11
IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © 1 LA PHILOSOPHIE Le mot philosophie désigne tantôt une discipline théorique (ouvrage philosophique, cours de philosophie...), tantôt un système de pensée ou de croyances (la philosophie confucianiste, la philosophie marxiste...), tantôt, de façon plus familière, un état d'esprit superficiel ("C'est de la philosophie !") ou constructif ("Untel a fait preuve de philosophie"). Ce dernier sens du mot est plus proche de la notion de sagesse que de celle de philosophie. Classiquement, dans la Grèce antique, berceau de la philosophie occidentale, la philosophie se partageait en trois branches principales : la logique, la métaphysique, et l'éthique. On a introduit également l'épistémologie, en tant que connaissance critique des sciences. 1. 1. Généralités La philosophie est le fait d'utiliser ses capacités mentales pour faire des réflexions et des pensées abstraites sur des principes ou des sujets donnés. En tant que discipline théorique, système de pensée ou plus généralement, en tant qu'activité et produit de l'esprit, la philosophie se conçoit comme un questionnement paradoxal : bien qu'orienté vers la recherche du vrai et de l'universel, il s'opère dans la conscience de ne pas pouvoir atteindre ce degré ultime de connaissance. La philosophie, contrairement aux sciences de la nature, n'engendre pas de vérités immuables. Elle ne fait qu'aider l'homme à se comprendre lui-même au travers d'un cheminement intellectuel qui s'avère moins fructueux par ses résultats que par son existence même et ses modalités. Pour le philosophe autrichien Karl Popper, le véritable problème philosophique est celui qui engendre de nouveaux problèmes. L'absence de vérités philosophiques tient au caractère insoluble des problèmes qu'aborde la philosophie. Ces problèmes sont articulés autour de concepts, c'est-à-dire d'objets théoriques permettant d'interroger et de manipuler dans l'abstraction, par le biais de liens logiques, des éléments de l'expérience humaine. Les concepts au cœur des questionnements et théories philosophiques sont, entre autres : la liberté , l'existence , le temps , la connaissance , la vérité , le sujet , autrui , la justice , l'art , l'éthique mcco

LA PHILOSOPHIE - IES MIGUEL DE MOLINOSiesmimoz.educa.aragon.es/filosofia/Documentos/Filo1/Lecciones1/Lec1... · ... (ouvrage philosophique, cours de philosophie ... la philosophie

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: LA PHILOSOPHIE - IES MIGUEL DE MOLINOSiesmimoz.educa.aragon.es/filosofia/Documentos/Filo1/Lecciones1/Lec1... · ... (ouvrage philosophique, cours de philosophie ... la philosophie

IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. ©

1

LA PHILOSOPHIE

Le mot philosophie désigne tantôt une discipline théorique (ouvrage philosophique, cours de philosophie...), tantôt un système de pensée ou de croyances (la philosophie confucianiste, la philosophie marxiste...), tantôt, de façon plus familière, un état d'esprit superficiel ("C'est de la philosophie !") ou constructif ("Untel a fait preuve de philosophie"). Ce dernier sens du mot est plus proche de la notion de sagesse que de celle de philosophie.

Classiquement, dans la Grèce antique, berceau de la philosophie occidentale, la philosophie se partageait en trois

branches principales : la logique, la métaphysique, et l'éthique. On a introduit également l'épistémologie, en tant que connaissance critique des sciences.

1. 1. Généralités La philosophie est le fait d'utiliser ses capacités mentales pour faire des

réflexions et des pensées abstraites sur des principes ou des sujets donnés. En tant que discipline théorique, système de pensée ou plus généralement, en

tant qu'activité et produit de l'esprit, la philosophie se conçoit comme un questionnement paradoxal : bien qu'orienté vers la recherche du vrai et de l'universel, il s'opère dans la conscience de ne pas pouvoir atteindre ce degré ultime de connaissance. La philosophie, contrairement aux sciences de la nature, n'engendre pas de vérités immuables. Elle ne fait qu'aider l'homme à se comprendre lui-même au travers d'un cheminement intellectuel qui s'avère moins fructueux par ses résultats que par son existence même et ses modalités. Pour le philosophe autrichien Karl Popper, le véritable problème philosophique est celui qui engendre de nouveaux problèmes.

L'absence de vérités philosophiques tient au caractère insoluble des problèmes qu'aborde la philosophie. Ces problèmes sont articulés autour de concepts, c'est-à-dire d'objets théoriques permettant d'interroger et de manipuler dans l'abstraction, par le biais de liens logiques, des éléments de l'expérience humaine. Les concepts au cœur des questionnements et théories philosophiques sont, entre autres :

• la liberté,

• l'existence,

• le temps,

• la connaissance,

• la vérité,

• le sujet,

• autrui,

• la justice,

• l'art,

• l'éthique

mcco

Page 2: LA PHILOSOPHIE - IES MIGUEL DE MOLINOSiesmimoz.educa.aragon.es/filosofia/Documentos/Filo1/Lecciones1/Lec1... · ... (ouvrage philosophique, cours de philosophie ... la philosophie

IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. ©

2

L'interrogation philosophique la plus classique consiste à se saisir d'un mot couramment employé mais dont le sens paraît vague et complexe, et de tenter de saisir les contours du ou des concepts qu'il désigne. "Qu'est-ce que l'homme ?", "Qu'est-ce que la justice ?", "Qu'est-ce que la connaissance", etc., sont des questionnements typiquement philosophiques.

Cependant la philosophie se déploie en une infinité de problèmes et de sous problèmes qui ne concernent pas seulement des concepts uniques mais aussi des articulations de concepts ou encore la recherche de principes de pensée et d'action. Elle connaît de nombreuses subdivisions parmi lesquelles on peut citer la métaphysique, la morale ou l'éthique, la philosophie politique, la philosophie de la connaissance, l'épistémologie, la philosophie de l'art ou esthétique, etc.

Si la philosophie s'attache principalement à des problèmes éternels, elle n'est pas pour autant statique. En effet, elle se nourrit du réel, de l'évolution des sociétés et de l'avancement des sciences. Les changements du monde sont l'occasion d'un renouvellement permanent du questionnement philosophique.

Représentation du Moyen Âge, la philosophie et les arts libéraux

1. 2. Étymologie La philosophie (philo-sophia, φιλοσοφία) est l'amour ou le goût de la

connaissance, de la sagesse, du savoir, du grec philein (aimer), et sophia (connaissance, savoir, sagesse). Le mot s'interprète donc comme « quête de la sagesse ou de la connaissance », le verbe philein pouvant avoir non seulement le sens d'aimer, mais aussi celui d'apprécier ou de chercher.

Diogène Laërce, dans sa Vie des philosophes affirme qu'en ce qui concerne la philosophie les Grecs auraient inventé non seulement la chose, mais également le mot. Ce mot, selon certaines sources, aurait été forgé par Pythagore, qui refusait de se considérer comme un sage (sophos) car la possession de la connaissance, i.e. la connaissance des principes et causes des choses humaines et divines, est le privilège des dieux. Il préférait être appelé « amoureux de la connaissance » (philosophos), c'est-à-dire amoureux des réalités divines. Avant Pythagore, on appelait sophoi ceux qui cherchaient à connaître les réalités divines et humaines, sans que ce mot soit péjoratif. Il y a donc, à l'origine de la philosophie, d'un côté ceux que l'on appelle les sages (Thalès de Milet, etc.), et de l'autre ceux qui furent appelés philosophes.

mcco

Page 3: LA PHILOSOPHIE - IES MIGUEL DE MOLINOSiesmimoz.educa.aragon.es/filosofia/Documentos/Filo1/Lecciones1/Lec1... · ... (ouvrage philosophique, cours de philosophie ... la philosophie

IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. ©

3

L'étymologie nous apprend ainsi au moins deux choses : • D'une part, la philosophie concerne initialement la connaissance, elle est une

activité intellectuelle qui consiste à cultiver ses facultés et à acquérir une vue aussi objective que possible du monde ; la philosophie classique ou moderne confirme cela.

• d'autre part, la philosophie a aussi une finalité morale et pratique : elle est un art de vivre, et le philosophe qui vit selon la raison, selon une conception classique de la morale, s'efforce de vivre en sage et de suivre le bien pour atteindre le bonheur par le biais de l'ataraxie. On mesure mal aujourd'hui l'importance de cet art de vivre qui faisait souvent comparer le philosophe à un dieu mortel, à un dieu vivant parmi les hommes. C'était le cas, par exemple, pour des philosophes aussi divers que Platon, Aristote, Épicure et Sénèque). Cet aspect pratique a considérablement évolué; il est aujourd'hui étudié en philosophie politique, en philosophie de l'action et en éthique.

1. 3. Spécificité de la philosophie Une bonne méthode pour déterminer le sens d'un concept

peut être de rechercher ce que ce concept n'est pas. Or, science, philosophie, mythes ont une triple ambition commune : décrire, expliquer, justifier. Il importe donc d'examiner en quoi ils se distinguent.

1. 4. Philosophie, mythes

Le mythe et la philosophie ont un point commun : ce sont des explications, qui se veulent cohérentes, du monde et de la réalité. Le mythe est un récit fabuleux qui décrit l'origine du monde, de l'homme, de la société. Les philosophes s'interrogent également sur ces problèmes. Mais il y a des différences:

• la philosophie se veut fondée sur une connaissance rationnelle ; le mythe a par contraste un caractère merveilleux, inexplicable même du fait des causes qu'il invoque, comme les forces surnaturelles ;

• la philosophie suppose que l'on n'adhère pas à une doctrine par la seule foi et encore moins par superstition ; la croyance au mythe fait l'économie de la notion de preuve, ou bien en présente qui n'entraînent pas de conviction universelle (sinon on ne le considèrerait plus comme mythe, mais — à tort ou à raison — comme réalité) ;

• la philosophie cherche à expliquer les phénomènes observés par des causes rationnelles ; le mythe recourt souvent à des explications irrationnelles ou supranaturelles.

mcco

Page 4: LA PHILOSOPHIE - IES MIGUEL DE MOLINOSiesmimoz.educa.aragon.es/filosofia/Documentos/Filo1/Lecciones1/Lec1... · ... (ouvrage philosophique, cours de philosophie ... la philosophie

IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. ©

4

1. 5. Philosophie et science Lorsqu’il est question du rapport de la philosophie avec les sciences, la

philosophie est couramment qualifiée de « mère de toutes les sciences ». Cette optique relève d’une considération quant à l’histoire des idées, où la philosophie apparaît en quelque sorte comme un lieu d’émulation, propre à l’émergence de disciplines appelées à acquérir leur autonomie. Ainsi, par exemple, on remarque qu’alors qu'Isaac Newton désignait encore ses travaux sous l’appellation de philosophie (son maître ouvrage de 1687 portant le titre de Philosophiae Naturalis Principia Mathematica), les développements en ce domaine appartiennent maintenant au domaine de la physique. De même, pour n’évoquer que quelques exemples supplémentaires, c’est de travaux et recherches en philosophie que sont issues, à la fin du XIXe siècle, des disciplines comme la sociologie et la psychologie ; tout comme la gérontologie s’est, quant à elle, forgée en tant que discipline (se rattachant maintenant en partie à la psychologie) seulement dans la seconde moitié du XXe siècle, sous l’impulsion de travaux et recherches en philosophie.

Cela signifie-t-il pour autant que la philosophie ne

serait que le balbutiement des sciences ? Qu’elle ne serait en quelque sorte qu’une manière de désigner les disciplines n’ayant pas encore « abouti » ? Il existe bien sûr plusieurs positions théoriques à cet égard, mais avant même de s’y attarder, il faut noter qu’une attention aux milieux de la recherche fondamentale révèle que s’il est permis de dire que la philosophie est la mère des sciences, il est en revanche aussi vrai que les sciences sont susceptibles d’engendrer, ou à tout le moins de nourrir, la philosophie. Ainsi, on peut remarquer que des travaux fondamentaux en science impliquent, bien souvent, des questions et des recherches de nature proprement philosophique, principalement en ce qui relève de l’appareillage conceptuel nécessaire à l’articulation et l’évolution de la discipline. Au XXe siècle par exemple, le développement des sciences cognitives et des neurosciences a contribué à l’essor de la philosophie contemporaine de l'esprit et au renouveau des recherches en philosophie de l'action. Aussi, les questions liées aux corrélats neuraux de la conscience, qui s’avèrent vitales dans le domaine des neurosciences, nécessitent les ressources conceptuelles propres à des secteurs philosophiques tel que la philosophie analytique de l’esprit – et dans une certaine mesure de la philosophie du langage –, ainsi que de la phénoménologie (qu’on pense par exemple aux réévaluations des notions husserliennes d’image, de conscience d’image et de phantasia ; ou encore au traitement de la problématique de la corporéité en phénoménologie).

La gérontologie est l'étude les conditions physiologiques, pathologiques, psychologiques, sociales… associées au processus du vieillissement humain. La gériatrie s'intéresse plus spécifiquement aux maladies de la vieillesse.

mcco

Page 5: LA PHILOSOPHIE - IES MIGUEL DE MOLINOSiesmimoz.educa.aragon.es/filosofia/Documentos/Filo1/Lecciones1/Lec1... · ... (ouvrage philosophique, cours de philosophie ... la philosophie

IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. ©

5

1. 6. Philosophie et société Si la philosophie justifie souvent la société dans laquelle elle naît, il est tout aussi

fréquent qu'elle s'en démarque violemment. Méfiante vis-à-vis des traditions, critique envers toute forme de préjugés, la philosophie n'a pas manqué de connaître des heurts plus ou moins dures avec la société. A titre informatif, il est intéressant de retenir quelques dates symboliques :

432 avant J.C. : Anaxagore est chassé d'Athènes.

411-416? avant J.C. : Protagoras est accusé d'impiété et est contraint de quitter Athènes. Ses livres sont brûlés.

415 avant J.C. : Le sophiste Diagoras de Mélos est accusé de dévoiler les mystères d’Eleusis et d’athéisme : Sa tête est mise à prix, il choisit l’exil…

399 avant J.C. : Socrate est condamné à mort sous le chef d'accusation de corrompre les mœurs de la jeunesse.

161 avant J.C. : La lex Fannia (loi sur le luxe) interdit la philosophie grecque chez les Romains. Des philosophes grecques sont expulsés de Rome.

529 après J.C. : l'Empereur Justinien supprime les écoles de philosophies païennes après presqu'un millénaire d'activité !

1188-1189 : le sultan Abû Yûsuf Yaqûb Al-Mansûr Almohade fait interdire la philosophie, les études et les livres au Maroc et en Espagne. Averroès et son oeuvre sont visés.

7 mars 1277 : condamnations de 219 thèses philosophiques jugées hétérodoxes par Étienne Tempier, évêque de Paris. Sont visés les maîtres es arts de l'Université de Paris, ainsi que nombre de philosophes arabes

Le 17 février 1600 : Giordanno Bruno est supplicié sur le bûcher pour son rejet de la transsubstantiation, de la trinité, son blasphème contre le Christ, sa négation de la virginité de Marie...

Le 16 mai 1717 : Voltaire est embastillé pour ses écrits satiriques

Le 24 juillet 1749 : Diderot est emmené à la prison de Vincennes pour possession d'ouvrages "contraires à la religion, à l'Etat et aux bonnes mœurs."

Le 7 février 1752 : L'Encyclopédie de Diderot est censurée

Le 16 mai 1849 : Marx est expulsé de Cologne après la *Révolution de 1848 pour articles séditieux : Il se défend devant les jurés en déclarant : « le premier devoir de la presse, c'est de saper tous les fondements de l'état politique existant »

mcco

Page 6: LA PHILOSOPHIE - IES MIGUEL DE MOLINOSiesmimoz.educa.aragon.es/filosofia/Documentos/Filo1/Lecciones1/Lec1... · ... (ouvrage philosophique, cours de philosophie ... la philosophie

IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. ©

6

1. 7. Origine de la philosophie Pourquoi et comment des hommes se sont-ils mis à la philosophie ? Que signifie

l'apparition de la philosophie dans l'histoire humaine, et peut-on affirmer que certaines civilisations se soient plus préoccupées de constituer un discours philosophique que d'autres ?

Il ne semble pas que le besoin d'exploration intellectuelle soit lié à un désir commun aux mammifères prédateurs et à tous les primates de connaître aussi profondément qu'ils le peuvent leur environnement. En expliquant l'origine de la philosophie (et par conséquent ses exigences de rationalité ou de sagesse, par exemple) dans une telle perspective, on s'en tiendrait à un niveau explicatif en termes strictement motivationnels – génétiques, neurobiologiques, etc. –, généralement applicable aux activités animales. Il apparaît plus judicieux, pour une compréhension de l'activité philosophique, d'examiner plutôt son avènement en retraçant les grandes lignes de son origine historique, ainsi que les interprétations de ses origines en termes proprement philosophiques.

L'origine historique de la philosophie occidentale est mal connue.

On considère généralement que le premier philosophe occidental est Thalès de Milet, mais ce philosophe de la nature était peut-être d'origine phénicienne, et son savoir laisserait donc supposer une tradition philosophique bien plus ancienne. Ce qui est probable c'est que la philosophie naît sous l'influence de la science égyptienne (géométrie), du savoir phénicien (arithmétique), et de courants religieux variés, venus par exemple de Mésopotamie et de l'Inde. Bien d'autres influences ont été supposées, mais il est dans l'ensemble très difficile de faire la part des choses.

Aristote (384-322 avant JC) nous dit :" Ce fut l’étonnement qui poussa les hommes aux premières spéculations philosophiques.....". Il s’agit donc d’étonnement devant les phénomènes naturels, devant le monde qui nous entoure. La philosophie occidentale reconnaît ses origines en Grèce au IVème siècle avant JC. Les premiers philosophes, dits Pré-Socratiques (Socrate 470-399 avant JC), s’étonnaient donc, observaient, s’interrogeaient. Ils réfléchissaient sur l’origine de la nature, du monde matériel. Thalès posait la question : En quoi les choses sont-elles faites ? Héraclite et Parménide : Y-a-t-il du mouvement ou non ? et quelle est la cause du mouvement ? Pythagore Y-a-t-il de l’ordre dans les choses ? C’est Pythagore qui aurait créé le mot philosophie. Philo: ami, philein = aimer Sophia: la sagesse. L’homme sage est celui qui aime et cherche la connaissance vraie et le Bien.

mcco

Page 7: LA PHILOSOPHIE - IES MIGUEL DE MOLINOSiesmimoz.educa.aragon.es/filosofia/Documentos/Filo1/Lecciones1/Lec1... · ... (ouvrage philosophique, cours de philosophie ... la philosophie

IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. ©

7

La philosophie dans l’antiquité grecque jusque vers l’époque de Descartes (1596-

1650) entretenait donc un rapport avec la science. La sagesse visait à une connaissance la plus juste possible de toutes les choses que l’homme peut savoir, sans oublier celles pour la conduite de sa vie, ou pour la conservation de sa santé.

Que cherchaient ces philosophes dans leur passion de connaître? Sur le fronton du temple de Delphes on pouvait lire "Connais-toi toi-même

et tu connaîtras l’univers et les dieux ". Mais cette recherche de la vérité en ce qui concerne nous-même et nos relations avec l’univers et les dieux, commence par un débat avec l’esprit lui-même. Pour approcher la vérité il faut payer le prix ! c’est-à-dire découvrir les lois universelles qui régissent la pensée et s’y conformer. Ce sont les principes (d’identité, de contradiction, du tiers exclu).

1. 8. Trois conceptions de la philosophie Il est possible de distinguer à partir de ce qui précède trois conceptions de la

philosophie : • une partie réflexive de la

philosophie : l'exercice de la raison en tant qu'activité d'évaluation et de critique des arguments ;

• un savoir philosophique: par la détermination de concepts et d'outils mentaux pour comprendre l'homme et le monde ;

• une partie pratique, la sagesse, qui doit faire l'unité du penser et de l'agir (de l'entendement et de la volonté) ;

1. 9. Critiques de la philosophie La philosophie a été critiquée dès sa naissance. Certaines critiques sont

extérieures au discours philosophique (par exemple, les critiques du sens commun), d'autres lui sont internes (critiques des philosophes entre eux). Mais toute critique peut faire l'objet d'un examen philosophique ; on ne peut d'ailleurs concevoir de philosophie sans critique.

mcco

Page 8: LA PHILOSOPHIE - IES MIGUEL DE MOLINOSiesmimoz.educa.aragon.es/filosofia/Documentos/Filo1/Lecciones1/Lec1... · ... (ouvrage philosophique, cours de philosophie ... la philosophie

IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. ©

8

2. 1. Qu'est ce que philosopher?

Expliciter les contrariétés plus ou moins universelles de la vie et de la pensée humaines pour produire des conceptions du monde et de l'existence plus lucides et plus cohérentes. 2. 2. Quelles sont ces contrariétés?

Connaissance: Illusion/vérité ; certitude/doute ;scepticisme/dogmatisme Ethique: devoir/désir et ou sentiments; conflit entre les devoirs : devoirs

privés/devoirs publics ; devoirs professionnels/devoirs éthiques ; liberté/assistance ; égoisme/altruisme.. Politique: Conflits entre les idéaux collectifs et entre l'idéal de justice et la

réalité conflictuelle des rapports de forces, de pouvoir, d'ambitions et d'intérêts ; liberté/solidarité, égalité/hiérarchie, politique/économie et politique et éthique Existence : Vie/mort, désir/réalité, solitude/aliénation, autonomie/contrainte Esthétique : Universalité de l’idéal de beauté/variabilité des goûts ;

beauté/agrément; convention/création... 2. 3. Pourquoi philosopher?

Parce que les croyances traditionnelles sont en crise et qu'aucune autorité idéologique dans une société ouverte pluraliste, individualiste, laïque et démocratique ne peut et ne doit diriger la pensée humaine d'une manière monolithique. Chacun doit penser par lui-même pour ne pas être soumis aux influences extérieures et intérieures les plus contradictoires. 2. 4. Dans quel but?

Se libérer des illusions personnelles et collectives pour être plus autonome, plus heureux et mieux dialoguer avec soi et les autres. 2. 5. Comment?

En respectant 3 exigences de pensée: Problématiser: douter volontairement et méthodiquement Conceptualiser: définir les idées générales avec rigueur Argumenter: raisonner logiquement et dialectiquement

mcco

Page 9: LA PHILOSOPHIE - IES MIGUEL DE MOLINOSiesmimoz.educa.aragon.es/filosofia/Documentos/Filo1/Lecciones1/Lec1... · ... (ouvrage philosophique, cours de philosophie ... la philosophie

IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. ©

9

Activité : Lisez le texte de André COMTE-SPONVILLE Présentations de la Philosophie. (Albin Michel 2000) et répondez aux questions qui se trouvent à la fin de celui-ci.

Avant-propos

« Philosophie ; la doctrine et l'exercice de la sagesse (non simple science). » Kant

Philosopher, c'est penser par soi-même ; mais nul n'y parvient valablement qu'en s'appuyant d'abord sur

la pensée des autres, et spécialement des grands philosophes du passé. La philosophie n'est pas seulement une aventure ; elle est aussi un travail, qui ne va pas sans efforts, sans lectures, sans outils. Les premiers pas sont souvent rébarbatifs, qui en découragèrent plus d'un. C'est ce qui m'a poussé, ces dernières années, à publier des « Carnets de philosophie ». De quoi s'agissait-il ? D'une collection d'initiation à la philosophie : douze petits volumes, chacun constitué d'une quarantaine de textes choisis, souvent très brefs, et s'ouvrant par une Présentation de quelques feuillets, dans laquelle j'essayais de dire, sur telle ou telle notion, ce qui me semblait l'essentiel,..

Ce sont ces douze Présentations, revues et sensiblement augmentées, qui constituent le présent

volume. La modestie du propos reste la même : il s'agit toujours d'une initiation, disons d'une porte d'entrée, parmi cent autres possibles, dans la philosophie. Mais qui laisse au lecteur le soin, une fois ce livre lu, de partir lui-même à la découverte des œuvres, comme il faut le faire tôt ou tard, et de se constituer, s’il le veut, sa propre anthologie... Vingt-cinq siècles de philosophie font un trésor inépuisable. Si ce petit livre peut donner l'envie, à tel ou tel, d'aller y voir de plus près, s'il peut l'aider à y trouver du plaisir et des lumières, il n'aura pas été écrit en vain.

Quant au public visé, je pensais d'abord aux adolescents, avant de découvrir, notamment par le courrier reçu, qu'il allait bien au-delà. De ce parti pris initial, il est pourtant resté quelque chose : le choix de certains exemples, un certain point de vue, un certain ton, l'insistance mise, parfois, sur tel ou tel aspect... C'est aussi ce qui explique le tutoiement, qui s'est imposé à moi - sans doute parce que je pensais à mes propres enfants, qui sont en effet adolescents, davantage qu'à mes élèves ou à mes étudiants, que je n'ai jamais tutoyés... Autant de traits que je n'ai pas cru devoir, reprenant l'ensemble, corriger. Il n'y a pas d'âge pour philosopher ; mais les adolescents, plus que les adultes, ont besoin qu'on les y accompagne.

Qu'est-ce que la philosophie ? je m'en suis expliqué bien souvent, et encore dans le dernier de ces douze chapitres. La philosophie n'est pas une science, ni même une connaissance ; ce n'est pas un savoir de plus : c'est une réflexion sur les savoirs disponibles. C'est pourquoi on ne peut apprendre la philosophie, disait Kant: on ne peut qu'apprendre à philosopher. Comment? En philosophant soi-même : en s'interrogeant sur sa propre pensée, sur la pensée des autres, sur le monde, sur la société, sur ce que l'expérience nous apprend, sur ce qu'elle nous laisse ignorer... Qu'on rencontre en chemin les œuvres de tel ou tel philosophe professionnel, c'est ce qu’il faut souhaiter. On pensera mieux, plus fort, plus profond. On ira plus loin et plus vite. Encore cet auteur, ajoutait Kant, « doit-il être considéré non pas comme le modèle du jugement, mais simplement comme une occasion de porter soi-même un jugement sur lui, voire contre lui ». Personne ne peut philosopher à notre place. Que la philosophie ait ses spécialistes, ses professionnels, ses enseignants, c’est entendu. Mais elle n'est pas d'abord une spécialité, ni un métier, ni une discipline universitaire : elle est une dimension constitutive de l'existence humaine. Dès lors que nous sommes doués et de vie et de raison, la question se pose pour nous tous, inévitablement, d'articuler l'une à l'autre ces deux facultés. Et certes on peut raisonner sans philosopher (par exemple dans les sciences), vivre sans philosopher (par exemple dans la bêtise ou la passion). Mais point, sans philosopher, penser sa vie et vivre sa pensée : puisque c’est la philosophie même.

La biologie ne dira jamais à un biologiste comment il faut vivre, ni s'il le faut, ni même s'il faut faire de la biologie. Les sciences humaines ne diront jamais ce que vaut l'humanité, ni ce qu'elles valent. C'est pourquoi il faut philosopher : parce qu'il faut réfléchir sur ce que nous savons, sur ce que nous vivons, sur ce que nous voulons, et qu'aucun savoir n'y suffit ou n'en dispense. L'art ? La religion ? La politique ? Ce sont de grandes choses, mais qui doivent elles aussi être interrogées. Or dès qu'on les interroge, ou dès qu'on s'interroge sur elles un peu profondément, on en sort, au moins en partie : on fait un pas, déjà, dans la philosophie. Que celle-ci doive à son tour être interrogée, aucun philosophe ne le contestera. Mais interroger la philosophie, ce n'est pas en sortir, c’est y entrer.

mcco

Page 10: LA PHILOSOPHIE - IES MIGUEL DE MOLINOSiesmimoz.educa.aragon.es/filosofia/Documentos/Filo1/Lecciones1/Lec1... · ... (ouvrage philosophique, cours de philosophie ... la philosophie

IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. ©

10

Par quelle voie ? J'ai suivi ici la seule que je connaisse vraiment, celle de la philosophie occidentale. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en ait pas d'autres. Philosopher, c'est vivre avec la raison, qui est universelle. Comment la philosophie serait-elle réservée à quiconque ? Qu'il y ait, notamment en Orient, d'autres traditions spéculatives et spirituelles, nul ne l'ignore. Mais on ne peut parler de tout, et il y aurait quelque ridicule, de ma part, à prétendre présenter des pensés orientales que je ne connais, pour la plupart, que de seconde main. Que la philosophie soit exclusivement grecque et occidentale, je n'en crois rien. Mais qu'il y ait, en Occident et depuis les Grecs, une immense tradition philosophique, qui est la nôtre, j'en suis évidemment convaincu, comme tout le monde, et c'est vers elle; en elle, que je voudrais guider mon lecteur. L'ambition de ces Présentations, sous la brièveté du propos, est déjà démesurément vaste. Cela devrait excuser leur incomplétude, qui fait partie de leur définition.

Vivre avec la raison, disais-je. Cela indique une direction, qui est celle de la philosophie, mais ne saurait en épuiser le contenu. La philosophie est questionnement radical, quête de la vérité globale ou ultime (et non, comme dans les sciences, de telle ou telle vérité particulière), création et utilisation de concepts (même si on le fait aussi dans d'autres disciplines), réflexivité (retour sur soi de l'esprit ou de la raison - pensée de la pensée), méditation sur sa propre histoire et sur celle de l'humanité, recher-che de la plus grande cohérence possible, de la plus grande rationalité possible (c'est l'art de la raison, si l'on veut, mais qui déboucherait sur un art de vivre), construction, parfois, de systèmes, élaboration, toujours, de thèses, d'arguments, de théories ... Mais elle est aussi, et peut-être d'abord, critique des illusions, des préjugés, des idéologies. Toute philosophie est un combat. Son arme? La raison. Ses ennemis? La bêtise, le fanatisme, l'obscurantisme - ou la philosophie des autres. Ses alliés ? Les sciences. Son objet ? Le tout, avec l'homme dedans. Ou l'homme, mais dans le tout. Son but? La sagesse : le bonheur, mais dans la vérité. Il y a du pain sur la planche, comme on dit, et c'est tant mieux : les philosophes ont bon appétit! En pratique, les objets de la philosophie sont innombrables : rien de ce qui est humain ou vrai ne lui est étranger. Cela ne signifie pas qu'ils soient tous d'égale importance. Kant, dans un passage fameux de sa Logique, résumait le domaine de la philosophie en quatre questions : Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m'est-il permis d’espérer ?Qu’est-ce que l'homme ? « Les trois premières questions se rapportent à la dernière », remarquait-il. Mais elles débouchent toutes les quatre, ajouterai-je, sur une cinquième, qui est sans doute, philosophiquement et humainement, la question principale : Comment vivre ? Dès qu'on essaie de répondre intelligemment à cette question, on fait de la philosophie. Et comme on ne peut éviter de se la poser, il faut en conclure qu'on n'échappe à la philosophie que par la bêtise ou l'obscurantisme.

Faut-il faire de la philosophie ? Dès qu'on se pose la question, en tout cas dès qu'on essaie d'y répondre sérieusement, on en fait déjà. Cela ne veut pas dire que la philosophie se réduise à sa propre interrogation, encore moins à son autojustification. Car on en fait aussi, peu ou prou, bien ou mal, lors-qu'on s'interroge (de façon à la fois rationnelle et radicale) sur le monde, sur l'humanité, sur le bonheur, sur la justice, sur la liberté, sur la mort, sur Dieu, sur la connaissance... Et qui pourrait y renoncer ? L'être humain est un animal philosophant : il ne peut renoncer à la philosophie qu'en renonçant à une part de son humanité.

Il faut donc philosopher : penser aussi loin qu’on peut, et plus loin qu'on ne sait. Dans quel but ? Une vie plus humaine, plus lucide, plus sereine, plus raisonnable, plus heureuse, plus libre.... C'est ce qu'on appelle traditionnellement la sagesse, qui serait un bonheur sans illusions ni mensonges. Peut-on l'atteindre ? jamais totalement sans doute. Mais cela n'empêche pas d'y tendre, ni de s'en rapprocher. « La philosophie, écrit Kant, est pour l'homme effort vers la sagesse, qui est toujours inaccompli. » Raison de plus pour s'y mettre sans tarder. 11 s'agit de penser mieux, pour vivre mieux. La philosophie est ce travail ; la sagesse, ce repos.

Qu'est-ce que la philosophie ? Les réponses sont aussi nombreuses, ou peu s'en faut, que les philosophes. Cela n'empêche pas toutefois qu'elles se recoupent ou convergent vers l'essentiel. Pour ma part, j'ai un faible, depuis mes années d'études,pour la réponse d'Épicure « La philosophie est une acti-vité, qui, par des discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse. » C'est définir la philosophie par sa plus grande réussite (la sagesse, la béatitude), et cela vaut mieux, même si la réussite n'est jamais totale, que de l'enfermer dans ses échecs. Le bonheur est le but la philosophie, le chemin. Bon voyage à tous!

mcco

Page 11: LA PHILOSOPHIE - IES MIGUEL DE MOLINOSiesmimoz.educa.aragon.es/filosofia/Documentos/Filo1/Lecciones1/Lec1... · ... (ouvrage philosophique, cours de philosophie ... la philosophie

IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. ©

11

Questions

1. Lisez attentivement le texte, en soulignant les mots et les expressions que vous ne comprenez pas.

2. Relevez dans le texte les expressions qui nous disent ce qu'est la philosophie et ce qu'elle n'est pas.

La philosophie/ philosopher, c’est........ □ Penser par soi-même □ Une aventure, un travail □ Une réflexion sur les savoirs disponibles □ S'interroger sur sa propre pensée □ Une dimension constitutive de l'existence

humaine □ Vivre avec la raison.

□ Questionnement radical □ Quête de la vérité globale □ Création et utilisation de concepts □ Réflexivité (pensée de la pensée) □ Méditation sur la propre histoire □ Recherche de la plus grande

rationalité possible □ Construction de systèmes, de théories □ Critique des préjugés, idéologies□ Un combat avec la raison □ Effort vers la sagesse □ Penser sa propre vie et vivre sa pensée □ « C'est une activité qui, par des

discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse »

La philosophie, ce n'est pas.....

□ Un science □ Une connaissance □ Une spécialité □ Un métier

3. D'après le texte, quels sont les ennemis et les amis de la philosophie ? 4. Son objet? Et son but? 5. Cherchez dans le texte les thèmes de la philosophie. 6. Est-ce la même activité «connaître» et «penser» ? Essayez de les définir. 7. À votre avis, tous les hommes sont-ils des philosophes ? Pourquoi ?

mcco