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la vie mode d'emploi de Georges PEREC par Emmanuel BEC, DEUG MASS-SE, Université de Marseille II suivi de la vie mode d'emploi de Georges PEREC par Laetitia Parmeggiani et Carole Mecchi, Université de Marseille II enseignants et chercheurs : MM. P i e r r e Arnoud et Christian Mauduit Problématique : Etudier les règles mathéma- tiques qui structurent et illustrent le roman de G. Perec. Compte-rendu de parrainage de Rouen Présentation Oulipo ou “la vie mode d'emploi” par le groupe 4 “La vie mode d'emploi” de Georges Perec est constitué sur de nombreux schémas mathématiques. En effet, dans la première partie, le déplacement dans l'im- meuble se fait comme un cavalier sur un échiquier. Ainsi ce livre est très intéressant et très complexe avec ses 700 pages ! Le travail que j'ai effectué sur La vie mode d'emploi de Georges Perec, s'est fait en trois temps auxquels correspondront autant de par- ties dans cet exposé. Tout d'abord la lecture du livre a suscité certaines remarques, quelques interrogations et donc certaines idées de recherche. Mon travail a consisté ensuite en des recherches de documents, ce qui fut la période la plus importante. Enfin, je suis revenu à des recherches personnelles à partir des éléments dont je disposais. les réactions à la lecture Avant de commencer à noter les remarques que j'ai faites, voici un court résumé de l'ou- vrage : dans les presque six cents pages de ce roman, le narrateur décrit la situation d'un immeuble à un instant donné, le vingt-trois juin mille neuf cent soixante-quinze, alors qu'il est presque huit heures de soir. Comme si la façade avait été enlevée, nous sont dépeints tous les décors, tous les gens qui sont dans l'immeuble et leur occupation. Parfois, nous est racontée leur histoire, celle de leur famille ou une en rapport avec l'envi- ronnement dans lequel ils sont. Certains per- sonnages tiennent plus de place que d'autres. Ce sont Perceval Bartlebooth (le plus impor- tant ; il passe sa vie à faire préparer des puzzles, les reconstituer et les détruire), Marie-Thérèse Moreau ou Gaspard Winckler. La narration étant une description d'un immeuble, on trouve régulièrement des des- criptions partielles toujours très riches de détails. Ainsi, il y a certains thèmes récur- rents qui sont : • les matières • les couleurs • les formes • les styles Le décor, l'environnement comprend un très grand nombre de tableaux, de gravures, de reproductions que le récit relève toujours, et le narrateur met toujours un très grand soin à faire la description de ces éléments. Il est remarquable que ces descriptions sont parfois page 121 “MATh.en.JEANS” en 1995

la vie mode d'emploi de georges perrec - MATh.en.JEANSmathenjeans.free.fr/amej/edition/actes/actespdf/95121128.pdf · la vie mode d'emploi de Georges PEREC par Emmanuel BEC, DEUG

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la vie mode d'emploide Georges PEREC

par Emmanuel BEC, DEUG MASS-SE,Université de Marseille II

suivi de

la vie mode d'emploide Georges PEREC

par Laetitia Parmeggiani et Carole Mecchi,Université de Marseille II

enseignants et chercheurs : MM. P i e r r eArnoud et Christian Mauduit

Problématique : Etudier les règles mathéma-tiques qui structurent et illustrent le roman deG. Perec.

Compte-rendu de parrainage de RouenPrésentationOulipo ou “la vie mode d'emploi” par le groupe 4

“La vie mode d'emploi” de Georges Perec est constituésur de nombreux schémas mathématiques. En effet,dans la première partie, le déplacement dans l 'im-meuble se fai t comme un cavalier sur un échiquier.Ainsi ce livre est très intéressant et très complexe avecses 700 pages !

Le travail que j'ai effectué sur La vie moded'emploide Georges Perec, s'est fait en troistemps auxquels correspondront autant de par-ties dans cet exposé. Tout d'abord la lecturedu l i vre a susci té certaines remarques,quelques interrogations et donc certainesidées de recherche. Mon travail a consistéensuite en des recherches de documents, cequi fut la période la plus importante. Enfin, jesuis revenu à des recherches personnelles àpartir des éléments dont je disposais.

les réactions à la lecture

Avant de commencer à noter les remarquesque j'ai faites, voici un court résumé de l'ou-vrage : dans les presque six cents pages de ceroman, le narrateur décrit la si tuation d'unimmeuble à un instant donné, le vingt-troisjuin mi l le neuf cent soixante-quinze, alorsqu'il est presque huit heures de soir. Commesi l a façade avai t été enlevée, nous sontdépeints tous les décors, tous les gens quisont dans l 'immeuble et leur occupation.Parfois, nous est racontée leur histoire, cellede leur famille ou une en rapport avec l'envi-ronnement dans lequel ils sont. Certains per-sonnages tiennent plus de place que d'autres.Ce sont Perceval Bartlebooth (le plus impor-tant ; i l passe sa vie à faire préparer despuzzles, l es reconsti tuer et l es détrui re),Marie-Thérèse Moreau ou Gaspard Winckler.

L a narration étant une descripti on d'unimmeuble, on trouve régulièrement des des-criptions partiel les toujours très riches dedétails. Ainsi, i l y a certains thèmes récur-rents qui sont :

• les matières• les couleurs• les formes• les styles

Le décor, l'environnement comprend un trèsgrand nombre de tableaux, de gravures, dereproductions que le récit relève toujours, etle narrateur met toujours un très grand soin àfaire la description de ces éléments. I l estremarquable que ces descriptions sont parfois

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“MATh.en.JEANS” en 1995

accompagnées de reproductions impriméesdans le livre, comme par exemple :• des panneaux : “Arrêt momentané de l'as-censeur”, page 115• des extraits de catalogue, pages 102 à 106• des mots croisés, page 144 (Perec était cru-civerbiste).

Chaque chapitre se passe dans une pièce dif-férente, et d'après la coupe donnée page 603,chaque pièce est sujette à un chapitre. Onremarque, toujours d'après le schéma page603, que le déplacement d'un lieu à un autre,au changement de chapitre, est toujours assezrestreint, mais ne semble pas constant. Deplus, deux chapitres successi fs n'ont jamaispour décor une pièce du même appartementou du même étage. Enfin, lorsqu'i l est chezquelqu'un, dans une pièce, le narrateur parleparfois d'un habitant d'un autre appartement,alors qu'il ne semble pas y avoir de rapportentre les deux. Ainsi , on peut penser quequelque chose contraignait le chapitre à nepas se passer chez le voisin ou plutôt l'obli-geait à se situer chez le premier locataire.

Dernière remarque : parmi la liste des auteursà qui Perec doit certaines citations, on trouve des membres de l'Oulipo. Peut-être a-t-il uti-lisé certains de leurs travaux pour rédiger sonouvrage ?

Une fois obtenue cette petite liste de particu-larités du livre, il me fallait essayer de voir sielles pouvaient être liées à un processus for-mel. On pouvait par exemple étudier la fré-quence de certains éléments regroupés dansles différents thèmes récurrents et étudier leurfréquence. Pour le déplacement entre chaquechapitre, on aurait pu chercher un rapportentre les caractéristiques (les coordonnées parexemple) de ce mouvement et certains élé-ments comme le numéro du chapi tre, lenombre de personnages présents.

Ne sachant vraiment dans quel sens orientermes travaux, j'ai voulu chercher des éléments,des indices dans les bibl iothèques munici-pales et universitaires d'Aix-Marseille. J'ai pume rendre compte qu'il existait une littérature

abondante sur l 'Oul ipo en général et surGeorges Perec en particulier. Cette littérature,cependant, est abondante mais mal diff u s é e .Quatre ouvrages m'auront été très utiles :• Magazine Littéraire (numéro consacré, en1983, à Georges Perec).• Espèces d'Espaces,de Georges Perec.• Cahier des charges de La vie moded'emploi. Document reproduisant les manus-cri ts utilisés par Perec pendant l'élaborationde son livre et contenant une préface pleined'informations.• Atlas de littérature Potentielle(réunion d'ar-t i cl es et de publ i cati ons antéri eures del'Oulipo).Cette documentation m'a apporté bien plusque je n'espérais ; on peut cependant regretterque G e o rges Perec et la combinatoire d eClaude Berge ne soi t pas disponible surMarseille (et même dans aucune bibliothèqueuniversitaire en France).

informations recueillies au cours desrecherches en bibliothèques

La vie mode d'emploi est le résultat de troisprojets indépendants. Le premier, le plusimportant est l 'uti l isation du bi-carré latinorthogonal d'ordre 10 dans une certaineœuvre littéraire. Euler avait avancé qu'un telbi-carré n'existait pas, mais en 1960 Bose,Parker et Shrischande en élaborent un spéci-men dont les membres de l 'Oul ipo aurontconnaissance par Claude Berge. Le deuxièmeprojet consi stai t en l a descri pti on d'unimmeuble parisien dont on verrai t de l'exté-rieur toutes les pièces derrière la façade,comme si on avait enlevé cette dernière. Letroisième était de développer le bref récit quePerec avait fait de l'histoire de celui qui s'ap-pellerait Bartlebooth. Les trois projets fusion-nèrent quand Perec vit que dans le schéma del 'immeuble parisien, chaque pièce pouvaitcorrespondre avec une case du bi-carré dontnous verrons l'utilisation un peu plus bas.

Pour utiliser le bi-carré, Perec décida de pas-ser une fois dans chaque pièce visible de l'im-meuble. I l refusa cependant de passer d'unepièce à l'autre en suivant le trajet d'un visiteur

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ou pire, en choisissant au hasard le déplace-ment. Perec choisit comme contrainte de cedernier la polygraphie du cavalier. C'est unproblème qui veut que sur un échiquier, lecaval ier passe une unique fois sur chacunedes cases. Georges Perec va donc adaptercette règle à une gri l le 10 × 10, et pourlaquelle il trouva la solution par tâtonnement.

Perec a établi une liste de termes (adjectifs,substantifs, noms propres) qu'il regroupe parthème en 21 paires de 10 termes. Pour utili-ser le bi-carré, il va remplacer chaque lettredu spécimen qui lui a été fourni par l'ordre dela lettre dans l'alphabet et il obtient le bi-carréci-après. Pour chaque chapitre (chaque pièce,donc chaque case), on a un couple(x, y) et on prend alors le xème élément de lapremière liste et le yème de la seconde et cepour chaque paire. Perec doit faire apparaîtredans chaque chapitre les 42 éléments qui ontété obtenus ainsi.

1 7 6 5 0 9 8 2 3 41 8 9 0 2 4 6 3 5 7

8 2 1 7 6 0 9 3 4 57 2 8 9 0 3 5 4 6 1

9 8 3 2 1 7 0 3 5 66 1 3 8 9 0 4 5 7 2

0 9 8 4 5 2 1 5 6 75 7 2 4 8 9 0 6 1 3

2 0 9 8 5 4 3 6 7 10 6 1 3 5 8 9 7 2 4

4 3 0 9 8 6 5 7 1 29 0 7 2 4 6 8 1 3 5

6 5 4 0 9 8 7 1 2 38 9 0 1 3 5 7 2 4 6

3 4 5 6 7 1 2 8 9 02 3 4 5 6 7 1 8 9 0

5 6 7 1 2 3 4 9 0 83 4 5 6 7 1 2 0 8 9

7 1 2 3 4 5 6 0 8 94 5 6 7 1 2 3 9 0 8

BI-CARRÉlatin utilisé par Perec.

Cependant le fai t de prendre pour chacunedes paires de l istes le même couple (x,y)déplaît à Perec qui trouve cela trop monoto-ne. Or, le bi-carré garde toutes ses propriétéssi on en intervertit les lignes en colonnes.Aussi peut-on facilement obtenir vingt-et-unegrilles différentes qui sont toutes des bi-car-rés. A chaque paire sera donc attribué un bi-carré et pour chaque chapitre on aura uncouple di fférent par paire de l iste. Mais làencore, comment faire une al ternance des

l ignes et des colonnes qui soit satisfaisante(au sens oulipien du terme). Perec va alorsutiliser la pseudo-quenine d'ordre 10. La que-nine est la généralisation de la sextine utiliséepar le troubadour Arnault Daniel. Ce systèmepermettait à ce dernier, dans un poème de sixstrophes de six vers, de reprendre danschaque strophe les mêmes mots qui f inis-saient les vers mais en les alternant par unprocessus formel :

1 6 3 5 4 2 12 1 6 3 5 4 23 5 4 2 1 6 34 2 1 6 3 5 45 4 2 1 6 3 56 3 5 4 2 1 6

Cependant la quenine d'ordre 10 n'existe pas.Perec établit une pseudo-quenine d'ordre 10,en prenant dans l'ordre les éléments en posi-tion paire, puis de même avec ceux en posi-tion impaire :

1234567890

Dans le tableau établi par Perec avec vingt etune paires de listes, on voit que les vingt pre-mières sont elles aussi regroupées en paire.On en trouve l'explication dans l'avant-der-ni ère paire de l i stes “ manque, faux” . Lecouple (x, y) du chapitre et de la paire de listedonne un chiffre k pour manque (1 ≤ k ≤ 10)et l pour faux (1≤ l ≤10). Perec doit alors,dans la Kième double paire de listes, choisirl ibrement une des quatre l i stes et ne pasprendre en compte l 'élément que le bi-carrédésigne dans cette liste. Pour manque, dans lal ième double paire de listes, il doi t choisirune liste et remplacer l'élément désigné par lebi-carré par un élément de la même liste.

(voir page suivante)

1 2 4 8 5 0 9 7 3 62 4 8 5 0 9 7 3 6 13 6 1 2 4 8 5 0 9 74 8 5 0 9 7 3 6 1 25 0 9 7 3 6 1 2 4 86 1 2 4 8 5 0 9 7 37 3 6 1 2 4 8 5 0 98 5 0 9 7 3 6 1 2 49 7 3 6 1 2 4 8 5 00 9 7 3 6 1 2 4 8 5

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A ces contraintes, Perec ajoute quatre proces-susnonformelspour l'élaborationdeson livre:• il fait comme si le schéma de son immeubleétait codé de la pièce en haut à gauche avecles coordonnées (1, 1), à celle en bas à droiteavec (10, 10) — qu'il écrit (0, 0). Il faut alorsutiliser les chiffres obtenus — de la manièrequ'on veut — pour les faire apparaître dans letexte. Par exemple dans le chapitre 2 de coor-données (7, 8), Beaumont rédige un rapportde 78 pages ;• marquage autobiographique : Perec décidede mettre dans son récit des événements de savie pendant la rédaction (la présentation d'unegrille de mots-croisés page 144 est peut-êtredue à cela) ; • “ uti l isation de documents spéciaux” et“allusion à des objets particuliers” ;• allusion à certains de ses livres (dans le cha-

pitre 52, Simpson fait penser à un homme quidort ). (A noter dans le chapitre 52,page 304 :“ il s'imposait [...] de combiner un itinérairequi réunirait (tous les restaurants russes duX V I I I e arrondissement) sans jamais se croi-ser”. C'est un des ateliers de Math.en.Jeans.)

I l y avai t donc un certain nombre decontraintes à respecter. Mais Perec ne s'y estpas toujours tenu.

Pour la polygraphie du caval ier, on peutconsidérer que Perec est resté très fidèle ; il acependant introduit un “ clinaman” dans sapolygraphie. En effet, le plan ou coupe del 'immeuble étant assimi labl e à un carré10×10, on aurait dû avoir cent chapitres et iln'y en a que quatre-vingt-dix-neuf. En eff e t ,le chapitre LXVI aurait dû avoir pour décor

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“MATh.en.JEANS” en 1995

1c

0

9

8

7

6

5

4

3

2

1

7654321 8 9 10

COUPLESLaurelHardy

FaucilleMarteau

RacineShakespeare

PhilémonBaucis

CrimeChâtiment

OrgueilPréjugé

NuitBrouillard

cendresdiamants

LabouragePâturage

BelleBête

7654321 8 9 0

fleursbibelots

Fleursmarbre pierres semi-

7654321 8 9 0manqueFAUX

précieuses

immortelleschardons, etc… Arbustes

minerai demétal

pl. vertescuivre, étain

épicesor, argent

bois flottéivoire, nacre

fl. sous verrefl. artificiellescristalverre taillé

fruits séchés

albâtre bronze

jardins japonaisarbres nains pl. grasses

acier, alu

SURFACES

VOLUMES

SentimentsPeintures

Petits meubles

Jeux et jouets

BOISSONSnourriture

LivresTableaux

LecturesMusiques

Accessoires

Bijoux

Tissus(matière)

Couleurs

Tissus(nature)

Vêtements

âge & sexeanimaux

DIVERSlongueurmeubles

stylelieu

époqueSOLSMURS

ressort ?3è secteur

rôlenombre

2citation

1activitéposition

1+554321 2 3 0

agenouillé descendreou accroupi à plat ventre

toiletteentretienpeindreassis debout

érotique classementranger

monter ou+ haut que le sol

se servir d'un plan

entrer sortir couché sur le dosun bras en l'air

mangertenir unmorceau de boislire ou écrireréparer

MathewsCalvino

BorgesLowry

VerneJoyce

QueneauRousselLeirisKafkaProustSterneFlaubertMann Nabokov Roubaud Butor Rabelais Freud Stendhal

OCCUPANT OCCUPANT OCCUPANT démarcheur ouvrier autre(enquêteur,facteur) client fournisseurdomestique ami

modes d'emploiguide vademec

oudir unevengeance

dictionnairepoursuivre une

chimèrerésoudre une

énigme

programmeagendascalendriers

prosp.pharmacie

créerfaire un rêvebaigner dans lanostalgie

recette cuisineFaire-partappât du gain

article diction.RèglementsBiblio.Fait divers

revenir de voyagerecevoir une lettreétablir unefiliation

peinture mateparquet à

l'anglaise

ANTIQUITE MOYEN-AGE RENAISSANCE

tissu de juteou autre

p. à point deHongrie

p. à bâtonsrompus

boiseries

Allemagne Italie Gde-Bretagne EspagneRussie, URSS17è 18è 19èRévolution et

Empire → 39 39-45 l'après-guerre

p. mosaïque oucompartiments

liège panneaux métalpapier uni ougéométrique peinture brillante toile de Jouy

carrelagerectangul.moquette tapis

de laine ou soie lino tomettespapier à motifscuir ou vynyle

tapis de cordesisal, rafia

Etats-Unis Extrême-Orient Afrique du Nord Amérique du SudMoyen-Orient

~ 1 p. ~ 2 p. ~ 3 p. ~ 4 p. ~ 5 p. ~ 6 p. ~ 8 p. ~ 10 p. 12 + p.≤ quelques lignes

chinoistable

contemporain

chaise

Louis XVLouis XVI

FauteuilEmpire

Bahut, Armoire,Maie… Lit

Regencybateau etc…Napoléon III

BibliothèqueLouis XIIIGuéridon etc…commode

chiffoniers

"rustique" "camping"divan, canapé

modern style1900, nouille

Bureau

littératuredanoise

Physiologie1860couteauclergé

? →17 ans/ →17 ansvieillard ? vieillard /armes argent (billets) maladie flamme militaires Institutions

jeune enfant→10 ans

nouveau-né→1 an

jeune homme18-3518-35

jeune femmeHomme35-60

Femme35-60

Chat Chien Oiseau Poisson Rat Souris Mouche GuêpeAbeilles Araignée Insectes,

bestioles Autresblouson…

brodéUniforme

imprimé,à motifs

Imperméable

à fleurschandail…à ramages

chemise…patchwork

giletécossais

costume,ensemble

Unimanteauà rayures

veste d'intérieur

à poisPantalon oujupe

à carreaux7654321 8 9 0Soie laine

blanc vertcashmere

brun noir

flanelleou feutre nylon

jaunecuirorange

filgris

cotonrouge

veloursviolet

linbleu cielbas etchaussettes

épingle de crav.broche

caleçonssous-vêtements

sac à mainbriquetceintures

montrebretellesmouchoirs

médaillesdécorations

chaussures

lunetteschapeaucollier

cravate, foulard

bagueécharpe,cache-col

bracelet cannegants

Quotidienancienne

roman, essai

classiquehebdo

romantiquelettresériellecontemporaine

3è secteur revuejazz

policier, SFpop et folk

rapport techniqueou livre de classe

rengaines tubes

livre d'artmilitaires

pornoOpéras

UbuBosch

Le GraalCarpaccioHamlet

Metsys100 ans de

solitude

La Tempête

PierrotMénines

ConversionsArnolfini

10 petits nègres

St JérômeDisparition

AmbassadeursCristal qui songe

Chute d'Icare

Moby Dick

Eau Vin Alcool Bière, cidrePain charcuteriesŒufs, crudités

saladesViandes, abats

Gibier

ThéPoissons et

crustacés

Café

3

Légumes,Féculents

Infusionfromages

jus de fruits

fruitslait

gâteauxsucreries

coca etc…zakouskis

Penduleshorloges

Cartescendriersdésosseletsdominos

lampes ouchandeliers

sculpturesmobiles

SolitaireMiroirsGo, échecs,

dames

pianosJaquet

lustresmots croisés

téléphonepuzzle

radio, hifi,etc…

automatesboîtes

toupies,bilboquets

ambitioncartes postales

amouraffiches

hainephotos

étonnement

Cartes et Plan

angoissereproduction

colèreTableau

ennuiaquarellegouache

Indifférence

mur nujoie

dessin gravureDouleur

carrécube

rectangleparallélip.

rectangle

trianglepyramide

hexagonecylindre

octogonesphère

Trapèzeœuf

rondpolyèdre

ovalecône

en losangehémisphère

étoiletonneau

la cave en bas à gauche. Ce n'est pas le cas, etil a pour l ieu la pièce qui devait suivre. Lajustif ication de ce dérèglement local est lapetite fille décrite dans la dernière phase duchapitre LXV et qui tient dans sa main unpetit beurre dont un coin est mangé.

I l y a également un autre i rrespect descontraintes et celui-là n'a pas d'explicationaussi poétique. Les quarante-deux élémentsde chaque chapitre, donnés par le bi-carré etle tableau des thèmes, n'ont pas toujours étéuti l i sés. Si dans les chapitres I I, I I I, IV,X X X V, etc, les quarante-deux termes appa-raissent (plus ou moins impl ici tement), denombreux autres ne font cas que d'une liste“allégée” ; le chapitre V, ne faisant transpa-raître que vingt-quatre éléments de sa liste,est le moins respectueux des contraintes.

Ainsi, ces différentes contraintes nous expli-quent les remarques que nous avions faites enpremière partie. La polygraphie du caval ierrépond à nos interrogations sur le déplace-ment. Certaines des l istes du tableau nousexpliquent la présence d'éléments étranges.La liste “3è m e secteur” (terme o u l i p i e nd é s i-gnant ce qui n'est ni littéraire ni para-littératu-re) justifie par exemple la présence d'extraitsde catalogues de définitions de dictionnaire.

recherches à partir des éléments obtenus

On trouve dans l 'A tl as de L i ttératurePotentielle un chapitre “X prend Y pour Z” .Cette expression désigne une contrainte défi-nie par Raymond Queneau. Voici un exemplequi tiendra lieu de définition : on a le tableau

Avec la relation “ X prend Ypour Z”, on a : a prend chacunpour ce qu'il est ; b se prendpour a et prend a pour lui.

On peut évidemment changer la relation“prendre pour” pour celle que l'on veut.

Perec s'étant intéressé à cette contrainte, onpouvait penser qu'il aurait pu l'utiliser dansLa vie mode d'emploipour certains passages.

Dans l 'exemple donné, l a réparti t ion desrésultats est (a

bba ).

Perec aurait peut-être pu définir une réparti-t ion pour un format donné, et lorsqu'unesituation mettait en présence un nombre d'oc-tants égal au format, utiliser la contrainte pré-établie.

Par exemple dans le chapitre LXXXVI II(A l tamont, 5), on apprend que MadameAltamont n'aime pas son mari et aime sa fille.Sa fille aime sa mère, pense que son père nel 'aime pas, et Monsieur Al tamont aime sa

f il le, sait que sa fi l le nel 'aime pas et que safemme non plus : en appe-lant P le père, M la mèreet F la fille, on a donc larel ati on X pense que Yaime Z.

Dans la chapitre LXXIII, le bourrelier aimesa sœur, pense que son beau-frère aime sasœur mais ne sait pas que celle-là aime enco-re son mari. Le mari aime la sœur du bourre-l ier mais pense qu'elle ne l 'aime pas, et lasœur aime son mari mais pense qu'il ne peutplus l'aimer. On prend là des sens diff é r e n t spour le mot aimer selonles octants. Avec la mêmerelati on que précédem-ment, on a (en prenant Fle bourrelier, S sa sœur, etM le mari de celle-ci) :

Dans ces deux cas, on adonc le même tableau. Onpourrai t ainsi reprendretoutes les descriptions desrapports entre l es gensdans les histoires qui sontracontées et essayer d'éla-borer un tableau qui correspondrait à chaquefois.

xy

a

a a

a

b

b

b b

P

P

P

F

F

F F

M

M

M M M

M M

M

F M S

F

F

S S S

S S

SS

M

M M

a b c

a

ab

b b

c c c

c c

cc

page 125

“MATh.en.JEANS” en 1995

la vie mode d'emploipar Laetitia Parmeggiani et Carole Mecchi

Georges PEREC (1936 - 1982) : écrivain s'in-téressant aux mathématiques, i l est connupour ses œuvres riches en contraintes, commepar exemple la disparition écrit sans lettre“e” . Dès 1970, il adhère à l'Oulipo. I l s'agi tde l'ouvroir de littérature potentielle, créé en1960 par F. Le Lionnais et R. Queneau. Lal i ttérature potenti el l e est déf i ni e parR. Queneau, comme « la recherche de formeset de structures nouvelles qui pourront êtreutilisées par les écrivants de la façon qui leurplaira, dans lesquelles le poète ira choisir àpartir du moment où il aura envie de sortir dece qu'on appelle l'inspiration. »

Dans le cadre de l'ouvroir, un groupe d'écri-vains — explorant les possibilités de créationcontenues dans les contraintes formel les, eten découvrant de nouvelles par référence auxmathématiques — se regroupent et s'infligentdes contrai ntes comme par exemple descontraintes liées à la combinatoire telles :

La principale cible de l'OULIPO demeure lesurréalisme et le romantisme dans la littératu-re.

La vie mode d'emploi est un l ivre de 700pages, entrepris en 1969 ; il constitue l'œuvrela plus vaste et résume toutes ses explorationslittéraires. Dans le cadre de l'Oulipo, il écritce roman que l'on peut qualifier d'hyperréa-l i ste où i l procède à des i nventaires dechoses, personnes, signes, tous les apparte-ments de l 'immeuble et de multiples aven-tures et personnages ficti fs. C'est son soinhyperréal iste qui entraîne ses pseudo-réfé-rences scientif iques ou culturel les (commepar exemple un catalogue imaginaire dematériel de bricolage, une liste d'hôtels …).

Perec explique ainsi son roman : « J'imagineun immeuble parisien dont la façade a étéenlevée.... de telle sorte que, du rez-de-chaus-sée aux mansardes, toutes les pièces qui setrouvent en façade soient instantanément etsimultanément visibles. » En effet, chaquechapitre décrit une de ces pièces de la façadeet décrit tout ce qu'il y a, ainsi que les habi-tants de l 'appartement, et de ses connais-sances avec une petite anecdote pour chaque.Toute la description se fai t d'une manièrefigée, avec des descriptions de tableau danschaque chapitre. Cette impression d'immobi-l ité rend bien le fait qu'il s'agisse de la des-cription de ce qui se passait dans chaqueappartement de l'immeuble à la même heure.

Perec souhaite que le texte apparaisse d'unetotal e gratui té et pourtant La vi e moded'emploicomporte des détails qui nous sem-blent dérisoires, mais qui, associés entre eux,sont liés à des thèmes et des structures liéesaux mathématiques.

recherches, questions et mauvaises pistes

G. Perec s'est imposé des contraintes mathé-matiques originales, non li ttéraires, afin deconstruire son roman. Au départ, nous avionsdonc pensé que ces contraintes étaient f la-grantes, évidentes dans le livre. Nous avonsdonc voulu trouver par nous-mêmes ces“ objets mathématiques” , sans savoir ce qued'autres avaient trouvé avant nous.

Avant même de commencer la lecture, nousnous sommes demandé ce qu'est l 'Oul ipo ;pourquoi Queneau, Perec, Berge, etc … sesont réunis ? Pourquoi ont-ils fondé cet orga-nisme ? Dans quel but ?

Après quelques recherches dans les encyclo-pédies, les bibliothèques, etc …, nous avonseu une idée de ce qu'il fallait chercher, dansquel le direction, mais cela restai t tout demême assez flou ! Ensuite, nous avons remar-qué que le livre est découpé en 5 parties et 99chapitres ; connaissant un peu mieux l'auteurG. Perec, cela nous parut suspect. Nous avonsdonc eu l'idée de suivre le chemin des cha-

Marquise

vos beaux yeux

d'amour

me font mourir

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pitres dans l'immeuble, les formes que celareprésentait, etc … Sachant qu'il n'y a pas dehasard dans les œuvres de G. Perec, il fallaitdécouvrir à quoi correspondait ce tracé !

Nous avons pensé que ce chemin formait unpuzzle différent pour chaque partie ; nousavons donc tracé plusieurs plans de l 'im-meuble, avec les di fférents déplacements ;mais tout cela sans résul tat ! Il fallait donctrouver autre chose !!! On s'est demandé s'iln'y avait pas un rapport avec les personnages.Nous avons donc construi t des schémas oùapparaissent les lieux affectifs, animaux, devoisinage, de travail … entre les personnages.Mais cela nous découragea bien vite !

Nous avions aussi remarqué le nombre fara-mineux de références aux personnes, auxpeintures … Nous voulions les vérifier maiscela paraissai t trop long et inuti le, aprèsquelques essais !

La description de nombreuses fresques nousmit là aussi sur une mauvaise piste. Y- a - t - i lun rapport avec la construction du roman ?Pourquoi tous ces tableaux ? La fréquencesubstanti el le de certains mots parut, el leaussi, étrange ; comme s'ils étaient régis parune sorte de règle mathématique. Cela sem-blait cohérent avec l'idée que nous avions deG. Perec. Mais quelle était cette règle ? Quelsétaient tous les mots ? Avions-nous repérétous les mots ? Pourquoi ces mots-là et pasd'autres ?

I l nous fal lai t donc une aide. Nous avonsdonc cherché d'autres critiques (que la nôtre)de ce livre et l'une d'entre elles nous mit surune piste.

En effet, celle-ci parlait d'un bi-carré latinorthogonal d'ordre 10. Malheureusement,nous ne connaissions pas la signification dece terme. Il nous a fallu donc comprendre etensuite trouver le rapport avec le roman.

C'est à ce moment-là que nous sommes alléesà Pari s où nous avons pu di scuter avecd'autres “ chercheurs en herbe” et où nousavons trouvé d'autres renseignements.Monsieur Oriol a ainsi beaucoup participéaux progrès de notre recherche ; il nous expli-qua (mieux qu'un livre) ce qu'est un bi-carrélatin orthogonal d'ordre 10, le l ien avec leroman ; il nous mit sur la piste du cavalier etdes listes de mots.

De retour à Marseille, il fallait donc appro-fondir toutes les idées de Monsieur Oriol.Nous avions compris que c'étai t par l'étuded'autres cri tiques que nous trouverions desidées et explications intéressantes ! D'autresétudiants, réfléchissant sur le même problèmeque nous, nous indiquèrent un l i vre à labibl iothèque des Arts et Métiers. Celui-cinous permit de répondre à toutes les ques-tions que nous nous posions !

résultats obtenus

La vie mode d'emploirepose sur une structureréfléchie et non fortui te. L'organisation duplan de l 'immeuble et du roman repose surtrois procédés formels :• Polygraphie du cavalier = ordre de descrip-tion des pièces ;• Bi-carré latin orthogonal d'ordre 10 = distri-bution des mots ;• Pseudo-quénine d'ordre 10 = permutationdes lignes et colonnes du bi-carré.Refusant le réalisme et le hasard, Georg e sPerec passe d'une pièce à l 'autre suivant lapolygraphie du cavalier sur un échiquier de100 cases correspondant à 100 pièces, 99chapitres et 6 parties.

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HUTTING

Escaliers

Hall d'entrée MARCIA

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DE BEAUMONT

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BARTLEBOOTH

BERGER

REOL

CINOG

RORSCHASH

LOGE

GRATIOLET BREIDELVALENE

ALBIN

NIETO&

ROGERS

DOCTEUR DINTEVILLE

entréede

service

CAVES CAVES CAVES CAVES CAVES CAVESCHAUFFERIE

ANTIQUITESMARCIA

MACHINERIEDE

L'ASCENSEUR

CRESPI

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Ce principe est soumis à un “clinaman”, dérè-glement local ; en effet, au 66° déplacement,le cheval s'arrête dans l a cave, en bas àgauche, mais le paragraphe 66 décrit la piècequi correspond au 6° déplacement. En fait, ila sauté une pièce et donc il n'y a que 99 cha-pitres. Afin de sauter ce chapitre, il fait inter-venir le texte qui modifie la règle : une petitefille mange un “carré” de Lu !!! Ainsi, dansle cahier des charges, on trouve une doublenumérotation : pour le chapitre et pour lenuméro de déplacement. Mais que mettre etoù le mettre dans ces chapitres ? Il a donc misen place une sorte de “répertoire” structuré àpartir de 21 paires de listes de 10 adhérents,et un algorithme, afin de distribuer ces élé-ments de manière non fortuite.

Remarque : certains mots ne sont pas utilisésdans le sens prévu, mais transformés commeENTRER, devenu “ come in” en anglais etMonsieur Commine dans le texte (chapitreLXXXIX) ou LINO qui devient le prénom deMonsieur Margay (chapitre LXXIII).

En fai t, la distribution est régie par le b i -carré latin orthogonal d'ordre 10 ; celui-cipermet de ne jamais répéter les couples for-més et qu'aucun symbole ne figure plus d'unefois dans la même colonne ni dans même ran-gée. Pour chaque liste, il y a un bi-carré latin,donc en fait il y a 42 mots obligatoires dansun chapitre. Mais Perec ne voulait pas que ladistribution de chaque liste suive exactementla même règle. I l inventa donc la pseudoquenine d'ordre 10.

Perec complexifie cette structure du bi-carré,car trop simpliste pour un oulipien. Il utiliseune propriété du bi-carré qui permet la per-mutation des lignes et/ou des colonnes. Maisi l lui faut une règle pour cette permutation,c'est la QUEN INE (de QUENeau etsextINE). Malheureusement, l a quenined'ordre 10 n'existe pas, il crée donc la pseu-do-quenine d'ordre 10.

Contr ainte supplémentaire : les coordon-nées des pièces sur l'échiquier sont citées —directement ou pas — dans le chapitre corres-pondant à la pièce en question :

Exemples : chap. 19, chez Altamont, on verra(7, 2) apparaître ; chap. 89, chez Moreau, onverra (5, 8) apparaître

conclusion

I l reste beaucoup de questions auxquelles ilfaudrai t des années d'études pour répondre.Perec, dans de nombreux ouvrages et revues,dévoile certains de ses algorithmes, certainescontraintes, mais beaucoup sont toujourssecrètes. Il reste aux chercheurs à les trouver,mais ces contraintes sont-el les seulementmathématiques ou bien philosophiques, litté-raires, psychologiques … ? Il faudrait étudierles symboles cachés de ce livre comme lamétaphore du grenier et des caves avec lesubconscient et l'inconscient.

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