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    La Transcendance de l'Ego

    Husserl Intentionnalit Kant

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    La Transcendance de lEgo

    Auteur Jean-Paul SartreGenre Essai philosophique

    Date de parution 1936Lieu de parution Paris

    Pays d'origineFrance

    Nombre de pages87ISBN 2-7116-0676-7

    La Transcendance de lEgo, premire uvre proprement philosophique et originale[1]de Jean-PaulSartreest crite en 1934, en partie durant son sjour Berlin o il tait all tudier laphnomnologiede Husserl, et est publie en 1936dans la revueLes Recherches philosophiques. Cet ouvrage sinscrit

    dailleurs typiquement dans un dbat interne une cole. Les rfrences Husserlnont donc riend'tonnant, en revanche ce qui pourra surprendre cest la place importante qu'occupe Kant. Laterminologie est donc marque par Husserlet Kant, dans la suite de luvre de Sartre, on ne trouvera

    plus de terme comme conscience transcendantale .

    La thse deLa Transcendance de lEgoest que lEgo nest pas un habitant[2] de la conscience,cest--dire quil nest pas la base de la conscience mais quil est un objet de la conscience. cette

    premire thse nonce au tout dbut de louvrage vient sy ajouter une deuxime la fin, selonlaquelle la conscience transcendantale est une spontanit impersonnelle. La position de Sartre estassez originale tant donn quil part de la conscience, et quil va construire une philosophie de la

    conscience mais qui ne sera pas une philosophie du sujet.La mthode, comme lindique le sous-titre, esquisse dune description phnomnologique, estdescriptive. Il s'agit de dcrire une exprience de pense dont le point de dpart est la conscience, et

    plus prcisment d'une conscience dfinie par lintentionnalit.

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    Dans une premire partie, Sartre, travers la description, constate et analyse lEgo dans sa doublecomposante dun Je et dun Moi.

    Dans la deuxime partie de son ouvrage, il examine, toujours laide de la description, la constitutionde lEgo. Aprs avoir pos le problme, il en fait la gnalogie.

    Plan de l'ouvrage

    I. Le Je et le Moi

    A) Thorie de la prsence formelle du JeB) Le Cogito comme conscience rflexiveC) Thorie de la prsence matrielle du Moi

    II. La constitution de l'Ego

    A) Les tats comme unit transcendantales des consciencesB) Constitution des actions

    C) Les qualits comme units facultatives des tatsD) Constitution de lEgo comme ple des actions, des tats et des qualitsE) Le Je et la conscience dans le Cogito

    Conclusion

    Un point de dpart kantien

    Le point de dpart de Sartre est la fameuse phrase de Kant: Le Je doit pouvoiraccompagner nos

    reprsentations[3]

    . Sartre se demande si le Je accompagne toutes nos reprsentations. La rponse estngative, et cela Kantla bien pressentie puisquil crit doit pouvoir que Sartre souligne. Il y adonc des reprsentations sans Je.

    Sartre choisit comme exemple la lecture. condition que le livre soit bon, le lecteur est pris dans salecture et s'oublie, il n'y a plus de Je, les pages sont tournes sans que le lecteur se dise : je tourne la

    page . Il faut distinguer jesais quejedois faire cela et aprs cela de il y aconscience de devoirfaire cela et ensuite cela . Il faut donc constater quil existe bien des cas o il y a conscience mais pasde Je, cela est un fait. Et ce fait indique lexistence dun champ de conscience impersonnelle pourSartre.

    Rappelons que le Je est pour Kantune condition de possibilit de lexprience, un tel Je est dans laterminologie kantienne, transcendant, suprieur aux choses, et transcendantal, suprieur etindpendant de lexprience, il faut donc bien le distinguer du Je empirique, cest--dire du Je quelon rencontre dans lexprience.

    Cest sur cette base quil faut distinguer la conscience transcendantale et la conscience empirique. Etil faut remarquer que le rapport de lune lautre nest quun rapport de condition de possibilit. Laconscience transcendantale est seulement lensemble des conditions ncessaires lexistence duneconscience empirique[4].

    partir de l, se demander ce que peut tre une conscience transcendantale na pas de sens,puisquelle ne se situe pas au niveau de lexprience mais avant lexprience, dans les conditions depossibilit. Sartre ne veut pas dplacer le problme, lexistence parfois dun Je dans la conscience, ilveut rester au niveau du fait, et cest ce moment qu'il rencontre Husserl.

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    Une phnomnologie de lEgo

    Avec Husserlet laphnomnologie, la conscience transcendantalede Kantest saisie par Husserldanslpoch, elle nest plus un ensemble de conditions mais un fait absolu[5], elle est un absolu. Laconscience transcendantale peut donc aussi tre appele conscience absolue. Et si lon se demande

    pourquoi elle est un absolu, la rponse est dconcertante de simplicit : car elle est conscience delle-mme. Cest en ce sens quil faut comprendre que la conscience se dfinit par lintentionnalit[6].

    Et lintentionnalit, cette grande loi de la conscience mise jour par Husserl(et fortement aid en celapar Brentano) snonce ainsi : la conscience est toujours conscience de quelque chose. Sartrecomprend lintentionnalitpar le fait que :

    [] le type dexistence de la conscience cest dtre conscience de soi. Et elle prendconscience de soi en tant quelle est conscience dun objet transcendant. Tout est donc clair etlucide dans la conscience : lobjet est en face delle avec son opacit caractristique, mais elle,elle est purement et simplement conscience dtre conscience de cet objet, cest la loi de sonexistence[7].

    Cette dfinition minimum de la conscience, qui est simple, austre et radicale restera la mme dansLtre et le Nant[8].

    Il convient de relever que dans plusieurs passages o Sartre parle librement de conscience, sansprciser de quelle conscience il sagit, il sagira toujours de cette conscience transcendantale ouabsolue. Car, il ny a pas une conscience et une dfinition de la conscience mais plusieurs types deconsciences dans cet ouvrage. Nous pouvons distinguer : la conscience transcendantale, la conscienceempirique, la conscience irrflchie, la conscience rflchie, la conscience rflexive et enfin laconscience rflchissante, ce qui nous fait pas moins de six types de consciences. Nous lesexaminerons en temps voulu.

    Que se passe-t-il par rapport Kant? En fait, toute la perspective est retourne. Par lintentionnalit,en naissant porte sur un tre autre quelle-mme, la conscience est unifie par lobjet. En schappant elle-mme, la conscience sunifie sur un objet et dans le temps. Avec cette conception

    phnomnologique de la conscience, ce nest plus le Je transcendantal de Kantmais la conscience deHusserlqui unifie et individualise. Le Je devient alors, totalement inutile. Ce Je est superflu, nuisibleet il annonce la mort de la conscience.

    Il faut noter ici une divergence entre Sartre et Husserl. Car la position dHusserlnest pas constante propos du moi, il a fait un pas en avant et un pas en arrire.

    Il a dabord considr que le moi tait une production synthtique et transcendantale de la consciencedans lesRecherches logiques, cest--dire un objet de la conscience. Pour ensuite, revenir en arrire, la thse classique dun Je transcendantal qui est un moi la base de la conscience, un habitant de laconscience comme dit Sartre.

    Prenons pour preuve ces deux passages :

    Dailleurs je dois reconnatre, vrai dire, que je ne puis absolument pas arriver dcouvrir ce

    moi primitif, en tant que centre de rfrence ncessaire[9].

    Quon comparera avec : Le monde objectif qui existe pour moi, qui a exist pour moi et qui existera pour moi, cemonde objectif avec tous ses objets puise en moi-mme, ai-je dit plus haut, tout le sens et toutela valeur existentielle quil a pour moi il les puise dans mon moi transcendantal, que seul

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    rvle lpoch phnomnologique transcendantale[10].

    Le problme que soulve Sartre est de savoir si une conception du moi comme habitant de laconscience est conciliable avec la premire dfinition de la conscience. La rponse est ngative, caralors toute la dfinition de la conscience est menace. Comme nous lavons vu, la conscience estdfinie grce lintentionnalitcomme un absolu non substantiel du fait quelle est conscience delle-

    mme, et quelle est, rajoute Sartre : toute lgret, toute translucidit[11], elle est aussi purespontanit. Or, quest ce que le moi ? Il est opacit, la clart de la conscience est dtruite. Cest encela que ce Je transcendantal annonce la mort de la conscience. Rintroduire un Je transcendantal dansla conscience, cest la transformer en monadeet se prcipiter dans le solipsismepour Sartre. Mais ilreste savoir maintenant si la clart de la conscience mrite ce sacrifice du moi, car, de la mmemanire que Hume, Sartre ne va-t-il pas avoir de problme considrable pour rendre compte dusentiment de notre identit ? Voyons comment il sy prend.

    La critique de la notion d'inconscient

    Sartre ne fait pas directement allusion Freud et linconscient freudien, mais aux moralistes du

    XVIIesicle et en particulier La Rochefoucauld et la thorie de "lamour propre" selon laquellelamour, le souci de soi-mme serait le mobile secret de toutes nos actions : "D'aprs eux lamour desoi - et par consquent le Moi - serait dissimul dans tous les sentiments sous mille formes diverses.D'une faon trs gnrale, le Moi, en fonction de cet amour qu'il se porte, dsireraitpour lui-mme(c'est Sartre qui souligne) tous les objets qu'il dsire. La structure essentielle de chacun de mes actesserait un rappel moi. Le "retour moi" serait constitutif de toute conscience.

    Sartre attribue La Rochefoucauld linvention de linconscient sans qu'il en ait invent le terme."pour lui lamour-propre se dissimule sous les formes les plus diverses. Il faut le dpister avant de lesaisir." : "Lamour-propre est lamour de soi-mme et de toutes choses pour soi il rend les hommes

    idoltres d'eux-mmes, et les rendrait tyrans des autres si la fortune leur en donnait les moyens il nese repose jamais hors de soi, et ne s'arrte dans les sujets trangers que comme les abeilles sur lesfleurs, pour en tirer ce qui lui est propre (...) (La Rochefoucauld,Maximes, Supplments de 1693)

    "Le Moi cherche donc se procurer lobjet pour satisfaire son dsir. Autrement dit, c'est le dsir (ou silon prfre le Moi dsirant) qui est donn comme fin et lobjet dsir qui est moyen." (LaTranscendance de lEgo, p. 39)

    Sartre reproche aux "psychologues" de commettre ici une erreur en confondant la structure des actesrflexifs avec celle des actes irrflchis.

    Il donne lexemple d'un homme qui porte secours un ami en danger : je dsire secourir cet ami, "J'aipiti de Pierre et je lui porte secours. Pour ma conscience une seule chose existe ce moment : Pierre-devant-tre-secouru".

    Les thoriciens de lamour propre ne considrent pas ce premier moment du dsir comme un momentcomplet et autonome. Ils imaginent que je porte secours Pierre pour faire cesser ltat dsagrableo m'ont plong ses souffrances. Mais le caractre dsagrable de cet tat et la volont de le supprimersuppose un acte de rflexion. (p. 40)

    Les thoriciens de lamour propre supposent donc que le rflchi est premier, originel et dissimuldans linconscient, ce qui est contradictoire avec lide mme d'inconscient.

    Sartre en conclut que la conscience irrflchie doit tre considre comme autonome "La rflexionempoisonne le dsir... Avant d'tre "empoisonns", mes dsirs ont t purs c'est le point de vue que

    j'ai pris sur eux qui les a empoisonns.

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    Lexamen psychologique de la conscience "intramondaine" amne aux mmes conclusions queltude phnomnologique : le moi ne doit pas tre cherch dans les tats de conscience irrflchis niderrireeux. "Le Moi n'apparat qu'avec lacte rflexif et comme corrlatif nomatique d'uneintention rflexive."

    La constitution de lEgo travers ltat, laction et la qualit

    La seconde partie de louvrage thmatise le problme du rapport de lEgo aux tats, aux actionset aux qualits.

    1) Les tats :

    Jean-Paul Sartre donne lexemple de la haine : "Si je hais Pierre, ma haine de Pierre est un tat que jepeux saisir par la rflexion. Cet tat estprsentdevant le regard de ma conscience rflexive, il est rel.Faut-il en conclure qu'il est immanent et certain ? (...) Je vois Pierre, je sens comme un

    bouleversement profond de rpulsion et de colre sa vue. (...) Mais cette exprience de rpulsion est-elle haine ? videmment non."

    La haine n'est pas de la conscience. Elle dborde linstantanit de la conscience. La haine est donc unobjet transcendant. Dire "j'aime" ou "je hais" loccasion d'une conscience singulire d'attraction oude rpulsion, c'est oprer un vritable passage linfini. La haine est de lordre du "probable" et nondu "certain".

    Sartre donne lexemple de quelqu'un qui dit "je te dteste !", puis "a n'est pas vrai, j'ai dit a dans lacolre." Ces deux rflexions ont apprhend les mmes donnes certaines, mais lune a affirm plusqu'elle ne savait et elle s'est dirige travers la conscience rflchie sur un objet situ hors de laconscience.

    La haine est un tat, le mot tat exprimant le caractre de passivit qui en est constitutif (il semble queSartre renoue ici avec lanalyse classique de la passion)... La rpulsion est une manation de la haineet le lien entre la haine et la rpulsion est un lien magique. Lapparition de procs "magiques" dans maconscience, constate pour la premire fois dans ce texte, sera voque propos de lmotion, fuiteirrflchie d'une conscience devant un monde qui lenvahit violemment et qui voudrait lanantir, noncomme une manifestation de linconscient, mais comme une "ruse de la conscience".

    2) Les actions :

    Lun des problmes les plus difficiles, selon Sartre, de la Phnomnologie est la distinction entreconscience active et conscience spontane jouer du piano, conduire une automobile, crire, mais

    aussi douter, raisonner, mditer, faire une hypothse... sont des actions.

    Une action est un objet transcendant de la conscience rflexive elle demande du temps pours'accomplir, elle a des articulations et des moments. Le doute spontan est une conscience, le doutemthodique (cartsien) est une action. Sartre nous met en garde contre lambigut de lexpression :"Je doute donc je suis." : sagit-il du doute spontan que la conscience rflexive saisit dans soninstantanit ou bien de lentreprise de douter ?

    C) Les qualits :

    Sartre nomme "qualit" une disposition psychique (tre rancunier, tre capable de harviolemment...) les qualits sont un tat intermdiaire entre les tats et les actions les qualits ne sont

    pas des manations des sentiments comme laversion (tat) est une manation de la haine (sentiment).

    Pour caractriser les qualits (ce terme englobe chez Sartre la notion de "dfauts"), Sartre se sert d'un

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    concept aristotlicien, le concept d'tre en puissance (tre en acte/tre en puissance). Les qualits (lesvertus, les gots, les talents, les tendances, les instincts...) sont des virtualits (elles existent en

    puissance) et non de simples possibilits. Tandis que ltat est unit nomatique de spontanits, laqualit est unit de passivits objectives.

    D) La constitution de lEgo comme ple des tats, des actions et des qualits :

    Sartre, la suite de Husserl, scinde lEgo en deux ples : le ple sujet et le ple objet que Husserl

    place au centre du noyau nomatique et qui supporte les prdications ("je" suis colreux , "je" suisoccup"...). Ce chapitre met laccent sur la difficult de "saisir" lEgo et insiste sur son caractre"fuyant", douteux. Le "je" dont nous disons qu'il travaille ("Je travaille") n'est pas le mme "je" que le"je" qui travaille, pour la conscience du premier degr (non rflexive) et pour la conscience rflexive."Mais s'il est dans la nature du je d'tre un objet douteux, il ne s'ensuit pas quil soit hypothtique. Eneffet, lEgo est lunification transcendante spontane de nos tats et de nos actions."

    ce titre, il n'est pas une hypothse. Je ne me dis pas "Peut-tre que j'ai un Ego.", comme je peux medire "Peut-tre que je hais Pierre." Chaque nouvel tat est rattach directement ou indirectement lEgo comme son origine... "Si lEgo apparat comme au-del de chaque qualit et mme de toutes,

    c'est qu'il est opaque comme un objet : il nous faudrait procder un dpouillement infini pour lui tertoutes ses puissances. Et, au terme de ce dpouillement, il ne resterait plus rien. LEgo se seraitvanoui (p. 61). Cette interrogation sur lessence et la ralit du "moi" (qu'est-ce que le "moi" ?) parat

    plus proche de la tradition philosophique franaise que de Husserl, des moralistes du XVIIesicle etvidemment de Blaise Pascal auquel Sartre semble reprendre le concept de "qualit.

    "Qu'est-ce que le moi ? (Blaise Pascal)

    Un homme qui se met la fentre pour voir les passants, si je passe par l, puis-je dire qu'il s'est misl pour me voir ? Non car il ne pense pas moi en particulier. Mais celui qui aime quelqu'un causede sa beaut, laime-t-il ? Non car la petite vrole, qui tuera la beaut sans tuer la personne, fera qu'il

    ne laimera plus.

    Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mmoire, m'aime-t-on, moi ? Non car je puis perdreces qualits sans me perdre moi-mme. O est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans lme ?Et comment aimer le corps ou lme, sinon pour ces qualits qui ne sont point ce qui fait le moi,

    puisqu'elles sont prissables ? Car aimerait-on la substance de lme d'une personne abstraitement, etquelques qualits qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne,mais seulement des qualits.

    Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on

    n'aime personne que pour des qualits empruntes."Il conviendrait d'ailleurs de distinguer le moi psychologique, la conscience pure, le "je" et le cogito,comme il faudrait distinguer conscience rflchie et conscience irrflchie.

    Sartre opre ici une distinction critique fondamentale que lon retrouvera dans ltre et le Nant entrelEgo et la conscience. La conscience ne se confond pas avec lEgo : "La conscience projette sa proprespontanit dans lobjet Ego pour lui confrer le pouvoir crateur qui lui est absolument ncessaire.Seulement cette spontanit, reprsente et hypostasie dans un objet, devient une spontanit btardeet dgrade, qui conserve magiquement sa puissance cratrice, tout en devenant passive. D'olirrationnalit profonde de la notion d'Ego."

    LEgo est de la conscience opaque la conscience. Tel quel, le moi reste inconnu il est trop prsentpour que lon puisse prendre sur lui un point de vue extrieur. Pour savoir si je suis paresseux outravailleur, je dois le demander autrui. "Bien se connatre", c'est prendre le point de vue d'autrui sursoi qui est forcment un point de vue faux. Ce point sera dvelopp dans ltre et le Nant dans la

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    dialectique du "pour soi" et du "pour autrui"

    E) Le je et la conscience dans le Cogito :

    Dans ce dernier paragraphe, Sartre se demande pourquoi le Je parat loccasion du Cogito puisque leCogito, s'il est opr correctement, est apprhension d'une conscience pure, sans constitution d'tats nid'actions. Il explique lapparition du "je" par les motivations psychologiques de Descartes ("faireavancer la science", mettre en route le doute mthodique"...) : "Ce je est une forme de liaison idale,

    une manire d'affirmer que le cogito est bien pris dans la mme forme que le doute"... "Une saisierflexive de la conscience spontane comme spontanit non-personnelle exigerait d'tre accompliesans aucune motivation antrieure. Elle est toujours possible en droit, mais reste bien improbable ou,au moins, extrmement rare dans notre condition d'homme. De toute faon, comme nous lavons dit

    plus haut, le Je qui parat lhorizon du "Je pense" ne se donne pas comme producteur de laspontanit consciente. La conscience se produit en face de lui et va vers lui, va le rejoindre. C'est toutce qu'on peut dire." (p. 74)

    Conclusion :

    1) "La conception de l'Ego que nous proposons nous parat raliser la libration du Champtranscendantal en mme temps que sa purification.

    Le Champ transcendantal, purifi de toute structure gologique, recouvre sa limpidit premire. En unsens c'est un rien puisque tous les objets physiques, psycho-physiques, toutes les vrits, toutes lesvaleurs sont hors de lui, puisque mon Moi a cess, lui-mme, d'en faire partie. Mais ce rien est tout

    puisqu'il est conscience de tous ces objets. Il n'est plus de "vie intrieure" (...) parce qu'il n'est plusrien qui soit objet et qui puisse en mme temps appartenir lintimit de la conscience..."

    2) Cette conception de lEgo parat la seule rfutation possible du solipsisme. (cf. Ltre et le Nant,III, 1 : "Lcueil du solipsisme" (p. 277), en particulier le chap. 3 : "Husserl, Hegel, Heidegger") o

    Sartre dveloppe et critique les essais de rfutation du solipsisme exposs par Husserl dans Logiqueformelle et logique transcendantale et dans les Mditations cartsiennes.

    ... Si le Je devient un transcendant, il participe toutes les vicissitudes du monde. Il n'est pas unabsolu, il n'a point cr lunivers, il tombe comme les autres existences sous le coup de lpoch (miseentre parenthses du monde "objectif") et le solipsisme devient impensable ds lors que le Je n'a plusde position privilgie. Au lieu de se formuler, en effet : "J'existe comme seul absolu", il devraits'noncer : "La conscience absolue existe seule comme absolue", ce qui est videmment un truisme.Mon je, en effet, n'est pas plus certain pour la conscience que le je des autres hommes. Il estseulement plus intime.

    3) La phnomnologie n'est pas un "idalisme" : "Il m'a toujours sembl qu'une hypothse de travailaussi fconde que le matrialisme historique n'exigeait nullement pour fondement labsurdit qu'est lematrialisme mtaphysique (cf. Matrialisme et rvolution, Situations III, pp. 135-228). Il n'est pasncessaire, en effet, que lobjet prcde le sujet pour que les pseudo-valeurs spirituelles s'vanouissentet pour que la morale retrouve ses bases dans la ralit. Il suffit que le Moi soit contemporain duMonde et que la dualit sujet-objet, qui est purement logique, disparaisse dfinitivement des

    proccupations philosophiques. Le Monde n'a pas cr le Moi, le Moi n'a pas cr le Monde, ce sontdeux objets pour la conscience absolue, impersonnelle, et c'est par elle qu'ils se trouvent relis. Cetteconscience absolue, lorsqu'elle est purifie du Je, n'a plus rien d'un sujet, ce n'est pas non plus unecollection de reprsentations : elle est tout simplement une condition premire et une source absolue

    d'existence. Et le rapport d'interdpendance qu'elle tablit entre le Moi et le monde suffit pour que leMoi apparaisse comme "en danger" devant le Monde, pour que le Moi (indirectement et parlintermdiaire des tats) tire du Monde tout son contenu. Il n'en faut pas plus pour fonder

    philosophiquement une morale et une politique positives." (De nombreux articles de Situations I VI,les Entretiens sur la politique, et surtout la Critique de la Raison dialectique tmoignent de la

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    21/09/2015 La Transcendance de l'Ego - Wikiwand

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    continuit chez Sartre des proccupations thiques et politiques ici fondes phnomnologiquement.)

    "Une ide fondamentale de la phnomnologie de Husserl" : lintentionnalit(Situation I,extrait) :

    "(...) Husserl ne se lasse pas d'affirmer qu'on ne peut pas dissoudre les choses dans la conscience.Vous voyez cet arbre-ci, soit. Mais vous le voyez lendroit mme o il est : au bord de la route, aumilieu de la poussire, seul et tordu sous la chaleur, vingt lieues de la cte mditerranenne. Il ne

    saurait entrer dans votre conscience, car il n'est pas de mme nature qu'elle. Vous croyez reconnatreBergson et le premier chapitre de Matire et Mmoire. Mais Husserl n'est point raliste : cet arbre surson bout de terre craquel, il n'en fait point un absolu qui entrerait, par aprs, en communication avecnous.

    La conscience et le monde sont donns du mme coup : extrieur par essence la conscience, lemonde est, par essence, relatif elle. C'est que Husserl voit dans la conscience un fait irrductiblequ'aucune image physique ne peut rendre. Sauf, peut-tre, limage rapide et obscure de lclatement.Connatre, c'est "sclater vers", s'arracher la moite intimit gastrique pour filer, l-bas, par-del soi,vers ce qui n'est pas soi, l-bas, prs de larbre et cependant hors de lui, car il m'chappe et me

    repousse et je ne peux pas plus me perdre en lui qu'il ne peut se diluer en moi : hors de lui, hors demoi (...)

    Du mme coup la conscience s'est purifie, elle est claire comme un grand vent, il n'y a plus rien enelle, sauf un mouvement pour se fuir, un glissement hors de soi si, par impossible, vous entriez"dans" une conscience, vous seriez saisi par un tourbillon et rejet dehors, prs de larbre, en pleine

    poussire, car la conscience n'a pas de "dedans" elle n'est rien que le dehors d'elle-mme et c'est cettefuite absolue, ce refus d'tre substance, qui la constituent comme une conscience (...) Imaginez

    prsent une suite lie d'clatements qui nous arrachent nous-mmes, qui ne laissent mme pas un"nous-mmes" le loisir de se former derrire eux (...) vous aurez saisi le sens profond de la dcouverteque Husserl exprime dans cette fameuse phrase : "Toute conscience est conscience de quelque chose."

    Il n'en faut pas plus pour mettre un terme la philosophie douillette de limmanence (...) Laphilosophie de la transcendance nous jette sur la grand'route, au milieu des menaces, sous uneaveuglante lumire. tre, dit Heidegger, c'est tre-dans-le-monde. Comprenez cet "tre dans lemonde" au sens de mouvement. tre, c'est clater dans le monde. C'est partir d'un nant de monde etde conscience pour soudain, s'clater-conscience-dans-le-monde. Que la conscience essaye de sereprendre, de concider enfin avec elle-mme, tout au chaud, volet-clos, elle s'anantit. Cette ncessit

    pour la conscience d'exister comme conscience d'autre chose que soi, Husserl la nomme"intentionnalit".

    Lexique :Le solipsisme :Selon Andr Lalande et les rdacteurs du vocabulaire technique et critique de la

    philosophie, "le solipsisme est une doctrine prsente comme une consquence logique rsultant ducaractre idal (idel) de la connaissance elle consisterait soutenir que le moi individuel dont on aconscience, avec ses modifications subjectives, est toute la ralit, et que les autres moi dont on a lareprsentation n'ont pas plus d'existence indpendante que les personnages des rves ou du moins admettre qu'il est impossible de dmontrer le contraire."

    La transcendance :La phnomnologie avec Husserl, puis lexistentialisme, avec Sartre, mettentlaccent sur le fait que la transcendance, avant de caractriser un au-del du monde (comme dans la

    Critique de la Raison pure de Kant), est inscrite au cur de ce monde, travers lintentionnalit, c'est--dire la capacit de la conscience de se rapporter ce qui n'est pas elle, tendre vers un ailleurs, unau-del d'elle-mme. La conscience du temps (temporalit) est lexpression privilgie de latranscendance, puisqu' travers elle est vis le pass qui n'est plus et le futur qui n'est pas encore.

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    Lintentionnalit :En dfinissant lintentionnalit comme le fait que "la conscience est conscience dequelque chose", Husserl veut d'abord montrer que la conscience est une vise et non une "chose

    pensante" (res cogitans), ainsi que lavait dfinie Descartes dans Les Mditations mtaphysiques.tant pure transcendance (voir ci-dessus la signification de ce mot), la conscience ne concide jamaisavec elle-mme elle est fondamentalement temporalit, ouverture au pass et au futur.Lintentionnalit implique du mme coup la signification, qui dpasse le simple donn. La consciencedonne un sens elle-mme et/ou au monde par la faon dont elle se rapporte ses objets.

    Lpoch :vient d'un mot grec signifiant "arrt", "suspension du jugement". Dans la pense sceptique"radicale" (Pyrrhon d'Elis), la suspension du jugement est le refus de se prononcer sur quoi que soit,de soutenir une thse quelconque, lpoch est lie la remise en cause radicale de la notion de"vrit".

    Husserl reprend ce terme pour lui donner un sens un peu diffrent. Lpoch est la "mise entreparenthses du monde objectif", c'est--dire la suspension de toute adhsion nave (croyancesspontanes, convictions diverses) et mme de tout jugement, quel qu'il soit (y compris scientifique)concernant le "rel" lpoch permet au sujet mditant de se saisir comme moi pur ou"transcendantal". Descartes met en uvre lpoch (sans employer le mot) dans la premire partie des

    Mditations mtaphysiques lpoch est au service du doute mthodique (il n'est qu'un moment etnon un point d'arrt comme dans le pyrrhonisme) et aboutit la dcouverte du cogito (je doute, ordouter c'est penser, donc je suis en tant que je pense).

    Notes et rfrences

    Notes

    1. L'Imaginationdont la publication date de 1936, est un travail acadmique qui s'inscrit dans une recherche surlimage et limagination commenc en 1927 avec la soutenance d'un diplme d'tudes suprieures intitul

    LImage dans la vie psychologique : rle et nature. Commenc donc bien avantLa Transcendance de lEgo, ilreste un ouvrage husserlien sans grande originalit. Sartre crit dailleurs quelques annes plus tard : Husserlmavait pris, je voyais tout travers les perspectives de sa philosophie qui mtait dailleurs plus accessible, parson apparence de cartsianisme. Jtais husserlien et devais le rester longtemps. (Carnets de la drle deguerre, p. 225) Enfin, nous mettons de ct les deux autres publication prcdentes :La lgende de la vrit,conte philosophique publi en 1931 dans la revue [[Bifur (revue)|]], ainsi que larticle de 1927 sur la thorieraliste du droit chez Duguit.

    2. La Transcendance de lEgo(TE), Vrin, Paris, 1992, p. 13

    3. Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, Analytique transcendantale, GF, Paris, 1987, L. 1, ch. 2, 2esection, 16 De lunit originairement synthtique de laperception , p. 154.

    4. TE, p. 15, selon linterprtation d'mile Boutroux.

    5. TE, p. 186. TE, p. 217. TE, p. 23 24. Cette dfinition de la conscience restera l mme dansLtre et le Nant, puisquil y crit :

    La conscience est conscience de quelque chose : cela signifie que la transcendance est structure constitutive dela conscience cest--dire que la conscience nat porte sur un tre qui nest pas elle (EN, p. 28).

    8. Voir la note au-dessus

    9. Edmund Husserl,Recherches logiques, Tome II, 2epartie, V, 8 le moi pur et lavoir conscience . Dans ladeuxime dition dj, Husserl ajoute une note que voici : Depuis lors, jai appris le trouver ou plutt apprisquil ne fallait pas se laisser retenir, dans lapprhension pure du donn, par la crainte de tomber dans les excsde la mtaphysique du moi.

    10. Edmund Husserl,Mditation cartsienne, Vrin, Paris, 1953.Premire Mditation cartsienne, 11 le moipsychologique et le moi transcendantal , p. 23.

    11. TE, p. 25

    Bibliographie

    http://-/?-http://www.wikiwand.com/fr/M%C3%A9ditations_cart%C3%A9sienneshttp://www.wikiwand.com/fr/Edmund_Husserlhttp://-/?-http://www.wikiwand.com/fr/Recherches_logiqueshttp://www.wikiwand.com/fr/Edmund_Husserlhttp://-/?-http://-/?-http://www.wikiwand.com/fr/L%E2%80%99%C3%8Atre_et_le_N%C3%A9anthttp://-/?-http://-/?-http://-/?-http://www.wikiwand.com/fr/%C3%89mile_Boutrouxhttp://-/?-http://www.wikiwand.com/fr/Critique_de_la_raison_purehttp://www.wikiwand.com/fr/Emmanuel_Kanthttp://-/?-http://www.wikiwand.com/fr/L%27Imagination
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    v m

    Jean-Paul Sartre,La Transcendance de lego, Vrin, Paris, 1992 [1936].Jean-Paul Sartre,Les Carnets de la drle de guerre, Gallimard, Paris, 1983.

    Philippe Cabestan,Dictionnaire Sartre, Ellipses, Paris, 2009.Philippe Cabestan et Arnaud Tomes,Le Vocabulaire de Sartre, Ellipses, Paris, 2001.Vincent de Coorebyter, Sartre face la phnomnologie, Ousia, Bruxelles, 2000.Jean-Marc Mouillie, Sartre, conscience, ego et psych, PUF, Paris, 2000.

    [show] uvre de Jean-Paul Sartre

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    uvre philosophiqueuvre de Jean-Paul SartreEssai paru en 1936

    Jean-Paul Sartre Jean-Paul Sartre, n le 21 juin 1905 dans le 16e arrondissement de Paris et mort le 15avril 1980 dans le 14e arrondissement, est un crivain et philosophe franais, reprsentant du courantexistentialiste, dont l'uvre et la personnalit ont marqu la vie intellectuelle et politique de la Francede 1945 la fin des annes 1970. France La France, en forme longue la Rpublique franaise, est un

    pays principalement situ en Europe de l'Ouest, mais qui comprend galement des territoires loignsdissmins sur plusieurs ocans et autres continents. Politiquement, il s'agit d'une rpubliqueconstitutionnelle unitaire ayant un rgime semi-prsidentiel. 1934 1934 est une anne communecommenant un lundi.This page is based on a Wikipediaarticle (read/edit) and qw.

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    La Transcendance de l'Ego

    IntroductionPlan de l'ouvrageUn point de dpart kantienUne phnomnologie de lEgo

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