La Vraie histoire du chien de Clara Vic… · chien », le fidèle ami de Clara, dans cette île grecque dont ... La Vengeance d’Adeline Parot, 2009. Dans la série «Voyage au

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ISBN 978-2-7646-0693-3

Christiane Duchesne

la vraie histoire du chien de Clara Vic

Le chien semble n’appartenir à personne. Il devient vite « le chien », le fidèle ami de Clara, dans cette île grecque dont ni l’un ni l’autre ne comprend la langue.

C’est à lui que Clara fait part de toutes ses émotions. Inséparables, ils courent tous deux à la rencontre de chaque bateau qui vient faire escale.

Mais pourquoi le chien hurletil à la mort, le soir où un orchestre débarque pour la fête de l’île ?

Les Éditions du Boréal sont fières de présenter cette nouvelle édition d’un classique. La Vraie Histoire du chien de Clara Vic a reçu à sa parution le Prix du Gouverneur général et le prix Alvine-Bélisle. Christiane Duchesne nous entraîne sur cette île de vent et de mystères avec une écriture riche, imagée, à laquelle elle sait joindre humour et poésie.

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Niveau de lecture : facile

Christiane Duchesne


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Christiane Duchesne

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Christiane Duchesne


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Extrait de la publication

Les Éditions du Boréal4447, rue Saint-Denis

Montréal (Québec) H2J 2L2

www.editionsboreal.qc.ca

mep_la vraie histoire.qxd 18/09/09 07:56 Page 2


la vraie histoiredu chien

de clara vic



DU MÊME AUTEUR

AUX ÉDITIONS DU BORÉAL

Mister Po, chasseur, 2001.

La Bergère de chevaux, 2006.

La Vengeance d’Adeline Parot, 2009.

Dans la série «Voyage au pays du Montnoir»:

La Ville sans nom, 2007.

L’Énigme des triangles, 2007.

La Dame à la jupe rouge, 2008.

Dans la collection «Boréal Maboul»:

Les Nuits et les Jours de Julia (8 titres parus).

Tordus tout court (7 titres parus).

Pour les adultes:

L’Homme des silences, roman, 1999.

L’Île au piano, roman, 2003.



Christiane Duchesne

la vraie histoiredu chien

de clara vicnouvelle édition

Boréal



Les Éditions du Boréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour ses activités d’édition et remercient le Conseil des Arts du Canada pour son soutien financier.

Les Éditions du Boréal sont inscrites au Programme d’aide aux entreprises du livre et de l’édition spécialisée de la SODEC et bénéficient du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres du gouvernement du Québec.

Illustrations de la couverture et de l’intérieur: Marc Mongeau

© Les Éditions du Boréal 2009

Dépôt légal: 4e trimestre 2009

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Diffusion au Canada: DimediaDiffusion et distribution en Europe: Volumen

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Duchesne, Christiane, 1949-

La vraie histoire du chien de Clara Vic

(Boréal junior; 97)Éd. originale: Montréal: Québec/Amérique, c1990.Publ. à l’origine dans la coll.: Collection Littérature jeunesse.Pour les jeunes.

ISBN 978-2-7646-0693-3

I. Mongeau, Marc. II. Titre. III. Collection: Boréal junior; 97.

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À Mikalis Panaïotou





CHAPITRE PREMIER

Dans mon île, il y a un chien qui m’aime.

Le cœur serré, les yeux perdus dans le noir à la

recherche d’un repère, elle s’appuie au bastin-

gage. Un vent d’enfer! Clara Vic n’aime pas le

bateau, elle n’a pas encore eu le temps de s’y

habituer. L’odeur de mazout, le grondement

des machines, le roulis ou les rafales subites qui

le frappent de flanc, qu’est-ce qui la trouble à

ce point?

Clara ne saurait le dire.

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Non, ce n’est pas le bateau, mais le fait

d’être plongée dans le noir, de ne rien voir

encore de cette île où elle habitera à partir de ce

soir. Ici, l’hiver, le soir tombe tôt. On navigue

de nuit à partir de cinq heures. On a beau écar-

quiller les yeux, on ne voit rien. Rien.

Le bateau doit longer la côte sud de l’île

avant d’arriver au port. Clara devine la hau-

teur des montagnes en suivant du regard les

phares des voitures qui montent dans la nuit

sur les routes de l’île invisible; on dirait des

phares d’avion. «J’avance plus vite que les voi-

tures», se dit Clara. Des lumières immobiles

marquent les villages, il y en a beaucoup. C’est

une grosse île, lui a-t-on dit. Entre les villages,

le pointillé lumineux des lampadaires dessine

un itinéraire plein de mystères.

Après des heures en mer à ne rien voir du

tout, Clara Vic découvre à demi les contours de

ce morceau de pays détaché du continent,

perdu comme tant d’autres îles au beau milieu

de la mer. Les joues fouettées par le vent qui

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pique aussi les yeux, une longue mèche de che-

veux salés entre les lèvres, Clara Vic guette le

moment où on verra enfin apparaître le port.

— C’est l’île, c’est elle. C’est l’île, c’est elle.

C’est l’île…

Elle répète les mots comme une chanson

rythmée par le sourd grondement des moteurs.

Elle peut crier aussi fort qu’elle le veut, le vent

avale ses paroles qui se perdent aussitôt dans la

nuit. Quelle heure est-il?

* * *

Le port! Il a suffi d’obliquer un peu vers la

gauche pour l’apercevoir d’un coup, bien étalé

en demi-cercle derrière les jetées marquées de

phares rouges et verts. Des bateaux, des voi-

liers, des dizaines de petites barques amarrées

sagement les unes à côté des autres.

Des hôtels, des boutiques, des cafés, des

lumières partout, des voitures, des camions,

des autobus en rang d’oignon, une foule de

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gens encore minuscules, tous inconnus. Un

décor qui bouge et qui se rapproche… Clara

Vic a l’impression d’être au cinéma, d’entrer

sans qu’on puisse la voir dans une histoire

dont elle a raté le début.

«Ce n’est pas en pleine mer qu’on sent le

plus l’odeur de la mer, c’est quand on entre

dans un port», écrira-t-elle plus tard dans son

cahier rouge.

Sirènes, manœuvres d’amarrage, débar-

quement, tout se fait très vite. Les bateaux

n’ont jamais de temps à perdre.

D’un seul pas, Clara se retrouve sur la terre

ferme. Plus rien ne bouge, plus de vagues sous

les pieds, mais les jambes gardent encore un

peu la mémoire du roulis. Dès la sortie du

bateau, le vent lui coupe le souffle. Il vente si

fort qu’il lui faut avancer tête baissée. D’un seul

pas, Clara a pris possession de son île, saluée

par un vent majestueux. «J’y suis, je suis dans

le décor de tout à l’heure», se dit-elle. Clara

relève la tête; jamais de sa vie elle n’a vu de ciel

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aussi clair. On dirait qu’il y a mille fois plus

d’étoiles que dans les ciels qu’elle connaît.

Quelques mètres d’espace neutre, no man’s

land entre le bateau et les barrières du quai; de

l’autre côté des barrières, c’est la vraie vie, les

gens de l’île, la ville, les montagnes noires der-

rière, les villages éparpillés, son école, la mai-

son, tout. Il faudra attendre le jour pour savoir

à quoi ressemble l’île.

Cela n’a duré qu’une ou deux minutes,

juste le temps qu’il fallait au chien pour obser-

ver Clara et marcher tranquillement vers elle,

comme s’il l’attendait. Clara passe les bar-

rières, observe les visages sans chercher à

reconnaître qui que ce soit, elle ne connaît rien

ni personne. Le chien vient se coller contre ses

jambes comme pour l’empêcher d’avancer.

— Bonsoir, chien. Tu attends quelqu’un?

Non, je n’ai rien pour toi. Moi, j’arrive… Tu te

trompes, je ne te connais pas. Je ne connais

personne. Va, retourne chez toi, dit Clara en

riant.

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Mais le chien s’acharne à la suivre jusqu’à la

maison. On s’y rend à pied, c’est à cinq rues du

port. Il la suit gentiment, sans s’imposer, sans

trop s’approcher d’elle. Clara marche derrière

ses parents, le chien trotte derrière elle. Une

odeur de cannelle… Le ciel. Et ce silence, dès

qu’on laisse la grande rue du port. Clara essaie

de deviner laquelle des maisons sera la sienne.

— Maintenant, tu rentres chez toi, le chien,

lui répète Clara. Je ne connais presque pas la

langue d’ici, tu ne peux même pas me com-

prendre. Allez, file!

* * *

Elle s’installe dans l’immense pièce qui va

devenir sa chambre, commence à déballer ses

affaires. Le plus gros des bagages est arrivé une

semaine plus tôt. La caisse marquée Clara l’at-

tend au pied d’un gigantesque lit très large et

très haut recouvert d’une quantité de couver-

tures poilues. Clara les compte, il y en a cinq.

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Ce n’est pas ici qu’elle aura froid la nuit. De

chaque côté du lit, des tablettes posées dans

des alcôves creusées à même le mur. Des

cavernes, se dit-elle, des cavernes blanches

dans les murs de ma chambre. Qui a vécu ici

avant moi?

Deux chaises, une grande armoire avec des

portes en miroir et des tiroirs à poignées de

laiton. Clara a pris le temps de vider la caisse

à demi et de répartir son contenu dans les

tiroirs de l’armoire. Les vêtements peuvent

toujours attendre. Elle range soigneusement

ses crayons, deux plumes à calligraphie, des

peignes, des pinces et des élastiques, du papier

de couleur, ses trois jeux électroniques de

poche et ses livres.

La chambre donne sur une terrasse. Clara

sort pour regarder les étoiles. Le chien, sage-

ment couché en bas contre la porte de la mai-

son, est déjà endormi. Il doit faire semblant.

Clara l’examine en silence. Pas très gras, le

chien; il doit manger quand il le peut. Le poil

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ni long ni court, un peu plus gris que cara-

mel, absolument terne. Il avait l’air gentil, ce

soir, au bateau; de grands yeux bruns, presque

noirs, des yeux doux. Un chien juste assez gros

pour avoir l’air d’un bon grand chien, mais

qu’on peut quand même prendre dans ses

bras. Il faudrait voir… Il a une allure de vieille

peluche, d’un ourson qu’on traîne pendant

toute une vie.

Première nuit dans la maison, première nuit

dans l’île en pleine mer, et dans mon île, il y a

un chien qui m’aime.

(Extrait du cahier rouge)

* * *

Le chien n’a pas dû bouger de la nuit. Il

attend à la porte le lendemain matin, toujours

couché, les yeux ouverts. Il suit Clara partout

durant les premiers jours. Elle découvre la

ville, sillonne les rues, le chien sur ses talons.

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Le chien semble n’appartenir à personne. Il devient vite « le chien », le fidèle ami de Clara, dans cette île grecque dont ni l’un ni l’autre ne comprend la langue.

C’est à lui que Clara fait part de toutes ses émotions. Inséparables, ils courent tous deux à la rencontre de chaque bateau qui vient faire escale.

Mais pourquoi le chien hurletil à la mort, le soir où un orchestre débarque pour la fête de l’île ?

Les Éditions du Boréal sont fières de présenter cette nouvelle édition d’un classique. La Vraie Histoire du chien de Clara Vic a reçu à sa parution le Prix du Gouverneur général et le prix Alvine-Bélisle. Christiane Duchesne nous entraîne sur cette île de vent et de mystères avec une écriture riche, imagée, à laquelle elle sait joindre humour et poésie.

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