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EHESS Destin des croyances Review by: Claude Rivière Archives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 84, La religion aux États-Unis (Oct. - Dec., 1993), pp. 269-270 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30127285 . Accessed: 12/06/2014 07:26 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 188.72.96.55 on Thu, 12 Jun 2014 07:26:37 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

La religion aux États-Unis || Destin des croyances

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Destin des croyancesReview by: Claude RivièreArchives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 84, La religion aux États-Unis (Oct.- Dec., 1993), pp. 269-270Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30127285 .

Accessed: 12/06/2014 07:26

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thdorie de Turner sur la structure et la commu- nitas.

Toutes ces 6tudes de cas 6taient d~ji l'oc- casion d'interrogations th6oriques; les sui- vantes se situent d'embl6e sur le terrain du questionnement et de la confrontation de para- digmes (l'A. entend le paradigme au sens de module conceptuel et non au sens kuhnien). Dans l'une, W.D. apporte sa contribution A la critique des theories sur l'essence de la culture japonaise (nihonjin ron) en terme de nouvelle forme de religion civile. On sait que ces va- riations foisonnantes sur un mime thime ont donn6 i des sch6mas mono'd6iques tels que < soci6t6 verticale >>, < soci6t6 de l'homme pro- t6en , << soci6t6-miniature > ou de l'<<homme- moratoire>>. L'A. montre, apris d'autres, que cette <<science de la culture japonaise A large- ment iddologique peut 8tre instrumentalis6e par les decideurs nippons i des fins utilitaires, mais il souligne que cela relive moins d'une iddologie-produit fini que de la quite erratique d'une nouvelle image de soi.

Les chapitres les plus denses sont cependant consacr6s i une discussion serr6e et approfon- die de la pertinence, par rapport au cas japo- nais, de la thise wdb6rienne sur les racines religieuses de l'ethos capitaliste. L'A. avoue faire preuve d'un <Ascepticisme mod6r6> de- vant les raisonnements de Weber; il note i ce propos que l'accent mis par le sociologue de Heidelberg sur le Geist l'a fait sous-estimer les contradictions existantes i l'intdrieur du sys- time de valeur central et la multiplicit6 des motivations A l'oeuvre dans un comportement de type capitaliste. W.D. critique 6galement les thises de Michio Morishima, w6b6rianisantes dans la d6marche sinon dans les conclusions puisqu'elles opposaient au confucianisme chi- nois un confucianisme japonais cens6 8tre plus favorable i l'6closion du capitalisme. Selon l'A., Weber, et par cons6quent Morishima, ont sous-estim6 le r61e que pouvait jouer une bu- reaucratie d6veloppementaliste. En d6finitive, W.D. note ironiquement que la contribution du bouddhisme japonais au d6veloppement a 6t6 essentiellement passive: ce qu'il appelle une aphasie morale face i la souffrance et l'injus- tice sociale.

D'une manibre g6n6rale, i l'examen des af- finit6s dlectives entre type de religiosit6 et 6v6- nements historiques, I'A. juge pr6fdrable de substituer l'6tude des transformations internes des attitudes religieuses et magiques une fois que le d6veloppement s'est install6.

L'ouvrage de W.D. n'a pas la pr6tention de dresser un panorama complet du religieux ja- ponais actuel; mais par la densit6 de sa r&-

BULLETIN DES OUVRAGES

flexion et son articulation constante du thdori- que et du descriptif, il constitue un ensemble tris stimulant qui ne manquera pas d'inaugurer ou de relancer des d6bats dans la communaute des sociologues et historiens des religions ja- ponaises.

Louis Hourmant.

84.35

Destin des croyances. Connexions, 61, Tou- louse, Erbis, 1993/1, 175 p. (Num6ro sp6cial).

Signe certainement d'une prdoccupation ac- tuelle que la parution au mime moment de trois ensembles de recherche sur le croire et la croyance: A.S.S.R., 81 et 82, 1993, A<Croire et modernitd> ; Connexions, 61, 1993/1, ADes- tin des croyances A; et Daniel Mercure (et al.), La culture en mouvement, Presses de l'Univer- sit6 Laval, Qudbec, 1992, dont la seconde par- tie s'intitule Ales nouvelles manibres de croire>> ! Je me contenterai de recomposer ici, en cimentant par mon discours des proposi- tions fortes mais 6parses, ce qui m'a sembl6 particulibrement pr6gnant dans les excellents articles initiaux assez thdoriques de Jean-Pierre Sironneau, Jean-Pierre Deconchy et Frangoise Champion, sans sp6cifier chaque fois A qui ap- partient tel fragment d'id6e, mais en appr6ciant ces compl6ments au numdro des A.S.S.R. dont Jean-Paul Willaime a 6td le maitre d'oeuvre.

La croyance en un systime religieux n'est pas le pr6alable i son analyse, sinon la majeure partie de l'anthropologie religieuse des socid- t6s traditionnelles n'aurait aucune valeur et par ailleurs les distorsions fiddistes seraient le meilleur gage de l'inobjectivit6. Si les psycho- logues sociaux s'int6ressent surtout aux m6ca- nismes qui entrent en jeu dans l'attitude religieuse, les anthropologues sociaux se foca- lisent sur les 6nonc6s de croyances jug6es cen- trales dans un groupe et sur la manibre dont se structurent croyances aux mythes et prati- ques rituelles dans un complexe culturel. Ii est probable que bientdt une action-research (proche de la propagande) utilisera ces donndes et d'autres pour une manipulation des croyances et de leurs objets, apris recherche des filtres notamment culturels, r6fractant une ontologie, qui font que certaines croyances sont dites, d'autres non dites, d'autres d61ib6- rdment tues.

M~me si les croyances mobilisent une charge d'affects, il est inexact de dire qu'elles reflitent toujours les int6rets (Marx) ou les sentiments (Freud) des groupes sociaux ou bien qu'elles d6terminent l'organisation sociale

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

en tous ses aspects. Comment la charit6 chr6- tienne expliquerait-elle les guerres entre chr&- tiens? Mais il est vrai que nombreuses, vari6es, imbriqu6es, sont nos croyances tout autant que nos espoirs et nos convictions. Les croyances ne sont pas n6cessairement organi- s6es en systime. Certaines pratiques peuvent contredire des croyances affirmdes. Certaines croyances sont pergues comme en d6clin et chacun tend i mettre en situation ses propres adh6sions par rapport a celles des autres. Si les croyances se remodilent sans cesse, c'est pour 6viter ou r6duire une dissonance cogni- tive. Une rationalit6 subjective se construit pour donner coh6rence a des id6es et croyances diverses, influenc6es en r6alit6 par des stdr6o- types de sexe, age, profession, classe, ethnie, nationalit6..., mais aussi par une situation his- torico-sociale particulibre qui fournit un croya- ble disponible d'ordre religieux, para-religieux ou pseudo-scientifique (le trou dans la couche d' ozone).

Le divorce entre foi chr6tienne et raison pro- fane, quand apparait la science expdrimentale, suscite une fragmentation du croire plut6t qu'un th6isme ou qu'un ath6isme scientiste ra- dical. Le croire se recompose selon des moda- lit6s plurales, par des processus de substitution de valeurs (peuple, patrie, progris, classe, r6- volution...), par des convictions iddologiques tenant lieu de raison, et par un malaxage syn- cr6tique de donn6es a la fois mystiques et scientifiques (bio-6nergie, potentiel humain, astrologie, thdrapie primale).

Dans le monde contemporain, la validit6 d'une croyance tend a se mesurer a l'aune de son utilit6, d'oii l'adoption de croyances re- connues comme hypoth6tiques (vie ant6rieure, r6incarnation) mais s6curisantes. Le refus de toute autorit6 sup6rieure a l'individu et la croyance en la souverainet6 de l'exp6rience personnelle pousse certainement a la tol6rance, mais aussi vers une exp6rimentation vari6e plu- t6t que vers une adh6sion ferme a des dogmes supposant une institution qui les 6tablisse. Ce- pendant la tol6rance s'arr~te 1a oii les croyances les plus investies psychologique- ment paraissent menac6es. I1 y a toujours ten- sion, dans I'exp6rience individuelle entre le relativisme et l'affirmation d'un absolu. Dans les croyances syncr6tiques l'adh6sion a un ca- ractare fluctuant et labile.

Partout, la force ancienne du croire tend d&- sormais a s'assouplir, a avoir un certain flou et une certaine ambiguit6. On croit sans y croire, on construit son ex6ghse ou une inter- pr6tation fantaisiste, d'autant qu'il y a abandon des liturgies qui renforgaient la croyance. On s'accommode de la diversit6 des adh6sions et

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choix dans un monde dont les m6dias clament I'aspect kaldidoscopique. Cependant un chemin 6norme reste a parcourir pour y voir clair dans la dynamique des croyances.

Claude Rivibre.

84.36 DI LORETO (Pietro).

Togliatti e la << doppiezza >>. II PCI tra demo- crazia e insurrezione 1944-1949. Bologne, II Mulino, 1991, 357 p.

Ce livre analyse le rl61e du parti communiste en Italie au lendemain de la Deuxibme Guerre mondiale, dans cette p6riode ofi tout semblait possible. Il met en valeur la double perspec- tive, je dirais le double jeu, dans laquelle s'ins- crit la strat6gie communiste, et celle personnelle de Palmiro Togliatti, rentr6 de Moscou en 1944, form6 a la meilleure 6cole stalinienne : le recours a la structure clandes- tine selon les bonnes m6thodes kominter- niennes, la pr6paration de la r6volution violente, dont l'Emilie-Romagne a fourni un sinistre exemple, et en m~me temps, le jeu d6- mocratique et parlementaire. Cela dans le pays oii r6side le Pape, et ofi s'impose au premier plan une force politique catholique, la D6mo- cratie chr6tienne.

Le r6cit de P. D. L., fond6 sur les archives du parti, est a bien des 6gards passionnant. Il d6compose bien le systime de pouvoir des communistes dans un pays oii ils ne le d6tien- nent qu'au plan local, mais oO leur influence est consid6rable; il permet d'affiner le portrait de Togliatti, I'homme qui pensait que De Gas- peri voulait << une r6publique avec le Crucifix et avec le Pape comme Pr6sident>>, et de p&- n6trer dans les d6bats du Comit6 central. Il convient pourtant de manipuler l'ouvrage avec un minimum de prudence, tant l'auteur parait prisonnier de ses sources. II a eu accas a une masse documentaire originale et importante, et s'en contente: la critique des sources est in- suffisante, les croisements avec d'autres docu- ments ne sont pas faits. La bibliographie elle-m~me est r6duite a quelques ouvrages seu- lement, I'A. ne maitrisant manifestement pas une historiographie fort abondante, elle-m0me fond6e sur d'autres sources, qui lui auraient permis d'apporter des 6clairages diff6rents et compl6mentaires, de nuancer quelques propos. L'on ne peut par exemple que r6cuser l'id6e que Togliatti serait <<un De Gasperi de gauche >>, ou qu' <<l'ill~galisme > communiste aurait rfpondu <<l'int6gralisme catholique >>, les deux 6tant renvoy6s dos a dos, <<que les pr6- occupations communistes pour la reprise du squadrisme n'6taient pas exag6r6es, le d6mon-

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