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EHESS Religion et État en Israël by Doris Bensimon Review by: Françoise Lautman Archives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 84, La religion aux États-Unis (Oct. - Dec., 1993), pp. 255-256 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30127265 . Accessed: 18/06/2014 10:27 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.229.96 on Wed, 18 Jun 2014 10:27:25 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

La religion aux États-Unis || Religion et État en Israëlby Doris Bensimon

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Religion et État en Israël by Doris BensimonReview by: Françoise LautmanArchives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 84, La religion aux États-Unis (Oct.- Dec., 1993), pp. 255-256Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30127265 .

Accessed: 18/06/2014 10:27

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

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fond6e sur la justice, la libert6 et le travail. Tout comme leurs d6tracteurs, les th6oriciens du sionisme, socialistes ou lib6raux, envisa- geaient bien les obstacles qui risquaient de s'interposer entre la r6alit6 et ce bel id6al uni- taire : un environnement humain et naturel hos- tile, des problbmes de travail et de main d'oeuvre (travail juif contre travail arabe, pa- trons contre ouvriers, secteur coop6ratif et col- lectiviste contre secteur priv6, etc.), des problbmes li6s aux choix culturels qui devaient orienter l'action, la d6finition de la place et des limites du r61e de la religion dans la so- ci6td, etc. Mais la d6sali6nation radicale que constituait dans l'optique sioniste, le retour des <<exil6s >>, devait transcender ces difficult6s et permettre de leur trouver les solutions appro- prices.

La soci6t6 isra61ienne d'aujourd'hui a par- couru une distance appr6ciable sur le chemin de ladite normalisation, mais au compte de celle-ci sont t mettre aussi les divisions in- ternes de cette soci6t6, divisions inh6rentes A toute soci6t6. En Israel, ces divisions se me- surent i l'aune de trois critbres : l'ethnicit6, la religion, l'appartenance de classe.

Loin des consid6rations id6ologiques pr6c6- demment 6voqu6es et prenant pour point de d6- part l'6tude critique des travaux sur l'ethnicit6, les auteurs se livrent a l'analyse des clivages propres i la soci6t6 isra6lienne et A leurs arti- culations mutuelles, i partir d'une 6tude em- pirique men6e i Beer Sheva auprbs de quatre groupes d'originaires juifs (Marocains, Ira- kiens, Roumains et Polonais). Pour ce faire, ils tiennent compte des dimensions objectives, institutionnelles et comportementales, et sub- jectives, images, identit6, prestige.

Il en ressort que, A l'exception des classes sup6rieures d'origine europ6enne qui l'asso- cient B la grande 6poque de la gauche sioniste, la conscience de classe n'est pas trbs forte en Israel, en particulier dans les milieux popu- laires qui se pernoivent davantage en termes d'appartenance ethnique; n6anmoins l'apparte- nance de classe joue un r61e social non n6gli- geable dans la formation des r6seaux de relations et dans les processus de discrimina- tion.

Quant ~ l'ethnicit6, elle relive pour une large part de la vision de l'Autre: du regard port6 par les Juifs europ6ens s6cularis6s sur les Juifs orientaux traditionnels et renvoyds du cO- t6 de l'ethnie; du regard des Juifs orientaux sur ces Juifs europ6ens dont l'itin6raire leur semble s'8tre d6roul6 au d6triment des valeurs traditionnelles du judai'sme et au nom de va- leurs < modernes >> dans lesquelles ils ne se re-

BULLETIN DES OUVRAGES

connaissent pas. Vue sous cet angle, I'ethnicit6 serait une forme de refus et de r6sistance au modble occidental qu'imposbrent les g6n6ra- tions pionnibres est-europ6ennes A la soci6t6 is- ral61ienne en formation. Au coeur de cette opposition classe/ethnicit6 se joue un bras de fer quant i la d6finition 16gitime du Juif isra6- lien.

Cette conscience ethnique s'est traduite au niveau politique par l'apparition dans les an- n6es 80 de partis ethniques (Tami, Shas), les- quels introduisent une faille dans la conception sioniste et unitaire du peuple juif, pr6valente jusqu'alors; et par la constitution d'un secteur ultra-orthodoxe s6pharade distinct de son mo- dble ashk6naze (parti, yechivot, Conseil des Sages s6par6s).

Un chapitre est consacr6 aux Arabes d'Israel et aux Arabes palestiniens des territoires occu- p6s. Enfin, I'ouvrage se cl6t sur un chapitre qui propose une approche thdorique des cli- vages sociaux.

R6gine Azria.

84.15 BENSIMON (Doris).

Religion et Etat en IsraBl. Paris, l'Harmattan, 1992, 293 p. (Coll. Comprendre le Moyen Orient).

Une gageure: montrer les complexit6s ac- tuelles de la soci6t6 isral61ienne et ses sources historiques dans un ouvrage qui se veut de dif- fusion mais qui s'appuie autant sur les ou- vrages pr6cddents de l'auteur et sur l'exploitation d'un riche fonds documentaire d'archives de presse isra6lienne en plusieurs langues r6uni par elle (et consultable I l'INAL- CO) que sur une abondante bibliographie !

Fallait-il pour autant remonter jusqu'i Abra- ham, Moi'se, Josud... les premiers chapitres rd- sument, de faqon trop breve et un peu fastidieuse

d la fois, l'histoire du juda'sme jus-

qu'd l'apparition du sionisme sous le triple signe des revendications nationalistes, de la s6- cularisation et du socialisme. On savait que 1'histoire intellectuelle, religieuse et politique du judafsme est largement tributaire de l'his- toire europ6enne des XIXe et xxe sibcles. Il nous importe plus pour la compr6hension du rapport religion et Etat en Israel aujourd'hui d'apprendre que les lgislations ottomanes ou anglaises prd6xistantes en Palestine, par exem- pie, ont contribu6 i l'intrication religion-poli- tique en consid6rant juifs pieux et premiers colons sionistes, indistinctement, uniquement comme une communaut6 religieuse. Alors que justement Israel allait devenir une nation, et

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

qu'allaient s'y rencontrer toutes les diversit6s religieuses, mais aussi politiques et culturelles de la diaspora.

Malgr6 <<l'accord de statuquo A qui pr6ten- dait des l'origine du nouvel Etat r6gler le rap- port entre les religieux et les fondateurs sionistes <dlafcs , la question qui se pose d~s le d6but est: Itat des Juifs ou Etat juif? Les notions classiques chez nous de s6paration de l'Eglise et de

l'Etat se brisent devant une re-

ligion sans instance de 16gitimation unique et oi l'Etat, par les circonstances historiques m~mes de sa naissance, revendique les signes de la religion: 6toile de David sur le drapeau, observance du shabbat et des fates reli- gieuses... et doit prendre en consid6ration la halakha pour l'6tat civil et la 16gislation, m~me si la libert6 de conscience et d'expression sont garanties. Le jeu des gouvernements de coali- tion n6cessit6s par un parlement 6lu A la pro- portionnelle donne peut-&tre un poids sup6rieur A leur repr6sentativit6 r6elle aux partis reli- gieux ultra-conservateurs pour imposer l'inter- ruption des transports publics lors du shabbat ou l'impossibilit6 d'une rfforme de l'6tat civil qui permettrait par exemple de r6soudre les cas de mariages ou de divorces actuellement blo- qu6s par une stricte application de la halakha... mais inversement, les 61ections des grands rab- bins et des juges des tribunaux rabbiniques sont devenues des affaires politiques...

La majorit6 de la population d'Israel n'ob- serve que tris partiellement ou pas du tout les commandements religieux et cependant la pra- tique collective de certains aspects religieux du judai'sme demeure l'une des expressions du ca- ractbre juif de l'Etat d'Israel et est accept6e par cette m~me majorite selon un paradoxe bien exprime par Ben Gourion Aje ne suis pas religieux, pas plus que ne l'6taient, pour la plu- part, les premiers batisseurs d'IsraUl cependant leur passion pour cette terre a sa source dans le Livre des Livres. C'est pourquoi les socia- listes du mouvement Bilou se r6f6raient A Ezra qui rebatit le second Temple. Et c'est pourquoi, bien que je rejette la thdologie, le livre qui a eu le plus d'importance pour moi c'est la Bi- ble...

Cependant les conflits s'aggravent et se mul- tiplient avec le renforcement des ultra-ortho- doxes appuy6s par le d6veloppement de leurs tendances dans la diaspora et d'autre part I'ar- riv6e de nouveaux immigrants << lai'cs A, venant de I'ex-URSS en particulier, ainsi que d'un certain d6senchantement A l'6gard de l'id6al des premiers sionistes. L'6quilibre complexe r6alis6 jusqu'ici est menac6. La gravit6 des conflits avec les palestiniens et les menaces constantes de guerre ont pu occulter partielle-

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ment ces transformations. La paix qui se des- sine les laissera A nu et l'A. ne voit de pro- tection contre un 6clatement que dans la restauration d'une instance du type sanh6drin qui pourrait comme dans l'antiquit6 jouer un r81e d'arbitrage et de r6gulation pour une nd- cessaire 6volution de la halakha dont elle rap- pelle que, en d6pit des prdtentions A l'immuabilit6 que lui imputent les orthodoxes, elle s'est, elle aussi, constitu6e dans un contexte historique donn6 et qu'il est urgent de travailler A son inscription dans les nou- velles donn6es de l'histoire juive.

Frangoise Lautman.

84.16 BERGE (Christine).

La Voix des Esprits. Ethnologie du spiri- tisme. Paris, M6taill6, 1990, 202 p.

Deux beaux livres sur le spiritisme nous ont 6t6 livr6s la mime ann6e. L'un et l'autre venus de Lyon, ce haut lieu du spiritisme au XIXe, et encore maintenant. Se recoupant bien sfr pour une part, ils ne se portent n6anmoins pas om- brage. Ils se complbtent d'autant mieux que leur style et leur manibre de concevoir l'ethno- logie sont diff6rents. On ne reviendra pas ici sur l'ouvrage de M. Aubr6e et F. Laplantine pr6c6demment recens6 (Cf., Arch., 80, no 3).

C. B. se veut du c6t6 d'une A ethnologie im- plique > qui recherche < le lieu d'oi la r6alit6 que l'on affronte dans l'6tude ne serait pas li- vr6e A l'ext6riorit6 d'une parole qui ne l'atteint pas A: ANon pas croire, peut-8tre, mais ouvrir l'espace d'un 'pourquoi pas?'. Les derniers mots du livre, <Comprendre avec coeur, et par 1A vivre en d'autres aspects l'humaine condi- tion >> expriment bien ce qui apparait sa vis6e profonde. Dans cette perspective elle sait nous communiquer la densit6 des exp6riences, la sienne et celle des adeptes du spiritisme. Elle sait tout particulibrement faire sentir comment le spiritisme (A la diff6rence de la Soci6td thdo- sophique n6e, A la meme 6poque, d'un d6sir de choses curieuses et exotiques) est consola- tion, r6ponse A la perte d'un &tre cher, A de la douleur. Cela n'est pas analys6 de front mais revient ici ou lA et, loin d'apparaitre simple- ment comme une 6vidence, s'impose comme une perspective vraiment 6clairante. Pour par- ler de cela et des autres choses, C.B. a un style trbs suggestif. De manibre g6n6rale, son style retient. Alerte et sensible, 16ger et dense, il fait avant tout sentir. Cette fagon de faire a ses forces et ses faiblesses. Sa force est notamment de renouveler l'int6r~t pour certaines analyses de prime abord quelque peu 6cul6es depuis la

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