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EHESS Papa Giovanni vescovo a Roma by Michele Manzo Review by: Jean-Dominique Durand Archives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 84, La religion aux États-Unis (Oct. - Dec., 1993), pp. 292-293 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30127312 . Accessed: 16/06/2014 00:02 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.72.154 on Mon, 16 Jun 2014 00:02:03 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

La religion aux États-Unis || Papa Giovanni vescovo a Romaby Michele Manzo

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Papa Giovanni vescovo a Roma by Michele ManzoReview by: Jean-Dominique DurandArchives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 84, La religion aux États-Unis (Oct.- Dec., 1993), pp. 292-293Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30127312 .

Accessed: 16/06/2014 00:02

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

On ne s'6tonnera pas dans ces conditions que l'investissement par l'auteur de son per- sonnage ne soit pas le m~me que pour Pauline : Laurentine ne suscite pas vraiment la sympa- thie : le ton est maintenant celui de l'enquite, dans sa rigueur et sa s6cheresse. Fragments d'autobiographie, extraits de presse locale, correspondances diverses se succident dans un ordre bien d6termind pour constituer les di- verses pieces du dossier. Pour adopter ce ton objectif, I'ouvrage n'en est pas moins passion- nant. On se demande en effet, comment cette simulation reconnue, attest6e des le d6but de l'affaire, a pu cependant produire de tels effets de croyance, ddchainer de telles passions, mo- biliser tant de cabales pour aboutir A des rb- glements de compte politiques ?

Qu'on en juge: aux alentours de sa 20e an- n6e, Laurentine Billoquet, solide Normande et modeste couturibre, fait grand bruit dans son village, et bient6t toute la presse locale se fait l'dcho des << miraclesA dont elle est gratifide. Des stigmates saignent abondamment, elle jeine pendant des mois, elle est en proie A des visions et a des extases. De lieues a la ronde, on vient la voir, et son cure lui-m~me est convaincu. Pourtant, des le but, la superche- rie est patente: le m6decin qui vient la visiter ddcouvre que les stigmates sont des faux (pein- ture ou sang coll6), I'embonpoint de la mira- cule fait douter de la roalit6 de son jefine, etc. Rien n'y fait: on y croit. Les pr~tres eux- m~mes sont divisds : beaucoup, rdserv6s, insis- tent sur le fait que la d6votion de Laurentine ne semble pas s'accompagner de cette spiritua- lit6 qui rayonne des mystiques. Pourtant cer- tains se laisseront prendre, tel cet abbe Bizouard qui l'appelle Ama petite chorie >, et ddchaine une cabale contre son 6v~que. L'af- faire ira jusqu'au Vatican, oii l'6vAque, Mgr Le Nordez, sera ddnonco comme franc-maqon et accul6 A domissionner. Comble d'ironie, ce sont les autoritos civiles, et en l'occurrence le petit pbre Combes, qui protesteront contre cette docision: on est A la veille de la sdparation de l'Eglise et de l'itat. Et l'un des mdrites de l'ouvrage est pr6cis6ment de montrer qu'une telle affaire n'efit sans doute pas 6t6 possible sans, d'une part, I'audience sociale du fait mystique et des stigmatisdes A cette 6poque, et sans d'autre part le contexte des luttes politi- co-religieuses qui traversent l'Eglise et la so- cidtd civile.

Encore une fois, ces ouvrages ne sont pas de simples monographies : A travers deux iti- n6raires individuels, ils font apparaitre en fili- grane toute une histoire sociale. L'A. y met ainsi A l'dpreuve les hypothbses thdoriques constitudes dans ses travaux ant6rieurs.

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On approciera par ailleurs les 6clairantes pr6faces de G. Lanteri-Laura et Emile Poulat.

Michble Bertrand.

84.63 MANZO (Michele).

Papa Giovanni vescovo a Roma. Milan, Ed. Paoline, 1991, 331 p.

ARome a toujours eu un pape, rarement un dveque , dcrit Andrea Riccardi dans l'intro- duction-prdface qui prdcide l'6tude de M. M. C'est dire l'intor&t de cet ouvrage qui occupe dosormais une place notable, autant dans l'his- toriographie consacr6e A Jean XXIII, que dans celle consacroe au diocese de Rome dont l'his- toire est trop souvent confondue avec celle des pontificats : l'un des morites du livre est de rappeler que ce diocese a lui aussi son histoire propre.

Fondd sur une exploitation mdthodique des ressources archivistiques du Vicariat de Rome complotoes par bien d'autres sources (6crits et discours de Jean XXIII, tdmoignages...), I'au- teur 6tablit l'importance du pontificat giova- neen non seulement pour l'histoire de l'Eglise universelle, ce que l'on sait bien, mais aussi pour le diocese de Rome, ce que l'on sait moins. L'6piscopat romain du pape Roncalli se r6vile en effet fort important A un double point de vue : parce qu'il constitue un tournant dans l'histoire du rapport des papes avec Rome et parce que la manibre d'Angelo Roncalli de faire l'6veque est une traduction au plan local de la mani~re de Jean XXIII de faire le pape. L'6tude de sa fonction 6piscopale est d'autant plus ndcessaire qu'il fut un 6v6que actif, trbs prosent sur le terrain, tout en 6vitant une ges- tion tatillonne ou autoritaire. Etre l'6veque de Rome n'6tait pas pour lui une fonction mi- neure, mais un aspect essentiel de la fonction pontificale. L'on mesure ici le ddcalage par rapport A Pie XII pour qui Rome dtait la ville sacree, un modble de civilisation pour le monde. Pour Jean XXIII, Rome est certes le siege de Pierre, mais c'est aussi un diocese qui a besoin comme tout diocese, d'un Abon 6v6- que >, d'un gouvernement episcopal normal. Il raisonne dans les mimes termes A propos des sibges suburbicaires dosormais attribu6s a de A vrais >> 6vques rdsidentiels. Cette conception de l'dpiscopat a Rome le conduit A une pr6- sence pastorale trbs forte, A travers les visites dans les paroisses (1'A. en compte 152, soit, dit-il, 10% des journdes de l'ensemble du pon- tificat, consacries aux paroisses de son dio- cese), rencontres avec le clerg6, avec les sominaristes, avec les fidbles, avec les pr6di-

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cateurs du car~me, visites aux prisonniers, aux malades, transfert des services du Vicariat au Latran, signe de la volont6 de donner au dio- case une structure administrative efficace et de faire amerger une Eglise diocdsaine classique.

Mais l'6piscopat romain de Mgr Roncalli ne se limite pas

. une multiplication de gestes,

de paroles, de rencontres et de visites, mime s'il convient avec l'A. de souligner la volontd du pape-6veque d'instaurer avec sa ville un rapport nouveau, ce qui lui a valu le surnom de <<Jean-hors-les-Murs A, en rdfdrence ii la fa- meuse basilique. Dans son dispositif, fonda- mental apparait le synode, moyen non seulement de rdfldchir et d'agir face i une rda- lit6 urbaine en profonde mutation A la fin des ann6es 1950 et au ddbut des anndes 1960, mais aussi moyen de mobiliser les forces diocd- saines, d'affirmer son style pastoral et de don- ner au diocase sa normalit6, sa banalit6: or quoi de plus normal qu'un synode dioc6sain, mais il n'en est pas moins le premier de l'his- toire de ce diocase-lh. D'une manibre convain- cante, I'A. lui attribue une importance majeure, et l'analyse avec la plus grande pr6cision grice i des dossiers fort bien conservds.

Jean XXIII 6tablit done avec Rome un rap- port pastoral profond; il est bien ce <pretre romain>> que Mgr Loris Capovilla se plait ii

rappeler. Ce livre important s'achbve par une sdrie de

onze textes concernant le synode (parmi les- quels une trbs intdressante lettre <d'un groupe de laics >) tirds des archives du Vicariat et des documents photographiques.

Jean-Dominique Durand.

84.64 MARDONES (Jos6 Maria).

Capitalismo y religion. La religion politica neoconservadora. Santander, Editorial Sal Terrae, 1991, 295 pages.

L'A., professeur g l'Universit6 du Pays Bas- que (Espagne), spdcialiste de l'Ecole de Franc- fort, examine dans cet ouvrage la <thdologie capitaliste >> du courant ndo-conservateur nord- amaricain : Daniel Bell, P.L. Berger, Norman Podhoretz, Irving Kristol, M. Novak, entre au- tres. Rassembl6 autour de ccrtaines revues (Commentary, The National Interest. The New Criterion) et fondations (Heritage Foundation, Hoover Institute, American Enterprise Insti- tute), ce courant exerce une influence non nd- gligeable sur l'opinion publique et la politique aux USA.

BULLETIN DES OUVRAGES

Si les ndo-conservateurs s'inspirent, jusqu' un certain point, des analyses de Weber dans L'Ethique protestante, ils critiquent s6vare- ment ce qu'ils considbrent comme erreurs ou limitations de ces analyses: Weber aurait ou- blid la tradition 6conomique et politique libd- rale qui va de Adam Smith i James Madison; il n'aurait pas compris le lien intime entre li- bert6 6conomique et libert6 politique, capita- lisme et democratie. En outre, selon Novak, thdologien catholique qui se r6fare aux travaux historiques de Trevor-Roper, Weber n'a pas compris que l'esprit du capitalisme n'est pas 6tranger au catholicisme ni incompatible avec celui-ci.

Les ndo-conservateurs reprennent i leur compte le concept w6b6rien d'<affinit6 61lec- tive>>, mais sans le limiter A la seule 6thique protestante: selon eux, c'est toute la religion chr6tienne qui se trouve en affinit6 avec le ca- pitalisme d6mocratique. C'est ainsi que Novak peut parler des <<racines 6vangl61iques du capi- talisme >>, et de l'6conomie de march6 comme forme concrite de la charit6. Comme l'observe l'A., la thdologie des ndo-conservateurs et en particulier de Novak, consiste dans une traduc- tion en cat6gories 6conomico-capitalistes des dogmes centraux du christianisme. Un des exemples les plus frappants se trouve dans un essai de Novak significativement intitul6 < Une thdologie de la corporation >>, qui compare la souffrance du Serviteur de Yahv6 (Is. 53, 2-3) avec celle de la Business corporation, Aune in- carnation extramement mdpris6e de la pr6sence de Dieu dans ce monde >!

Selon l'A., la thdologie ndo-conservatrice, qui se donne pour adversaire la thdologie po- litique allemande (Metz, Moltmann), la thdo- logie de la lib6ration, et mame la pens6e 6conomique des 6vaques nord-amdricains, soupponn6e d'influence marxiste, aboutit A un usage instrumental de la religion comme md- canisme de contr61e social et comme forme de 16gitimation des dieux de la r6alit6 6conomique et politique du capitalisme d6mocratique. Si le traitement n6o-conservateur de la religion rompt avec la logique de privatisation de la modernite et affirme la signification sociale et publique de la religion, il le fait d'une fagon manipulatrice, au service des intarats du sys- tame 6conomique. Il conduit a une sacralisa- tion du capitalisme, une forme d'idolitrie 6trangbre au message 6vang61ique.

Pour l'A., qui sympathise avec la thdologie de la lib6ration, il faut critiquer cette religion ndo-conservatrice a partir de la p6riph6rie (le dernier chapitre du livre s'intitule <Epilogue a partir d'El Salvador: l'idolitrie du sys- tame >), c'est-a-dire du point de vue des exclus

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