint-Michel en 1922. Fonds de la cité deSaint-Michel. Section des archives, Ville de Montréal.

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Photographie aérienne de Ville Saint-Michel en 1930. Le carrefour encerclé en rouge est celui formé par la côte etla montée Saint-Michel (aujourd’hui le boulevard Saint-Michel et la rue Jarry). On y distingue clairement le noyauvillageois. Seules les 9e et 10e Avenues, du côté nord de la côte, sont en partie tracées et bordées par quelques rési-dences. Ministère des Ressources naturelles du Québec, dans Dion-Goudreau, Analyse d’un fait urbain, p.13.

Malgré les efforts et l’arrivée du tramway électrique dans la municipalité en 1925, le développement deSaint-Michel s’effectue lentement. Comptant seulement 997 habitants en 1921 et à peine 300 de plus une dé-cennie plus tard, la Ville devra attendre l’après-guerre pour passer du lotissement « sur papier » à la réalité,comme en témoigne la photographie aérienne de Saint-Michel prise en 1930, ci-dessous.

Des écolesMalgré le fait que la ruralité tarde à

disparaître à Saint-Michel, la ville progresse entre1900 et 1945. La population y croît modestement,mais de façon constante, et les services se multiplient,principalement aux abords du noyau villageois. Parmices services, il y a les établissements scolaires.

En 1916, la commission scolaire de Saint-Bernardin, formée au moment de la constitutiondu village de Saint-Michel-de-Laval en ville, faitconstruire au 2950, de la rue Jarry Est (c.-à-d. lacôte Saint-Michel) une nouvelle école pour gar-çons. On l’appelle l’école Saint-Bernardin. La di-rection de cet établissement est assumée par lesfrères du Sacré-Cœur.

L’école Sainte-Thérèse-d’Avila aujourd’hui désafec-tée. Elle porte d’abord le nom d’académie Bélair,puis d’école Sainte-Lucie, avant d’aborder sadernière dénomination.

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Un village... puis une ville, 1900- 1945

Au moment de l’ouverture officielle, le 10 sep-tembre 1917, l’école accueille 74 garçons. Trois ansplus tard, on assiste à l’inauguration de sa jumelle,l’académie Bélair, destinée quant à elle à l’enseigne-ment des filles par les sœurs des Saints Noms de Jésuset de Marie. Cette école existe encore aujourd’hui,bien qu’elle soit abandonnée, alors que l’école pourgarçons a été démolie.

Que reste-t-il de cette période?Les plex forment sans conteste l’essentiel de la productionarchitecturale du Saint-Michel de cette époque. Toujours à un oudeux étages – il n’y a aucun bâtiment résidentiel de plus de deuxétages dans le secteur avant 1945 – ils sont typiques de l’envi-ronnement montréalais avec leurs escaliers extérieurs, leur façadelégèrement en retrait et la présence de ruelles de service dansleur cour. En voici deux exemples :

L’école maternelle de la Nativité dans les années 1940,sise au 7400, boulevard Saint-Michel. Bibliothèque etArchives nationales du Québec. (CP6185)

Parmi les autres institutions scolaires à Saint-Mi-chel datant de la première moitié du XXe siècle,il y a également l’ancienne école maternelle de la Na-tivité, appartenant jadis aux sœurs de Miséricorde.

D’après leurs archives, ces religieuses font bâtirl’établissement scolaire pour assurer « la formationintégrale de l’enfant illégitime en vue de l’adoption(garçons seulement, de 3 à 6 ans, les filles ayant plusde chances pour l’adoption) ». L’institution ouvre sesportes le 18 novembre 1943 et accueille 100 garçonsde cinq et six ans. Le nombre d’orphelins croît rapide-ment et atteint 225 à la fin de l’année. Au total, prèsde 1 800 garçons – issus des crèches de Montréal –sont admis à cette école, et moins de la moitié sontadoptés. Les religieuses poursuivent cette missiond’enseignement jusqu’en 1957. Elles font alors

transformer le bâtiment qui devient la Villa Saint-Michel. Cet institut est consacré aux futures mèrescélibataires, jusqu’en 1973, poursuivant ainsi l’œuvrecommunautaire. Acquis par la Ville, le bâtimentà caractère patrimonial a abrité des services munici-paux montréalais. Aujourd’hui, on y trouve le Centred’hébergement des Quatre-temps.

Plex représentatif de cettepériode. On remarque le rez-de chaussée encore trèsprès du sol.

L’implantation de ce duplexen retrait permet l’aménage-ment d’un peu de verdure àl’avant. Il est doté d’un desescaliers en fer forgé si ca-ractéristiques de Montréal.

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L’arrivée du « p’tit char »En 1892, l’avènement du tramway électrique àMontréal permet le développement des quartiers plusau nord. Grâce à ce nouveau moyen de transport, lesouvriers peuvent enfin habiter loin des usines, dans desquartiers plus verts. Pour les Michelois, le tramway per-met plutôt de quitter chaque jour leur petit village,jusque-là isolé de Montréal, pour aller travailler ailleursque dans les carrières ou les petites entreprises locales.

En 1925, à la demande des autorités muni-cipales, Ville Saint-Michel est finalement des-servie par une ligne de tramway. Il en coûte3 ¢ par adulte pour y monter, sans privilègede correspondance. Le trajet commence aucarrefour des rues D’Iberville et Bélanger, envoie simple. Autrement dit, le tramway netourne pas; l’opérateur change d’avant àl’arrière et vice versa. Le bogie empruntela rue Bélanger vers l’est et remonte leboulevard Saint-Michel jusqu’à la rue Jarry(c.-à-d. la côte Saint-Michel). Avant cela,pour se rendre en ville, les Michelois em-pruntaient la ligne Papineau à la hauteur dela rue Masson.

À cette époque, le boulevard Saint-Michel n’est pas encore pavéau nord de la rue Bélanger. Le tramway utilise donc des rails detype ferroviaire. De fait, les forts vents accumulent constamment laneige sur cette voie l’hiver, ce qui donne du fil à retordre à l’entre-prise qui s’adresse à la Ville pour faire paver le boulevard. Le tram-way est finalement retiré en 1939 et est remplacé par un autobusqui suit le même parcours jusqu’en 1952. Par la suite, le service estscindé en deux, soit le trolleybus Bélanger et l’autobus Saint-Michel, lequel va de plus en plus au nord et atteint le bou-levard Henri-Bourassa en 1956. Le tarif a alors doublé. Ilen coûte désormais 6 ¢ pour y monter.

Merci à Jacques Pharand, auteur de l’ouvrage À labelle époque des tramways : voyage nostalgique dansle passé, pour les renseignements. Image : Archivesde la Société de transport de Montréal.

Chapitre 4

Demunicipalitéà quartier

montréalais

1946 - 196823

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Le boom d’après-guerreEncore majoritairement rurale au début de la

Seconde Guerre mondiale, Ville Saint-Michel s’urba-nise enfin après le conflit international. Bien sûr, il resteencore quelques fermes dans les années 1950, maisassez rapidement ces dernières cèdent place auxconstructions de ville. Le développement de la ville vade pair avec la prospérité générale des annéesd’après-guerre, mais surtout avec la croissance fulgu-rante de la population à cette époque. À Saint-Michel,la population passe d’environ 6 000 habitants en1946 à un peu plus de 68 000, 20 ans plus tard.

Cette croissance démographique impression-nante est liée à plusieurs facteurs. D’abord, l’expan-sion des carrières locales donne un premier essor à lapopulation, et ce, dès la première moitié du XXe siècle.Les carrières, qui atteignent leur apogée dans les an-nées 1960, attirent en effet leurs contingents de tra-vailleurs en bordure de ces lieux de travail.

Ensuite, on assiste à l’arrivée des premièresvagues d’immigration à Saint-Michel11, où uneimportante communauté italienne et, dans une moin-dre mesure, une communauté portugaise viennent

s’établir. Il y a également les vétérans, revenus aupays, qui s’établissent en banlieue, comme à Saint-Mi-chel, et permettent l’émergence des lotissements rési-dentiels de type War-Time.

Enfin, n’oublions pas la croissance générale duGrand Montréal qui influence elle aussi la cité à partirdes années 1960. Les limites de la métropole remon-tent sans cesse vers le nord, et on assiste à une impor-tante migration de la population vers les villes debanlieue comme Saint-Michel.

Bref, le développement urbain de cette époqueest fulgurant. À preuve, les trois quarts des habitationsde Saint-Michel sont bâties entre 1945 et la fin des an-nées 1960. La vitesse importante à laquelle Saint-Mi-chel s’urbanise témoigne certes du dynamismerégnant alors dans la ville. Il en résulte une urbanisa-tion mal planifiée, où les habitations côtoient trop sou-vent les zones industrielles. Ce problème est accentuédurant les années 1960 par l’ouverture du boulevardMétropolitain12.

Une terre agricole à Saint-Michel, en juin 1950. Biblio-thèque et Archives nationales du Québec. (E6S7S5DS0129)

Maison de vétérans sur la 23e Avenueau sud de Villeray. La 24e Avenue, ausud de Villeray de même que les 9eet 10e Avenues, au sud d’Everett,comportent également des modèlesdu programme War-Time Housing.Celui-ci a été mis en place par le gou-vernement fédéral pour répondre à lagrave crise du logement qui sévissait àcette époque.

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De municipalité à quartier montréalais, 1946- 1968

Les paroisses de Saint-MichelDurant les années d’après-guerre, la création de plusieurs paroisses témoigne de lavitalité de Saint-Michel, mais aussi de son attachement religieux.

Voici les dates de fondation des paroisses :

Enfants de choeur de la paroisse Saint-Bernardin-de-Sienne, vers 1953. Album souvenir, paroisse Saint-Bernardin-de-Sienne.

Saint-Bernardin-de-Sienne 1911

Première paroisse de Saint-Michel.

Saint-Barthélémy 1926

Son église actuelle est érigée entre1950 et 1953.

Sainte-Bernadette-Soubirous 1938

Paroisse érigée à la suite de la premièresubdivision de Saint-Bernardin-de-Sienne.Son église est située dans le quartierde Rosemont.

Saint-Mathieu 1947

Paroisse toujours existante. Son égliseest érigée entre 1964 et 1965.

Saint-Damase 1951

Paroisse aujourd’hui supprimée.

Notre-Dame-de-la-Merci 1952

Paroisse toujours existante. Son égliseest érigée entre 1952 et 1953.

Sainte-Lucie 1958

Paroisse aujourd’hui supprimée. Elle a étéfusionnée avec la paroisse Sainte-Yvette en2001 pour former la paroisse Saint-Michel.

Saint-René-Goupil 1959

La paroisse dessert également un quartierde Saint-Léonard.

Sainte-Yvette 1960

Parroisse aujourd’hui supprimée.Elle a été fusionnée avec la paroisseSainte-Lucie en 2001 pour former laparoisse Saint-Michel.

Saint-Michel 2001

Paroisse formée de la fusion desparoisses Sainte-Yvette et Sainte-Lucie.

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Clin d’œil à l’histoireSaint-Michel a déjà possédé son drapeau. En effet, à l’occasion du50e anniversaire de la ville, le maire Maurice Bergeron dote la mu-nicipalité de son propre drapeau. Celui-ci est blanc, symbole de lajeunesse et du progrès rapide de la cité de Saint-Michel. Il estbordé aux quatre coins d’une fleur de lys rappelant les racinesfrançaises et les divers groupes ethniques réunis aux quatre coinsde la ville. Enfin, au centre on trouve les armoiries de la cité,conçues en 1957.

L’âge d’or et le déclin du noyau villageoisDans un premier temps, les années d’après-

guerre consolident le noyau villageois du carrefour dela rue Jarry et de la montée Saint-Michel. Lesannées 1950 sont à cet égard très marquantes. D’unepart, la Charte de la ville est modifiée, donnant ainsinaissance à la Cité de Saint-Michel en 1953. Selonl’auteur Emanuel Dion-Goudreau, c’est aussi pendantcette décennie que l’on assiste à la multiplication descommerces dans ce secteur, comme les épiceries, lesquincailleries, les restaurants, les institutions bancaireset même le cinéma. Plus encore, d’importants servicesà la population y sont implantés dont une nouvelleécole – Saint-Bernardin-de-Sienne,autrefois connuesous le nom de Saint-Thomas-à-Becket, au sud del’école Sainte-Thérèse-d’Avila – l’hôpital Saint-Michel,la caserne de pompiers, le presbytère et l’église Saint-Bernardin-de-Sienne.

Cependant, les années 1960 changent ladonne. La construction du boulevard Métropolitaind’abord et, ensuite, la constitution d’un centre admi-nistratif au parc Octogonal sont les principauxresponsables de la disparition du noyau villageoisayant pris forme au XIXe siècle. En effet, la démolitionde plusieurs maisons, pour faire place à la voie

La construction de l’église Saint-Bernardin-de-Sienne.Album souvenir, paroisse Saint-Bernardin-de-Sienne.

rapide, entraîne une déstructuration de l’ancien centrede la municipalité, de même qu’une rupture du tissuurbain, le quartier se trouvant irrévocablement scindéen deux.

La réalisation du centre administratif au parcOctogonal en 1958 – près de cinquante ans après saconception sur papier au début du siècle – contribue àsonner le glas de l’ancien noyau villageois. Laconstruction, puis l’inauguration au parc Octogonalde bâtiments abritant les plus importants servicescomme l’hôtel de ville (1958), la piscine extérieureJoseph-François-Perrault (1964), l’école secondaire dumême nom (1966) et la bibliothèquemunicipale (1967),provoquent un déplacement du centre villageois vers cecentre administratif dans les années 1960.

En 1986, l’inauguration de la station de métroSaint-Michel, située à proximité du parc, confère au cen-tre son statut de carrefour. Le plus grand nombre desquelque 20 000 citoyens supplémentaires que la citéde Saint-Michel accueille après l’ouverture du boulevardMétropolitain s’établit dans la partie sud du quartier.

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De municipalité à quartier montréalais, 1946- 1968

L’ère du maire BergeronLe 6 novembre 1961, Maurice Bergeron, an-

cien mécanicien et conseiller municipal de Saint-Micheldepuis 1955, est élu maire de la cité micheloise. Ainsicommence un règne de huit ans13 aux commandes duconseil municipal, pendant lequel le maire fera lesbeaux et mauvais jours de Saint-Michel. C’est en effetà l’équipe du maire Bergeron que Saint-Michel doitplusieurs des infrastructures et institutions municipalesmises sur pied dans la période prospère qui s’étendde l’après-guerre à la fin des années 1960. Le Dépar-tement des incendies, l’école secondaire Joseph-Fran-çois-Perrault et la bibliothèque municipale ne sont quetrois exemples des nouveautés de l’époque.

Cependant, le bilan s’assombrit à mesure queles années passent, et bien que plusieurs institutionssoient mises sur pied à cette époque, la populationdemeure largement insatisfaite quant au nombre etsurtout à la qualité des services. Les résidants repro-chent à l’administration Bergeron de ne pas fairesuffisamment d’efforts pour améliorer leur qualité devie. Notamment, ils sont mécontents du manque deplanification dans l’urbanisation de la ville duquel dé-coulent le développement désordonné et les nom-breuses nuisances à l’environnement michelois, dontle bruit et la pollution. Aussi, lorsque s’ajoutent à cettegrogne populaire des rumeurs de corruption au seinde l’administration municipale, le règne du maireBergeron tire à sa fin.

En 1967, une enquête est ouverte pour éclaircirces rumeurs de malversation au sein de l’administra-tion municipale. En février de l’année suivante, le mi-nistre des Affaires Municipales, M. Robert Lussier,annonce que la Cité de Saint-Michel est mise sous latutelle de la Commission municipale de Québec(CMQ), à la suite de l’adoption de la Loi concernant laCité de Saint-Michel. En bref, la mise en tutelle signifieque le conseil municipal doit désormais faireapprouver la moindre décision par la CMQ qui gère

La bibliothèque de Saint-Michel, autrefois le Centre culturel.

l’ensemble des dépenses municipales et agit au nomde la Cité de Saint-Michel.

L’enquête publique est close en 1971. Celle-cirévèle plusieurs irrégularités dans l’attribution decontrats de construction. Il semble que le maireBergeron ainsi que d’autres élus et même quelquesfonctionnaires aient reçu des pots-de-vin pour l’octroide plusieurs contrats. La même année, le maireBergeron est finalement reconnu coupable. Il estcondamné à purger un an de prison et à verser uneamende de 5000 $.

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La fin d’une ville : l’annexion deSaint-Michel à Montréal

Outre la mise en tutelle, un autre fait majeurmarque l’administration du maire Maurice Bergeronet l’histoire de la Cité de Saint-Michel dans les années1960 : l’annexion de la municipalité à la Ville deMontréal en 1968. Notons que le spectre de l’an-nexion à la métropole s’était déjà présenté dès lesannées 1920, alors que Saint-Michel et d’autresmunicipalités de banlieue, aux prises avec de sérieusesdifficultés de financement des services à leur popula-tion croissante, se trouvaient au bord de la crisefinancière et demandèrent elles-mêmes l’annexion.

À l’époque, la Ville de Montréal n’avait pasvoulu assumer seule la responsabilité des municipalitésdéficitaires et avait laissé entendre qu’avant de lesannexer, il faudrait que des villes plus prospères tellesWestmount et Outremont se joignent aussi à la villeélargie. Sans surprise, ces dernières veulent maintenirleur autonomie, mais elles acceptent de former lanouvelle Commission métropolitaine de Montréal,qui deviendra en 1970 la Communauté urbaine deMontréal. Depuis la création de la Commission en1921, Saint- Michel se trouve donc sous l’autoritéfinancière de Montréal, laquelle, ayant la majoritéabsolue au sein de l’organisme, exerce un importantcontrôle financier sur les plus petites villes de banlieue,tout en acceptant d’assumer une bonne partie deleur dette.

Quant au projet de rattachement des années1960, il s’inscrit dans le mouvement annexionnisteayant cours à cette époque et dont le principaltenant – et non le moindre – est Jean Drapeauavec son rêve d’une île, une ville. En 1963,Rivière-des-Prairies est la première ville à fusionneravec Montréal dans cette optique. L’année suivante,des partis annexionnistes s’organisent à Roxboro,Pointe-aux-Trembles et Saint-Michel, en prévisiondes prochaines élections municipales. À Saint-Michel,

les annexionnistes, regroupés autour de CharlesLafontaine, s’opposent à l’équipe de MauriceBergeron. Ils allèguent que la fusion favoriseraune augmentation de la qualité des services à lapopulation et la fin du double tarif dans le transport encommun.

Farouche opposant à la fusion de Saint-Michel, le maire Bergeron organise un référendumautour de l’épineuse question, en septembre 1964,avant la tenue des élections municipales. Soixante-cinqpour cent de la population micheloise se prononcealors contre la fusion. Les résultats des élections du3 novembre suivant confirment ce refus : les annexion-nistes sont défaits (tout comme à Roxboro et à Pointe-aux-Trembles), et Maurice Bergeron est réélu. Il sembleque le sentiment d’appartenance des Micheloisà leur ville est encore très fort. Ce n’est pourtant quepartie remise.

L’hôtel de ville de Saint-Michel où se tint la dernièreséance du conseil, le 21 octobre 1968, aujourd’hui laMaison du citoyen de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension. On peut encore lire en façade :Hôtel de ville. Cité de Saint-Michel.

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De municipalité à quartier montréalais, 1946- 1968

En effet, quatreans plus tard, à la suitede leur insatisfactiongénérale devant l’affairede malversation au seindu conseil municipal etdans l’espoir d’améliorerleur qualité de vie, lesMichelois renversent lavapeur. En septembre1968, environ 4 000citoyens signent une péti-tion réclamant la fusion àla Ville de Montréal.Après cette mobilisationpopulaire, un secondréférendum est organisé.Cette fois, il n’est pluspossible de revenir enarrière. Le 20 octobre1968, 66 % des électeursse prononcent en faveurde la fusion. C’est la finde la Cité de Saint-Micheltelle qu’on la connaît.

La suite se déroulerapidement. Le lende-main du référendum, leconseil municipal deSaint-Michel tient sa der-nière séance et entérinele règlement 3720 de laVille de Montréal, qui an-nexe Saint-Michel à lamétropole. La fusionentre en vigueur le 24octobre 1968, en vertude la Loi concernant l’an-nexion de la Cité deSaint-Michel à la Ville de Montréal. Avec une population de plus de 70 000 habitants14, Saint-Michel, sixièmeville la plus populeuse du Québec, devient alors un quartier de Montréal.

Le boulevard MétropolitainL’idée d’ouvrir une voie rapide permettant de relier les deux extré-mités de l’île de Montréal remonte au moins aux années 1920.

En 1929, la Commission métropolitaine étudie en effet cette pos-sibilité et demande à des ingénieurs de concevoir les plans d’unetelle voie de circulation. On prévoit alors que la construction coû-terait 15 millions de dollars. Il faut pourtant attendre 1955 pourque se concrétise ce vieux projet et que l’on reprenne les plansinitiaux pour les actualiser. On évalue alors le coût de réalisationà 35 millions de dollars.

Le 6 juin 1957, le conseil de la Ville de Montréal vote les budgetsnécessaires à la construction du boulevard Métropolitain, malgréles vives oppositions des commerçants et des citoyens – dont fontpartie les Michelois – qui ne voient pas d’un bon œil l’arrivée dece monstre polluant. Malgré ces protestations, la construction duboulevard Métropolitain est amorcée, avec le soutien des Drapeauet Desmarais. Un premier tronçon est ouvert à la circulation enjanvier 1960. En 2002, l’auroroute fait 52,8 km de long sur sixvoies de large.

Le Métropolitain en 1963. Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

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Que reste-t-il de cette période?Outre les nombreux logements – dont les duplex et triplex qui abondentà Saint-Michel – on compte plusieurs lieux de culte construits àcette époque. En fait, la totalité des églises catholiques romainessont érigées entre 1945 et 1970, ce qui témoigne du développe-ment urbain rapide du quartier durant cette période. Ces églisess’inscrivent dans la modernité architecturale qui prend d’assautle Québec entier à cette époque. Elles sont tantôt modernes,utilisant abondamment le béton, matériau de l’heure et flexi-ble, tantôt post-modernes, réinventant certains éléments del’architecture gothique. Voici quatre exemples de templesreligieux michelois.

Église Saint-Bernardin7979, 8e Avenue

Achevée en 1956, avec savoûte en arc brisé, elle adopteun style qui, selon la spécia-liste France Vanlaethem,« s’apparente au gothique, etson caractère épuré et lissematérialise les valeurs dela modernité ».

Église Saint-Barthélémy7137, avenue des Érables

Érigée entre 1950 et 1953,selon les plans de l’architecteJoseph-Armand Dutrisac. Ellepossède 14 verrières de l’ar-tiste Guido Nincheri.

Église Saint-Michel8961, 12e Avenue

Complétée en 1962. C’estl’architecte Gilbert Moreauqui en a réalisé les plans. Savoûte épouse la forme d’unarc en mitre et le plan au solest en losange.

Église Saint-René-Goupil4251, rue du Parc-René-Goupil

La firme d’architectesD’Astous et Pothier a conçules plans de cette église, ache-vée en 1964. L’utilisation dubéton armé comme revête-ment extérieur est typique del’architecture moderne.

L’évolution des carrières de pierreAu début du XXe siècle, de nombreuses

carrières sont encore en activité sur l’île de Montréal,principalement dans Rosemont, Villeray et Saint-Michel. Les techniques d’extraction s’affinent, et lescarriers utilisent désormais le dynamitage pour retirerle calcaire du sous-sol montréalais.

À l’approche de la Première Guerre mondiale,la production ralentit, et la plupart des carrièrescessent leur activité dans les années suivant le conflit.Une fois abandonnées, les carrières laissentd’énormes trous béants dans le paysage montréalais,et les citoyens se plaignent des dangers – principale-ment les noyades – liés à la proximité de ces carrièresdésaffectées. Aussi, dans les années 1920-1930, laVille exproprie la plupart des carrières dispersées surson territoire. Ces anciennes carrières sont remblayéespour faire place à du cadre bâti ou à des parcs. C’estle cas notamment de la carrière Maisonneuve,aujourd’hui intégrée au Jardin botanique.

Pendant ce temps, au nord, les carrières deSaint-Michel – appartenant alors à des particuliers –sont parmi les rares carrières à poursuivre leur activitéau-delà de la Première Guerre mondiale. Si quelques-unes arrêtent leur production, la carrière Labelle parexemple, d’autres l’intensifient sans cesse jusqu’à fairede Saint-Michel le grand centre minier de la régionmontréalaise des années 1960, sous les bannières descarrières Miron et Francon. Ces dernières, occupant40 % du territoire michelois, font d’abord la fierté deshabitants de Saint-Michel.

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De municipalité à quartier montréalais, 1946- 1968

Les carrières fournissent du travail en plus deproduire les matériaux de construction des chantiersprestigieux comme ceux de la gare centrale, de l’hô-pital Sainte-Justine, de la voie maritime du Saint-Laurent, de la place Ville-Marie et du complexeDesjardins. Toutefois, la multiplication des dynami-tages et le début de l’enfouissement des déchets sur lesite Miron, à partir de 1968, changent la donne.Pollution par le bruit, poussière et odeurs nauséa-bondes causent un mécontentement populaire quimène à de nombreuses mobilisations citoyennes dansles années 1970. Les Michelois réclament la cessationdes activités des carrières dans le secteur.

En 1984, la Ville de Montréal acquiertfinalement les deux géants Francon et Miron dans lebut de mettre un terme à leur activité. Aujourd’hui,après de nombreuses délibérations qui ont finalementmené à la fermeture définitive des deux carrières dansles années 1980, ces centaines d’hectares sont en voied’être enfin remis aux Michelois. Le projet du Com-plexe environnemental de Saint-Michel sur le site del’ancienne carrière Miron, auquel sont associés TOHU,la Cité des arts du cirque et le Cirque du Soleil, per-mettra une fois complété en 2020 de faire de Saint-Michel ce qu’il n’a jamais été, soit l’un des quartiersles plus verts de Montréal.

La carrière MironAvant 1914, plusieurs petites carrières sont

exploitées sur le site Miron, dont les carrièresLimoges, Lapierre et Labesse. Dans les années 1930,alors qu’elles sont fermées ou vendues à des entre-prises plus importantes, d’autres carrières de produc-tion plus intensive sont ouvertes. Ainsi, avant que lesfrères Miron n’ouvrent leurs installations dans les an-nées 1940, on trouve trois carrières sur le site en ques-tion. D’abord les carrières Barbin et Varin, connues de1932 à 1934 sous le nom de Villeray Quarry, puis deCanadian Quarries, jusqu’en 1954. Ensuite, laMontreal Quarry qui est fondée en 1930. Enfin, ontrouve une troisième carrière en activité, la Consumer

Quarries. Avant de prendre cette dénomination en1951, cette dernière fut exploitée successivement parquatre entreprises : Duquette & Biron, Stinson-ReebBuilders Supply Co., Lasalle Products Ltd. et LasalleQuarry Ltd.

Dans les années 1940, les frères Mironfondent leur entreprise et achètent leur premièrecarrière sur le site. L’exploitation de cette petitecarrière se fait simultanément avec les trois carrièresnommées plus haut. Les frères Miron agrandissentpar la suite leur entreprise en achetant leurs troiscompétiteurs. La Canadian Quarries et la ConsumerQuarries sont achetées en 1954 et la MontrealQuarry, en 1956. L’année suivante, les quatrecarrières sont réunies sous la bannière Miron, créantdu coup l’un des géants de l’industrieminière québécoise.

Le site Miron avant la démolition de la cimenterie. Villede Montréal.

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En 1959, les frères Miron font ériger lacimenterie, rattachée à la carrière, et augmententconsidérablement leur production. En plus de la pierre,la compagnie Miron vend une panoplie de produitsdérivés : sable, concassé, asphalte, ciment, tuyaux,blocs de béton, etc.

La compagnie est vendue à un consortiumbelge en 1960. L’enfouissement des déchetscommence huit ans plus tard, au grand dam des ha-bitants du quartier. Cependant, les activités d’extrac-tion continuent. Dans les années 1970, l’entreprise estde nouveau vendue à deux reprises : en 1973 augroupe Gestar et en 1979 à la société REDEC.

Enfin, la Ville de Montréal fait l’acquisition dusite Miron en 1984, pour la somme de 47,5 millionsde dollars. Lorsqu’elle prend officiellement possessiondu site en 1987, les activités d’extraction ont cessé de-puis le 30 septembre 1986. En avril 1987, la Ville faitdémolir les célèbres cheminées de la cimenterie quirésistent à plusieurs tentatives de dynamitage avant des’effondrer définitivement. Après cette démolition, sym-bole de la fin de la carrière Miron, il ne reste plus qu’àmettre un terme aux opérations d’enfouissement. Bienque la Ville promette la cessation de ces dernières pour1994, ce n’est qu’en l’an 2000 que les camionsd’ordures domestiques cessent de déverser leurcontenu dans le trou de l’ancienne carrière. Au total,plus de 36 millions de tonnes d’ordures y ont étéaccumulées. Maintenant, la carrière Miron porte lenom de Complexe environnemental de Saint-Michel.

La carrière FranconAu début du XXe siècle, un dénommé Dupré

achète des carrières sur le site Francon, là où se trou-vaient jadis les carrières Limoges. Il fonde de fait laDupré Quarries Ltée, qui produit des moellons, duconcassé et de la pierre à chaux. Cette compagniefonctionne jusqu’en 1928 aux côtés d’autres carrièresdont la Saint-Michel Quarry, ouverte quant à elle en1926. Les carrières Dupré sont ensuite achetées par J.Franceschini, en 1929. L’année suivante, elles chan-gent de nom pour devenir la National Quarries, véri-tablement l’ancêtre de la carrière Francon. Laproduction allant bon train, la National Quarriesagrandit son exploitation en acquérant sa voisine, laSaint-Michel Quarry en 1933. Par la suite, la NationalQuarries ne cesse d’intensifier ses activités et devient,avec son voisin Miron, l’un des centres miniers les plusimportants du Québec.

Au début des années 1960, la compagnieCanada Ciment prend possession de la NationalQuarries, mais elle est rapidement incorporée àFrancon Ltd., en 1966. Propriétaire d’une autre car-rière du nom de Francon dans Montréal-Est, cette der-nière y déménage ses activités. Elle quitte Saint-Michelen 1983.

En 1984, la Ville acquiert le site Francon enmême temps que le site Miron. Depuis, le site sert dedépôt des neiges usées de Montréal, en attente d’unprojet d’envergure qui saurait lui donner une nouvellevocation.

Épilogue

Saint-Micheld’hier à

aujourd’hui

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Le quartier de Saint-Michel tire ses racines loindans le temps. Dès l’époque de la Nouvelle-France,des pionniers français ont défriché cette partie de l’îleencore sauvage et y ont établi les bases de ce qui de-viendra l’une des municipalités les plus populeuses duQuébec au XXe siècle.

D’abord village rural parsemé de terres auxcultures maraîchères, Saint-Michel grandit peu à peusous l’impulsion des carrières de pierre grise qui ontprofondément marqué son histoire, son paysage et seshabitants. Devenu ville en 1915, il crée chez ses rési-dants un sentiment profond d’appartenance et d’iden-tité micheloise.

Véritablement urbanisé dans les annéesd’après-guerre, Saint-Michel croît à une vitesse fulgu-rante jusqu’à la fin des années 1960. Son visage sediversifie alors avec l’arrivée des premiers immigrantsdans le secteur. De plus, la plupart des institutions im-portantes de la municipalité s’y établissent à cetteépoque. Parmi celles-ci, mentionnons l’hôpital Saint-Michel, plusieurs églises, le nouvel hôtel de ville ainsique nombre de services aux citoyens, dont la biblio-thèque municipale et le service des incendies.

Phases de l’urbanisation de Saint-Michel. Figure réalisée par Emanuel Dion-Goudreau, Analyse d’un fait urbain, p. 23.

Établissements humains avant 1914

Territoire urbanisé : 1914-1945

Territoire urbanisé après 1945

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Saint-Michel d’hier à aujourd’hui

Après cet âge d’or, où les carrières Francon etMiron deviennent deux des grands centres miniers duQuébec, l’histoire de Saint-Michel est cependant ponc-tuée d’événements moins heureux. La mise en tutellede la ville, son urbanisation anarchique, le manquede services à la population, la construction du boule-vard Métropolitain – qui déchire le quartier en deux –et le début de l’enfouissement des déchets à la carrièreMiron provoquent la grogne populaire qui mène à lafusion avec la Ville de Montréal en 1968.

Les années 1970 et 1980 sont celles du déclind’une ville devenue quartier montréalais. Cependant,elles donnent naissance à une forte solidaritécitoyenne qui s’exprime notamment par lesnombreuses luttes populaires ayant pour butl’amélioration de la qualité de vie à Saint-Michel, demême que par l’émergence de plusieurs organismescommunautaires.

D’ailleurs, au début des années 1990,un nouveau modèle d’action communautaire, basésur la notion de « quartier en santé » et misant surla collaboration intersectorielle et la participationcitoyenne, donne un nouveau souffle à la viecommunautaire. C’est ainsi que le mouvementVivre-Saint-Michel-en-santé est officiellement lancéen 1992. Depuis, cette table de concertationest un acteur important dans le développementdu quartier.

Il faut également souligner la transformationpar la Ville de Montréal de la carrière Miron en unComplexe environnemental auquel s’ajoutera bientôtun parc d’envergure métropolitaine.

Enfin, l’arrivée du Cirque du soleil, de TOHU,la Cité des arts du cirque et du projet de revitalisationde la rue Jarry, alliée au dynamisme grandissant dumilieu communautaire, montrent que le quartier deSaint-Michel, encore trop souvent vu comme défavo-risé, est actuellement en pleine mutation. Et, il y a fortà parier qu’il ne cessera pas d’étonner. TOHU, la Cité des arts du cirque, participe activement à

la réhabilitation du site de l’ancienne carrière Miron et àla revitalisation du quartier. © Jérome Dubé

Une couleur locale uniqueLa communauté de Saint-Michel est en

constante évolution. Le profil démographique indiqueque sur les 53 610 personnes qui y résident, les immi-grants occupent 47 % de la population totale.

Selon les statistiques de 2006 du CSSSde Saint-Léonard-Saint-Michel15, le portrait de l’immi-gration dans Saint-Michel s’est modifié énormémententre les recensements de 2001 et de 2006 au pointoù la population immigrante est de moins en moinsitalienne et de plus en plus diversifiée. Les Antillais,principalement les Haïtiens, demeurent le groupe leplus nombreux avec 12 % de la population; ils sontsuivis de près par les Asiatiques (11,1 %).

Entre 2001 et 2006, le quartier de Saint-Michela accueilli 4840 nouveaux immigrants provenantd’Afrique du Nord (35,5 %), des Antilles et desBermudes (20,2 %), d’Amérique du Sud et d’Amériquecentrale (16,6 %) et d’Asie et du Moyen-Orient (16,6%).

Cette diversité culturelle mouvante donne unecouleur locale unique au quartier. Elle suscite deséchanges culturels fort variés, notamment dans lesmilieux communautaire, scolaire et des affaires.Festivités, commerces et restaurants témoignent decette richesse.

Chronologie

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La petite histoire de Saint-Michel

1640(17 octobre)

Concession de l’île de Montréal àla Société de Notre-Dame deMontréal pour la conversion desSauvages de la Nouvelle-France.

1642Fondation de Montréal

Paul de Chomedey, Sieur deMaisonneuve, Jeanne Mance etun groupe d’une quarantaine decolons fondent Montréal. Ils sontmandatéspar laSociétédeNotre-Dame pour établir une coloniedédiée à la conversion des au-tochtones à la religion catholique.

1663(5 mars)

Donation de l’île de Montréalaux Sulpiciens.

La Société de Notre-Dame faitfaillite et lesSulpiciensdeviennentles seigneurs de toute l’île deMontréal.

1680(circa)

Début de l’ouverture des terresdans lecentreet lenord-est de l’îlepar les Sulpiciens.

1699Ouverturede la côteSaint-Michel.

René Albert dit Beaulieu etGuillaume Chevalier dit Laflèchesont les premiers colons deSaint-Michel.

1707OuvertureducheminSaint-Michelappelé boulevard depuis 1969.

1749L’explorateur suédois Pehr Kalmmentionne la présence de fours àchaux dans la région.

Il situeces foursàchauxàenvironune lieue de Montréal, surle chemin menant au Sault-au-Récollet. Vraisemblablement,ces fours se trouvaient près deSaint-Michel.

1780(circa)

Découverte de gisements decalcaire importants près deSaint-Michel.

1847Construction du marchéBonsecours.

Les agriculteurs michelois yvendent les produits de leurscultures jusque dans lesannées 1950.

1870Saint-Michel possède son noyauvillageois.

Il sesitueaucarrefourde lacôteetde la montée Saint-Michel. On ytrouve au moins deux écoles, unbureau de poste, un hôtel et unmagasin général. Il est né du petithameau servant de relais auxvoyageurs, qui y a pris forme à lafin du XVIIIe siècle.

1879Olivier Limoges fonde safabrique de chaux dans Saint-Michel.

1892Premiers tramways électriques àMontréal.

Il faut attendre 1925 pour qu’uneligne desserve Saint-Michel.

1911(22 décembre)

Érectioncanoniquede lapremièreparoisse de Saint-Michel.

La paroisse Saint-Bernardin-de-Sienneest ainsi créée, issuede lafusion d’une partie des paroissesSault-au-Récollet, à l’ouest de larue D’Iberville, et Saint-Léonard-de-Port-Maurice, à l’est de cettemême rue.

1912(9 janvier)

Premierbaptêmedans lanouvelleparoisse, celui de Bernardine-Antoinette Turcot .

1912(14 janvier)

Électiondespremiersmarguilliersformant l’Oeuvreet laFabriquedela paroisse Saint-Bernardin-de-Sienne.

Il s’agit de messieurs CharlesGagnon, premier marguillier enchef principal, Edmond Robin,second marguillier, Louis Turcot,troisièmemarguillier, ainsi que deThéophile Pesant, EmmanuelMartineau, Edmond Guilbault,JosephPesantet JosephGagnoncomme anciensmarguilliers.

1912(22 janvier)

Premier mariage de la paroisseSaint-Bernardin-de-Sienne, quiunit Évelina Ouellette et NicolasDocket.

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Chronologie

1912(15 avril)

« Arrivée » de la salle paroissialede Villeray à Saint-Michel.

Elle constitue lapremièreégliseduvillage. On a dû la transporter deVilleray à Saint-Michel à traverschamps sur des billots de bois.

1912(6 novembre)

Fondation officielle du village deSaint-Michel-de-Laval, en vertud’une proclamation du lieutenantgouverneur de la province deQuébec.

1912(16 décembre)

PremièreassembléeduvillagedeSaint-Michel-de-Laval.

1913(février)

Zéphirin Pesant devient lepremiermaire du village deSaint-Michel-de-Laval.

Il restera en poste jusqu’en 1915et sera élu maire de Ville Saint-Michel.

1913Fondation du Département de lapolice de Saint-Michel.

Au début, un seul policier, le chefTurgeon, assure la sécurité danslevillage. Il fautattendre1945pourque ce service commence àprendre de l’expansion. En 1960,une quarantaine de policiers ytravaillent.

1915(5 mars)

Création de Ville Saint-Michel.

Le village prend le nom de VilleSaint-Michel en vertu desStatutsde la province de Québec, 1915,George V, chapitre 109.

1916(1er février)

Première élection municipale deVille Saint-Michel.

ZéphirinPesantdevient lepremiermaire de Ville Saint-Michel, aprèsavoir été le premier maire du vil-lage de Saint-Michel-de-Lavaljusqu’à sa constitution en ville; ildemeure enposte jusqu’en 1926.

1917(10 septembre)

Inauguration de l’école pourgarçons Saint-Bernardin.

Construite en 1916, elle estsituée au 2950, rue Jarry.

1920(septembre)

Inauguration de l’école pour fillesSainte-Thérèse-D’Avila.

1925Une ligne de tramway dessertenfin Saint-Michel.

Le trajet emprunte la rueBélanger,à partir de la rue D’Iberville,jusqu’au boulevard Saint-Michel,et remonte vers le nord jusqu’à larue Jarry.

1926Jos Robin est élu maire de VilleSaint-Michel.

Il demeure en poste jusqu’en1927.C’est le deuxièmemaire deSaint-Michel. Il sera de nouveaumaire de 1934 à 1944.

1926Ouverture de la Saint-MichelQuarry (site Francon).

1927J.-A. Saint-Denis est élumaire deVille Saint-Michel.

Il demeure en poste jusqu’en1930. C’est le troisième maire deSaint-Michel.

1929Achat des carrières Duprépar J.Franceschini (siteFrancon).

1929La Commission métropolitaineétudiepour lapremière fois lapos-sibilité d’ouvrir unevoie rapide tra-versant l’île de Montréal d’est enouest. Le coût est alors évalué à15millions de dollars.

1930Fondation de la Montreal Quarry(site Miron).

Lacarrièreest exploitéeenmêmetemps que la Canadian Quarrieset la Consumer Quarries. Elleest vendue à la compagnie Mironen 1956.

1930J. Franceschini change le nomdescarrièresDuprépourNationalQuarries, l’ancêtre de la carrièreFrancon.

1930Pierre Guinois est élu maire deVille Saint-Michel.

Il demeure en poste jusqu’en1934.C’est le quatrièmemaire deSaint-Michel.

1932LescarrièresBarbinetVarinpren-nent le nom de Villeray Quarryjusqu’en 1934, puis deviennentCanadian Quarries (site Miron).

Celle-ci est exploitée jusqu’en1954, en même temps que laMontreal Quarry et la ConsumerQuarries. Elle est vendue à lacompagnieMiron en 1954.

1933Acquisition de la Saint-MichelQuarry par la National Quarries(site Francon).

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La petite histoire de Saint-Michel

1934Jos Robin est réélu maire de VilleSaint-Michel.

Il demeure en poste jusqu’en1944. Son premier mandat a eulieu de 1926 à 1927. C’est le cin-quièmemaire de Saint-Michel.

1938Érection de la paroisse Sainte-Bernadette-Soubirous à la suitede la première subdivision deSaint-Bernardin-de-Sienne. Sonéglise est située dans le quartierde Rosemont.

1939Le tramway du boulevard Saint-Michel est remplacé par un auto-bus qui emprunte lemême trajet.

1943Inaugurationde l’écolematernellede la Nativité.

Cette école est dirigée par lesSœursdeMiséricordeet destinéeaux jeunes garçons orphelinsen attente d’adoption. La missiond’enseignement se poursuitjusqu’en 1957.

1944PaulRacetteest élumairedeVilleSaint-Michel.

Il demeure en poste jusqu’en1949. C’est le sixième maire deSaint-Michel.

1945-70Boomde la construction : les troisquarts des logements sont bâtis àcette époque.

1947Érection de la paroisse Saint-Mathieu.

1947Fondation de la carrièreMironparles frèresMiron.

1948Achat d’une première carrière parles frèresMiron sur le lot 333.

1949Charles Lafontaine est élu mairede Ville Saint-Michel.

Il demeure en poste jusqu’en1953. C’est le septième maire deSaint-Michel.

1950Construction du presbytère dela paroisse Saint-Bernardin-deSienne.

1951Érection de la paroisse Saint-Damase, aujourd’hui supprimée.

1951Fondation de laConsumer Quar-ries (site Miron).

Avantdeprendrecettedénomina-tion, la carrière fut exploitéesuccessivement par quatreentre-prises :Duquette & Biron, Stinson-Reeb Builders Supply Co., LasalleProducts Ltd. et Lasalle QuarryLtd. Elle est vendue à la compa-gnieMiron en 1954.

1952Érection de la paroisse Notre-Dame-de-la-Merci.

1953Fin de la construction de l’égliseSaint-Barthélémy.

1953La charte de la ville est modifiée.Ville Saint-Michel devient Cité deSaint-Michel (selon les Statuts dela province de Québec, 1953,1-2 Élisabeth II, chapitre 84). Lepassage de ville à cité ne changepas vraiment le statut juridique deSaint-Michel. À l’époque, il reflèteplutôt un désir de signifierl’accroissement démographiqued’unemunicipalité.

1953Fin de la construction del’église Notre-Dame-de-la-Merci.

1953Raymond Morin est élu maire dela Cité de Saint-Michel.

Il demeure en poste jusqu’en1955. C’est le huitième maire deSaint-Michel.

1954Achat des carrières CanadianQuarries et Consumer Quarriespar la compagnieMiron.

1955André Gillet est élu maire de laCité de Saint-Michel.

Il demeure en poste jusqu’en1961. C’est le neuvièmemaire deSaint-Michel.

1956Achat de la carrière MontrealQuarry par la compagnieMiron.

1956Construction de l’église Saint-Bernardin-de-Sienne.

1957(6 juin)

Le conseil de municipal deMontréal vote les budgets néces-saires à la construction du boule-vardMétropolitain.

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Chronologie

1957Fondation de la Villa Saint-Micheldans lesanciens locauxde l’écolematernelle de la Nativité.

Les Sœurs deMiséricorde créentcette institutionà l’intentiondes fu-turesmères célibataires.

1957Réunion sous la bannière Mirondesquatre carrièresdétenuesparles frèresMiron.

Il s’agit des carrières Miron,Canadian Quarries, ConsumerQuarries et Montreal Quarry. Ducoup, l’undesgéantsde l’industrieminière québécoise est créé.

1957Dévoilement des armoiries de laCité de Saint-Michel

1957Construction de l’hôtel de ville dela Cité de Saint-Michel au parcOctogonal (aujourd’hui laMaisondu citoyen).

L’édifice fut bâti au coût d’environ300 000 $ par l’architecte E.-A.Doucet.

1957(6 décembre)

Premièreséanceduconseilmuni-cipal à l’hôtel de ville de la Cité deSaint-Michel au parcOctogonal.

1958RéalisationducentreadministratifauparcOctogonaldeSaint-Michel.

1958(9 janvier)

Inauguration officielle du nouvelhôtel de ville de la Cité de Saint-Michel auparcOctogonal sous lemandat dumaireAndré Gillet.

1958Création du Département desparcs de Saint-Michel.

1958Érection de la paroisse Sainte-Lucie, plus tard fusionnée avec laparoisse Sainte-Yvette pour for-mer la paroisse Saint-Michel.

1959Construction de la cimenterie rat-tachée à la carrièreMiron.

1959Érection de la paroisse Saint-René-Goupil.

1960(23 janvier)

Ouverture duboulevardMétropo-litain à la circulation.

Les automobiles peuvent circulersur un premier tronçon entre leboulevardPie-IXet l’autoroutedesLaurentides.

1960(4 juin)

Inauguration du premier poste depompiers de Saint-Michel.

Cette inaugurationmarqueofficiel-lement la fondation du Départe-ment des incendies de la ville.Vingt et un pompiers sont alorsengagés pour assurer le service.

1960Érection de la paroisse Sainte-Yvette plus tard fusionnée avec laparoisseSainte-Luciepour formerla paroisse Saint-Michel.

1960Vente de la carrière Miron à unconsortium belge.

1961(6 novembre)

Maurice Bergeron est élu mairede la Cité de Saint-Michel.

Il était conseiller depuis 1955.Il demeure en poste pour deuxmandats jusqu’en1968,annéedela fusion de Saint-Michel àla Ville de Montréal. C’est ledixième et dernier maire dela Cité.

1962Fin de la construction de l’égliseSaint-Michel.

1963Célébrationssoulignant les50ansde la Cité de Saint-Michel.

1963Pour souligner le 50e anniversairede fondation de Saint-Michel, lemaire Maurice Bergeron dote lamunicipalité d’un drapeau officiel.

1964(26 août)

Inauguration de la piscinemunici-pale Joseph-François-Perrault.

1964(septembre)

Premier référendum sur l’an-nexiondeSaint-Michel àMontréal.

Soixante-cinq pour cent desélecteurs se prononcent contrel’annexion.

1964(3 novembre)

Maurice Bergeron est réélu pourun deuxième et dernier mandat.

1964Fin de la construction de l’égliseSaint-René-Goupil.

1965Fin de la construction de l’égliseSaint-Mathieu.

1966(septembre)

Inauguration de l’école secon-daire Joseph-François-Perrault.

Pour cette première rentrée,l’école accueille 2 300 élèves.

1966Incorporation de la NationalQuarries à Francon Ltd (siteFrancon).

Cette carrièreétait connuesous lenomdeCanada Ciment depuis ledébut des années 1960.

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La petite histoire de Saint-Michel

1967(Juin)

Inauguration du centre culturel deSaint-Michel .

Conçu selon les plans de l’archi-tecte Jean Venne, le centreculturel de Saint-Michel devient labibliothèquedeSaint-Michel dansles années 1970.

1967Ouverture de l’enquête publiquesur l’affaire de corruption au seindu conseil municipal de Saint-Michel.

1968(février)

Miseen tutelle de laCité deSaint-Michel.

L’adoption de la Loi concernant laCité de Saint-Michelpar legouver-nement provincial, à la suite del’affaire de corruption au sein duconseilmunicipal deSaint-Michel,place laCité deSaint-Michel sousla tutelle de la Commission muni-cipale deQuébec.

1968(septembre)

Quatremille citoyensmichelois si-gnent une pétition pour fusionnerSaint-Michel àMontréal.

Mécontents, les citoyensprennentcette initiative pour dénoncer l’af-faire de corruption au sein duconseil municipal de Saint-Michelet revendiquer l’amélioration desservices.

1968(20 octobre)

Deuxième référendum sur l’an-nexion de Saint-Michel à Mont-réal.

Soixante-six pour cent desélecteurs seprononcenten faveurde l’annexion.C’est la finde laCitéde Saint-Michel.

1968(21 octobre)

Dernière séanceduconseilmuni-cipal de Saint-Michel avant sa fu-sion àMontréal.

1968(24 octobre)

Entrée en vigueur de la fusion dela Cité de Saint-Michel à la Villede Montréal, en vertu de la Loiconcernant l’annexion de la Citéde Saint-Michel à la Ville de Mont-réal (Statuts de la province deQuébec, 1968, 17 Élisabeth II,chapitre 94).

1968Début des activités d’enfouisse-ment à la carrièreMiron.

1969(10 avril)

La montée Saint-Michel prend ladénominationdeboulevardSaint-Michel.

1970-80Période de déclin économiquedu quartier.

1971Fin de l’enquête sur l’affaire decorruption au sein du conseilmunicipal de Saint-Michel.

Lesconclusions decetteenquêterévèlent plusieurs irrégularités ence qui a trait à l’octroi de contratsen échange de pots-de-vin. LemaireMauriceBergeronest impli-qué, de même que d’autres éluset des fonctionnairesmunicipaux.

1971Maurice Bergeron, ex-maire de laCité de Saint-Michel, est reconnucoupable demalversation.

Il est condamnéàpurgerunandeprison et à verser une amende de5 000 $.

1973Vente de la carrière Miron augroupeGenstar.

1979Vente de la carrière Miron à lasociété REDEC (Recherche etdéveloppement corporatif).

1983LesiteFranconest fermé.Lesac-tivités d’extraction sont déplacéesdans l’est deMontréal.

1984Acquisitionpar laVille deMontréaldes carrières Francon et Miron.

1986(16 juin)

Inaugurationde lastationdemétroSaint-Michel.

1986(30 septembre)

Findesopérationsd’extractionsurle site Miron.

1987(31 décembre)

Prise de possession officielle dusiteMiron par la Ville deMontréal.

1988(17 avril)

Démolition des cheminées de lacimenterie Miron.

Seule une des deux cheminées,celle arborant le sigle Miron,tombe après deux tentatives in-fructueuses des artificiers.

1988(1er mai)

Fin de la carrière Miron.

Les artificiers réussissent àfaire tomber la seconde chemi-née de la cimenterie Miron.

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Chronologie

1990-2005Période de revitalisation du quar-tier de Saint-Michel.

1995Début de lamiseenplaceduplandirecteur d’aménagement duComplexe environnemental deSaint-Michel.

La Ville de Montréal a élaboré ceplan afin de réhabiliter le site del’ancienne carrière Miron et de letransformer graduellement en unimmense parc métropolitain de92 hectares à vocation écolo-gique.

En plus des espaces verts,destinés aux activités récréatives,le vaste projet comprend :

• Un centre de récupération desmatières recyclables (100 000tonnes de déchets y sont recy-clées annuellement).

• Un site de compostage derésidus verts.

• Un site d’enfouissement dedéchets secs et non putrescibles.

• Une centrale électrique alimen-téepar la récupérationdesbiogaz.

• Un centre d’expertise sur lesmatières résiduelles.

• Un centre de récupération desmatières résiduelles des citoyensdeMontréal, appelé écocentre.

1996Ouverturede lacentraleélectriqueGazmontalimentéepar la récupé-ration des biogaz du site Miron(aujourd’hui leComplexeenviron-nemental de Saint-Michel)

Lacentraleaunecapacitédepro-ductionde25MWd’électricité, soitl’énergie nécessaire pour alimen-ter plus de 10 000 foyers.

1997Construction du siège socialinternational du Cirque duSoleil au Complexe environne-mental de Saint-Michel.

Lepremier bâtiment (leStudio) nesuffisant rapidement plus aux be-soinscroissantsde l’entreprise, unsecond bâtiment (les Ateliers)s’ajoute en 2001.

1999Création de TOHU, la Cité desarts du cirque.

TOHUestunorganismeàbutnonlucratif, fondépar l’Écolenationaledecirque,EnPiste (regroupementnational des arts du cirque) et leCirqueduSoleil. Savocationprin-cipaleest de fairedeMontréal unecapitale internationale des arts ducirque. À cette mission s’ajoutentles volets culturel, environnemen-tal et communautaire, puisque laTOHUparticipeégalementà la ré-habilitation du site de l’anciennecarrière Mironet à la revitalisationdu quartier. Elle offre notammentdes visites guidées thématiquesdu complexe.

2000(mai)

Fin des activités d’enfouissementdes déchets putrescibles au siteMiron.

La Ville de Montréal exportedésormais ses déchets putresci-bles à l’extérieur de l’île. Seuls lesdéchets secs (principalement deconstruction) sont encore enfouisdans l’ancienne carrière.

2001Érection de la paroisse Saint-Michel formée de la fusion desparoissesSainte-YvetteetSainte-Lucie.

2003Ouverture du Centre d’héberge-ment des artistes au Complexeenvironnemental deSaint-Michel.

Ce centre, inclus dans la Cité desarts du cirque, sert à accueillir lesartistes du Cirque du Soleil envisite à Montréal à l’occasiond’ entraînements intensifs.

2003(novembre)

Arrivée de l’École nationale decirque au Complexe environ-nemental de Saint-Michel.

Fondéeen1981, l’Écolenationalede cirque avait auparavant seslocaux dans le Vieux-Montréal.

2004(21 juin)

Ouverture au public du pavillonprincipal de la TOHU au Com-plexe environnemental de Saint-Michel.

Le bâtiment écologique estconstruit avec des matériauxrecyclés et utilise l’électricité pro-duite à partir des biogaz transfor-més par la centrale Gazmont ducomplexe. Il est inauguré officiel-lement le 17 août 2004.

2020Fin prévue des travaux deréaménagement de l’anciennecarrièreMiron.

Une fois achevé, leComplexeen-vironnemental de Saint-Michelconstituera un parc métropolitainde lamêmeenvergureque leparcdumont Royal.

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Institutions et organismes• Archives des Sœurs de Miséricorde• Archives de la Société des transports de Montréal (STM)• Bibliothèque de Saint-Michel• Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)• Centre d’histoire de Montréal (CHM)• Diocèse de Montréal• Fondation du Patrimoine religieux du Québec• Journal Le Monde• Paroisse Saint-Bernardin-de-Sienne• Ville de Montréal; Gestion des documents et Archives; Fonds de la Cité de Saint-Michel, P30

Ouvrages et articles de périodiques•Auclair, Cécile et Dominique Larche (Groupe de travail sur les portraits de quartier de Villeray–

Saint-Michel–Parc-Extension). Portraits de quartier. Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.Montréal : Ville de Montréal, 2004. 43 p.

•Benoît, Michèle et Roger Gratton. Pignon sur rue. Les quartiers de Montréal. Montréal : Guérin,1991. 393 p. (Feuillets 9 et 11)

•Bizier, Hélène-Andrée et Jacques Lacoursière. Ville de Saint-Léonard 1886-1986 : 110e anniversaire.Sherbrooke : Éditions Louis Bilodeau, 1986. 424 p.

•Blanchard, Raoul. Montréal : esquisse de géographie urbaine (édition préparée et présentée parGilles Sénécal). Montréal : VLB Éditeur, 1992. 279 p.

•Brassard, Pierre. « Histoire de Saint-Michel. Cahier spécial. Le Journal de Montréal », vol. 21, no 7,octobre 2003. p. A-1-A-4

•CSSS de Saint-Léonard et Saint-Michel : Portrait sociodémographique de la population.2008. 111 pages.

•Comeau, Robert. « Les peintres de la montée Saint-Michel.» Le Journal de Montréal. Cahier 350e,19 juillet 1992. p.11.

•Communauté Chrétienne de Saint-Bernardin-de-Sienne. Ensemble 75 ans. 1912-1987. Albumsouvenir de la paroisse Saint-Bernardin-de-Sienne. Montréal, 1987.

•Communauté urbaine de Montréal, Service de planification du territoire. Répertoire d’architecturetraditionnelle sur le territoire de la CUM : architecture rurale, Montréal : Le Service, 1987. 421 p.

•Dechêne, Louise. Habitants et marchands de Montréal au 17e siècle. Montréal : Plon, 1974. 588 p.•Dion-Goudreau, Emanuel. Analyse d’un fait urbain : l’évolution typo-morphologique du noyau

villageois de Côte-Saint-Michel en regard de l’urbanisation de la Cité de Saint-Michel. Montréal :École d’architecture - Faculté d’Aménagement de l’Université de Montréal, Avril 2005. 26 p.

*Divay-Gérard et Jean-Pierre Collin. La Communauté urbaine de Montréal : de la ville centrale àl’île centrale. Montréal : INRS-Urbanisation, 1977. 250 p.

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•Lavigne, Alain. « Loin de la grande ville. » Le Petit Monde, vol. 4, no 3, Mars 1986. p.5.•Leclerc, J.-C. « L’annexion de Saint-Michel à Montréal n’a rien réglé des problèmes métropolitains.»

Le Devoir, 3 janvier 1969. p. 3.•Lessage, Gilles. « La ville de Saint-Michel sera mise sous la tutelle de la commission municipale. »

Le Devoir, 22 février 1968.•Lessard, Michel. Montréal, métropole du Québec : images oubliées de la vie quotidienne,

1852-1910. Montréal : Éditions de l’Homme, 1992. 303 p.•Linteau, Paul-André. Histoire de Montréal depuis la Confédération. 2e éd. augmentée. Montréal :

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La Presse, 12 février 1970.•Marsan, Jean-Claude. Montréal en évolution : historique du développement de l’architecture et

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*Martin, Alain. La construction politique d’un quartier : St-Michel et la controverse sur la carrièreMiron. Montréal : Institut National de la Recherche Scientifique / UQAM, 2002. 134 p.

•Masson, Claude. « Montréal prend possession de son quartier Saint-Michel. » La Presse,25 octobre 1968.

*Maureault, Olivier. Les peintres de la montée Saint-Michel. Montréal : Éditions des Dix, 1941. 21 p.•Pharand, Jacques. À la belle époque des tramways : un voyage nostalgique dans le passé.

Montréal : Éditions de l’Homme, 1997. 280 p.•Pinard, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Tome 2, Montréal : Éditions La Presse,

1988. 421 p.•Rémillard, François et Brian Merret. L’architecture de Montréal. Guide des styles et des bâtiments.

Montréal : Éditions du Méridien, 1990. 222 p.•Rioux, Roger. « Sous la Commission municipale de Québec, Saint-Michel en tutelle. »

Montréal-Matin, 22 février 1968.•Robert, Jean-Claude. Atlas historique de Montréal. Montréal : Art global : Libre Expression, 1994.

167 p.•Rumilly, Robert. Histoire de Montréal. 5 volumes. Montréal : Fides, 1970-74.•Sabourin, Roger. Rosemont, mon quartier. Anjou : R. Sabourin, 2000. 90 p.•Schnobb, Philippe. Faire-part pour mariages forcés : le passé, le présent et l’avenir des 36 villes

qui vont devenir Montréal et Longueuil. Outremont : Lanctôt, 2001. 255 p.

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•Trépanier, François. « Saint-Michel n’existe plus… » La Presse, 25 novembre 1968.•Turgeon, Pierre. Les bâtisseurs du siècle. Outremont : Lanctôt, 1996. 196 p.•Vanlaethem, France. « Les églises catholiques modernes de Montréal. » In Montréal, la ville aux

cent clochers. Montréal : Éditions Fides, 2002. p. 52-65.•Ville de Montréal. Aménagement du site de l’ancienne carrière Miron : un grand projet d’urbanisme.

Montréal : Ville de Montréal, 1989. 31 p.•Ville de Montréal. Bureau de consultation de Montréal. Mise en valeur du site Miron :

énoncé d’orientations d’aménagement : rapport de consultation publique. Montréal :Ville de Montréal, 1989. 75 p.

•Ville de Montréal. Profil socio-économique de l’arrondissement de Villeray– Saint-Michel–Parc-Extension. Montréal : Ville de Montréal, septembre 2004.

•Ville de Montréal. Les rues de Montréal : Répertoire historique. Montréal : Éditions du Méridien,1995. 547 p.

•Ville de Montréal. Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine. Évaluation dupatrimoine urbain. Arrondissement de Villeray– Saint-Michel– Parc-Extension. Montréal :Ville de Montréal, 2004. 27 p.

•Ville de Montréal. Synthèse des enjeux d’aménagement et de développement.Arrondissement de Villeray– Saint-Michel– Parc-Extension. Montréal : Ville de Montréal, 1990. 27 p.

Ressources électroniques• Archives photographiques de la STM : www.stcum.qc.ca/en-bref/tramways/index• Textes sur l’histoire du quartier fournis par le Journal Le Monde :

www.arrondissement.com/villeraystmichelparcextension/• Diocèse de Montréal : www.diocesemontreal.org/organisation/paroisses/index.htm• Inventaire des lieux de culte du Québec : lieuxdeculte.qc.ca• Ministère des Ressources naturelles et Faune : sigeom.mrnfp.gouv.qc.ca• Ville de Montréal : ville.montreal.qc.ca

•Les références précédées d’un point noir sont des ouvrages disponibles dans lacollection de la bibliothèque de Saint-Michel, par le biais du catalogue Nelligan.•Les références précédées d’un point rouge sont des articles ou des documentsdisponibles dans les dossiers thématiques de la bibliothèque de Saint-Michel. Pour lesconsulter, demandez au bibliothécaire.

*Les références précédées d’un astérisque ne sont pas disponibles à la bibliothèque deSaint-Michel.

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Notes

Les Sulpiciens deviennent les seigneurs de l’île de Montréal en 1663, succédant ainsi à la Sociétéde Notre-Dame.

Sous le Régime français, on nomme souvent les côtes, de même que la plupart des lieux, d’aprèsle nom d’un saint afin de l’honorer et d’en faire le saint patron ou le protecteur du lieu ou de la côteen question.

D’après les actes de concession signés par le notaire P. Raimbault et conservés aux Archives nationalesdu Québec.

La montée Saint-Michel prend officiellement la dénomination de boulevard Saint-Michel le10 avril 1969.

À partir de 1847, on trouve également des étals au marché Bonsecours, nouvellement construit.

Le manque de sources ne permet pas de savoir le nom de cette école.

Le premier baptême est celui de Bernardine-Antoinette Turcot qui a lieu le 9 janvier 1912. Le premiermariage est célébré le 22 janvier de la même année. Il unit les époux Èvelina Ouellette et NicolasDocket.

Il s’agit de messieurs Charles Gagnon, premier marguillier en chef, Edmond Robin, second marguillier,et Louis Turcot, troisième marguillier, ainsi que de Théophile Pesant, Emmanuel Martineau,Edmond Guilbault, Joseph Pesant et Joseph Gagnon, comme anciens marguilliers.

La charte sera modifiée en 1953. Ville Saint-Michel devient alors Cité de Saint-Michel.

La première ville annexée est Hochelaga en 1883. Suivront Saint-Jean-Baptiste en 1886 et Saint-Gabriel en 1887. Après quelques années d’arrêt, les annexions se multiplient, particulièrement entre1905 et 1914 alors qu’ont lieu 26 annexions. Lorsque la ville de Maisonneuve ferme le bal en 1918,31 annexions auront agrandi Montréal, touchant un total de 23 anciennes municipalités.

Pour donner une idée de l’ampleur du phénomène, de 80 % à 90 % de la population de Saint-Michelest francophone à l’époque de la Seconde Guerre mondiale. À mesure que Saint-Michel se diversifie,cette proportion diminue, de sorte qu’aujourd’hui 44 % des habitants de Saint-Michel – un des quartiersles plus multiethniques de Montréal – ont le français comme langue maternelle.

Le tronçon du boulevard Métropolitain passant dans Saint-Michel est ouvert à la circulation le23 janvier 1960.

Il est réélu le 3 novembre 1964 pour un deuxième et dernier mandat.

Selon le recensement canadien de 2006 et d’après les données démographiques, la populationde Saint-Michel s’établissait à 53 610 habitants.

Tiré de Portrait sociodémographique de la population.

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