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Presses Universitaires du Mirail La population des villes du Mexique en 1595 selon une enquête de l'Inquisition Author(s): Georges BAUDOT Source: Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 37 (1981), pp. 5-18 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40850905 . Accessed: 15/06/2014 09:30 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.58 on Sun, 15 Jun 2014 09:30:39 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

La population des villes du Mexique en 1595 selon une enquête de l'Inquisition

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Presses Universitaires du Mirail

La population des villes du Mexique en 1595 selon une enquête de l'InquisitionAuthor(s): Georges BAUDOTSource: Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 37 (1981), pp. 5-18Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40850905 .

Accessed: 15/06/2014 09:30

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La population des villes du Mexique en 1595

selon une enquête de l'Inquisition PAR

Georges BAUDOT Université de Toulouse-Le Mirait

On est, aujourd'hui encore, assez peu outillé pour calculer la dimension précise des villes de l'Amérique espagnole au XVF siècle comme pour dresser un tableau satisfaisant des diverses catégories de population qui les habitaient. En particulier, les deux sources fonda- mentales qui ont surtout servi jusqu'à maintenant pour la fin du XVIe et le début du XVIIe siècles peuvent paraître insuffisantes au vu de certains beaux résultats de la démographie historique moderne dans des domaines parallèles ou complémentaires. Rappelons ainsi, pour mémoire, que nous ne disposons toujours pour les villes améri- caines que de deux textes plus ou moins dignes de crédit. D'abord, la chronique du cosmographe Juan López de Velasco : Géographie et Description Universelle des Indes, datée de 1574 et qui recense quel- que 225 villes du Nouveau Monde. Ensuite, la chronique d'un religieux ayant parcouru l'Amérique espagnole de 1612 à 1622, Fray Antonio Vázquez de Espinosa qui avait fait paraître en 1628 un Résumé et Description des Indes Occidentales où étaient consignés les chiffres de ses évaluations personnelles. Les renseignements proposés par ces

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deux textes ont été depuis longtemps utilisés et discutés par les historiens, faute de mieux 0). Je leur ai fait confiance moi-même récemment, à mon tour, à défaut d'autres informations (2).

Il me semble néanmoins que Ton peut aujourd'hui disposer de plus grandes précisions pour le Mexique et à une date cruciale, celle de 1595, soit la fin du règne de Philippe IL Date d'autant plus signi- ficative qu'elle s'inscrit presque exactement au beau milieu des deux estimations précédentes (1574 et 1625), ce qui peut permettre aussi d'esquisser le panorama de l'évolution urbaine du Mexique pour ces dates. Le texte qui pourrait servir ainsi à parfaire nos connaissances sur la population des villes mexicaines est un document que j'ai pu retrouver tout dernièrement dans une liasse d'Inquisition aux Archi- ves Historiques Nationales de Madrid. Il émane d'une Inquisition de Mexico soucieuse de son efficacité et qui cherchait en 1595-1596 à accroître ses moyens et son influence. On sait que créée officiellement et solennellement par une cédule royale du 25 janvier 1569, l'Inquisi- tion de Mexico fut installée plus tard, par une autre cédule du 16 août 1570 qui nommait les membres du tribunal et réglait les détails pra- tiques de son établissement (3). Bien entendu, le Saint-Office fut encore assez long à arriver et à mettre au point tous ses rouages. De la sorte, l'Inquisiteur Pedro Moya de Contreras n'arriva à Mexico que le 12 septembre 1571 et ne prêta serment que le 4 novembre. Dans ces conditions la nomination des premiers « familiers » de l'Inquisition (personnages essentiels à son bon fonctionnement) fut naturellement assez laborieuse. Une lettre de Moya de Contreras du 8 mai 1572 adres- sée au Conseil Suprême de l'Inquisition en Espagne en parlait déjà et même évaluait en hausse les besoins, cherchant dès le départ à obtenir un nombre de « familiers » supérieur à celui qui avait été

(1) Voir Sherburne F. Cook y Woodrow Borah, Ensayos sobre historia de la población : México y el Caribe, vols. I et II, México, Siglo Veintiuno eds., 1977- 1978 (Col. «América Nuestra», 2 y 13); Nicolás Sanchez Albornoz, La población de América latina. Desde los tiempos precolombinos al año 2000, Madrid, Alianza Editorial, 1977; Richard Konetzke, América Latina. II. Epoca colonial, Madrid, Siglo Veintiuno eds., 1971 (Col. Historia Universal Siglo XXI, 22). Pour les textes eux-mêmes des chroniques, voir : Juan López de Velasco, Geografía y Descripción Universal de las Indias, edición de Justo Zaragoza. Madrid, Boletín de la Sociedad Geográfica de Madrid, 1894; Fray Antonio Vázquez de Espinosa, Descripción de la Nueva España en el siglo XVII... y otros documentos del siglo XVII. Edición de Mariano Cuevas, S.J., México, 1944.

(2) Voir Georges Baudot, La vie quotidienne dans l'Amérique espagnole de Philippe IL XVI* siècle, Paris, Hachette Littérature, 1981, chap. Ill, p. 90-91 et chap. VI, p. 210.

(3) José Toribio Medina, Historia del tribunal del Santo Oficio de la Inquisición en México, ampliada por Julio Jimenez Rueda. México, Ediciones Fuente Cultural, 1952, Cap. I, p. 33-40.

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POPULATION DES VILLES DU MEXIQUE E« 1595 7

prévu à l'origine (4). En réalité, les premiers « familiers » de l'Inqui- sition de Mexico furent nommés le 30 juillet 1572, au nombre de douze pour la ville de Mexico (5). Un chiffre qui n'allait pas tarder à se révéler très insuffisant au vu de la population habitant la capitale du vice-royaume. Sans pour autant que les autorités métropolitaines s'en préoccupent beaucoup, apparemment, puisqu'elles manifestaient régulièrement les plus grandes réticences à augmenter le nombre des « familiers » au Mexique. Elles estimaient sans doute qu'il était suffi- sant pour une population espagnole, métisse, noire ou mulâtre largement minoritaire, et que l'Inquisition n'avait point à encadrer la population indienne, encore si largement majoritaire, puisque cette dernière échappait officiellement aux tribunaux du Saint-Office. Aussi plus de vingt ans passèrent ainsi, sans le moindre changement, et l'exaspération des responsables de l'Inquisition mexicaine commença de se faire sentir de plus en plus âprement. A la fin du siècle, cepen- dant, toute une série de pétitions vigoureusement exprimées avait fini par émouvoir le Conseil Suprême. Mais, celui-ci, dans sa haute pru- dence, devait commencer par ordonner une enquête statistique et démographique pour l'ensemble des villes du Mexique, afin de mieux se convaincre de l'opportunité d'une augmentation des « familiers ». Vraisemblablement, le Conseil Suprême n'envisageait de changer le nombre des « familiers » de l'Inquisition mexicaine qu'en raison d'un accroissement réel et dûment prouvé des populations urbaines. Et il voulait des chiffres précis et sérieux.

Ce sont donc les résultats de cette enquête qu'annonce la lettre datée de Mexico et du 29 novembre 1595 que le Dr. Lobo Guerrero et le Lie. Alonso de Peralta adressent au Conseil Suprême à Madrid, et que j'ai retrouvée, accompagnée des documents statistiques qui sont le fruit des investigations menées par les inquisiteurs mexicains pour convaincre le Conseil Suprême du Saint-Office métropolitain (6).

(4) Lettre du Dr. Moya de Contreras au Conseil Suprême de l'Inquisition, du 8 mai 1572, dans Archives Historiques Nationales de Madrid (dorénavant abrégées en A.H.N.), section Inquisición n° 1047, fol. 98 v° : « ...familiares en México ni en otra parte no se an nombrado hasta tener más asentadas las cosas de este Sancto Officio como bendicto Dios parece lo están y de cada día se van poniendo mejor... Ya conviene que los aya y son necessários y se nombrarán con brevedad y se tiene noticia de personas competentes que lo avrán de ser, entre ellos quatro o cinco en México de mucha calidad... y se procurarán aya algunos en los lugares principales... En la ciudad de la Veracruz que es todo el trato desta tierra no puede aver más de un familiar y convernía por lo menos oviesse quatro y que uno dellos truxese vara, por ser aquel lugar todo el año, mayormente a las llega- das y partidas de las flotas, frequentado de todo género de gentes de todas nacio- nes...

(5) Ibidem, fol. 135 r°. (6) Lettre du Dr. Lobo Guerrero et du Lie. Alonso de Peralta : « En México,

29 de noviembre 1595. - Recibida en Madrid a 20 de março de 1596 », dans Archi- ves Historiques Nationales de Madrid, Section Inquisición, libro n° 1049, fols. 53 r° -58 v°.

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La lettre présente donc l'enquête en ces termes : « ... (fol. 56v°) : ... Para lo que toca acrecentar el número de los familiares en que V.Sa. manda avissemos de los vezinos de México y las demás ciudades de esta Nueva España (fol. 58r°) : embiamos la memoria que verá V.Sa. hecha con la mayor puntua- lidad y verdad que se a podido. Y advertimos a Va.Sa. que de los mulatos, negros y mestizos conoce el Sancto Officio, conforme a la instruçión que se dió quando se fundó aquí, en que solamente se nos prohibe conocer de los Yndios... » (7).

Le document ainsi annoncé se présente aux fols. 54 r°-v° et 57 r°-v°. Son importance m'autorise à le proposer en entier, et je le transcris donc intégralement (8) :

« ... Fol. 54r° : ... MÉXICO. Vezinos : En cumplimiento de lo que por Va.Señoría me a sido mandado

e ynquirido e sabido con la certinidad que a sido posible, la vecindad de gente spañola y los demás, fuera de yndios, que al presente tiene esta ciudad de México e otras algunas desta Nueva España de que se a podido tomar rrelaçión y es como se sigue.

Por el padrón que hicieron desta dicha ciudad de México por man- dado del Visorrei don Luis de Velasco, Gonçalo Menéndez de Valdés e Joan Perez de Ribera, rreceptores de la rreal alcavala, parece que por mayo de noventa y dos que se acabó el dicho padrón avía quatro mill y ciento e sesenta y tres vezinos españoles con casas e familias, et por lo mucho que de aquel año a esta parte se ve averse aumentado esta dicha ciudad de gente y edefiçios, se ve claro que serán el día de oy cinco mili vezinos e mas, que contando cada familia destas por ocho personas, entre marido e muger e hijos e criados spañoles que es lo menos que parece podrán tener, son quarenta mill personas españolas las que abrá de presente. / 40 U /.

Monasterios : ay así mesmo de presente dentro desta dicha ciudad veinte e un monasterios de frailes e teatinos e monjas, sin otros dos que aora nuevamente se an fundado extra-muros desta dicha ciudad, y en los ya fundados avrà más de dos mili religiosos, frailes e monjas... / 02 U /.

clérigos: ay asimesmo quatro cientos clérigos sacerdotes y de evangelio y epístola con los prevendados de la catedral... / 00U400 /.

Colegios : ay asimismo quatro colegios, los tres de estudiantes e uno de niños huérfanos, que en los tres avrán duçientos estudiantes y en el de niños ciento... / 00 U 300 /.

estudiantes : acuden a los estudios de la Universidad y a los del coïegio de la compañía de Jesús ochocientos estudiantes ordinarios de todas facultades... / 00 U 800 /.

ospitales : ay así mesmo cinco ospitales donde se curan y rremedian muchos pobres de los desta ciudad y de fuera... / U /.

(7) Ibidem, fols. 56 v° et 58 r°, texte interrompu par une feuille intercalée. (8) Ibidem, Fols. 54 r°-v° et 57 r°-v°.

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POPULATION DES VILLES DU MEXIQUE EN 1595 9

mestiços : ay así mesmo gran suma de mestiços e mestiças, hijos de espa- ñoles e yndias que por bivir los más dellos mezclados entre la vecindad de los mismos yndios no se puede rreducir a quenta cierta, mas de que parece serán dos mili personas... / 0 2U /.

Mulatos e negros libres : ay así mismo gran cantidad de mulatos e mulatas, negros e negras libres, que por serlo biven de por sí, que serán mili y quinientas personas... / 0 2U /.

negros e mulatos esclavos : Avrà asimismo diez mili negros e negras, mula- tos e mulatas esclavos que biven en servicio de los españoles sus amos... / 10 U 000 /.

forasteros : Avrà de ordinario tres mili personas forasteros de diversas partes... / 3 U 000 /.

" 60 U

(Fol. 54 Vo) : Con lo que se pone mucho concurso de gentes que acuden de hordinario a esta ciudad, así en las flotas e armadas que vienen de los reinos de Castilla, como del Pirú e Yslas Philipinas, e otras muchas partes y de los demás pueblos, ciudades, villas y lugares deste reino. Es ya tan grande esta dicha ciudad de México que los que aora nuevamente an venido a ella de España, les parece ser otra segunda Sevilla en grandeça y afirman que fuera delia o de Madrid o Lisboa es el pueblo de mayor comercio concurso que an visto.

CIUDAD DE LOS ANGELES. La ciudad de los angeles, cabeça del obispado de Tlaxcala, tiene mil y ochocientos vezinos españoles de casas e familias, que rregulados a ocho personas por cada una familia son catorze mill y quatro cientos personas españolas... / 14 U 400 /. - Ay en esta ciudad gran cantidad de obrajes en que se labran mucha suma de paños y en los más de los dichos obraxes ay a ducientas personas y por que delias son muchos españoles e muchos mestiços y mulatos e negros libres : gente suelta que bive del dicho ministerio, de los quales avrà tres mil personas... / 03 U 000 /. - ay en esta ciudad demás de la catedral, obispo e prevendados e otros clérigos, ocho monasterios, los seis de frailes teatinos y los dos de monjas e tres ospitales de pobres e un colegio para criar niños huér- fanos y de los dichos ocho monasterios avrà duçientos religiosos, frailes teatinos e monjas... / U 200 /. - Avrà en esta ciudad dos mili y quinientos esclavos negros e negras, mulatos e mulatas que biven en servicio de spañoles... / 2 U 500 /.

20 U 100

CIUDAD DE VERACRUZ E PUERTO DE S. JUAN DE ULUA.

Tiene esta ciudad e obispado mui gran comarca e distrito de otras muchas ciudades, villas e pueblos en que biven mui gran suma da spañoles y principalmente cae en este obispado la ciudad de Veracruz e puerto de San Juan de Ulua donde thoman puerto las flotas de naos que vienen de Castilla y suele aver ordinarios en esta dicha

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ciudad e puerto quatro mil spañoles y otros tantos mulatos e negros libres y esclavos e mucha más gente quando están allí las flotas : 4 U

4 U - Ay en la dicha ciudad e puerto quatro monasterios de frailes en que abrá cinquenta religiosos, sin los que de hordinario pasan por allí... / U 050 /.

8 U 050

CIUDAD DE GUAXACA. La ciudad de Guaxaca, cabeça de aquel obispado tiene quinientos

vezinos españoles de casa e familia que rregulados por ocho personas son quatro mill e tendrá otros mill esclavos negros e mulatos e quinientos libres, con algunos mestiços; y en la comarca desta ciudad ay otros muchos pueblos de spañoles. Tiene así mismo quatro monas- terios de frailes e uno de monjas en que abrá setenta religiosos e treinta prevendados e clérigos estravagantes... / 4 U /

1 U U 500 U 100

5U600

(Fol. 57r°) : CIUDAD DE VALLADOLID.

La ciudad de Valladolid, cabeça del obispado de Mechoacán, tendrá cien vezinos españoles y en la de Pátzquaro donde tenía esta yglesia su primero asiento avrà otros ciento, que por ser todo uno se ponen juntos duçientos vezinos que regulados por ocho personas cada vezino son mili y seis cientos spañoles... / 1 U 600 /. - Y por ser tierra de muchas estancias de ganados ay mucha cantidad de mulatos, negros libres, que biven de la vaquería, los quales e los negros e negras, mulatos e mulatas esclavos, serán mili y quinientas personas... / 1 U 500 /. - Ay en esta ciudad demás del obispado e prevendados de la catedral quatro monasterios de frailes e uno de monjas, que en todos avrà sesenta religiosos... / U 060 /.

3 U 160

CIUDAD DE GUADALAJARA. La ciudad de Guadalajara, cabeça de aquel obispado e Nuevo Reino

de Galicia, donde asiste la cnancillería rreal de aquel rreino, tendrá ciento e cinquenta vezinos españoles de casas e familias que rregulados como queda dicho por ocho personas son mili y duçientos españoles... / 1 U 200 /. - Avrà en la dicha ciudad quinientos negros e negras, mulatos e mulatas libres y esclavos... / U 500 /. - Ay de ordinario cien forasteros de los que allí acuden a sus pleitos e a otros negocios... / U 100 /.

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- Ay en esta ciudad demás de la catedral, obispado e prebendados, tres monasterios de frailes, uno de monjas, que con todos avrà cin- quenta religiosos... / U 050 /.

1 U 850

CIUDAD DE ÇACATECAS. Tiene este obispado grandísimo distrito porque en él se yncluye la

Nueva Vizcaya y todo lo que cada día por aquella parte se va descu- briendo, e asi abrá en este obispado más de cien pueblos de españoles e poblaçones de minas de mucha gente española, y los demás negros e mulatos de servicio; y en este obispado caen las famosas minas e ciudad de los Çacatecas en que de ordinario solían residir tres o quatro mill spañoles. E aora de presente abrá mili y tres mili negros e mulatos, porque la demás gente a entrado la tierra adentro a poblar e fundar haciendas de minas nuevas... / 1 U

- ay en esta ciudad tres monasterios de frailes e teatinos en que avrà cinquenta religiosos... / U 050 /.

4 U 050

CIUDAD DE MÉRIDA. La ciudad de Mérida de la provincia de Yucatán, cabeça de aquel

obispado e provincia tiene quinientos vezinos españoles de casa y familia que regulados por ocho personas son quatro mill españoles... /4U /. - Ay en esta ciudad mill negros, mulatos y mestizos libres y esclavos... / 1 U A - Y demás de la catedral, obispado y prevendados y otros algunos clérigos, ay dos monasterios, el uno de frailes, el otro de monjas, que en ambos avrà treinta religiosos... / U 030 A

5 U 030

E como queda dicho que en el distrito deste arçobispado y en el de los cinco obispados rreferidos ay otras muchas ciudades, villas e pueb'os y congregaciones de minas en que abitan gran suma de gente (Fol. 57 v°) : española y con ellos gran cantidad de mestiços e mulatos e negros libres y esclavos, y en los más pueblos de los yndios ay asimesmo cantidad de spañoles, sin los que andan rrepartidos entre las estancias de ganados y labores que no se pueden rreducir a quenta cierta, y esto es lo que e podido saber y entender.

En México, veinte días del mes de octubre de mil y quinientos e noventa y cinco años. F°. de Vega. »

Avant d'envisager l'étude de ce document, et pour en finir d'abord avec les circonstances qui avaient amené son élaboration, disons rapi- dement que la réception à Madrid des chiffres de cette enquête démo- graphique (réception confirmée le 20 mars 1596) ne changea pas grand chose aux atermoiements du Conseil Suprême du Saint-Office.

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En effet, le 18 avril 1600 l'Inquisition de Mexico revenait à la charge pour insister sur le fait que la capitale de la Nouvelle Espagne était bien devenue une autre Seville ou même plus grande et que les douze « familiers » ne suffisaient plus du tout à la tâche (9). Peine perdue, encore une fois, si Ton en croit une deuxième lettre de l'In- quisition de Mexico du 23 mai 1603 où les mêmes réclamations étaient inlassablement exposées (10). Mais, là n'est point aujourd'hui notre sujet.

L'enquête du 20 octobre 1595 que nous avons devant les yeux appelle tout d'abord plusieurs remarques préliminaires.

On constate ainsi tout de suite que les chiffres avancés pour la population espagnole ordinaire de la ville de México ne sont pas le fruit direct du travail des inquisiteurs, mais plutôt ceux d'une statistique fiscale dressée auparavant par deux receveurs des droits sur les marchandises vendues, Gonzalo Menéndez de Valdés et Joan Pérez de Ribera, et achevée en mai 1592. Le Saint-Office mexicain se limite à corriger en hausse les chiffres des receveurs, par l'ajout de 837 foyers comportant 6 696 personnes, pour tenir compte de l'accrois- sement de cette population espagnole pendant les trois ans et demi plus ou moins qui séparent les deux estimations. Ce qui propose donc un taux de croissance d'un peu plus de 20 % pour cette période, c'est- à-dire presque 5,75 % de croissance annuelle entre 1592 et 1596. C'est évidemment assez considérable, mais fort prudemment évalué, sem- ble-t-il. On replacera, en effet, ces chiffres dans l'ensemble composé par ceux que nous possédons sur Mexico selon les calculs de López de Velasco en 1574 et ceux qui sont issus des évaluations de Vasquez de Espinosa en 1625. Notons ainsi, que selon ces auteurs, entre 1574 et 1625, soit en une cinquantaine d'années, le district de l'Audience de Mexico aurait vu la population espagnole de ses villes se multiplier par six, soit croître à un taux annuel de 12 % en moyenne. Vásquez de Espinosa compte ainsi à Mexico pour 1625 quelque 15 000 « vezi- nos » ou foyers espagnols, ce qui donne 90 000 personnes selon les calculs personnels du religieux qui n'attribue que six personnes à

(9) A.H.N. Madrid, section Inquisición, libro n° 1049, fol. 410 r° : « ...Esperando estamos la resolución que V.Sa, avrà sido servido de tomar en el acrecentamiento del número de familiares por el mucho que ha crecido en gente y vezindad esta Ciudad, pues es otra Sevilla o mayor y no se puede acudir con doze familiares a lo público del Officio, y es causa de que padezca en muchas cosas que se ofrescen... ».

(10) A.H.N. Madrid, sec. Inquisición, lib. n° 1049, fol. 656 r° : « ... Assimismo se a significado a V.Sa. como por la multiplicación de la gente ay necessidad se avrà el número de los familiares en esta ciudad y en los lugares del districto, porque por falta dellos se padesce en gran manera en lo público del Officio, por no aver quién acuda a lo que se ofresce y tener necessidad de aprovecharnos de personas que no sean ministros... ».

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POPULATION DES VILLES DU MEXIQUE E« 1595 13

chaque foyer (domestiques et « nourris » compris), alors que l'Inqui- sition en compte huit par foyer. A suivre les évaluations inquisitoria- les (afin de pouvoir faire une comparaison cohérente) la population espagnole de Mexico qui comptait 40 000 personnes en 5 000 foyers en 1595, aurait dû s'établir autour de 120 000 personnes en 1625, et donc tripler entre 1595-96 et 1625, soit en trente ans, avec un taux de crois- sance annuelle de 10 % en moyenne. On comprend que l'estimation faite par l'Inquisition entre 1592 et 1595 puisse être considérée comme très modérée.

Bien entendu, il conviendrait de savoir avec précision qui de l'In- quisition ou de Vásquez de Espinosa est plus proche de la réalité en comptant 8 ou 6 personnes par « vezino español de casa y familia ». La question, en réalité, n'est pas nouvelle. On peut faire remarquer, en effet, que les plus récentes recherches démographiques de Sher- burne F. Cook et Woodrow Borah se sont penchées déjà et avec un soin méticuleux sur ce problème particulier qui empoisonne souvent les calculs de population pour le Mexique des vice-rois (u). A en croire les deux chercheurs nord-américains, les « vezinos casados » sont l'élément démographique le plus stable de la structure sociale du Mexique pour l'époque et la proportion de ce type de population dans une évaluation générale se présente comme la donnée clef. Si l'on prend alors la fameuse Suma de visitas de pueblos pour la décen- nie de 1540, on trouve que Cook et Borah évaluent pour chaque habi- tat (« casa y familia » selon les termes mêmes de notre document inquisitorial) une moyenne de 6,05 personnes pour Mexico et ses alentours, de 6,28 personnes pour Puebla-Veracruz, de 6,69 person- nes pour l'ensemble du Michoacán et de 7,38 personnes pour le Jalisco (12). Les deux démographes nord-américains observent en outre que dans bien des cas l'unité « vezino de casa y familia » com- prenait plus d'un couple marié. En général et pour l'ensemble du pays la moyenne aurait été de 6,73 personnes pour les unités fami- liales des villages recensés par la Suma de visitas... Mais, il y avait sûrement une belle différence entre foyers ruraux et foyers urbains, d'autant que Cook et Borah ont envisagé une population composée à la fois de familles indiennes et de familles espagnoles, alors que l'Inquisition n'a abordé que ces dernières sur lesquelles s'exerçait son action. Pour la deuxième moitié du XVIe et les débuts du XVIIe siècles, la notion de « vezino » paraît encore plus fluctuante, et comme le remarque W. Borah à propos d'un recensement des colons espa-

(11) S.F. Cook et W. Borah, Ensayos sobre historia de la población..., o.e., I, Cap. III : Familias y casas en las enumeraciones mexicanas después de la conquista española, p. 126-141.

(12) Ibidem, p. 131, Cuadro 7.

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gnols de Nouvelle Biscaye en 1604, les « alcaldes mayores » qui pré- sidaient aux municipalités usaient souvent de leur libre appréciation pour déterminer le contenu précis de l'appellation « vezino ». Il arrivait même qu'ils ne concordaient pas toujours entre eux dans la même région et que Ton pouvait y ranger, selon les cas, des enfants adultes, des veuves, voire des contre-maîtres chargés d'une exploita- tion agricole ou minière (13). S. Cook et W. Borah ont donc conclu au fait que le nombre de « vezinos de casa y familia » restait une base assez inexacte pour évaluer une population globale. Malheureuse- ment, les renseignements de l'Inquisition n'en comportent pas d'au- tre. En fait, à tout bien considérer, l'Inquisition pourrait ne pas être taxée d'exagération « calculée » ou de mauvaise foi intéressée en attribuant huit personnes par « vezino », si l'on songe qu'elle ne comptait exclusivement que des foyers espagnols urbains, donc de plus forte densité que ceux des campagnes puisque s'y amalgamaient une assez forte proportion de parents, d'alliés, de clients ou de « nour- ris » dont le Saint-Office connaissait l'importance : « ... que es lo menos que parece podrán tener... ». Enfin, il semble aller de soi que des recensements fiscaux ne pouvaient compter que des asujettis à l'impôt ou susceptibles de l'être, c'est-à-dire des entités fiscales, alors que l'Inquisition se voulait essentiellement exhaustive, tentant d'en- glober un chiffre aussi complet que possible d'âmes à surveiller pour garantir la pureté de la foi et partant l'assurance du salut éternel.

Une autre remarque qui semble bien s'imposer aussi d'emblée concerne les chiffres des populations marginales dont l'Inquisition a tenu compte : noirs et mulâtres libres, métis et enfin esclaves. Tout d'abord, on notera une légère erreur dans notre document, due sans doute à une distraction du rédacteur, lors de l'évaluation des mulâtres et des noirs libres de Mexico, comptés pour mil cinq cents personnes, mais affichés 2 000 en fin de paragraphe. En fait, on retiendra surtout l'importance de ces populations marginales, calculées souvent approximativement par l'Inquisition qui insiste à plusieurs reprises sur les difficultés quelle rencontre à bien les cerner. Les chiffres, néan- moins, sont assez impressionnants. Rien que pour Mexico, les esclaves noirs ou mulâtres comptent pour un sixième de la population recen- sée, à quoi s'ajoutent des métis, des noirs ou des mulâtres affranchis, en nombre considérable, ce qui donne au total presque un quart de population allogène marginale, soit exactement 22,5 %. La proportion la plus basse de population noire, mulâtre ou métisse se rencontre à Mérida du Yucatán où elle représente 19,88 % de l'ensemble recensé.

(13) W. Borah, « Francisco de Urdiñola's census of the Spanish settlements in Nueva Vizcaya, 1604 », dans Hispanic American Historical Review, XXXV, p. 398-402 (1955).

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Puis, viennent dans Tordre Oaxaca avec 26,78 % d'allogènes margi- naux, Puebla de los Angeles avec 27,36 %, pour atteindre des sommets à Valladolid du Michoacán qui compte 47,46 °/o de noirs, métis ou mulâtres, ou à Veracruz qui y trouve presque la moitié de sa popu- lation avec 49,68 °/o, et enfin à Zacatecas qui comptait en 1595 74 % de sa population dans cette catégorie, mais ici en raison de circons- tances extraordinaires dues à l'émigration espagnole pionnière vers le nord minier, puisque selon notre document Zacatecas comptait peu auparavant 42,55 °/o de noirs et mulâtres. Au vu de ces chiffres, faut-il penser que l'Inquisition grossissait démesurément certaines catégo- ries sociales ? A-t-elle voulu faire peur au Conseil Suprême du Saint- Office en exagérant l'importance d'une population colorée, allogène, marginale, dont les croyances religieuses étaient toujours suspectes et dont la foi chrétienne paraissait de toute évidence peu assurée, souvent tentée par les hétérodoxies les plus diverses ? Il est certain, pourtant, que tous les témoignages d'époque, à partir de la deuxième moitié du XVIe siècle, confirment la multiplication de cette popula- tion. Dès 1553, le vice-roi Luis de Velasco trouvait que : « ...le pays est plein de tant de nègres et de métis qu'ils dépassent grandement en nombre les Espagnols et ils sont tous prêts à rejoindre tous les révoltés possibles... ». Quarante ans après, à une date qui est presque celle de notre recensement inquisitorial, en 1593, un autre vice-roi de Nouvelle Espagne, le deuxième Luis de Velasco constatait que cette population marginale restait fort préoccupante, tant par son nombre excessif que par les conduites qu'entraînait sa marginalité elle-même dans une société strictement hiérarchisée où elle n'avait guère sa place : « ... la société souffre d'être envahie par une population per- due et errante, qui ne travaille pas parce qu'elle ne trouve pas d'em- ploi. Cette population errante maltraite et insulte les Indiens comme les Espagnols. Elle parvient toujours à s'échapper tant ce pays est vaste... » (14). Bref, on peut donc tout simplement admettre que les chiffres retenus par l'Inquisition en 1595 correspondent assez bien aux sentiments et à l'impression des contemporains qui vivaient l'évé- nement, et ne voyaient pas sans inquiétudes les métis, mulâtres et noirs, esclaves ou libres, représenter 28,28 % de la population urbaine pour l'ensemble du pays.

Le dernier point qui pourrait retenir l'attention du lecteur lors d'une première approche rapide du document serait le nombre des membres du clergé reconnu par l'Inquisition. Evidemment, on ne manquera pas de souligner aussi le nombre des étudiants et des étrangers recensés à Mexico, qui est remarquable (plus de 1 000 étu-

(14) Norman F. Martin, Los vagabundos en la Nueva España. Siglo XVI, Mexico, 1957, p. 106.

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diants et quelque 3 000 étrangers pour une ville de 60 000 habitants au XVIe siècle, en Amérique). Mais, le clergé, en raison de son impor- tance pour la diffusion de la foi et de son rôle pour la sauvegarde de l'orthodoxie religieuse, a poussé tout particulièrement l'Inquisition mexicaine à dresser des comptes précis. Comme si l'attribution d'un nombre supplémentaire de « familiers » en dépendait. On y notera d'abord certaines incohérences. Ainsi, tantôt le clergé est compté globalement (religieux, séculiers, chanoines, enseignants des collèges, etc.. confondus dans un même chiffre), tantôt il est dénombré en détail, en spécifiant les diverses qualités de la profession. De toutes façons, l'Inquisition a compté ici le clergé comme une catégorie à part de la population, méritant un inventaire spécifique, afin de mieux convaincre, probablement, le Saint-Office métropolitain. L'enquête inquisitoriale relève ainsi l'existence en 1595 de 54 monastères ou couvents pour l'ensemble des huit villes mexicaines examinées, ce qui correspond bien aux chiffres connus aujourd'hui sur l'implanta- tion missionnaire dans les villes du Mexique à la fin du XVIe siècle. Le nombre des ministres du culte résidant dans ces villes, 2 940 per- sonnes, peut paraître toutefois assez faible pour ces dates et le taux d'implantation du clergé assez limité pour certaines villes (jusqu'à moins de 1 % à Puebla), à l'exception de Mexico où il est de 4 °/o de la population. Cependant, force est de constater que cela peut corres- pondre en gros à ce que nous savons, puisqu'on retrouve plus ou moins les 110 religieux qui, en moyenne, partaient chaque année pour l'Amérique espagnole toute entière pendant le règne de Phi- lippe IL Tous les ans ne connaissaient pas des moissons aussi abon- dantes que 1572 où 335 Franciscains et 215 Dominicains avaient fait le voyage. Et à tout bien considérer on n'est pas trop loin des cal- culs qui avancent jusqu'à la mort de Philippe II en 1598 quelque 2 200 Franciscains, 1 670 Dominicains, 470 Augustins, 300 Mercédaires et 350 Jésuites ayant pu gagner l'Amérique pour s'y consacrer aux tâches missionnaires (!5). Une fois de plus, on enregistre la bonne insertion des résultats de l'enquête organisée par l'Inquisition de Mexico en 1595 dans l'ensemble des chiffres disponibles aujourd'hui pour la fin du XVIe siècle, et venant de sources fort différentes. Il s'agit donc d'une enquête bienvenue à plus d'un titre, tant par ce qu'elle permet de confirmer que par les apports particuliers qu'elle comporte sur l'importance et la composition des populations urbai- nes. Le tableau suivant tente d'en présenter clairement l'essentiel au lecteur :

(15) Ernesto Schäefer, El Consejo Real y Supremo de las Indias, Seville, 1935- 1947, tome II, p. 227 et sq.

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II conviendra, néanmoins, pour conclure, de bien situer la valeur globale de ce document et sa place dans le cadre d'une appréciation démographique complète du Mexique à la fin du XVIe siècle. En effet, deux absences de taille limitent singulièrement sa portée géné- rale. D'une part, l'enquête de l'Inquisition ne s'intéresse qu'aux villes et ne comptabilise pas les populations espagnoles, métisses, mulâtres ou noires des campagnes. D'autre part, l'Indien, exclu de la juri- diction des tribunaux du Saint-Office, n'y figure jamais. Or en 1595, l'Indien était encore l'immense majorité de la population du vice- royaume de Nouvelle Espagne, peut-être même dans les villes. Face à ces 107 840 non-Indiens habitants des villes recensés ici, il y a selon les calculs de S.F. Cook et W. Borah (16) environ 1 375 000 Indiens en 1595, villes et campagnes confondues. Ajoutons, à titre de comparai- son relative, que pour le début du XVIIe siècle, pour 1605, Cook et Borah proposent à leur tour une population non-Indienne (composée d'Espagnols, de noirs, de métis et de mulâtres) de près de 200 000 personnes, villes et campagnes confondues, face à 1 075 000 Indiens (17). Nonobstant, le problème qui seul nous intéresse ici, celui des chiffres globaux de la population urbaine, reste sans solution. Comment séparer, en effet, les seuls Indiens des villes à l'exclusion de ceux des campagnes dans les chiffres fournis par les démographes de Berkeley ? Même si les villes de la Nouvelle Espagne n'étaient pro- bablement pas l'habitat favori et prioritaire des Indiens et si les noyaux denses de population aborigène se retrouvaient le plus sou- vent dans les bourgs agricoles des campagnes, on ne saurait négliger la présence indienne, sûrement marquante, dans ces villes du Mexi- que. Voulues comme des avatars lointains et rassurants des cités de l'Espagne, les villes du Mexique des vice-rois gagnaient pourtant les meilleurs attributs de leur originalité et de leur personnalité à ces présences indiennes génératrices d'identité américaine dont nous n'arrivons pas à prendre aujourd'hui l'exacte mesure.

(16) Sherburne F. Cook et Woodrow Borah, The Indian population of Central Mexico. 1531-1610, Berkeley and Los Angeles, University of California Press, 1960, p. 48.

(17) Ibidem, p. 49, note 49.

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