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1 Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient) FICHE SEQUENCE. La Première Guerre mondiale : l’expérience combattante dans une guerre totale Résumé : Cette séquence s’inscrit dans le thème 2 du programme d’Histoire de 1 ère ES-L : LA GUERRE AU XXe SIECLE . Cette question invite à montrer la manière dont les deux conflits mondiaux témoignent de l’entrée dans l’ère de la « guerre totale », aboutissant à la prise de conscience progressive de la nécessité d’une régulation mondiale pour préserver la paix. Chacun des conflits est abordé en s’interrogeant sur les transformations de la nature de la guerre à partir du sort qui est réservé aux combattants et aux populations. La première étude s’intitule : La Première Guerre mondiale : l’expérience combattante dans une guerre totale et est l’objet de cette fiche séquence. L’ambition de cette fiche et de sa démarche est de traiter cette question en s’appuyant le plus possible sur des témoignages et sources locales. La séquence s’appuie sur deux dossiers documentaires qui traitent de l’expérience combattante et de ses implications pour les civils. Ces dossiers permettent de traiter ces deux aspects de la guerre totale et de passer ensuite à l’élaboration de la notion de guerre totale. Cette étude permet ensuite de définir le concept de guerre totale par le biais de l’expérience combattante et de ses implications sur les sociétés. Le temps consacré à cette séquence est de 4 heures. Niveau : classe de Première ES-L. Discipline : Histoire. Objectifs généraux : montrer que la première guerre mondiale et la violence de masse qu’elle inflige aux combattants bouleverse les sociétés, qu’elle est une guerre totale. Capacités mises en oeuvre : I- Maîtriser des repères chronologiques et spatiaux 1) Identifier et localiser - nommer et périodiser les continuités et ruptures chronologiques - situer et caractériser une date dans un contexte chronologique 2) Changer les échelles et mettre en relation - situer un événement dans le temps court ou le temps long - mettre en relation des faits ou événements de natures, de périodes, de localisations spatiales différentes (approches diachroniques et synchroniques) II- Maîtriser des outils et méthodes spécifiques 1) Exploiter et confronter des informations - identifier des documents (nature, auteur, date, conditions de production) - prélever, hiérarchiser et confronter des informations selon des approches spécifiques en fonction du document ou du corpus documentaire - cerner le sens général d’un document ou d’un corpus documentaire et le mettre en relation avec la situation historique ou géographique étudiée - critiquer des documents de types différents (textes, images, cartes, graphes, etc.) 2) Organiser et synthétiser des informations - décrire et mettre en récit une situation historique ou géographique - rédiger un texte ou présenter à l’oral un exposé construit et argumenté en utilisant le vocabulaire historique et géographique spécifique - lire un document (un texte ou une carte) et en exprimer oralement ou par écrit les idées clés, les parties ou composantes essentielles ; passer de la carte au croquis, de l’observation à la description

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1 Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)

FICHE SEQUENCE.

La Première Guerre mondiale : l’expérience combattante dans une guerre totale

• Résumé : Cette séquence s’inscrit dans le thème 2 du programme d’Histoire de 1ère ES-L : LA GUERRE AU XXe SIECLE. Cette question invite à montrer la manière dont les deux conflits mondiaux témoignent de l’entrée dans l’ère de la « guerre totale », aboutissant à la prise de conscience progressive de la nécessité d’une régulation mondiale pour préserver la paix. Chacun des conflits est abordé en s’interrogeant sur les transformations de la nature de la guerre à partir du sort qui est réservé aux combattants et aux populations. La première étude s’intitule : La Première Guerre mondiale : l’expérience combattante dans une guerre totale et est l’objet de cette fiche séquence. L’ambition de cette fiche et de sa démarche est de traiter cette question en s’appuyant le plus possible sur des témoignages et sources locales. La séquence s’appuie sur deux dossiers documentaires qui traitent de l’expérience combattante et de ses implications pour les civils. Ces dossiers permettent de traiter ces deux aspects de la guerre totale et de passer ensuite à l’élaboration de la notion de guerre totale. Cette étude permet ensuite de définir le concept de guerre totale par le biais de l’expérience combattante et de ses implications sur les sociétés. Le temps consacré à cette séquence est de 4 heures.

• Niveau : classe de Première ES-L.

• Discipline : Histoire.

• Objectifs généraux : montrer que la première guerre mondiale et la violence de masse qu’elle inflige aux combattants bouleverse les sociétés, qu’elle est une guerre totale.

• Capacités mises en œuvre :

I- Maîtriser des repères chronologiques et spatiaux 1) Identifier et localiser - nommer et périodiser les continuités et ruptures chronologiques

- situer et caractériser une date dans un contexte chronologique 2) Changer les échelles et mettre en relation - situer un événement dans le temps court ou le temps long

- mettre en relation des faits ou événements de natures, de périodes, de localisations spatiales différentes (approches diachroniques et synchroniques)

II- Maîtriser des outils et méthodes spécifiques 1) Exploiter et confronter des informations - identifier des documents (nature, auteur, date, conditions de production)

- prélever, hiérarchiser et confronter des informations selon des approches spécifiques en fonction du document ou du corpus documentaire - cerner le sens général d’un document ou d’un corpus documentaire et le mettre en relation avec la situation historique ou géographique étudiée - critiquer des documents de types différents (textes, images, cartes, graphes, etc.)

2) Organiser et synthétiser des informations

- décrire et mettre en récit une situation historique ou géographique - rédiger un texte ou présenter à l’oral un exposé construit et argumenté en utilisant le vocabulaire historique et géographique spécifique - lire un document (un texte ou une carte) et en exprimer oralement ou par écrit les idées clés, les parties ou composantes essentielles ; passer de la carte au croquis, de l’observation à la description

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III- Maîtriser des méthodes de travail personnel 1) Développer son expression personnelle et son sens critique

- critiquer des documents de types différents (textes, images, cartes, graphes, etc.)

2) Préparer et organiser son travail de manière autonome

- prendre des notes, faire des fiches de révision, mémoriser les cours (plans, notions et idées clés, faits essentiels, repères chronologiques et spatiaux, documents patrimoniaux) - mener à bien une recherche individuelle ou au sein d’un groupe ; prendre part à une production collective - utiliser le manuel comme outil de lecture complémentaire du cours, pour préparer le cours ou en approfondir des aspects peu étudiés en classe

• Déroulement :

Première séance : 1h30 -1er temps : présentation des origines et des étapes de la guerre. 40 minutes. Appui sur un diagramme des origines de la guerre et un tableau chronologique du conflit. (joints à la fiche)

-2e temps : travail de groupes en classe. Avant la séance, les élèves ont lu, à la maison, le corpus documentaire et ont réfléchi aux principaux thèmes qu’il contient. Par groupes de 3 ou 4, les élèves traitent la consigne d’un des deux dossiers (soit l’expérience combattante, soit ses répercussions pour les civils) en classant les informations des documents dans un tableau à double entrée : une colonne par thème du dossier. Le professeur apporte éventuellement son aide pour aider les groupes à déterminer les thèmes. 45 minutes. Deuxième séance : 1 h30 -1er temps : l’un des groupes qui a travaillé sur l’expérience combattante présente son tableau (qui aura été réalisé sur transparent ou traitement de texte, ou photocopié, scanné…). Les autres groupes qui ont effectué ce travail complètent les éventuels oublis pour parvenir à une trace écrite commune. Les autres élèves questionnent, le professeur complète par des informations non contenues dans le corpus. 30 minutes. Le tableau final est ensuite photocopié pour tous les élèves (voir exemple de tableau proposé). -2er temps : l’un des groupes qui a travaillé sur les répercussions pour les civils présente son tableau (qui aura été réalisé sur transparent ou traitement de texte, ou photocopié, scanné…). Les autres groupes qui ont effectué ce travail complètent les éventuels oublis pour parvenir à une trace écrite commune. Les autres élèves questionnent, le professeur complète par des informations non contenues dans le corpus. 30 minutes. Le tableau final est ensuite photocopié pour tous les élèves (voir exemple de tableau proposé). Troisième séance : détermination de la notion de guerre totale. 1 heure A partir du travail réalisé au cours des deux séances mais aussi en remobilisant des connaissances de la classe de Troisième : par une discussion entre la classe et le professeur, faire émerger les idées suivantes : une guerre mondiale qui a entrainé des bouleversements géopolitiques, une guerre industrielle et technologique, une guerre de masse avec un lourd bilan, une guerre qui a mobilisé et transformé la société. Présentation par le professeur du diagramme de synthèse (joint) : la Première Guerre mondiale, une guerre totale.

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3 Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)

Les origines de la Première Guerre

Mondiale

Les impérialismes coloniaux. Les empires coloniaux. Royaume-Uni : Colonies : Afrique de l’Est, Afrique du Sud, Indes. Dominions : Canada, Australie, Nouvelle-Zélande. France : Colonies : Afrique Occidentale Française (AOF) Afrique Equatoriale Française (AEF), Algérie, Madagascar, Indochine. Belgique : Congo. Italie : Libye, Somalie. Allemagne : Cameroun, Sud-Ouest Africain, Afrique Orientale. Des tensions importantes ont opposé les Etats européens lors de la conquête de ces colonies (France/ Roy –Uni, Allemagne/France).

Les impérialismes en Europe. Pangermanisme : des nationalistes allemands souhaitent rassembler tous les peuples germaniques d’Europe dans l’empire allemand (Autrichiens, Tchèques, Allemands de l’empire russe). Panslavisme : des nationalistes russes veulent rassembler tous les peuples slaves d’Europe dans un grand empire (Polonais, Tchèques, Serbes, Croates…) Ces deux ambitions s’opposent car elles réclament des territoires parfois identiques.

Des empires européens fragilisés. De grands empires au centre de l’Europe composés de multiples peuples. Empire Russe : Russes, Polonais, Baltes. Empire Austro-Hongrois : Autrichiens, Hongrois, Tchèques, Slovaques, Roumains, Croates, Bosniaques. Empire d’Allemagne : Allemands, Alsaciens, Lorrains. Empire Ottoman : a perdu ses territoires européens en 1912-1913. Les peuples dominés de ces empires (nationalité) réclament leur indépendance ou sont réclamés pour intégrer d’autres Etats (ex: Serbie veut créer une Grande Serbie incluant les Croates et Bosniaques d’Autriche-Hongrie).

Des systèmes d’alliances. Pour se protéger des ambitions de leurs voisins les Etats européens créent deux grands systèmes d’alliances militaires. La Triple Alliance: Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie. La Triple Entente : France, Royaume-Uni, Russie. Ces alliances sont dangereuses car elles prévoient une entrée automatique en guerre des alliés si l’un des trois est attaqué.

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LES ETAPES DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE. PHASES DU

CONFLIT GUERRE DE MOUVEMENT

AOUT 1914-NOVEMBRE 1914. GUERRE DE POSITION

(GUERRE DES TRANCHEES) NOVEMBRE 1914-MARS 1918.

DEUXIEME GUERRE DE MOUVEMENT.

MARS 1918- NOVEMBRE 1918. BELLIGERENTS ET CONTEXTE INTERNATIONAL

GUERRE EUROPEENNE. Triple Entente et Triple Alliance. 1er octobre 1914 : entrée en guerre de l’Empire Ottoman aux côtés de la Triple Alliance MONDIALISATION DU CONFLIT PAR APPEL AUX COLONIES. 500000 africains appelés par la France en Europe pour combattre + main-d’oeuvre. Dominions blancs participent au conflit : Australiens, Canadiens, Néo-Zélandais… Entrée en guerre du Japon contre l’Allemagne dans les îles du Pacifique Nord.

22 et 27 mai 1915 : entrée en guerre de l’Italie contre l’Autriche – Hongrie puis l’Allemagne. 14 octobre 1915 : entrée en guerre de la Bulgarie aux côtés de la Triple Alliance. 2 avril 1917 : entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés de l’Entente. (envoi de 2 millions de soldats en Europe + industrie puissante). Juin 17 : entrée en guerre de la Grèce aux côtés de l’Entente. 1er août 1917 : entrée en guerre de la Chine contre Allemagne et Autriche- Hongrie.

Mars : paix entre l’Allemagne et la Russie bolchevique : traité de Brest-Litovsk.

PRINCIPALES OPERATIONS MILITAIRES.

Août 1914 : Offensive allemande : plan Schlieffen : surprendre et vaincre rapidement à l’Ouest pour ensuite concentrer les forces à l’Est : attaque par la Belgique neutre. avancée des troupes allemandes jusqu’à 40 km de Paris septembre 1914 : contre-offensive française : Bataille de la Marne du 6 au 13 sept menée par Joffres. Octobre – novembre 1914 : Course à la mer : volonté de contourner l’ennemi par le Nord Stabilisation des fronts. 300000 tués et 600000 portés disparus, blessés ou prisonniers en France. EST : offensive surprise des Russes arrêtée à Tannenberg par Ludendorf en août.

Enlisement des offensives : les armées s’enterrent le long du front. Grandes offensives meurtrières pour briser le front ennemi. Bataille de Verdun : février 1916 - décembre 1916. Offensive allemande : échec. Victoire française menée par Philippe Pétain. 243000 allemands et 262000 français tués. Bataille de la Somme : juillet - novembre 1916 : échec français Chemin des Dames : avril 17 : échec français Ypres : juillet 17. : échec anglais. Des centaines de milliers de tués à chaque offensive. Seule réussite : victoire autrichienne à Caporetto en novembre 1917. Guerre sous-marine : Début en février 17 : sous-marins allemands coulent tous les navires alliés et neutres pour répondre au blocus. Aggrave tension avec Etats-Unis : en 1915, les Allemands avaient déjà coulé un paquebot, le Lusitania, sur lequel voyageaient des américains. Les Etats-Unis entrent en guerre au nom de la liberté des mers. Octobre 1917 : Révolution Russe : mars 18 : paix de Brest-Litovsk entre Bolcheviks et Allemands : Allemagne peut se concentrer à l’Ouest.

Les Allemands veulent vaincre avant l’arrivée massive des Américains. Offensives en Picardie, Artois, Champagne. Paris est bombardé par la Grosse Bertha. Le général Foch devient généralissime des forces alliées pour coordonner l’armée alliée. Echec de l’offensive allemande face à la supériorité alliée ( chars et aviation ). Front de l’Est : Puissances centrales (Autriche-Hongrie, Bulgarie, Empire Ottoman) demandent armistice en octobre 1918. Front de l’Ouest : Juillet 18 : offensive alliée : recul des Allemands. Ravitaillement allemand de + en + catastrophique. Novembre1918 : rébellion des marins de Kiel et extension de la révolution. 9 novembre 1918 : Guillaume II abdique. 11 novembre : l’armistice est accepté par les alliés.

VIE POLITIQUE FRANCAISE

31 juillet : assassinat de J. Jaurès. 1er août : mobilisation générale. Union Sacrée.

1915 : Aristide Briand : président du Conseil lance le 1er

emprunt national de guerre. 1917 : fissures dans l’Union Sacrée : crise morale, début rationnement, vague de grèves. 16 novembre 1917 : Georges Clemenceau est pdt du Conseil.

Epidémie de grippe espagnole. Juin : cartes d’alimentation.

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L’expérience combattante au front...

DOCUMENT 1.

DOCUMENT 2. Le village de Paschendaele durant la bataille de Flandres en 1917.

DOCUMENT 3. Par bonds, entre les rafales de 210, nous atteignîmes la route de Somme-Py, cette route était bordée d'arbres que les obus fauchaient systématiquement et qui barraient la route à plusieurs endroits. Sous un tronc d'arbre, en travers de la route, un soldat avait la tête écrasée. Au pied d'un tronc coupé, un autre avait les jambes sectionnées sous le corps et semblait assis sur ses talons, présentant les quatre faces du sectionnement de ses membres, et hélas! Beaucoup d'autres ainsi, jonchaient le terrain, un peu partout. Les cadavres français, sur ce terrain, y étaient beaucoup plus nombreux que les allemands. Pendant six jours que je parcourus ce rayon, je vis les mêmes morts, auxquels s'ajoutaient chaque jour des hommes de corvées ou de liaison, tués à tout instant, surtout la nuit… Près de la route, à gauche, se trouvait un important dépôt de torpilles boches, une demi-douzaine de cadavres étaient aux abords. Le lendemain, 7 octobre, en repassant à cette même place, je remarquai que les torpilles avaient sauté et que des morceaux de cadavres déchiquetés étaient rejetés aux environs, deux brancardiers les ramassaient dans une toile de tente. Un peu plus loin était la cabane du cantonnier; elle était pleine de sang, des blessés avaient dû s'y réfugier, pour se mettre à l'abri des éclats d'obus, et beaucoup y avaient été certainement pansés. Ambroise Harel, Mémoires d’un Poilu breton, Editions Ouest-France, 2012.

DOCUMENT 4. « La compagnie était rassemblée dans un champ en pente, à chaque minute, l'ennemi lançait sur le croisement quatre obus à gaz de calibre 210 qui venaient éclater devant nous avec un bruit d'enfer. Heureusement beaucoup de ces obus éclataient dans l'eau faisant jaillir jusqu'à cinquante mètres de hauteur des gerbes de gouttes étincelantes, comme un feu d'artifice. Nous ne disposions que de masques primitifs: un tampon sur la bouche retenu par trois lacets. » Laurent Tromeur (originaire de Brasparts), Mémoires d’un poilu.

Soldats du 94e R.I. équipés pour affronter les gaz.

DOCUMENT 6. Chasse aux rats dans les tranchées.

DOCUMENT 7 :

DOCUMENT 5.

Albert Jugon, mutilé de la face (« gueule cassée »), originaire de Montreuil-sur-Ille (Ille-et-Vilaine).

Ecole nationale d’agriculture de Rennes: Rééducation des mutilés. Photo Edouard Brissy (ECPAD, SPA 97 D 5360)

Consignes. A l’aide des documents, expliquez l’organisation du front et ce qui en fait une guerre technologique et de masse. Expliquez les conditions de vie et les violences auxquelles sont soumis les soldats.

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…et ses répercussions pour les civils.

DOCUMENT 1.

Pyrotechnie de Saint-Nicolas du Port à Brest, Bretonnes employées à la peinture d’obus de gros calibre, 11 mars 1916. Photo: G. Dangereux (ECPAD, SPA 5J 409

DOCUMENT 2.

DOCUMENT 3. Clemenceau : discours aux députés, mars 1918.

«Eh bien, Messieurs, voilà quatre mois que nous sommes au pouvoir. Toute ma politique ne vise qu'un seul but : le maintien du moral français à travers une crise comme notre pays n'en a jamais connu... Nous ne sommes pas au pouvoir pour assurer le triomphe d'un parti ; nos ambitions sont plus hautes, elles visent à sauvegarder l'intégrité de l'héroïque moral du peuple français... Vous voulez la paix ? Moi aussi. Il serait criminel d'avoir une autre pensée. Mais ce n'est pas en bêlant la paix qu'on fait taire le militarisme prussien. Ma politique étrangère et ma politique intérieure, c'est tout un. Politique intérieure ? je fais la guerre. Politique étrangère ? Je fais la guerre, je fais toujours la guerre. je cherche à me maintenir en confiance avec nos alliés. La Russie nous trahit ? je continue à faire la guerre (...) et je continuerai jusqu'au dernier quart d'heure, car c'est nous qui auront le dernier quart d'heure ! Comptez-vous donc sur une contagion de vos idées pour arrêter la guerre? L'exemple d'hier devrait vous détromper. (...) Le gouvernement fera son devoir. Il poursuivra la guerre jusqu'à la paix victorieuse. S'il y en a ici qui sont disposés à refuser les crédits de guerre, qu'ils le disent »

DOCUMENT 4 : le premier grand génocide du XXe s perpétré par les turcs contre les Arméniens suspectés de trahison (ils étaient accusés de vouloir soutenir la Russie dans la guerre contre l’Empire Ottoman).

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DOCUMENT 7 : une guerre traumatisante. Monument aux morts de Ploemeur (Morbihan).

Ossuaire de Douaumont sur le site de la bataille de Verdun.

DOCUMENT 6 : l’utilisation d’ersatz pour faire face aux restrictions.

Consignes. A l’aide des documents, expliquez en quoi les civils ont été impliqués dans la guerre et ont pu jouer un rôle essentiel pour son déroulement.

DOCUMENT 5. Renault dans la guerre. « Vers le 8 ou 9 août 1914, Renault a été appelé chez le ministre de la Guerre qu'il a trouvé dans une agitation très grande [...]: "Il nous faut des obus, il nous faut des obus". [...] Le général Mangin demande: "Vous pouvez faire des obus?" Renault déclare qu'il ne sait pas; qu'il n'en a pas vu. [...]. Quelque temps après, Renault est appelé à Bordeaux [...] et on l'envoie à Bourges pour étudier la fabrication. » P. Fridenson, Histoire des usines Renault, Naissance de la grande entreprise. Le Seuil, 1972.

Production par an

1913 1918

Voitures Camions Chars Moteurs d’avions obus

1484 174 0 0 0

553 1793 750 5000

2

millions

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L’expérience combattante au front…

Une guerre de masse L’organisation du front. Les conditions de vie des soldats. Les traumatismes du front. Entre 70 et 75 millions de combattants dans le monde. Dont 9 millions de Français. Combattants qui viennent de tous les continents : appel aux colonies : ex : 500 000 africains des colo françaises pour combattre ou travailler, indiens et africains des colonies anglaises ainsi que populations des dominions (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud).

Utilisation massive de matériel : conversion de toute l’économie vers l’effort de guerre : ex : Renault produit 2 millions d’obus en 1918 ; les allemands massent 2.5 millions d’obus avant l’attaque de Verdun en février 1916. Les bombardements produisent un paysage lunaire sur le front.

Chaque camp s’organise de part et d’autres du no man’s land d’une largeur qui peut n’être que de quelques dizaines de mètres.

Tranchées en lignes brisées et reliées entre elles et à l’arrière par des boyaux. Utilisation des barbelés pour protéger la tranchée. Armes utilisées : fusil et baïonnette, grenades, mitrailleuses, mortiers et surtout artillerie (canons) placée en arrière des lignes, gaz asphyxiants puis aviation, chars d’assaut.

Tactique : grandes offensives avec bombardement massif des lignes ennemies par l’artillerie puis assaut de l’infanterie.

Conditions de vie très difficiles : abris précaires : de la simple « niche de tranchée » à l’abri plus perfectionné avec un minimum de confort (paillasse, table).

Ravitaillement irrégulier par des cuisines roulantes éloignées des 1ères lignes. Climat (froid, chaleur, pluie), la pluie transforme la tranchée en bourbier. Absence quasi-totale d’hygiène en 1ère ligne : poux, puces, problèmes de peau (pied de tranchée) => surnom de « poilus » pour les combattants…

Soldats vont au front car ils acceptent l’idée d’un devoir patriotique. (pas de « fleur au fusil »). Peur très présente : bombardements massifs : bruit assourdissant, peur d’être tué à tout moment. Présence de la mort : cadavres et morceaux de corps dans le no man’s land et la tranchée. Brutalisation de la guerre : déshumanisée et de masse, perte des repères, banalisation de la violence et de l’horreur. Les obus causent des blessures mutilantes ou qui défigurent (« gueules cassées ») + traumatismes psychologiques (« obusite ») qui ne sont pas pris en compte.

Les soldats ont supporté ces conditions par patriotisme, solidarité entre soldats (groupe primaire), volonté de protéger l’arrière et par la discipline militaire et pour certains, une forme de plaisir.

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…et ses répercussions pour les civils. Une guerre qui engloutit les

civils la mobilisation économique.

L’effort de guerre. la limitation des libertés

démocratiques.

Mobilisation des esprits

les difficultés de la vie quotidienne et le traumatisme de la guerre.

Populations civiles rattrapées par la guerre avec l’avancée du front et l’occupation de la Belgique et Nord-Est de la France : exécutions de civils (ex : Plus de 600 h de Dinant exécutés en août 14), obligation d’entretenir les troupes d’occupation, déportations vers des camps de travail en Allemagne (ex : 1500 h d’Amiens). Génocide arménien dans l’Empire Ottoman : à partir d’avril 1915, entre 800 000 et 1.5 millions d’Arméniens sont massacrés car suspectés de vouloir soutenir la Russie contre les Turcs + fait qu’ils sont une minorité ethnique et religieuse.

Appel à la main-d’œuvre féminine pour remplacer les hommes dans les usines (« munitionnettes ») et les champs. Appel aux industriels pour qu’ils produisent des armes et du matériel militaire pour l’Etat (ex : Louis Renault passe à la production d’obus, chars, moteurs d’avions).

Production moderne avec travail à la chaîne. Guerre coûteuse : dès 1915, l’Etat français lance un emprunt auprès des Français puis auprès des Etats-Unis. Libéralisme économique limité par l’intervention de l’Etat dans les productions de guerre.

Recours massif à la propagande (usage massif des moyens de communication pour influencer l’opinion des populations) dans la presse, affiches, cartes postales, chansons, cinéma.

Censure des lettres de soldats et des familles. Le but est d’éviter de démoraliser les populations et de maintenir l’ « Union Sacrée ». Limitation de la liberté d’opinion : les personnes qui réclament la fin de la guerre par une paix négociée sont assimilées à des traitres (ex Joseph Caillaux arrêté et emprisonné sur ordre de Clemenceau).

Economie désorganisée par l’effort de guerre, augmentation des prix plus rapide que celle des salaires et raréfaction de certains produits. Rationnement en France à partir de 1917 avec tickets de rationnement.

Utilisation d’ersatz (produits de substitution) : chicorée, saccharose, rutabaga, topinambour… Peur de la mort des proches au front (900 soldats français meurent chaque jour en moyenne). Deuil de masse : ex France : 1.4 millions de tués : 600 000 veuveset 760 000 orphelins. Monument aux morts dans tous les villages, 11novembre férié en 1922, ossuaire de Douaumont (130 000 soldats inconnus)

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10 Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)

La Première Guerre mondiale :

Une guerre totale.

Une guerre mondiale. Guerre d'abord européenne puis mondiale: Amérique, Asie. Appel aux colonies (soldats, main-d’œuvre). Amérique latine (matières 1ères).

Des bouleversements géopolitiques Principal traité de paix : Traité de Versailles signé le 28 juin 1919 (Carte p.216) inspiré des 14 points du Président des E-U Wilson. -Disparition des empires d’Allemagne et d’Autriche-Hongrie. -création de nouveaux Etats : Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Autriche, Hongrie. -Extension du territoire de la France, Italie, Roumanie, Grèce. -Allemagne sanctionnée car jugée coupable du déclenchement de la guerre : territoire coupé par couloir de Dantzig, perte colonies et flotte, rive gauche du Rhin démilitarisée + réparations (132 milliards de M) : un Diktat selon les Allemands. -Création de la Société Des Nations (SDN) : idée de Wilson : maintenir la paix dans le monde, siège à Genève.

Une guerre sur tous les terrains. Terre : guerre de tranchées et de fantassins. Prédominance de l’artillerie. Guerre aérienne : débuts de l’utilisation des avions à des fins militaires : reconnaissance, bombardement, combats aériens. Guerre maritime : blocus des ports allemands par la marine anglaise. Guerre sous-marine : les sous-marins allemands pourchassent les navires qui ravitaillent la France et le Royaume-Uni. Une guerre industrielle et technologique. Appel à l'industrie : reconversion de l’industrie civile vers des productions militaires pour l’effort de guerre. Production à la chaîne. Moyens importants: artillerie, transports par camions et trains... Utilisation des progrès technologiques: gaz, chars d'assaut, aviation, cinéma.

Le bilan humain. Une guerre et une violence de masse. 70 à 75 millions de combattants dans le monde. Environ 10 millions de morts. Russie : 1,7 millions. Allemagne : 2 millions. France : 1,4 millions. Autriche-H : 1 million. Royaume-U : 800 000. Etats-Unis : 100 000. 17 millions de blessés dont 6,5 millions de mutilés. En France et Allemagne, 1 soldat sur 6 est mort. France : 600 000 veuves. 1er génocide du XXe siècle : génocide arménien perpétré par les Turcs : environ 1 million de tués.

Mobilisation de la société. Travail des femmes dans les usines et les campagnes. Rationnement des populations et ersatz (causes : effort de guerre, blocus) Recours à la propagande et censure pour maintenir le moral des populations. Guerre idéologique : lutte des démocraties face aux empires.

Des sociétés transformées. Brutalisation des sociétés : violence de l’expérience combattante et à l’égard des civils. Mais aussi, développement du pacifisme et recherche de solutions pour une paix durable : que ce conflit reste la « der des der ».