La vie à pas contés. Génération, âge et société dans les hautes terres du Kenya (Meru Tigania-Igembe) by Anne-Marie PeatrikReview by: Anne Décoret-AhihaCanadian Journal of African Studies / Revue Canadienne des Études Africaines, Vol. 36, No. 1(2002), pp. 176-178Published by: Taylor & Francis, Ltd. on behalf of the Canadian Association of African StudiesStable URL: http://www.jstor.org/stable/4107420 .

Accessed: 10/06/2014 16:38

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and textile industries" (83), or that there were twenty shillings to the pound sterling (84)? More significantly, there is virtually no discussion in the footnotes of any aspect of African history, culture, or society, high- lighted by Park, nor any reference to the considerable literature on Senegambia and the Upper Niger regions. Nevertheless, this is a very useful publication and will serve to make Park's classic more accessible to many readers.

Stephen J. Rockel University of Toronto

Anne-Marie Peatrik. La vie a pas contis. Generation, age et socidtd dans les hautes terres du Kenya (Meru Tigania-Igembe). Nanterre: Societe d'ethnologie, 1999. 571 pp.

Chargee de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique, enseignante a l'Universit6 de Nanterre (Paris X), Anne-Marie Peatrik livre dans cette imposante monographie les fruits d'une enquete de terrain conduite entre 1986 et 1989 parmi les Tigania-Igembe, les Meru les plus septentrionaux installks sur les monts Nyambeni, au nord-est du Mont Kenya. Ses recherches avaient donne lieu en 1989 a la soutenance d'une these dont elle prolonge ici les r sultats a la faveur de nouvelles investiga- tions, notamment archivistiques, menees en 1993. Dote d'une quarantaine de planches iconographiques, d'un glossaire et de trois index - dont un index thematique fort utile - l'ouvrage se divise en quatre parties au cours desquelles l'auteur examine, par le prisme du systeme generationnel qui la conditionne, la "politie" Meru - emprunt6 a J. Baechler, le concept de politie designe une entit6 sociale dtablie et d1limit~e par un systhme poli- tique.

La premiere partie de l'ouvrage expose les principes du systeme generationnel Tigania-Igembe et decrit les cycles de vie et les echelons

d'age. Ce systhme qui contient a lui seul l'ensemble des principes de l'or- ganisation sociale des Meru, est examine dans la seconde partie sous I'an- gle de l'organisation domestique et de la parente. L'auteur montre qu'un certain nombre de traits deviennent coherents d&s lors qu'ils sont rapport6s au systeme de classes ainsi qu'aux mythes qui en 6clairent l'orig- ine. Les cycles domestique et generationnel s'avyrent synchrones, de meme que les faits de parente sont intriques dans le systhme genera- tionnel. La troisieme partie detaille les composantes de la politie Tigania- Igembe et analyse les principaux rites de progression des classes et de transmission des pouvoirs, tout particulierement l'initiation, moment clk de la trajectoire de l'individu; enjeu et moteur du systeme. L'initiation est

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moins commandee par l'age de l'individu que par la position de son pere dans les echelons. Si l'initiation masculine, marquee par la circoncision, debouche sur l'6tat de guerrier, l'initiation feminine, marquee par l'exci- sion conduit au mariage. Les hommes franchissent une etape de plus que les femmes. Pour autant, ils progressent paralldlement. De fait, le genre repartit les fonctions politiques qui se repondent. Certaines charges poli- tiques uniquement feminines peuvent faire contrepoids aux pouvoirs masculins. La derniere partie expose le devenir du systeme generationnel apres la conquite coloniale britannique (1907-08) qui eut, entre autres consequences, d'engendrer une crise de l'autorit6 et d exacerber les rival- ites entre les classes conjointes et consecutives d'hommes et de femmes.

Croisant l'observation et la reconstitution, les sources orales et ecrites, Peatrik montre que la politie gdn rationnelle des Tigania-Igembe consiste en un systeme de pouvoir qui repose sur une conception 6ton- nante de la temporalit6 et du corps, et plus largement de la vie. En effet, dans la societe Tigania-Igembe "le devenir de l'individu recapitule le devenir de la societe et reciproquement" (55). Tout juste ebauch6 a sa nais- sance, I'individu suit une trajectoire e1abor~e socialement comme un chemin graduel vers un accomplissement qui atteste autant la rdussite de sa propre maturation que la validite du systeme. Tout 6cart, telle une mort

prematur~e ou tardive est signe de desordre. Dans cette societ6 basee sur la coordination des temps individuel et social, il faut naitre et mourir au moment opportun. "Suite de pas mesures," la vie selon les Meru est un enchainement de renaissances consecutives a des periodes de gestation au sortir desquelles l'individu a change de condition d'age. L'age se definit donc par la position qu'occupe l'individu dans le systeme de classes plut8t que selon une temporalitd proprement physiologique. "On a l'age de sa classe et pas celle de ses arthres" (69). De ce fait, le temps de la procrdation est circonscrit. Chacun s'y exerce a son tour, au moment oh sa classe atteint l'echelon ad hoc. Ici, les limites de la procreation ne prochdent pas uniquement des contingences physiologiques. Par ailleurs, la politie Tigania-Igembe est fondee sur un principe collectif de souverainetd. Le controle du territoire est assure par une repartition des pouvoirs entre classes dans lesquelles l'ensemble de la population est distribute. L'6galitarisme caracterise l'ensemble puisque tout individu, s'il vit assez longtemps, exercera les fonctions successives. L'homme assume ainsi tour a tour les charges guerrieres, procreatrices, politiques et rituelles. La souverainet6 collective implique une reproduction A l'identique des classes consecutives qui est assuree par un controle des naissances, des alliances et une synchronisation des rituels. La regulation demographique participe ainsi de l'organisation sociale et politique. Lorsque un desequili- bre entre le nombre d'individus, leur Age et la repartition des pouvoirs s'avyre criant et se manifeste par un rapport de forces, la crise, inhdrente au

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systeme, 6clate. Cette crise est celle du temps immobilise de l'ordre 6tabli, du "temps suspendu" et du temps qui s'acc6lre sous l'effet d'une rebel- lion. Elle se resorbe alors dans la transmission des pouvoirs qui se traduit par le recrutement d'une nouvelle classe. La transmission du pouvoir relkve ainsi de l'6quilibre num rique.

Peatrik trace le portrait d'un mode d'organisation original qu'elle qual- ifle de "demologique." En explorant la demologie tigania igembe, aussi bien par ses traditions historico-mythologiques que par les effets de l'ad- ministration coloniale, elle met A jour les processus sociaux a l'oeuvre dans les phenomenes de population. De cette manibre, elle demontre tout l'in- te'rt I conjuguer les optiques de l'ethnologie et de la demographie dans une demarche qu'elle envisage sous la forme d'une anthropo-d6mographie.

L'ouvrage, tout a fait passionnant, d6gage des dynamiques sociales qui donnent A penser sur notre propre conception du temps, de la destin6e et de l'accomplissement individuel. IL devrait int6resser, outre les africanistes, les anthropologues de la parente autant que les dcmographes ou encore les anthropologues de la corporeit6.

Anne Decoret-Ahiha Anthropologue de la danse Universite Jean Monnet, Saint Etienne

Patrice Vimard et Benjamin Zanou. Politiques ddmographiques et transition de la ficondite en Afrique. Paris: Harmattan, 2000.303 pp.

Dans la plupart des pays africains, en lien avec l'am6lioration des soins medi- caux et des conditions sanitaires en g6neral, on assiste ~ un allongement de l'esperance de vie et A une reduction de la mortalit6 infantile. Outre son apport indiscutable d'une humanisation de la vie quotidienne de la population africaine, cette nouvelle situation a aussi marque l'1limination du determin- isme naturel de f6condite et de natalit6 l1ev6es. Si elles ont 6t6 necessaires pour assurer la survivance du clan dans le passe, elles ont ddsormais perdues beau- coup de leur importance initiale; au contraire, elles ont meme contribu6 de mani re sensible A l'accentuation de la pauvret6 en Afrique subsaharienne. Cela provient avant tout de la tradition de la "grande famille," qui ne s'est pas adap- tee aux nouvelles conditions demographiques et socio-6conomiques et qui ne respecte pas ce qui serait l'equilibre social et environnemental desirable.

Cet ouvrage de Patrice Vimard et Benjamin Zanou marque une etape impor- tante dans notre connaissance des dynamiques de population en Afrique, appor- tant des analyses globales et des experiences specifiques surplus d'une dizaine de pays africain, anglophones et francophones, dans le domaine de la maitrise et de la transition de la f6condite. Elle nous permet de mieux comprendre pourquoi la

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