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Mission catholique et choc des modèles culturels en Afrique. L'exemple du Dahomey (1861-1928) by Christiane Roussé-GrosseauReview by: René LuneauArchives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 84, La religion aux États-Unis (Oct.- Dec., 1993), pp. 302-303Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30127326 .

Accessed: 16/06/2014 13:18

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

harmonieuse et humaine >>. Ce commentaire se poursuit dans un texte d'accompagnement qui est devenu plus long que l'article ancien qu'il est cens6 pr6senter.

Aupris d'un public large et moins large qui voudrait mettre au clair ses opinions actuelles sur << l'islam>>, on ne peut que recommander ce livre de r6flexions qui ne n6cessite ni 6ru- dition islamologique ni vocabulaire compliqu6. La seule remarque qu'on nous permettra de faire tient h l'effet de mise c6te a c~te d'arti- cles de port6e g6ndrale qui ont 6t6 6crits pour &tre lus s6par6ment. Les lire d'affil6e fait naf- tre le sentiment d'un manque: celui de quel- ques descentes dans le concret, dans des exemples pr6cis, dans des analyses de cas. Et puis il y a aussi une question qui n'est pas que rituelle : pourquoi Islam et non islam (voir ce- pendant p. 161) comme christianisme, boud- hisme ? Dans la mesure oii l'ouvrage d6nonce une certaine mythification des id6es, islami- ques en particulier, ne serait-il pas opportun d'enlever au concept islam le caractbre absolu, id6al, total, monolithique, irr6versible, etc. que lui confbre la majuscule ?

Constant Hambs.

84.76 ROSNER (Fred). La Mddecine tirie du Mishne Torah de Mai- monide. Paris, Biblieurope et Britt Internatio- nal, 1992, 383 p. (Pr6f. par Emmanuel Chouchana).

Mai'monide, nd a Cordoue en 1135, d6c6d6 en Egypte en 1204 et enseveli a Tibdriade, est l'un des plus grands penseurs juifs du Moyen- Age. Son principal ouvrage, le Mishne Torah, achev6 en 1180, codification de la loi biblique et talmudique, constitue jusqu'a nos jours une r6f6rence essentielle pour la connaissance du judai'sme.

Thdologien et philosophe, Maimonide fut aussi m6decin : de 1174 jusqu'a sa mort, il fut attach6 comme tel au vizir Al-Fadhil, r6gent d'Egypte et a sa famille. Maimonide connut les oeuvres grecques et arabes anciennes. Il s'en inspira dans sa pratique, mais les critiqua et surtout les enrichit de traditions m6dicales pui- s6es dans la Bible, le Talmud et la litt6rature rabbinique. Le Mishne Torah constitue l'une des sources de ses connaissances m6dicales. De plus, Mai'monide a r6dig6 en arabe une di- zaine de trait6s m6dicaux.

Fred Rosner, professeur de mddecine a l'U- niversit6 de New York, pr6sente et analyse dans cet ouvrage, les principaux textes de Ma'f- monide relatifs a la pratique et a l'6thique m&-

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dicales. Suivant en cela la tradition, la valeur supreme de l'6thique juive est la vie humaine. La vocation de la m6decine est de sauver la vie. Maimonide semble avoir compris la rela- tion entre le corps et I'esprit: il est un pr6- curseur de la m6decine psychosomatique. Il insiste aussi sur les conditions d'hygibne ainsi que sur les rapports entre les maladies et l'en- vironnement. Les commandements juifs reli- gieux relatifs a la sexualit6 et a la di6t6tique sont interpr~t6s non seulement selon la tradi- tion religieuse, mais encore selon un effort d'explication scientifique se d6gageant des mentalit6s du Moyen-Age.

Compl6t6 par de nombreuses r6f6rences, l'ouvrage de F. R. pr6sente Maimonide comme un pr6curseur de la m6decine moderne. Cer- tains d6veloppements comme ceux concernant l'avortement et l'euthanasie sont d'actualit6. Fred Rosner a le m6rite de rendre accessible au lecteur contemporain une r6flexion sur l'6thique m6dicale qui puise ses sources dans une sagesse ancienne trop mal connue.

Doris Bensimon.

84.77 ROUSSE-GROSSEAU (Christiane).

Mission catholique et choc des modules culturels en Afrique. L'exemple du Dahomey (1861-1928). Paris, L'Harmattan, 1992, 390 p.

Relatant d'une plume alerte pras de soixante-dix annies de l'histoire de l'Eglise au Dahomey (devenu B6nin depuis pros de deux d6cennies), l'auteur qui est professeur d'His- toire a l'Universit6 de Lyon II nous offre ici un travail a bien des 6gards exemplaire, ffit-ce dans ses omissions. En 1861, les premiers mis- sionnaires de la Soci6t6 des Missions Afri- caines de Lyon (S.M.A.), fond6e quelques anndes auparavant, abordent les c6tes du Sud- Dahomey; en 1928, est ordonn6 le premier pro- tre autochtone, I'abb6 Moulero. Entre ces deux dates, les royaumes dahomdens, dont I'A. rap- pelle la longue histoire, seront entr6s dans l'orbe de la colonisation frangaise (6viction de Behanzin en 1892) et l'6vang61isation y fera de notables progrbs. Peu au fait des traditions locales pour lesquelles ils n'ont qu'une pidtre estime, ces missionnaires originaires de l'Ouest de la France ou de l'Alsace, ne sont pas loin de penser que s'offre a eux la chance de faire renaitre en terre africaine la chr6tient6 qui les a nourris das l'enfance et que la IIIe R6publique a singuliarement malmen6e. De 1l, la tentation d'une Eglise qui, consciem- ment ou non, << transplante >> sous d'autres cieux sa cat6chase (on traduit en langue fon le

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cat6chisme de Cambrai), son architecture, ses usages liturgiques, ses associations et ses confrdries. Il y a bien stir des oppositions ve- nant pour l'essentiel des dignitaires locaux dont le pouvoir est menac6. Mais parce que la plupart des documents ici pr6sent6s viennent des Archives de la S.M.A., on ne sera pas sur- pris que les missionnaires s'6merveillent sou- vent des fruits de leur travail et de la bonne volontd des premiers convertis, mnme s'ils pa- raissent de temps a autre un peu d6sempar6s devant les questions quasiment insolubles que leur posent la polygamie traditionnelle ou le fdtichisme vodu. En fait, et c'est 1l sans doute la principale lacune d'un ouvrage au demeurant fort instructif, il ne dit pas assez que les mis- sionnaires ne sont pas toujours conscients de l'impact que conservent dans la vie quoti- dienne de leurs chrdtiens, des traditions et des usages s6culaires (sacrifices aux ancdtres, pra- tiques de divination) qu'eux-mdmes qualifient abusivement de <<superstitions,>. Quelqu'un d'aussi averti que l'anthropologue et thdolo- gien Barth616my Adoukonou 6voquait en 1973 un << christianisme blanc identifi6 i la Areli- gion du jour A et des A religions ancestrales (...) religions de la nuit, de la v6ritd existentielle, de la communion vitale >>. Ce qui l'amenait i

reconnaitre que << huit b6ninois sur dix sont as- sis entre deux chaises >... Le propos est-il exa- g6r6ment pessimiste? Nul aujourd'hui ne se risquerait t le contredire. Apparemment les missionnaires de ce d6but de sidcle ne perce- vaient pas avec la mdme acuit6, que le danger menagait la communaut6 elle-mdme. On ne rompt pas si facilement avec des usages s6cu- laires que la pression sociale continue d'impo- ser.

Rend Luneau.

84.78 RUE DESCARTES.

Le Thdologico-politique. Paris, Collbge inter- national de philosophie - Albin Michel, Avril 1992, no 4, 139 p.

Rue Descartes, revue du Collbge internatio- nal de philosophie, consacre sa quatridme li- vraison au thdeologico-politique. Elle s'ouvre avec un texte d'Hannah Arendt et un dossier sur la controverse que les positions de l'histo- rienne juive allemande sur <<la banalite du mal>> avaient suscitde lors du procds Eich- mann.

Dans son texte << L'histoire juive revisitde>, et l'analyse du dossier qu'en prdsente Sylvie Courtine-Denamy, H.A. ddplore que les Juifs n'aient pas su saisir la dimension politique des

BULLETIN DES OUVRAGES

situations dans lesquelles diffdrents dpisodes de leur histoire les ont trouvds plongds (en Al- lemagne, puis en Palestine). Cette inaptitude les aurait rdduits h l'impuissance ou i des types d'action inaddquats. Pourtant, selon H.A., la force d'entrainement qu'a reprdsentde la pensde mystique juive, notamment le sabba- tianisme, qui ddboucha sur une action politique (hommage dtant rendu i G. Scholem d'avoir su en ddcouvrir la portde non seulement reli- gieuse mais sociale et politique) rdvdle prdci- sdment la dimension politique d'une rdalitd que les historiens du judaisme n'eurent de cesse de passer sous silence, entretenant de la sorte ce que H.A. appelle << l'acosmisme juif , c'est-a- dire leur retrait du monde.

Les deux textes suivants concernent saint Paul. Celui de Jean-Francois Lyotard s'inter- roge sur le sens t donner au trait d'union placd entre juddo et chrdtien, dans la lecture pauli- nienne; quant a Stanislas Breton, aprds avoir analysd le double enracinement de Paul: en- racinement dans le Christ et enracinement dans sa terre et sa parentd isradlite, il demande quel pourrait dtre le lien substantiel qui unirait au destin de Paul et du paulinisme la tragddie d'Auschwitz et propose sa propre rdponse quant a la responsabilitd du christianisme face a Auschwitz.

H. Rizk et J. Ragozinski dtudient l'un et l'autre le r81e de l'imaginaire, de la transcen- dance et de la religion dans l'institution du lien social et dans le fondement de la Loi, le pre- mier en mettant en face-h-face la ddmocratie (vue a partir du Contrat social de Rousseau) et la thdocratie (vue a partir du Traiti thdolo- gico-politique de Spinoza); le second en ana- lysant l'approche kantienne du rdgicide.

Enfin le dossier se cl~t avec un article de C. Jambet sur les conditions religieuses et phi- losophiques de la rdvolution islamique en Iran.

Rdgine Azria.

84.79 SANNA (Ignazio), dd. La teologia per I'unita d'Europa. Bologne, Dehoniane, 1991, 332 p.

Quel est l'apport spdcifique de l'Eglise ca- tholique et de la thdologie a l'unit6 de l'Eu- rope? C'est a cette question qu'a voulu rdpondre un colloque de la Facultd de thdologie de l'Universitd du Latran. Les organisateurs ont adoptd comme fil conducteur les rdflexions que Jean-Paul II ddveloppa en 1988 devant le Parlement europden. Celles-ci ont fourni le plan du livre, structurant les 12 communica- tions publides 1) rdconcilier l'homme avec

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