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L'Ésotérisme chrétien en France au XIXe siècle by Jean-Pierre LaurantReview by: Françoise ChampionArchives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 84, La religion aux États-Unis (Oct.- Dec., 1993), pp. 284-285Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30127305 .

Accessed: 13/06/2014 09:14

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

L'ouvrage n'est gubre critique. Mais il a le mdrite de d6crire l'histoire, l'organisation et le fonctionnement d'un groupe religieux trbs ty- piquement <<no-hindou >> mal connu en Occi- dent hors des centres qu'il a fondds. L'A. avait publi6 en 1988 une int6ressante 6tude de cer- tains mouvements d'6mancipation sociale des Intouchables au Pandjab (cf., Arch., 78, no 41).

Andr6 Padoux.

84.54 KUSHNER (Tony), 6d.

The Jewish Heritage in British History. En- glishness & Jewishness. Londres, Frank Cass, 1992, 234 p.

Le titre de cet ouvrage 6voque pour le lec- teur frangais une 6tude sur l'identit6 anglo- juive. En r6alit6, ce livre est plus une longue r6flexion critique que les traditionnelles ap- proches de l'histoire des Juifs en Grande-Bre- tagne. I1 s'inscrit dans un d6bat actuel dans ce pays relatif a l'anglicit6 et le rappel des h6ri- tages culturels des minorit6s n6es ailleurs que dans les Iles Britanniques. Ce d6bat est iddo- logique et politique. A la fin des ann6es 1980, Margaret Thatcher, en personne, y est interve- nue en affirmant a la fois le r61e joud par la Grande-Bretagne dans le d6veloppement de la d6mocratie tout en insistant sur les fondements

chr6tiens de la soci6td britannique (p. 4).

Les auteurs de cet ouvrage collectif repro- chent aux historiens anglais leur conserva- tisme: leurs travaux mettent l'accent sur

l'int6gration des Juifs dans la soci6t6 britanni- que comme sur leurs 6ventuelles r6ussites 6co- nomiques et sociales. Ils occulteraient I'apport des immigrants pauvres originaires d'Europe orientale ainsi que celui des Juifs allemands ayant trouv6 refuge en Angleterre pendant la pers6cution nazie. Une partie importante de I'ouvrage est consacr6e au manque d'intdr&t des institutions juives pour la conservation d'archives et de vestiges de la pr6sence juive tels que les synagogues.

Les A.A. s'intdressent a l'6volution en cours depuis les anndes 1970-1980: de jeunes histo- riens anglais, a l'instar de leurs collagues am6- ricains, s'engagent dans des recherches et des manifestations culturelles, comme des exposi- tions, ayant pour objectif la mise en valeur de l'h6ritage juif dans la soci6td britannique a l'6poque contemporaine. L'ouvrage s'achbve sur une annexe indiquant les sources en partie inexplor6es, de l'histoire des Juifs en Grande- Bretagne.

En d6fintive, ce livre pose une question: comment 6crire l'histoire juive et plus particu-

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librement celle de l'6poque contemporaine non seulement en Grande-Bretagne, mais aussi en Europe. Il se pourrait que la recherche fran- gaise et peut-&tre m~me la recherche allemande sur ce theme soit plus diversifi6e, depuis deux ou trois d6cennies que l'approche britannique. L'ouvrage 6dit6 par T. Kushner est bien docu- ment6. Pour d'autres pays dont la France, des dtudes semblables pourraient 8tre entreprises : analogies et diff6rences mettraient en 6vidence la sp6cificit6 des diverses judaAicit6s de la dia- spora.

Doris Bensimon.

84.55 LAURANT (Jean-Pierre). L'Esotirisme chritien en France au XIXe sib- cle. Lausanne, l'Age d'homme, 1992, 245 p. (Pr6f. d'Emile Poulat, collection Politica Her- metica).

L'ouvrage analyse les circonstances de l'ap- parition du couple dsotdrisme/occultisme, ses d6veloppements <<dans un milieu intellectuel

profond6ment diff6rent de celui du xvIne

siC- cle>>, et le rejet de l'occultisme par l'6sot&- risme.

Nous avons d'abord affaire a un livre &rudit qui apporte une moisson d'informations rigou- reuses sur tout le milieu de l'6sot6risme chrd- tien au xIxe sibcle: ses figures marquantes ou plus effac6es, ses r6seaux, ses complices, ses rivaux ou ennemis, ses id6es.

Ce livre est aussi un ouvrage de sciences so- ciales des religions car l'auteur, a travers des d6veloppements assez brefs mais suggestifs, mbne de v6ritables analyses socio-historiques. En t6moigne d'embl6e le plan de l'ouvrage qui d6veloppe une p6riodisation th6oriquement l61a- bor6e : - << De l'hdritage des Lumibres a 1848 >>; - << La r6volution de 1848 et la remise en ordre du Second Empire >>; - <<Les beaux jours de l'occultisme 1870- 1907; - << L'occultisme trahi par l'6sot6risme (1905- 1914).

Ces diverses 6poques voient tour a tour 6merger et s'affirmer J. de Maistre, Ballanche, les Swedenborgiens, E. Salverte, H. Wronski, puis Ferdinand Denis, F. d'Eckstein, Mgr De- voucoux, P.M. Vintras, Eliphas L6vi, puis, pour la troisibme 6poque, le chanoine Chabau- ty, le baron Sarachaga, Saint Yves d'Alveydre, Barlet, P61adan, Papus, Jounet, Lady Cai- thness, I'abb6 Roca, et enfin, Mgr d'Hulst, l'abb6 Barbier, le Dr Grasset, Matgioi, Gu6- non, S6dir, Grillot de Givry, Vulliaud. Dans

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tous ces noms, les << hommes d'Eglise >> (quel- ques-uns l'ayant quittde) sont les plus nom- breux.

C'est dans la premiere moitid du xIxe siacle qu'ont 6t6 inventis les substantifs d'<< sot&- risme >> et d'< occultisme > (les qualificatifs existaient, eux, depuis longtemps) comme une dreponse l'histoiren mouvementde de l'poque. Rappelons l'importance que M. de Certeau accordait a l'invention, au XVIIe cle, du substantif mystiqueA, ici aussi l'adjectif existait depuis longtemps. Pour J.P.L., l'pmer- gence des substantifs sotqrisme et occul- tisme signale l'aspiration a une v'ritr immuable defiant les incertitudes de l'histoire. AFrares jumeauxA i maints Agards, renvoyant l'un et l'autre au thime du secret, Asotirisme et occultisme se distinguent n6anmoins par l'insistance plus marqule que le second met g la recherche d'un tsavoir cacht et de l' uni- ta perdue de la science et de la religion A. C'est du xIxe siicle que datent l'idde de l'dsotdrisme comme secret et la reprdsentation de ce qu'au- rait rte l'dsot~risme ( travers les siicles, et aussi nombre de conceptions 6sotariques. Mais le xxe sibcle, dans la foul~e de la pensde gud- nonienne, a refusd cette paternitd du xIxe siacle et a r~ussi i imposer l'idde d'une distinction entre l'6sot~risme (noble) et l'occultisme (vul- gaire), distinction qui n'existait pas initiale- ment mais qui est ddsormais le lieu commun des meilleurs dictionnaires et encyclopddies de l' dsot~risme.

L'invention des deux substantifs a corres- pondu a diverses nouveaut6s essentielles, tant dans le contexte qui prdside a leur invention que dans le contenu des conceptions. La remise en cause des Lumibres qui suit la Rdvolution rend son int&r&t a la R6vdlation. Pour autant, la Raison n'est pas condamn6e. Seul son mau- vais usage l'est: celui qui conduit a nier la Rdv6lation et a l'athdisme. On veut concilier R6v6lation et Raison, pens~e rationnelle et pens6e mythique. Les tentatives cherchant a op~rer une synthise du spirituel et du scienti- fique, a retrouver l'< unite perdue de la science et de la religion >> sont multiples. La rdfdrence a la science ne renvoie aucunement a la science positive de l'6poque (c'est la tentative du spi- ritisme kard6ciste complktement dtranger a toute idde de secret et qui, de ce fait mime, ne relive pas de la recherche de J.P.L.), mais a une Autre science, une science des ATemps nouveaux >, qui prend d'ailleurs les visages les plus divers, celui de l'occultisme modernisant d'E. Levi ou celui de la < science sacerdotale traditionnelleA. Avec l'Psot6risme et l'occul- tisme s'affirment l'id6e d'une < Tradition pri- mordiale>>, d'une unitd du symbolisme, d'une

BULLETIN DES OUVRAGES

R~v6lation primitive commune a toute l'huma- nitd. Ce savoir unitaire, cette tradition 6ter- nelle, de m~me que les multiples prophdties qui foisonnent alors, ou les doctrines dvoquant les <sup~rieurs inconnusA qui guideraient le monde, sont marqu6s du sceau du secret. Le secret, selon les moments, selon les camps, s'affirme comme un secret a pr6server, ou, au ontcontraire, comme un secret qui pourra bient6t

etre divulgu6. En quelqure sorte la naissance de l'.sot6risme est en m temps le signe de sa finA: <Ale proph~tisme de la Restauration et le bouillonnement g6ndral des esprits sous la Monarchie de Juillet annonMaient en termes souvent contradictoires, la rdsolution des op- positions et la transfiguration du monde dont les lois et les fins apparaitraient bient~t clai- rement a tous. Toute v~ritd allait &tre bonne a dire>>. Avec l'dsot~risme l'id6e messiano-mil- lnariste se renouvelle. Mais l'heure n'6tant pas encore tout a fait advenue, les socidt~s se- crates foisonnent, de m~me que les complots, reels ou imagines (ce trait marque l'ensemble du xIxe sibcle et pas seulement les milieux 6so- tdriques).

Tout cela se pr6sente diff6remment du c6t6 du traditionalisme catholique qui refuse l'av&- nement de la soci6t6 nouvelle ou du c6td de ceux qui s'en r6clament et veulent oeuvrer a son d6veloppement. Mais J.P.L. insiste sur l'in- tense circulation des personnes, les passages d'un bord a l'autre, les conversions, les renie- ments. Cela est tout a la fois permis par le < voisinage des modes de pens6e et l'unit6 re- lative du tissu intellectuel dans lequel la notion d'6sot6risme chr6tien remplit une fonction m6diatrice importanteA>>, et par l'individua- lisme et l'6mancipation de la pens6e pos6e par la R6volution frangaise et qui travaille partout et en tous.

On reprochera au livre son caractare ardu te- nant a un manque de nettet6 du propos: on voudrait mieux saisir les ar~tes vives des ana- lyses. Le livre apparaft ainsi s'adresser surtout a un public en recherche d'6rudition. Sa port6e s'en trouve r6duite, ce qui est dommage car il contient des analyses aigues.

Frangoise Champion.

84.56 LECOMTE-TILOUINE (Marie). Les Dieux du pouvoir. Les Magar et l'hin- douisme au Nepal central. Paris, CNRS Edi- tions, 1993, 396 p.

Le corps de cet ouvrage est consacr6 a l'ana- lyse des expressions religieuses (cycle rituel du

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