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1 ECOLE DE SAGES-FEMMES Hôpital Saint-Antoine Université Paris VI La sédation/analgésie du nouveau-né avant intubation en salle de naissance : état des lieux des pratiques dans deux centres de niveau III Mémoire de fin d’études présenté par Clémence ZANICHELLI Promotion 2006-2010 Directeur de mémoire : Docteur Elizabeth WALTER-NICOLET

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ECOLE DE SAGES-FEMMES

Hôpital Saint-Antoine

Université Paris VI

La sédation/analgésie du nouveau-né avant

intubation en salle de naissance : état des lieux

des pratiques dans deux centres de niveau III

Mémoire de fin d’études présenté par

Clémence ZANICHELLI

Promotion 2006-2010

Directeur de mémoire : Docteur Elizabeth WALTER-NICOLET

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ECOLE DE SAGES-FEMMES

Hôpital Saint-Antoine

Université Paris VI

La sédation/analgésie du nouveau-né avant

intubation en salle de naissance : état des lieux

des pratiques dans deux centres de niveau III

Mémoire de fin d’études présenté par

Clémence ZANICHELLI

Promotion 2006-2010

Directeur de mémoire : Docteur Elizabeth WALTER-NICOLET

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REMERCIEMENTS :

A Madame Elizabeth Walter-Nicolet, pédiatre à l’hôpital Armand Trousseau

A Madame Patricia Cimerman, infirmière en recherche clinique au CNRD de

l’hôpital Armand Trousseau

A Madame Sarah Coquery, pédiatre à l’hôpital Antoine Béclère

Pour leur professionalisme, investissement et patience dans cette étude.

A Madame Agnès Despoisse, sage-femme enseignante à l’école de sages-femmes

de l’Hôpital Saint-Antoine et tutrice de mémoire, pour ses conseils.

A l’ensemble des équipes de sages-femmes et pédiatres des hôpitaux Trousseau et

Béclère pour leur participation à l’étude.

A ma famille et mes amis pour leurs encouragements.

Et à tous ceux qui m’ont aidée dans la réalisation de ce mémoire.

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SOMMAIRE

Introduction…………………………………………………………………...1

PARTIE 1 : PRESENTATION DU SUJET

I. La douleur chez le nouveau-né……………………………………………..3

I.1. Définition………………………………………………………………………3

I.2. Epidémiologie………………………………………………………………….3

I.3. Physiopathologie de la douleur chez le nouveau-né à terme et prématuré…...4

I.3.1. Rappels anatomiques………………………………………………….4

I.3.2. Les études……………………………………………………………..7

I.4. Conséquences de la douleur en période néonatale………………………...7

I.4.1. La mémorisation de la douleur………………………………………..7

I.4.2. Les études……………………………………………………………..8

I.5. Prise en charge de la douleur..................................................................9

I.5.1. Les textes législatifs…………………………………………………...9

I.5.2. L’évaluation de la douleur…………………………………….............9

I.5.3. Les traitements……………………………………………………… 11

II. L’intubation en salle de naissance : un geste douloureux………………..13

II.1. Les indications de l’intubation……………………………………………….13

II.2. Les réponses physiologiques à l’intubation…………………………….........13

II.2.1. La douleur engendrée par l’intubation consciente…………..……..13

II.2.2. Les effets secondaires de l’intubation consciente………………….14

II.3. La sédation/analgésie avant intubation……………………………………...15

II.3.1. Les études sur la sédation/analgésie avant intubation……………...15

II.3.2. Les molécules disponibles, les voies d’administration et effets

secondaires………………………………………………………………..17

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PARTIE 2 : L’ETUDE

III. Matériel et méthode……………………………………………………..21

III.1. Objectifs……………………………………………………………………..21

III.2. Méthodologie………………………………………………………………..21

IV. Résultats…………………………………………………………………23

IV.1. Taux de réponses……………………………………………………………..23

IV.2. Présentation de l’échantillon…………………………………………………24

IV.3. La sédation…………………………………………………………………...26

IV.4. L’absence de sédation………………………………………………………..31

IV.5. L’interêt d’un protocole………………………………………………………34

PARTIE 3 : ANALYSE/DISCUSSION ET PROPOSITIONS

V. Analyse et discussion…………………………………………………….35

VI. Propositions……………………………………………………………...44

Conclusion…………………………………………………………………...47

Annexes

Références…………………………………………………………………...49

Bibliographie………………………………………………………………...53

Glossaire……………………………………………………………………..56

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INTRODUCTION

De nombreuses études et recommandations visent à sensibiliser les professionnels

qui s’occupent de nouveau-nés et de prématurés sur le sujet de la douleur, notamment la

douleur provoquée par les soins. Mais la prévention et le traitement de la douleur sont

difficiles. Ils remettent en cause certaines pratiques et peuvent bouleverser les habitudes de

soins, imposent de travailler en équipe et d’utiliser des médicaments parfois difficiles à

manier à cet âge de la vie. De plus en plus de soignants utilisent des grilles d’évaluation de

la douleur et instaurent des protocoles ayant pour buts de diminuer et supprimer la douleur.

De multiples études témoignent de l’intérêt que portent les soignants à la douleur du

nouveau-né.

« Le premier pas vers le bonheur est de ne point souffrir » cite Jean-Jacques

Rousseau.

Or, l’entrée dans la vie de certains enfants est parfois difficile (prématurité,

malformations congénitales, mauvaise adaptation à la vie extra-utérine etc…) et leur prise

en charge nécessitent des gestes souvent douloureux, et ce dès la salle de naissance.

Au cours de plusieurs stages en salle de naissance et réanimation néonatale, j’ai

remarqué qu’il était plus « confortable » d’intuber les enfants qui avaient au préalable reçu

une sédation/analgésie : confort de l’opérateur, mais aussi et surtout confort du patient

(geste plus rapide, moins d’effets secondaires, moins d’échecs d’intubations…). Une étude

publiée fin 2006 [1] sur les pratiques de sédation/analgésie avant intubation en réanimation

néonatale et salle de naissance (niveau III et II b) m’a également interpellée. Sur 38

maternités de la France métropolitaine, seules 8 d’entre elles utilisaient occasionnellement

un traitement sédatif et/ou analgésique avant une intubation en salle de naissance. Pour 12

de ces 38 maternités, les équipes jugeaient que l’absence de traitement sédatif/analgésique

était délétère pour les nouveau-nés. Les principales raisons évoquées, outre la présence

majoritaire d’intubations en urgence et transitoires, étaient l’absence de moyens pour poser

une voie, préparer les médicaments… La salle de naissance, considérée à tort comme un

lieu où l’intubation ne doit se faire qu’en urgence ne peut-elle pas ouvrir sa porte à des

moyens ou organisations qui soulagent la douleur ?

De ce fait, je me suis intéressée à la prise en charge de la douleur induite par

l’intubation sur le nouveau-né en salle de naissance, lieu principal d’exercice des sages-

femmes.

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J’ai donc été amenée à me demander si la présence d’un protocole de

sédation/analgésie avant intubation en salle de naissance influencerait la pratique de la

sédation avant intubation.

Mon hypothèse était qu’en présence d’un protocole spécifique de sédation, le

personnel médical hésiterait moins à administrer une sédation/analgésie ayant un support

sur lequel s’appuyer (choix des molécules, posologie…). Je me suis également demandée

dans quelles circonstances la sédation/analgésie en salle de naissance était possible et les

effets qu’engendrait l’intubation avec ou sans sédation sur plusieurs paramètres (conditions

et nombre de tentatives d’intubation, fréquence cardiaque et saturation).

Il me semblait que le geste d’intuber avec une sédation/analgésie préalable était

possible en salle de naissance tant que l’enfant était stable (ou ne nécessitait pas

d’intubation en extrême urgence) et qu’elle facilitait le geste d’intuber.

L’objectif principal de mon étude était donc de déterminer si la présence d’un

protocole de sédation/analgésie avant intubation en salle de naissance augmentait le

nombre d’enfants sédatés/analgésiés avant d’être intubés. Les objectifs secondaires étaient

de déterminer les circonstances pour lesquelles la sédation/analgésie avant intubation en

salle de naissance était possible et les effets de l’intubation (avec ou sans

sédation/analgésie) sur plusieurs paramètres liés au nouveau-né et au geste lui-même.

Ce mémoire s’articule en deux parties :

- Une partie théorique sur la douleur du nouveau-né d’une part (anatomie,

physiologie, épidémiologie…) et sur l’intubation et la douleur qu’elle engendre d’autre

part.

- La seconde partie exposera notre étude proprement dite et ses résultats desquels

pourront naître de nouvelles interrogations et pistes de réflexions.

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PARTIE 1

PRESENTATION DU SUJET

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I. La douleur chez le nouveau-né

I.1. Définition [2]

La douleur est une expérience désagréable, émotionnelle et sensorielle associée à

un dommage tissulaire réel ou potentiel ou décrite en terme d’un tel dommage par le

patient. La douleur est toujours subjective.

La nociception désigne le système neurophysiologique qui permet la détection des

stimulations intenses susceptibles de menacer l’intégrité de l’organisme et qui a une

fonction de signal d’alarme.

Cette définition de la douleur, datant de 1976 [3] est difficile à appliquer chez un

enfant au stade préverbal. Pour contourner le problème, Anand et Craig [4] ont émis de

nouvelles perspectives pour la définition de la douleur : le nouveau-né ne possède pas

l’apprentissage nécessaire pour identifier la douleur en tant que telle, mais « la perception

de la douleur (associée ou non à un dommage tissulaire) est une qualité inhérente à la vie,

présente chez tous les organismes vivants viables, et bien qu’influencée par les expériences

de la vie, ne requiert pas au départ d’expérience antérieure ».

I.2. Epidémiologie

Tout nouveau-né qui naît va devoir subir au moins un acte douloureux durant son

séjour à l’hôpital (le guthrie ou la désobstruction rhino-pharyngée par exemple). Ceux

hospitalisés en réanimation néonatale et en néonatologie vont devoir subir un nombre plus

important d’examens plus ou moins douloureux. Dans de nombreuses situations, la

prévention ou le traitement de la douleur ne sont pas ou insuffisamment effectués ainsi que

l’a montré une récente étude épidémiologique française (EPIPPAIN : Epidemiology of

Procedural Pain in Neonates) [5].

Dans cette étude prospective multicentrique réalisée en Ile-de-France, tous les

gestes douloureux ou inconfortables réalisés durant les 14 premiers jours d’hospitalisation

en réanimation néonatale étaient relevés, ainsi que les moyens analgésiques effectués pour

chacun d’entre eux. Quatre cent trente nouveau-nés étaient admis durant la période

d’étude. Chacun d’entre eux subissaient en moyenne 75 gestes douloureux pendant leurs

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14 premiers jours d’hospitalisation avec une moyenne de 10 gestes douloureux par jour.

Sur l’ensemble des gestes, un traitement pharmacologique seul était administré dans 2,1%

des cas, un traitement non pharmacologique seul dans 18,2% des cas et dans 20,8% des cas

un traitement pharmacologique et/ou non pharmacologique. Dans 79,2% des cas, aucune

analgésie spécifique n’était donnée.

L’étude a été réalisée en unité de soins intensifs mais plusieurs procédures

douloureuses sont également pratiquées en salle de naissance, en particulier l’intubation

trachéale.

I.3. Physiopathologie de la douleur chez le nouveau-né à terme et prématuré

I.3.1. Rappels anatomiques [2,6]

La douleur est secondaire à une stimulation nociceptive. Le stimulus douloureux

entraîne la stimulation de récepteurs périphériques puis l’influx nerveux nociceptif est

transmis de la périphérie au cortex cérébral par les voies de la douleur.

Les récepteurs de la douleur

Deux types de récepteurs périphériques sont présents pour transmettre les

sensations douloureuses. On les retrouve dans les tissus cutanés, la paroi des viscères et les

tissus musculaires. Ils sont présents dès 7 SA au niveau de la région péribuccale du fœtus

puis vont s’étendre au reste de la face, puis aux paumes des mains et des pieds à 11 SA et

enfin au tronc et aux racines des bras à 15 SA pour recouvrir l’ensemble de la surface

cutanéo-muqueuse vers 20 SA. A terme, leur densité est alors supérieure à l’adulte. Ces

récepteurs sont :

- les mécanorécepteurs : ils sont majoritairement situés au niveau cutané et sont

activés par des stimulations mécaniques fortes. Ils transmettent la douleur aigüe de courte

de durée (comme les piqûres) et conduisent la douleur rapide (fibres A delta) ;

- les récepteurs polymodaux : ils sont activés par des stimulations mécaniques,

thermiques et chimiques. Ils empruntent les fibres à conduction lente (fibres C) et sont

plutôt responsables de la douleur diffuse (« deuxième douleur »).

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Transmission vers la moelle

L’influx nociceptif est transmis aux neurones de la corne dorsale de la moelle par

l’intermédiaire de fibres nerveuses myélinisées (fibres A alpha et A beta), peu myélinisées

(fibres A delta) et non myélinisées (fibres C). Elles cheminent dans des nerfs somatiques.

Ces fibres sont de conduction plus ou moins rapide et ne conduisent pas le même type de

sensation douloureuse.

La myélinisation débute à 22 SA et se poursuit après la naissance, mais la conduction de

l’influx nerveux est possible même pour des fibres non myélinisées.

Dès 6 SA, les cellules de la corne dorsale possèdent des synapses qui transmettront

ultérieurement les stimulus nociceptifs aux neurones de la moelle. Les neurones de la corne

dorsale de la moelle se mettent, quant à eux, en place dès 13 SA. L’organisation du relais

médullaire est définitive à 30 SA.

De la moelle vers l’encéphale

L’influx nerveux nociceptif fait relais au niveau de la moelle épinière et va

remonter vers l’encéphale par l’intermédiaire de quatre voies principales (faisceau

spinothalamique, faisceaux spino-cervico-thalamique et spino-réticulaire ainsi que les

fibres postsynaptiques des colonnes dorsales). Le faisceau spino-thalamique se met en

place entre 14 et 20 SA et les neurones thalamo-corticaux entre 17 et 30 SA.

Les voies supraspinales

Les fibres postsynaptiques issues de la moelle font relais dans les structures

supraspinales qui sont : le thalamus, la substance réticulée et le cortex cérébral. Le

thalamus joue un rôle dans l’information de la localisation, l’intensité et la durée du

stimulus. La substance réticulée est impliquée dans les réactions comportementales et les

réponses réflexes. Enfin le cortex joue un rôle important dans l’intégration du message

nociceptif.

Le néocortex fœtal commence son développement dès 8 SA et les connexions entre

les fibres thalamiques et le cortex s’achèvent entre 26 et 30 SA. Le cerveau du fœtus

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humain est donc très tôt capable de recevoir, intégrer et analyser les stimulations

nociceptives qui lui parviennent.

Les médiateurs de la nociception

L’influx douloureux est crée par la libération d’ions K+, H+, de bradykinines, de

prostaglandines, d’histamines et de lymphokines. Ils sont tous impliqués dans les

phénomènes inflammatoires et les bradykinines sont de puissants activateurs de la

nociception. La substance P, qui permet à l’influx nociceptif de remonter au cortex,

apparaît vers 8-10 SA pour être présente dans tout l’organisme dès 26 SA.

Les substances inhibitrices de la nociception

Il existe également un système endogène inhibiteur de la nociception (complexe

inhibiteur diffus nociceptif (CIDN)). C’est un système opioïdergique endogène qui permet

d’atténuer la douleur. Ce complexe est immature pendant la vie fœtale et se développe

après la naissance.

Chez le nouveau-né, en particulier le prématuré, les seuils douloureux sont abaissés.

Ajoutés à cela l’immaturité des filtres inhibiteurs, les prématurés ont une hypersensibilité à

la douleur.

Figure 1

Légende :

1-Récepteur nociceptif

2-Neurone sensitif périphérique

3-Neurone spino-thalamique

4-Faisceau spinothalamique

5-Thalamus 5-Thalamus

6-Axone thalamo-cortical

7-Perception

7-Percepti

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I.3.2. Les études

Tous les nouveau-nés, même prématurés, perçoivent des stimulations nociceptives.

Fitzgerald et Andrews, en 1994, ont fait une étude [6] sur le retrait automatique d’un

membre à une stimulation cutanée chez cinquante enfants nés entre 27,5 et 42,5 semaines

post-conceptionnelles. Cette étude montrait qu’en fonction du terme de l’enfant et du site

de stimulation cutané, les seuils de douleur étaient différents. Les enfants prématurés

avaient une sensibilité à la douleur plus grande que les nouveau-nés à terme, pour une

même intensité douloureuse. Ainsi, lors d’une stimulation au pied, les enfants nés

prématurés ressentaient la douleur de manière plus diffuse à toute la jambe et de façon plus

durable. De même, les enfants ayant reçu des soins en réanimation avaient développé une

sensibilité accrue à la douleur et cela était plus marqué chez les enfants prématurés.

Les nouveau-nés, quel que soit leur terme, possèdent donc tous les éléments

nécessaires à la perception, la transmission et l’intégration de la douleur.

I.4. Conséquences de la douleur en période néonatale.

I.4.1. La mémorisation de la douleur

On sait à présent, grâce à différentes études sur le sujet, que le nouveau-né

mémorise la douleur.

Sur le plan neurophysiologique, la mémorisation de la douleur repose en partie sur

des mécanismes de sensibilisation à la douleur. On sait que le nouveau-né, dès la

naissance, possèdent des récepteurs permettant la transmission de l’influx et qu’il existe

chez l’enfant une certaine neuroplasticité qui permet des changements structurels,

anatomiques et neurochimiques. Ce sont eux qui vont constituer une trace de l’événement

et ensuite moduler la perception de l’événement douloureux suivant. Cette mémorisation

joue dans l’anticipation de l’expérience suivante par l’apparition d’une angoisse par

exemple. Cela peut donc avoir des conséquences à long terme.

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I.4.2. Les études

Taddio [7,8], en 1995 et 1997, a montré que les garçons ayant subi une circoncision

sans analgésie à la période néonatale avaient une réaction plus importante lors d’un vaccin

à l’âge de 3 mois que les garçons non circoncis ou ceux circoncis avec la crème Emla®

(l’évaluation, faite grâce à une échelle visuelle analogique soignant de la douleur, reposait

sur la durée du cri, le nombre de grimaces pendant le geste). Le même auteur a étudié les

réactions au test de Guthrie chez les nouveau-nés de mères diabétiques qui subissaient de

nombreux prélèvements dès la naissance et les a comparées aux réactions de nouveau-nés

sains. Les premiers pleuraient dès la désinfection de la peau et leurs pleurs et grimaces

étaient plus fréquents que chez les enfants sains.

Il semble donc que le nouveau-né conserve dans sa mémoire les événements

douloureux qu’il a connus durant sa période néonatale. Sur le plan biologique, la réponse

au stress est amplifiée avec l’augmentation des hormones de stress. Sur le plan

comportemental, il y a une réaction d’anticipation (pleurs avant le geste) et d’une

majoration de la douleur exprimée (durée du cri et grimaces).

A long terme, il est plus difficile de connaître les conséquences des douleurs des

nouveau-nés et les résultats des études sont contrastés. Selon Grunau en 1994 [9], Anand et

Porter en 2000 [10], chez l’ « ex-grand prématuré », la somatisation à l’âge de 3-4 ans est

plus fréquente que chez les enfants de même âge nés à terme. Par ailleurs, la réaction de

ces enfants à des images de situation médicale est plus négative que celle du groupe

contrôle. Les douleurs répétées peuvent entraîner une sensibilisation ultérieure et des

conséquences à long terme sur le développement cognitif et comportemental. A l’inverse,

Johnston et Stevens [11], en 1996, ont montré que, comparé à des enfants nés à 32 SA, il y

avait une diminution significative des réactions comportementales chez des enfants nés à

28 semaines d’âge gestationnel et exposés à des procédures douloureuses répétées lors

d’une ponction au talon à 4 semaines de vie. Ces enfants nés à 28 SA, évalués par leurs

parents comme moins sensibles aux stimulis douloureux (bosses, coupures…), étaient

néanmoins plus enclins aux plaintes somatiques que les nourrissons nés à terme.

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17

La douleur infligée mal soulagée peut provoquer une majoration de la douleur

éprouvée lors de gestes ultérieurs, ainsi qu’une peur des soins, une perte de confiance en

l’adulte, des troubles du comportement et une anxiété.

I.5. Prise en charge de la douleur

I.5.1. Les textes législatifs (Annexe 1)

D’après l’actuel plan d’amélioration de la prise en charge de la douleur 2006-2010

[12], la lutte contre la douleur répond avant tout à un objectif humaniste, éthique et de

dignité de l’homme. Le soulagement de la douleur est un droit fondamental de toute

personne et ceci est reconnu par la loi relative aux droits des malades et à la qualité du

système de santé du 4 mars 2002. Les objectifs de ce plan comportent :

- l’amélioration de la prise en charge des personnes les plus vulnérables dont les

enfants ;

- la formation renforcée des professionnels de santé ;

- une meilleure utilisation des traitements médicamenteux et des moyens non

pharmacologiques […].

D’après le Code de la santé publique et la charte du patient et de l’enfant hospitalisé,

la prise en charge de la douleur fait partie des missions des établissements de santé. De

plus, les soignants ont le devoir de traiter la douleur d’après le Code de déontologie

médicale.

Concernant les droits des patients, le Code de la santé publique énonce dans la

dernière loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé (loi 2002-

303 du 4 mars 2002) : « Toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager la

douleur. Celle-ce doit être en toute circonstances prévenue, évaluée, prise en compte et

traitée ».

I.5.2. L’évaluation de la douleur [13,14]

On utilise actuellement plusieurs échelles ou grilles d’hétéro-évaluation pour

évaluer la douleur liée aux soins des nouveau-nés. Mesurer de manière objective et

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formelle la douleur est impossible mais l’on sait actuellement que l’utilisation quotidienne

d’une échelle d’évaluation de la douleur permet un meilleur dépistage de celle-ci et

améliore sa prise en charge.

L’évaluation de la douleur doit tenir compte du type de douleur, aigüe ou

prolongée, car les outils utilisés sont différents. Nous nous intéresserons ici plutôt à

l’évaluation de la douleur aigüe qui est due aux actes diagnostiques et/ou thérapeutiques

comme l’intubation par exemple.

La douleur provoquée doit être évaluée par le soignant ce qui n’est pas toujours le

cas. Cela permettrait cependant de diminuer les variations subjectives d’appréciation de la

douleur de la part des soignants et d’évaluer l’efficacité des mesures antalgiques associées

à certains actes ponctuels.

La plupart des échelles utilisées en néonatologie sont multidimensionnelles et

incluent des indicateurs physiologiques et comportementaux dont l’expression faciale qui

semble être la plus sensible et fournir les informations les plus spécifiques (paupières

serrées, sourcils froncés, sillon naso-labial accentué, bouche ouverte, langue protruse).

Bien qu’il existe plus de 40 échelles validées en néonatologie, il n’y a pas à ce jour de

consensus sur la meilleure échelle à utiliser pour évaluer la douleur. Une grille, pour être

utilisée, doit être testée et validée. La validité des grilles reposent sur trois critères :

sensibilité, fiabilité et spécificité. La sensibilité repose sur la capacité de l’outil à évaluer

un niveau de douleur différent chez un même enfant lors de circonstances diverses. La

fiabilité est la capacité de donner un résultat identique pour des observateurs différents.

Enfin, la spécificité est l’évaluation de la douleur uniquement et non du stress ou de

l’anxiété.

Les principales grilles d’évaluation de la douleur ponctuelle ou aigüe du nouveau-né :

- Neonatal Facial Coding System (NFCS) (Annexe 2)

C’est un système basé sur l’analyse des expressions faciales des nouveau-nés à

terme et prématurés. Il y a 4 items : contraction des paupières, froncement des sourcils,

accentuation du sillon naso-labial et ouverture de la bouche. Chaque item est coté 0 si

absent et 1 si présent.

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Figure 2

- Premature Infant Pain Profile (PIPP) (Annexe 3)

C’est l’échelle la mieux étudiée et la mieux validée. Il y a 7 items dont 3

comportementaux, 2 physiologiques et 2 contextuels (notamment l’âge gestationnel). Elle

nécessite la mesure de la saturation en oxygène et de la fréquence cardiaque. Le score

donné est de 0 à 21 en fonction du terme de l’enfant (maximum de 18 pour un enfant à

terme). Elle est très utilisée en recherche clinique mais est plus difficile à utiliser en

pratique quotidienne.

- Douleur Aigüe du Nouveau-né (DAN) (Annexe 4)

C’est une échelle française conçue pour évaluer la douleur aigüe du nouveau-né à terme et

prématuré. Elle comporte 3 items comportementaux : réponses faciales, mouvement des

membres et expression vocale de la douleur. Le score va de 0 à 10. Elle est d’utilisation

très simple, et très employée en France, notamment pour la douleur provoquée par les

gestes.

I.5.3. Les traitements.

Moyens non médicamenteux [14,15]

Ces moyens peuvent réduire la douleur en diminuant la stimulation nociceptive à

laquelle le bébé est exposé. Les soins pratiqués « en peau à peau » sont réconfortants et

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apaisants, de même quand ils sont faits de façon simultanée avec l’allaitement maternel. La

succion non nutritive d’une tétine ou d’un doigt apporte des effets analgésiques et

rassurants. L’administration orale de glucose ou de saccharose concentré entre 20 et 30 %

a montré son efficacité dans la diminution de la douleur des ponctions capillaires ou

veineuses. Bien que son mécanisme soit incertain, il active probablement des voies

inhibitrices descendantes en libérant des opioïdes endogènes.

Ces moyens non médicamenteux sont efficaces quand ils concernent les soins dont

la douleur engendrée est légère à modérée. Ils peuvent être associés à des moyens

médicamenteux.

Moyens médicamenteux [16]

Les anesthésies locales :

La crème Emla®

(AMM depuis janvier 1999 chez le nouveau-né à terme) diminue

la douleur des effractions cutanées au moyen d’une anesthésie topique ou de contact. Elle

est un mélange de lidocaïne et prilocaïne, deux anesthésiques locaux agissant par diffusion

et permettant une analgésie de 2 à 4 mm de profondeur en fonction du temps d’application

(de 1 à 2 heures).

Une anesthésie par infiltration de la peau et du derme peut aussi être possible. Il

s’agit d’une injection d’anesthésique local (lidocaïne) en dose unique qui peut-être

précédée de la pose de crème Emla®. Cette technique est très peu employée chez le

nouveau-né.

Les produits médicamenteux par voies orales, sous-cutanée (SC), intra-musculaire (IM),

intra-veineux (IV) ou intra-rectale (IR) :

L’antalgie par voie générale peut être obtenue avec des antalgiques :

Palier 1 - les antalgiques périphériques : Paracétamol (AMM depuis mars 1999 chez le

nouveau-né)

Palier 2 - les antalgiques centraux faibles : Nalbuphine qui est un dérivé morphinique (pas

d’AMM chez le nouveau-né)

Palier 3 - les antalgiques centraux forts : Morphine et autres dérivés morphiniques comme

le Fentanyl, le Sulfentanyl, l’Alfentanyl.

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21

Les paliers 1 et 2 et les paliers 1 et 3 peuvent être associés entre eux. Tous peuvent être

associés à des sédatifs-hypnotiques comme le midazolam ou le propofol. Nous reverrons

également leurs modalités d’action.

Les voies orales et rectales sont, si les circonstances le permettent, à privilégier.

Cependant, la voie veineuse reste la plus sûre quant à la biodiponibilité des produits

utilisés. Les voies IM et SC sont à éviter étant donné les douleurs qu’elles peuvent

entraîner à elles-seules.

II. L’intubation en salle de naissance : un geste douloureux

II.1. Les indications de l’intubation

- Inefficacité de la ventilation au masque ou contre-indication à celle-ci (hernie

diaphragmatique ou inhalation méconiale)

- Asphyxie périnatale

- Hypoxémie persistante sous oxygénothérapie

- Inhalation méconiale avérée

- Arrêt ou insuffisance respiratoire

- Nécessité d’administrer du surfactant exogène

- Prématurité inférieure à 28 SA

L’intubation trachéale est un geste médical technique pouvant entraîner des

complications comme un traumatisme trachéal, un laryngospasme, la lésion de tissus mous

sans oublier les risques liés à une intubation sélective ou œsophagienne. Elle

s’accompagne aussi d’effets généraux, en particulier si elle est réalisée sans sédation.

II.2. Les réponses physiologiques à l’intubation consciente

II.2.1. La douleur engendrée par l’intubation consciente

L’intubation trachéale stimule les voies viscérales et somatiques et provoque une

douleur intense. L’intubation sans analgésie/sédation n’est jamais pratiquée chez l’enfant

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22

et l’adulte sauf en cas de coma ou arrêt cardiaque.

L’intubation est un geste douloureux ainsi que l’atteste plusieurs études réalisées en

néonatologie. Une enquête multicentrique [17] réalisée en 2002 sur la prise en charge

médicamenteuse de la douleur en néonatologie dans le Nord-Pas-de-Calais rapporte une

évaluation de la douleur faite par 40 médecins de 12 services accueillant des nouveau-nés

dont 6 unités de réanimation. Dans cette étude, la douleur de l’intubation endotrachéale

était évaluée à 6/10 (Echelle « Douleur et inconfort du nouveau-né »). En réanimation

pédiatrique, 100 % des réanimateurs préconisaient une sédation et/ou analgésie au cours de

l’intubation « programmée » et 33 % l’estimaient indiquée en cas d’urgence. Dans l’étude

EPIPPAIN, la douleur provoquée par l’intubation trachéale était évaluée à 8/10 par les

soignants [5].

II.2.2. Les effets secondaires de l’intubation consciente

On entend par intubation consciente une exposition laryngée suivie d’une

intubation endotrachéale sans l’utilisation d’aucune prémédication. En dehors de l’extrême

urgence, toute intubation chez l’adulte, le nourrisson ou l’enfant plus grand est précédée

d’une prémédication (« séquence d’intubation rapide »).

Lors d’une intubation consciente, on observe plusieurs modifications

physiologiques [18-20]:

- La tension artérielle : l’intubation consciente entraîne des fluctuations de la tension

artérielle ainsi que des accès hypertensifs aigus. Ces deux aspects sont associés à un risque

accru d’hémorragie intra-crânienne chez le nouveau-né prématuré.

Des hypotensions ont été observées lors de l’utilisation de sédatif ou analgésiant mais

nous savons qu’une prémédication ou anesthésie peuvent moduler ces fluctuations de

tension artérielle (en diminuant l’hypertension) et donc diminuer les risques d’hémorragie

intra-crânienne.

- La fréquence cardiaque : une bradycardie ou une tachycardie peuvent être observées

aussi bien lors d’une intubation consciente que lors d’une intubation avec anesthésie. Ces

modifications de fréquence cardiaque ne semblent pas avoir d’effet délétère sur le

nouveau-né bien que la bradycardie entraîne une baisse du débit cardiaque. Celle-ci peut

être néanmoins prévenue par l’administration préalable d’atropine.

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23

- L’hypoxie : comparée à une intubation avec prémédication, l’intubation consciente

entraîne une hypoxie plus sévère et prolongée. Ceci est aussi dû au fait qu’une sédation

réduit le temps nécessaire à l’intubation (le nombre de tentatives d’intubation est diminué)

donc par conséquence, elle réduit la durée et la fréquence des épisodes d’hypoxie.

- L’augmentation de la pression de la fontanelle antérieure : les changements au niveau

de la pression de la fontanelle antérieure reflètent les changements de la pression

intracrânienne. L’intubation consciente est associée à une augmentation marquée de cette

pression. Mais il n’y a pas d’étude démontrant l’effet délétère de l’augmentation de la

pression intra-crânienne chez le nouveau-né.

L’intubation consciente génère également des mouvements de défense et

d’agitation du patient, ce qui a pour conséquence d’augmenter la difficulté du geste et le

nombre de tentatives d’intubation. Mais la réalisation d’une sédation/analgésie nécessite la

pose d’une voie d’abord veineuse et le temps de préparation des médicaments. Néanmoins,

la voie rectale (ainsi que la voie intra-musculaire ou sous-cutanée) peuvent aussi être

utilisées pour la plupart des molécules disponibles, bien que la biodisponibilité soit moins

connue avec ces modes d’administration. Par ailleurs, la réalisation d’une sédation peut

retarder le délai de l’extubation en raison de l’effet prolongé de certains médicaments.

Il y a donc des avantages et des inconvénients à pratiquer une sédation/analgésie

avant intubation trachéale chez le nouveau-né. En dehors de l’urgence vitale absolue, la

réalisation d’une sédation/analgésie est néanmoins possible et son utilisation probablement

moins délétère que les effets secondaires d’une intubation consciente.

II.3. La sédation/analgésie avant intubation.

II.3.1. Les études sur la sédation/analgésie avant intubation.

La sédation avant intubation d’un nouveau-né en dehors de l’extrême urgence est

de pratique de plus en plus actuelle mais n’est pas encore systématique, contrairement à

l’adulte ou à l’enfant plus grand. Il n’y a pas de consensus sur les molécules à utiliser en

réanimation et salle de naissance. En 2000, une enquête réalisée dans 239 services de

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néonatologie [21] (salle de naissance et réanimation néonatale incluses) de Grande-

Bretagne rapportait que seuls 37 % des services concernés utilisaient une sédation avant

l’intubation d’un nouveau-né et seulement 14 % possédaient des protocoles écrits. D’après

le congrès de la SFAR (société française d’anesthésie et de réanimation) en septembre

2001 ; une enquête nationale auprès de 74 unités de réanimation néonatale en France

rapportait que seulement 36 % des nouveau-nés intubés avaient reçu une sédation

préalable.

Nous nous intéressons dans ce mémoire à la sédation avant intubation en salle de

naissance, considérée comme un lieu où seules les intubations en extrême urgence se font.

Aucune étude sur le sujet à part l’étude Walter-Nicolet [1] ne semble encore avoir été faite.

Pourtant, un certain nombre d’intubation ayant lieu en salle de naissance ne se fait pas dans

l’extrême urgence et pourrait dans ce cas être précédé d’une sédation. Ce n’est pas ce qui

est pourtant observé dans la majorité des intubations.

Une étude réalisée par le SMUR pédiatrique du 92 [22] de 1997 à 2001 à propos

de la sédation avant intubation du nouveau-né en dehors de l’extrême urgence rapporte que

le pourcentage de nouveau-nés sédatés avant une intubation trachéale était

significativement plus important après l’instauration d’un protocole (65 % versus 35 %

avant protocole). Les indications de l’intubation étaient les mêmes que celles

communément rencontrées en salle de naissance : détresses respiratoires à type de maladie

des membranes hyalines ou de retard de résorption de liquide pulmonaire, anoxie

périnatale, inhalation méconiale et hernie diaphragmatique.

En 2006, dans le cadre d’une étude épidémiologique française (EPIPPAIN), une

étude sur l’intubation du nouveau-né lors de la prise en charge des cinq SMUR

pédiatriques de l’Ile-de-France [23] a été publiée. C’était une étude prospective

multicentrique qui avait pour buts de décrire l’incidence des gestes douloureux en

réanimation néonatale et lors du transport par le SMUR. Elle s’intéressait aussi à l’avis du

personnel médical et paramédical sur la douleur et les moyens utilisés pour soulager celle-

ci. Sur les 478 nouveau-nés transférés par les 5 SMUR, 94 ont été intubés par les équipes

du SMUR. Une pré-oxygénation a été effectuée chez 81 d’entre eux et 60 nouveau-nés sur

les 94 ont bénéficié d’une prémédication (sédation/analgésie). Les médicaments étaient

soit le midazolam seul soit associé à un morphinique (sufentanil). Le diazepam aussi était

utilisé. 189 nouveau-nés étaient déjà intubés et ventilés à l’arrivée des équipes de SMUR

dont seulement 45 (23,8 %) avaient été sédatés avant d’être intubés en salle de naissance.

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25

Ce dernier chiffre est donc très faible par rapport au taux d’enfants sédatés par le SMUR. Il

est néanmoins à interpréter avec prudence car nous ne savons pas quelles étaient les

indications d’intubation et les degrés d’urgence en salle de naissance lors de ces

intubations. De plus, le SMUR est composé d’une équipe comprenant un médecin et une

infirmière, et il est donc plus facile pour eux de poser une voie d’abord et préparer les

médicaments, tandis qu’en salle de naissance, les pédiatres et les sages-femmes sont

souvent seuls.

Les études rapportent une faible proportion d’enfants sédatés avant d’être intubés.

Or l’influence d’un protocole et les habitudes des équipes pédiatriques semblent augmenter

la sédation des nouveau-nés. Ces derniers points sont probablement à développer afin

d’apporter une meilleure prise en charge de la douleur en dehors de l’urgence vitale.

III.3.2. Les molécules disponibles, les voies d’administration et effets

secondaires

Actuellement, la salle de naissance est le seul lieu où il est admis de ne pas

réaliser de sédation avant intubation chez le nouveau-né. Néanmoins, toutes les intubations

faites en salle de naissance ne sont pas réalisées en situation d’extrême urgence.

L’utilisation de molécules sédatives est limitée à l’habitude des prescripteurs et les effets

secondaires immédiats et à long terme sont souvent redoutés.

Il est important de rappeler que pour tout nouveau-né [22] :

- l’absorption des médicaments est ralentie ;

- la distribution se fait dans un volume plus large pour les médicaments

hydrosolubles (morphine) et plus réduit pour les médicaments liposolubles

(midazolam et fentanyl) ;

- la liaison aux protéines plasmatiques est diminuée, la forme libre augmentée,

responsable de l’efficacité mais aussi des effets indésirables ;

- il y a une augmentation de la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique,

d’autant plus importante que le nouveau-né est prématuré ;

- l’élimination des médicaments est ralentie d’où les effets prolongés.

Ainsi l’utilisation de molécules sédatives sur le nouveau-né doit se faire de manière

prudente, en mesurant la balance bénéfice/risque.

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26

Nous allons décrire les principales molécules utilisées avant les intubations néonatales

[16].

A) Les opioïdes :

a) Les morphinomimétiques : morphine, fentanyl, sufentanil

Ces molécules ont un effet analgésique mais non amnésiant. Elles entraînent peu de

modifications hémodynamiques. Le principal risque est la dépression respiratoire pouvant

persister plusieurs heures après l’administration. D’autres effets indésirables comme une

rigidité thoracique, une diminution du péristaltisme intestinal et une hypertonie du

sphincter vésical sont également décrits.

La morphine est hydrosoluble. Elle a comme effets secondaires principaux

l’hypotension et le prurit. Sa demi-vie d’élimination est deux fois plus longue chez le

nouveau-né que chez l’enfant. Le fentanyl, liposoluble, est 100 fois plus puissant que la

morphine. Il a un délai d’action et une durée d’élimination rapide quand il est administré

en bolus. Ses effets hémodynamiques (comme l’hypotension) sont moindres par rapport à

la morphine (et au midazolam). Il diminue de plus les résistances vasculaires. Mais son

utilisation peut entraîner une rigidité thoracique, qui peut être prévenue ou traitée par

l’utilisation de curares. Enfin, le sufentanil, fortement liposoluble, est 1000 fois plus

puissant que la morphine et a des effets secondaires identiques au fentanyl. Il agit plus

rapidement que le fentanyl et a une durée d’action plus courte que ce dernier.

La voie d’administration de ces trois molécules est la voie intraveineuse (en dehors

de la morphine qui peut être utilisée par voie orale, mais dont le délai d’action est alors

d’au moins vingt minutes). Leur administration avant une intubation nécessite une voie

d’abord. L’efficacité antalgique de la morphine pour la douleur des gestes est controversée.

b) La nalbuphine

C’est un morphinique de type agoniste-antagoniste, il a un effet analgésique avec peu

d’effet dépresseur respiratoire. Cette molécule peut être administrée par la voie intra-

veineuse, sous-cutanée, intra-musculaire et intra-rectale. Son délai d’action est assez long

et son efficacité incertaine, notamment pour les gestes douloureux.

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27

B) Les benzodiazépines : midazolam (Hypnovel®)

Nous n’aborderons ici que cette molécule, les autres benzodiazépines étant peu

utilisés avant les intubations chez les nouveau-nés.

L’hypnovel®, hydrosoluble, est un hypnotique pur sans effet antalgique et entraîne

une amnésie antérograde. Il peut être administré en intra-veineux ou en intra-rectal et être

en association avec un curare et/ou un antalgique. Lorsqu’il est administré en intra-rectal, il

permet dans les 30 minutes une sédation efficace. Le principal effet indésirable est

l’hypotension secondaire et ses conséquences sur le débit sanguin cérébral. Des études [24]

rapportent que des myoclonies ont été observées chez des prématurés après son

administration. D’autres effets indésirables graves comme des arrêts cardio-respiratoires

ont été décrits [25] et actuellement, l’utilisation du midazolam en néonatologie est très

controversée.

C) Les anesthésiques: propofol, kétamine.

Le propofol est un anesthésique utilisé pour l’induction de l’anesthésie. C’est un

puissant hypnotique et non un analgésique. Il a une durée d’action rapide et une demi-vie

courte. Il permet le maintien d’une ventilation spontanée. Il est utilisé par voie veineuse

(injection douloureuse). A l’injection du propofol on peut observer une baisse significative

de la pression artérielle avec parfois une modification de la fréquence cardiaque chez le

nouveau-né (nécessité d’une injection lente). La pression intra-crânienne est abaissée et la

perfusion cérébrale conservée.

La kétamine est souvent utilisée pour la sédation et l’analgésie du nouveau-né. Elle

possède une excellente action analgésique et amnésique. Elle agit rapidement et pendant

une durée brève bien que sa demi-vie soit de 100 minutes environ. Elle permet une stabilité

des fonctions cardio-vasculaires et respiratoires et a un effet bronchodilatateur. Cependant,

elle peut entraîner des hypertensions artérielles et intra-crâniennes, un laryngospasme ainsi

qu’une hypersécrétion salivaire. Cette dernière peut être atténuée par l’adjonction

d’atropine. La kétamine peut être administrée par la voie intra-musculaire, intra-veineuse,

sous-cutanée et intra-rectale.

D) Les curares.

Les curares sont utilisés pour induire et entretenir l’anesthésie, ce sont des

paralysants musculaires. Ils n’ont aucun effet antalgique ni amnésique à eux seuls. Leur

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utilisation seule pour un geste douloureux est formellement contre-indiquée. Ils peuvent

être associés à un antalgique et/ou un hypnotique, mais sont rarement utilisés en

néonatologie.

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PARTIE 2

ETUDE

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30

III. Matériel et méthode

III.1 Objectifs

L’objectif principal de l’étude est de déterminer si la présence d’un protocole de

sédation avant intubation en salle de naissance augmente la fréquence de la sédation des

nouveau-nés avant d’être intubés en salle de naissance.

L’hypothèse évoquée est, qu’en la présence d’un protocole, le personnel est plus

enclin à utiliser une sédation avant intubation ayant un support sur lequel s’appuyer.

Cette étude a également permis de décrire:

- les circonstances (état du nouveau-né à la naissance, indications d’intubation)

pour lesquelles la sédation avant intubation des nouveau-nés en salle de naissance était

possible ou non ;

- les effets de l’intubation (avec ou sans sédation) sur plusieurs paramètres

(conditions et nombre de tentatives d’intubation, fréquence cardiaque et saturation) ;

- les types de sédatifs utilisés, leur posologie, voie d’administration et efficacité ;

- l’avis des professionnels de santé quant à l’utilité d’un protocole de sédation

avant intubation en salle de naissance.

III.2 Méthodologie

Type d’étude

Il s’agit d’une étude observationnelle et transversale permettant de faire un état des

lieux sur les pratiques de sédation avant intubation en salle de naissance dans deux

hôpitaux de l’AP-HP de niveau III : Antoine Béclère qui possède un protocole de sédation

avant intubation en salle de naissance (Annexes 5) et Armand Trousseau qui n’en possède

pas.

L’étude s’est déroulée du 11 septembre 2009 au 15 janvier 2010 inclus. Au début

du mois de septembre, lors de staff, nous avons présenté le sujet ainsi que le déroulement

de l’étude devant les équipes de sages-femmes et pédiatres de chaque hôpital, à l’aide d’un

support informatique Power Point (Annexe 6).

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Nous avons choisi Armand Trousseau et Antoine Béclère, similaires au niveau de

leur nombre d’accouchements par an (à Béclère, en 2008 : 2411 accouchements et en

2009 : 2489 accouchements, morts-nés et IMG exclus ; nous n’avons pas pu récupérer de

chiffres exacts à Trousseau) ainsi qu’au niveau de leur nombre d’enfants intubés, ce

dernier point observé sur une période de 6 mois en 2008-2009. Trousseau possède huit lits

de réanimation néonatale et Béclère en possède 16 (tous ne sont ouverts continuellement).

Critères d’inclusion

Tous les nouveau-nés intubés en salle de naissance étaient inclus, quelques soient

leur terme et l’indication d’intubation.

L’inclusion des nouveau-nés s’est faite de manière prospective. Nous avons

recueilli des informations et observé les pratiques à chaque naissance qui nécessitait une

intubation sur la période d’étude. L’exhaustivité du signalement était contrôlée à posteriori

dans des cahiers d’intubation remplis par les pédiatres à Béclère ou dans le cahier

d’accouchement à Trousseau.

Outil de recueil de données

L’outil mis en place pour l’étude était un questionnaire (Annexe 7). Il était destiné

aux sages-femmes et pédiatres de salle de naissance et était disponible en salle de

naissance, près des tables de réanimation afin d’être rempli après chaque intubation par

l’opérateur ayant intubé.

Ce questionnaire comprenait 2 parties :

- La première partie concernait les données démographiques de l’enfant intubé

(terme et poids de naissance, apgar…) ainsi que les indications de l’intubation (détresse

respiratoire, inhalation méconiale…).

- La deuxième partie concernait l’administration ou non d’une sédation.

En l’absence de sédation, nous demandions les motifs et si une sédation était

administrée nous demandions le type de médicament utilisé, la posologie, la voie

empruntée et l’efficacité.

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Pour les deux situations (absence ou présence de sédation), nous demandions le

nombre de tentatives d’intubations, la fréquence cardiaque et la saturation en oxygène au

moment du geste ainsi que les conditions d’intubation. Il n’y avait pas d’évaluation de la

douleur provoquée par l’intubation dans notre étude. L’efficacité de la sédation éventuelle

était donc subjective.

Enfin, nous demandions aux professionnels ayant intubés si la présence d’un

protocole en salle de naissance leur semblait utile ou non.

Traitements des données

Le logiciel Epi-Data a été utilisé pour la saisie des données et le logiciel Excel pour

la mise en forme des résultats (tableaux et graphiques).

IV. Résultats

Le test du Chi-2 n’a jamais été utilisé en raison des petits effectifs étudiés.

IV.1 Taux de réponses

A Trousseau, sur la période d’étude, nous avons récupéré 33 questionnaires sur 39

enfants intubés. Le taux de réponse à Trousseau était donc 84,6 %. Les informations

concernant les 6 questionnaires manquants n’ont pas été récupérées et incluses dans l’étude

par manque de temps.

A Béclère, sur la période d’étude, il y a eu 82 enfants intubés. Nous avons pu

récupérer 42 questionnaires (dont 12 entièrement remplis). Le taux de réponses à Béclère

était donc de 51,2 %. Les informations manquantes des 40 patients restants ont été

récupérées par l’intermédiaire des dossiers médicaux informatiques ou d’un livret de

recueil rempli par les pédiatres de Béclère. Certaines autres informations ont été recueillies

à posteriori auprès des pédiatres. Cependant, certaines informations n’ont jamais pu être

retrouvées.

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IV.2 Présentation de l’échantillon

Le nombre de patients inclus dans l’étude sur la période du 11 septembre 2009 au

15 janvier 2010 est de 115 avec une répartition de:

- 28,1 % d’enfants nés à Trousseau (n=33).

- 71,3 % d’enfants nés à Béclère (n=82).

1) La répartition selon les sexes de l’échantillon total (Béclère et Trousseau) est:

- 47,8 % de nouveau-nés de sexe féminin.

- 52,2 % de nouveau-nés de sexe masculin.

2) Sur les deux hôpitaux, la répartition des termes de naissance est:

Termes de naissance en SA

On observe que la majorité des nouveau-nés intubés en salle de naissance sont des

nouveau-nés prématurés de terme inférieur ou égal à 32 SA.

Répartition des termes de naissance dans les 2 hôpitaux

35,40%

37,80%

20,70%

6,10%

18,20%

42,40%

18,20%

21,20%

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

35,00%

40,00%

45,00%

=<28 > 28 =< 32 > 32 =<36 > 36

Po

urc

en

tag

es

Béclère (n=82)

Trousseau (n=33)

n=29

n=31

n=17 n=6

n=6 n=14 n=7

n=5

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34

3) Les caractéristiques des enfants intubés à Trousseau (n=33) et à Béclère (n=82)

sur la période d’étude sont:

Moyenne médiane min-max

Trousseau Béclère Trousseau Béclère Trousseau Béclère

poids (g) 1878,5 1391,3 1500 1170 705 - 4060 560 - 4010

apgar 1 min 6 5,2 7 6 0 - 10 0 - 10

apgar 5 min 7,9 7,1 8 8 1 - 10 1 - 10

apgar 10 min 9 8,3 9 9 4 - 10 2 - 10

Age IT (min) 16,4 22,9 10 12 1 - 50 2 - 215

Les nouveau-nés intubés à Béclère ont un poids ainsi qu’un apgar à 1, 5 et 10 minutes en

moyenne plus faibles qu’à Trousseau. Nous observons également qu’à Béclère les

nouveau-nés sont intubés plus tardivement.

4) Les opérateurs ayant intubé dans les deux centres sur la période d’étude sont:

Opérateurs Pédiatres Sages-femmes

Pédiatre et

SF

Interne en

pédiatrie

Béclère

(n=36/42) 61,10% 8,30% 25% 5,60%

Trousseau

(n=33) 81,80% 18,20%

A Béclère, les pourcentages ont été calculés sur 36 patients car cette information n’était

pas toujours donnée dans les 42 questionnaires recueillis.

A Béclère comme à Trousseau, les pédiatres ont intubé en majorité pendant la période

d’étude.

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35

5) Les indications d’intubation:

.

Répartition des indications d'intubation dans les

deux centres

3,7%1,2%4,9%

61%62,2%

6,1%12,2%3%

6,1%

9,1%12,1%

24,2%

15,2%

60,6%

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

Détre

sse

resp

i

MM

H

Sur

f pro

ph

Ano

xie

Inha

latio

n méc

o

Séd

até

pp

EM

A

Ané

mié

Indications d'intubation

Po

uc

en

tag

es

Béclère

(n=82)

Trousseau

(n=33)

Pour chaque centre, le pourcentage total des indications dépasse 100% car pour une

même intubation, plusieurs indications d’intubation étaient sélectionnées.

Dans les deux centres, les trois indications principales d’intubation sont la détresse

respiratoire, la maladie des membranes hyalines et l’administration de surfactant

prophylactique.

IV.3 La sédation

1) Les enfants sédatés sur l’échantillon total sont répartis de la manière suivante:

Il y a eu 18,30 % enfants sédatés avant d’être intubés dans les deux centres réunis, cela

représente 21 enfants sédatés sur les 115 enfants intubés de l’étude.

Répartition de la sédation

sur l'échantillon total (n=115)

18,30% (n=21)

81,70% (n=94)

sédation

absence de sédation

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36

2) Les enfants sédatés dans chaque centre sont répartis de la manière suivante :

A Trousseau, aucun nouveau-né sur les 33 intubés n’a reçu de sédation avant

intubation en salle de naissance.

A Béclère, 21 nouveau-nés sur les 82 intubés ont reçu une sédation avant intubation

en salle de naissance (ils sont en fait les 21 nouveau-nés sédatés de l’échantillon total).

A Béclère, il y a eu 25,6 % d’enfants sédatés avant d’être intubés.

3) Le terme des enfants sédatés à Béclère:

Aucun des enfants nés à un terme inférieur à 28 SA n’a été sédaté avant d’être intubé.

Répartition des enfants sédatés en fonction de

leur terme

4,80%

42,80%

52,40%

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

> 28 =< 32 > 32 =<36 > 36

Termes en SA

Po

urc

en

tag

es

s

Sédatés (n=21) n=11

n=9

n=1

Répartition des enfants sédatés à

Béclère (n=82)

74,40% (n=61)

25,60% (n=21)

sédation

absence de sédation

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37

4) Les caractéristiques des enfants sédatés à Béclère sont:

Sédatés (n=21) moyenne médiane min-max

poids (g) 1818,1 1850 840 – 4010

apgar 1 min 6,2 7 1 – 10

apgar 5 min 8,1 9 5 – 10

apgar 10 min 8,7 9 7 – 10

âge IT (min) 52,6 32,5 2 – 215

Les apgars à 1 et 5 min des enfants sédatés sont en moyenne meilleurs que ceux

des échantillons globaux de Trousseau et Béclère (enfants sédatés et non sédatés). Quand il

y a une sédation, l’âge de vie à l’intubation est deux à trois fois plus élevé que celui calculé

sur l’échantillon global de Béclère et de Trousseau.

5) Les indications d’intubation des enfants sédatés à Béclère sont:

Les enfants ayant pu être sédatés avant d’être intubés l’ont été dans 71,40 % des

cas pour détresse respiratoire et dans 42,90 % des cas pour maladie des membranes

hyalines.

Indications d'intubation des enfants sédatés

avant d'être intubés

4,80% (n=1)

42,90% (n=9) 4,80% (n=1)

71,40% (n=15)

Détresse respi Anoxie MMH EMA

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38

6) L’utilisation des sédatifs à Béclère se répartit de la façon suivante :

Types de sédatif : Le total des pourcentages dépassent 100% car, pour un même

nouveau-né, deux sortes de sédatifs ont été utilisés. Le sédatif utilisé en priorité est le

nubain® (61,90 %) puis le sufenta® (23,80 %) et enfin l’hypnovel® (19,40 %). Les

sédatifs (morphine, kétamine, diprivan et autres) n’ont pas été représentés car non utilisés.

Association avec l’atropine : il y a eu 18 cas d’association avec l’atropine sur les 21

enfants sédatés dont 13 fois avec le nubain®, 5 fois avec le sufenta® et 4 fois avec

l’hypnovel®.

Voies d’administration : le nubain® est administré en intra-veineux dans 47 ,6 % des

cas. Le sufenta® est exclusivement administré en intra-veineux et l’hypnovel®

exclusivement en intra-rectal. La voie veineuse a été posée par une infirmière de la

Voie d ' administration des sédatifs en fonction

du type de sédatif

19,00%

47,60%

14,30% 19,00%

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

Sufenta® Nubain® Hypnovel®

Type de sédatif

Po

urc

en

tag

es

s

IV

IR

Répartition des sédatifs utilisés à Béclère

19,40%

61,90%

23,80%

Hypnovel®

Nubain®

Sufenta® n=13

n=4 n=5

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39

néonatologie dans 52,4 % des cas (11 nouveau-nés sur les 21 sédatés). Nous ignorons qui a

posé la voie veineuse pour 3 autres nouveau-nés. Le reste des nouveau-nés a bénéficié

d’une administration de sédatif par la voie intra-rectale et nous n’avons pas reçu

l’information de la voie d’administration du sédatif pour un seul nouveau-né.

Posologies utilisées : le nubain® a été utilisé 4 fois avec une posologie de 0,2 mg/kg,

l’hypnovel® a été utilisé 2 fois avec une posologie de 0,1 mg/kg. Enfin, le sufenta® a été

utilisé une fois à 0,2 gamma/kg. Pour les autres fois où les enfants ont été sédatés, nous

n’avons pas pu récupérer les doses administrées.

Efficacité : l’information sur l’efficacité a été récupérée pour 14 cas d’enfants sédatés

avant d’être intubés. Dans 100 % des cas, l’efficacité du produit administré était observée.

7) La répartition d’utilisation des sédatifs en fonction des termes à Béclère est :

Le nubain® est utilisé dans 42,90 % des cas (n=9) chez les enfants nés entre 28 et

32 SA. Entre 32 et 36 SA, le nubain® est utilisé en majorité dans 23,80 % des cas (n=4),

l’hypnovel® et le sufenta® sont autant utilisés à ce terme dans 14,30% des cas (n=3 pour

l’hypnovel® et n=3 pour le sufenta®). Au terme supérieur à 36 SA, l’hypnovel® est le

seul utilisé (n=1).

Le total des pourcentages dépassent 100 % car un même nouveau-né a reçu deux

sédatifs différents (nubain® et hypnovel®).

Répartition de l'utilisation de sédatifs en

fonction des termes

42,90%

23,80%

14,30%

4,80% 4,80%

14,30%

0,00% 5,00%

10,00% 15,00% 20,00% 25,00% 30,00% 35,00% 40,00% 45,00% 50,00%

> 28 =< 32 > 32 =<36 > 36

Terme en SA

Po

urc

en

tag

es

s

nubain®

hypnovel®

sufenta®

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40

8) Incidences de l’intubation sur les paramètres physiologiques de l’intubation :

Les données concernant les effets secondaires n’ont été récupérées que pour très peu de

cas (précisés entre parenthèses).

Avec sédation Moyenne Médiane Min-Max

Nombre de tentatives

d'intubation (n= 14/21) 1 1 1 - 2

SpO2 (n=7/21) en % 78,6 80 70 - 80

FC (n=7/21) en bpm 124,3 120 120 - 140

Avec sédation Bonnes Mauvaises

Conditions d'IT 78,6%(n=11/21) 21,4% (n=3/21)

A Béclère, les conditions d’intubation avec sédation préalable sont bonnes dans 78,6 % .

IV.4 L’absence de sédation

1) Les raisons pour lesquelles les enfants n’ont pas été sédatés avant d’être intubés

dans les deux centres sont:

Raisons de non sédation dans les deux centres

100%

42,40%

9,10%21,20%

60,60%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

Urgence

vitale

Absence

pers

Sédatif

non

accès

Absence

protocole

Raisons de non sédation

Po

ucen

tag

es

Béclère (n=26/82)

Trousseau (n=33)

A Béclère, nous n’avons pu récupérer cette information que pour 26 patients. La

seule raison évoquée était le contexte d’urgence vitale.

A Trousseau, le total des pourcentages est supérieur à 100 % car plusieurs raisons

de non sédation étaient évoquées pour un même nouveau-né. Dans ce centre, les trois

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41

principales raisons évoquées étaient en premier le contexte d’urgence vitale, en second

l’absence de personnel pour poser une voie veineuse et enfin l’absence de protocole.

2) Les caractéristiques des nouveau-nés non sédatés à Béclère sont:

Non sédatés moyenne Médiane min-max

poids (g) 1216,4 1080 560 – 3790

apgar 1 min 4,8 5 0 – 10

apgar 5 min 6,8 7 1 – 10

apgar 10 min 8,1 9 3 – 10

Age IT (min) 12,7 10 2 – 150

On remarque qu’ils ont un poids en moyenne plus faible que celui des enfants

sédatés. De même, les apgars à 1, 5 et 10 minutes sont plus bas que ceux des enfants

sédatés. Enfin, l’âge de vie à l’intubation est également plus réduit que celui des enfants

sédatés.

3) Les termes des nouveau-nés non sédatés sont :

On observe que la plupart des nouveau-nés qui ne sont pas sédatés avant d’être

intubés sont de terme inférieur ou égal à 32 SA avec une majorité d’enfants de terme

inférieur ou égal à 28 SA.

Termes des enfants non sédatés (n=61)

47,50% (n=29)

5,00% (n=3) 16,40%

(n=10)

31,10% (n=19)

=<28 > 28 =< 32 > 32 =<36 > 36

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42

4) Les indications d’intubation à Béclère lorsque les enfants ne sont pas sédatés avant

d’être intubés sont:

Indications d'intubation des nouveau-nés non

sédatés

67,20%

59%

13,40%

6,60%

6,60%

1,60%

1,60%

MMH

Détresse respi

Surf proph

Anoxie

Inhal méco

EMA

Anémié

On remarque que les deux plus fréquentes indications d’intubation des enfants non

sédatés (la détresse respiratoire et la MMH) sont les mêmes que celles des enfants sédatés.

5) Incidences de l’intubation sur les paramètres physiologiques de l’intubation :

Les informations n’ont pas pu être recueillies pour tous les cas (précisées entre

parenthèses). A Béclère, sur les 42 questionnaires, il y a eu 16 enfants sédatés donc les

tentatives, la SpO2 et la FC sans sédation ont été calculées sur 26 questionnaires.

Moyenne Médiane Min-Max

Trousseau (n=33)

Béclère (n=26) Trousseau Béclère Trousseau Béclère

Tentatives 1 (33/33) 1 (24/26) 1 1 1 – 4 1 - 2

SpO2 61 (30/33) 62,5 (8/26) 70 65 15 - 85 40 - 80

FC 104 (29/33) 94 (8/26) 130 100 40 - 150 60 - 140

Nous remarquons qu’en l’absence de sédation, le nombre de tentatives d’intubation

est en moyenne le même dans les deux centres. Il en est de même pour les moyennes de la

saturation en oxygène et la fréquence cardiaque.

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43

Conditions d’IT sans sédation Béclère (n=25) Trousseau (n=32)

Bonnes 60% (n=15) 62,5% (n=20)

Moyennes 40% (n=10) 28,1% (n=9)

Mauvaises 0% 9,4% (n=3)

Concernant les conditions d’intubation sans sédation dans les deux centres, elles

sont bonnes pour 62,5 % des intubations à Trousseau et pour 60 % à Béclère. A Trousseau,

il est rapporté que 9,4 % des intubations se sont faites dans de mauvaises conditions.

L’intérêt de ces deux derniers tableaux est de comparer leurs données avec celles

des enfants qui ont été sédatés. La moyenne du nombre de tentatives d’intubation avec ou

sans sédation est la même. Nous observons cependant que les moyennes de la saturation en

oxygène et de la fréquence cardiaque sont plus basses quand il n’y a pas de sédation. A

Béclère, les conditions d’intubation lorsque les nouveau-nés étaient sédatés étaient bonnes

dans 78,6% des cas (11 nouveau-nés sur les 21 sédatés) contre 60 % quand ils n’étaient pas

sédatés.

V.5 L’intérêt d’un protocole

Interêt d'un protocole de sédation avant

intubation dans les deux centres

85,70%

14,30%

90,90%

9,10%

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

80,00%

90,00%

100,00%

Oui Non

Avis

Po

urc

en

tag

e

Béclère (n=42)

Trousseau (n=33)

A Trousseau, 90,9 % des professionnels ayant intubés sont favorables à la mise en

place d’un protocole afin de systématiser la pratique de la sédation avant intubation en

salle de naissance. A Béclère, sur 42 questionnaires récupérés, 85,7 % des opérateurs ont

également répondu favorable à la mise en place d’un protocole de sédation avant

intubation en salle de naissance.

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44

PARTIE 3

ANALYSE/DISCUSSION et PROPOSITIONS

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45

V. Analyse et discussion

La sédation

La description des pratiques de la sédation avant intubation des nouveau-nés et les

molécules utilisées ont de nombreuses fois été abordées, notamment dans les unités de

réanimation néonatale [1,17,21] mais aussi lors du transport par le SMUR pédiatrique

[22,23]. A l’inverse, il n’existe actuellement que très peu d’étude sur la sédation avant

intubation en salle de naissance, lieu considéré comme particulier et où la prise en charge

de la douleur néonatale est encore à améliorer.

Dans notre étude, l’information sur l’administration ou non d’une sédation avant

intubation a été exhaustive, de même pour les types de molécules utilisées.

Dans les deux centres, il y a eu 18,3% de nouveau-nés sédatés avant d’être intubés

(21 sur 115 au total), ce qui représente un taux relativement faible.

Ce pourcentage peut s’expliquer sur différents points :

- les intubations en salle de naissance sont des intubations le plus souvent faites dans

l’urgence, ce sont les premières raisons évoquées dans les deux centres : 100 % à Béclère

(sur 26 réponses obtenues à cette question, le contexte d’urgence vitale a été évoqué 26

fois) et 60,6 % à Trousseau (20 nouveau-nés sur les 33 intubés) ;

- la prise en charge de la douleur néonatale en salle de naissance n’est pas encore une

priorité ;

- il est toujours plus délicat pour le personnel d’utiliser des sédatifs/anesthésiants sur des

nouveau-nés malgré le recul que nous avons sur leurs effets secondaires. Les réactions à

ces produits peuvent être davantage craintes quand elles concernent les enfants de petits

poids ou très prématurés ;

- la salle de naissance est un lieu où il y a rarement du personnel dédié à ne s’occuper que

des nouveau-nés, ce qui ne facilite pas leur prise en charge pour perfuser ou préparer les

produits [1].

Les enfants sédatés ne proviennent que du centre où il y a un protocole de sédation

avant intubation en salle de naissance. Cela confirme donc l’hypothèse que la présence

d’un protocole de sédation avant intubation en salle de naissance augmente la

fréquence des enfants sédatés avant d’être intubés en salle de naissance. En effet, pour

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46

Trousseau, dans 21,2 % des cas (7 cas sur 33), il n’y a pas eu de sédation car il n’y avait

pas de protocole auquel se référer. C’est un des arguments utilisé par l’équipe de

Trousseau pour ne pas sédater. D’après notre étude, 90,9 % des professionnels ayant

répondu au questionnaire à Trousseau estiment que la présence d’un protocole permettrait

de changer les pratiques de sédation avant intubation en salle de naissance et ainsi donc

une systématisation de la sédation avant intubation.

A Béclère, sur les 42 questionnaires récupérés, 85,7 % du personnel y ayant

répondu sont également favorables à un protocole et pour les mêmes raisons qu’à

Trousseau. Après discussion avec l’équipe de Béclère, un protocole semble utile car il

permet à l’infirmière de salle de naissance ou la sage-femme de préparer les produits à

administrer sans que le pédiatre, qui est occupé à la réanimation, ait besoin de le prescrire

en détail. Cependant, pour eux, la mise en place d’un même protocole dans toutes les salles

de naissances leur semble assez difficile car chaque service fonctionne différemment sur

les doses et les dilutions et il y a beaucoup de désaccords quant au type de sédatif à utiliser.

Les enfants sédatés provenant du centre où il y a un protocole ne l’ont été que dans

environ un quart des cas, ce qui reste un pourcentage faible. Malgré la présence d’un

protocole, la pratique de la sédation avant intubation en salle de naissance n’est pas

fréquente. Cela peut s’expliquer par le nombre important d’intubations se faisant dans

l’urgence et où la question de la sédation ne se pose donc pas. Il s’agit aussi peut-être d’un

manque de temps et de difficultés d’organisation : en effet, à Béclère, les

sédatifs/anesthésiants n’étant pas disponibles en salle de naissance, c’est l’infirmière

anesthésiste qui les délivre et elle n’est pas toujours disponible. Il faut donc pouvoir la

solliciter et en même temps surveiller l’enfant qui est sous PPC nasale. De plus,

l’infirmière de néonatologie qui vient pour perfuser les nouveau-nés en salle de naissance

n’était peut-être pas toujours disponible quand son aide était requise. Les à priori

concernant l’efficacité des traitements sédatifs/anesthésiques sont peut-être également un

frein à la sédation.

Les deux premières indications d’intubation des nouveau-nés sédatés sont les

mêmes que celles des nouveau-nés qui n’ont pas été sédatés. Si, pour les deux populations

(sédatés/pas sédatés), les intubations se font pour les mêmes raisons, pourquoi n’y a-t-il

pas plus d’enfants sédatés avant d’être intubés? Nous pouvons penser que la décision d’une

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47

sédation/analgésie ne repose donc pas uniquement sur les indications d’intubation mais sur

d’autres facteurs. A Béclère, nous remarquons que les nouveau-nés de terme inférieur à 28

SA n’ont jamais été sédatés. Ils représentent le plus grand taux de nouveau-nés non sédatés

à la naissance et pourtant ils sont 35,4 % à naître à ce terme à Béclère. Ceci peut

s’expliquer par le fait que ce sont des enfants ayant un plus mauvais état général à la

naissance que les nouveau-nés de terme plus avancé et qu’ils nécessitent rapidement

l’instillation de surfactant prophylactique (avant 30 minutes de vie, idéalement 10

minutes). Ainsi, même s’ils sont stables sous PPC nasale, l’intubation doit se faire plus tôt

et ne permet donc pas une sédation préalable. De plus, nous pouvons penser qu’il est

toujours plus difficile de poser une voie veineuse sur un grand prématuré et que les équipes

sont moins à l’aise avec les molécules chez les prématurés inférieurs à 28 SA.

A Béclère, 11 enfants nés entre 28 et 32 SA ont été sédatés (52,4 %). Ce sont à ces

termes que les nouveau-nés sont les plus sédatés à Béclère. A Trousseau, 42,4 % des

nouveau-nés sont entre 28 et 32 SA également, hors aucun n’a été sédaté. Une des raisons

d’explication de l’absence de sédation à Trousseau serait que les nouveau-nés qui y sont

nés avaient un plus mauvais été général que ceux nés à Béclère. Hors, nous n’observons

pas de différence significative des poids, apgars à 1, 5 et 10 minutes entre les enfants nés à

Trousseau et ceux sédatés à Béclère. Certains enfants auraient donc peut-être pu

bénéficier d’une sédation. L’étude rapporte que dans 42,4 % des cas à Trousseau,

l’absence de personnel pour poser une voie était un obstacle à la sédation du nouveau-né

ainsi que l’absence de protocole dans 21,2 % des cas.

Le poids de naissance des nouveau-nés sédatés est plus élevé que celui calculé en

moyenne sur l’échantillon global de Béclère et Trousseau ainsi que celui des enfants qui

n’ont pas été sédatés. Ces résultats semblent logiques, le petit poids d’un nouveau-né est

souvent lié à la prématurité et à la mauvaise adaptation extra-utérine. Cependant, après

discussion avec les équipes de Béclère, un petit poids de naissance n’est pas une contre-

indication à la sédation. Nous pouvons voir dans nos résultats qu’un nouveau-né pesant

840 g a été sédaté avant d’être intubé. Seuls le termes (pour l’instillation précoce de

surfactant prophylactique) et l’état général à la naissance sont des arguments pour

discuter une sédation.

Les apgars des nouveau-nés sédatés sont meilleurs que ceux calculés sur les deux

centres ainsi que ceux des enfants non sédatés. Les enfants sédatés ne nécessitent pas une

intubation dans l’extrême urgence, c’est pour cette raison qu’ils peuvent être sédatés. La

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48

question de la sédation ne se pose pas devant une détresse respiratoire majeure ou un état

de mort apparente. Le contexte d’urgence vitale est en effet rapporté dans 100 % des cas

des enfants non sédatés à Béclère (sur 26 réponses) et c’est la première raison d’absence de

sédation à Trousseau. Cependant, nous pouvons observer que l’âge de vie à l’intubation à

Trousseau est en moyenne de 16,4 minutes de vie et à Béclère, en l’absence de sédation de

12,7 minutes. Ces durées non négligeables auraient-elles pu permettre une sédation ? Nous

ne pouvons répondre à cette question qu’avec une meilleure connaissance de la durée

d’action des sédatifs en fonction du poids du nouveau-né. Il faut néanmoins remarquer que

l’âge de vie à l’intubation des nouveau-nés sédatés à Béclère est beaucoup plus élevé : 52,6

minutes. Une sédation nécessite une certaine organisation des soins et donc un délai

plus long avant l’intubation.

Le nubain® (nalbuphine) et le sufenta® (sufentanil) sont les deux sédatifs utilisés

majoritairement, avant l’hypnovel® (midazolam). Le nubain® est utilisé dans 47,6 % des

cas en voie intra-veineuse. Le sufenta®, quant à lui, est administré exclusivement en voie

intra-veineuse et l’hypnovel® exclusivement par la voie rectale.

Nous observons donc que les sédatifs sont administrés majoritairement en voie

intra-veineuse. Les nouveau-nés sont dans ces cas stabilisés en PPC nasale ce qui laisse le

temps de poser une voie veineuse et ainsi permettre une sédation. A Béclère, une infirmière

de néonatologie était présente dans 11 cas sur 21 pour poser une voie veineuse. A

Trousseau, l’organisation semble différente étant donné que l’absence de sédation était

justifiée par l’absence d’aide pour poser une voie.

La difficulté du choix du produit à utiliser pour la sédation, en plus des difficultés

d’organisation pour poser une voie veineuse font penser que l’administration par les voies

intra-rectale et intra-funiculaire mérite d’être davantage étudiées. En effet, en dehors des

situations d’extrême urgence comme la détresse respiratoire majeure ou l’état de mort

apparente, l’intubation vigile ne devrait pas avoir lieu. Il serait d’ailleurs impensable

d’intuber un enfant plus grand ou un adulte de cette façon.

Concernant les types de sédatifs utilisés, dans notre étude, le nubain® est employé

majoritairement pour les termes compris entre 28 et 36 SA. Cependant, certaines

publications incitent à la prudence lors de l’utilisation de nubain® chez le nouveau-né.

L’administration chez la mère avant l’accouchement peut provoquer des troubles du

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rythme cardiaque fœtal [26], une bradycardie fœtale [27] et une dépression respiratoire

chez le nouveau-né à la naissance [27,28]. De même, l’étude Walter-Nicolet [1] rapporte

qu’une hypotension artérielle et une dépression respiratoire ont été observées après

l’administration de nalbuphine et de midazolam chez le nouveau-né. L’efficacité du

nubain® est également remise en cause en ce qui concerne la douleur provoquée par le

geste de l’intubation.

Dans notre étude, le midazolam, même s’il n’a été utilisé que dans 19,4 % des cas

(4 fois sur 21) est exclusivement admininistré chez les nouveau-nés de terme supérieur à

32 SA et autant de fois que le sufenta entre 32 et 36 SA. Pourtant, l’hypnovel® n’est pas

un agent analgésiant mais un hypnotique. Son efficacité ainsi que la sécurité de son

utilisation comme sédatif unique pour les intubations du nouveau-né sont mises en doute.

Des épisodes de désaturations et la nécessité d’entreprendre des manœuvres de réanimation

cardiopulmonaires chez des enfants ayant reçu du midazolam ont été rapportées lors d’une

étude randomisée conduite par Attardi, et al [25]. Cette étude fut donc arrêtée précocement,

elle évaluait trois types d’intervention (placebo, atropine® plus placebo et atropine® plus

midazolam) lors d’intubations chez les nouveau-nés prématurés.

Il y a donc un désaccord entre ce que rapportent les publications et les

molécules utilisées en salle de naissance pour la sédation avant intubation.

Concernant le sufenta® dans notre étude, celui-ci a autant été utilisé que

l’hypnovel® entre 32 et 36 SA. C’est d’ailleurs surtout à ce terme qu’il a été utilisé.

Comme nous l’avons déjà dit, le sufenta® est un puissant morphinique. Seguin, et al. ont

rapportés l’efficacité et la bonne tolérance d’une dose de charge suivie d’une perfusion

continue [29]. Il a également été rapporté que l’administration de sufentanil aux nouveau-

nés très prématurés modifiait leur éléctroencéphalogramme (EEG). Leurs interprétations

devaient donc prendre en compte l’administration de sufenta® [30]. A Béclère, le

protocole n’indique pas de sufentanil avant 32 SA. En effet, après discussion avec les

pédiatres de Béclère, ceux-ci redoutent les effets secondaires (rigidité thoracique et

dépression respiratoire) d’un si puissant morphinique chez le prématuré de terme inférieur

à 32 SA. Les données de la littérature n’indiquent pas s’il est à utiliser avec plus de

prudence quand les nouveau-nés sont très prématurés.

Concernant les effets secondaires de l’intubation avec ou sans sédation, nous

n’avons pas récupéré suffisamment d’informations pour conclure quant aux effets

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50

bénéfiques éventuels d’une sédation sur la fréquence cardiaque et la saturation en oxygène

lors de l’intubation ainsi que sur les conditions et le nombre de tentatives d’intubation.

Nous ne pourrons qu’observer nos résultats et les comparer avec les données de la

littérature.

En présence d’une sédation, pour 14 réponses obtenues sur les 21 nouveau-nés

sédatés, il y a eu en moyenne une seule tentative d’intubation. Il en est de même lorsque

les enfants n’ont pas été sédatés dans les deux centres. La littérature rapporte qu’il y a

moins de tentatives d’intubation lorsque l’enfant est sédaté [23,31]. Nous pouvons juste

constater qu’en l’absence de sédation à Trousseau comme à Béclère, nous avons pu

observer au maximum 4 tentatives à Trousseau et 2 à Béclère.

Les fréquences cardiaques et les saturations sont moins basses lorsqu’il y a eu une

sédation. Mais comme nous n’avons reçu l’information que pour 7 cas d’enfants sédatés,

nous ne pouvons pas conclure sur le fait que cela confirme les données de la littérature

même si nos résultats s’en rapprochent. Nous observons qu’il y a eu 18 associations avec

l’atropine pour les 21 enfants sédatés, ce qui pourrait donc expliquer que les fréquences

cardiaques sont moins basses quand il y a eu une sédation. L’atropine permet de limiter le

réflexe vagal secondaire à l’exposition laryngée.

Les conditions d’intubation sont en majorité bonnes qu’il y ait eu une sédation ou

non. A Béclère en présence d’une sédation, les conditions d’intubation étaient mauvaises

dans 3 cas. Peut-être que la dose administrée n’était pas suffisante ou le délai entre

l’administration du sédatif et l’intubation trop court. En effet, nous pouvons nous

demander si le nubain® et l’hypnovel® sont les molécules les plus adaptées avant une

intubation, leurs délai d’action étant connus pour être longs. Cependant, dans 14 cas

rapportés concernant l’efficacité, les opérateurs ont toujours considéré que l’efficacité du

produit était observée. Nous n’avons pas pu récupéré l’information pour les autres cas

d’enfants sédatés. Mais il faut préciser que l’évaluation de l’efficacité était exclusivement

subjective donc que les réponses ont peut-être été biaisées par les variations inter-

individuelles d’appréciation des opérateurs concernant l’efficacité du sédatif.

Les posologies utilisées ont été les mêmes que celles du protocole. En effet, les

protocoles médicaux sont rédigés en se basant sur les données de la littérature et selon les

habitudes des équipes médicales. Ils servent à uniformiser les pratiques au sein d’un

service et également de bases sur lesquelles s’appuyer.

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51

L’échantillon

Nous avons choisi de faire notre étude sur deux hôpitaux de niveau III de l’AP-HP

dont nous avons décrit les pratiques de sédation avant intubation en salle de naissance.

A Trousseau, sur la période d’étude, nous avons eu un taux de réponses de 84,6 %.

A Béclère, nous avons obtenu un taux de réponses de 51,2 %. La différence dans le taux de

réponses peut donc constituer un biais dont il faut prendre compte dans l’interprétation des

résultats.

Cette différence de taux de réponses aux questionnaires entre les deux hôpitaux

peut s’expliquer sur plusieurs points :

- lors de la présentation du projet au cours des deux staffs au mois de septembre, il y

avait moins de personnes présentes à Béclère qu’à Trousseau.

- il y a eu une diminution importante des effectifs des pédiatres à Béclère pendant la

période d’étude (plusieurs congés maternité).

- il y avait d’autres études en cours en salle de naissance à Béclère.

- le personnel de Trousseau était plus sensibilisé à l’étude du fait de leur volonté

d’instaurer un protocole de sédation avant intubation en salle de naissance.

- le médecin référent à Béclère était absent pendant l’étude.

A Béclère, il y a eu 82 enfants intubés pendant la période d’étude et 33 à Trousseau.

La différence importante du nombre d’enfants intubés entre les deux hôpitaux peut

s’expliquer sur plusieurs points. Après nous être renseignés auprès du PMSI de Béclère, la

proportion d’enfants intubés n’a pas augmenté au cours de l’année 2009 par rapport à

l’année 2008. De même, le nombre d’accouchements des deux hôpitaux est similaire sur

les deux années. Le nombre d’accouchements à Béclère sur la période d’étude est de 1078

(morts-nés et IMG exclus) et de 1047 l’année précédente à la même période. Le terme

moyen des enfants nés en 2009 est 38,3 SA +/- 3,1 SA (min : 23,3 SA et max : 42,2 SA)

avec 5,98 % de prématurés de terme inférieur à 32 SA et 2,22 % de prématurés de terme

inférieur à 28 SA. A Trousseau, le nombre d’accouchement sur cette même période est de

1004 (morts-nés et IMG inclus). Nous n’avons pas pu récupérer d’autres informations mais

nous savons que Trousseau accueille moins d’extrêmes prématurés que Béclère.

La différence d’effectifs d’enfants intubés s’explique donc par la population

d’accueil différente entre les deux hôpitaux. Béclère accueille une proportion d’extrêmes

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prématurés plus importante qu’à Trousseau. D’après les résultats, le personnel de Béclère a

intubé sur la période d’étude 35,4 % de nouveau-nés de terme inférieur ou égal à 28 SA

contre 18,2 % à Trousseau. De plus, Béclère possède 16 lits de réanimation contre 8 à

Trousseau. Ils sont donc prêts à accueillir davantage de nouveau-nés ayant besoin d’être

intubés.

Concernant les caractéristiques des enfants intubés dans les deux centres, on

observe que les enfants nés à Béclère sont en moyenne de plus petits poids que ceux nés à

Trousseau (1391 g versus 1878 g). Ceci est en rapport avec la prématurité plus extrême des

enfants nés à Béclère.

Les apgars respectifs dans les deux centres sont aussi en rapport avec les

populations accueillies. Nous observons des apgars plus bas à Béclère en corrélation avec

la grande prématurité. Ce sont des enfants qui vont moins bien à la naissance que ceux nés

à Trousseau dont le terme est pour la majorité compris entre 28 et 32 SA (42,40 % à

Trousseau).

Une contradiction apparaît cependant concernant l’âge de vie à l’intubation. Nous

pourrions penser que, du fait de la plus grande prématurité à Béclère et des apgars plus bas

à la naissance, l’intubation en salle de naissance serait faite plus rapidement. Hors, nous

observons, qu’en moyenne, l’âge de vie à l’intubation des nouveau-nés à Béclère est de

22,9 minutes et qu’à Trousseau elle est de 16,4 minutes après la naissance. A Béclère, le

temps maximal avant d’intuber un enfant a été de 215 minutes et à Trousseau 50 minutes.

Cette différence d’âge de vie à l’intubation peut s’expliquer sur plusieurs points :

- les enfants à Béclère sont laissés sous PPC nasale plus longtemps qu’à Trousseau tant

qu’ils sont stables car il y a plus de personnel en salle de naissance pour les surveiller. En

effet, une infirmière dédiée aux nouveau-nés est présente depuis 2009 en salle de naissance

à Béclère. De plus, nous observons qu’à Béclère le binôme sage-femme et pédiatre ayant

intubé est représenté dans 25 % des cas. Le pédiatre n’est pas seul isolé en salle de

naissance avec l’enfant donc, par des moyens de surveillance adaptés, peut se permettre

d’attendre avant d’intuber. Cependant, nous pouvons remarquer que malgré la présence

d’une infirmière dédiée au nouveau-né en salle de naissance, il y a eu peu d’enfants sédatés

avant d’être intubés. D’après les caractéristiques des enfants non sédatés à Béclère, certains

enfants auraient probablement pu bénéficier d’une sédation avant intubation. Les apgars à

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1, 5 et 10 minutes étaient à 10 pour certains nouveau-nés non sédatés et l’un d’entre eux a

été intubé à 150 minutes de vie ce qui aurait pu laisser le temps de la pose d’une voie

veineuse et d’une sédation.

- la politique de Béclère est de minimiser au maximum la séparation mère-enfant donc le

personnel intube plus tardivement quand cela est possible pour ne pas avoir à emmener

rapidement l’enfant en réanimation néonatale.

Dans les deux centres, les nouveau-nés de terme inférieur à 28 SA sont intubés

avant 30 minutes de vie ce qui laisse peu de temps pour poser une voie veineuse et donc

permettre une sédation. La voie veineuse intra-funiculaire pourrait alors être envisagée

comme moyen d’administration de sédatifs. Cependant, pour tous les nouveau-nés de

terme supérieur à 32 SA, tant qu’ils sont stables sous PPC nasale, l’intubation peut-être

retardée pour permettre la pose d’une voie veineuse.

Dans les deux centres, on observe que ce sont les pédiatres qui ont intubés en

majorité (81,8 % à Trousseau et 61,1% à Béclère). Ceci s’explique par le fait que dans les

niveaux III, les pédiatres sont sur place tout le temps. De plus, l’âge de vie à l’intubation

étant compris en moyenne entre 16,4 et 22,9 minutes dans les deux centres. Le pédiatre a

eu le temps d’arriver en salle de naissance et de prendre en charge l’intubation avec la

sage-femme. Dans les deux centres, il y a un pédiatre de garde pour la maternité et un

autre pour les services de néonatologie et réanimation néonatale.

Les indications d’intubation

Les deux premières indications d’intubation dans les deux centres sont les mêmes :

les détresses respiratoires et les maladies des membranes hyalines. Elles sont en effet les

principales indications d’intubation en salle de naissance.

Cependant, il est important de préciser que ces résultats présentent un biais dans

l’étude. Il a souvent été sélectionné MMH sans détresse respiratoire. Hors, une MMH est

une détresse respiratoire. La question qui en ressort est donc de savoir si MMH seul voulait

indiquer instillation de surfactant prophylactique ou s’il fallait considérer qu’il y avait aussi

une détresse respiratoire.

De même, à Béclère, nous observons qu’il y a eu moins d’instillation de surfactant

prophylactique comme indication d’intubation qu’à Trousseau. Or, ceci semble peu

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probable étant donné le taux plus élevé d’extrêmes prématurés nés à Béclère, surtout que

les nouveau-nés de terme inférieur à 28 SA doivent recevoir du surfactant prophylactique

dans les 30 premières minutes de vie. Nous pouvons donc nous demander si lorsqu’il était

sélectionné MMH dans les questionnaires à Béclère, cela ne voulait pas indiquer

instillation de surfactant prophylactique.

Les résultats décrits exposent ce qui a été formellement signalé dans les

questionnaires. Rétrospectivement, il aurait fallu différencier dans le questionnaire les

items détresse respiratoire due à une MMH, détresse respiratoire due à une autre raison que

MMH et enfin surfactant prophylactique sans détresse respiratoire et surfactant

prophylactique en plus d’une détresse respiratoire.

VI. PROPOSITIONS

Concernant la sédation

La rédaction d’un protocole précis de sédation avant intubation du nouveau-né

permettrait à l’ensemble des équipes travaillant en salle de naissance (pédiatres, sages-

femmes, infirmières, auxiliaires de puéricultures) de se familiariser avec les médicaments

utilisés dans le service et de connaître les posologies et effets secondaires. Il faudrait donc

proposer aux équipes une réunion de concertation sur les différents types de molécules à

utiliser, chacun pouvant apporter l’expérience qu’il en a et les données de la littérature

qu’il connaît. En effet, d’après notre étude, le personnel semble intéressé par l’instauration

d’un protocole de sédation avant intubation en salle de naissance donc la motivation du

personnel n’est pas un frein à la mise en place d’un protocole.

Pour plus de praticabilité, certaines données, facilement accessibles à tous,

pourraient être écrites de façon très claire et précise dans la salle de naissance. Ces données

concerneraient : les indications de sédation en fonction de l’état général du nouveau-né à la

naissance, les sédatifs à utiliser en fonction du terme ainsi que les doses à administrer en

fonction du poids du nouveau-né. Nous pourrions imaginer un cahier mural ou une

pancarte affichée près des tables de réanimation néonatales. Cela permettrait de gagner du

temps en anticipant la préparation des sédatifs ou anesthésiants.

Les sédatifs/anesthésiants pourraient être disponibles en salle de naissance comme

le sont les produits pour l’analgésie péridurale. Cela permettrait également de faire gagner

du temps et ainsi de ne pas dissuader de réaliser une sédation avant l’intubation.

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Concernant les voies d’administration des sédatifs ou anesthésiants, il semble

préférable de privilégier la voie intra-rectale. En effet, cette voie ne nécessite pas

obligatoirement une personne en plus pour poser une voie veineuse et elle est

probablement la moins douloureuse pour le nouveau-né. De plus, de nombreuses

molécules comme la kétamine, la nalbuphine, le midazolam et le diazepam sont

disponibles sous la forme intra-rectale. La kétamine semble d’ailleurs très prometteuse

pour la sédation et l’analgésie du nouveau-né avant l’intubation en salle de naissance. En

effet, sa facilité d’administration et son efficacité sur le plan analgésique et amnésique font

d’elle un excellent choix pour le soulagement de la douleur des gestes. Cependant, malgré

sa large utilisation en réanimation néonatale pour la sédation et l’analgésie du nouveau-né,

d’autres études sont nécessaires pour évaluer ses effets physiologiques et

comportementaux lors de son utilisation dans le soulagement de la douleur des gestes des

nouveau-nés à terme et prématurés [31].

La voie intra-veineuse funiculaire pourrait également être envisagée tout en

respectant des conditions d’asepsie strictes.

Concernant l’organisation

Dans tous les cas, la présence d’une infirmière dédiée au nouveau-né en salle de

naissance serait bénéfique tant pour poser une voie veineuse que pour surveiller le

nouveau-né et ainsi permettrait au pédiatre ou à la sage-femme de ne pas être isolé pour

pratiquer une sédation avant l’intubation. Sa présence serait d’autant plus importante dans

les hôpitaux de niveau III où le nombre d’enfants intubés est plus important que dans les

centres n’accueillant pas autant de prématurité. L’absence de puéricultrice ou d’infirmière

dédiée au nouveau-né pour la préparation et l’administration des médicaments ainsi que

pour sa surveillance et l’isolement du pédiatre étaient évoqués dans l’étude Walter-Nicolet

[1] faite dans les salles de naissance de niveau III et IIb d’Ile-de-France en 2004. Il ne

semble cependant pas y avoir eu de changements concernant le personnel en salle de

naissance depuis cette étude.

Concernant la sensibilisation au sujet et la formation

De façon plus générale, il faudrait continuer la sensibilisation des actuels et futurs

professionnels au sujet de la douleur. Les études de sages-femmes pourraient davantage

insister sur les soins infirmiers néonataux afin qu’elles soient davantage familiarisées avec

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la pose de perfusion veineuse. En effet, durant la première année, des stages

supplémentaires en soins infirmiers dans les services de réanimation néonatale ou

néonatologie pourraient être proposés (ou dans un bloc opératoire pédiatrique) afin de ne

privilégier que les soins faits en maternité.

Les études sur la prise en charge de la douleur du nouveau-né doivent constamment

être poursuivies afin de faire connaître les progrès qu’il y a eu sur le sujet mais aussi pour

améliorer ce qui est déjà fait. Les effets secondaires à court et à long terme des sédatifs

utilisés devraient également continués à être étudiés, en instaurant un suivi à distance des

nouveau-nés ayant reçu des sédatifs/analgésiques dès la naissance. Les études sur la

sédation en salle de naissance, quant à elles, mériteraient d’être faites dans plusieurs

centres (français et étrangers) afin de voir les pratiques de sédation, l’intérêt et

l’investissement des professionnels sur le sujet et également afin de faire connaître les

effets bénéfiques d’une sédation avant l’intubation. Nous devons démystifier le fait que la

salle de naissance est un lieu où tout se fait dans l’urgence et faire intégrer aux différentes

équipes que le soulagement de la douleur y a sa place et ne demande qu’à être amélioré,

pour le confort de tous.

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57

CONCLUSION

L’intubation trachéale est connue pour provoquer une douleur intense. Ce geste est

fréquemment pratiqué en salle de naissance et nous savons que les nouveau-nés à terme et

prématurés possèdent tous les mécanismes de sensibilisation à la douleur. Pourtant, nos

recherches bibliographiques mettent en évidence l’insuffisance de la prise en charge de la

douleur avant ce geste et notamment en salle de naissance. Nous pouvons d’ailleurs

constater que très peu d’études se sont intéressées aux pratiques de sédation/analgésie

avant intubation en salle de naissance.

Nous avons pu observer au fil de notre étude les effets d’un protocole de sédation

avant intubation du nouveau-né en salle de naissance mis en place pour prévenir la douleur

du nouveau-né. Cette étude nous a permis de mettre en évidence que les nouveau-nés sont

davantage sédatés avant d’être intubés dans un centre où il y a un protocole comparé à un

centre où il n’y en a pas. Cependant, d’après nos résultats qui nous incitent à être très

prudents dans leurs interprétations (en raison des petits échantillons analysés), nous

constatons que malgré la présence d’un protocole, la sédation avant intubation en salle de

naissance reste quand même insuffisante.

Les progrès seraient donc de mettre en place un protocole dans toutes les salles de

naissances afin de familiariser les équipes avec ces pratiques. Cela permettrait, par un

changement d’habitude, d’augmenter progressivement le nombre d’enfants sédatés avant

d’être intubés et aussi de trouver des alternatives comme la mise en place de personnel

supplémentaire dédié au nouveau-né pour permettre une meilleure prise en charge de la

douleur néonatale en salle de naissance.

Nous sommes cependant loin d’ignorer que les pratiques de la sédation avant

intubation en salle de naissance ne pourront jamais être semblables à celles pratiquées

avant des intubations programmées. Mais il ne faut pas pour autant « figer » la salle de

naissance comme un lieu où les intubations ne se font que dans l’extrême urgence, notre

étude a prouvé que certains enfants intubés auraient pu recevoir une sédation. Il faut donc

s’interroger sur les moyens possibles de réaliser des sédations rapides et efficaces. C’est en

reproduisant les études en salle de naissance sur ce sujet et en continuant d’étudier les

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effets des sédatifs/anesthésiants que nous arriverons à trouver une solution et à améliorer la

prise en charge de la douleur des nouveau-nés en salle de naissance.

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ANNEXES

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Annexe 1 : Textes législatifs concernant la douleur

Annexe 2 : Grille d’évaluation de la douleur : Neonatal Facial Coding System

(NFCS)

Annexe 3 : Grille d’évaluation de la douleur : Premature Infant Profile (PIPP)

Annexe 4 : Grille d’évaluation de la douleur : Douleur Aigüe du Nouveau-né

(DAN)

Annexe 5 : Protocole de sédation avant intubation en salle de naissance et

posologies associées à l’hôpital Béclère

Annexe 6 : Power Point du diaporama présenté aux équipes des deux hôpitaux

avant le commencement de l’étude

Annexe 7 : Questionnaire de l’étude et texte explicatif l’accompagnant

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Annexe 1 : Textes législatifs concernant la douleur

- Code de déontologie médicale : « Le médecin en toute circonstance doit s’efforcer de

soulager les souffrances de son malade »

- article L 1110-5 du code de la santé publique, loi 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux

droits des malades et à la qualité du système de santé : « Toute personne a le droit de

recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être en toutes circonstances

prévenue, évaluée, prise en compte et traitée »

- Loi Neuwirth, 1995, code de la santé publique : « Les établissements de santé doivent

mettre en œuvre les moyens propres à prendre en charge la douleur des patients qu’ils

accueillent »

- Charte du patient hospitalisé : « Les établissements de santé garantissent la qualité des

traitements, des soins et de l’accueil. Ils sont attentifs au soulagement de la douleur. (…)

L’information au patient doit être accessible et loyale (…) La personne hospitalisée est

traitée avec égard »

- Art. 5 et 8 de la Charte de l’enfant hospitalisé. UNESCO, OMS, 1989 : « On essaiera de

réduire au minimum les agressions physiques et émotionnelles de la douleur. L’équipe

soignante doit être formée à répondre aux besoins psychologiques et émotionnels des

enfants et de leur famille ».

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REFERENCES

BIBLIOGRAPHIE

GLOSSAIRE

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Bibliographie

Livres

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Flammarion, Paris, 1997; 374 pages

Ecoffey C, Murat I. La douleur chez l’enfant. Médecine-Sciences Flammarion, Paris,

1999; 188 pages

Johr M. Anesthésie pédiatrique de poche. Pradel: 2001; 253 pages

Laugier J, Rozé J.-C, Simeoni U et al. Soins aux nouveau-nés. 2ème

édition, Masson:

2006; 839 pages

Saint-Maurice C, Maurat I, Ecoffey C. Manuel d’anesthésie pédiatrique. 2ème

édition,

Pradel: 1994; 618 pages

Mémoires

Lamari S. Pratique de l’intubation du nouveau-né par la sage-femme de salle de

naissance. Mémoire de fin d’études, Ecole de sages-femmes Saint-Antoine Paris: 2009; n°

753; 80 pages

Bertheau E. Vécu maternel de la douleur du nouveau-né pendant la prise de sang du

test de dépistage néonatal. Mémoire de fin d’études, Ecole de sages-femmes Saint-

Antoine Paris: 2009; n° 720; 64 pages

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Revues et études

Blond M-H, Gold F, Oriot D & al. Réanimation du nouveau-né en salle de naissance :

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Hung O. Comprendre les réactions hémodynamiques à l’intubation endotrachéale ;

Canadian journal of anesthesia ; 2001 ; 48, 723-726

Takita K, Morimoto Y, Kemmotsu O. Tracheal lidocaine attenuates the cardiovascular

response to endotracheal intubation ; Canadian journal of anesthesia ; 2001 ; 48(8),

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Oei J, Hari R, Butha T & al. Facilitation of neonatal nasotracheal intubation with

premedication : A randomized controlled trial ; J. Paediatr. Child Health ; 2002 ; 38,

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Smeesters P-R, Johansson A-B, Coppens S. La douleur des nouveau-nés : entre réalité

et perception ; Archives de pédiatrie ; 2005 ; 12, 1332-1337

Communications de conférence – Congrès

Congrès de la SFAR. Législation concernant la kétamine. Septembre 2001

Textes législatifs

Article R. 4127-37 du code de la santé publique (titre II article 37 du code de déontologie

médicale) relatif au soulagement des souffrances et la limitation ou arrêt des traitements.

Loi n°2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système

de santé, Journal Officiel du 5 mars 2002.

Charte du patient hospitalisé

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Charte de l’enfant hospitalisé.

Sites internet

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semi-urgent or elective intubation in neonates ? 2005

www.elpea.fr

www.laerdal.fr

www.pediadol.org. Charnier E. La mémorisation de la douleur de l’enfant. Qu’en

savons-nous ? Unité douleur – CHU Bicêtre

www.sante.gouv.fr

Iconographie

Figure 2 : Grunau RVE, Craig K. Pain expression in neonates : facial action and cry ;

Pain ; 1987 ; 28, 395-410

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Glossaire

SA = semaines d’aménorrhée

EPIPPAIN = epidemiology of procedural pain in neonates

AMM = autorisation de mise sur le marché

SFAR = société française d’anesthésie et de réanimation

SMUR = service mobile d’urgence et de réanimation

AP-HP = assistance publique des hôpitaux de Paris

IT = intubation

Age IT = âge de vie à l’intubation

SF = sage-femme

Détresse respi = détresse respiratoire

MMH = maladie des membranes hyalines

Surph prophylactique = surfactant prophylactique

Inhalation méco = inhalation méconiale

Sédaté pp = enfant sédaté per-partum

EMA = enfant né en état de mort apparente

SpO2 = saturation en oxygène

FC = fréquence cardiaque

Bpm = battements cardiaque par minute

Absence pers = absence de personnel

Sédatif non accès = sédatif non accessible

Min = minutes

g = grammes

PMSI = programme de médicalisation des systèmes d’information

IMG = interruption médicale de grossesse

PPC = pression positive continue

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