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EHESS Le Signe du linceul. Le Saint Suaire de Turin: de la relique à l'image by Odile Celier Review by: Françoise Lautman Archives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 84, La religion aux États-Unis (Oct. - Dec., 1993), pp. 262-263 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30127275 . Accessed: 17/06/2014 14:58 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.108.40 on Tue, 17 Jun 2014 14:58:04 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

La religion aux États-Unis

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Le Signe du linceul. Le Saint Suaire de Turin: de la relique à l'image by Odile CelierReview by: Françoise LautmanArchives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 84, La religion aux États-Unis (Oct.- Dec., 1993), pp. 262-263Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30127275 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

de l'index : Immacul6e Conception, foi, extase, mystique, possession, Tout-Puissant, spiri- tisme.... Parmi les themes majeurs, nous y ren- controns surtout les ph6nomi~nes que la thdologie mystique caract6rise comme <<extra- ordinaires >>, ceux qui sollicitent des fantasmes sexuels ou narcissiques et ceux qui brodent sur la religiosit6 non contr816e par les appareils confessionnels.

J.C. mbne h bien une d6marche ambitieuse, h la fois drudite et th6oris6e, dont l'axe se trouve dessin6 d'embl6e: <<la psychologie ne s'est pas instaur6e comme une science qui au- rait d6finitivement rompu avec la philosophie et les lettres, mais elle s'est ancr6e aussi dans un territoire mixte, entre les lettres et les sciences, entre celles-ci et la fiction >> (p. VII). L'extraordinaire et le pathologique vont fournir un mat6riel luxuriant, en articulation avec les courants m6dicaux orient6s vers la philosophie, la litt6rature et/ou la prise en compte de la ma- ladie mentale. Le milieu qui porte cet l61an no- vateur s' institutionnalise notamment au College de France, avec la chaire de psycho- logie exp6rimentale et compar6e (cr66e en 1888 pour Ribot, auquel succhdera Janet), et h la Sorbonne, oii s'ouvre en 1889 le Laboratoire de psychologie expdrimentale (cr66 pour Beau- nis, auquel succidera Binet). Mais ce milieu comprend aussi nombre d'6crivains, particuli&- rement dans le monde du thditre et du roman.

Comme l'indique le titre de l'ouvrage, la question des personnalit6s doubles ou multi- ples tient ici une place centrale et les connexions avec la litt6rature sont trait6es es- sentiellement h partir des travaux dus g des md- decins ou d'autres hommes de science. On lira, par exemple, avec beaucoup de plaisir et de profit le dernier chapitre, intitul6 : <<Narrativit6 et cas singuliers chez Janet et Freud>>.

Pour qui s'int6resse au domaine de la reli- gion sans borner son horizon aux institutions eccl6siastiques, l'ouvrage de J.C. se r6vble fort stimulant, car il ouvre des perspectives sur un ensemble de faits, d'auteurs et d'oeuvres qu'on n'avait pas su jusqu'ici voir sous cet angle tri~s 6clairant.

Jacques Maitre.

84.25 CELIER (Odile). Le Signe du linceul. Le Saint Suaire de Tu- rin: de la relique iA l'image. Paris, Ed. du Cerf, 1992, 247 p.

Apparu pour la premiere fois en 1355, r6put6 8tre rapport6 de Constantinople par un crois6,

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passant ensuite d'un propri6taire et d'un lieu de d6votion h un autre, objet d'ostensions tan- t8t approuv6es tant6t interdites par le clerg6, le Saint Suaire fut l'objet de nombreuses co- pies. II arriva m~me, comme ce fut le cas pour le Suaire de Besangon, que la d6votion popu- laire oubliat qu'il ne s'agissait pas de l'origi- nal! II fut un temps oii on les honora tous deux 6galement, et les princes de Savoie et saint Frangois de Sales tout autant que la ferveur po- pulaire! La d6votion d6crut t partir du xvIIIe sidcle du fait des difficult6s de la Maison de Savoie et du d6clin du culte des reliques. Elle ne se r6veilla qu'a la fin du xIXe siicle avec l'ostension de 1898 h Turin qui attira 800 000 pl61erins.

C'est alors que la photographie en r6v61lant I'image comme un n6gatif relance la question de son authenticit6 et suscite un d6bat scienti- fique qui va ajouter la fascination du mystbre h la d6votion. De violentes pol6miques s'en- suivent, notamment entre les Bollandistes et la Revue Biblique d'une part, contestant l'authen- ticit6 au nom de l'histoire obscure de la reli- que, et des savants, y compris des agnostiques, d'autre part proclamant cette m~me authenti- cit6 au nom de la nature myst6rieuse de 1' image !

Le plus int6ressant est de constater alors le changement de statut de la relique : protection miraculeuse ou image-support de d6votion au- paravant, elle devient, en tant que photogra- phie, preuve de la R6surrection... utilis6e par les strat6gies apolog6tiques des catholiques conservateurs.

Au cours des dernibres d6cennies, la d6vo- tion s'accroit avec la multiplication des osten- sions aussi bien que des nouvelles analyses scientifiques (fibres, pollens...) et le soutien du Vatican qui accepte en 1983 de se la voir 16- gu6e par l'ex-roi Umberto d'Italie. La publi- cation, le 13 octobre 1988, de la datation par le carbone 14 qui fait remonter l'origine du lin- ceul aux anndes 1260-1390 aprbs J6sus-Christ, bien qu'entour6e de toutes les garanties, tom- bait dans un contexte passionnel. Certains sou- tinrent que le mystbre de la production de I'image en tout cas demeurait, nombreux furent ceux qui d6claraient maintenir leur attachement au beau visage du supplici6 et A la m6ditation sur la passion que suscitait la vue de ses plaies... D'autres refusbrent d'y croire et orga- nisbrent la contestation des r6sultats, la th6se la plus connue pr6tendant que le miracle-flash de la R6surrection avait alt6r6 les tissus et ren- du douteuse la datation par le carbone 14. De toute fagon le propre du miracle n'est-il pas d'6chapper h la science ?

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L'A. souligne la position tras ambivalente des propagandistes du linceul vis-a-vis de la science: fascination et confiance quand elle prouve l'authenticit6, mais lI oji la science y 6choue, affirmation que se manifeste d'autant plus le surnaturel. D'autre part, cette d6votion lui semble relever du champ des pratiques se- mi-autonomes caract6ris6es par un fort attache- ment populaire et le peu de prise sur elles de l'institution eccl6siastique. L'attachement contemporain a une relique-preuve peut 8tre analys6 comme le signe du d6sarroi de certains milieux chr6tiens devant l'effritement de la chr6tient6 traditionnelle dans la modernit6 qu'on espbre contrer avec ses propres armes scientifiques. Mais en revenant plus en arridre, elle analyse la prudence pastorale d6ploy6e tout au long des derniers sidcles par ceux qui, n'osant heurter de front une sensibilit6 popu- laire, cherchaient 5 l'orienter 5 travers cet ob- jet, a rencontrer l'incarnation, l'humanite du Christ sugg6r6e par les linges abandonn6s du supplici6, et plus tard a trouver dans l'image restauree par la photographic, le support i la m6ditation qui lui est traditionnellement re- connu.

C'est en revenant sur cette recherche A la fois esth6tique et affective de l'image au sens le plus fort du terme que L'A. cherche i situer l'6nigme de son origine en la confrontant A la fois aux risques de l'effervescence exalt6e des repr6sentations des Mystbres de la Passion au

xIIle siacle oiu maint acteur manqua p6rir d'un

jeu trop r6aliste, aussi bien qu'a la recherche mystique de l'identification a la passion du Christ qui animait les flagellants et a l'appa- rition, sur un mode plus contr616, de la divo- tion au crucifix. Sans pouvoir pousser plus loin les hypothbses sur l'identit6 du supplicid, elle invite A sentir l'affinite entre le Saint Suaire et les ann6es oi il entre dans l'histoire, a voir en cette << relique des reliques, le joyau que la sensibilite religieuse de la fin du Moyen-Age, toute vou6e a la Passion, attendait fi6vreuse- ment >.

Frangoise Lautman.

84.26

CENTRE D'ETUDES ET DE DOCUMEN- TATION ECONOMIQUE, JURIDIQUE ET SOCIALE. D'un Orient I'autre. Les mita- morphoses successives des perceptions et connaissances. Paris, Editions du CNRS, 1991, volume 1, Configurations, VII-577 p.,

volume 2, Identifications, VIII-497 p. (Prd- sentation et <Orient-ations de Jean-Claude Vatin).

BULLETIN DES OUVRAGES

C'est une gageure que de vouloir faire un compte rendu d6cent sur une somme de cette densit6 : trois introductions, soixante commu- nications et une conclusion (par Maxime Ro- dinson), un 6ventail chronologique qui traverse dans une perspective diachronique toutes les <Asciences de l'Orient>> depuis l'6gyptologie jusqu'au domaine contemporain, et un champ gdographique 6galement vaste, quoique plus d61limit6 et centr6 surtout sur l'Egypte et le Machrek (en ddpit de quelques incursions aux limites>> : Pakistan et Maghreb).

Cet ouvrage est le fruit de quatre sdminaires annuels pr6paratoires qui se sont tenus a Lyon, a Paris, a Aix-en-Provence et au Caire entre octobre 1982 et avril 1985, et d'un colloque r6uni au Caire du 18 au 22 avril 1985. L'ombre d'Edward Said (Orientalism, 1978) a pland sur ces ddbats. La pol6mique sur l'orientalisme 6tait encore chaude et le souci des organisa- teurs de ces rencontres 6tait, en 6vitant le re- gistre des condamnations iconoclastes, de mener un travail en profondeur sur les <<images de l'Orient>> (images frangaises, francophones ou francocentr6es pour l'essentiel), a la re- cherche d'un <<compromis 6pist6mologique>> ou, du moins, d'une ouverture, qui pfit d6pas- ser le combat de tranchdes entre les partisans d'Edward Said et ceux de Bernard Lewis.

Se voulant comme un essai de << sociologie historique et de critique des connaissances>>, I'entreprise - qui, d'une certaine maniare, avait fait ses premibres gammes avec l'exposition de Marseille sur < L'Orient des Provengaux >> (no- vembre 1982-f6vrier 1983), d'apris les images des expositions coloniales de Marseille de 1906 et de 1925 - avait pour but de montrer l'6tagement complexe des repr6sentations et des constructions scientifiques successives l61a- bor6es a propos de l'Orient. L'autre regard, ce- lui de l'Orient sur l'Occident, plus mal connu et souvent d6ni6, 6tait aussi l'objet d'une ex- ploration croisde: communications sur les premiers voyageurs marocains en Espagne (xvirie-xvIie sibcles) et sur <l'Occident des Orientaux >>. Ce bilan d'une grande richesse re- lbve de cette interrogation 6pist6mologique plus g6ndrale qui marque les sciences sociales contemporaines: la remise en doute de la connaissance de l'Autre, ce <Mal de Voir> (pour reprendre le titre d'un ouvrage 6dit6 par H. Moniot) qui oblige a une revision g6n6rale des acquis, ou suppos6s tels, des disciplines concern6es - doute plus corrosif et plus f6cond a long terme que le brfilot de Said.

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