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de mars Le Quotidien des Municipales 2008 réalisé par les étudiants de l’École supérieure de journalisme de Lille Numéro 1 Jeudi 6 mars 2008 Et ailleurs Un fait divers à Bagneux réveille le souvenir de l’affaire Ilan Halimi. Focus sur... Valenciennes Dans cette ville métamorphosée, le combat est-il joué d’avance ? L’ombre de Jean-Louis Borloo plane sur la liste du maire sortant. page 15 pages 9 à 12 pages 6 et 7 Les points chauds de la Communauté urbaine de Lille Aubry la joue modeste Et ceux de... Corbeil-Essonnes page 17 Photo : Raphaëlle Laurent

La pression de mars - numéro 1

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Le quotidien des municipales dans le Nord Pas-ce-Calais, par les étudiants de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille

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Page 1: La pression de mars - numéro 1

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Et ailleurs

Un fait divers à Bagneuxréveille le souvenirde l’affaire Ilan Halimi.

Focus sur...Valenciennes

Dans cette villemétamorphosée,le combat est-iljoué d’avance ?

L’ombre de Jean-LouisBorloo plane surla liste du mairesortant.

page 15

pages 9 à 12

pages 6 et 7

Les points chauds de la Communauté urbaine de Lille

Aubry la jouemodeste

Et ceux de... Corbeil-Essonnes page 17

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Page 2: La pression de mars - numéro 1

L’ É V É N E M E N T

2La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

Deuxième tournée !LLaa PPrreessssiioonn ddee mmaarrss ,, ttoouuttccoommmmee ssoonn hhoommoolloogguuee aall--ccoooolliisséé,, nnee ssee ttrroouuvvee qquu’’eennqquuaannttiittéé ll iimmii ttééee.. UUnn tt iirraaggeeéépphhéémmèèrree,, llee tteemmppss ddeeqquueellqquueess jjoouurrss.. AApprrèèss ll ’’eeff--ffeerrvveesscceennccee ddee llaa pprrééssii--ddeennttiieell llee,, llaa PPrreessssiioonn eessttddoonncc ddee rreettoouurr ssuurr llee zziinnccddee ll ’’EEccoollee ssuuppéérriieeuurree ddeejjoouurrnnaalliissmmee ddee LLiill llee.. CCeetttteeffooiiss,, aauu ccœœuurr ddeess aatt tteenn--tt iioonnss ddee llaa ttrreennttaaiinnee dd’’ééttuu--ddiiaannttss,, lleess mmuunniicciippaalleessddaannss llee NNoorrdd--PPaass ddee CCaa--llaaiiss.. EEtt cceess éélleecctt iioonnss ss ’’aann--nnoonncceenntt ppaassssiioonnnnaanntteess..PPlluuss ddee 11 550000 ccoommmmuunneessssoonntt ccoonncceerrnnééeess ddoonntt ddeessvviill lleess--pphhaarree ccoommmmee HHéénniinn--BBeeaauummoonntt aavveecc MMaarriinnee LLee PPeenn,, TToouurrccooiinngg eett lleeccoonnttrroovveerrsséé CChhrriisstt iiaann VVaannnneessttee eett bbiieenn ssûûrr LLii llllee,,tteennuuee dd’’uunnee mmaaiinn ddee ffeerrppaarr MMaarr tt iinnee AAuubbrryy,, eennppaassssee dd’’êêttrree llaarrggeemmeenntt rréé--éélluuee ((vvooiirr ccii--ccoonnttrree)) .. AAuu--ddeellàà ddeess vviill lleess,, uunnee ppaaggeessee ttoouurrnnee aauussssii .. PPiieerr rreeMMaauurrooyy llaaiissssee llaa ccoommmmuu--nnaauuttéé uurrbbaaiinnee ddee LLiill llee ddaannssll ’’iinncceerr tt iittuuddee ppooll iitt iiqquuee eett llaabbaattaaiill llee ppoouurr ssaa ssuucccceessssiioonnpprroommeett dd’’êêttrree rruuddee eennttrreeMMaarr tt iinnee AAuubbrryy eett ll ’’UUMMPPMMaarrcc--PPhhii lliippppee DDaauubbrreessssee..UUnn œœii ll rriivvéé ssuurr cceess ggrraannddsseennjjeeuuxx,, ll ’’ééqquuiippee ddee LLaaPPrreessssiioonn ddee mmaarrss pprroommèè--nneerraa ll ’’aauuttrree ddaannss ttoouuttee llaarrééggiioonn.. AAuu fifill ddeess nnuumméérrooss,,jjuussqquu’’aauu ssooiirr dduu ddeeuuxxiièèmmeettoouurr,, ii ll ss’’aaggiirraa ddee ss’’eenniivvrreerrdduu ppaarr ffuumm ddee cceess ppeettii tteessvviill lleess,, ppaarr ffooiiss oouubbll iiééeess,,ppaarr ffooiiss aauu cceennttrree ddeess ssoollll ii--cciittaatt iioonnss ddeess ggrraannddss ppaarr tt iiss..EEtt ppaarrccee qquuee lleess gguueerr rreessppooll iitt iicciieennnneess nnee ssoonntt ssoouu--vveenntt qquu’’uunnee mmoouussssee ccaa--cchhaanntt ll’’eesssseennttiieell ,, éélleecctteeuurrsseett mmii ll iittaannttss rraappppeelllleerroonnttddaannss cceess ppaaggeess qquuee ll ’’iissssuueedduu 1166 mmaarrss rreeppoosseerraa ssuurrlleeuurrss ééppaauulleess.. EEnn aatttteenn--ddaanntt,, àà qquuaattrree jjoouurrss dduu pprree--mmiieerr ttoouurr,, cchheezz lleess mmiill ii--ttaannttss,, aauu bboouutt ddeess pplluummeesseett aauu ffoonndd ddeess ccaaffééss nnoorr--ddiisstteess,, LLaa PPrreessssiioonn ddeemmaarrss nn’’eenn fifinniitt pplluuss ddeemmoonntteerr..

Jérémy Marot

ÉDITO

LA PRESSION de marsQuotidien réalisé par les étudiants de l’ESJ, dedeuxième année (presse écrite) et de PHR.Refermentation et maturation - Directeur de la publication :Pierre SavaryFermentation - Directeurs adjoints de la publication :Cyril Petit, Yves Sécher, Fabrice Tassel Houblonnage - Rédacteurs en chef :Hélène Bekmezian, Julien Damien,Delphine Lacroix, Jérémy MarotEmbouteillage - Rédacteurs en chef techniques :Guillaume Carré, Jean Décotte,Alexandra Nawawi, Benoist Pasteau

Sur le blog des municipales de l’ESJ, lire, écouter et regarder les reportages des deuxièmes années :http://chroniquesdemars.blogspot.com

École supérieure de journalisme de Lille,50 rue Gauthier-de-Châtillon, 59046 Lille Cedex.Tel : 03.20.30.44.00. www.esj-lille.fr

Ce qui est faitDémocratie locale : développement des réunions pu-bliques, consultations et forums citoyens.Transports :Martine Aubry a réussi à sortir la voiture dela ville, mais au détriment des conditions de circulation.Elle a multiplié par deux le nombre de pistes cyclables,mais pas par cinq comme promis.Environnement: 19 hectares d’espaces verts supplémen-taires dans la ville, notamment le parc Jean-Baptiste Lebas,économies d’énergie grâce au nouvel éclairage de laville.Culture : création des maisons folies à Wazemmes et Mou-lins mais pas aux Bois-Blancs comme prévuSport : invalidation par la justice de l’agrandissement dustade de Grimonprez-Jooris voulu par Pierre Mauroy. Dé-veloppement du projet controversé de construction dugrand stade.

Ce qu’il reste à faireLogement : 12 000 logements neufs, 25% de logementssociaux dans les nouvelles constructions, réhabilitation de800 logements dégradés sur Fives, Moulins, Wazemmes.Économie : pôles d’excellence, notamment un projetHQE (haute qualité environnementale) sur 100 hectaresaux Bois-Blancs, développement d’Eurasanté, Euratechno-logies et du Faubourg des Modes.Transports : troisième gare TER à Lille Sud, prolongementde la ligne 1 du métro jusqu’à Eurasanté, vélos en libreservice, nouveaux parcs relais de stationnement.Environnement : remise en eau de l’avenue du PeupleBelge, 25 % d’énergies renouvelables et 50 KWh maxi-mum pour les nouvelles constructions.Urbanisme : quartier de 20 hectares à Saint-Sauveur. Culture : l’Europe vue de l’Est en 2009 dans le cadre deLille 3000, création d’une maison du Hip-hop à Moulins.

2001 - 2014 : le social avant tout

LLIILLLLEE.. MartineAubry aborde

la dernière lignedroite largement

favorite, ce qui n’empêche pas son équipe

de faire campagnejusqu’au bout.

«V ous avez réussi à ga-gner le cœur desLillois, le cœur desgens, le cœur desCh’tis. Ils vont voter

avec leurs tripes ! », a lancé, émue,Stéphanie François, infirmière, lorsde la dernière réunion publique deMartine Aubry, mardi soir. La pa-rachutée d’hier a fait du chemin.Ici, dans le quartier populaire duFaubourg de Béthune, peu de ques-tions à la fin du meeting, et quandil y en a, les habitants s’excusentpresque d’en poser. Tous intervien-nent pour la féliciter, la remercier,l’encourager. Ce n’est pas tout à fait unhasard si la dernière réu-nion publique de la cam-pagne a lieu dans cette zonede Lille-Sud, en bordure depériphérique. « C’est le pre-mier quartier populaire auquelnous nous sommes attaqués il y a huitans. Nous avons travaillé sans relâche,c’est très symbolique d’être ici ce soir »,confie Pierre de Saintignon, pre-mier adjoint et porte-parole deMartine Aubry. « Ce qu’elle dit, onle lira dans les journaux. Ce soir, on estsurtout là pour lui montrer notre sou-tien », explique Radija, 24 ans. Cetenthousiasme ne se limite pas au

Faubourg de Béthune. MartineAubry est donnée largement ga-gnante dans les sondages. Celuiréalisé par Ifop pour La Voix duNord le 24 février la crédite de 48%des intentions de vote dès le pre-mier tour. De quoi faire pâlir sonconcurrent, la tête de liste del’UMP, Sébastien Huyghe qui nerécolterait que 20% des voix. Dansce contexte, l’élection semblepresque déjà jouée, avec pour seulsuspens la question de savoir si lesélecteurs pourraient reconduire lamaire sortante de Lille dès le pre-mier tour.Si les sondages l’ont déjà consacrée,

Martine Aubry reste prudente.« Rien n’est jamais gagné d’avance », ré-pète-t-elle. Les militants ont comprisle message. Pendant les derniersjours, la campagne ne faiblira pas.« Tout le monde est fatigué mais il restedu travail. On a encore beaucoup deporte-à-porte à faire pour rappeler lesdates de l’élection et des cantonales queles gens oublient souvent », explique

Arnaud Pire, 25 ans, militant au PS.Samedi encore, des stands serontdressés sur les marchés. « On ne peutplus aller vers les gens, mais rien ne leurinterdit de venir à nous ! », sourit lejeune militant. Et le deuxième tourest déjà dans toutes les têtes.Comme le prévoit la loi, les listesélectorales seront épluchées, di-manche soir, pour relever les nomsde ceux qui n’auront pas voté afin demieux cibler la campagne de l’entredeux tours.Sérieuses, les équipes de MartineAubry ne sont pas inquiètes. Nipour la mairie, ni pour la présidencede la Communauté urbaine. Au

point de se permettre quelquesblagues : des images insolitesont été glissées dans la présen-tation Powerpoint de la candi-date, comme ce plat de pâtesremplaçant la vue aérienne deFives. Amusée, Martine Aubry

explique : « D’habitude, à ce momentdu discours, je parle du sac de nouillesque forment les routes entre Euralille etFives. » Martine Aubry semble bienloin du procès en austérité que cer-tains lui ont intenté. Avec 52%d’abstention en 2001 et des son-dages aussi favorables, elle n’a plusqu’à espérer que les électeurs degauche se déplaceront le 9 mars.

Martine Aubry joue les stars lors de sa dernière réunion publiquemardi dernier à l’école Samin-Trulin, dans le Faubourg de Béthune.

« RIEN N’EST JAMAISGAGNÉ D’AVANCE »

Martine Aubry

Sereine mais prudente

Par Séverine Fiévet et Flore Thomasset

Photo: R

aphaëlle Laurent

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L’ E S S E N T I E L

3La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

Afficher ou pasla couleurSauf surprise, la messe sera

dite dès le 9 mars au soir àHaubourdin. Seules deux

listes sont en lice dans la course auxmunicipales, et un combat classiquegauche-droite se profile dimanche.Classique ? Pas si sûr.Alors que la gauche joue la carte del’union en présentant derrière le socia-liste Guy Deheuninck une liste com-mune PS, PC et Verts, BernardDelaby, le maire sortant, préfère misersur celle de l’apolitisme. « Parler de lagauche et de la droite ne veut rien dire. Monéquipe est composée d’hommes et defemmes qui croient en ce qu’ils font. Ici per-sonne n’est encarté. Nous n’avons pas decouleur », lance l’élu.Pourtant en décembre dernier, au mo-ment de l’annonce de sa candidature,l’UMP déclarait qu’elle ne présentaitpas de liste à Haubourdin, ajoutantdans le même temps qu’elle soutenaitcelle du maire en place. « Je l’ai apprisdans la presse », affirme l’intéressé,agacé. Une situation visiblement em-barrassante qui témoigne du climatpolitique actuel. L’édile cacherait-ilson étiquette, craignant de voir ce scru-tin tourner au “vote sanction”, consé-quence de la crise d’impopularité quetraverse actuellement l’exécutif sur leplan national ? C’est en tout cas ce quepense Guy Deheuninck. « Qu’on ne s’ytrompe pas, voter pour Delaby c’est voterSarkozy, martèle-t-il à ses concitoyensà chacune de ses “expéditions” porte-à-porte dans la ville. On l’a vu boire lechampagne avec Sébastien Huygues(UMP) au soir des législatives dans la 5 e

circonscription. »Désunie lors des dernières munici-pales, la gauche voit là l’occasion dereprendre le siège ravi en 2001 par Gé-rard Vercaemer (sans étiquette), lequelavait laissé son poste trois ans plus tardà son premier adjoint Bernard Delaby.Combat “gauche-droite” ou pas, lesdeux candidats briguent donc pour lapremière fois la mairie devant les Hau-bourdinois.

Désigné par la section socialiste locale à l’automne dernier etconseiller municipal à Haubourdin depuis septembre 2005,Guy Deheuninck est la tête de liste de Agir, Bouger,Changerà Haubourdin. Une liste d’union qui rassemble le PS, le PCF etlesVerts. « Pour moi, la gauche va desVerts au PCF », justifie lecandidat.S’il est élu, il promet de faire de « la démocratie participative »son cheval de bataille. « Le problème à Haubourdin, c’est qu’iln’y a pas de communication entre la population et la vie munici-pale. La ville est riche de réseaux associatifs,mais ils restenttrop confidentiels ».Aussi propose-t-il de créer des conseils de quartiers, afin« d’aller un peu plus à la rencontre des gens », et de mettre enplace une « maison de l’information ».Celle-ci se voudra un lieu de « services aux citoyens, à destina-tion des jeunes bien sûr, pour ce qui est de l’emploi,mais aussides personnes âgées, pour qu’ils puissent trouver les aides dontils ont besoin ».L’autre axe fort de son programme concerne la culture. « Nousvoulons créer ici une vraie vie culturelle.À part le 14 juillet, iln’y a rien,C’est bien beau de faire venir Dave une fois par an,mais ça fait un peu seventies ! »

Maire d’Haubourdin depuis 2004, Bernard Delaby a été dési-gné par GérardVercaemer, élu en 2001, qui n’a pas souhaitéaller au terme de son mandat. Il se présente à la tête d’uneliste apolitique, Réussir avec tous les Haubourdinois. Aussi sedéfend-il d’être soutenu par l’UMP, ou par quelque parti quece soit. « Mon adversaire me reproche d’avoir félicité SébastienHuyghes lors de sa victoire aux législatives.Ce que je ne dé-ments pas.Mais je suis aussi prêt à boire le champagne avecDaniel Rondelaere (PS) s’il est réélu à la mairie de Loos. J’ai dubon sens,mais pas celui de la politique. »L’élu veut s’inscrire dans la continuité de ce qui a été fait lorsde son mandat. Il s’appuie notamment sur son bilanlogement : « Nous avons mis en route un programme deconstruction de logements sociaux. La ville attendra même les23% en 2011, avec 470 logements supplémentaires ». Citant lenouvel Hôtel de ville et la rénovation de la Maison des asso-ciations parmi les réussites de l’équipe en place, il tient éga-lement à souligner l’implantation d’une vingtaine d’entre-prises à Haubourdin entre 2005 et 2006.Sur les questions culturelles, il laisse « juger lesHaubourdinois », soulignant simplement que la ville a enregis-tré 125 000 entrées culturelles sous son mandat.

Haubourdin

Les arbitresSeules deux listes sont présentées àHaubourdin. Il n’y aura par conséquentpas d’arbitre ce dimanche pour ceduel, contrairement à ce qui s’étaitpassé en 2001, où l’on comptait deslistes PCF,Verts et FN. Rappelons quepour valider une élection, il faut attein-dre un taux de participation au moinségal à 25% des inscrits.

Le duel

97

GUYDEHEUNINCK54 ans, au PS depuis 1995.Brigue un premier mandat

BERNARD DELABY56 ans, sans étiquette.Brigue un second mandat

« Mon seul adversaire, ce sontles fachos du Front Nationalet non pas les démocrates. »Gérard Dalongeville,maire sortant (socialiste) d’Hénin-Beaumont, en campagne

contre Steve Briois, tête de liste du Front National.

La phrasedu jourLe chiffredu jour

Par Julien Damien

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C’est l’âgede Cécile Hamm,

candidatesur la liste Modem

à La Garenne-Colombes (92),ce qui fait d’elle

la doyennede ces élections.

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E N R É G I O N

4La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

Didier Debelscroit en ses chancesWASQUEHAL. « Les gens ont envie dechangement ! » C’est ce que Didier De-bels (PS), tête de la liste d’ouvertureWasquehal autrement, ne cesse de ré-péter lors de ses réunions publiques.Un changement qui se caractériseraitpar un revirement de la politique miseen place par GérardVignoble,mairecentriste depuis trente ans. « Il s’agiraitpar exemple de stopper les gros investis-sements pour éponger la dette deWas-quehal, remettre en place le dialogueavec les villes voisines et la communautéurbaine et bien sûr recentrer la politiquesur les habitants plutôt que sur l’imagede la ville. » Des propositions qui, selonce challenger, le positionneraientcomme favori pour le scrutin du 9 mars.

Pargneaux contrele gouvernementHELLEMMES.Gilles Pargneaux se se-rait-il trompé d’élection ? Lors de sa réu-nion publique à l’espace des Acaciasmardi, le maire PS sortant d’Hellemmesa peu parlé de ses adversaires directs,CarolineVannier (UMP) et Nabil El-Hag-gar (indépendant). En revanche, le so-cialiste a épinglé le gouvernement.« C’est un scandale d’avoir supprimé lapolice de proximité à Hellemmes ! », alancé le candidat.Avant d’ajouter : « Si jesuis élu, je réduirai le coût des repas à lacantine de 50%.Cela prouve qu’on peutagir concrètement pour sauvegarder lepouvoir d’achat. » Une pique à peine dé-guisée.

Gérard Caudron,l’alternative à gauche

VILLENEUVE-D’ASCQ. Après sept an-nées passées loin de l’Hôtel de ville,l’ancien maire Gérard Caudron PS re-prendrait bien le siège d’édile à celuiqu’il avait lui-même adoubé en 2001, lesocialiste Jean-Michel Stievenard. Ilprésentait lundi ses 48 colistiers et lemessage fort de sa campagne : propo-ser une alternative à gauche.GérardCaudron, désormais à la tête du Ras-semblement citoyen, remet notammenten cause la politique du logement de lamairie sortante qu’il juge « indigned’une municipalité qui se réclame degauche ».

Réunion à gauchetouteLILLE.Une vingtaine de partisans dela liste indépendante Un autre Lille estpossible se sont retrouvés autour d’unetable mardi pour dresser un premierbilan de la campagne. Le tête de listeJan Pauwels,militant de la LCR, a ré-sumé son programme d’« urgence so-ciale, démocratique et écologique », quipasse par la gratuité des transports encommun ou la construction de loge-ments sociaux. Ils ont aussi débattu dela position à adopter au second tour.Soutenue par la LCR et les Alternatifs, laliste a pour l’instant suivi une ligne anti-sarkozyste et indépendante vis-à-vis duPS.

Oublié,mais pasdésespéréÀ Hénin-Beaumont, l’UMP peineà s’imposer dans une campagneoù le FN fédère le vote de droite.Pourtant, Laurent Bocquet,le candidat de la majorité présidentielle,croit en une victoire.

Sur le marché, à quatre jours du premiertour, Laurent Bocquet est le candidat donton parle peu. Comme tous les autres pré-

tendants à la mairie, il tracte, serre des mains, saluemême ses adversaires. Mais cet agent immobilier de36 ans souffre de son étiquette, celle de l’UMP.Dans cette ville du bassin minier traditionnellementà gauche, la droite peine à exister. Surtout face auduel surmédiatisé entre Marine Le Pen, vice-prési-dente du Front National et deuxième sur la liste deSteeve Briois, et Marie-Noëlle Lienemann, vice-pré-sidente du Conseil régional et deuxième égalementsur la liste du maire sortant Gérard Dalongeville(PS). « Il est normal que tous les yeux se tournent versHénin-Beaumont. Ici se joue presque un enjeu national »,avoue Laurent Bocquet.Le sondage IFOP-La Voix du Nord-Nord Éclair du18 février a confirmé la quasi absence de la droite.Le candidat UMP obtiendrait un score inférieur à9% et serait donc absent au second tour. « Une vasteplaisanterie », selon Laurent Bocquet, serein et mo-tivé. « Attendez-vous à une bonne surprise. On a certai-nement plus de chances de prendre la mairie que Dalon-geville n’en a de garder son siège. » Convaincu que les“tensions” de l’opposition et les parachutages deMarie-Noëlle Lienemann et Marine Le Pen profi-teront à l’UMP, Laurent Bocquet se voit déjà au se-cond tour. « Le meilleur rempart contre le FN, c’est

nous ». Il prépare même une stratégie d’allianceavec les autres candidats. « On ouvrira notre liste àtous les gens compétents, sauf au Front National » in-siste-t-il.Mais Laurent Bocquet n’en a pas qu’après le FN.« Le bilan de Gérard Dalongeville est une catastrophe »,martèle-t-il. Le programme de Steeve Briois est « ir-réalisable » selon lui. Et il considère Marie-NoëlleLienemann et Marine Le Pen comme des « nounous »qui prêtent main forte à des candidats en difficulté.Celui qui dit « porter seul le message de son programme »est pourtant un novice en politique.Encarté depuis 2007, le militant Laurent Bocquetn’a connu qu’un seul combat électoral. Celui del’élection présidentielle. Sur sa liste, ses trente-cinqcolistiers sont à son image, « des personnes neuves etpropres qui connaissent bien leur ville, pas des parachu-tés ». En résumé, pas de grande figure de la droitelocale. Fier d’avoir rassemblé un ancien Vert, Fran-çois Landzion, et des anciens de l’équipe munici-pale, dont il préfère taire le nom, le trentenaire atout de même prévu une porte de secours en casd’échec. « Nous voulons être une réelle force d’opposi-tion. Il est clair que notre projet sur le long terme sera dechanger les mentalités pour s’asseoir dans la commune. »Un projet compliqué qui n’aboutira pas d’ici le 9mars.

«Jacques Richir n’est ni à gauche,ni à droite. Il est humaniste. »Dans la salle du Gymnase à

Lille, les colistiers du candidat duMoDem de Lille rappellent lesadages du centrisme. Lundi soir,l’estrade de la salle du quartier po-pulaire de Wazemmes était recou-verte d’un tapis orange.Mais si l’assemblée arboraitécharpes et cravates à la couleur duparti démocrate, les discours seteintaient de rose. Défendre les dé-munis, promouvoir l’égalité sco-laire, rétablir la police de quartieret faire de Lille une ville écolo-gique, « non pas parce que c’est àla mode, mais parce que cela faitpartie de la justice sociale ».Ancien député de la 1re circons-cription du Nord, Jacques Richir se

présente pour la première fois à lamairie de Lille. Sauf rebondisse-ment le 9 mars, les résultats de-vraient lui donner un rôle d’arbitreentre la maire socialiste MartineAubry et le candidat de l’Unionpour un mouvement populaire Sé-bastien Huyghe.

Ralliement. Mais difficile demaintenir le suspense d’un rallie-ment surprise au candidat de ladroite au deuxième tour. Leconseiller municipal dans l’oppo-sition depuis 1989 n’adresse pasde critique directe à la maire sor-tante, sauf peut-être sur le projetdu Grand Stade. Et Hélène Roe-lens-Flouneau, numéro 4 sur laliste du candidat MoDem de van-ter les « très bonnes infrastructures de

transport à Lille. » Silence gêné del’assemblée.Le candidat assume ses valeurs so-ciales, car « elles ne sont pas l’apanagedu parti socialiste ». Il est fier de pré-senter ses colistiers anciens mili-tants de la CFDT, comme Moha-med Abdelatif, responsable de laprotection sociale. Et se désole que« certains élus centristes aient pu fairepenser que le MoDem est un parti dedroite ».Alors qu’on range les chaises aufond de la salle, un militant socia-liste vient offrir une écharpe bleuciel, couleur de Martine Aubry, aucandidat centriste. Amusé par laprovocation, Jacques Richir la dé-fait de son cou. Et la replie délica-tement sur la table. À côté de sonécharpe orange.

Richir, un MoDem branché à gauche

Par Mélanie Carnot

Par Sophie Bouillon

Laurent Bocquet est déjà tourné vers l’avenir.

PhotoM.C.

PhotoF.H.

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E N R É G I O N

5La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

Un coup de filetbienvenu ?FIVES. Des “gamins” qui terrorisaientla population depuis des mois.Trafic dedrogue, cambriolages, insultes… La po-lice a investi mardi à l’aube, la cité Lyset a saisi de la cocaïne et plusieurs mil-liers d’euros en liquide. Une dizaine depersonnes a été arrêtée,mineurs et ma-jeurs, et sont actuellement en garde-à-vue. L’opération a été amplement re-layée par la presse, informée à l’avancede l’opération. Un coup de filet bien-venu à quatre jours des municipales ?En tout cas,Martine Aubry s’en est féli-cité publiquement mardi soir…

Des navettes jusqu’àl’isoloirDOUAI. Plusieurs villes de la régionNord-Pas de Calais mettent en place unservice de navette à la disposition desélecteurs qui ne pourraient pas faire ledéplacement jusqu’à l’isoloir, qu’ilssoient handicapés ou trop âgés pour s’yrendre seul. À Douai par exemple, lesystème existe depuis une dizained’années. Par équipe de deux, les em-ployés municipaux se déplacent au do-micile des personnes concernées. Dansles petites communes également, lesystème D prime.À Escaudin, des pe-tites annonces sont déposées dans lescommerces pour aider les gens dansl’impossibilité de faire leur devoir ci-vique.

Henno veut passerau premier tourSAINT-ANDRÉ.Maire sortant,OlivierHenno (MoDem), compte bien se pas-ser d’un second tour. « Rester mobiliserpour passer au premier tour » est sonmessage principal.Mardi, devant prèsde deux cents Andrésiens, le leadercentriste a tenu sa dernière réunion pu-blique. « Nous ne devons pas relâcher.Nous avons la meilleure équipe pourcontinuer » a déclaré Henno qui a ravitla commune à la gauche en 2001. Lebilan du premier mandat s’exprime parle budget excédentaire de plus de 2millions d’euros. « Et comme personnene regrette le Saint-André de 2001, enavant pour le Saint-André que nous ai-mons » a-t-il lancé.

Polémique autourde Brigitte Mauroy

LILLE. Pas peu fier de compter lanièce de Pierre Mauroy sur sa liste, Sé-bastien Huyghe (UMP) a du, hier, la dé-fendre face à un polémique soulevéepar Charlie Hebdo. Dans son éditiond’aujourd’hui, l’hebdomadaire pointedes propos tenus par Brigitte Mauroydans son livre,Dictionnaire de la sexua-lité humaine. Urologue de son métier,Brigiette Mauroy y justifierait l’excisionselon le docteur Gérard Zwang, unsexologue engagé contre cette pra-tique. « Manipulation » et « méthodesfascistes » selon Huyghe qui dénonceun amalgame entre circoncision et exci-sion. « Ca me donne l’impression qu’onn’a pas le droit de s’appeler Mauroy etde figurer sur une liste d’opposition. »

Caféine politiqueLILLE. Petit-déjeuner entre SébastienHuyghe et une poignée de présidentsd’associations hier matin. Un peu decafé pour énerver tout le monde etc’est parti ! Les crottes de chiens ! L’in-sécurité routière suscitée par les vélos !Les poubelles ! Les chiens errants quien profitent pour les éventrer ! Arrivéede Huyghe.Après les revendications,place au programme. L’assistanceécoute et s’assoupit un brin,malgré lecafé.

Même Jean-Marie Le Pen ne

semble pass’intéresser aucandidat lillois

du FrontNational.

Mardi le leaderd’extrême droite

a préférécritiquer le

gouvernementet soutenir

sa fille Marine àHénin-

Beaumont.

Il n’a pas son visage sur les affiches aux couleursdu Front National. Il n’a pas vraiment de nomnon plus. Son discours n’est pourtant pas dé-

pourvu d’ambition. Il veut faire de Lille « l’un des bas-tions du FN », mais le soldat Dillies demeure in-connu. La venue, mardi, du président du FrontNational dans le fief de Martine Aubry n’y aura rienchangé. La candidature frontiste à Lille semble êtreune cause secondaire. La preuve ? Mardi, Jean-Marie Le Pen n’a pas une seule fois prononcé le nomde la tête de liste.Au menu de cette conférence de presse : un discoursgénéral presque exclusivement consacré à la poli-tique nationale. Le président du Front National énu-mère les « forfaitures » sarkozistes, les méfaits de l’ im-migration, avant d’ironiser sur la « rupture », à grandrenfort de chiffres. Les voitures brûlées, la dette pu-blique, les agressions de professeurs… En un mot, ilstigmatise le bilan du président de la République :« il n’y a pas de rupture, mais une continuité dans la dé-cadence. » Bref, le catalogue habituel du fondateur duFront National.Seule brève allusion aux élections municipales :Hénin-Beaumont. Ses représentants, Marine Le Penet Steeve Briois, la tête de liste, ont d’ailleurs fait ledéplacement. Moins pour soutenir le régional del’étape que pour faire parler du parti et de la ville

qu’ils espèrent bien conquérir. Le soutien du prési-dent du FN à sa fille se veut discret, mais leur pré-sence conjointe dans le Nord, à cinq jours du pre-mier tour, paraît la seule véritable raison de cedéplacement.Eric Dillies est, lui, absent du discours de Jean-MarieLe Pen. Pas de coup de pouce donc pour celui qui adémarré une campagne de dernière minute. Débutjanvier, c’était encore Philippe Bernard qui repré-sentait la flamme. Mais une enquête judiciaire liéeau financement de sa campagne de 2004 a abouti àla suspension du secrétaire FN du Nord par la di-rection du parti. Une sanction opportune contre unopposant à l’accession deMarine Le Pen à la tête dumouvement ? Eric Dillies, le nouveau candidat, s’ymontre en tout cas moins réticent et son discoursédulcoré est davantage compatible avec un FN auxapparences plus modérées.Ce prof de maths de 41 ans, inconnu du grand pu-blic, a donc repris les rênes en catastrophe. En troissemaines, il a constitué sa liste. Les sondages lui pré-disent actuellement un score entre 5 et 8%, loin dela lutte opposant Martine Aubry, le maire PS sortant,à Sébastien Huyghe, le challenger de l’UMP. EricDillies s’est pourtant fixé une mission, donner à voir« le vrai Front National », loin d’une image qu’il jugefaussée par les médias. Le candidat tente ainsi d’ex-pliquer que le FN nouveau est arrivé. Pas sûr que lesélecteurs se précipitent pour y goûter.

Carl Lang est venu lundi sou-tenir le candidat tourquen-nois d’extrême droite Chris-

tian Baeckeroot, frontiste enrébellion avec son parti. Ils sont unecinquantaine de militants de Tour-coing et des environs. Carl Lang,député européen et président dugroupe Front national (FN) auConseil régional du Nord-Pas-de-Calais, est venu épauler ChristianBaeckeroot, tête de la liste À Tour-coing les Français d’abord. Un sou-tien qui peut étonner : cette année,la liste a perdu son label FN. Refletlocal des divisions nationales.Christian Baeckeroot s’est long-

temps présenté comme un « fidèle dela première heure » du parti d’ex-trême droite.

Contre Marine.Conseiller munici-pal FN à Tourcoing depuis 1989,conseiller régional dans le Nord-Pas-de-Calais, il était aussi membredu bureau politique jusqu’à sa dé-mission en novembre dernier.Motif : son désaccord avec les nou-velles orientations prises par sonparti. « La politique de Marine Le Penn’a mené qu’à des échecs depuis cinqans. Le seul argument de leur pro-gramme, “Être moderne“, ne tient pasla route ! » Alors, sans investiture, ila pris la tête d’une liste rassemblantfrontistes, mégretistes et identi-

taires. « Christian lutte contre la ten-dance trop molle du parti, et défend lesvaleurs importantes comme la fa-mille », explique Simone Bonnave,une de ses colistières. Des désac-cords dont Carl Lang minimisel’importance : « J’aurais trouvé lo-gique que Christian ait l’investiture caril est compétent et légitime àTourcoing.Mais les électeurs se retrouveront autourde lui de toute façon, car il n’y a pas deliste FN concurrente. L’essentiel est depermettre un rassemblement local etd’éviter les divisions. » Pourtant, niCarl Lang ni Christian Baeckerootn’étaient visibles le lendemain, lorsde la visite de Jean-Marie Le Penau candidat lillois Eric Dillies qui abien, lui, l’aval de sa direction.

ÀTourcoing, Baeckeroot partsans l’investiture du FN

Par JoëlBronner

Par Caroline Bozec

Éric Dillies, spectateurdu Lepen show.

Qui connaît Éric Dillies ?

Phot

o:JB

Page 6: La pression de mars - numéro 1

L’ E N J E U

6La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

Les points chauds de laPar Flore Thomasset,Françoise Marmouyetet Jean Décotte

Avec plus de 1,1 million d’habitants, la communauté urbaine lilloise (LMCU) est la plusimportante de France. Parmi les 85 villes composant la LMCU, nous en avons sélectionnésix, qui attirent toutes les attentions à la veille des élections municipales : l’associationde communes Lille-Lomme-Helemmes, Tourcoing, Roubaix, Villeneuve-d’Asq, Seclinet Hallennes-lez-Haubourdin…De Tourcoing, qui peut faire basculer la communauté urbaine à droite, à Lille-LommeHellemmes, en passant par le sort de Seclin, l’un des derniers bastions communistesdu Nord, tour d’horizon des points d’interrogations de la métropole.

Les Hellemmois et les Lommois vo-teront deux fois ! Les habitants deces communes associées iront auxurnes à la fois pour désigner lemaire de leur commune... et celui deLille. Au cœur de la campagne, lesrelations entre ces villes et Lille setendent. Les Verts et le Modemjouent sur les mécontentements nésde ces associations et du flou autourde la répartition des responsabilités.En tout, ce sont 46 000 bulletins quiviendront s’ajouter à ceux des habitants du centre-ville. Traditionnellement à gauche,le vote d’Hellemmes et Lomme devrait compenser dans les urnes le vote du centre deLille qui s’embourgeoise.

La question du logement socialest au cœur de la campagne.Avec Loos tout proche, quiconnaît des problèmes dedélinquance, les débats seconcentrent sur la constructiond’une barre d’immeuble. Danscette commune de 3 800 habi-tants, la course à la mairie s’an-nonce mouvementée. Quatrelistes sont en présence : deuxde gauche, deux de droite… etparmi elles trois sont sans éti-quette.Et ce n’est pas tout. VéroniqueGenelle, la tête de liste UMP,n’est autre que la femme del’ancien maire Patrick Genelle.Condamné en septembre 2007pour prise illégale d’intérêt, ilavait du céder la place à son ad-joint André Pau, qui se pré-sente aujourd’hui contre Véro-nique. Vous suivez toujours ?

Avec 12 000 habi-tants, Seclin est laplus importante destrois villes commu-nistes de la com-munauté urbaine.C’est aussi un bas-tion, puisque laville élit un mairecommuniste depuis 1929. Lemaire sortant, Bernard Debreu,affrontera paradoxalement lesurnes pour la première fois enmars : lorsque Jean-Claude Wil-lem a quitté la mairie, Debreu,

alors premier ad-joint, l’a remplacé enfévrier 2004. Il aurafort à faire contreson principal chal-lenger, l’UMP Fran-çois Xavier Cadart(Alliance pour Se-clin), la commune

ayant voté pour Nicolas Sarkozyà plus de 51% à l’élection prési-dentielle. Pour cela, il présenteune liste d’union PC-PS-Verts,Seclin ensemble.

Seclin

UN DES DERNIERS BASTIONSCOMMUNISTES ?

Hallennes-lez-Haubourdin

MADAME SUCCÈDERA-T-ELLEÀ MONSIEUR ?

Hellemmes, Lomme et Lille

QUELLE ASSOCIATION ?

Hallennes-lez-Haubou

Page 7: La pression de mars - numéro 1

L’ E N J E U

7La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

Communauté urbaine

La communauté urbaine basculera-t-elle à droite avec Tourcoing ? Le mairesortant, Jean-Pierre Balduyck (PS),dont certains pointent les insuffisances(taux de chômage élevé, logements dé-gradés, retard de la ville en comparai-son du développement de Lille et Rou-baix), quitte la mairie après troismandats successifs. Le 9 mars, son pre-mier adjoint, Michel-François Delan-noy (PS), s’opposera au député UMP àla sulfureuse réputation, Christian Van-neste (notre photo). En jeu : la majoritéà la communauté urbaine qui pourrait,en cas de victoire de Christian Vannesteà Tourcoing, pencher à droite.

Les chiffres donnent le tournis. Plus de 50 000 places dansles gradins, 31 mètres de hauteur et 3 900 places de sta-tionnement pour une facture salée de 700 millions d’euros :le futur Grand stade de Lille Métropole, situé sur les com-munes de Villeneuve-d’Ascq et Lezennes, est un projet pha-raonique et contesté. Des personnalités de l’opposition,parmi lesquelles des membres de l’UDF et des Verts, criti-quent la taille du stade (25 000 places auraient été suffi-santes), le coût du projet (financé par un partenariat public-privé avec l’entreprise Eiffage) et son emplacement (les sitesde Lille-Sud et Lesquin avaient été envisagés). Ce projet estle dernier de l’ère Mauroy.

À Roubaix, difficile de s’y retrou-ver. Les alliances bougent, les can-didats restent : excluant ses an-ciens alliés Verts, le mairesocialiste (ex-UDF) René Vandie-rendonck, 57ans, s’apprête àbriguer un troi-sième mandataux côtés duPRG, des com-munistes et duModem. Face àlui, son rivalMax-André Pick qui, bien quesoutenu par l’UMP, s’affiche sansle logo du parti présidentiel et arecueilli sur sa liste Christian

Maes (MRC), ancien membre dela majorité municipale. L’écolo-giste Slimane Tir se veut le troi-sième homme de l’élection :même s’il n’a pas dépassé les 5%

aux législa-tives de 2007,il comptepeser sur lesquestions del’emploi et dulogement, dé-cisives dansune ville où

près d’un quart de la populationactive est au chômage… et où leFN Guy Cannie, à nouveau can-didat, a tutoyé les 13% en 2001.

Roubaix

LES ÉLECTEURS DÉBOUSSOLÉS ?

Tourcoing

VILLE CHARNIÈRE ?

Villeneuve-d’Ascq

LETERRAIN DE LA MÉSENTENTE ?

Lille

urdin

Seclin

Villeneuve-d’Ascq

Tourcoing

Roubaix

Page 8: La pression de mars - numéro 1

P O I N T S D E V U E

8La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

« Comme elleest belle Martine »

« Le maire, on ne le voitque pendant la campagne »

Sur le marché lillois deWazemmes,le quartier est pris d’assaut par lesmilitants des différentes listes can-

didates à la mairie de Lille. Un seul objec-tif : être le plus visible. « Soixante ans de mai-rie socialiste, il faut que ça change », « Lechangement madame, il faut voter pour du chan-gement ! », « Regardez comme elle est belle Mar-tine ! ». Sur le marché de Wazemmes, à unepoignée de jours du premier tour, les mili-tants tentent de convaincre les derniers in-décis. À côté des marchands de fruits et defleurs, ils prennent place avec leurs piles detracts. Une règle à respecter : rester en péri-phérie du marché, et cibler quelques lieuxstratégiques. Le métro station “Wazem-mes”, par exemple, « car par là, les gens entrentet sortent du marché. C’est le meilleur moyend’être visible », explique Grégory, militantUMP. D’autres préfèrent se déployer dansles quatre coins du marché pour « ratisserlarge ». Sourires, bonne humeur, chacuntente de faire impression. « Wazemmes, c’estparticulier, on y croise tout type de personnes, desgens aisés ou modestes » déclare MohamedBoutaghane, militant socialiste : « J’habiteici, c’est important de mener la bataille de monquartier. Quand on est militant depuis long-temps, on sait quand les gens vont prendre notre

tract... Question de feeling » ajoute t-il. Mêmesi les commerçants ne se disent pas gênéspar les distributions de tracts, les réactionsdes passants sont contrastées. « Je suis révol-tée par le gaspillage de papier », déclare une ha-bitante du quartier. D’autres, comme Mar-lène, reconnaissent volontiers « prendre leurtract pour ne pas les entendre refaire le pro-gramme ».

Ruses. Pour les militants rompus aux cam-pagnes, « il faut savoir s’adapter ». Commel’explique Mohamed Boutaghane, « dèsqu’un militant d’une autre liste donne un tract, ilfaut le suivre pour donner celui de son parti par-dessus. On a toujours tendance à lire celui qui estau-dessus de la pile ». Une autre approches’avère très prisée : encercler ses adversairespour ainsi les masquer. Sans oublier la va-riante consistant à carrément se mettre de-vant les militants adverses à l’approche despassants : pas très poli, mais efficace. Mêmesi en apparence l’ambiance demeure bonenfant, les militants UMP n’hésitent pas àévoquer « une certaine agressivité de la part desmilitants socialistes » qui, ce jour là, ne préfè-rent pas répondre à cette provocation. Tousrestent unanimes : il faut avoir une grandemaîtrise de l’entourloupe et de l’esquivepour tenir ses positions tout au long d’unecampagne…

Quand les muni-cipales devien-nent une occa-

sion de parler des “quartierssensibles”, ça donne le siteInternet vudesquartiers.com.Lancé en janvier par l’asso-ciation Journalisme et ci-toyenneté, il propose aux ha-bitants de ces quartiers detravailler avecdes journa-listes profes-sionnels afinde publierdes repor-tages reflétant réellement unquotidien trop souvent, seloneux, caricaturé par les mé-dias.À Roubaix, Mohamed Kad-douche, président de l’Asso-

ciation nouveau regard sur lajeunesse (ANRJ) a sauté surl’occasion. « C’est bien de pou-voir parler des quartiers et de lamisère qu’on y voit pour faireréagir les candidats », explique-t-il. « On voudrait plus de trans-parence dans l’attribution des lo-gements et des financements. Onsouhaiterait aussi la mise enplace d’un observatoire de la dis-crimination ».Il a monté son association en

2004 pour fa-voriser l’inser-tion des jeunesde Roubaix etéveiller leurconscience ci-

toyenne. Aujourd’hui, il es-time y être parvenu. « Avant,ils disaient que les hommes poli-tiques étaient tous les mêmes,tous des pourris. On les a mobi-lisés pour l’élection présidentielle

et pour les législatives. Mainte-nant, on veut en faire de mêmepour les municipales car c’estplus important pour eux ».De passage à l’association,Samir, 20 ans, confirme : ilcompte bien aller votermême s’il ne sait toujours

pas pour qui. « Ce qu’il fautvraiment à Roubaix, c’est duchangement. Pour les jeunesici, c’est morose ». Il ne saitpas ce que proposent lescandidats car il n’est jamaisallé à une réunion publique.Il avoue que ça ne l’inté-

resse pas vraiment. Assis àses côtés, Ahmed Mer-rouche l’excuse. « Ce n’est pasévident pour eux car les genscritiquent les jeunes dans cesréunions. Ils oublient que rienn’est fait pour eux ».À 58 ans, Ahmed Mer-rouche est l’un des parrainsde l’association et a décidéde s’inscrire au projet Vudes-quartiers.com. Il attend tou-jours d’être mis en relationavec le journaliste qui le par-rainera mais connaît déjà lesthèmes qu’il veut aborder :discrimination et chômagedes jeunes. « Le maire, on ne levoit que pendant la campagne.C’est la bonne période pour luidemander des comptes car il es-saie de régler les problèmes.Alors c’est maintenant qu’il fautse faire entendre ».

Maire sortant de Roubaix :René Vandierendonck (PS).Adresse du site : vudesquar-tiers.journalisme.com

Pour des élections locales, rien neremplacera jamais le contact direct.Les différentes listes lilloises l’ont biencompris, et leurs militants écumentles marchés. Reportage à Wazemmes.

RROOUUBBAAIIXX.. À l’heure des plans “anti-glandouille”, une association de la ville essaie d’intéresser les jeunes aux élections municipales et de leur donner la parole via le site Internet vudesquartiers.com

MOBILISERLA JEUNESSE

Par Clémence Lambard

Ahmed Merrouche et Mohammed Kaddouchedans le local d’ANRJ.

Par Séverine Rouby

Photo: S.R.

Photo: C.L.

Page 9: La pression de mars - numéro 1

∆ Habitants : 43 198∆ Taux de chômage : 19,4%∆ Maire sortant : Dominique Riquet (UMP)∆ Nombre de listes : 5

Dossier réalisé par :Marc-AntoineBarreau,Frédéric Coulon,Jeffrey Martin etFlorian Pottiez.

«L orsque je suis arrivé à Va-lenciennes en 2004, il yavait des trous partout. Ça

ressemblait un peu à Sarajevo en temps deguerre. » Steve Savidan, la star du footvalenciennois, n’y va pas par quatrechemins. Et il n’a pas forcément tort.À l’époque, “l’Athènes du Nord” avaitperdu de sa superbe et se refaisait légi-timement une beauté. Sauf que noussommes en 2008, à la veille des muni-cipales, et que tout a changé depuis.Cela a pris six ans, le temps du mandatde Dominique Riquet, maire UMP deValenciennes depuis que Jean-LouisBorloo, fonction ministérielle oblige,lui a confié les rênes de la ville en 2002.Désormais, le tramway sillonne laville. La place d’Armes a repris descouleurs et tout le monde se précipitedans le nouveau centre commercialCœur de ville. En 2005, Valenciennes a

gagné son rang de pôle de compétiti-vité mondiale pour son activité ferro-viaire. Et, cerise sur le gâteau, la citédu Hainaut était la capitale régionalede la culture en 2007. Autrement dit,le bilan du maire sor-tant, candidat à sa pro-pre succession, paraîtinattaquable. Beau-coup pensent que lesjeux sont d’ailleursdéjà faits. Et même siDominique Riquet sesoumet pour la pre-mière fois à la loi dusuffrage universel, il a plus d’un tourdans son sac. Sa liste comprend deuxministres : Jean-Louis Borloo, consi-déré comme une “icône” à Valen-ciennes, et Valérie Létard, secrétaired’État à la Solidarité. Et surtout, laville a toujours penché à droite.Jamais un candidat de gauche n’aréussi à conquérir celle que l’on sur-

nomme la “Fille de l’Escaut”. Cettetâche paraît d’ailleurs tout aussi com-pliquée en 2008. Rares ont été les scru-tins municipaux valenciennois où lagauche s’est trouvée autant divisée. En

effet, dimanche pro-chain, les électeurs dési-reux de voir Valen-ciennes changer de capauront le choix entretrois listes. Jean-LucChagnon, candidat so-cialiste, est bien décidé à« contrarier les plans deJean-Louis Borloo. Il tient

toujours les rênes de Valenciennes. Riquetn’est que sa petite main ». Cette fois, il achoisi de faire bande à part avec Jean-Claude Dulieu. Ce candidat commu-niste soutenu par les Verts, tête de listePC-PS éliminé au premier tour lors desmunicipales en 2001, a choisi de réa-juster seul « le déséquilibre entre le centre-ville complètement réhabilité et les quartiers

périphériques totalement oubliés ». Reste laliste LCR-100% à gauche, considéréepour beaucoup comme « la surprise duchef ». Emmenée par Anne-SophieWattel, cette liste compte bien brouil-ler les cartes. Les candidats socialisteset communistes sont prévenus.De son côté, le camp Riquet se réjouitde ce possible éparpillement des voix àgauche. Encore que... si le maire sor-tant espérait une victoire au premiertour, comme l’avait fait Jean-LouisBorloo en 2001, peut-être en sera-t-ilautrement cette fois-ci. Un sondage of-ficieusement commandé par Borloolui-même, et resté au fonds des tiroirsde la mairie, donnerait certes Domi-nique Riquet vainqueur, mais seule-ment au second tour. Visiblement bienrenseigné, le candidat PS Jean-LucChagnon s’imagine déjà en deuxièmesemaine, estimant que, « si ce sondagen’est pas publié, c’est qu’il n’est pas si favo-rable que ça pour Dominique Riquet ».

9La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

F O C U S

Valenciennes

Un cœurdéjà pris

JAMAISLA GAUCHEN’A RÉUSSIÀ PRENDRELAVILLE

REPÈRES

Phot

o:E

iffag

e

Le tramway de Valenciennesa été inauguré à l’été 2006.

Page 10: La pression de mars - numéro 1

Qui dit fin de mandat, dit forcémentbilan. Les quatre adversaires du mairesortant Dominique Riquet distribuent

ou retirent des bons points. Et ce, en toute objecti-vité, du moins pour certains.

Jean-Luc Chagnon, tête de liste de la candidaturesocialiste : « Je retiens chez Dominique Riquet lavolonté de faire bouger la ville mais plus dans la vo-lonté que dans la réalisation. Prenons l’exemple dutramway, il ne dessertmême pas l’hôpital. C’estune erreur stratégiqueénorme. Jusqu’à preuvedu contraire, les transportspublics sont sensés rendreservice à la population et là ce n’est pas le cas ».

Jean-Claude Dulieu, tête de liste ValenciennesCitoyenne (PC-Les Verts) : « L’implantation dutramway en 2006 est une bonne chose pour Valen-ciennes, ainsi que tous les travaux qui ont été réali-sés autour et qui ont énormément restructuré laville. En revanche, je conteste la mise en applica-

tion de l’Anru (Agence nationale pour la rénova-tion urbaine). Le centre ville a été entièrement re-

tapé au détriment desquartiers alentours quiont été laissés à l’aban-don. La vie de ces quar-tiers en a pris un coup.Sans compter que les ha-

bitants des périphéries sont très remontés contreceux du centre-ville. ».

Anne-Sophie Wattel, positionnée en tête de laliste LCR-100 % à gauche : « Franchement, je ne re-tiens qu’une chose positive concernant le maire sor-tant, c’est sa profession de chirurgien. Sinon, c’estun maire qui s’est trompé de priorité. Il a voulu faire

de Valenciennes une ville vitrine et a dépenser dessommes énormes pour cela. Il aurait dû se concen-trer sur les populations les plus défavorisés des quar-tiers plutôt que d’installer sur la place un beffroi quia coûté 600 000 euros ».

Dominique Slabolepszy, candidat et tête de listeEnsemble, d’abord pour Valenciennes : « J’aime lenouveau plan de circulation qui a été établi. Il estcent fois mieux et il est fait pour la sécurité des rive-rains. En revanche, j’aurais préféré que le tram soitcirculaire, qu’il desserve l’hôpital ainsi que les qua-tre lycées de la ville. J’étais aussi défavorable à ladouble voie qui transperce désormais Valenciennes.Si par malheur, il arrive un accident, ça peut fairetrès mal ».

10La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

F O C U S Va l e n c i e n n e s

Qu’ils soient pour ou contre, les adversaires de Dominique Riquet retiennent, avant tout,l’implantation du tramway, comme le point d’orgue de son dernier mandat.

Deshautset

débats

Écologie

Culture

Politique de laville

« L’implantation du tramwayest une bonne chose »

Nom :RiquetPrénom :DominiqueProfession :ChirurgienParti :UMP

Nom :ChagnonPrénom :Jean-LucProfession :MédecinhospitalierParti : PS

Nom :DulieuPrénom :Jean-ClaudeProfession :CadreParti : PC

� Changer durablement le cadre devie, en facilitant le stationnement eten apaisant la circulation, notamentdans le périmètre de l’hôpital, quar-tier Dampierre.

� Le Grand-Valenciennes sera uneville fédératrice. Il souhaite rassem-bler les deux rives de l’Escaut afin queValenciennes redevienne une villed’eau, par exemple avec la construc-tion d’un quatrième pont sur l’Es-caut.

� La vie des quartiers est la priorité.Des villages dans la ville permettantde pouvoir vivre pleinement dansson quartier. Concertation systéma-tique des habitants sur les projets dequartiers.

� Bâtir une ville durable, soucieusede préserver l’environnement. Don-ner un cadre de vie harmonieux pourles générations futures. Implantationde plusieurs Éco-Sites et Éco-Quar-tiers et faire du quartier Nungesser unpoumon vert.

� Transformer Valenciennes en villeécologique du futur, sans voiture, endéveloppant un hyper-centre piéton-nier. Création de 2 000 places de par-king gratuit à proximité du tramway,ainsi qu’un dispositif de type Vélib’.

� Faire de Valenciennes un pôle d’ex-cellence écologique, en satisfaisant lesbesoins actuels des habitants sanscompromettre les générations futures.Développement des espaces verts,avec Nungesser comme « poumonvert ».

� Capitaliser l’engouement de “Va-lenciennes, Capitale régionale de laculture”. Création d’un équipementpour les “cultures jeunes” etconstruction d’une salle de concertsdédiée aux musiques actuelles.

� Préparer un événement culturel dedimension nationale en direction desenfants, mettant en valeur le savoir-faire numérique. Implanter cinq mé-diathèques au cœur des quartiers.

� Rendre la culture plus accessiblepour l’émancipation individuelle etcollective. Agrandissement de la mé-diathèque et rénovation de l’école demusique. Multiplication de média-thèques mobiles.

Photo : Frédéric Coulon

Page 11: La pression de mars - numéro 1

11La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

F O C U S Va l e n c i e n n e s Quelle premièremesure doitprendre votre

prochain maire ?

« Il faudrait déblo-quer des fonds sup-plémentaires pour laculture, favoriser son

accès aux gens les plus défavorisés. L’ac-cent doit être mis sur le patrimoine localet non sur de la culture de communica-tion comme par exemple, l’expoPharaon. »

Prénom : JulienÂge : 22 ansProfession :Étudianten histoire

Les amis ministresdu maire

’est un fait politique original etunique en France. Deux membres dugouvernement seront pour la pre-mière fois présents sur une mêmeliste à l’occasion des élections muni-cipales. Pour briguer un second man-dat (le premier comme tête de liste),

Dominique Riquet, le maire sortant de Valen-ciennes, a fait appel à son prédécesseur, Jean-LouisBorloo, ministre d’Etat chargé de l’Écologie, du Dé-veloppement et de l’Aménagement durables et à Va-lérie Létard, secrétaire d’Etat à la Solidarité.À première vue, cela peut paraître surprenant maispas pour Dominique Riquet. « Je les connais tous lesdeux. On travaille ensemble depuis de nombreuses années.Avec ces deux renforts de poids, c’est une chance pour dé-fendre les dossiers importants », justifiait-il lors de laprésentation de sa liste, le 22 février dernier. En casde réélection, il s’agirait d’un avantage considérable.Pourtant, une question inévitable se pose : celle de ladirection de la liste. Une interrogation que l’actuel

maire de la cité du Hainaut balaie d’un revers de lamain. « C’est moi le patron », clarifie-t-il.Pour autant, faut-il y voir un présage du futur vi-sage de la municipalité valenciennoise en 2014 ?Placée en seconde position, Valérie Létard est encourse pour un poste de premier adjoint en cas devictoire de son chef de file et pourrait incarner larelève. Quant à Jean-Louis Borloo, l’homme pro-videntiel du renouveau de “ l’Athènes du Nord ”depuis la fin des années 80, son cinquième rangsur la liste témoigne de son retrait progressif de lavie locale, d’autant plus qu’il ne briguera pas unnouveau mandat à la communauté de communesdu Valenciennois.Même si le suspens paraît peu probable, la pré-sence de deux membres du gouvernement pourraitprésenter un inconvénient de taille au moment duscrutin. Dans cette période où il ne fait pas bond’être dans l’entourage du président de la Répu-

blique, le vote-sanction pourrait desservir les inté-rêts de Dominique Riquet. Et ne pas conduire à saprobable réélection.

« J’aimerais que lenettoyage desfaçades du centre-ville soit fait par la

mairie. Il faut que le maire travaille avecles propriétaires privés pour que le cen-tre-ville soit harmonieux. Aujourd’hui, ily a des façades propres et d’autres en-core très sales. »

Prénom : StéphaneÂge : 36 ansProfession :Architecte

« J’aimerais que lemaire règle le pro-blème des bus et dutramway. J’ai voté

pour le tramway et aujourd’hui je le mau-dis. Chaque jour, étant donné qu’il n’y aplus de bus, je dois faire au moins unkilomètre de marche pour atteindre lastation de tram la plus proche… »

Prénom : GenevièveÂge : 72 ansProfession :Retraitée

« Il faut fairequelque chose pourle stationnement enville. Pour trouver de

la place non payante, il faut aller jusqu’àla place Poterne qui est assez éloignéedu centre-ville. Ce serait pas mal, si lemaire pouvait arranger les choses. »

Prénom :MélanieÂge : 21 ansProfession :Étudiante encomptabilité

Jean-Louis Borloo-Valérie Létard : le duoest inscrit sur la liste de Dominique Riquet

Photos : DR

Nom :SlabolepszyPrénom :DominiqueProfession :Cadre informatiqueParti :Sans étiquette

Nom :WattelPrénom :Anne-SophieÂge : 39 ansProfession :EnseignanteParti : LCR

� Construction d’un 4e pont sur l’Es-caut. Rendre plus fluide la circulationintra-muros. Aller à la reconquête desquartiers périphériques comme Du-temple et Chasse Royale. Créationd’un port fluvial.

� Pour une municipalité au servicede la population, qui défendra lesdroits sociaux et démocratiques dumonde du travail. Municipalisationde l’eau et gratuité de tous les trans-ports en commun.

� Faire de Valenciennes une villeplus propre et agréable à vivre pourl’ensemble des habitants. Revitaliserle quartier du Vignoble et son étangfait également parti de ses priorités.

� Réduction des nuisances sonoresautour de l’usine sidérurgique, et lequartier du Vignoble. Multiplier lesespaces verts dans la ville.

� Mettre davantage en valeur le pa-trimoine local. Augmenter l’attracti-vité dans la ville en multipliant lesévènements populaires.

� Gratuité de l’enseignement pourtous, et création d’une scène de mu-siques actuelles. Rénovation duconservatoire et création d’antennesde proximité pour mettre la musique,la danse et le théâtre à portée de tous.

� J.-L. Borloo (DVD) : 63,36 %� J.-C. Dulieu (UG) : 20,16 %� J.-L. Buridant (RPF) : 9,1 %� D. Slabolepszy (FN) : 7,37 %

Jean-Louis Borloo a été réelu à l’issu dupremier tour.

Second tour :�Nicolas Sarkozy : 5577,,7766 %%�Ségolène Royal : 42,24 %

MUNICIPALES2001 (1er tour)

Inscrits

Blancs

Votants

PRÉSIDENTIELLES2007

Dominique Riquet : « C’est moi le patron »

De Villiers (1,43%)

Besançennot (4,52%),Schivardi (0,19%), Buffet(2,85%), Bové (0,86%),Laguiller (1,87%),Nihous (0,91%)

Sarkozy (34,72%)Royal (21,19%)

Le Pen (11,57%)Bayrou 18,36%)Voynet (1,53%)

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Page 12: La pression de mars - numéro 1

12La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

Riquet, le plus riche ?Selon Le Point, Dominique Riquet seraitl’élu le plus fortuné de France parmiceux qui ont répondu à l’enquête réali-sée par le magazine hebdomadaire. Safortune s’élèverait à 3 850 000 euros,comprenant ainsi ses indemnités élec-tives, les revenus de son activité de chi-rurgien urologue et son patrimoine.Pour l’année 2006, le maire valencien-nois aurait déclaré 274 000 euros aufisc..

La grogne des commerçantsLes commerçants valenciennois sont encolère : « Il est anormal que nous nesoyons pas représenté dans la liste deDominique Riquet, le candidat qui a leplus de chance de remporter les élec-tions. » Dans un communiqué intitulé Leprix des larmes du sang, l’Union ducommerce valenciennoise fait part deson indignation : « Sommes-nous lespestiférés de cette ville ? Personne nenous représente après plus de trois ansde travaux en ville qui ont conduit cer-tains d’entre nous au bord de la faillite. »Surpris, Dominique Riquet trouve l’at-taque injuste et en a profité pour rappe-ler son attachement aux commerçantsvalenciennois.

Nungesser 2 au point mort

La future enceinte du VA FC connaîtra-elle le même sort que Grimonprez-Joo-ris ? Malgré le soutien des supportersdu club, le projet pourrait être retardésuite à la saisie du tribunal administratifde Lille par l’association Citoyens àNungesser. Celle-ci lutte contre laconstruction du nouveau stade pourdes raisons liées à la circulation et lasécurité. Reste à la justice de trancheret de décider de l’ouverture d’une ins-truction ou pas.

Un deuxième “Cœurde ville” pour 2011Inauguré en avril 2006, le centre com-mercial de Valenciennes aura un ju-meau d’ici trois ans à l’emplacement del’ancien Match. Le 20 février dernier, labranche immobilière de BancassuranceING a donné son feu vert pour cet in-vestissement de 60 millions d’euros. Surune superficie de 20 000 m2, ce projetconsacrera 6800m2 aux futures bou-tiques, 80 logements, une résidence-service à destination des personnesâgées et 400 places de parking souter-rain.

Le FN prend l’eau Dans le Nord, le Front National peine àconserver une présence dans la cam-pagne municipale 2008. Et ce, au grandregret de Jean-Marie le Pen qui auraitbien voulu qu’une liste étiquetée FNsoit en compétition à Valenciennes. Do-minique Slabolepszy, ordinairementporte-parole du parti frontiste dans lacité du Hainaut, fait cette fois bande àpart et présente une liste sans étiquetteEnsemble, d’abord pour Valenciennes :« J’ai quitté toutes mes fonctions au FNen juillet 2007. Jean-Marie Le Pen esttrop vieux. Je ne veux pas me noyer avecun bateau qui coule. »

Nouvelleimage

Alors que les travaux en centre-ville sontterminés, ceux à la périphérie deValenciennes viennent à peine dedébuter. Le prochain mandat sera

fortement marqué par la rénovationurbaine des quartiers valenciennois.

a Chasse-Royale, un quartier valen-ciennois. C’est là-bas que DominiqueRiquet (maire) a dévoilé sa liste le 22

février dernier. Le choix de ce lieu n’est pas ano-din : le maire sortant de Valenciennes compte fairede la rénovation urbaine dans les quartiers soncheval de bataille. Une priorité somme toute lo-gique lorsque l’on sait que le “père” du projet del’Anru (Agence nationale pour la rénovation ur-baine) n’est autre que Jean-Louis Borloo, ministrede l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Loge-ment de l’époque (2005-2007), prédécesseur deDominique Riquet et cinquième nom sur la listedu maire sortant.Après avis favorable du Comité national d’enga-gement de l’Anru le 25 avril 2005, la convention aété signée à Valenciennes le 8 juin 2006. Ce projetconcernait les quartiers de Dutemple, Saint-Waast,Faubourg de Cambrai et le centre-ville. 302 loge-ments doivent être détruits, 535 construits, 772 ré-habilités, 212 résidentialisés. La construction etl’aménagement d’équipements publics sont égale-ment prévus. Cela mobiliserait environ 152 mil-lions d’euros.Aujourd’hui, seule la partie du centre-ville estachevée. Cela fait même un an et demi que les

grues et les dameuses ont quitté les lieux. Recou-verte de pavés et incrustée par-ci par-là de lumièresmulticolores, la place d’Armes en est devenue l’unde ses symboles avec le centre commercial Cœur deville. Sans oublier la transformation complète de larue de la Vieille Poissonnerie où la circulation au-tomobile fait place à celle du tramway. Un premierchantier dont se félicite la municipalité sortante. Mais tout le monde ne peut pas en dire autant.« Les gens de la périphérie se plaignent que l’on ne pensequ’à l’hypercentre, soulève Jean-Claude Dulieu, duValenciennois. Aujourd’hui, tout est signé sauf pour lequartier de Chasse-Royale mais c’est une question dequelques jours ». Pourtant, les travaux ont déjà deuxannées de retard. « Je ne comprends pas pourquoi on nese précipite pas alors que c’est urgent. D’autant plus queles bailleurs ne font plus de travaux depuis dix ans »,martèle Jean-Claude Dulieu président de la com-mission “habitat” à Valenciennes-Métropole, lacommunauté de communes. Autre problème : si lesloyers des locataires ont augmenté de 2,9% en jan-vier dernier, les logements tardent à sortir de terre.Face à ces contretemps, le ciel s’est quelque peuéclairci au-dessus de quartiers comme celui de Du-temple où les premiers coups de pioches viennentd’être donnés. C’est parti pour cinq ans !

Malgré un territoire ra-vagé par le chômagedans les années 90, le

Valenciennois a su trouver lessolutions pour endiguer ce phé-nomène. Depuis 2003, la com-munauté urbaine valencien-noise a mis en place son Planlocal pour l’insertion et l’em-ploi (Plie). Sa mission : assister,dans leur démarche d’insertionprofessionnelle, des personnesexclues . Un dispositif financépar le Fonds social européen, etles collectivités territoriales, àhauteur de 800 000 euros cha-cun en 2007.Le Plie propose des parcoursindividualisés vers l’emploi, enoffrant une aide à la définitiond’un projet professionnel, ainsi

qu’un programme d’insertion.Véronique Stoupy-Flament, di-rectrice du Plie de Valen-ciennes Métropole ajoute que« le partenariat avec les entreprisesest primordial. Celles-ci proposentdes contrats de travail, et des for-mations pour les chercheurs d’em-plois en contact avec le Plie. Les entreprises installées sur la com-munauté urbaine sont tenues d’em-ployer au moins 7% de bénéfi-ciaires en insertion. Toyota en aembauché 39%. »

Et ça marche. Le taux de chô-mage affiché par Valenciennes-Métropole est passé de quelque13,4% en 2003 à 9% en 2007.L’année dernière, ce sont 450personnes qui ont trouvé un em-

ploi avec l’aide du Plie. Pourcela, les agents de ce plan localtravaillent en étroite collabora-tion avec les mairies de la com-munauté urbaine valencien-noise, notamment celle deValenciennes. Des permanencessont en place au sein des hôtelsde ville, afin de fédérer les ef-forts en faveur de l’insertionprofessionnelle sur le territoire.Les municipales constituentdonc une étape majeure avantde définir les grandes lignes dela politique du Plie en 2008.Après les élections des 9 et 16mars, le président et le bureauseront élus le 10 avril par lesnouveaux membres du conseildu Plie, composés d’élus lo-caux.

La mise en Plie du chômage

D’ici cinq ans, les barres d’immeubles du fau-bourg de Cambrai seront rasées. Photo : Florian Pottiez

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F O C U S Va l e n c i e n n e s

Page 13: La pression de mars - numéro 1

Vendeville, commune de1845 habitants à quinze ki-lomètres de Lille. À sa tête,Josiane Lecat,maire depuis1995. « J’ai baigné dans lapolitique depuis mon plusjeune âge », confie-t-elle.Comment pourrait-il enêtre autrement ? Son ar-rière-grand-père, EdouardPasbecq, occupait lui aussile siège de la mairie, entre1920 et 1927. Son grand-père également, de 1935 à1941.Quant à son père, il aété conseiller municipaldans l’équipe de M. Buisine(1947-1977). Bref, une his-toire de généalogie. Im-plantée àVendeville de-puis 1670, la famille deJosiane Lecat est incontour-nable dans tout le village etses alentours. « De par mesancêtres, j’avais l’impres-sion d’avoir plus de respon-sabilités que pouvait enavoir un autre maire »,avoue-t-elle. « À mes dé-buts, les plus anciensVen-

devillois me considéraientdavantage comme la petitefille de leur ancien maire. Jen’étais pas vraiment leurédile », sourit-elle, un peunostalgique lorsqu’elleparle de ses parents.Maisaujourd’hui, elle analyseles nouveaux rôles dumaire : « Dans les petitescommunes, on doit toucherà tout, être capable degérer tous les types de dos-siers. » Parmi les réalisa-tions de ses prédéces-seurs, elle retient unévénement en particulier :l’installation de l’électri-cité. Après les élections, Jo-siane Lecat quittera sonfauteuil de maire.Mais ellecontinuera à siéger auconseil municipal : elle faitpartie de la liste d’HervéVerbrugge.Quant à savoirsi sa descendance repren-dra, un jour, le flambeau,elle répond, rêveuse : « Mapetite-fille peut-être… »

Gaël Arcuset

L’ E N Q U Ê T E

13La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

out le monde connaît désormais JeanS., fils de Nicolas S. et éphémère can-didat dans une ville des Hauts-de-Seinelongtemps administrée par papa. Latentation de transmettre l’écharpe tri-

colore de père en fils n’épargne pas le nord de laFrance. Direction Locon, village de 2 000 âmes duPas-de-Calais, non loin de Béthune. Albert Cassezen est le maire depuis 1977. Son père Maurice l’étaitde 1945 à 1971, son grand-père Victor Genel dansles années 1920. Sa mère est néeDelory, une famille qui a fournitrois maires successifs à Loconau XIXe siècle. Et on pourraitfiler la généalogie au-delà si cen’était compliquer l’affaire.Dans certains villages ruraux, remonter la liste desmaires, c’est un peu comme jouer au jeu des sept fa-milles.Dimanche, Albert Cassez passera la main. Mais pasà l’un de ses fils. « Aucun des deux n’était intéressé, ex-plique l’élu, presque fataliste. De toute façon, on trouvede moins en moins d’enfants qui veulent reprendre le fau-teuil de maire de leur père. »Le poste de maire d’un village rural ne fait plus rêverles jeunes. La décentralisation a accru les pouvoirsde l’édile en même temps que sa charge de travail.« Le rôle du maire est beaucoup plus difficile qu’il y aquinze ou vingt ans, explique Serge Martin, présidentde l’Association des maires de France dans le Nord.Il faut vraiment trouver la motivation. »De moins en moins de jeunes sont prêts à prendre larelève, davantage attirés par les lumières de la villeque par le métier de papa, agriculteur. « Le passage detémoin entre le père et le fils était très lié au monde agricole,poursuit Serge Martin. Les villages étaient refermés sureux-mêmes, alors qu’aujourd’hui des rurbains sont arrivés.Les gens se connaissent moins et sont donc moins enclins àvoter pour un nom. Les baronnies, ça n’existe plus. »Alors, faute de continuité familiale, certains élus pri-vilégient une autre forme de passation de pouvoir.« Aujourd’hui, la transmission se fait beaucoup moins depère en fils et davantage au niveau de la famille politique ausens large, analyse le politologue Pierre Mathiot. On

transmet le pouvoir à ses amis, à son dauphin, à sesdeuxièmes femmes [sic]…notamment depuis la loi sur laparité. »Ainsi, l’actuel maire-délégué socialiste d’Hel-lemmes, Gilles Pargneaux, était le bras dedroit de son prédécesseur, Bernard Dero-sier.On aurait cependant tort d’enterrer lapolitique à la papa. Certains mairestentent toujours de placer le fiston surla liste. À moins que ce ne soit ce der-

nier qui n’ait at-trapé le virusde la politique,à force de re-garder le pa-ternel serrer

des mains. Par exemple à Bé-thune, où le maire PS JacquesMellick accueille sur sa liste sonfils, Jacques Antonio. Une listesur laquelle on retrouve égale-ment les Boitel père et fils.Ce virus de la politique a pousséPierre-Antoine Villain à se présen-ter sur la liste de son père François-Xavier, maire sortant UMP deCambrai (Nord). « Il est né en 1977,année où j’ai été élu conseiller muni-cipal… Il ne m’a jamais connu au-trement », sourit l’édile, quis’empresse de préciser : « Je nepeux pas l’en empêcher sous prétexteque ce serait politiquement incorrect…mais il devra faire ses preuves. »« Moi, je me fiche un peu de son nom…Je veux juste connaître son programme »,tranche Isabelle Legal, une habitanted’Armentières où Bernard Haesebroeck,premier adjoint au maire, se présente dimanche. Lecandidat est aussi le fils de Gérard Haesebroeck, quia tenu les rênes de la ville pendant quarante ans.Celui qui lui a succédé, Claude Hujeux, ne se re-présente pas. Reste à vérifier dans les urnes si unnom suffit à être élu.

La fin de la politiqueà papa ? Par Nicolas Kienast

« LES BARONNIES,ÇA N’EXISTE PLUS »

TLa fonction de maire s’est longtemps transmise de père en fils,notamment dans les zones rurales. Une tendance qui commenceà s’estomper même si quelques bastions subsistent.

Mairede famille

Josiane Lecat, maire de Vendevillecomme son grand-père et son arrière-grand-père.

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L E FA I T D U J O U R

14La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

illary Clinton « is back » ! La ri-vale de Barack Obama, etépouse de Bill, déjà vaincue suronze duels renoue avec la vic-toire, ressuscitant le rêve d’avoirune « commander in chief » à la

tête du plus grand pays du monde. En remportantl’Ohio, le Texas et Rhode Island, elle conserve lesÉtats les plus peuplés mais compte toujours moinsde délégués que son adversaire. Elle avait remportéle 5 février la Californie, l’État de New-York et leNew Jersey.Selon le site internet indépendant realclearpoli-tics.com, Obama en a 1 482 dont 1 280 déléguéssimples, 199 “ super dé-légués ” contre 1 390dont 1 149 déléguéssimples, 241 “super dé-légués” pour l’ancienneFirst Lady.Pour l’emporter, uncandidat démocrate abesoin d’au moins2 025 des 4 049 délégués (dont 796 “super délé-gués”) qui siègeront à la Convention démocrate deDenver (les 25 et 28 août prochains). Les “superdélégués” sont des responsables du parti ou desélus qui restent libres de leur choix au moment dela Convention. C’est pourquoi la campagne est re-lancée, au moins jusqu’au 22 avril, date de la pri-maire en Pennsylvannie.Le camp Clinton est revenu dans la course grâce àune argumentation fondée sur son expérience desresponsabilités politiques et sur la précision de sonprogramme. Une recette déjà utilisée au début dela campagne mais qui n’avait pas marché. Des son-dages réalisés à la sortie des urnes ont montré que

Hillary Clinton avait reconquis ses soutiens tradi-tionnels parmi les non diplômés, les femmes et lesHispaniques, au terme d’une campagne qui étaitdevenue de plus en plus hargneuse ces derniersjours.L’équipe de campagne de Hillary avait notammentdiffusé un clip télévisé angoissant posant la ques-tion de savoir qui serait le meilleur président pourdécrocher le téléphone rouge de la MaisonBlanche en pleine nuit, une façon implicite depointer l’inexpérience supposée de Barack Obama.Une critique confortée ces derniers jours après undébat sur le traité de libres échanges commerciauxentre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Hil-

lary Clinton s’estmontrée plus àl’aise sur la ques-tion que son rivalet a entamé une re-montée dans lessondages.Après sa victoiredans l’Ohio, Hil-

lary Clinton a promis qu’elle irait « jusqu’au bout ».« Aucun candidat, qu’il soit démocrate ou républicain,n’a gagné la Maison Blanche sans auparavant gagner laprimaire de l’Ohio », a-t-elle souligné devant des mil-liers de partisans en liesse à Columbus.Barack Obama a salué les victoires de sa rivalemais a, dans le même temps, assuré à ses partisansrassemblés au Texas, qu’il était « en route pour ga-gner l’investiture » de son parti fort du nombre desdélégués dont il dispose. Hillary Clinton a doncrépondu « Yes we will » au « Yes we can » de BarackObama dans ce qui est d’ores et déjà la campagneplus longue et la plus coûteuse dans l’histoire de lacourse à l’investiture des élections américaines.

HillaryClintonrelancée

Par Madjiasra Nako (avec AFP)

HILLARY CLINTONA PROMIS D’ALLER« JUSQU’AU BOUT ».

H

Devancée par BarackObama dans la courseà l’investiture démocrateà la Présidentielleaméricaine de novembre,la sénatrice de New Yorks’est relancée mardi soirremportant troisdes quatre Étatsoù avaient lieules primaires.

McCainet l’héritage

de BushJohn McCain, sénateur del’Arizona portera les cou-leurs des républicains à laPrésidentielle de novem-bre… avec le bilan d’unBush impopulaire.Sans surprise John McCain aréuni, mardi soir, les 1 191délégués qui lui assurentl’investiture républicaine àla Présidentielle. Il a étéreçu hier par le présidentaméricain qui lui a apportéson soutien. Un retour d’as-censeur de George W. Bushà celui l’a soutenu à la prési-dentielle de 2004 et dans sacampagne en Irak.Mais le soutien de Bush, auplus bas dans les sondages( 30 % d’opinionsfavorables ), sera plus unboulet qu’une bouée pourMcCain. Le NewYork Timesrelevait le mois dernier queles conseillers de la cam-pagne McCain, prévoyants,comptaient signifier à laMaison Blanche et aux dona-teurs républicains qu’ils nesouhaitaient pas que le pré-sident Bush participe à detrop nombreux meetings decampagne avec le candidat.Dans son discours de vic-toire mardi il a promis de sebattre pour gagner la guerreen Irak s’il était élu.

M.N.

Hillary Clinton peut toujourscroire en ses chances.

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E T A I L L E U R S

15La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

Vers un reprisedes négociationsPROCHE-ORIENT. Au dernier jour desa visite au Proche-Orient hier, la secré-taire d’État Condoleezza Rice a an-noncé qu’Israéliens et Palestiniens« avaient l’intention » de reprendre lesnégociations de paix. En protestationcontre les attaques israéliennes dans labande de Gaza, le président palestinienMahmoud Abbas les avait suspenduesdimanche.Dans la soirée, ce dernier aconfirmé cette « intention » via sonporte-parole.

Zapatero en têtepour les législativesESPAGNE. À droite,Mariano Rajoy ; àgauche, le Premier ministre en exerciceJosé Luis Zapatero ; arbitres, plus de50 000 électeurs appelés aux urnes di-manche. Les deux candidats ont en-gagé hier le sprint final électoral, Zapa-tero se maintenant en favori dans lacourse à la présidence du gouverne-ment, même s’il ne bénéficie que d’uneavance de trois ou quatre points.

Le corps du FrançaisretrouvéSOUDAN. Un corps a été découverthier matin au Soudan, près de la fron-tière du Tchad, par les autorités dupays. Il s’agit de celui du soldat françaisde l’Eufor, la force européenne chargéede sécuriser l’est du Tchad et de la Ré-publique centrafricaine, porté disparudepuis lundi soir au Soudan. L’hommeavait pénétré dans le pays par erreur.

Trop fort, l’euroUE. Le seul point positif d’un euro deplus en plus fort : il met tous les diri-geants européens d’accord. Avec unnouveau record battu à 1,53 dollarshier, la monnaie unique inquiète mêmeles Allemands, d’habitude enclins àvanter les mérites de l’euro fort. Serait-il temps de mettre un terme au laisser-faire monétaire ? Le sujet sera évoquéau conseil de la Banque centrale euro-péenne, qui se réunit aujourd’hui.

Au revoir Ian Paisley

IRLANDE. Une page politique setourne. Le protestant Ian Paisley, 81 ans,a annoncé mardi qu’il quitterait sonposte en mai après s’être fait l’avocatpendant un demi-siècle d’un protestan-tisme intransigeant. En mai dernier,Paisley avait accepté de partager lepouvoir avec l’ex-ennemi historique ca-tholique. Question succession, le minis-tre des Finances nord-irlandais PeterRobinson semble le mieux placé.

Prison ferme pourdeux journalistesALGÉRIE. Omar Belhouchet et ChawkiAmari, respectivement directeur etchroniqueur du quotidien indépendantalgérien ElWatan, ont été condamné enappel,mardi, à deux mois de prisonferme et à une amende de près de10 000 euros. Ils ont été jugé coupablede diffamation et injures pour avoir, enjuin 2006, évoqué des malversationsdont se serait rendu coupable un préfetde Jijel, département de l’est del’Algérie.

Dimanche matin, l’ar-mée colombienne aannoncé avoir abattu

Raul Reyes, le numéro deux desForces armées révolutionnaires deColombie (Farc) au cours d’uneopération en Équateur. Depuis2002, ce mouvement rebellemarxiste détient en otage lafranco-colombienne Ingrid Betan-court. La mort de Reyes a rapide-ment été confirmée par les Farc.Le lendemain, Hugo Chavez, leprésident du Venezuela a annoncé

que Raul Reyes tentait d’organiserune réunion avec le président Sar-kozy lorsqu’il a été tué. Informa-tion démentie hier par le porte-pa-role du gouvernement LaurentWauquiez. « Il était bien l’interlocu-teur depuis longtemps des pays investissur la libération des otages et notam-ment la France et la Suisse, mais passur les derniers jours plus particulière-ment », a-t-il expliqué. Nicolas Sar-kozy s’est de nouveau déclaré prêt

« à se rendre à la frontière » entre laColombie et le Venezuela « si c’estla condition de la libération ». Alorsque les rapports entre la Colombieet le Venezuela étaient déjà em-poisonnées par le cas Betancourt,cet épisode a encore envenimé lesrelations régionales. Le présidentéquatorien Rafael Correa a ainsiaffirmé que « les discussions étaientassez avancées pour libérer en Équateurdouze otages, dont Ingrid Betancourt »,et a crié à l’agression en dénonçantune « violation planifiée et prémédi-tée » de sa souveraineté. Les rela-tions diplomatiques entre les deuxpays ont été rompues.L’Équateur et le Venezuela ontensuite menacé la Colombie. Sou-tenu par les États-Unis, Bogota adénoncé à son tour l’ingérence duVenezuela dans ses affaires.L’Équateur a de son côté obtenuune session extraordinaire de l’Or-ganisation des États américains(OEA) pour trouver un consensus.L’Espagne a pris le relais pour as-surer la médiation entre la Co-lombie et l’Équateur. Pendant cetemps, la libération des otages,dont Ingrid Betancourt, est com-promise par la crise.

La guerre du gaz qui couvaitdepuis le week-end derniera éclaté hier entre l’Ukraine

et le leader gazier mondial, lerusse Gazprom. La plus impor-tante entreprise russe accuse dés-ormais Kiev de vouloir préleverune partie du gaz destiné à sesclients européens. Si elle n’est pasvite résolue, cette nouvelle tensionva priver l’Europe de 30% de sesapprovisionnements en gaz.Pourtant, hier matin, l’Ukraineavait rassuré l’UE. « L’Ukraine est

un partenaire fiable et nous ne viole-rons pas nos engagements concernantle transport et l’exportation du gaz versles pays de l’Union européenne »,avait déclaré le Premier ministreukrainien Ioulia Timochenko.Quelques heures plus tard, legroupe russe a annoncé que Kievallait réduire de 60 millions de m3

le gaz qui transite par l’Ukrainepour l’Europe, ce que Kiev a dé-menti une nouvelle fois.La Russie a décidé de réduire de25% le gaz livré à l’Ukraine après

l’expiration le 3 mars d’un ultima-tum pour le paiement de 600 mil-lions de dollars d’arriérés de 2007.De son côté, Kiev affirme avoirréglé son dû.Pour Pavel Kouchnir, un analystede la Deutsche Bank, la crise ac-tuelle représente « un défi majeurpour la réputation de fournisseur fia-ble de Gazprom aux yeux de l’Eu-rope », et pourrait encourager cettedernière à diversifier ses sourcesd’approvisionnement à son détri-ment.

La guerre du gazmenace l’Europe

Par MadjiasraNako (avec AFP)

Par Madjiasra Nako (avec AFP)

Raul Reyes a été abattu le 1er mars dernier

Ingrid Betancourten novembre 2007.

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La mortde Reyes

empoisonneles relationsrégionales

Après l’éliminationdu numéro deuxdes Farc, les relationsinteraméricainess’enveniment et lesdiscussions pour lalibération d’IngridBetancourt marquent le pas.

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E T A I L L E U R S

16La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

Appel au PrésidentLe secrétaire général de l’UMP, PatrickDevedjian, a souhaité mercredi que leprésident de la République NicolasSarkozy s’exprime car « c’est le momentde cadrer les choses » face à « lacampagne ad hominem » dont il est lacible. « Notre électorat attend ça », ainsisté le député des Hauts-de-Seine.

Allègre se rapprochedu gouvernementEncore un socialiste augouvernement ? Claude Allègre, an-cien ministre de l’Éducation de LionelJospin, se dit « prêt à aider Nicolas Sar-kozy pour faire en sorte que la re-cherche redevienne une des prioritésnationales et aider l’université françaiseà s’adapter au XXe siècle ». À conditiontoutefois que des moyens financierssoient débloqués comme le lui aurait« laissé entendre » le président de laRépublique. « Il a du charisme, et enplus, il est sympathique », a aussi dé-claré l’ancien ministre à propos du chefde l’État.

Hollande ne veut pascrier victoire trop tôtInvité du jour sur France Inter mardi, lepremier secrétaire du PS a mis engarde les électeurs contre « le piège »des sondages favorables à la gauche,rappelant que « tout va se jouer au pre-mier tour ». Le mauvais souvenir de2002 est encore frais et Hollande sou-haite plus que tout que les électeurs sedéplacent aux urnes. D’autant plus quemême s’il ne veut pas que les électeursvotent « par dégoût ou colère »,Hollande n’oublie pas que le 9 marsprochain donnera l’occasion « de fixerun bulletin de notes à l’occasion d’unbulletin de vote ».

Élimination pourl’Olympique lyonnaisC’est la fin de la course pour l’Olym-pique lyonnais (OL), sorti de la Liguedes champions après sa défaite en 8ede finale contre l’équipe anglaise deManchester United mardi soir.Obligésde marquer après une défaite en matchaller, les Lyonnais n’ont pas su s’impo-ser et ont dû s’incliner 1-0 au termed’un match engagé, surtout sur le plantactique. « Il faut tourner la page, tem-père l’entraîneur Alain Perrin.Nous ver-rons si l’équipe est capable de digérerl’élimination pour se concentrer sur lesobjectifs qu’il lui reste. » À savoir lematch contre Bordeaux qui s’annoncetrès difficile dimanche en Championnatde France de Ligue 1

Deux semainesde solde en plusPour relancer le pouvoir d’achat, Bercymise sur les soldes. Le groupe de tra-vail mis sur pied par le ministère del’Économie pour étudier « les méca-nismes de réduction des prix » proposedeux semaines supplémentaires desoldes par an et la création d’un com-parateur de prix dans l’alimentaire. Lerapport prône le maintien de deuxgrandes périodes de soldes,mais pro-pose que les commerçants puissentfaire de la publicité à l’intérieur commeà l’extérieur du magasin sur les prixdiscountés toute l’année.

Séquestréet torturé

à Bagneux

Un jeune homme a été soumisà des sévices à caractère antisémite

et homophobe. Les réactions politiquessont unanimes pour dénoncer ce crime

qui rappelle l’Affaire Halimi.

Deux ans après le meurtre d’Ilan Halimi, jeunehomme de 23 ans séquestré, torturé puis assas-siné par le “gang des barbares”, Bagneux

(Hauts-de-Seine) est au centre d’une nouvelle histoire sor-dide. Soupçonnés d’avoir séquestré un jeune homme de19 ans et de lui avoir infligé des sévices à caractère antisé-mite et homophobe, six hommes ont été écroués la semainedernière. Selon une source judiciaire, les agresseurs présu-més, âgés de 17 à 24 ans, ont reconnu « à peu près l’ensembledes faits », évoquant un « bizutage qui a mal tourné » à la suited’un différend financier. Selon Le Parisien, les six jeuneshommes auraient fait référence à Youssouf Fofana, le chefdu gang, dans le but d’effrayer la victime. Mais pour unesource proche de l’enquête, « on n’est pas, dans ce cas, dans ungang à la Fofana ». Dans la matinée du 22 février, deux d’en-tre eux auraient attiré leur victime chez eux en l’accusant devol, le sommant de venir s’expliquer. C’est là que tout auraitdégénéré pour le jeune homme, menotté, frappé, obligéd’avaler des mégots de cigarette. Ses agresseurs auraient ins-crit “sale Juif ” et “sale pédé” sur son visage.

Hospitalisé. Enfermé d’abord dans un appartement puisdans un box, il a été relâché dans la soirée et hospitalisé.« Très choqué » mais pas grièvement blessé, il a porté plainte.Arrêtés dans les jours suivants, les six suspects ont été mis en

examen pour « violences en réunion en raison de l’appartenancevéritable ou supposée à une race ou à une religion et en raison del’orientation sexuelle, séquestration en bande organisée, actes de tor-ture et de barbarie, vol aggravé, extorsion et menaces ».La maire communiste de Bagneux, Marie-Hélène Amiable,« choquée et indignée », a adressé ses « premières pensées à la vic-time et sa famille ». « Ces faits sont graves. Ils demandent à chacunsérieux, respect pour la population de notre ville, sans amalgamehâtif », a-t-elle plaidé.Richard Prasquier, président du Conseil représentatif desJuifs de France (Crif), a dénoncé un antisémitisme qui reste« profondément présent » en France malgré la baisse de 30 %du nombre d’actes antisémites en 2007. « Chez les jeunes, lesviolences prennent très vite une connotation antisémite, cela fait par-tie de leur fond culturel », a-t-il affirmé, appelant à « ne pas bais-ser la garde face à l’antisémitisme et ses manifestations ». Les mou-vements Ni putes ni soumises et SOS racisme ont égalementexprimé leur indignation. Ni putes ni soumises a appelé àun rassemblement « contre le repli et l’exclusion » samedi pro-chain dans le XIIIe arrondissement de Paris.La classe politique a pour l’instant observé un silence pru-dent sur l’affaire. Une prudence qui a une explication : enjuillet 2004, une plainte pour agression antisémite dans leRER D avait mobilisé hommes politiques, associationscontre le racisme et médias, avant que l’enquête n’établisseque l’agression n’existait que dans l’imagination de la plai-gnante.

C’est l’histoire de l’arroseur arrosé. LeGabon vient de menacer de reconduireles Français en situation irrégulière surson territoire après l’expulsion de deuxétudiants gabonais hors de France. Unemesure peu habituelle de l’Afrique versl’Europe, mais qui pourrait viser unnombre important des 10 000 ressortis-sants français qui vivent au Gabon :« 5 à 10 % des Français installés dans notrepays sont en situation irrégulière. Ils pour-ront être reconduits à la frontière si, au coursd’un contrôle de police, ils ne disposent pasde carte de séjour », a menacé AndréMbaObame, ministre de l’Intérieur. Et lepouvoir s’est appliqué à démontrer quele gouvernement français n’a pas le mo-

nopole de la fermeté face aux clandes-tins : hier, le quotidien gouvernementalL’Union titrait en une « Vive la fermeté »et consacrait deux pages, un édito etune caricature à l’affaire.

Expulsions de février. Cette mesurevient après la reconduite à la frontièreen février de deux Gabonais qui effec-tuaient leurs études à Reims et Tou-louse. Alors que les préfectures justi-fient ces expulsions par le manque derésultats universitaires des deux étran-gers, le Gabon se plaint que la Franceait « violé de manière flagrante » les ac-cords entre les deux pays avec des « re-conduites abusives ». Il estime que la

France n’a pas respecté le droit qu’ontles ressortissants reconduits « d’avertirun conseil, un consulat ou une personne deleur choix afin d’assurer la sauvegarde deleurs biens et intérêts privés ». Et promet,dès lors, d’« appliquer la réciprocité ».À cette polémique s’ajoute la colère duGabon après la diffusion sur France 2d’un reportage sur les biens immobi-liers du président Omar Bongo On-dimba, qui disposerait de trente-troisappartements ou maisons dont unhôtel particulier de 18 millions d’eurosà Paris. Furieux, le gouvernement aconvoqué l’ambassadeur français, et« réfléchit à la suite à donner aux relationsfranco-gabonaises ».

Le Gabon veut expulserses sans-papiers français

Par Caroline Bozec (avec AFP)

Par C.B. (avec AFP)

N’oubliez pas la légendeet le crédit

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Le président du Crif et la maire de Bagneuxse sont élevés contre cette agression.

Photos

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Page 17: La pression de mars - numéro 1

À l’élection présidentielle, Ségolène Royal a obtenu 55,61% des voix desCorbeil-essonnois. Aux législatives,ManuelValls (PS) est largement sortivainqueur : 57,70% des voix. Pourtant, le maire Serge Dassault (UMP) af-fiche toujours le sourire. Un sondage CSA de décembre 2007 donnait 50%à la gauche.Mais en présentant deux listes, Nouvel Avenir (PS) et laVilleensemble (PCF-Verts et PS), elle avance divisée. La gauche n’a pas réussi às’entendre. Le jeune Carlos Da Silva (33 ans) a été parachuté par ManuelValls, puissant maire d’Evry. « Mon étiquette PC ne plaît pas », estime BrunoPiriou, candidat de l’autre liste.Electrisé par ces élections, Bruno Piriou, conseiller municipal et conseillergénéral de l’Essonne, y croit dur comme fer. « On n’a jamais été aussiprès. » Treize ans qu’il se présente face à Serge Dassault. Selon ce son-dage, il aurait 28% des intentions de vote.D’un revers de main, Bruno Piriou balaie la liste PS de Carlos Da Silva. « fff.Ils n’ont aucune chance. Ils ne sont pas sur le terrain.On ne les voit jamais. »Pour le candidat, la bataille se joue entre lui et Serge Dassault. « Entre le filsd’ouvrier [son père travaillait à Renault Billancourt, NDLR] et le grand pa-tron.Vous imaginez, il a 82 ans. Il ne peut pas perdre contre moi. Il ne peutpas finir comme ça. Il ne supporterait pas. »Et la lutte est sans merci. Les deux hommes se détestent. Les conseils muni-cipaux sont un vrai théâtre :menaces de mort, insultes, procès en diffama-tion, déclarations tonitruantes... « Serge Dassault a un interrupteur pourcouper les micros », rapporte un habitant. Ce qui n’empêche pas Bruno Pi-riou de se lever pour se livrer à de grandes diatribes face à un publicfriand de ces joutes.L’opposition appuie là où ça fait mal : les affaires qui rythment l’actualité deCorbeil. Affaires largement relatées dans la presse. « Je suis surpris parcette acharnement médiatique », déplore Jacques Lebigre, directeur decampagne de Serge Dassault. Pour lui, la fortune de Serge Dassault faitbeaucoup fantasmer. Il préfère mettre en avant l’hôpital high tech obtenu àforce de sueur face à Evry. Serge Dassault a le bras long et tout le monde lesait à Corbeil.

E T A I L L E U R S

17La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

La cité où l’on voteà droite

Le grand patron et l’ouvrier

l est 19 h. Il fait nuit sur lesTarterêts. Bruno Pirioufrappe à la porte. Des enfantsjouent et hurlent dans le cou-loir qui résonne. Une Como-rienne ouvre dans une odeurde friture. « Bonjour, c’est

Bruno Piriou. Nous sommes la seule liste de gauche.Les autres n’ont aucune chance. Vous avez voté pourSerge Dassault aux dernières élections ?— Oui.— Ce n’est pas possible ?! Ce milliardaire qui s’enfiche des habitants des Tarterêts ? Regardez, je suisavec Naïma, dit-il en indiquant la Marocaine quil’accompagne. Vous laconnaissez. Elle vit à côté. »Échange de sourire.« Pourquoi vous avez votépour lui ?— ... »Pas de réponse. « Ça c’est le clientélisme de SergeDassault. Il a acheté la communauté », glisse le can-didat.Porte suivante. Même discours. Autre réponse :« Moi je ne vote plus. Vous voyez dans quoi on vit.Rien ne change jamais. »« C’est sûr que l’abstention va être un enjeu impor-tant », explique Nasser Demiati, sociologue àl’université d’Evry et membre du groupe Claris(Clarifier le débat public sur la sécurité). Il n’estpas surpris de voir que les habitants des Tarterêts

choisissent Serge Dassault. « D’ailleurs, je croisqu’il va gagner. Il n’y a pas de vraie conscience poli-tique dans les banlieues. Il ne suffit pas d’avoir desémeutes. »Pas assez politisés les habitants ? Bruno Piriouexplique : « Il y a une telle misère. Serge Dassault nese gêne pas pour en profiter. Il a un système clienté-liste. » Pour Nasser Demiati, les habitants desTarterêts sont trop précaires, trop fragiles. Le« clientélisme » aux Tarterêts, c’est plus qu’unerumeur. « Serge Dassault m’a proposé beaucoupd’argent pour organiser une réunion d’appartement »,raconte une habitante. « Je ne voterai pas pour lui,mais pour cette somme... »

En 2006, Serge Das-sault avait versé500 000 euros sur lecompte de l’un de sesjeunes adjoints desTarterêts. Un “prêt”

pour un projet humanitaire s’était défendu lemaire.Les jeunes auraient bien compris le système.Selon Le Monde, le maire aurait « financé sur sesfonds personnels », les vacances et les projets deshabitants des quartiers sensibles.« Il achète la paix sociale », s’énerve José Kinkelade l’amicale des locataires. Il a l’habitude degérer les problèmes de logement des habitantsdu quartier. « Si tu veux quelque chose, tu vas voirDassault. Tout le monde sait ça. » Nasser Demiati

reprend : « C’est dans la culture locale des jeunes. Ilsont été habitués à ça. Ils disent à Serge Dassault :‘donne-moi de l’argent’. »Bruno Piriou en a fini avec sa tour, pour ce soir.Pas besoin de faire la suivante. Plus personne n’yvit. Elle doit être détruite. « Il y a un an, vous se-riez venu, c’était Beyrouth », reprend Nasser De-miati. « Il y avait ces grandes tours désossées. Onvoyait à travers. Comme par hasard, on a commencéà repeindre juste avant les élections. »« J’habitais dans la tour d’à côté », raconte DraméDougoutigui. « On m’a déménagé dans une autre.Je suis resté trois mois. Celle dans laquelle je suis en cemoment va bientôt être rasée, aussi. » Nasser De-miati craint que la mairie ne mène une politiqued’embourgeoisement. Les loyers des nouveauxlogements risquent d’être beaucoup plus chers.Soucieux de plaire à son électorat, Serge Das-sault a annoncé une baisse du taux d’impositionde 2%, mardi dernier. « Un geste sympathique »qui « plaît à tout le monde », a signifié le maire. Lacommune présente un endettement de 108 mil-lions d’euros.

ICCOORRBBEEIILL--EESSSSOONNNNEESS.. Les Tarterêts, une ville dans la ville, soit un quartde la population de Corbeil-Essonnes. La cité fait souvent le 20-heures pourses violences. On y vote à gauche, sauf pour les élections municipales.Depuis treize ans, les habitants préfèrent Serge Dassault.

Par Gaël Cogné

« IL Y A UN AN C’ÉTAIT BEYROUTH »

Serge Dassault

Photo : DR

Photo : DRLes Tarterêts

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orsqu’ Anne, la maman,a entendu l’un de sesdeux fils à la radio, elleétait en train d’ouvrirson bar-tabac, commechaque jour depuis

quinze ans. Elle a serré très fort sonmari. Dans ses bras, elle a pleuréd’émotion, et de fierté. Ce jour-là, lesmédias se sont succédé tout l’après-midi pour venir écouter les jumeaux,inscrits sur deux listes électoralesconcurrentes du village. Vincent etMathieu Voisin, 21 ans, se présententaux municipales deMarœuil, une petitecommune du Pas-de-Calais d’à peine 3 500habitants. Adversairespolitiques, le tempsd’une campagne, letemps d’une soiréeélectorale, peut-être. « Le 9 mars, on ferale dépouillement des urnes. On essaiera dene pas se voir, au moins jusqu’à minuit ! »Mais après, ils rentreront chez eux,dans l’appartement qu’ils partagent, àdeux pas du bar de leurs parents.Les deux frères, des « vrais jumeaux »,comme le souligne leur maman, com-mencent leurs phrases par « moi », par« en ce qui me concerne », mais les termi-nent toutes par un regard complice, sa-chant déjà ce que l’autre va répondre.Et quand l’un ne sait pas comment ex-primer sa pensée, c’est le frère quiprend le relais. Assis côte à côte surune banquette en moleskine rouge, ilsse lancent dans les confidences. Vin-cent râle tout le temps, il paraît. Ma-thieu pense trop à lui, d’après son frère.

Mais son jumeau se rattrape : « Il abeaucoup de qualités : il est aussi bien quemoi ! »Inséparables, ils se sont engagés en-semble dans la vie du village. À 12 ans,ils allaient au cimetière vendre despin’s du Souvenir français le jour de laToussaint. À 13 ans, ils vendaient desbrioches pour organiser des événe-ments dans le village. Deux ans plustard, ils faisaient les brioches. Chaqueannée, ils participent à la Fête de la pa-tate dans la commune d’à côté. On lesappelle pour les kermesses de l’école.

En 2006, ils ont enfourné 238 quichespour le Téléthon. Et le père, moqueur,adossé sur le comptoir de son café derajouter : « D’ailleurs, si vous aviez fait del’anglais, plutôt que de faire des quiches,vous auriez pas été boulés au BTS ! » Ma-thieu est dans l’hôtellerie, Vincent enapprentissage de cuisinier. « La cuisine,c’est partager aussi, sans attendre quelquechose en retour. »Pas étonnant donc que les candidatsdeMarœuil se soient arrachés les deuxjeunes pour peser contre le maire sor-tant Jean-Pierre Quargnul. Le candi-dat de Mathieu, Daniel Damart, est àdroite et son grand projet pour la com-mune est la réhabilitation du marais enzone de loisir. Jean-Marie Truffier, lecandidat de Vincent, est inscrit sous

l’étiquette UMP. Son ambition pour laville : « la réhabilitation du marais en zonenaturelle ». Quelle différence entre lesdeux candidats ? « La différence, c’estnous qui la créons ! » s’amusent les deuxfrères. Les deux programmes concur-rents se ressemblent autant que le vi-sage candide des jumeaux, que leurslunettes ovales, et leur sourire chaleu-reux. Les deux frères se reconnaissentdans le parti de l’UMP. Ce qui leurplaît dans les valeurs de ladroite ? « C’est ce qui nous déplait dans lesvaleurs de la gauche ! » Mais on n’en

saura pas plus. Ils cherchent,se regardent, se tournent versleur père. Mais c’est ici ques’arrête leur projet politique.« On ne parle pas de politique à lamaison. »Pour l’un comme pour l’autre,intégrer le conseil municipal,

c’est avant tout un engagement pour lavie communale. Une continuité lo-gique de leur parcours. À 21 ans, c’estun choix qui surprend, surtout leursamis de BTS à Arras. « Pour eux, je m’envais dans un délire. Ils prennent ça à la ri-golade », raconte Mathieu. « C’est sûr,eux, ils préfèrent sortir en boîte », poursuitVincent.Au fond de la salle, le père sourit. Ilne perd pas une miette de l’interview.La salle est rangée, les tabourets ren-versés sur les tables. Les verres ont étélavés et essuyés. Drôle de journée.Leur maman, en ouvrant la porte dederrière, lance un chaleureux« Merci ! ». Pourquoi ? « Pour rien. Justed’être là », confie-t-elle. Puis referme laporte.

D É C A L É

18La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

Adversaires complicesMMAARRŒŒUUIILL.. Dans la vie, Vincent et Mathieu sont jumeaux. Mais pendant la campagne électorale, ils sont adversaires.

Un combat politique, l’un contre l’autre, qu’ils mènent ensemble. Et les parents arbitrent.Par Sophie Bouillon

« ON NE PARLE PAS DE POLITIQUE À LA MAISON »

11 juin 1986 : Nais-sance de Vincent etMathieu1993 : La famille Voi-sin déménage à Ma-rœuil. Les parentsachètent le bar-tabac du village. Lesenfants vendent despin’s pour le Souve-nir françaisJanvier 2005 : 238quiches pour le Télé-thonSeptembre 2005 :S’inscrivent en BTShôtellerieJuin 2007 :Vincentest appelé sur la listede Daniel DamartOctobre 2007 : Ma-thieu s’inscrit sur laliste de Jean-MarieTruffier

PHOTO: Thibaud Vuitton

Les frèresVoisin en dates

Qui de Mathieu (à gauche) ou de Vincentsortira vainqueur de ce duel fratricide ?L