La Revolution Du Silence

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    Krishnamurti

    L a r v o l

    d u s i l e n

    Textes choisis par Mary Lutyens

    Et traduits par Carlo Suars

    ditions STOCK 1970

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    TITRE ORIGINAL

    The only revolution

    Krishnamurti, 1970.ditions Stock, 1971,1977,1990.

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    EN INDE

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    La mditation nest pas une vasion. Ce nest pas un

    ctivit qui vous isole et vous enferme en vous-mmest plutt une comprhension du monde et de svolutions. Le monde a peu offrir en dehors dalimente vtements, dabris, et de plaisirs doubls de chagrins.

    La mditation consiste vaguer en dehors du mond

    l faut tre totalement en dehors du monde, alors il a uens, et la beaut des cieux et de la terre est toujoursente. Alors lamour nest pas plaisir, mais le dpaune action qui ne provient ni dune tension desprit, une contradiction, ni de la vanit du pouvoir.

    La chambre surplombait le jardin, et dix ou douzmtres plus bas tait le fleuve large, tendu, sacr pouertains, mais pour dautres simplement une belle surfaceau, ouverte aux cieux et la splendeur du matin. O

    ouvait toujours apercevoir lautre rive, avec son villages arbres tals et le bl dhiver rcemment plant. D

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    ette chambre, on voyait ltoile du matin, et le soleil ever doucement au-dessus des arbres ; et le fleuvevenait la route dore du soleil.

    De nuit la chambre tait trs sombre, la fentrande ouverte montrait le ciel du Sud, et dans cet

    hambre, une nuit avec un grand froissement dailes n oiseau vint. Il fallut allumer et se lever : loiseau taous le lit. Ctait un hibou. Il avait peu prs cinquanentimtres de haut, dimmenses yeux ronds et un bedoutable. Nous nous sommes, tout prs lun de lautrxs du regard. Il tait effray par la lumire et par

    roximit dun tre humain. Nous nous sommes regardn certain temps et il ne sest jamais dparti de la totalie sa taille et de sa froce dignit. On pouvait voir seriffes cruelles, ses plumes lgres et ses ailes serrontre son corps. On aurait aim le toucher, le caresse

    mais il ne laurait pas permis. Alors on refit lobscurit endant quelque temps, tout fut silencieux dans hambre. Puis il y eut un bruissement dailes on pouvaentir sur le visage un dplacement dair et le hibovait pris la fentre. Il nest jamais revenu.

    Ctait un trs ancien temple. On le disait vieux dlus de trois mille ans, mais vous savez comme oxagre. Il tait certainement vieux ; dabord bouddhisttait devenu, il y a environ sept sicles, hindou, et

    lace du Bouddha on avait mis une idole hindouintrieur tait trs sombre, avec une atmosph

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    trange. Il y avait des salles soutenues par des piliers, dongs couloirs avec de magnifiques sculptures, et lodeue chauve-souris et dencens.

    Les dvots, tranassant, arrivaient, frachemenaigns, mains jointes, faisaient le tour de ces couloirs,

    rosternaient chaque fois quils repassaient devant lidoevtue de soies brillantes. Dans le sanctuaire le pluecul un prtre psalmodiait et il tait agrabentendre du sanscrit bien prononc. Il ntait pas prest les mots sortaient des profondeurs du temple averce et naturel. Il y avait l des enfants, des vieille

    ames, des hommes jeunes. Ceux qui appartenaient aurofessions librales avaient mis de ct leurs compleuropens ; revtus de dhotis, mains croises et paulues, ils taient assis ou debout, dans une attitude drande dvotion.

    Et il y avait un tang plein deau un tang sacr ave nombreuses marches y accdant et, tout autour, diliers de roches sculptes. On arrivait au temple par unoute poussireuse, pleine de bruit et de soleil, et ipaisseur de lombre tait paisible. Il ny avait pas dierges, pas de gens agenouills, rien que ceux q

    ccomplissaient leur plerinage autour de lautel, remuanilencieusement leurs lvres en quelque prire.

    Un homme est venu nous voir cet aprs-midi, d

    eligion vdantique. Il parlait trs bien langlais, ayant nstruit dans une universit et avait un intellect brilla

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    t tranchant. Ctait un avocat qui gagnait beaucouargent. Ses yeux aigus vous regardaient dun apculatif, vous soupesaient quelque peu anxieusement.vait apparemment beaucoup lu, y compris certainextes de thologie occidentale. Ctait un homme dg

    moyen, plutt maigre et haut de taille, possdant ignit de lavocat qui avait gagn de nombreux procs.

    Il dit : Je vous ai entendu parler et ce que vous ditst du pur Vdanta, mis jour, mais de la plus anciennradition. Nous lui demandmes ce quil entendait p

    Vdanta. Il rpondit : Monsieur, nous postulons queul Brahman cre le monde et son illusion, et quAtman qui est en tout tre humain provient de rahman. Lhomme doit se rveiller de cette conscienuotidienne de pluralit qui est le propre du mond

    manifest, tout comme sil cherchait se rveiller du

    ve. De mme que le dormeur cre la totalit de sove, la conscience individuelle cre la totalit du mondmanifest, y compris les autres personnes. VouMonsieur, ne dites pas tout cela, mais vous pensez touela, car vous tes n dans ce pays et vous y avez lev, et bien que vous ayez vcu ltranger presqu

    oute votre vie, vous faites partie de cette anciennradition. LInde vous a produit, que cela vous plaise oon ; vous tes le produit de lInde et vous avez un espr

    ndien. Vos gestes, votre immobilit semblable celune statue lorsque vous parlez, votre apparence mmont une part de cet ancien hritage. Votre enseignemen

    st sans aucun doute ce que nos anciens ont enseignepuis des temps immmoriaux.

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    cartons la question de savoir si celui qui parle endien, lev dans cette tradition, conditionn par cetulture, et sil est la somme de cet antique enseignemenout dabord, il nest pas Indien, en ce sens quappartient ni cette nation, ni la communaut d

    rahmins, bien quil y soit n. Il renie la tradition mmont vous linvestissez. Il nie que son enseignement soit ontinuit des enseignements anciens. Il na lu aucun dvres sacrs de lInde ou de lOccident car ils ne sont ptiles lhomme qui se rend compte de ce qui se pasans le monde et du comportement des tres humains. I

    ptent leurs thories, ils acceptent des propagandes qurent depuis deux mille ou cinq mille ans, et qui sonevenues la tradition, la vrit, la rvlation.

    Pour celui qui rejette totalement et compltemenacceptation du monde, les symboles et leu

    onditionnements, la vrit nest pas une affaire deconde main. Si vous lavez cout, Monsieur, il a dit de dbut que toute acceptation dune autorit est gation mme de la vrit et il a insist sur la ncessie se situer en dehors de toute culture, de toute traditiot de toute morale sociale. Si vous aviez cout, vous n

    iriez pas quil est Indien ou quil reprend en langagmoderne une ancienne tradition. Il dnie totalement ass, ses matres, ses interprtes, ses thories, s

    ormules.

    La vrit nest jamais dans le pass. Les vrits dass sont les cendres de la mmoire. La mmoi

    artient au tem s. Dans les cendres mortes dhier il n

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    pas de vrit. La vrit est une chose vivante, elle neas dans la sphre du temps.

    Ainsi, ayant mis tout cela de ct, nous pouvonmaintenant aborder le point central concernant Brahmael que vous le postulez. Il est bien certain, Monsieur, qu

    ette assertion est une thorie invente par un esprmaginatif quil sagisse de Shankara, ou dun savanhologien moderne.

    Vous pouvez vrifier une thorie par votre propxprience, mais la faon de celui qui, lev

    onditionn dans le monde catholique, a des visions dhrist : il est vident que de telles visions du Christ sones projections de son propre conditionnement. De mmeux qui ont t levs dans la tradition de Krishna ones expriences et des visions engendres par leuulture. Lexprience, donc, ne prouve absolument rie

    Reconnatre quune vision est celle de Krishna ou dhrist est le fait dune connaissance conditionne. Cetision nest donc pas une ralit, mais un fantasme, u

    mythe renforc par lexprience et totalement fictif. Quesoin avez-vous dune quelconque thorie et pourquostulez-vous une croyance ? Cette constante assertio

    une croyance est lindication dune peur : peur de la vuotidienne, peur de la douleur, peur de la mort et dunie dnue totalement de sens. Voyant tout cela, vou

    nventez une thorie, et plus elle est habile et rudite, plulle a de poids. Au bout de deux mille ou de dix milnnes de propagande, cette thorie, invariablement

    ottement, devient la vrit .

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    Mais si vous ne postulez aucun dogme, vous vourouvez face face avec la ralit de ce qui est. Alo

    cela qui est est la pense, le plaisir, la douleur et eur de la mort. Lorsque lon comprend la structure de ie quotidienne avec ses comptitions, son avidit, s

    mbitions, ses luttes pour le pouvoir on voit, noeulement labsurdit des thories, des sauveurs, dourous, mais on peut trouver une fin la douleur, une ftoute la structure que la pense a labore.

    La mditation consiste pntrer dans cettructure et la comprendre. On voit alors que le mond

    est pas une illusion, mais une ralit terrible quhomme a construite dans ses rapports avec semblables. Cest cela qui doit tre compris et non vohories vdantiques, avec leurs rituels et tout le bric-rac dune religion organise.

    Lorsque lhomme est libre, sans motif de peur, denvu de douleur, alors, et rien qualors, lesprit devienaturellement paisible et tranquille. Alors, non seulemeneut-il voir la vrit dans la vie quotidienne, dinstant e

    nstant, mais il peut aussi aller au-del de touerception, l o lobservateur et lobserv prennent f

    t o la dualit cesse.Mais encore surpassant tout cela, et sans lien av

    ette lutte, cette vanit, ce dsespoir, il y a et ce neas une thorie un flot de vie qui na ni commencemeni fin, un mouvement immesurable que lesprit ne peu

    amais capter.

    Ayant entendu cela, Monsieur, vous all

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    aturellement en faire une thorie, et si cette nouvelhorie vous plat, vous la propagerez. Mais ce que loropage nest pas la vrit. La vrit nest l qu

    orsquon est affranchi de la douleur, de langoisse et dagressivit qui, en ce moment, remplissent votre cur

    otre esprit. Lorsque lon voit tout cela et quon rencontette bndiction qui sappelle lamour, on sait que ce qient dtre dit est vrai.

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    Ce qui est important, dans la mditation, cest

    ualit de lesprit et du cur. Ce nest pas ce quoi on earvenu, ni ce que lon dit avoir atteint, mais plutt ualit dun esprit innocent et vulnrable. Au-del de gation, existe un tat positif. Simplement accumules expriences ou vivre dans un tat dexprience est mconnatre la puret de la mditation. L

    mditation nest pas un moyen en vue dune fin. Cest ois le moyen et la fin. Lesprit ne peut jamais tre rendnnocent par lexprience. Cest la ngation dexprience qui engendre ltat positif dinnocence, tue la pense ne peut pas cultiver. La pense nest jama

    nnocente. La mditation met fin la pense, mais non paaction de celui qui mdite, car celui qui mdite neutre que la mditation. Ne pas mditer cest tre commn aveugle dans un monde de grande beaut, de lumire couleur.

    Dambulez donc au bord de la mer, et laissez cet

    ualit mditative venir vous. Si elle vient, ne oursuivez pas. Ce que lon poursuit sera la mmoire d

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    e qui a t, et ce qui a t est la mort de ce qui est. Ou, ous vagabondez parmi les collines, que tout vienne vouire la beaut et la souffrance de la vie, afin que vous vouveilliez votre propre douleur, et sa fin. La mditatiost la racine, la plante, la fleur et le fruit. Ce sont les mo

    ui crent une sparation entre le fruit, la fleur, la plant la racine. En cette sparation, laction nest panfique. La vertu est perception totale.

    Ctait une longue route ombrage, borde darbres deux cts une route troite qui serpentait parm

    es champs et la rutilence du bl mrissant. Le soleraait des ombres nettes et les villages, de part autre, taient sales, mal tenus, marqus de misre. Leersonnes les plus ges paraissaient malades et triste

    mais les enfants criaient, jouaient dans la poussire anaient des pierres aux oiseaux perchs au sommet drbres. Ctait une matine agrable et frache et unrise vivifiante soufflait du haut des collines.

    Les perroquets et les mainates faisaient beaucoup d

    ruit, ce matin-l. Les perroquets taient peine visiblarmi les feuilles vertes des arbres ; dans les tamarlusieurs trous leur servaient dhabitations. Leur vol eigzag tait toujours strident et rauque. Les mainattaient sur le sol, et assez peu farouches. Ils vouaissaient vous approcher avant de senvoler. Et le gob

    mouches dor, loiseau vert et or, tait sur les fils qraversaient la route. Ctait une belle matine et le sole

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    tait pas encore trop chaud. Il y avait une bndictioans lair et la paix davant que les hommes ne sveillen

    Sur cette route, tran par un cheval, passait uhicule deux roues, surmont dune plate-forme uatre places et dune capote. Sur la plate-forme, allong

    n travers des roues, envelopp dune toffe blanche ouge, tait un cadavre que lon portait au fleuve, afin de brler sur la rive. Un homme tait assis ct donducteur, probablement un parent, et le cadavringuebalait sur cette route pas trop plane. Ils taienenus dassez loin, car le cheval suait, et le corps avait

    ecou tout le long du chemin et semblait compltemenigide.

    Lhomme qui est venu nous voir plus tard, ce jour-lous dit tre un instructeur dartillerie dans la marine. tait venu avec sa femme et deux enfants et avait latre un homme trs srieux. Aprs les salutationusage, il dit quil aimerait trouver Dieu. Il ne sexprimaas trs bien : peut-tre tait-il un peu timide. Ses main

    t son visage taient dun homme assez dgourdi, maisvait une certaine duret dans la voix et dans le regard ar, aprs tout, il enseignait une faon de tuer. Dieemblait si loign de ses activits quotidiennes ! Le touemblait si insolite ! Car voil un homme qui se disaincrement la recherche de Dieu et pourtant so

    agne-pain lobligeait enseigner lart de tuer.Il dit uil tait de sentiments reli ieux et uil ava

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    rr travers de nombreuses coles tenues par de soisant saints hommes, dopinions diffrentes. Il navait atisfait par aucune delles et il avait maintenant entreprn long voyage par train et par autobus, pour nous voar il voulait savoir comment atteindre ce monde trang

    ue tant dhommes et tant de saints ont cherch. Semme et ses enfants taient assis respectueusement eilence, et sur une branche tout prs de la fentre, unourterelle beige clair roucoulait doucement, toute seulhomme ne la regarda pas une seule fois et les enfanvec leur mre demeuraient assis, rigides, nerveux, san

    amais sourire.On ne peut pas trouver Dieu ; il ny a pas de chem

    our cela. Lhomme a invent de nombreuses religiones croyances, des sauveurs et des guides dont il pensuils laideront trouver une flicit sans fin. La mise la recherche est quelle conduit des imaginations desprit, des visions que lesprit projette et value a

    moyen de choses connues. Lamour quil cherche etruit par sa faon de vivre. On ne peut pas avoir unrme dans une main et Dieu dans lautre. Dieu nest quuymbole, un mot qui a perdu son sens, car les glises et l

    eux de dvotion lont dtruit.Bien sr, celui qui ne croit pas en Dieu est comm

    elui qui croit : lun et lautre souffrent et passent par ouleur dune vie brve et vaine, et lamertume dhaque journe, fait de cette vie une chose qui na pas dens. La ralit nest pas au bout dun courant de pens

    t un cur vide est rempli par les mots de la pensNous devenons trs habiles nous inventons d

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    hilosophies, et puis vient lamertume de leur faillitNous avons invent des thories sur la faon datteind

    Ultime et le dvot va au temple et se perd dans lmaginations de son esprit. Le moine et le saint ne voienas que pour lun et lautre la ralit fait partie dun

    radition, dune culture qui les accepte dans la catgores saints et des moines.

    La tourterelle sest envole et la beaut de montagne de nuages recouvre les champs et la vrit e o on ne regarde jamais.

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    Ctait un vieux jardin mongol avec beaucoup d

    rands arbres. Il y avait de grands monuments, obscursintrieur, avec des spulcres de marbre et la pluie et laisons avaient rendu sombre la pierre et plus sombrncore les coupoles. Il y avait, au haut des coupoles, dentaines de pigeons. Ils se battaient avec les corbeauour des places, et plus bas sur les coupoles, taient leerroquets venant en groupes de partout. Il y avait delouses bien tenues, tondues et arroses. Ctait un lieranquille, o, curieusement, ne se trouvaient que peu dersonnes. Le soir, les domestiques du voisinage, av

    eurs vlos, se runissaient sur une pelouse pour jouux cartes. Ctait un jeu quils comprenaient, mais qavait ni queue ni tte pour ltranger qui lobservait. Ilvait des groupes denfants qui jouaient sur une pelouttenant un autre tombeau.

    Un des tombeaux tait particulirement somptueuvec de grandes arcades bien proportionnes et, derrir

    n mur dissymtrique. Il tait fait de briques et le soleil a pluie lavaient rendu fonc, presque noir. Un critea

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    nterdisait de cueillir les fleurs, mais personne ny faisattention, car on les cueillait quand mme.

    Il y avait une avenue deucalyptus, et derrire ellne roseraie entoure de murs croulants. Ce jardin, aves roses magnifiques, tait parfaitement tenu et lherb

    tait toujours verte et frachement tondue. Peu dersonnes semblaient venir dans ce jardin et on pouvan faire le tour en solitude et contempler le coucher doleil derrire les arbres et derrire les coupoles dombeaux. L, le soir surtout, avec ses longues ombrbscures, tait trs paisible, loin du bruit de la ville, lo

    e la pauvret et de la laideur des riches. Des bohmienracinaient les mauvaises herbes de la pelouse. Ctaans lensemble, un bon endroit, mais lhomme labmaraduellement.

    Il y avait un homme assis, les jambes croises, dan

    n coin recul de la pelouse, son vlo ct de lui. Il avaerm les yeux et ses lvres remuaient. Il demeura pluune demi-heure en cette posture, compltement perdu monde, aux passants, et aux cris aigus des perroqueton corps tait tout fait immobile. En ses mains tait uhapelet recouvert dune pice dtoffe. Ses doigts taien

    e seul mouvement que lon pouvait voir, part ses lvrel venait l quotidiennement vers le soir, et cela devatre aprs sa journe de travail. Ctait un homme plutauvre, assez bien nourri, et il venait toujours dans coin et sy perdait en lui-mme. Si vous laviuestionn, il vous aurait rpondu quil mditait, rptan

    uelque prire ou quelque mantra et pour lui, ctassez bon. Il trouvait un soula ement la uotidienn

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    monotonie de la vie. Il tait seul sur cette pelousDerrire lui tait un jasmin en pleine floraison, d

    ombreuses fleurs taient par terre et la beaut dmoment stendait autour de lui. Mais il ne voyait jamaette beaut, car il tait perdu dans une beaut de s

    ropre fabrication.

    La mditation nest pas la rptition du mot, exprience dune vision, ni la mise en uvre du silenc

    e grain du chapelet et le mot peuvent bien faire taiesprit bavard, mais cela nest quune forme dautoypnose. Vous pouvez aussi bien avaler une pilule.

    La mditation ne consiste pas senvelopper dans ussu de penses, dans lenchantement du plaisir. L

    mditation na pas de commencement, elle na donc pe fin.

    Si vous dites : Je commencerai aujourdhui ontrler mes penses, masseoir tranquillement danne posture mditative, respirer avec rgularit, , ceue vous tes pris par les artifices avec lesquels on

    rompe soi-mme. La mditation nest pas le fait dtbsorb dans une ide ou une image grandioses : cela nalmerait quun moment, la faon dont un enfant ealme pendant le temps o un jouet labsorbe. Mais due le jouet cesse dtre intressant, lagitation et leottises recommencent. La mditation nest pas

    oursuite dune voie invisible conduisant quelque flicima inaire. Les rit mditatif voit observe coute sans

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    mot, sans commentaires, sans opinion, attentif amouvement de la vie dans tous ses rapports, tout au lon

    e la journe. Et la nuit, lorsque lorganisme est au repoesprit mditatif na pas de rves, car il a t veill toue jour. Ce nest que lindolent qui a des rves, ce ne son

    ue les personnes partiellement endormies qui ont besomissions manant de leurs propres tats de consciencMais lorsquun esprit vigilant coute le mouvemen

    xtrieur et intrieur de la vie, un silence lui vient, qulabore pas la pense.

    Ce nest pas un silence que lobservateur puisercevoir en tant quexprience. Sil le vit commxprience, et la reconnat, ce nest plus un silence. Lilence de lesprit mditatif nest pas inclus dans lmites de la rcognition, car il na pas de frontires. Il n

    que ce silence dans lequel lespace de la divisioexiste plus.

    Les collines taient portes par les nuages et la pluolissait les rochers, de grands blocs parpills sur l

    ollines. Il y avait une trane de noir dans le granite grit ce matin-l, ce rocher de basalte sombre tait lav pa pluie et devenait plus noir.

    Les tangs se remplissaient et les grenouilles faisaienpleine gorge, des bruits profonds. Tout un groupe d

    erroquets arrivait des champs pour sabriter et l

    in es taient en train de rim er sur les arbres et

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    erre rouge devint plus sombre.

    Il y a un silence particulier lorsquil pleut, et ce matin, dans la valle, tous les bruits semblaient avoir cesses bruits de la ferme, du tracteur et de la hache taillant ois. Il ny avait que le bruit des gouttes tombant du to

    t le gargouillement des gouttires.Ctait vraiment extraordinaire de sentir la pluie su

    oi, dtre mouill jusqu la peau et de sentir la terre es arbres recevoir la pluie avec joie ; car il navait pas pepuis quelque temps, et maintenant les petit

    raquelures de la terre taient en train de se refermer. Lluie avait fait taire le bruit des nombreux oiseaux, leuages arrivaient de lest, sombres, lourdement chargt taient attirs vers louest ; les collines se trouvaienortes par eux, et lodeur de la terre se rpandait ehaque coin. Il plut toute la journe.

    Et dans le silence de la nuit les hiboux hululaient dun lautre, travers la valle.

    Ctait un matre dcole, un Brahmin. Il tait pied

    us et portait un dhotipropre et une chemise occidentall tait soign, avait un regard aigu, un comportemenpparemment doux et sa faon de saluer tmoignait don humilit. Il ntait pas trop grand de taille, et parlaort bien langlais, car il tait professeur danglais, en villl dit quil ne gagnait pas beaucoup et que, comme tous lenseignants travers le monde, il trouvait trs difficile d

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    oindre les deux bouts. Bien sr, il tait mari et avait dnfants, mais il avait lair de mettre tout cela de ctomme si cela navait aucune importance. Ctait uomme fier, de cette fiert particulire qui nest pas cele la russite, qui nest pas la fiert des bien-ns ou d

    iches, mais la fiert dune race ancienne, dueprsentant dune antique tradition et dun systme dense et de morale, qui, en vrit, navait rien vovec ce quil tait rellement. Sa fiert tait dans le passuil reprsentait, et sa faon de rejeter les complicationctuelles de la vie tait le geste dun homme qui l

    onsidre invitables-mais-si-peu-ncessaires . vait laccent du Sud, dur et sonore. Il dit que pendant dombreuses annes, il avait assist des confrences, icous les arbres. vrai dire, son pre lavait conduit iclors que, jeune homme, il frquentait encore le collgnsuite, aprs avoir obtenu sa misrable situation, il ta

    enu chaque anne. Je vous ai cout de nombreuses annes. J

    omprends peut-tre intellectuellement ce que vous ditemais cela ne semble pas me pntrer trs profondmen

    aime la faon dont sont disposs les arbres sous lesque

    ous parlez, et je regarde le coucher de soleil lorsque voue faites observer ainsi que cela vous arrive si souvenans vos causeries mais je ne peux pas le sentir, je neux pas toucher la feuille et prouver la joie des ombreansantes sur le sol. En fait, je nai absolument aucunensibilit. Jai, naturellement, beaucoup lu la littratu

    nglaise et celle de ce pays. Je peux rciter des pomemais la beaut qui rside au-del des mots mchappe. J

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    me durcis, non seulement dans mes rapports avec memme et mes enfants, mais avec tout le monde. lcoe crie davantage. Je me demande pourquoi jai perdu lectation du soleil du soir si je lai jamais eue ! Je memande pourquoi je ne ressens plus fortement le mal q

    vit dans le monde. Il me semble que je vois tountellectuellement et que je peux fort bien raisonner dmoins je crois que je le peux avec peu prs nimpor

    ui. Pourquoi donc y a-t-il cette brche entre lintellect e cur ? Pourquoi ai-je perdu lamour et le sens de iti et de la vraie charit ?

    Regardez par la fentre, ce bougainvillier. Le voyeous pleinement ? Voyez-vous la lumire sur lui, ransparence, la couleur, la forme, la qualit quil a ?

    Je le regarde, mais il ne signifie absolument rieour moi. Et il y a des millions de personnes comme mo

    e reviens donc ma question : Pourquoi y a-t-il cetrche entre lintellect et les sentiments ?

    Est-ce cause dune ducation errone, qui na cultivue votre mmoire, et qui, depuis votre preminfance, ne vous a pas appris regarder un arbre, uneur, un oiseau, une tendue deau ? Est-ce parce qu

    ous avons mcanis la vie ? Est-ce cause de cet exce population ? Pour chaque emploi, il y a des milliers dersonnes qui se prsentent. Ou est-ce par orguergueil de lefficience, orgueil de la race, orgueil dunense artificieuse ? Pensez-vous que ce soit cela ?

    Me demandez-vous si je suis orgueilleux ? Oui, je uis.

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    Mais ce nest quune des raisons pour lesquelles le soisant intellect domine. Est-ce parce que les mots sonevenus si extraordinairement plus importants que ce qst au-dessus et au-del du mot ? Ou est-ce parce quous tes frustr, bloqu de diffrentes faons dont vou

    tes peut-tre pas du tout conscient ? Dans le mondmoderne, lintellect est un objet de culte et plus on eabile et retors, plus on avance.

    Peut-tre sont-ce toutes ces raisons la fois, maont-elles bien importantes ? Bien sr, nous pourrionndfiniment analyser, dcrire la cause, mais est-ce quela remplira le foss entre lesprit et le cur ? Cest ceue je veux savoir. Jai lu quelques-uns des livres dsychologie et notre propre littrature ancienne, mais cee menflamme pas et maintenant je suis venu vouien que cela soit peut-tre trop tard pour moi.

    Est-ce que vous dsirez rellement lunion de lesprt du cur ? Vos capacits intellectuelles ne vouuffisent-elles vraiment pas ? Vouloir unir lesprit et ur nest peut-tre quun problme acadmiquourquoi vous souciez-vous de les assembler ? Cetroccupation appartient encore lintellect et ne surg

    as, nest-ce pas, dune inquitude au sujet dprissement de votre affectivit, lequel fait partie dous-mme ? Vous avez divis la vie en intellect et cu

    ntellectuellement, vous observez le cur en train de esscher, et cela vous proccupe verbalement. Laissez-e desscher ! Vivez uniquement par lintellect. Est-c

    ossible ?

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    Maisjaides sentiments !

    Mais ces sentiments ne sont-ils pas rellement unentimentalit, une complaisance motionnelle enveous-mme ? Ce nest pas de cela que nous parlonvidemment. Nous disons : soyezmort lamour, cela n

    as dimportance. Vivez uniquement dans votre intellet dans vos manipulations verbales, vos argumenstucieux. Et lorsquen toute ralit on vit de la sorte, que produit-il ? Ce contre quoi vous vous levez cest leffestructeur de cet intellect que vous vnrez tellemenette action destructive suscite une multitude droblmes. Vous voyez probablement leffet des activit

    ntellectuelles dans le monde les guerres, la comptitioarrogance du pouvoir et peut-tre tes-vous effray pae qui va se passer, effray de limpuissance et dsespoir de lhomme. Tant quexiste cette division entaffectivit et lintellect, lun dominant lautre, lun dotruire lautre ; il ny a pas moyen de les runir. Vouvez pu couter ces causeries au cours de nombreusnnes, et peut-tre avez-vous fait de grands efforts poumener lesprit et le cur sunir, mais cet effort exerc par la pense, laquelle, ainsi, domine le cu

    amour nappartient aucun des deux, car il ny a, en luucune qualit de domination. Ce nest pas une chossemble par la pense ou par le sentiment. Ce nest n mot manant de lintellect, ni une raction sensoriell

    Vous dites :

    Il faut que jaie de lamour, et pour lavoir, je do

    ultiver le cur. Mais ce dveloppement mthodiqust mental et ainsi vous maintenez tou ours les deu

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    pars ; on ne peut ni jeter un pont entre les deux, ni lenir dans un but utilitaire. Lamour est aommencement, non la fin dune entreprise.

    Alors que dois-je faire ?

    Maintenant ses yeux taient devenus plus brillants, y avait un mouvement en son corps. Il regarda par

    entre, et, tout doucement, il commena senflammer.

    Vous ny pouvez rien. Restez en dehors ! Et coutezt voyez la beaut de cette fleur.

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    La mditation est le dploiement du neuf. Le neuf e

    u-del et au-dessus du pass rptitif et la mditatiomet une fin cette rptition. La mort que provoque mditation est limmortalit du neuf. Le neuf nest p

    ans le champ de la pense, et la mditation est le silene la pense.

    La mditation nest pas un accomplissement, ce neas non plus la capture dune vision ou lardeur dunensation. Cest comme un fleuve quon ne peupprivoiser, rapide et dbordant ses rives. Cest

    musique qui na pas de sons ; on ne peut pas omestiquer et sen servir. Cest le silence en lequ

    observateur nest plus l ds le dbut.

    Le soleil ntait pas encore lev et lon pouvait votoile du matin travers les arbres. Il y avait un silenc

    ui tait vraiment extraordinaire : pas le silence enteux bruits ou entre deux notes, mais le silence qui ne

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    absolument rien le silence qui devait avoir t aommencement du monde. Il remplissait toute la valle es collines.

    Les deux grands hiboux qui sappelaient lun lautre drangeaient aucun moment ce silence, et, au loin,

    hien qui aboyait la lune faisait partie de cetmmensit. La rose tait particulirement lourde, omme le soleil montait au-dessus de la colline, elcintillait de nombreuses couleurs et de lclat qui vievec les premiers rayons du soleil.

    Les feuilles dlicates du jacaranda taient lourdes dose et des oiseaux venaient y prendre leur bain matinaattant des ailes, de sorte que la rose sur ces feuilllicates remplissait leurs plumes. Les corneilles taienarticulirement insistantes ; elles sautaient dunranche lautre, avanant leurs ttes travers l

    euilles, agitant leurs ailes et nettoyant leurs plumes. Iln avait peu prs une demi-douzaine sur cette lourdranche, et il y avait beaucoup dautres oiseaux parpillartout sur larbre, en train de prendre leur bain d

    matin.

    Et ce silence se rpandit et sembla aller au-del d

    ollines. Il y avait les bruits habituels denfants qriaient, et des rires ; et la ferme commena sveiller.

    La journe serait frache, et maintenant les collinvaient sur elles la lumire du soleil. Ctaient de trieilles collines probablement les plus vieilles au mond

    avec des rochers de formes curieuses qui semblaienvoir t sculpts avec grand soin, en quilibre les uns su

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    es autres ; mais aucun vent ni aucune manipulation nouvaient leur faire perdre cet quilibre.

    Ctait une valle trs loigne des villes, et la rouui la traversait conduisait un autre village. La routait raboteuse et il ny avait ni voitures ni autobus pou

    ranger lancienne quitude de cette valle. Il y avait dhars bufs, mais leurs mouvements faisaient partes collines. Il y avait un lit de rivire sec, qui ne semplissait dun courant deau quaprs de lourdluies ; sa couleur tait un mlange de rouge, de jaune e brun ; et cela aussi semblait bouger avec les collines. E

    es villageois qui marchaient silencieusement taienomme les rochers.

    La journe stira et vers la fin de la soire, alors que soleil se couchait au-dessus des collines occidentales, ilence sintroduisit venant du lointain, par del l

    ollines, travers les arbres, recouvrant les petiuissons et lantique banyan. Et comme les toilevinrent brillantes, ainsi le silence grandit en intensitn pouvait peine le supporter.

    Les petites lampes du village steignirent, et avec ommeil lintensit de ce silence devint plus profond

    lus vaste et incroyablement crasante. Mme les collinevinrent plus silencieuses, car elles aussi avaient mis fleurs murmures, leur mouvement, et avaient lair d

    erdre leur poids immense.

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    Elle dit quelle avait quarante-cinq ans ; elle taoigneusement vtue dun sari, avec quelques braceleorte-bonheur ses poignets. Lhomme, plus g, qaccompagnait, dit quil tait son oncle. Nous noussmes sur le plancher do lon voyait un grand jard

    vec son banyan, quelques manguiers, un bougainvillirillant et des pousses de palmiers. Elle tait terriblemeriste. Ses mains taient agites et elle essayait dempcher dclater en paroles et peut-tre en larmeoncle dit : Nous sommes venus vous parler de mice. Son mari est mort il y a quelques annes, et ensui

    on fils, et maintenant elle ne peut pas sarrter dleurer et elle a terriblement vieilli. Nous ne savons pauoi faire. Les conseils habituels des mdecins nont pair davoir de leffet, et elle semble perdre le contact aves autres enfants. Elle maigrit. Nous ne savons pomment tout cela finira et elle a insist pour que nou

    enions vous voir. Jai perdu mon mari il y a quatre ans. Ctait u

    mdecin et il avait un cancer. Il avait d me le cacher, e nest que la dernire anne, peu prs, que je lai su. ouffrait atrocement, malgr la morphine et dautr

    almants que lui donnaient les mdecins. Devant meux il dprit, puis il ne fut plus l.

    Elle sarrta, presque touffe de larmes. Unourterelle, assise sur une branche, roucoulait doucemenlle tait brun gris avec une petite tte et un grand corppas trop grand, car ctait une tourterelle. Elle senvo

    t la branche se balana de haut en bas, par la pression don envol.

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    Dune faon ou dune autre, je ne peux paupporter cette solitude, cette existence qui na pas dignification sans lui. Jaimais mes enfants : un garon eux filles. Un jour, lanne dernire, le garon mcrive lcole quil ne se sentait pas bien, et quelques jou

    lus tard je reus un appel tlphonique du proviseur misant quil tait mort.

    Ici, elle commena sangloter sans pouvoir matriser. Elle montra ensuite une lettre du garon, o

    isait vouloir rentrer chez eux, car il ne se sentait p

    ien, et quil lesprait, elle, en bonne sant. Elle expliquuil navait pas voulu aller lcole, mais aurait vouester auprs delle, car il stait beaucoup inquit soujet. Et elle lavait plus ou moins forc y aller, craignane laffecter par son chagrin. Maintenant, il tait troard. Les deux filles, dit-elle, ntaient pas pleinemen

    onscientes de tout ce qui tait arriv, car elles taienrs jeunes. Soudain, elle clata : Je ne sais pas quaire. Cette mort a secou les fondements mmes de mie. Tel une maison notre mariage avait oigneusement construit sur ce que nous considrionomme une base profonde. Maintenant tout est dtru

    ar cet norme vnement. Loncle devait tre un croyant, un traditionaliste, car

    jouta : Dieu lui a envoy cela. Elle sest conformeous les rites ncessaires, mais ils ne lont pas aide. Jrois la rincarnation, mais elle nen retire aucuconfort. Elle ne veut mme pas en parler. Pour elle, riee tout cela na aucun sens et nous navons t ca abl

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    e lui donner aucune consolation.

    Nous restmes assis quelque temps en silence. Somouchoir tait maintenant tout mouill ; un moucho

    ropre, sorti du tiroir, laida essuyer les larmes de seoues. Le bougainvillier rouge jetait par la fentre u

    egard furtif, et la brillante lumire mridionale tait suhaque feuille.

    Voulez-vous en parler srieusement aller la racine tout cela ? Ou voulez-vous tre rconforte pauelque explication, par quelque argumentatio

    aisonne, et obtenir une diversion votre douleur amoyen de quelques mots capables de vous satisfaire ?

    Elle rpondit : Je voudrais y pntrrofondment, mais je ne sais pas si jai la capacit onergie daffronter ce que vous allez dire. Lorsque mo

    mari tait vivant, nous venions quelques-unes de vo

    auseries, mais maintenant je pourrais avoir beaucoup difficults vous suivre.

    Pourquoi tes-vous dans cet tat de douleur ? Nonnez aucune explication, car elle ne serait quunonstruction verbale de ce que vous prouvez, et non

    ait rel. Donc, lorsque nous posons une question, je vourie de ne pas y rpondre. coutez simplement, herchez la rponse en vous-mme. Pourquoi cetouleur autour de la mort existe-t-elle dans chaqu

    maison, riche ou pauvre, chez les plus puissants du payusquau mendiant ? Pourquoi tes-vous dans laffliction

    st-ce pour votre mari ou est-ce pour vous-mme ? est pour lui que vous pleurez, vos larmes peuvent-ell

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    aider ? Il est parti irrvocablement. Quoi que vouassiez, il ne vous reviendra jamais. Aucuns pleurs, aucunroyance, aucuns rituels, aucuns dieux ne pourront amener. Cest un fait, et vous devez laccepter ; vous nouvez rien. Mais si vous pleurez pour vous-mme

    ause de votre solitude, du vide de votre vie, des plaisiensuels que vous aviez ou des liens que constitue ouple, alors, nest-ce pas votre propre vide que vouleurez, nest-ce pas vous-mme que vous prenez eiti ? Peut-tre est-ce la premire fois que vous teonsciente de votre pauvret intrieure. Vous avez mis

    ur votre mari, nest-ce pas, sil nous est permis de voue faire remarquer avec douceur, et cela vous a procun rconfort, de la satisfaction et du plaisir ? Tout ce quous prouvez maintenant le sentiment dune perte, ouleur de la solitude et de langoisse est une faon dous prendre vous-mme en piti, nest-ce pas ? Voy

    ela, voyez-le. Nendurcissez pas votre cur en disantJaime mon mari, et je ne pensais pas du tout moi. J

    oulais le protger. Il est vrai que jai souvent essay de ominer ; mais ctait toujours pour son bien et je n

    amais eu une pense pour moi. Maintenant quil earti, vous vous rendez compte, nest-ce pas, de ltat r

    vous vous trouvez ? Sa mort vous a secoue et vousmontr ltat rel de votre esprit et de votre cur. Vou

    vez peut-tre une rticence le voir, peut-tre le nieous par crainte, mais si vous lobservez un peu mieuous verrez que cest sur votre solitude que vous pleureur votre pauvret intrieure, cest--dire par piti pouous-mme.

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    Ntes-vous pas plutt cruel, Monsieur ? Je suenue chercher une vraie consolation, et que me donneous ?

    Cest une des illusions quont la plupart des gensillusion quexiste ce quon appelle une consolation, qu

    uelquun puisse la donner ou quon puisse la trouver somme. Je crains quune telle chose nexiste pas. Si vouherchez un rconfort ; vous vivez ncessairement danne illusion, et lorsque cette illusion est dtruite vous triste parce que la consolation vous est retire. Donc, pouomprendre le chagrin et pour le dpasser, on doit voir e

    oute ralit ce qui a lieu intrieurement, et non se acher. Vous montrer tout cela nest pas de la cruautest-ce pas ? Ce que lon dcouvre nest pas une laideuui vous repousse. Lorsquon voit tout cela, trlairement, on en sort immdiatement, sans ungratignure, sans une fltrissure, frais, non atteint par lvnements de la vie. La mort est invitable pour nouous ; on ne peut pas y chapper. On essaye de trouvoutes sortes dexplications, de saccrocher toutes sorte croyances dans lespoir de la dpasser, mais quoi quon fasse, elle est toujours l ; demain, ou au coin de

    ue, ou dans beaucoup dannes elle est toujours l. st ncessaire de prendre contact avec cet immense fae la vie.

    Mais dit loncle, et ce fut le dballage de royance traditionnelle en Atman, lme, une entiermanente qui se perptue. Il tait maintenant sur so

    ropre terrain, bien aplani par des arguments habiles es citations. On le vit se redresser soudain et le feu d

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    ombat, du combat des mots, fut en ses yeux. Lympathie, lamour et la comprhension avaient disparl tait sur son terrain sacr des croyances, de la traditioien nivel par le lourd poids du conditionnement : MaAtman est en chacun de nous ! Il renat et se prolong

    usqu ce quil ralise quil est Brahman. Il nous faasser par la douleur pour parvenir cette ralit. Nouivons dans lillusion ; le monde est une illusion. Il ny uune seule ralit.

    Et il tait lanc ! Elle me regarda, ne faisant parande attention lui, et un lger sourire commena pparatre sur son visage ; et, tous deux, nouegardmes la tourterelle qui tait revenue et lclatanougainvillier rouge.

    Il ny a rien de permanent sur la terre ni en noummes. La pense peut donner une continuit ce qu

    lle pense, elle peut confrer une permanence un mot,ne ide, une tradition. La pense se pense permanentmais lest-elle ? La pense est une raction de la mmoir

    t cette mmoire est-elle permanente ? Elle peuonstruire une image et lui donner une continuit, unrennit, lappelant Atman ou autrement, et elle peut s

    ouvenir du visage du mari ou de la femme et sccrocher. Tout cela est une activit de la pense qngendre la peur, et cette peur incite la recherche durable la peur de navoir pas un repas demain, ou ubri la peur de la mort. Cette peur est le rsultat de ense, et Brahman aussi est le produit de la pense.

    Loncle dit : La mmoire et la ense sont comm

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    ne bougie. On lteint et on la rallume ; on oublie et on sessouvient plus tard. On meurt et on renat dans unutre existence. La flamme de la bougie est la mme, est pas la mme. Ainsi, dans la flamme il y a unertaine qualit de continuit.

    Mais la flamme qui a t teinte nest pas la mmamme que la neuve. Il y a une fin ce qui est vieux pouue le neuf soit. Dans une perptuelle continuit modifiny a jamais rien de nouveau. Les mille hiers ne peuven

    as tre remis neuf ; mme une bougie se consumout doit parvenir une fin pour que le neuf soit.

    Loncle, maintenant, ne peut plus sappuyer sur ditations ou des croyances ou sur les paroles dautrui ; il etire en lui-mme et devient trs silencieux, intrigu ssez en colre, car il a t expos lui-mme, et, touomme sa nice, il ne veut pas affronter la ralit.

    Rien de tout cela ne me concerne, dit-elle, je surofondment malheureuse : jai perdu mon mari et mols, et il y a ces deux enfants qui sont rests. Que dois-

    aire ?

    Si ce sont vos enfants qui vous proccupent vous n

    ouvez pas tre absorbe par votre personne et par votnfortune. Il vous faut les soigner, les levonvenablement, les faire sortir de la mdiocriabituelle. Mais si vous tes consume par la piti quous dversez sur vous-mme, que vous appellamour pour votre mari , et si vous vous retirez dan

    isolement, alors vous dtruisez aussi les deux autrnfants. Consciemment ou inconsciemment, nous somm

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    ous totalement gostes, et tant que nous obtenons ue nous dsirons, nous pensons que tout va bien. Mas que survient un vnement qui met tout en piceous crions notre dsespoir, esprant trouver dautronsolations qui, naturellement, seront mises en pices

    eur tour. Ainsi ce processus continue et si vous dsirezombrer, connaissant fort bien toutes ses implicationllez-y. Mais si vous voyez labsurdit de tout cela, vouesserez tout naturellement de pleurer, vous cesserez dous isoler et vous vivrez avec vos enfants, dans unouvelle lumire et avec un sourire sur votre visage.

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    Les silences sont de natures diffrentes. Il y a

    ilence entre deux bruits, le silence entre deux notes, et ilence qui slargit dans lintervalle entre deux pensel y a ce silence particulier, tranquille, pntrant, qui vienar certains soirs dans la campagne ; il y a le silence ravers lequel on entend laboiement dun chien au loiu le sifflet dun train alors quil gravit une pente raide, ilence dans une maison o tout le monde est all dormit sa curieuse amplification lorsquon se rveille au miliee la nuit et quon coute un hibou qui hulule dans alle ; et il y a le silence avant que ne rponde ompagne. Il y a le silence dune vieille maison dsertt le silence dune montagne ; le silence entre deux treumains, lorsquils ont vu la mme chose, senti de

    mme faon et agi.

    Cette nuit-l, surtout dans cette lointaine valle aves collines, les plus anciennes de toutes, et leurs brisani curieusement faonns, le silence tait aussi rel que

    mur que vous touchiez. Et, par la fentre, vous regardies brillantes toiles. Ce ntait pas un silence auto

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    ngendr ; ce ntait pas que la terre ft silencieuse et leaysans endormis, mais il venait de partout d

    ointaines toiles, de ces collines obscures, de votre esprt de votre cur. Ce silence semblait tout recouvriepuis le plus minuscule grain de sable dans le lit de

    ivire laquelle ne connaissait un courant deau quorsquil pleuvait jusquau grand banyan qui stalait une brise lgre qui, maintenant, se levait. Il y a

    ilence dune conscience qui nest jamais atteinte pucun bruit, par aucune pense, ni par le passage du vene lexprience. Cest ce silence-l qui est innocent, don

    ans fin. Lorsquexiste ce silence de la conscience, laction surgit, et cette action nengendre ni confusion ouleur.

    La mditation dun esprit totalement silencieux est ndiction que lhomme ne cesse de rechercher. En ilence sont toutes les diffrentes natures du silence.

    Il y a ltrange silence qui existe dans un temple oans une glise vide, profondment labri dans unampagne, loin du bruit des touristes et des dvots ; et ilence lourd qui stend sur leau et fait partie de ce qst au-dehors du silence de la conscience.

    Lesprit mditatif contient tous ces aspects, cariations et ces mouvements du silence. Ce silence de onscience est le vritable esprit religieux, et le silences dieux est le silence de la terre. Lesprit mditatif suon cours dans ce silence, et lamour est sa manitre. En ce silence, il y a la flicit et le rire.

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    Loncle vint encore, cette fois sans la nice qui avaerdu son mari. Il tait habill avec un peu plus de soin, tait plus troubl et proccup ; son visage tait devenlus fonc cause de son srieux et de son anxit. Le s

    ur lequel nous tions assis tait dur, et le bougainvilliouge tait l, qui nous regardait par la fentre. Et ourterelle viendrait probablement un peu plus tard. Elenait toujours peu prs cette heure-l du matin. Elerchait toujours sur cette branche, la mme place, os la fentre, sa tte pointant vers le sud, et oucoulement viendrait avec douceur travers la fentr

    Je voudrais parler de limmortalit et derfectionnement de la vie au fur et mesure quelvolue vers la ralit ultime. en juger par ce que vouvez dit lautre jour, vous avez une perception directe d

    e qui est vrai, et nous, ne sachant pas, ne pouvons quroire. Nous ne savons vraiment rien au sujet de lAtmaneul le mot nous est familier. Le symbole, pour nous, eevenu le rel, et si lon dcrit le symbole ce que vouvez fait lautre jour nous prenons peur. Mais en dpe cette peur, nous nous y accrochons, parce quen fa

    ous ne savons rien du tout, sauf ce qui nous est enseigne que des matres prcdents ont dit, et le poids de radition est toujours sur nous. Donc, tout dabord, oudrais savoir par moi-mme si cette Ralit qui eermanente existe, cette Ralit appelez-la commous voudrez : Atman ou me qui continue aprs

    mort. Je nai pas peur de la mort. Jai affront la mort dma femme et de lusieurs de mes enfants mais ce

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    mintresse est cet Atman en tant que ralit. Cette entiermanente est-elle en moi ?

    Lorsque nous parlons de permanence, nountendons, nest-ce pas, quelque chose qui continue epit des perptuels changements qui lentourent, e

    pit des expriences, en dpit de toutes les angoissees chagrins, des brutalits ? Quelque choimprissable ? Tout dabord, comment pouvons-nous avoir ? Peut-on chercher par la pense, avec des motseut-on trouver ce qui est permanent au moyen de ce qe lest pas ? Peut-on trouver ce qui ne change pas par cui change constamment : la pense ? La pense peuonner une permanence une ide, Atman ou me, ire cest cela le rel , elle nous fait redouter ce qhange sans cesse, et pousse par cette peur, elle sen vaa recherche de quelque chose de durable : de rapporurables entre tres humains, dune permanence emour.

    La pense elle-mme est fluctuante, elle ehangeante, donc tout ce quelle invente comme tanermanent est comme elle non permanent. Elle peuaccrocher un souvenir tout au long dune vie, dire qu

    ette mmoire est permanente, et vouloir ensuite savoi elle se prolongera aprs la mort. La pense a cr cethose, lui a donn une continuit, la nourrie jour aprour et sest accroche elle. Cest la plus grande dlusions, car la pense vit dans le droulement du tempt, ce quelle a vcu hier, elle sen souvient trave

    u ourdhui et demain ; cest de l ue nat le tem s. Il

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    onc une permanence du temps et la permanence que ense a confre lide datteindre une vrit ultimout cela est le produit de la pense la peur, le tempt laccomplissement : le perptuel devenir.

    Mais qui est le penseur ce penseur qui a toutes c

    enses ? Existe-t-il vraiment, ce penseur, ou ny a-t-il quun

    ense qui construit lassemblage du penseur ? Et layantabli, elle invente le permanent, lme, lAtman.

    tes-vous en train de me dire que je cesse dexiste

    orsque je ne pense pas ? Ne vous est-il jamais arriv de vous trouver tou

    aturellement dans un tat o la pense est totalemenbsente ? Dans cet tat, tes-vous conscient de vou

    mme en tant que penseur, quobservateur, en tant quivant une exprience ? La pense est une raction de

    mmoire, et lamas de mmoires est le penseur. Lorsquy a pas de pense, y a-t-il en aucune faon ce moi ,ropos duquel nous faisons tant dembarras et tant druit ? Nous ne parlons pas des amnsiques, ni de ceuui rvent veills ou qui dominent leur pense pour

    duire au silence, mais de ceux qui ont un esprit vleinement veill. Sil ny a ni pense ni mot, lesprest-il pas dans une tout autre dimension ?

    Certes, il y a quelque chose de tout diffrent lorsque moi nest pas en action, lorsquil nest pas en train daffirmer, mais cela ne veut pas dire ncessairement qu

    e moi nexiste pas simplement parce quil nest pas ection.

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    Bien sr, il existe ! Le moi , lego, lamas dmmoires existe. Nous ne le voyons exister que lorsquagit une provocation, mais il est l, peut-tre assouu en suspens, attendant la premire occasion de ragihomme avide est absorb, la plupart du temps, par so

    vidit, il peut avoir des moments o elle nest pas activmais elle est toujours l.

    Quelle est cette entit vivante qui sexprime pavidit ?

    Cest toujours lavidit. Les deux ne sont pa

    pares. Je comprends parfaitement ce que vous appel

    ego, le "moi", sa mmoire, son avidit, ses affirmationes exigences de toutes sortes, mais ny a-t-il pas authose que cet ego ? En son absence, dclarez-vous quy a quune oblitration ?

    Lorsque cesse le bruit de ces corneilles, il y a quelquhose : ce quelque chose est le bavardage des esprits leroblmes, les soucis, les conflits et mme cette enquur ce qui reste aprs la mort. On ne peut rpondre ette question que lorsque lesprit nest plus avide

    nvieux. Ce qui nous intresse nest pas ce qui demeuorsque cesse lego, mais plutt la fin de tous les attribue lego. Cest cela, le vrai problme : non ce quest le ru sil existe quelque chose de permanent, dternel, mai un esprit conditionn par lordre culturel dans lequelit et dont il est responsable, si un tel esprit peut

    livrer et dcouvrir la ralit.

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    Alors comment dois-je commencer me librmoi-mme ?

    Vous ne pouvez pas vous librer. Vous tes le germe votre conditionnement et lorsque vous demandcomment , cest une mthode que vous demandez pou

    truire le vous , mais dans lacte de dtruire vous , vous en creriez un autre.

    Si je puis poser une autre question, quest donimmortalit ? La mortalit est la manire dtre de ie, avec sa douleur et sa souffrance. Lhomme

    echerch sans arrt une immortalit, un tat do mort serait absente.

    Encore une fois, Monsieur, vous revenez la questiou sujet de lintemporel, de ce qui est au-del de ense. Linnocence est au-del de la pense, laquelluoi quelle fasse, ne peut jamais latteindre, car la pens

    st toujours vieille. Cest linnocence, comme lamour, qst immortelle, mais pour quelle existe, il faut que lespre soit libr des milliers dhiers avec leurs mmoires. Ea libert est un tat en lequel il ny a ni haine, ni violenci brutalit. Si nous nliminons pas tout cela, commenouvons-nous demander ce quest limmortalit, ce que

    amour, ce quest la vrit ?

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    u sommet des arbres, une voix lointaine appelait, et, tours, un chant sanscrit tait dans lair.

    Les perroquets et les mainates navaient pas encoommenc leur qute de nourriture ; les vautours, le cou, lourds, taient perchs sur le sommet de larbr

    ttendant la charogne qui viendrait, porte par le fleuvouvent on pouvait suivre du regard quelque animal moui flottait, un vautour ou deux sasseoir dessus, et lorneilles sagiter autour, dans lespoir dun pet

    morceau. Parfois un chien nageait jusque-l, et narvenant pas y poser les pattes, sen retournait sur

    ive et sen allait errer ailleurs. De temps en temps urain passait, faisant un bruit de ferraille sur le pont, qtait assez long. Et au-del, en amont du fleuve, gisait ille.

    Ctait une matine pleine de joie tranquille. L

    auvret, la maladie et la douleur ne marchaient pncore sur la route. Il y avait un pont chancelant travee ruisseau, brun sale et lendroit o ce petit ruisseaejoignait le grand fleuve passait pour tre trs saint ; les jours de fte, des gens, hommes, femmes et enfantenaient se baigner. Il faisait froid, mais cela leur ta

    gal apparemment. Le prtre du temple qui bordait hemin faisait beaucoup dargent ; et la laideuommenait.

    Ctait un homme barbu, qui portait un turban. occu ait de uel ue affaire et da rs son a aren

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    vait lair prospre et bien nourri. Il tait lent dans marche et dans sa pense. Ses ractions taient encolus lentes. Il lui fallait plusieurs minutes pouomprendre une simple assertion. Il dit quil avait uourou personnel, et, comme il passait par l, il avait ob

    limpulsion de venir et de parler de choses qui lemblaient importantes.

    Pour quelle raison, dit-il, tes-vous contre lourous ? Cela me semble si absurde. Ils savent, et moi, e sais pas. Ils peuvent me guider, maider, me dire qu

    aire, et mpargner beaucoup defforts et de souffrance

    ls sont comme une lumire dans les tnbres, et on eien oblig de se faire guider par eux, sans quoi on seraerdu, dans un tat de confusion et de dtresse. Ils monit que je ne devais pas venir vous voir, car ils mon

    montr le danger de ceux qui nacceptent pas onnaissance traditionnelle. Ils mont dit que si jcoutaes personnes autres queux-mmes je dtruirais ldificuils ont bti si soigneusement. Mais la tentation de venous voir tait trop forte, donc me voici !

    Il avait lair assez content davoir cd la tentation.

    Quelle est lutilit dun gourou ? Sait-il plus que vou

    e savez vous-mme ? Et que sait-il ? Sil dit quil sait, erit il ne sait pas, et dailleurs le mot nest pas la ralie ce quil dsigne. Est-il possible denseigner cxtraordinaire tat ? Ils peuvent peut-tre vous crire, veiller votre intrt, votre dsir de le possdee le vivre mais ils ne peuvent pas vous le donner. ous faut marcher ar vous-mme il vous fa

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    ntreprendre le voyage tout seul, et au cours de oyage, il vous faut tre votre propre matre et lve.

    Mais tout cela est trs difficile, nest-ce pas ? dit-t les pas peuvent tre rendus plus aiss par ceux qui onxpriment cette ralit.

    Ils deviennent lautorit, et, daprs eux, tout ce quous avez faire, cest simplement suivre, imiter, obccepter limage, le systme quils offrent. De cette faoous perdez toute initiative, toute perception direct

    Vous ne faites que suivre ce quils croient tre la voie de

    rit. Malheureusement, la vrit na pas de voie quimne.

    Que voulez-vous dire ? scria-t-il, scandalis.

    Les tres humains sont conditionns par dropagandes, par la socit o ils ont t levs, chaqueligion dclarant que sa propre voie est la meilleure. Et

    a mille gourous qui affirment que leur mthode, leuystme, leur faon de mditer, est le seul chemin q

    mne la vrit. Notez que chaque disciple tolre avondescendance les disciples des autres gourous. Lolrance est lacceptation civilise de la division entre l

    ommes politique, religieuse, sociale. Lhomme nvent de nombreux sentiers qui rconfortent chaquroyant, et ainsi le monde est fragment.

    Voulez-vous dire que je doive renoncer moourou ? Abandonner tout ce quil ma enseign ? Jerais gar.

    Mais ne devez-vous pas tre gar pour trouver

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    Nous avons peur de nous perdre, dtre dans lincertitudonc nous courons aprs ceux qui nous promettent aradis dans le domaine religieux, politique ou social. Ie font ainsi que renforcer notre peur, et nous retiennenrisonniers de cette peur.

    Mais pourrais-je marcher par moi-mme ? emanda-t-il dune voix incrdule.

    Il y a eu tant de sauveurs, de matres, de gourous, deaders politiques, de philosophes, et pas un dentre eue vous a sauv de votre dtresse intrieure, et de vo

    onflits. Alors pourquoi les suivre ? Peut-tre y a-t-il unout autre approche vos problmes.

    Mais ai-je assez de srieux pour venir tout seul out de tout cela ?

    Vous ne serez srieux que lorsque vous commencercomprendre non par lentremise dun tiers l

    laisirs que vous poursuivez en ce moment. Vous vivez ee moment au niveau des plaisirs. Non que lon doive ses interdire, mais si cette poursuite des plaisirs est ois le commencement et la fin de votre vie, il est videnue vous ne pouvez pas tre srieux.

    Vous me faites sentir dsempar et sans espoir. Vous vous sentez dsempar parce que vous voul

    es deux choses : tre srieux et les plaisirs que le mondeut donner. Ceux-ci, de toute manire, sont si mdiocrt mesquins que vous dsirez par surcrot le plaisir quous appelez Dieu . Si vous voyez tout cela par vou

    mme, non selon quelquun dautre, cette vision fera d

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    ous le disciple et le matre. Cest le point essentiel. Aloous serez linstructeur, celui qui sinstruit enseignement.

    Mais, dclara-t-il, vous tes un gourou. Vous mavppris quelque chose ce matin et je vous accepte comm

    mon gourou. Rien na t enseign, mais vous avez regard

    Regarder vous a fait voir. Laction de regarder est votourou, si cela vous plat de vous exprimer ainsi. Mais e tient qu vous de regarder ou de ne pas regarde

    ersonne ne vous y oblige. Si vous regardez parce quous voulez tre rcompens ou par crainte duhtiment, cette raison vous empche de voir. Pour voir,aut tre libre de toute autorit, des traditions, de la peuinsi que de la pense et de lartifice de ses mots. Lrit nest pas en quelque lieu lointain, elle est dan

    acte de regarder ce qui est. Se voir soi-mme tel que lost en cette lucidit o nentre aucune option est ommencement et la fin de toute recherche.

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    La pense ne peut ni concevoir ni formuler la natu

    e lespace. Tout ce quelle formule contient les limitatione ses propres frontires. Cet espace nest pas celui quencontre la mditation. La pense a toujours un horizoesprit mditatif nen a pas. La pense ne peut pas pluller du limit ce qui est immense, quelle ne peuransformer le limit en illimit. Elle doit abandonner luour que lautre soit. La mditation est louverture dunorte dans des espaces qui ne peuvent tre imagins ui ne peuvent tre lobjet de spculations. La pense e

    e centre autour duquel est lespace dune ide, et cspace peut tre tendu par ladjonction dautres ide

    Mais une telle expansion au moyen de stimulants, souimporte quelle forme, nest pas la vaste tendue e

    aquelle il ny a pas de centre. La mditation est omprhension de ce centre et son dpassement. Lilence et ltendue vont de pair. Limmensit du silenst limmensit dune conscience en laquelle nexiste p

    e centre. La perception de cet espace et de ce silenest pas du domaine de la pense. La pense ne peu

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    ercevoir que sa propre projection, et lorsquelle econnat, elle trace sa propre frontire.

    On traversait le petit ruisseau sur un pont branlant dambou et de terre battue. Le ruisseau rejoignait le graneuve et disparaissait dans les eaux de son intenourant. Le petit pont tait trou et on devait y marchvec certaines prcautions. On montait sur une penablonneuse, on dpassait le petit temple, et un peu plu

    oin, un puits qui tait aussi vieux que les puits de la terrela se trouvait un coin du village o il y avait beaucoue chvres et des femmes et des hommes famliqunvelopps dans des vtements sales, car il faisait bieroid. Ils vivaient de leur pche dans le grand fleuve, mataient cependant trs maigres, macis, dj vieux,

    uelques-uns taient estropis. Dans le village, dsserands confectionnaient de merveilleux brocarts es saris de soie, dans des chambres sombres

    misrables, perces de petites fentres. Ctait urtisanat transmis de pre en fils, dont le profit allait auntermdiaires et aux boutiquiers.

    On ne traversait pas le village, mais on obliquait vea gauche et on suivait un sentier qui tait devenu sacrar daprs la tradition, le Bouddha lavait pris il y a 250ns, et des plerins venaient de toutes les rgions days, pour le parcourir. Ce sentier traversait des champ

    erts, des vergers de manguiers, de goyaviers, et passantre des temples dissmins. Il y avait un ancien villag

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    une poque antrieure probablement, celle douddha, avec de nombreux autels ainsi que des refug les plerins pouvaient passer la nuit. Tout tait euines, maintenant, et personne navait lair de seoucier ; les chvres erraient alentour. Il y avait d

    rands arbres, un vieux tamarinier avec des vautourson sommet, et un rassemblement de perroquets. On loyait arriver et disparatre dans le vert de larbre ; renaient la couleur des feuilles ; on entendait leurs crtridents mais on ne pouvait pas les voir.

    Des deux cts du sentier stendaient des champs d

    l hivernal ; et au loin taient des villageois et les feuu-dessus desquels ils cuisinaient. Lair tait immobile, ume slevait toute droite. Un taureau massif, laroce mais parfaitement inoffensif, errait travers ampagne, mangeant du grain que le fermier semait aravers du champ. Il avait plu la nuit et lpaisoussire avait t abattue. Il ferait chaud au cours de

    ourne, mais maintenant il y avait de lourds nuages ettait agrable de marcher, mme alors quil faisait jour, dentir lodeur propre de la terre et de voir sa beauttait une trs ancienne terre pleine denchantement

    e douleur humaine avec sa pauvret et ses templenutiles.

    Vous avez beaucoup parl de beaut et damour,

    prs vous avoir cout, je vois que je ne sais ni ce quea beaut, ni ce quest lamour. Je suis un homm

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    rdinaire, mais jai lu une grande quantit de livres dhilosophie et de littrature. Les explications quionnent semblent diffrer de ce que vous dites. Jourrais vous citer ce que les Anciens de ce pays ont de lamour et de la beaut et aussi la faon dont ces suje

    nt t traits en Occident, mais je sais que vous naimas les citations car elles sont empreintes dautorit. MaiMonsieur, si vous y tes dispos, nous pourrions abordette question et peut-tre pourrais-je comprendre cue beaut et amour peuvent vouloir dire.

    Pourquoi avons-nous si peu de beaut dans nos vies

    ourquoi les muses, avec leurs peintures et leutatues, sont-ils ncessaires ? Pourquoi avez-vous besoentendre de la musique ? Ou de lire des descriptions daysages ? Le bon got peut tre enseign, et il arrivuon lait naturellement, mais le bon got nest pas eaut. Est-elle dans quelque chose qui a t assembl ans le luisant avion daujourdhui, dans la compacande enregistre, dans lhtel moderne ou dans emple grec est-ce la beaut de ligne dune machine tromplexe ou la courbe dun superbe pont jet sur ubme ?

    Voulez-vous dire quil ny a aucune beaut dans cui a t merveilleusement assembl et qui fonctionnarfaitement ? Aucune beaut dans un chef-duvre dart ?

    Bien sr, il y en a. Lorsquon regarde lintrieur dunmontre, on voit sa remarquable minutie ; il y a l unertaine qualit de beaut ; ainsi que dans les ancienn

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    olonnes de marbre, ou dans les mots dun pote. Mais a beaut nest que cela, elle nest quune ractiouperficielle des sens. Lorsque vous voyez un palmiolitaire contre le soleil couchant, est-ce limmobilit de alme, la paix du soir qui vous font sentir la beaut ? L

    eaut, comme lamour, nest-elle pas au del du toucht de la vue ? Est-ce du ressort de lducation, donditionnement, de dire : Ceci est beau, cela ne leas ? Est-ce du ressort de la coutume, de lhabitude, dtyle, de dire : Ceci est sordide, mais cela est lordre panouissement du bien ? Si la beaut tait du resso

    u conditionnement, elle serait un produit de la culture e la tradition, et ne serait donc pas la beaut. Si elle tae produit, ou lessence de lexprience, alors pouhomme de lOccident ou de lOrient, elle dpendrait dducation et de la tradition. Lamour, comme la beautppartient-il lEst ou lOuest, au christianisme ou

    hindouisme ? Est-il un monopole dtat ou celui dundologie ? videmment pas.

    Alors quest-ce que cest ?

    Voyez-vous, Monsieur, laustrit dans labandon doi-mme est la beaut. Sans austrit il ny a pa

    amour et sans abandon de soi-mme la beaut nucune ralit. Nous entendons par austrit non pas ure discipline du saint ou du moine ou du commissaians leur orgueilleuse ngation deux-mmes, ni iscipline qui leur confre un pouvoir et une notorit austrit nest pas cela. Laustrit nest pas rigide ; el

    est pas lassertion discipline de limportance dunersonne. Elle nest as le refus du confort elle ne fait

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    u de pauvret ou de clibat. Laustrit est erfection de lintelligence. Cette austrit ne peut avoeu que dans labandon de soi-mme, ce qui ne peut

    aire ni par volont, ni par option, ni dans un desselibr. Cest laction de la beaut qui provoqu

    abandon et cest lamour qui fait natre cette profondlart intrieure de laustrit.

    La beaut est cet amour o le mesurable nest pluAlors cet amour, quoi quil fasse, est beaut.

    Que voulez-vous dire : quoi quil fasse ? Si le soi e

    bandonn, il ne reste plus rien faire. Faire nest pas distinct de ce qui est. Cest leuparation qui engendre les conflits et la laideur. Lorsquette sparation nexiste pas, le fait mme de vivre eacte damour. La profonde simplicit intrieure daustrit oriente vers une existence qui na pas d

    ualit. Tel est le voyage que la conscience a dntreprendre pour dcouvrir cette beaut qui na pas d

    mot. Ce voyage est la mditation.

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    La mditation est un dur travail. Elle exige la plu

    aute forme de discipline non celle du conformisme, dimitation, de lobissance ; mais celle qui rsulte de ue lon est constamment conscient, la fois du mondxtrieur et de la vie intrieure. Donc la mditation neas une activit dans lisolement, mais une action dans ie quotidienne, faite de coopration, de sensibilit intelligence. Si la mditation ne pose pas les fondemenune vie irrprochable, elle devient une vasion et ponsquent na absolument aucune valeur. trrprochable, ce nest pas se conformer une moraociale, mais tre libr de lenvie, de lavidit et de echerche du pouvoir, qui sont des causes dinimiti. Oe sen libre pas par une action volontaire, mais en etant conscient, du fait quon se connat. Si lon ne connaas les activits du moi, la mditation devient unxcitation sensorielle et a trs peu de sens.

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    cette latitude il ny a presque pas daurore ou drpuscule, et le fleuve, ce matin-l, large et profond, tae plomb fondu. Le soleil ntait pas encore au-dessus derres mais il y avait une clart lest. Les oiseauavaient pas encore commenc chanter leur chu

    matinal et les villageois ne sinterpellaient pas encortoile du matin tait haute dans le ciel et, tandis quous lobserviez, elle devenait de plus en plus p

    usquau moment o le soleil fut juste au-dessus drbres, alors le fleuve devint argent et or.

    Ensuite, les oiseaux sanimrent et le village

    veilla. Tout dun coup, apparut au bord de la fentre, urand singe, gris, avec un visage noir et une touffe dheveux sur le front. Ses mains taient noires et sa longuueue pendait du haut de la fentre, dans la chambre. assit, trs calme, presque fig, nous regardant sans u

    mouvement. Nous tions tout prs lun de lautre, umtre ou deux de distance. Et soudain il tendit le bras,

    ous nous tnmes les mains quelque temps. Sa main taugueuse, noire et poussireuse car il avait grimp par oit, par le petit parapet au-dessus de la fentre, taedescendu et stait assis l. Il tait tout fa

    contract, et, ce qui tait surprenanxtraordinairement joyeux. Il navait aucune craintucune gne ; ctait comme sil tait chez lui. Il tait lvec le fleuve brillamment dor, maintenant, et, au-dela berge verte et les arbres lointains. Nous dmes nouenir la main assez longtemps ; puis dune mani

    resque fortuite, il retira la sienne mais resta sa placNous nous regardions et on pouvait voir ses yeux noi

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    riller, petits et pleins dune trange curiosit. Il voulntrer dans la chambre mais hsita, puis allongea ses brat ses jambes, rejoignit le parapet, fut au-dessus du tot disparut. Le soir il fut de nouveau l, nich trs hauur un arbre, mchant quelque chose. Nous lui fmes d

    ignes, mais il ny eut pas de rponse.

    Lhomme tait un sannyasi, un moine, avec un visagssez beau et fin et des mains dlicates. Il tait propre

    a robe avait t rcemment lave bien que non repassl dit quil venait de Rishikesh o il avait pass plusieunnes auprs dun gourou qui, maintenant, stait retians les hautes montagnes et vivait seul. Il dit quil tall dans de nombreux ashrams. Il avait quitt sa familepuis longtemps, peut-tre lge de vingt ans. Il ne s

    ouvenait pas trs bien de lge quil avait ce momen. Il dit quil avait des parents et plusieurs surs rres mais quil avait perdu tout contact avec eux. vait fait ce long chemin pour venir, car plusieurs gourouui avaient conseill de nous voir et aussi parce quil avau quelques bribes par-ci par-l. Rcemment il avait par

    un compagnon sannyasi Bref, il tait l. On ne pouvaas deviner son ge ; il avait dpass lge moyen, maes yeux et sa voix taient encore jeunes.

    Ce fut mon sort derrer travers lInde, visitant liffrents centres avec leurs gourous, les uns rudit

    autres ignorants mais ayant une certaine qualiauthenticit, et enfin ceux qui ne sont que d

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    xploiteurs distribuant des mantras, qui ont souvenoyag ltranger et acquis une certaine notorit. Ceuui sont au-dessus de cela sont trs rares, mais moourou faisait partie de ces exceptions. Maintenant il seetir dans une rgion lointaine et isole des Himalaya

    out un groupe, parmi nous, va le voir une fois par aour recevoir sa bndiction.

    Est-il ncessaire de sisoler loin du monde ?

    Il est bien vident quon doit renoncer au mondar il nest pas rel, et il faut avoir un gourou pour vou

    nstruire, car le gourou a eu un contact avec la ralit, etide un disciple latteindre. Il sait, et nous ne savons paNous sommes tonns de vous entendre dire quaucu

    ourou nest ncessaire, car vous vous opposez radition. Vous tes, vous-mme, devenu un gourou poue nombreuses personnes, et on ne peut pas, tout seu

    rouver la vrit. On doit recevoir de laide les rituels es directives de ceux qui savent. Peut-tre doit-on, n se guider seul, mais pas maintenant. Nous sommes dnfants et nous avons besoin de ceux qui ont avanc ong du sentier. Ce nest quen sasseyant aux pieds deux qui savent que lon peut apprendre. Mais vous av

    air de nier tout cela, et je suis venu pour aveeaucoup de srieux savoir pourquoi.

    Regardez donc ce fleuve la lumire du matin sur lut ces verts champs de bls, tincelants de plnitude, elus loin, les arbres. Il y a l une grande beaut et leux qui la voient doivent tre pleins damour pouapprhender. Entendre le fracas de ce train sur le pon

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    est certainement pas ce quon appelle spirituellertains dentre eux devraient tre des hommaffaires et ne pas prendre des airs de spiritualit.

    Ntes-vous pas, Monsieur, un peu dur ?

    Non, nous ne faisons que constater un fait, et le faest ni dur, ni agrable, ni dplaisant ; il est ce quil esa plupart dentre nous se refusent affronter les chos

    elles quelles sont. Mais tout cela est assez vident et dans ambages. Lisolement est le propre de la vie, aractrise ltat du monde. Chaque tre humain, par so

    ctivit gocentrique, sisole lui-mme, quil soit mari oon, quil parle de coopration ou de succs. Lorsquisolement devient extrme, survient une nvrose qarfois produit si lon a du talent lart, la bonnttrature, etc. Ce retrait du monde, de ses bruits, de srutalits, ses haines et ses plaisirs, fait partie d

    rocessus disolement, nest-ce pas ? cette diffrencrs que le sannyasi sisole au nom de la religion, ou dDieu, et que lhomme comptitif accepte que la solitudoit inhrente la structure sociale. Dans lisolement, st certain quon acquiert certains pouvoirs, une certainualit daustrit et de frugalit qui donne un sentimen

    e puissance. Et la puissance quelle soit celle duhampion olympique, du premier ministre ou dun granhef religieux est la mme. Le pouvoir sous nimporuelle forme est un mal sil est permis demployer c

    mot et lhomme qui lexerce ne peut jamais ouvrir orte la ralit. Ainsi lisolement nest pas la voie.

    La coopration est ncessaire pour peu que lo

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    euille vivre ; et il ny a aucune coopration entre isciple et son gourou. Le gourou dtruit le disciple et isciple dtruit le gourou. Dans ce rapport entre celui qnseigne et celui qui reoit, comment peut-il y avooopration, travail en commun, recherche commun

    xploration de groupe ? Cette division hirarchique, qst partie intgrante de la structure sociale, que ce soans le champ de la religion, dans larme, ou dans lffaires, est essentiellement mondaine. Et quand oenonce au monde on est pris dans la mondanit.

    tre religieux ce nest pas porter un pagne, navo

    uun repas par jour, ou rpter quelque mantra ouelques phrases absurdes bien quelles puissent agomme stimulants. Et cest tre encore mondain lorsquoenonce au monde et quon en fait partie intrieuremenarce quon est envieux, avide et peureux, quon accepautorit et la division entre celui qui sait et celui qui nait pas. Cest encore sattacher au sicle que dechercher une russite, que ce soit la clbrit ou alisation dun but que lon appelle lidal, ou Dieu, outrement. Ce qui est essentiellement du sicle ceccepter la tradition dune culture. Se retirer dans un

    montagne, loin des hommes, nlimine pas cette vanit. Lalit, en aucune circonstance, ne se trouve dans cetirection.

    Il faut tre seul, mais cet tat nest pas un isolemenl implique un affranchissement du monde de lavidit, da haine et de la violence, avec ses subtilits,

    ouloureuse solitude et son dsespoir.

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    tre seul cest tre un tranger qui nappartient ucune religion, nation ou croyance, aucun dogme. teul est ltat dune innocence que nont jamais atteint l

    mfaits commis par lhomme. Cest une innocence qeut vivre dans le monde, avec toutes ses confusions,

    ourtant ne pas y appartenir. Elle ne porte aucuevtement particulier. La floraison du bien na lieu ong daucun sentier, car il ny a pas de sentier qui mnea vrit.

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    Ne pensez pas que la mditation soit le prolongemen

    u lexpansion dune exprience vcue. Au cours dunxprience il y a toujours le tmoin, et celui-ci est touamais li au pass. La mditation, au contraire, est unnaction totale, laquelle met fin toute expriencaction de lexprience, ayant ses racines dans le passous rend tributaires du temps ; elle conduit une actio

    ui est inaction et qui provoque du dsordre. Lmditation est la totale inaction dune conscience qui voe qui est, sans les emptrements du pass. Cette actioest pas une rponse une provocation : cest rovocation mme qui agit, de sorte quil ny a point l, dualit. La mditation consiste se dpouiller de touxprience. Cest un processus qui, consciemment onconsciemment, continue sans arrt et qui, ponsquent, nest pas limit certaines heures de ourne. Cest une action continue, du matin jusqu uit une observation sans observateur. Il ny a donc p

    e division entre la vie quotidienne et la mditation, enta vie religieuse et la vie sculire. La division ne

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    roduit que lorsque lobservateur est li au temps. Cetivision est un tat de dsarroi, dinfortune et donfusion, qui est ltat de la socit.

    La mditation nest donc ni individualiste ni socialelle transcende les deux, donc inclut les deux.

    Cest cela, lamour : la floraison de lamour emditation.

    Il faisait frais ce matin-l, mais comme la journvanait, il commena faire vraiment chaud, et emarchant travers la ville, le long des rues troiteurpeuples, poussireuses, sales, bruyantes, on endait compte que toutes les rues taient ainsi. Oouvait presque voir exploser la population. Lauto ta

    ontrainte davancer trs lentement, car les genmarchaient au beau milieu de la rue. La chaleuugmentait maintenant. Graduellement, avec dombreux coups davertisseur, on parvenait sortir de ille, et on en tait heureux. On dpassait la rgion dsines, et enfin on tait dans la campagne.

    La campagne tait sche. Il avait plu quelque tempe l, et maintenant les arbres attendaient les pluies enir et ils avaient longtemps attendre. On dpassaes villages, des troupeaux, des chars bufs, des bufflui refusaient de quitter le milieu de la route, et opassait aussi un vieux temple qui avait un air dlab

    mais avait gard le caractre dun ancien sanctuaire. U

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    aon sortit des bois ; son brillant cou bleu tincelait aoleil. Il neut pas lair de craindre lauto, car il traversa oute avec une grande dignit, puis disparut dans lhamps.

    On commenait ensuite monter sur des collines au

    entes raides, avec, des deux cts de la route, des ravinrofonds. Il commenait faire plus frais, les arbrtaient moins secs. Aprs avoir parcouru des lacets ravers les collines, on arrivait la maison. Il faisait aloout fait nuit. Les toiles devinrent trs claires. On avaimpression de pouvoir presque les toucher en allongean

    e bras. Le silence de la nuit se rpandait sur les terreci, lon pouvait tre seul, sans tre drang, regarder ltoiles et sobserver soi-mme, sans fin.

    Lhomme dit que la veille un tigre avait tu un buffluil reviendrait certainement sa proie, et aurions-nou

    e dsir, plus tard dans la soire, daller voir le tigre Nous dmes que nous en serions enchants. Il rpondit

    Jirai donc prparer un abri dans un arbre prs de

    arcasse, et attacher larbre une chvre vivante. Lgre viendra la chvre avant de retourner son vieuutin. Nous rpliqumes que nous prfrions ne poir le tigre aux dpens de la chvre. Aprs une brvonversation, lhomme sen alla. Ce soir-l, notre ami dit

    Prenons la voiture et allons dans la fort. Peut-t

    ourrons-nous rencontrer ce tigre. Donc, aprs oucher du soleil, nous parcourmes quelques kilomtr

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    ans la fort, et, naturellement, il ny avait aucun tigrAlors nous prmes le chemin du retour, nos pharclairant la route. Nous avions perdu tout espoir de voir gre et nous poursuivions notre chemin sans plus enser. Au moment prcis o nous prenions un virage

    e trouva l, au milieu de la route, norme, les yeux fixet brillants. La voiture stoppa, et lanimal, immense menaant vint vers nous en grondant. Il tait tout prmaintenant, juste en face du radiateur. Puis il obliqua

    int au ct de la voiture. Nous sortmes la main pour oucher en passant, mais lami saisit le bras et le ramen

    ivement, car il avait quelques notions concernant lgres. Celui-ci tait trs grand et comme les fentrtaient ouvertes on pouvait sentir son odeur qui ntaas rpugnante. Il y avait en cette bte une sauvagerynamique, beaucoup de puissance et de beaut

    Grondant toujours, il sen alla dans les bois, et nou

    eprmes notre chemin vers la maison.

    Il tait venu avec sa famille sa femme et plusieunfants ils navaient pas un air de grande prosprit

    ien quils fussent assez bien habills et bien nourris. Lenfants sassirent quelque temps en silence, jusqua

    moment o on leur proposa daller jouer au dehors ; iautrent de joie et coururent vers la porte. Le pccupait un vague poste officiel ; ctait tout bonnemenour lui, un gagne-pain. Il demanda : Quest-ce que onheur, et comment se fait-il quil ne puisse durer to

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    u long dune vie ? Jai eu des moments de granonheur, et aussi, naturellement, de grandes peines. J

    utt pour vivre heureux, mais il y a toujours deouleurs. Un bonheur durable est-il possible ?

    Quest-ce que le bonheur ? Le reconnat-on a

    moment o lon est heureux, ou seulement plus tarorsquil a disparu ? Le bonheur est-il plaisir et le plaiseut-il tre constant ?

    Je crois pouvoir dire, Monsieur, du moins pour moue le plaisir fait partie de ce bonheur que jai connu. J

    e peux pas imaginer un bonheur sans plaisir. Le plaisst un instinct primordial de lhomme, et si vous upprimez, comment pourrait-il y avoir du bonheur ?

    Nous sommes en train, nest-ce pas de creuser uestion. Et si vous postulez quelque chose au dpart, ous avez une opinion ou un jugement pralables au suj

    e cette enqute, vous nirez pas loin. Pour explorer droblmes humains trs complexes, il faut une libert d

    e dbut. Si vous ne lavez pas, vous tes comme unimal attach un poteau, qui ne peut pas aller plus loue ce que lui permet sa longe. Cest ce qui arrivoujours. Nous avons des concepts, des formules, d

    royances ou des expriences qui nous lient comme unorde, et cest par leur moyen que nous essayonobserver, de regarder autour de nous, ce quaturellement, nous empche de voir profondmen

    Donc, si nous pouvons vous le suggrer, navancez aucunde ni aucune croyance, mais ayez des yeux qui puissenoir trs clairement. Si le bonheur est du plaisir, ce

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    ussi de la douleur. On ne peut sparer le plaisir de ouleur. Ne vont-ils pas toujours de pair ?

    Donc, quest le plaisir, et quest le bonheur ? Vouavez, Monsieur, si en examinant une fleur vous arraches ptales un un, il ne reste plus de fleur du tout. Vou

    urez en vos mains des fragments de la fleur et lragments ne font pas sa beaut. Donc, en examinanotre question ne lanalysons pas intellectuellement, cui la rendrait aride, lui terait son sens, la viderait de soontenu. Nous lexaminons avec des regards que centresse, des regards qui comprennent, des regards q

    ouchent mais ne dchirent pas. Je vous prie de ne pas mettre en pices, afin de ne pas vous en aller les main

    ides. Laissez de ct lesprit analytique.

    Le plaisir est encourag par la pense, nest-ce pasa pense peut lui donner une continuit, lapparenc

    une dure, que nous appelons bonheur. Elle peut dmme confrer une dure laffliction. Elle dit : Jaimeci, je naime pas cela. Je voudrais conserver ceci ejeter cela. Mais cest la pense qui a donn consistancux deux, et le bonheur est maintenant devenu sroccupation. Lorsque vous dites : Je veux demeur

    ans cet tat de bonheur , vous tes la pense, vous ta mmoire dune exprience prcdente que vouppelez plaisir et bonheur.

    Ainsi le pass, ou la journe dhier, ou les nombreuseournes du pass, qui sont la pense, sont en train dire : Je voudrais vivre dans cet tat de bonheur o

    me suis trouv. De la sorte, vous faites du pass mo

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    n fait actuel dans le prsent, que vous craignez de perdemain. Vous avez construit une chane de continuitette continuit a ses racines dans les cendres de la veillt, par consquent, nest pas du tout une chose vivant

    Rien ne peut fleurir dans des cendres et la pense est fai

    e cendres. Vous avez fait du bonheur quelque chose qe rapporte la pense, et il est, en effet, pour vous, dane domaine de la pense.

    Mais dans ce bonheur auquel vous pensez, existe-tutre chose que plaisir, douleur, bonheur et affliction ? -t-il en lui une flicit, une extase, que la pens

    atteint pas ? Car la pense est trs ordinaire, il ny ien doriginal en elle. En sinterrogeant sur le bonheur, ense doit renoncer elle-mme. Lorsquelle se dmeurvient la discipline de cet abandon, qui devient la gre laustrit. Alors laustrit nest ni svre ni brutalaustrit svre est le produit de la pense, en tant quiolente raction contre le plaisir et contre omplaisance envers soi-mme.

    Dans cet abandon profond, o la pense renonce lle-mme (car elle voit clairement son propre dangeoute la structure de la psych devient silencieuse. Ce

    n vrit un tat de pure attention, do surgit unlicit, une extase qui ne peut tre mise en motorsquelle est exprime par des mots, elle nest plus alit.

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    La mditation est un mouvement dans limmobilit

    e silence de lesprit caractrise laction vraie. Lactiongendre par la pense est une inaction, cause dsordre. Ce silence nest pas un produit de la pense, oimplement la cessation de son bavardage. Limmobilie lesprit nest possible que lorsque le cerveau