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EHESS La schizophrénie de l'islam by Anne-Marie Delcambre Review by: Mustapha Naïmi Archives de sciences sociales des religions, 52e Année, No. 140 (Oct. - Dec., 2007), pp. 185-186 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30119334 . Accessed: 14/06/2014 12:28 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.44.77.82 on Sat, 14 Jun 2014 12:28:26 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

La schizophrénie de l'islamby Anne-Marie Delcambre

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EHESS

La schizophrénie de l'islam by Anne-Marie DelcambreReview by: Mustapha NaïmiArchives de sciences sociales des religions, 52e Année, No. 140 (Oct. - Dec., 2007), pp. 185-186Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30119334 .

Accessed: 14/06/2014 12:28

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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE - 185

140-20 Anne-Marie DELCAMBRE

La schizophrinie de I'islam Paris, DesclIe de Brouwer, 2006, 258 p.

En s'interrogeant sur les origines schi- zophrenes du malaise actuel de l'islam, l'au- teure assure qu'entre l'id~al de la religion des origines, la rigueur des enseignements du pro- phate, le carcan des interdits et la r6alite vcue a travers la diversit6 des cultures, l'aspiration des individus A la liberte et le choc des fana- tismes, le r~veil est souvent rude, voire tragique.

C'est parce que l'islam est une religion de convertis qu'il est schizophrene. Telle est la these principale de l'ouvrage. La genese de l'islam peut etre reli~e au jud6o-nazardisme, une id~ologie messianique qui s'opposait a la fois au judaisme rabbinique (en reconnaissant Jesus comme Messie) et au christianisme (en refusant de reconnaitre Jesus comme Dieu). Aprits diverses tentatives, une telle id~ologie se serait appuybe sur les tribus arabes d'Arabie.

Ai la Mecque, Muhammad n'aurait jamais voulu instaurer une nouvelle religion: il aurait simplement entrepris de convaincre les Arabes de croire a ce qui est ecrit dans le livre de Moise. Le mot Coran est d'ailleurs s~manti- quement proche du nom que les juifs donnent A la Torah: Mikrah. Lorsqu'il est dit: << Je vous narre les r&its du Livre >, alors que le Coran n'existe pas encore (il n'a &t6 compose qu'apris la mort de Muhammad), c'est du livre de Moise qu'il s'agit. Cela est confirm par la sourate 6,154 : c< thumma &tayn& Mfisa al-Kitib ., (< Puis nous avons donn& A Moise le Livre .). L'islam est < un judaisme arabis6 .. Selon la these empirique de Hai Bar-Zeev, le Coran a subi deux influences, celle du livre de Moi'se et celle chr&tienne h&r&tique, par l'interm~diaire de deux maitres, un juif et un christianisant qui encourage a combattre les juifs. La totalite des exemples d&tailles font de l'islam < l'exaltation coranique de la loi de Moise >, et lorsqu'il s'agit de justifier la stig- matisation des juifs de Medine face A la sures- timation des musulmans, apparait < une autre consequence : celle de crier un terrain propice A la paranoia > (p. 29). Telles sont les bases

premieres sur lesquelles se construit le deuxiame chapitre qui fait des conversions un moteur primordial dans l'expansion de l'islam. Avec les grandes conquites, les conversions sont nombreuses dans les pays conquis. L'auteure traite des mythes et r6alit~s de la civilisation cr6e par les convertis persans, ces convertis d'origine 6trangitre ouverts g la connaissance

de doctrines autres que l'islam et encourageant les confrontations et discussions entre les

repr~sentants des divers courants de pensee.

, Le xe si&cle en Andalousie est cens6 consti-

tuer la p&riode la plus brillante du califat mais comme les Umayyades de Damas, deux siacles plus t6t, les Umayyades de Cordoue se servi- rent de la civilisation chr&tienne. Seulement on oublie trop souvent de le dire . (p. 87). Nous constatons ainsi que rien ne filtre sur le droit traditionnel du statut de hurriyya pour les non musulmans. Ces << gens du livre > qui paient capitation, sont << prot~g~s > (dhimmi), par leur pacte d'allegeance. Ils participent de la personnalit6 juridique reconnue aux croyants, et sont considQr6s comme inviolables en leur personne. La communaute musulmane leur reconnait, dans la limite du pacte sign4, l'6tat de libert6 ou l'etat d'esclavage, que leur confire leur propre communaute. L'ouvrage se contente d'insister sur le fait que les pre- mibres conversions ont &te plus sociales que religieuses. Le converti, souvent captif de la guerre des conqu&tes mais que sa conversion affranchissait, &tait formellement rattach6 a un lignage tribal (arabe) dont il portait dor&- navant le nom pr~ced6 de la mention mawld (affilie) pour bien marquer qu'il ne s'agissait pas d'une parent4 par le sang. Le chapitre inti- tul6 < Le lien entre jihad et conversion A l'is- lam . se pr~sente comme un plaidoyer contre la mobilisation sacr6e puisque la prise des captives dans le butin et la pratique de la poly- gamie ne suffisait pas, les arabes &taient les vainqueurs moins nombreux acculks a se montrer plus tolkrants, d'oi l'acceptation du statut de la dhimma. << Le grand mensonge c'est de laisser croire que les conversions auraient et& spontandes. Ces populations de non-musulmans, en terre devenue terre d'islam, ne constituaient absolument pas des mino- rit6s. Il s'agissait bien de l'immense majoritd des populations conquises . (p. 49).

Nous voyons se multiplier les cas de figures oi l'islam est pr~sent6 comme simple < h~r~sie >. Saint Jean Damascene, dont s'ins- pire l'auteure, qualifie en effet l'islam de << h~r&- sie 100 > (Alain Besangon, Trois tentations dans

l'Eglise, Paris, Calmann-Livy, 1996 : 151). Conform6ment a une vue continue et volonta- riste, des faits mythiques ou anhistoriques, traversent l'ouvrage et fondent sa definition de l'islam sur l'apport des convertis. Aucune r~f~rence A la pens~e ou a la conception id6ale de la cite terrestre dans l'islam. Alors que la pens~e chretienne ou judaique sont tout aussi

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I86 - ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

centr~es sur le grand fait historique de la venue du Christ, lui-m~me annonc6 et prepar par l'histoire du peuple de Dieu, et suivi par tout le d~veloppement temporel de l'tglise; l'auteure insiste sur la nature schizoide de l'is- lam face A la notion de pers&cution des juifs et chr6tiens. . La caract~ristique de la schi-

zophr~nie, c'est de ne pas coller A la r~aliti et de s'enfermer dans un monde surriel, avec des refoulements obliges qui ne peuvent qu'abou- tir au d6lire violent de persecution >.

Or, les gens du livre qui viennent composition avec l'islam signent le pacte d'al- 1Cgeance qui les fera dhimmi, s'ils le signent avant tout combat, ce pacte leur sera doux, et pourra se recommander du prototype octroy par le prophite aux chritiens du narjdn, qui les lib~rait de toute ' humiliation >. L'islam traditionnel n'entend connaitre de la nature humaine que ce que la riv6lation coranique lui a appris, et celle-ci est comme condensie en une sbrie de faits discontinus. II s'agit moins d'une necessit6 mtaphysique que d'une contin- gence remise A une volont6 divine < qu'on n'interroge pas

,>. La seule stabilitd apte a fon-

der une philosophie politique sera juridique, revitue d'un caractare de statut juridique, sans refdrence obligee A une nature intrinsbque. Et peut-8tre est-ce par li que s'explique, en der- nitre analyse, la fusion du spirituel et du tem- porel inscrite si profondiment en chaque valeur musulmane traditionnelle.

Mustapha Naimi

140-21 Yves DELOYE

Les voix de Dieu. Pour une autre histoire du suffrage 6lectoral : le clergi catholique franqais et le vote, xIx6-xx" sibcles Paris, Fayard, coll. , L'espace du politique , 2006, 410 p.

Depuis les travaux de L6o Moulin consacr~s aux transformations de ses techniques dlectorales et de ses principes de representa- tion, on connait relativement bien le rapport de l'Pglise catholique aux pratiques de vote depuis le Moyen Age. Qu'en est-il a partir du xxe sidcle oui lI'glise dolt faire face A de pro- fonds changements sociaux et politiques autour de la naissance du suffrage universel ? C'est de ce point de depart et dans cette perspective que le travail d'Yves Dloye s'inscrit, d'une part, en reconstituant, archives g l'appui, les pratiques les plus symptomatiques de cet art renouvelk de la politisation 6lectorale, d'autre

part, en restituant un ensemble inidit de textes de < litt~rature grise > autant miconnus pour leurs contenus que pour leurs usages. Non seulement, le catholicisme perd sa centralit6 dans l'organisation symbolique de la soci&td mais le vote g~ndralis6 devient paralldlement le principe premier de la vie politique. Le clerg6 catholique frangais s'est could dans ce moule du suffrage universel que le pape Pie IX avait pourtant qualifiC de .< mensonge universel > dans les annies 1870. Dans cet horizon troublk par le la'icisme offensif des

R~publicains, les membres de l'tglise catho- lique d~veloppent un veritable < preche du devoir electoral > qui n'hdsite pas I affronter l'ennemi sur son propre terrain de la sollicita- tion de l'assentiment populaire (chap. 4). A partir des elections de 1871, I'objectif initial de l'tglise devant le suffrage universel est d'Cviter de se perdre dans la division des partis ou des personnes peu compatible avec l'idde d'unit6 du corps social qu'elle defend par ailleurs. Toutefois, aux alentours de 1900, les questions religieuses deviennent un enjeu propre du d~bat politique et n~cessitent un engagement plus direct dans le processus dlec- toral de la part de ceux qui se sentent attaquds par exemple par la loi sur les associations de 1901 ou la loi de s~paration des tglises et de l'ttat de 1905.

Pour convier les citoyens & identifier les candidats susceptibles de dtfendre les int&- rats de l'Pglise, deux mithodes relativement modernes et courantes sont utilisies par ce < clricalisme dlectoral ,> qui proscrit absolu- ment toute forme d'abstention, contraire A cette entreprise de moralisation de la vie Clec- torale. La premiere m&thode consiste A recon- querir le terrain perdu par le diveloppement d'une communication orientde vers la propa- gation et I'unification d'une offre politique << catholique >. De nombreux clercs occupent leur temps A crier ou diriger des titres de presse nationale ou locale qui fleurissent, notam- ment au moment des dlections. Cette activit6 est coordonn~e par des grandes centrales de presse comme La Maison de la Bonne Presse qui donne naissance, par exemple, aux jour- naux Le Pelerin (en 1873) et La Croix (en 1880) encore presents dans les kiosques de nos jours. Parallklement, c'est toute l'6dition catholique qui s'oriente vers cette mobilisation dlectorale A travers des bulletins dioc~sains (qui informent autant sur la vie 6lectorale que religieuse), des manuels dlectoraux (expli- quant comment << bien voter >), des affiches,

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